mercredi 6 janvier 2010

Grève et occupations de Sans-papiers depuis 3 mois, soutien de personnalités

PARIS, 6 jan 2010 | Grande première dans la lutte des sans-papiers en grève depuis mi-octobre pour obtenir leur régularisation: des personnalités du cinéma, de la télévision et de la chanson dont Josiane Balasko, Antoine de Caunes et Cali ont partagé mercredi à Paris une galette de solidarité avec eux.

AFP | 06.01.2010 | 20:05

Grande première dans la lutte des sans-papiers en grève depuis mi-octobre pour obtenir leur régularisation: des personnalités du cinéma, de la télévision et de la chanson dont Josiane Balasko, Antoine de Caunes et Cali ont partagé mercredi à Paris une galette de solidarité avec eux.

L'actrice Juliette Binoche s'est interrogée: "qui sommes-nous, nous Français, pour vous faire vivre un tel calvaire?" avant d'espérer "que le gouvernement prendra les mesures pour arrêter de vous faire vivre cette indignité".

Au milieu d'un millier de sans-papiers, très majoritairement africains, rassemblés dans les locaux exigus du Fonds d'assurance formation des salariés de l'artisanat et du BTP qu'ils occupent dans le VIe arrondissement de Paris, les vedettes ont témoigné au micro de leur solidarité pour cette lutte soutenue par onze associations et syndicats, dont la CGT qui coordonne le mouvement.

Les prises de parole des personnalités alternaient avec les témoignages de sans-papiers, comme Konaté Kandioura, un de leurs porte-parole qui les a remerciées par ces mots: "votre présence nous soutient vachement et nous donne du courage et de l'énergie, car on ne sait pas quel jour on finira la grève".

Pour l'acteur Charles Berling, "on n'est pas dans le cliché auquel on voudrait souvent nous faire croire: que les sans-papiers sont des profiteurs et des voleurs de la société".

"On parle aujourd'hui de débat sur l'identité nationale, nous on vient ici pour lancer le vrai débat: ne pas dénier aux travailleurs d'avoir leur droits. C'est quelque chose de fondamental dans notre République", a-t-il ajouté.

Grace, une Africaine travaillant dans l'aide à domicile, a décrit son quotidien: "on a le code de l'appartement de nos patrons, les clefs et parfois le code de la carte bleue pour faire les courses, on élève les enfants de ceux qui n'ont pas le temps de le faire, mais on a une étiquette qui s'appelle +sans-papiers+, un épée de Damoclès, la menace du commissariat, du centre de rétention, de l'avion de l'expulsion".

Et Josiane Balasko a martelé: "il faut donner des papiers à des gens qui travaillent qui ont des fiches de salaires, paient des impôts mais n'ont droit à rien ce qui est insupportable".

Chaque prise de parole était suivie du slogan de la lutte des sans-papiers depuis près de trois mois: "on travaille ici, on vit ici, on veut rester ici! régularisation!".

Le chanteur Cali a remercié les journalistes présents, au nom de tous les sans-papiers: "le gouvernement musèle tous les médias et vous empêche de relayer cette cause là. Nous avons besoin de vous".

Depuis le 12 octobre 2009, quelque 6.000 sans-papiers, majoritairement Africains, occupent des chantiers et des entreprises d'interim pour appuyer leur revendication.

Pour Francine Blanche, secrétaire confédérale de la CGT, "on est dans un sujet de travail, et pas dans un problème de flux migratoires, il s'agit de salariés sans droits plutôt que de salariés sans papiers".

Les sans-papiers exigent une nouvelle circulaire avec des critères "améliorés, simplifiés, appliqués dans l'ensemble du territoire".

Dans la salle, on notait aussi la présence de Laurent Cantet, Yvan Attal, Guy Bedos, Laurent Baffie, Philippe Lioret ainsi que le président PS de la région Ile-de-France Jean-Paul Huchon, accompagné d'Anne Hidalgo, maire-adjointe de Paris et tête de liste socialiste dans la capitale pour les régionales.

