lundi 8 septembre 2008

3 tracts et 2 affiches du collectif de soutien aux sans-papiers sous le coup d'une plainte du ministère de l'Intérieur

CONTRE-JOURNAL - 08/09/2008
http://contrejournal.blogs.liberation.fr/mon_weblog/2008/09/les-tracts-quho.html#more

Les tracts qu'Hortefeux voudrait interdire

Trois tracts et deux affiches du collectif de soutien aux sans-papiers sont sous le coup d'une plainte du ministère de l'Intérieur. Pour Me Mélanie Leverger, l'avocate du collectif, «les militants ont donné une vérité qui dérange en utilisant un mode caricatural »: «il n'y a pas de diffamation» estime-t-elle. Une première audience est prévue le 19 septembre.

Xavier, animateur du collectif. «Ce tract - comme les deux autres pour lesquels nous sommes poursuivis -, est consécutif à l'arrestation de Julio, un lycéen d'origine angolaise lors d'une sortie scolaire en mars. Julio avait été placé en rétention, puis finalement libéré. Le 2 avril, nous sommes allés devant la police aux frontières, route de Lorient à Rennes, nous avons sonné à l'interphone et nous avons lu ce tract.

La Police Aux Frontières (PAF) recrute: rejoins-nous!

Tu t'ennuies dans la vie?

Tu veux soutenir notre Président dans sa pêche aux voix du Front National?

Tu trouves qu'il y a trop d'étrangers en France?

Tu veux un métier où, plus t'obtiens des résultats, plus tu gagnes du fric?

Alors la police de l'immigration est faite pour toi!

Le matin vers 6 heures, tu commences ta journée et tu vas cueillir quelques sans papiers à leur domicile grâce aux fichiers préparés par la Préfecture ou grâce à ces quelques bons citoyens qui dénoncent leur voisin. Si tu les rates, ne t'inquiète pas! Dans la journée, tu peux aussi organiser des contrôles d'identité au faciès. Tu te postes à la gare ou dans le métro et tu contrôles en priorité les arabes et les noirs. Y a toujours un ou deux sans-papiers parmi eux. Et si jamais tu les rates encore, alors n'hésite pas à mettre le paquet. Tu te postes devant la Croix Rouge, devant un foyer pour étrangers ou encore devant une association qui s'occupe d'aider les sans-papiers, et là c'est bingo!


Tu as toujours apprécié l'ordre, la propreté, l'intimité? Là encore notre service te donne l'occasion d'accompagner les sans-papiers dans des centres spéciaux que l'on appelle les centres de rétention. Ils sont parqués de force par dizaines et c'est toi qui les déplaces, qui les emmènes à l'hôpital, au tribunal, à leur consulat et même dans leur pays.

Si tu as peur des arabes et des noirs sache que tu peux maintenant menotter les sans-papiers à chaque fois que tu te déplaces. Ca rassure et c'est rigolo, parce que, eux, ils ne comprennent pas pourquoi on leur met des menottes alors qu'ils ont rien fait.

Si tu aimes les enfants, tu trouveras dans notre service beaucoup de satisfaction. Tu n'es pas sans savoir que les sans-papiers font des enfants juste pour éviter d'être expulsés. Ben maintenant, on peut aussi interpeller les enfants, les mettre en garde à vue avec leurs parents ou encore les placer en rétention. Oui, oui, notre métier autorise l'enfermement des enfants. Cela facilite des relations de proximité avec toutes les catégories d'âge.

Y a aussi les expulsions. T'es dans une équipe et on te charge de raccompagner les sans-papiers dans leurs pays. Ce qui est chouette, c'est le voyage parce que tu vois des paysages. En plus, si le sans-papiers te fait chier ou est trop bruyant, des fois t'as le droit de le calmer par une petite piqûre ou de l'attacher dans l'avion. Nous faisons donc un travail proche de celui des médecins, fondé sur la proximité des corps.

Tu trouves que notre métier est dégueulasse?

