mardi 10 avril 2012

Des Nyonnais dénoncent les dealers sur un blog

A Nyon, les vendeurs de drogue ont changé de zone. La fermeture du centre de requérants d’asile de l’EVAM n’a pas réglé le problème: des habitants réagissent sur internet.

Les voisins de la place des Marronniers, à Nyon, en ont ras-le-bol. Depuis leurs balcons, ils assistent quotidiennement au bal des dealers qui vendent leur marchandise le long de la promenade d’Italie, jusqu’à la place qui surplombe le lac. Le phénomène n’est pas nouveau, mais il s’est accru depuis quelques mois.

Déjà agacés par les incivilités et la saleté que laissent les jeunes qui se réunissent le soir, les voisins s’avouent de plus en plus inquiets: «Mon fils de 7 ans sait qui est dealer et qui ne l’est pas. Il sait aussi dans quels buissons ils cachent leur drogue», déplore un habitant du quartier, qui a lancé un blog pour dénoncer ces activités.

Dénoncer les dealers
«J’ai vu trois adolescents qui ont acheté des drogues illicites à un trafiquant.» «Nous avons un problème très grave dans le parc, et nous devons faire tous les efforts pour lutter contre les trafiquants de drogue.» Lancé il y a six mois par un voisin de la promenade d’Italie, aux premières loges du trafic, un blog invite les riverains à publier leurs commentaires et leurs observations. Des photos – floutées – ont même été mises en ligne, les originaux ont quant à eux été envoyés par la police.

Ce site internet a été créé par un membre du collectif de riverains qui, depuis 2008, se plaint des déprédations qui envahissent quotidiennement le secteur, où se trouvent trois écoles et des places de jeu. Après avoir pesté contre les jeunes qui font la fête à la place des Marronniers, leur action se concentre désormais sur le trafic de drogue.

La démarche de ce riverain ne fait toutefois pas l’unanimité parmi les voisins, et encore moins du côté des autorités. «Ce qui me désole, c’est que ce blog n’encourage pas la police, qui passe des heures à tenter de résoudre ce problème, déclare la municipale Elisabeth Ruey-Ray. Ils ne devraient pas publier de photos, c’est limite sur le plan de la protection des données.»

Obstiné, le créateur de la page n’en démord pas. Contacté par 24 heures, il affirme qu’il n’a pas l’intention de fermer le blog: «Ce trafic doit cesser, et nous continuerons à protester jusqu’à ce que les autorités prennent des mesures.»


Pas de trafic à Begnins
Dans les faits, le nombre de dealers n’a pas réellement augmenté: ils se sont simplement concentrés dans le secteur de la Combe. En cause, la fermeture du centre d’accueil des requérants d’asile de l’EVAM, au quartier des Fontaines, en février dernier, au profit d’un nouveau lieu d’accueil à Begnins.

Nyon est malgré tout restée une plaque tournante du deal dans la région: «Aucun trafic n’a été constaté pour le moment au centre de Begnins ni à Gland, explique Philippe Jaton, porte-parole de la police cantonale. Mais il y a en effet des activités à Nyon.» Le porte-parole rappelle que les migrants doivent quitter les abris PCi qui les accueillent la nuit, «ils sont donc mobiles».

Sentiment d’insécurité
«Nous avons pu constater une recrudescence du trafic dans le secteur de la Combe depuis que le centre EVAM a fermé, confirme James Lacroix, chef de police secours à Nyon. Il en reste encore quelques-uns au quartier des Fontaines, qui fournissent des habitués.» En tout, une vingtaine de migrants d’origine africaine traficotent en ville. «Ils ont tous passé par un centre de migrants et certains d’entre eux n’ont plus de statut», précise James Lacroix.

«Ça laisse un sentiment d’insécurité qui est détestable, peste Roxane Faraut, conseillère communale PLR. Les parents n’osent plus passer par la place des Marronniers pour rejoindre la place de jeu, dans le parc.»

Le problème, c’est que la marge de manœuvre de la police est restreinte. «La justice n’a pas les moyens de les enfermer», souligne la municipale Elisabeth Ruey-Ray. Parfaitement organisés, les dealers se font en effet pincer pour détention de drogue, presque jamais pour trafic. Ils sont donc rapidement relâchés.

«Le seul moyen d’action, c’est de déstabiliser le marché en intervenant de manière répétée», poursuit Elisabeth Ruey-Ray. La police nyonnaise se rend sur place plusieurs fois par jour, fouille les bosquets pour récupérer la marchandise planquée par les dealers. La police cantonale intervient également avec des chiens pour intercepter la marchandise. Elisabeth Ruey-Ray conclut, un peu pessimiste: «De toute façon, si on les chasse de la promenade d’Italie, ils iront dealer ailleurs.»

24 Heures

Les demandeurs d'asile multiples devront quitter la Suisse

CEP chiasso Les requérants en Suisse ayant déjà présenté une demande refusée en Europe seront renvoyés, selon une information de RTSinfo. Une surprise de taille pour l'Italie, qui n'aurait pas été prévenue.

Dans dix jours, la procédure d’asile en Suisse pour les cas dits "de Dublin" (soit les requérants qui ont déjà présenté une, voire plusieurs demandes dans un Etat signataire des Accords de Dublin) va prendre un tournant radical. Les demandeurs multiples ne feront plus l’objet d’une nouvelle procédure et devront quitter la Suisse, selon une information originale de RTSinfo au Tessin.

Le changement de pratique est voulu par l’Office fédéral des migrations (ODM), pour mettre fin aux longues et coûteuses procédures engendrées par les demandes à répétition déposées par près d’un tiers des requérants en Suisse. Selon nos informations, l’Italie n’a pas été prévenue. Et pourtant, c’est par la Péninsule que la quasi totalité des demandeurs d’asile qui se présentent à Chiasso arrive.