Source URL (Extrait le 06.01.2010 - 20:14): http://www.24heures.ch/depeches/people/personnalites-viennent-soutenir-papiers-greve

Date de l'entrée en vigueur des nouvelles dispositions de lutte contre les mariages en cas de séjour irrégulier

Selon communication transmise à Myriam Schwab Ngamije (La Fraternité du
CSP) par L'Office fédéral de l'état civil :

L'entrée en vigueur des nouvelles dispositions de lutte contre les
mariages en cas de séjour irrégulier est prévue au 1er JANVIER 2011,

conformément à la "Communication officielle" du 1er décembre 2009
diffusée sur le site Internet :

http://www.bj.admin.ch/etc/medialib/data/gesellschaft/eazw/weisungen/mitteilungen.Par.0020.File.tmp/140-7-f.pdf

Extrait de cette "Communication officielle" :

1
A l'avenir, les fiancés étrangers devront établir la légalité de leur
séjour au cours de la procédure préparatoire du mariage. Les autorités
de l'état civil qui auront un accès plus étendu au système d'information
commun aux domaines des étrangers et de l'asile (SYMIC) devront
communiquer l'identité des fiancés en situation irrégulière. Ces
dispositions seront également applicables au partenariat enregistré.

Le délai référendaire est échu le 1er octobre 2009, sans avoir été utilisé.

2
L'entrée en vigueur des modifications précitées est prévue pour le 1er
janvier 2011.

Selon les vérifications effectuées par l'Office fédéral des migrations
(ODM), ce délai est nécessaire à l'adaptation technique des systèmes
informatiques et tient compte des modifications en cours dans le domaine
des visas.

Au 1er janvier 2011, tous les offices de l'état civil et les autorités
cantonales de surveillance de l'état civil devront avoir un accès en
ligne (consultation directe par procédure d'appel) à l'ensemble des
données relevant du domaine des étrangers et de l'asile, y compris les
visas (à l'exception des informations purement organisationnelles ou
relatives à l'accès au marché du travail, qui concernent les autorités
migratoires).

Burqa ou non, la France est divisée


Des doutes de plus en plus sérieux s'expriment dans la classe politique française, à droite comme à gauche, sur l'opportunité d'une loi sur l'interdiction du voile islamique intégral.


La burqa est un voile intégral dont se revêtent les femmes. (Photo: Keystone)

Le parti socialiste y est notamment opposé.

«Le Parti socialiste n'est pas favorable à une loi de circonstance», a déclaré mercredi son porte-parole Benoît Hamon sur la radio RTL, délivrant pour la première fois la position officielle du principal parti d'opposition sur la question d'une loi contre la burqa ou le niqab.

«Le Parti socialiste a débattu, il a rappelé des principes: nous sommes totalement opposés à la burqa, la burqa est une prison pour les femmes. Dans la République, elle n'a pas sa place mais une loi de circonstance n'aurait pas les effets escomptés», a-t-il expliqué.

Lundi, le président Nicolas Sarkozy a évoqué devant des responsables de son parti UMP (droite) la possibilité pour le Parlement d'adopter une «résolution» - une disposition non- contraignante - sur le port du voile intégral, sans toutefois exclure un recours à la loi.

Une position jugée «pas très claire» par le PS, qui évoque le malaise du camp présidentiel, selon lui «très divisé sur cette question».

Moins de 2000 femmes concernées

Depuis le lancement, en juillet, d'une mission parlementaire chargée de plancher sur le sujet, des responsables politiques de gauche comme de droite ont émis des doutes sur l'opportunité de légiférer, alors qu'il y a en France moins de 2.000 femmes portant le voile intégral, selon le gouvernement.

Plusieurs élus de gauche et représentants de la communauté musulmane en France - forte de 5 à 6 millions de membres, selon les estimations - ont notamment mis en garde contre les risques de stigmatisation dans un contexte délicat. Notamment après la polémique sur l'interdiction des minarets en Suisse et alors que le débat actuel sur l'identité nationale en France est accusé de «dérapages racistes».

«Recettes des républicains américains»

Mercredi, le député PS Arnaud Montebourg a acccusé Nicolas Sarkozy d'utiliser des «recettes électorales des républicains américains» pour créer avec la question de la burqa des «guerres identitaires», «plutôt que parler des problèmes économiques et sociaux qui (...) minent le pays».

De son côté, le président du Front national (extrême droite) Jean- Marie Le Pen a estimé qu'une loi n'était «pas nécessaire» pour interdire la burqa, assurant que les «règlements de police suffisent». Il a aussi profité de l'occasion pour réclamer un «référendum sur l'immigration» en France en 2010.

Sarkozy reste prudent

Jusqu'alors, l'opposition socialiste était globalement hostile à une loi, à l'exception de trois élus de la jeune garde du parti, mais à droite, une majorité de parlementaires et de membres du gouvernement s'y étaient déclarés favorables.

En annonçant le 22 décembre le dépôt en janvier d'une proposition de loi interdisant le port de la burqa dans l'espace public, le chef de file des députés UMP Jean-François Copé a pris de court sa propre majorité et la mission parlementaire, censée rendre ses propositions d'ici la fin du mois.