Alors rejoins nos pires ennemi(e)s du collectif de soutien aux personnes sans-papiers. » (fin du tract)

La personne qui a sonné à l'interphone de la police aux frontières, celle qui a lu, et une troisième, qui a répondu à une équipe de télévision, sont poursuivies pour « diffamation et injures ». Une enquête a été ouverte et les policiers sont allés jusqu'à Montpellier pour interroger l'hébergeur de notre site et se faire donner le nom du créateur de notre site. Ils avaient récupéré des vidéos de l'action et ils n'avaient plus qu'à identifier les participants. Ils ont convoqué d'autres militants. Huit personnes ont été entendues, y compris les trois visées par la plainte. Fin juillet, nous avons appris que le ministère de l'Intérieur engageaient des poursuites. Mais comptons bien expliquer que nous nous appuyons sur de vraies constatations de l'action de la Police aux frontières. »

Réalisé par KARL LASKE

Un centre irlandais pour demandeurs d’asile forme ses agents contre le racisme

http://www.apanews.net/apa.php?page=show_article&id_article=74398

Un centre irlandais pour demandeurs d'asile forme ses agents contre le
racisme

APA-Londres (Grande Bretagne) Le personnel d'un centre pour demandeurs
d'asile situé dans un lointain village irlandais s'est inscrit pour
recevoir une formation contre le racisme, a appris APA de source officielle.

Le Conseil Irlandais pour les Réfugiés (IRC) a révélé mardi que des
discussions se tenaient au centre d'Emo, Co Laois, village distant de
plusieurs kilomètres de Dublin, la capitale de l'Irlande, au sujet de
problèmes rencontrés par certains demandeurs d'asile africains qui se
plaignaient de racisme, d'absence d'intimité et de problèmes de sécurité
au niveau de l'ancien hôtel Montague.

Tôt dans la matinée de mercredi, des représentants de l'IRC et un comité
agissant au nom des demandeurs d'asile avaient tenu une rencontre avec
la direction du centre pour discuter de leurs sujets de préoccupation.

A l'issue de cette réunion, l'IRC avait déclaré que la direction s'était
engagée à organiser des cours pour aider le personnel à s'occuper des
200 immigrants vivant dans le centre et qui sont originaires de plus de
20 pays, majoritairement africains.

Au terme des pourparlers, plusieurs demandeurs d'asile africains avaient
exprimé leur satisfaction de voir la direction prendre des initiatives
pour trouver des solutions à leurs préoccupations.

"Ils tiennent compte de nos revendications et prennent au sérieux la
question du racisme", ont-ils ajouté, avec l'espoir que les pourparlers
puissent faire "baisser" les tensions entre demandeurs d'asile africains
et d'Europe de l'Et vivant dans le centre.

Selon les officiels locaux et le porte-parole du département de la
Justice, Charlie Flanagan, plusieurs des problèmes rencontrés au niveau
du centre trouvent leur origine dans les différences culturelles et
religieuses entre les occupants du centre.

ME/daj/fss/mn/APA
2008-09-04

« La fermeture de Sangatte n’a rien réglé »

L'HUMANITE
Article paru le 5 septembre 2008
http://www.humanite.fr/2008-09-05_Societe_-La-fermeture-de-Sangatte-n-a-rien-regle

« La fermeture de Sangatte n'a rien réglé »

Co auteure du rapport du CFDA sur « la situation des exilés » à Calais, Karen Akoka fustige l'attitude de l'État.

Pourquoi cette enquête sur les migrants ?

Karen Akoka. Elle est née d'une volonté de plusieurs organisations qui composent la Coordination française pour le droit d'asile de rétablir la vérité sur la situation de ces exilés. En 2002, quand Nicolas Sarkozy a fermé le camp de Sangatte, il a dit : « J'ai réglé le problème… » Or, la fermeture de ce camp et la multiplication des contrôles n'ont fait que rendre invisible un problème qui persiste bel et bien. Les exilés sont désormais éparpillés sur tout le littoral, dans les villes, mais aussi sur les aires d'autoroutes ou dans des espaces en marge, là où l'État souhaite les maintenir. Cela mobilise des forces de police importantes (pas moins de 500 fonctionnaires), un centre de rétention a même été ouvert sur place ; quant à la sécurisation du port de Calais, elle coûte plus de 12 millions d'euros par an. Une panoplie de moyens qui n'a qu'un seul objet : la répression.

En revanche, les droits des exilés sont, eux, régulièrement bafoués…

Karen Akoka. En effet. Ce n'est pas parce qu'ils n'ont pas de papiers qu'ils n'ont pas de droits : hébergement d'urgence, accès aux soins, demande d'asile et prise en charge des mineurs font théoriquement partie de ces droits fondamentaux. Or, notre enquête sur le terrain montre que ces quatre droits sont bafoués quotidiennement.