Les requérants déboutés ne seront toutefois pas expulsés du territoire helvétique. Ils seront à la charge des autorités cantonales.

Nicole della Pietra pour RTSinfo

Etats-Unis : nouveaux soupçons de meurtres racistes

Alors que le meurtre fin février de Trayvon Martin, un Noir de 17 ans, suscite l'indignation de milliers d'Américains, une nouvelle affaire secoue le pays. Deux hommes blancs sont soupçonnés d'avoir tué vendredi trois Afro-Américains à Tulsa, dans l'Oklahoma, au sud des Etats-Unis. S'agit-il une nouvelle fois d'un crime raciste ?

Au terme d'une vaste chasse à l'homme à laquelle a participé le FBI, Jake England, âgé de 19 et Alvin Watts, 32 ans, ont été interpellés dimanche, au grand soulagement de la communauté afro-américains. Tous deux sont suspectés d'avoir d'avoir tué trois Noirs et d'en avoir blessé deux autres lors de fusillades dans un quartier à majorité noire de Tulsa. A priori, ils auraient tiré au hasard. Une section locale de NAACP, la principale organisation de défense des droits civiques des Noirs américains, avait appelé vendredi à une résolution rapide de l'affaire.

Trop tôt pour trancher
La police et le FBI ont estimé ce lundi qu'il était trop tôt pour dire si ces crimes avaient été motivés par le racisme. Jake England aurait posté jeudi, la veille des fusillades, sur Facebook un message à l'occasion des deux ans de la mort de son père, abattu selon lui par un Noir, en y incluant des insultes racistes. La page de ce réseau social n'est plus accessible depuis dimanche.  Une amie de la famille, Susan Sevenstar, a décrit Jake England à l'Associated Press comme «un bon garçon», «très travailleur» mais qui «avait perdu la tête» après la mort de son père et le suicide en janvier de sa fiancée, peu après la naissance de leur bébé. Les deux hommes ont été déférés devant la justice ce lundi, sans avocat. Ils seront maintenus en détention, à moins de verser une caution de 9,16 millions de dollars chacun. Ils comparaîtront à nouveau le 16 avril.

Le Parisien

Un clandestin exploité réclame trois mois de paye

Un employé d’une société de nettoyage n’a plus de revenu depuis août dernier. Le syndicat Unia fustige le traitement des sans-papiers.

«J’ai travaillé plus de trois ans sans pouvoir prendre de vacances. En cas d’absence, je devais financer moi-même mon remplacement. Je ne sais plus quoi faire.» Ce sans-papier brésilien est au bord du gouffre. La société de nettoyage qui l’employait jusqu’en octobre dernier lui doit trois mois de salaire impayés. Après des semaines d’hésitation, il a donc fini par mandater un syndicat.

«C’est courageux, note José Sebastiao d’Unia. Car beaucoup de clandestins n’osent pas le faire de peur d’être expulsé.» Plusieurs courriers ont depuis été envoyés à son patron. En vain, l’entreprise ne figurant même pas au registre du commerce. Conséquence: une demande de paiement de 12’635 fr. a été déposée jeudi aux Prud’hommes.

«Ce sont des gens corvéables à merci»

Parallèlement, Unia a mené une action devant l’un des restaurants où exerçait le clandestin. «Nous souhaitons qu’il rétribue directement le nettoyeur au lieu de continuer à payer la société», lance la syndicaliste Filipa Chinarro. «C’est un scandale! Unia se croit tout permis, fulmine Edward Raguenau, le restaurateur visé. Ce n’est pas à moi de vérifier comment sont payés mes mandants. Mais j’ai résilié mes contrats avec cette société dont je ne cautionne pas les méthodes.»

En effet, employer directement un sans-papier reste illégal en Suisse. «Ce sont des gens corvéables à merci et cela n’est pas acceptable, avertit Bernard Favre du département de l’emploi. C’est pourquoi nous pouvons aller jusqu’à l’interdiction aux marchés publics pour les employeurs qui se croient tout permis.»

Raphaël Leroy dans 20Minutes

Tirs venant de Syrie contre un camp de réfugiés en Turquie

Deux réfugiés syriens et un traducteur turc ont été blessés dans le camp de réfugiés de Kilis par des tirs venant du côté syrien de la frontière, a déclaré lundi un responsable du ministère turc des Affaires étrangères.

"Nous avons convoqué le chargé d'affaires syrien à Ankara et nous lui avons demandé de mettre fin à cet incident", a-t-on ajouté de même source. Selon Mohammed Abdelkader, qui vit dans le camp de réfugiés de Kilis et a été témoin des tirs, deux Syriens ont été tués et deux autres blessés au cours de l'incident. Reuters n'a pas pu vérifier cette information pour le moment.

L'officiel turc n'a pas non plus précisé si ces tirs étaient liés aux combats qui ont fait au moins six morts parmi les membres des forces de sécurité et des douanes syriennes au cours de violents combats dans un village voisin, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

Tulay Karadeniz; Tangi Salaün pour le service français de Reuters

Un article sur les Roms au cœur d’une polémique

Plusieurs  plaintes  ont  été  déposées  après  la  publication  d’une  photo controversée dans la Weltwoche.

Une image choc, montrant un enfant basané pointant un pistolet contre le lecteur. Et un titre sans équivoque: «Les Roms arrivent: razzia sur la Suisse». Le dossier publié jeudi à la une de la Weltwoche suscite la polémique en Suisse et à l’étranger. Un journaliste autrichien a porté plainte contre l’hebdomadaire alémanique pour «incitation à la haine raciale». En Suisse, c’est une lectrice de Bâle-Campagne qui a porté plainte, estimant que la norme suisse antiraciste a été violée.