Cette annonce lui a valu un sévère rappel à l'ordre du président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, lui-aussi UMP, qui a jugé cette initiative «prématurée».

Alors qu'il lançait le débat en juin en prévenant que la burqa n'était «pas la bienvenue en France», Nicolas Sarkozy s'est montré cette semaine très prudent. En répétant qu'il ne voulait pas s'exprimer «avant les conclusions» de la mission parlementaire, le président n'a pas départagé son camp, ni offert de ligne directrice sur la question.

Les propos racistes se banalisent en Italie

Les propos racistes se banalisent en Italie

Un footballeur italien traité de «nègre de merde», des annonces immobilières qui stipulent «Pas d'animaux, pas d'étrangers»: les comportements xénophobes se banalisent en Italie.


L'attaquant de l'Inter de Milan Mario Balotelli, Italien d'origine ghanéenne, a été victime d'injures racistes. (Photo: Keystone)

«La situation se dégrade. Tous les jours, un noir se fait tabasser. On ne peut pas continuer comme ça», explique à l'AFP Gian Antonio Stella, journaliste spécialisé dans les mouvements de droite et auteur du livre «Nègres, tapettes, youpins & co. L'éternelle guerre contre l'autre», paru début décembre.

Parmi les derniers exemples relevés, la nuit de la Saint- Sylvestre: un Ethiopien tabassé à Florence, parce que son amie protestait contre des jets de pétards, et un Egyptien frappé aux cris de «pédé de merde», selon l'organisation Arcigay.

Quelques jours plus tôt, c'était le «Noël blanc» organisé par un maire de la Ligue du Nord, parti anti-immigrés membre de la coalition de droite au pouvoir, qui défrayait la chronique. L'opération visait à recenser les étrangers de Coccaglio (3.000 habitants) et à dénoncer les clandestins en préfecture.

Des responsables de la Ligue du Nord ont également proposé de réserver des wagons de train ou des prestations sociales aux Italiens.

Sentiment d'insécurité

«La Ligue est décidée à exploiter le sentiment d'insécurité vis-à- vis de l'immigration», commente Sergio Romano, éditorialiste du quotidien «Corriere della Sera». «Comme (le Premier ministre) Silvio Berlusconi a besoin du soutien de la Ligue, elle peut dire tout ce qu'elle veut».

Le chef de la Ligue «Umberto Bossi a qualifié les noirs de 'Bingo Bongo' à plusieurs reprises», relève M. Stella, en rappelant ce film de 1982 où Adriano Celentano incarne un homme-singe.

«A l'étranger, c'est une chose impensable. Aucun ministre français, anglais ou allemand ne se permettrait cela parce que ces pays ont réfléchi sur leur passé, ce que les Italiens n'ont pas assez fait», estime-t-il, en allusion aux lois raciales de Benito Mussolini.

La Ligue, elle, se défend de tout racisme: «Nous ne sommes pas du tout racistes. Nous sommes tellement étrangers à cette problématique que nous n'avons même pas besoin d'en parler», déclare à l'AFP Nicoletta Maggi, porte-parole de M. Bossi. La Ligue, implantée avant tout dans le nord du pays, n'est pas la seule à tenir ce type de propos.

Racisme institutionnel

Bernardino De Rubeis, maire de Lampedusa, petite île proche des côtes d'Afrique du Nord sicilienne où débarquent régulièrement des immigrés clandestins, est ainsi actuellement jugé pour des déclarations publiées en septembre 2008 par le quotidien La Repubblica: «Je ne veux pas être raciste mais la chair des nègres sent mauvais même si elle est lavée».

Pour Piero Soldini, responsable immigration au Cgil, le plus grand syndicat italien, tous ces propos relèvent d'un «racisme institutionnel et d'une banalisation des propos racistes» qui «produisent un racisme populaire et toléré au sein de la société».

Ainsi des stades du très populaire Calcio, où après les cris de singe saluant les joueurs noirs, des supporteurs de la Juventus de Turin ont traité de «Nègre de merde» l'attaquant de l'Inter de Milan Mario Balotelli, Italien d'origine ghanéenne, scandant «Il n'y a pas de noirs italiens».

Ou des dizaines d'offres de location à caractère xénophobe qui paraissent tous les jours dans la presse: «Pas d'animaux, pas d'étrangers» ou encore «Italiens uniquement, pas de Chinois».

Un premier procès contre le journal de petites annonces «Porta Portese», qui a laissé paraître des avis excluant «les personnes de couleur», est en cours à l'initiative de l'Office national anti- discrimination.