Vous pointez aussi les effets pervers du règlement dit « de Dublin ». De quoi s'agit-il ?

Karen Akoka. Ce texte prévoit que les migrants ne peuvent demander l'asile que dans un seul État européen, et pas dans celui de leur choix, mais dans celui par lequel ils sont arrivés en Europe, aux frontières sud et est de l'Union. Donc dans des pays qui n'ont pas forcément des infrastructures suffisantes, ni une réelle tradition d'accueil. Et même dans les pays qui ont cette tradition, comme la Grèce par exemple, le taux de reconnaissance du statut de réfugié est très faible, 0,04 % en Grèce (contre environ 20 % en France). Les migrants poursuivent donc leur route jusqu'à Calais, avec pour objectif l'Angleterre.

Pourquoi cet « eldorado anglais » ?

Karen Akoka. Il y a plusieurs raisons, parfois assez complexes. Certains y ont déjà de la famille sur place et parlent anglais. Ces migrants, en effet, ne sont pas les plus pauvres des pauvres : ils sont souvent issus des classes moyennes, espèrent pouvoir continuer des études… L'Angleterre a aussi la réputation d'avoir une procédure d'asile plus simple - ce qui n'est plus vraiment le cas aujourd'hui. Les migrants pensent aussi pouvoir y trouver plus facilement du travail au noir. Beaucoup, enfin, ne choisissent pas l'Angleterre en tant que telle : c'est juste leur dernière chance, la fin d'un périple au cours duquel ils n'ont pas trouvé, auparavant, la protection, le refuge nécessaire pour reconstruire leur vie.

Quelles sont les principales recommandations de votre rapport ?

Karen Akoka. La première, c'est la révision du règlement de Dublin. Les exilés doivent pouvoir choisir le pays dans lequel ils souhaitent déposer leur demande d'asile. La procédure doit également être améliorée, et les droits élémentaires (hébergement, soins…) des migrants doivent être respectés. Un effort particulier doit aussi être fait pour les mineurs, les dispositifs les concernant étant totalement saturés. Enfin, le harcèlement policier, qui n'a pour but que de les user, doit cesser.

Entretien réalisé par Alexandre Fache

Malgré leur travail, l’intégration des requérants d’asile piétine

Les résidents du Centre d’enregistrement et de procédure de Vallorbe se bousculent pour travailler en forêt. Mais les mesures pour améliorer la cohabitation entre la population locale et les requérants tardent à déployer des effets visibles. Un article de Pierre Blanchard dans 24 Heures.

Les travaux d'utilité publique sont prisés des requérants.

REQUÉRANTS Les travaux d’utilité publique sont prisés des requérants. Leur travail est apprécié par le service forestier de la commune. D’autres projets sont à l’étude,
mais leur réalisation demande du temps.
VALLORBE, LE 3 SEPTEMBRE 2008
PHOTOS PIERRE BLANCHARD

Mostafa Aouiss

Mostafa Aouiss (de dos) est l’un des deux assistants d’encadrement employés par l’ODM. Sur le terrain, il montre l’exemple en prenant une part active aux travaux. Une attitude appréciée par les forestiers.

L'intensification des tra­vaux forestiers d’utilité publique est la mesure d’occupation des requérants la plus perceptible sur le terrain. Depuis le début du mois de septembre, trois jours par se­maine (du mardi au jeudi), les demandeurs d’asile du Centre d’enregistrement et de procé­dure (CEP) peuvent participer à des travaux de nettoyage de la forêt par groupes de cinq, ac­compagnés d’un assistant de l’encadrement, employé de l’Of­fice fédéral des migrations (ODM) qui ne rechigne pas à montrer l’exemple.
Nombreux sont les requé­rants qui désirent participer à ces activités. Mercredi passé, ve­nus de Gambie, d’Erythrée ou de Serbie, cinq hommes ont élagué la forêt en bordure du chemin qui mène à la Combe­Barathoux, un pâturage de la commune de Vallorbe qui jouxte la frontière française. Les participants étaient contents de se sentir utiles en rendant ser­vice au pays qui les accueille. De son côté, le garde-forestier ap­précie la qualité du travail fourni et relève que les seuls outils à disposition sont des pinces et des scies à main.
Changement peu visible