La Commission fédérale contre le racisme (CFR) se dit, elle aussi, préoccupée. Si elle n’a pas qualité pour agir devant un tribunal, elle va examiner le dossier de la Weltwoche dans le cadre d’un rapport sur la situation des Roms en Suisse, dont la publication est prévue pour la fin de l’année. La CFR examinera également le dossier publié il y a un mois par le journal gratuit genevois GHI , intitulé «Alerte Roms à Plainpalais». «Nous ne voulons pas agir dans l’urgence, mais nous n’acceptons pas qu’on stigmatise toute une population», déclare en substance Martine Brunschwig Graf, la présidente de la CFR.

Les Jeunes Verts suisses ont fait part de leur réprobation dans une lettre ouverte à Roger Köppel, le rédacteur en chef de la Weltwoche . Ils dénoncent les amalgames faits et l’utilisation tendancieuse de la photo, qui suggère que tous les Roms sont des criminels asociaux. Un reproche balayé par le magazine alémanique. Philipp Gut, rédacteur en chef adjoint et coauteur de l’article, dit ne pas comprendre ces réactions.

Le cliché controversé a été pris en 2008 dans une décharge de la ville de Gjakova, au Kosovo. Elle est l’œuvre du photographe italien Livio Mancini, qui a cédé ses droits et ne contrôle plus l’utilisation de sa photo.

24 Heures

Un migrant retrouvé mort dans un squat : la piste criminelle privilégiée

Un Érythréen âgé de trente ans a été retrouvé mort hier, en début d'après-midi dans un squat du centre-ville de Calais.

Selon la préfecture du Pas-de-Calais, son visage présentait d'importantes plaies. Lesquelles pourraient être à l'origine de son décès.

La victime aperçue hier matin

Le migrant, qui aurait effectué une demande d'asile, squattait les anciens établissements de dentelle Meurillon, situés à l'angle des rues du 29-Juillet et Auber. Apparemment, le squat était occupé depuis pas mal de temps par de nombreux migrants. Des chambres y auraient été aménagées et de nombreuses affaires y ont été découvertes.  « L'enquête en est à ses débuts, expliquait-on hier, en fin de journée, au Parquet de Boulogne-sur-Mer. Elle a été confiée à la police judiciaire de Lille. Mais la piste criminelle est privilégiée ». La police scientifique était également présente sur place.  D'après les premiers éléments de l'enquête, la victime aurait été aperçue vivante vers 10 h 45 hier matin. Moins de trois heures avant la découverte du corps. Lequel a été transporté en fin de journée.

La Voix du Nord

lundi 9 avril 2012

Articles sur les Roms: la Commission contre le racisme inquiète

Le dossier et la une de la "Weltwoche" consacrés aux Roms, qui fait l'objet d'une plainte en Autriche pour incitation à la haine raciale, inquiète aussi en Suisse. La Commission fédérale contre le racisme (CFR) va examiner l'affaire. L'hebdomadaire gratuit genevois "GHI" est également dans son collimateur.

Confirmant une information de l'hebdomadaire alémanique "Sonntag", la présidente de la CFR Martine Brunschwig Graf met dans le même panier le dossier de la "Weltwoche" et celui consacré il y a un mois dans "GHI" à la mendicité et intitulé "Alerte Roms à Plainpalais". L'ex-conseillère nationale (PLR/GE) a précisé lundi à l'ats que les Roms représentaient un des thèmes de sa commission en 2012.

Celle-ci publiera en fin d'année un dossier sur la discrimination, dont sont notamment victimes les Roms. Elle fera à cette occasion un certain nombre de recommandations. La commission n'a pas qualité pour agir devant un tribunal, a précisé sa présidente. Si nécessaire, elle peut intervenir auprès des personnes concernées, a-t-elle ajouté.

Pas dans l'urgence

"Nous ne voulons pas agir dans l'urgence", a-t-elle déclaré à propos des articles incriminés dont la commission, qui ne s'est pas encore réunie, n'a pas discuté. Mme Brunschwig Graf ne nie pas certains problèmes posés par des membres issus de la communauté rom, mais elle "n'accepte pas qu'on stigmatise toute une population", a-t-elle affirmé.

La "Weltwoche" a publié un dossier, "très bien documenté", selon l'expert en médias et ex-président du Conseil suisse de la presse Peter Studer. C'est surtout la photo de une qui dérange: on y voit un enfant rom pointant un pistolet.

L'article consacré aux Roms dans "GHI" est essentiellement à charge. Il est accompagné d'un texte qui donne la parole à l'association de défense des Roms. Les photos sont floutées.

ATS

La Une de la «Weltwoche» suscite de vives réactions

Nouvelle polémique provoquée par l’hebdomadaire alémanique. Un journaliste autrichien a porté plainte vendredi. Ce dimanche, un avocat et chercheur en a appelé au Ministère public genevois.

La Une de la «Weltwoche», qui montre cette semaine un enfant rom armé, suscite une nouvelle fois de vives critiques. Un journaliste autrichien indigné a porté plainte vendredi contre l’hebdomadaire pour «incitation à la haine raciale» contre la communauté rom.

Sur la couverture du magazine paru jeudi, on peut voir un bambin à la peau cuivrée et aux cheveux noirs pointant un pistolet contre le lecteur. Juste en-dessous de la photo, le titre: «Les Roms arrivent: razzia sur la Suisse». Avec sa plainte déposée en Autriche, Klaus Kamolz désire opposer un «signe symbolique» clair au «jugement à l’emporte-pièce assimilant les Roms à des criminels» propagé par l’hebdomadaire, a-t-il expliqué samedi.

Le journaliste désire en outre encourager la justice autrichienne à se saisir elle-même du dossier, la «Weltwoche» étant vendue dans ce pays. L’incitation à la haine est un «délit officiel» en Autriche, a-t-il précisé, revenant sur des informations du Tages Anzeiger et du Bund.