Réfugié.e.s à Malte : une situation intenable

LESECHOS.FR

VIDEO Immigration à Malte : une situation intenable

[ 04/01/10 - 14H33 - actualisé à 15:43:00 ]

Lancé à grand bruit il y a un an par les Vingt-Sept, le pacte européen sur l'immigration et l'asile patine. Mais nulle part de manière aussi caricaturale qu'à Malte. Notre envoyé spécial sur l'île, Daniel Bastien, décrypte les raisons d'une situation intenable.

Pour notre envoyé spécial, Daniel Bastien, Malte incarne les déficiences de la politique européenne face à l'afflux de clandestins. Les immigrés, légaux ou illégaux, seraient 7.000 sur l'île, pour une population de 400.000 habitants.

Pour regarder la vidéo : http://www.lesechos.fr/info/inter/300401239.htm



leJDD.fr - 30/11/2009 - 13:43

Immigration-Asile: La France soutient Malte

Le ministre de l'Immigration, Eric Besson, a apporté officiellement le soutien de la France à la candidature de Malte pour accueillir le Bureau européen d'appui en matière d'asile, annonce un communiqué du ministère. Cette démarche est intervenue à l'occasion du conseil des Ministres européens en charge des questions d'immigration lundi à Bruxelles. Eric Besson demandé à la "Présidence de l'Union Européenne et à la Commission d'accélérer le processus d'adoption du règlement portant création du Bureau européen d'appui en matière d'asile" afin qu'il soit opérationnel dès le début 2010. "La création du Bureau européen d'appui en matière d'asile constituera une étape déterminante pour renforcer l'harmonisation de nos politiques d'asile. En mettant fin au "supermarché" de l'asile en Europe, nous protégerons mieux les personnes persécutées et nous lutterons plus efficacement contre les filières d'immigration irrégulière", conclu le ministre.




Malte - Des conditions de détentions inhumaines pour les migrants

http://www.msf.fr/2009/06/26/1354/malte-des-conditions-de-detentions-inhumaines-pour-les-migrants-et-les-demandeurs-dasile/

En mars 2008, MSF suspendait ses activités dans les centres de rétention sur l'île de Malte. Cette décision faisait suite à une série de demandes adressées aux autorités maltaises en vue d'améliorer les conditions de vie et les services de soins de santé dans ces centres. Aujourd'hui, malgré quelques progrès, les centres sont encore loin des standards minimums d'accueil pour les demandeurs d'asile institués par la Commission Européenne.

26 juin 2009

En mars 2008, MSF suspendait ses activités dans les centres de rétention sur l'île de Malte. Cette décision faisait suite à une série de demandes adressées aux autorités maltaises en vue d'améliorer les conditions de vie et les services de soins de santé dans ces centres. Aujourd'hui, malgré quelques progrès, les centres sont encore loin des standards minimums d'accueil pour les demandeurs d'asile institués par la Commission Européenne.

"J'ai traversé le désert pour fuir la violence en Somalie et j'ai rejoint Tripoli alors que j'étais sur le point d'accoucher, raconte une réfugiée somalienne.

Ma fille est née le premier jour de voyage, sur le bateau. Un homme et une femme m'ont assistée pendant l'accouchement. Nous étions 77 à bord, tellement serrés qu'on ne pouvait pas bouger.

Durant les quatre jours qui ont suivi on a beaucoup souffert du manque d'eau et de nourriture, même ma fille car je n'avais pas de lait à cause de la peur et de la faim."

Pour les nombreux migrants et demandeurs d'asile qui quittent la côte lybienne pour rejoindre Malte, le voyage à bord de petites embarcations est extrêmement éprouvant.

Pendant des jours entiers hommes, femmes et enfants doivent y rester immobiles, exposés aux intempéries, sans eau ni nourriture.

A l'arrivée, ceux qui survivent au voyage doivent subir des conditions de vie abominables dans des centres de rétention et supporter des traitements inhumains. En effet, dès leur arrivée à Malte, les migrants irréguliers et les demandeurs d'asile politique sont forcés de rester dans les centres de rétentions surpeuplés pendant 18 mois. La politique de détention systématique dans le pays vise à dissuader les personnes à entrer de façon irrégulière sur le territoire.


Malgré les nouvelles stratégies visant à diminuer le flux de migrants et des contrôles plus importants tout le long de la frontière méridionale européenne, le nombre de personnes débarquées sur l'île a augmenté avec 2 704 nouvelles arrivées en 2008. Et les chiffres du début de l'année 2009 confirment cette tendance.

L'arrivée de nouveaux de migrants aggrave les conditions de vie déjà inhumaines des détenus. Surpeuplement, conditions d'hygiène terribles exposent les migrants à des risques d'infections respiratoires et dermatologiques.

