France Terre d'Asile : « Les chiffres sont traficotés »
La rédaction - Les Grandes Gueules - RMC, le 24/06/2008
Pierre Henry, Directeur Général de France Terre d'Asile, a évoqué l'incendie du centre de rétention de Vincennes et la politique de Nicolas Sarkozy en matière d'immigration.
Invité des GG mardi 24 juin, le Directeur Général de France Terre d'Asile, Pierre Henry a répondu au député UMP Frédéric Lefebvre, qui a mis en cause la responsabilité des « collectifs » dans l'incendie du centre de rétention de Vincennes ce dimanche : «
Mr. Lefebvre se veut beau parleur, il n'est qu'un piètre conservateur et qu'un piètre provocateur. Comme si c'était 50 militants réunis devant le centre de rétention de Vincennes qui avaient provoqué les évènements qui amènent à l'incendie de deux bâtiments. C'est totalement absurde, il ne connaît pas la géographie des lieux ».
D'autre part, il a évoqué la politique de régularisation au cas par cas mise en place par Brice Hortefeux : « Evidemment, le cas par cas, c'est la tête du client. Je suis pour une régularisation sur la base d'un critère principal qui est celui du travail. Et d'ailleurs c'est ce critère qui a toujours été appliqué sous la Vème République. Il faut croiser deux critères principaux : un travail ou une promesse d'embauche, plus une durée de résidence sur le territoire. C'est toujours ce qui s'est pratiqué et ça me paraît être une politique humaine ».
Enfin, il est revenu sur la circulaire qui permet les régularisations dans les secteurs d'activité dits « tendus » : « Vous l'avez vu pour les restaurants : le problème est-il pour autant réglé ? On nous explique qu'il y a environ 1 400 dossiers qui ont été déposés et qu'il y a 400 dossiers aboutis. Ca ne répond pas au problème. De deux choses l'une : soit on a menti sur les chiffres de personnes en situation irrégulière sur le territoire national, des chiffres qui varient du simple au double, de 200 000 à 400 000 personnes, donc personne n'en sait rien et il reste beaucoup à faire. Soit on traite les problèmes à la petite semaine et on ne règle rien. Ces chiffres viennent d'un rapport du Sénat, qui lui a donné une onction et ça fait 3 ans que ces chiffres sont repris partout ».
« Je ne pense pas que les français aient voté pour ça. Ils ont sans doute voté beaucoup plus pour le pouvoir d'achat que pour l'expulsion de 30 000 étrangers par an. Cela correspond beaucoup plus à une posture qu'à une réalité parce que pour obtenir ces chiffres, il y a eu un certain nombre d'opérations depuis le début de l'année de retours volontaires qui sont intégrés dans les chiffres d'expulsés concernant des roumains et des bulgares. Les chiffres sont traficotés et on oublie de vous dire que vous avez eu 20 000 régularisations en 2007. On a simplement choisi de mettre la focale sur les expulsions plutôt que sur les régularisations. Avec ça, on plaît plutôt à un certain électorat, plutôt l'électorat d'extrême droite qui se réfugiait dans le Front National, et ce n'est pas une politique de l'intérêt général ».