L’auteur de la photo est l’Italien Livio Mancini. Le photographe indique avoir pris cette image en 2008 dans une décharge de la ville de Gjakova, au Kosovo, où des familles roms vivent avec leurs enfants, qui jouent sur les lieux.

S’il est prioritairement indigné par l’image de couverture, Klaus Kamolz dit pour sa part être également dérangé par l’article. Le «caractère absolu du dénigrement» présent dans cette dernière édition l’a particulièrement décontenancé. Le journaliste de 48 ans, qui écrit notamment pour le magazine d’actualité «profil», espère voir bientôt des réactions helvétiques: «Bien sûr que je suis d’avis que quelque chose devrait être entrepris également en Suisse».

En Suisse, les Jeunes Verts ont écrit une lettre ouverte à Roger Köppel, rédacteur en chef de la «Weltwoche», accusant la couverture d’être «complètement vaseuse». L’image suggère que «les Roms sont tous des criminels associaux», dénoncent-ils.

Philipp Gut, rédacteur en chef adjoint de la «Weltwoche» et co-auteur de l’article incriminé dit ne pas comprendre l’indignation suscitée par l’image de couverture. Cette photo symbolise «le fait que les bandes roms utilisent leurs enfants à des fins criminelles», a-t-il indiqué. Le vrai scandale est qu’aucun des «indignés» ne s’en soit pris à cette maltraitance, a-t-il ajouté. Quant à l’article, il présente sérieusement et de manière nuancée un problème gravissime, s’est-il défendu.

Adresse au ministère public genevois

Dimanche, c’est l’avocat et chercheur en Droit Christophe Germann qui est intervenu dans la polémique. Dans une lettre adressée au Ministère public genevois, et envoyée au «Temps», il demande à l’instance «d’initier les actions de droit pénal qui s’imposent contre les responsables de la couverture» du magazine. Il précise: «J’estime qu’il s’agit non seulement de considérer en l’espèce les normes pénales contre l’incitation à la haine raciale (art. 261bis CPS), mais également contre la provocation en public au génocide et aux crimes contre l’humanité (art. 264, 264a et 259 CPS).»

L’avocat rappelle notamment les agissements, dès 1926, de la fondation Pro Juventute, qui avait arraché 600 enfants yéniches à leurs parents pour les placer en familles d’accueil ou institutions. Une démarche assimilable à un «génocide», suivant une logique que renouvellerait l’hebdomadaire proche de l’UDC, selon l’expert.

Le Temps

En Corse, «incendie raciste» dans une salle de prière musulmane

Une salle de prière fréquentée par la communauté musulmane à Ajaccio a été «partiellement» détruite dans la nuit de dimanche à lundi, ont indiqué le parquet d’Ajaccio et le ministère de l’Intérieur, ce dernier précisant qu’il s’agissait d’un «incendie raciste».

«Le 9 avril 2012 à 2h35, un incendie d’origine criminelle a partiellement détruit une salle de prière fréquentée par la communauté musulmane à Ajaccio. Des inscriptions à caractère raciste ont été découvertes sur la façade de l’immeuble qui abritait ce lieu de culte», a affirmé le ministère dans un communiqué.

De son côté, le parquet d’Ajaccio indique qu’une fenêtre de ce local de prière du centre-ville «a été cassée, des barreaux forcés et un produit inflammable a été répandu puis allumé». Le parquet ajoute que des inscriptions racistes en langue corse ont été tracés sur l’immeuble, notamment «dehors les arabes (ndlr, arabi fora)». Un cercueil a été également dessiné sur la façade. L’enquête a été confiée à la DIPJ d’Ajaccio.

Dans le communiqué, le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, s’est dit «très attentif à ce que la communauté musulmane ne soit pas stigmatisée et a demandé aux services d’enquête de tout mettre en oeuvre pour identifier rapidement les auteurs de cet acte afin de les mettre à disposition de la justice».

En 2011, 155 actes islamophobes ayant fait l’objet d’une plainte ont été dénombrés par l’Observatoire contre l’islamophobie en France, soit une augmentation de 34% par rapport à 2010, selon son président Abdallah Zekri. Parmi eux, 38 concernent des «actions» (attentats, tentatives d’attentats, dégradations) et 117 des gestes menaçants, des insultes ou des inscriptions à caractère raciste.

AFP

La Commission contre le racisme s'inquiète des articles sur les Roms

Le dossier et la une de la "Weltwoche" consacrés aux Roms, qui fait l'objet d'une plainte en Autriche, vont être examinés par la Commission fédérale contre le racisme. L'hebdo gratuit genevois "GHI" est également dans son collimateur.

Confirmant une information de l'hebdomadaire alémanique "Sonntag", la présidente de la Commission fédérale contre le racisme Martine Brunschwig Graf met dans le même panier le dossier de la "Weltwoche" et celui consacré il y a un mois dans "GHI" à la mendicité et intitulé "Alerte Roms à Plainpalais". L'ex-conseillère nationale (PLR/GE) a précisé lundi que les Roms représentaient un des thèmes de sa commission en 2012. Celle-ci publiera en fin d'année un dossier sur la discrimination, dont sont notamment victimes les Roms. Elle fera à cette occasion un certain nombre de recommandations. La commission n'a pas qualité pour agir devant un tribunal, a précisé sa présidente. Si nécessaire, elle peut intervenir auprès des personnes concernées, a-t-elle ajouté.

Pas dans l'urgence

"Nous ne voulons pas agir dans l'urgence", a-t-elle déclaré à propos des articles incriminés dont la commission, qui ne s'est pas encore réunie, n'a pas discuté. Mme Brunschwig Graf ne nie pas certains problèmes posés par des membres issus de la communauté rom, mais elle "n'accepte pas qu'on stigmatise toute une population", a-telle affirmé. La "Weltwoche" a publié un dossier, "très bien documenté", selon l'expert en médias et ex-président du Conseil suisse de la presse Peter Studer. C'est surtout la photo de une qui dérange: on y voit un enfant rom pointant un pistolet. L'article consacré aux roms dans "GHI" est essentiellement à charge. Il est accompagné d'un texte qui donne la parole à l'association de défense des roms. Les photos sont floutées.