Pourtant dans la rue, les habitants de la Cité du fer n’ont pas l’impression que les choses ont beaucoup changé depuis la visite d’Eveline Widmer­Schlumpf au CEP en juin der­nier. «Les requérants s’asseyent moins sur le perron de la gare. Ils se tiennent contre la barrière en face. En été, on en voit plus au bord de l’Orbe ou près de la piscine. Néanmoins, ils sont toujours aussi nombreux», constatent les Vallorbiers. Il n’y a pas d’animosité dans les pro­pos des personnes interrogées, tout au plus un fatalisme con­descendant chez certains.
La fermeture du magasin La Bonne Occase à Orbe alimentait la conversation des dames qui buvaient leur café au tea-room. Dans les bistrots, les discussions sur le centre de requérants se font plus rares, sauf au motel près de la frontière, où la politi­que de l’immigration fait encore jaser. «On nous berne avec des promesses. C’est le système qui n’est pas bon. On fait manger du pain blanc aux requérants, puis on leur donne du pain rassis. Cela favorise leur entrée en clandestinité. J’ai écrit à ce sujet à la conseillère fédérale en charge du dossier. Je n’ai reçu qu’une réponse standard», com­mente un entrepreneur.
Chez les commerçants, le plus dérangeant c’est l’arrivée des re­quérants par groupes. Les ron­des de la police ont un effet dissuasif et, en cas de vol, l’in­tervention des forces de l’ordre est efficace. Mais, dans l’ensem­ble, il n’y a pas de gros pro­blème et aucun drame n’est à déplorer.
Joli geste

Sous l’appellation Lions d’Afrique, une équipe de de­mandeurs d’asile a même parti­cipé au tournoi de foot à six organisé par le FC Vallorbe-Bal­laigues. Habiles balle au pied, les requérants n’avaient pas de souliers à crampons pour évo­luer sur un terrain très glissant. Les Arpenteurs de Vallorbe ont prêté leurs chaussures aux Lions d’Afrique afin qu’ils puis­sent jouer leur dernier match dans de bonnes conditions. Un geste chargé de symboles et d’émotion.

Petits pas vers des solutions durables

Juridiquement irrecevable, mais acceptée par le Conseil commu­nal ce printemps, la motion, demandant que l’accès du péri­mètre de la gare soit interdit aux requérants a eu le mérite de faire s’asseoir autour de la table des négociations tous les prota­gonistes concernés par la pré­sence du CEP à Vallorbe. La conséquence la plus spectacu­laire a sans doute été la venue de la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf lors de la journée portes ouvertes du 14 juin. Mais c’est en coulisses que se traitent les sujets épi­neux. Le problème est complexe et son ampleur dépend de la variation du flux migratoire vers l’Europe, un phénomène sur lequel la Suisse n’a aucune emprise.
Le CEP hébergeait près de 220 requérants la semaine dernière. L’Office fédéral des migrations reconnaît devoir faire face à un accroissement con­joncturel des demandes d’asile.
Il souligne que l’accord qui le lie au canton de Vaud et à la Muni­cipalité stipule que dans la mesure du possible l’effectif des résidants soit limité à 180. «Mal­gré la conjoncture défavorable, nous essayons de réduire au maximum la présence des re­quérants sur le site de Vallorbe, notamment en transférant un grand nombre de personnes vers les autres centres du pays», précise Roman Cantieni, porte­parole de l’ODM. Des faits confirmés par le conseiller d’Etat Philippe Leuba et le syndic de Vallorbe, Laurent Francfort.
«Avec nos partenaires. nous avons opté pour une politique des petits pas qui doit débou­cher sur des solutions durables.
Nous avons engagé deux person­nes pour l’encadrement et notre service de sécurité a augmenté le nombre de ses rondes autour de la gare», relève Maurizio Miceli, adjoint de direction au CEP.
Un nouvel emplacement est sur le point d’être trouvé pour loger l’ARAVOH (association de soutien aux requérants) et le service d’aide juridique, basés actuellement à la gare. Cette mesure doit être finalisée entre les différents partenaires. Elle s’accompagne d’un soutien financier à l’ARAVOH de la part des instances politiques. Pi. B.