RTSinfo

dimanche 8 avril 2012

La Turquie s’inquiète de l’afflux de réfugiés syriens

Certaines sources parlent de 3000 personnes qui ont franchi la frontière en une journée pour fuir les violences en Syrie. Face à cette situation, le Premier ministre turc a demandé à l’ONU de se montrer beaucoup plus ferme à l‘égard de Damas.

Les civils constituent l’essentiel des réfugiés, mais il y a aussi des déserteurs de l’armée loyaliste qui ont choisi de rallier l’insurrection. Tous souhaitent garder l’anonymat.
L’un d’eux assure que des Iraniens se trouvent en Syrie depuis le début du soulèvement. Il s’agit, selon lui, de “Gardiens de la Révolution qui participent à la répression”. Un autre insurgé ajoute : “on demande à la communauté internationale de nous fournir des armes. Ainsi, on pourra facilement et rapidement renverser le régime et libérer le pays”.

Depuis le début de la répression, plus de 24 000 Syriens ont trouvé refuge en Turquie. Sur place, dans les camps de déplacés, on affirme que le régime de Bachar Al-Assad a fait installer des mines le long de la frontière pour empêcher le passage des civils.

Ceux qui ont fui en Turquie espèrent pouvoir retourner un jour chez eux, mais ils ne sont pas vraiment optimistes. C’est ce qu’a constaté Mustafa Bag,, l’envoyé spécial d’euronews au camp de réfugiés de Reyhanli. “Quand le plan de Kofi Annan a été voté, dit-il, le sang devait arrêter de couler et les armes devaient se taire. Mais les refugiés pensent que cela ne servira à rien d’autre qu‘à faire gagner du temps à Bachar Al-Assad.

Euronews

L’horizon est encore bouché

Malgré les efforts des ONG et les fonds de l’UE, la principale minorité européenne ne vit pas mieux qu’il y a 10 ans. Un manque de suivi à Bruxelles, la corruption des responsables locaux et le désintérêt des Etats en sont les raisons principales.

famille rom

Le 8 avril est la journée internationale des Roms, mais une part importante des 12 millions d’entre eux qui vivent en Europe vit encore dans une pauvreté accablante. Les tensions ethniques s’accentuent, comme on a pu le constater avec les attaques des campements roms en Italie en 2008 ou les intimidations auxquelles se livrent des paramilitaires racistes en Hongrie.

En septembre dernier, des milliers de Bulgares sont descendus dans la rue, en criant des slogans comme "Les tziganes, il faut en faire du savon". "Le traitement réservé aux Roms est le test décisif de la démocratie", affirmait prophétiquement feu le président tchèque Václav Havel en 1993. La transition vers le capitalisme a eu des conséquences désastreuses pour les Roms.

Sous le régime communiste, ils avaient un emploi et étaient logés et scolarisés gratuitement. A présent, beaucoup perdent leur emploi, leur logement, et le racisme à leur encontre ressurgit impunément.

Le rôle limité de l'UE

A la fin des années 1990, la perspective de l’adhésion à l’UE de certains pays d’Europe centrale et orientale a laissé entrevoir une amélioration. "Les responsables roms étaient très enthousiastes", se souvient l’ancien député européen Jan Marinus Wiersma. Les pays candidats à l’adhésion adaptaient leur législation à celle de l’UE et proposaient des projets.

Ce n’était que de la poudre aux yeux, disent désormais les ONG et les militants des droits des Roms. En Bulgarie, par exemple, les Roms ont retrouvé massivement un emploi, d’après les chiffres officiels.

"En réalité, ils se sont retrouvés quelques mois plus tard à la rue", dit à Sofia la chercheuse bulgare Ilona Tomova. "Nous, les pays postcommunistes, nous nous y connaissons en manipulation des chiffres. Mais l’Union ne s’en est pas rendue compte."

Maintenant que ces pays sont devenus des Etats membres de l’UE, Bruxelles ne peut plus utiliser la perspective de l’adhésion comme moyen de pression, estime Rob Kushen, directeur du Centre européen des droits des Roms (ERRC) à Budapest.

La Commission européenne est en outre liée par le principe de subsidiarité : "En ce qui concerne les Roms, ce sont les pays membres qui jouent un rôle déterminant en matière d’enseignement, d’emploi, de logement et de santé. Notre rôle se limite à coordonner", dit Matthew Newman, porte-parole de Viviane Reding, la commissaire chargée des Droits fondamentaux et de la Justice.

Bruxelles peut toutefois influer sur la politique par le biais des fonds européens. Pour la période 2007-2014, par exemple, la République tchèque, la Roumanie et la Slovaquie ont reçu chacune 172 millions d’euros spécialement affectés à la question rom.

Les pays membres où vivent des Roms peuvent aussi déposer des demandes au titre de programmes sociaux plus étendus. Cette cagnotte représente au total 17,5 milliards d’euros.

La Slovaquie avait obtenu 200 millions d’euros pour un nouveau programme. De 2001 à fin 2006, Klara Orgovanova a travaillé dans ce pays avec une équipe de 30 personnes.

Comment l'argent des subventions disparaît

Mais en juillet 2006, le parti social-démocrate [SMER-SD] est arrivé au pouvoir et a formé une coalition [jusqu’en 2010] avec le Parti national slovaque [SNS], dont le leader, Ján Slota, estimait que les Roms se domptent avec un "long fouet dans une arrière-cour".

Ensuite, le plus gros de la somme a "disparu", transformée en de nouveaux feux tricolores, des équipements technologiques pour les hôpitaux ou des clubs de football où aucun Rom ne joue. Quant à Klara Orgovanova et son équipe, elles ont été licenciées.

Parfois, l’argent est empoché par des ONG factices ou vient grossir les salaires des hauts fonctionnaires corrompus. C’est ce qu’affirment certains eurodéputés, comme [l’ancienne élue] Els de Groen, des militants des droits des Roms et des journalistes, comme ceux du collectif BIRN (Balkan Investigative Reporting Network).

Cela dit, l’argent n’est pas toujours détourné volontairement. Les demandes de subventions sont compliquées et exigent une bonne compréhension du jargon de l’UE.

Face aux épisodes racistes et à la tentative de fichage des Roms en Italie en 2008 et surtout après les expulsions de Roms de France en 2010, la Commission s’est limiteé à invoquer une violation de la libre circulation, non pas de l’égalité de traitement et l’égalité raciale.

Une réaction jugée très insuffisante par les organisations des droits de l’homme. Cette réserve de la Commission est due au fait que "la discrimination et le sentiment anti-tzigane sont un sujet politique bien plus brûlant", estime Nele Meyer, d’Amnesty International.

"La Commission ne peut jouer le rôle de super-gendarme des droits fondamentaux", fait remarquer de son côté Matthew Newman. Ce dernier souligne aussi le "faible taux d’absorption" des subventions de l’UE destinées aux Roms : "Les demandes ne portent que sur une partie des fonds. Les Roms ne sont pas une  priorité politique".

D’après Valeriu Nicolae, lui-même rom et directeur du Centre des politiques pour les Roms et les minorités de Bucarest, les fonds affectés aux Roms par Bruxelles sont très insuffisants : "la Roumanie a reçu pendant la période 2007-2013 environ 230 millions d’euros. Nous avons un million de Roms. Cela ne représente pas même 20 centimes par Rom et par jour."

Pourquoi la Commission ne met-elle pas en place un commissaire chargé des minorités ? "Les pays membres ont peur qu’il commence aussi à s’intéresser aux Hongrois en Roumanie ou aux Basques en Espagne", note Jan Marinus Wiersma. Quant au hongrois Kinga Göncz, député européen, il évoque une peur "compréhensible" : "Les pays pourraient alors penser : ‘Parfait, c’est Bruxelles qui va s’en charger.’"

Depuis les drames qui se sont produits en Italie et en France, l’Union semble entrer en mouvement. En avril 2011, le Conseil européen a décidé d’établir un cadre européen commun, sous la forme de "stratégies nationales d’intégration des Roms".

Lívia Járóka – seule député européen d’origine rom – se montre optimiste car on met davantage en avant l’intérêt socioéconomique de l’intégration des Roms. "Car les politiciens ne vont pas purement et simplement aider les Roms".

Mais là encore, la Commission s’en remet finalement aux Etats pour trouver une solution. La Hongrie actuelle montre ce que cela peut donner dans la pratique. "Le gouvernement de Viktor Orbán a récemment abaissé l’âge maximal de la scolarisation obligatoire, si bien que les enfants roms peuvent quitter l’école plus tôt", dit Rob Kushen de l’ERRC.

Cela montre à quel point il est difficile d’obtenir de quelconques mesures en faveur des Roms dans le climat actuel. Viktor Orbán est confronté en Hongrie, comme dans d’autres pays européens, à une opposition d’extrême-droite : Jobbik, un parti ouvertement anti-Roms. "La démocratie consiste aussi à défendre les minorités. Mais Viktor Orbán ne semble pas le comprendre. C’est justement l’avertissement que lançait Havel en 1993", souligne Rob Kushen.

Hellen Kooijman pour Mondiaal Nieuws, traduction : Isabelle Rosselin sur Presseurop

samedi 7 avril 2012

Le grand retour des Européens du sud

Italiens, Portugais, Espagnols ou Grecs arrivent en nombre. La Suisse leur offre des perspectives.

Ilot de prospérité dans une zone euro en crise, la Suisse fait à nouveau figure d’eldorado pour les Européens du Sud. Privés de perspectives dans leur pays, Espagnols, Portugais, Italiens et Grecs sont de plus en plus nombreux à choisir l’émigration et à se tourner vers la Suisse.

Les derniers chiffres fournis au Temps par l’Office fédéral des migrations (ODM) parlent d’eux-mêmes: alors que les Allemands caracolent toujours en tête du classement des nouveaux résidents (+12 601 en 2011), ils sont en passe d’être rattrapés par les Portugais (+11 018). Et le solde migratoire (différence entre les entrées et les sorties) des Espagnols, des Italiens et des Grecs, négatif jusqu’en 2007, a retrouvé des valeurs fortement positives. Le nombre de nouveaux résidents espagnols est ainsi passé de +126 en 2008 à… +2586 en 2011. L’an passé, la population italienne en Suisse a augmenté de 5318 individus. Pour les Grecs, les valeurs sont largement inférieures, mais augmentent très vite: 759 nouveaux résidents en 2011, contre 364 en 2008 (chiffres nets). Au total, sur les 75 000 étrangers qui ont élu domicile en Suisse en 2011, un tiers viennent de ces quatre pays.

Signe d’embellie

Le taux de chômage en Suisse (3,1%) n’augmentant que très lentement, l’économie nationale semble capable d’absorber ces arrivants, malgré le ralentissement. Faut-il y voir le signe d’une embellie? «C’est une hypothèse que l’on peut émettre, confirme Bruno Parnisari, chef du secteur conjoncture au Secrétariat d’Etat à l’économie. Il se peut que le creux de la vague soit passé et que cela s’observe dans les chiffres de l’immigration.»

Même si le beau fixe devait encore se faire attendre, la Suisse reste un pays de cocagne en comparaison avec ses voisins européens. «Et cette différence relative n’est pas près de disparaître, poursuit Bruno Parnisari. En Italie, le chômage des jeunes a atteint les 30% et il frise les 50% en Espagne. Ici, il est à 3,5%…»

La construction, les industries horlogère et pharmaceutique, le secteur public – particulièrement la santé – ou l’hôtellerie et la restauration: nombreux sont les secteurs qui continuent d’engager et offrent des perspectives à cette immigration. Laquelle, selon l’ODM, comprend aussi bien des personnes hautement qualifiées que sans qualification.

Pourtant, l’eldorado helvétique pourrait se transformer en miroir aux alouettes pour bien des candidats. «La situation n’a rien à voir avec les années 1960 ou 1970, prévient la députée genevoise d’origine espagnole Loly Bolay (PS). A l’époque, l’économie suisse tournait à plein et avait besoin de main-d’œuvre. Aujourd’hui, c’est très différent. Je passe mon temps à alerter mes compatriotes dans la presse espagnole. Je leur dis de ne surtout pas venir en Suisse sans contrat de travail. En Galice, tout le monde connaît quelqu’un qui a bien réussi en Suisse. Dans la tête des gens, c’est toujours l’eldorado. Ça me fait mal au cœur de les décourager, mais je dois leur dire la vérité: ils risquent de faire concurrence aux chômeurs locaux, ils auront de la peine à se loger et tous ne trouveront pas du travail.»

Ce message porte-t-il ? Pas sûr: «C’est le chaos en Espagne et les gens savent que ça ne sert plus à rien d’aller en France ou en Italie, alors ils viennent quand même.»

Alexis Favre dans le Temps

Agathe, 19 ans,a été expulsée vers la Belgique

La lycéenne, originaire du Congo, était scolarisée à Saint-Etienne. Agathe est une élève modèle du lycée professionnel Sainte-Marie, à Saint-Etienne. La jeune Congolaise âgée de 19 ans vivait en France depuis deux ans et demi. Mercredi 4 Avril au matin, la police a fait irruption dans le foyer hébergeant la lycéenne.

Agathe a été placée au centre de rétention de Lyon Saint-Exupéry et reconduite jeudi matin à la frontière par les autorités françaises. Direction : la Belgique. C'est dans ce pays que la jeune fille avait déposé en 2007 une demande d'asile en tant que "mineur isolé".

Problème de procédure administrative : Agathe a demandé l'asile dans deux pays de l'Union Européenne. Autre problème: la jeune fille a donné des dates de naissance différentes. L'administration belge doit réexaminer sa demande d'asile.

France3 Rhône-Alpes

Vers le sujet vidéo de France3

Syrie: la répression sanglante se poursuit à l'approche de la trêve

L'armée syrienne continue son offensive contre les insurgés à quelques jours de la trêve recherchée par Kofi Annan et dont Damas a accepté le principe. Les violences de tout bord ont fait samedi plus de 120 victimes et provoqué un nouvel exode de réfugiés en Turquie.

L'Observatoire syrien pour les droits de l'homme (OSDH), qui s'appuie sur un réseau d'informateurs dans le pays, a recensé 128 morts, dont 86 civils, en majorité dans des bombardements dans la région de Hama. L'organisation, basée en Grande Bretagne, a fait en outre état de la découverte de 13 corps dans le quartier de Deir Baalbeh à Homs, et de 10 autres corps retrouvés sous les décombres dans la localité de Hreitane dans la province d'Alep.

L'agence syrienne officielle Sana rapporte quant à elle que des commandos syriens ont abattu trois rebelles lors d'une attaque contre "un repaire de terroristes". Les deux camps s'accusent mutuellement d'intensifier les violences avant l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu le jeudi 12 avril à 04h00. Le Conseil de sécurité a adopté jeudi à l'unanimité une déclaration demandant à Damas de respecter la limite du 10 avril pour cesser les principales opérations militaires et à l'opposition de faire de même au plus tard 48 heures après. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a estimé que les attaques du régime étaient "une violation de la position de l'ONU".

Ces dernières 24 heures, près de 700 Syriens sont arrivés en Turquie, qui accueille désormais 24'000 réfugiés syriens, selon un responsable turc. La semaine dernière, la Turquie a accueilli en 36 heures un nombre record de 2800 personnes qui fuyaient les attaques de l'armée.

L'Organisation de la coopération islamique (OCI), qui a mené en mars avec l'ONU une mission d'évaluation humanitaire en Syrie, a de son côté annoncé qu'elle donnera aux Syriens une aide humanitaire urgente de 70 millions de dollars.

ATS et Journal du Jura

mercredi 4 avril 2012

Le Plan Maghreb ouvre-t-il une brèche?

isabel rochat maghreb plan Le projet pilote d’aide au retour pour délinquants d’Afrique du Nord est bien accueilli. Seule réserve à gauche: il exclut les autres détenus étrangers.

Qu’il soit un effet d’annonce ou une véritable révolution, le «Plan Maghreb» d’Isabel Rochat fait l’effet d’une bombe médiatique depuis une semaine. L’octroi d’une aide au retour à des étrangers condamnés une ou plusieurs fois à Genève est une première en Suisse. Si les partis populistes n’ont pas hésité à dénoncer une «prime à la délinquance», la gauche et la droite traditionnelle apprécient l’effort «pragmatique» de la magistrate PLR chargée du Département de la sécurité, de la police et de l’environnement (DSPE). Le projet vise à désengorger le canton de sa masse critique de trois cents à trois cent cinquante délinquants multirécidivistes en provenance du Maghreb.
En échange du retour volontaire des anciens détenus, ce programme pilote prévoit le financement à hauteur maximale de 4000 francs d’un projet professionnel dans leur pays d’origine, soit l’Algérie, le Maroc et la Tunisie. Faute de protocole d’accord de réadmission avec ces pays ou en l’absence de papiers d’identité, l’expulsion des ressortissants d’Afrique du Nord démunis d’autorisation de séjour s’avère difficile. Le projet a suscité l’intérêt de l’Office fédéral des migrations et pourrait faire des émules ailleurs en Suisse.

Une perspective d’avenir
«Il s’agit de personnes qui n’ont pas de futur en Suisse, explique Nadine Mudry, secrétaire adjointe au DSPE. L’idée est de leur offrir une perspective d’avenir.» Discret jusqu’à aujourd’hui, le projet a démarré sa phase concrète en août 2011 déjà. Calqué sur le modèle de l’aide au retour classique –  normalement réservée aux sans-papiers dont le casier judicaire est vierge –, le Plan Maghreb veut mettre fin aux allers-retours entre la rue et la prison de certains ressortissants maghrébins.
Théoriquement, les candidats au départ doivent être en Suisse depuis plusieurs années. «Il faut avoir été condamné au moins une fois, précise Nadine Mudry, mais chaque situation est évaluée au cas par cas.» Les intéressés doivent soumettre un projet professionnel ou de formation crédible, avec l’aide de la Croix-Rouge, partenaire du projet. Ils doivent aussi décliner leur identité, qui devrait rendre tout retour clandestin en Europe presque impossible. Une fois son dossier validé, le ressortissant reçoit une enveloppe de 1000 francs au pied de l’avion. Il a ensuite trois mois pour contacter le relais local chargé de prendre en charge le financement du projet sur place à hauteur de 3000 francs.
Une dizaine de départs ont pu avoir lieu, sur cinquante-deux démarches entamées et nonante-cinq détenus approchés en prison au total. Le bilan de cette expérience sera tiré fin 2013. A terme, le DSPE mise sur une trentaine de départs par an. Côté financement, l’Etat puise dans un fonds alimenté par l’argent saisi dans les affaires de drogue.
«Ce fonds appartient aux citoyens», s’indigne le MCG Claude Jeanneret. Il partage les foudres de l’UDC, dont les multiples communiqués accusent l’Etat de transformer Genève en «eldorado de la délinquance».

Pas juste pour les autres
Au sein de la droite bourgeoise, on ne craint pas cet appel d’air. «En Suisse, ces personnes n’ont vraiment pas un sort enviable, estime la présidente du PDC, Béatrice Hirsch. A l’inverse des aides au retour traditionnelles, il y a là un intérêt bien compris pour les Genevois: celui de les débarrasser de multirécidivistes qui leur empoisonnent la vie.»
Le Plan Maghreb signe-t-il pour autant la fin de l’impunité? Il ne résoudra qu’une petite partie du problème, admet le président du PLR genevois, Alain-Dominique Mauris. «De ce point de vue, c’est de la poudre aux yeux», affirme Romain de Sainte-Marie, président des socialistes. Cela ne l’empêche pas d’applaudir une idée qui «pour une fois, ne s’inscrit pas dans une logique de durcissement».
La verte Emilie Flamand va plus loin: «Ce projet ne devrait pas se limiter aux populations du Maghreb. Il devrait être également accessible aux personnes en détention administrative dont le seul délit est de ne pas avoir de papiers», juge la présidente écologiste. Même verdict pour l’Observatoire romand de l’asile et des étrangers. «Le Plan Maghreb prouve que des alternatives aux vols spéciaux existent», analyse la coordinatrice Mariana Duarte, même si elle déplore l’intérêt exclusivement sécuritaire qui fonde le projet.

Pauline Cancela et Théo Allegrezza dans le Courrier

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«Pragmatique, humaniste et concret»
La Conseillère d’Etat Isabel Rochat s’explique sur le Plan Maghreb. Elle accuse ses détracteurs de se poser les mauvaises questions.

Certains partis vous accusent d’avoir mis en place une prime à la délinquance, que répondez-vous?
Est-il moral de remettre sur le trottoir un délinquant, qui a certes purgé sa peine, mais dont on sait qu’il reviendra en prison? Les détracteurs ne se posent pas la question de savoir s’il est éthique d’ouvrir la porte d’une prison à quelqu’un qui n’a plus d’avenir en Suisse. Rester dans ce cercle vicieux n’a rien de constructif. Je rappelle que c’est un projet pilote et provisoire, en attendant que les accords de réadmission soient signés avec les pays concernés.
Se dire algérien pour éviter le retour n’est plus possible. Cette impunité-là est terminée. De ce point de vue, le Plan Maghreb a le mérite d’être pragmatique, humaniste et concret.

Votre plan introduit une inégalité de traitement par rapport aux ressortissants d’autres pays, comment y remédier?
L’inégalité est ailleurs. Premièrement dans le fait que les ressortissants concernés par le Plan Maghreb sont issus de pays qui refusent de signer des accords de réadmission avec la Suisse, contrairement aux autres. Ensuite, les remettre à la rue implique une inégalité de traitement
vis-à-vis des détenus qui déclarent leur identité et sont renvoyés. Je souligne au passage que chacun a le droit de rentrer volontairement.
D’autre part, il s’agit de gérer la population la plus problématique à Genève, et non de s’occuper d’une minorité. Ces ressortissants sont responsables de la moitié des délits! J’ai été au plus juste.

Etes-vous prête à étendre le Plan Maghreb aux détenus administratifs?
Ainsi que l’a dit [la Conseillère fédérale] Simonetta Sommaruga, remettre en question la politique de renvoi, c’est remettre en question toute la politique migratoire de la Suisse, qui repose en partie sur la punition. Par ailleurs, la problématique de l’aide au retour est actuellement discutée à Berne par les chambres fédérales. Le débat est donc ouvert.

Propos recueillis par Pauline Cancela pour le Courrier