L'accès à l'assistance sanitaire est insuffisant. Les détenus atteints de maladies infectieuses cohabitent avec ceux en bonne santé, ce qui favorise la propagation des épidémies. Pour recevoir les soins prescrits au cours des consultations médicales les patients doivent attendre plusieurs jours, parfois même plusieurs semaines.

Les catégories vulnérables - femme enceintes, enfants et malades- sont également détenues en centre de rétention et relâchées seulement après l'avis d'une commission locale qui analyse les cas individuellement.

Entre août 2008 et février 2009, MSF a fourni une assistance sanitaire dans trois centres de détentions : Safis, Lyster Barracks et Ta'kandja.

Mais il s'est rapidement avéré que l'impact de cette assistance sanitaire était limitée par les conditions de vie dans les centres. « Être médecin dans un tel milieu est frustrant et absurde. Comment peut-on soigner un patient souffrant d'une infection thoracique et le renvoyer dormir sur un matelas humide, par terre, près d'une fenêtre cassée en plein hiver ? », s'insurge Philippa, médecin MSF à Malte.

En mars, MSF a suspendu ses activités à l'intérieur des centres de détentions et a publiquement dénoncé les conditions de vie et les risques auxquelles les migrants et les réfugiés politiques étaient exposés.

Malgré quelques progrès, les centres sont encore loin des standards minimums d'accueil pour les demandeurs d'asile institués par la Commission Européenne.

Dans son rapport « Not Criminals » , MSF met en évidence ces conditions de vie inacceptables et leur impact sur la santé mentale et physique des migrants et des réfugiés à Malte.

Entre août 2008 et février 2009, MSF a effectué 3 192 consultations médicales auprès de 2 000 patients dans ces trois centres de détentions. Entre décembre 2008 et février 2009, 266 consultations psychologiques individuelles et 30 sessions de groupe d'éducation à la santé ont été organisées.

MSF continue de fournir une assistance médicale aux migrants et aux réfugiés politiques qui vivent dans des centres ouverts, où les personnes sont transférées à l'issue de leurs 18 mois de détention ou lorsque leur demande d'asile a été remplie.

Les accords de Dublin précipitent les expulsions de requérants d'asile

Les accords de Dublin précipitent les expulsions de requérants d'asile


Paru le Mercredi 06 Janvier 2010 - LE COURRIER - MICHAËL RODRIGUEZ
http://www.lecourrier.ch/index.php?name=NewsPaper&file=article&sid=444605

CHIFFRES RECORD - Dans le canton de Vaud, le nombre de renvois forcés a explosé en 2009. Les autorités appliquent-elles les accords de Dublin à l'aveugle?

Chaque jour, en 2009, un migrant établi dans le canton de Vaud était renvoyé par la force. Le rythme des expulsions, déjà croissant ces dernières années, s'est emballé avec l'entrée en vigueur des accords de Dublin, en décembre 2008. L'année dernière, pas moins de 163 personnes ont été refoulées en vertu de ces accords, qui visent à empêcher les requérants d'asile de déposer une demande dans plusieurs pays européens.

«Efficacité» de Dublin

Pour le ministre vaudois de l'Intérieur, Philippe Leuba, ces chiffres «démontrent l'efficacité des accords de Dublin». Le conseiller d'Etat libéral ne craint guère les risques de dérapage. «Dans l'immense majorité des cas, les choses se passent correctement», affirme-t-il. En novembre dernier, l'expulsion d'un Somalien de 17 ans avait fait grand bruit. Selon des témoignages, l'adolescent s'était retrouvé livré à lui-même en Italie, un pays où il est considéré comme majeur. Philippe Leuba avait alors écrit aux autorités fédérales pour leur demander des explications. Celles qu'il a reçues à ce jour sont encore incomplètes.

L'accélération des renvois forcés suscite la colère dans les milieux de défense du droit d'asile. La Coordination asile, d'entente avec des députés de plusieurs partis, demandera à rencontrer Philippe Leuba. Objectif: débattre des responsabilités du canton dans les renvois de requérants d'asile.

Le ministre libéral répète en effet à l'envi que seules les autorités fédérales ont la compétence de s'assurer que les personnes concernées ne courent pas de graves risques dans leur pays d'origine. Pour Graziella de Coulon, de la Coordination asile, le libéral Philippe Leuba se montre encore plus inflexible que son prédécesseur, l'UDC Jean-Claude Mermoud...

«Totalement excessif!»

Cesla Amarelle, présidente du Parti socialiste vaudois et spécialiste du droit des étrangers, juge que le nombre de renvois sur la base des accords de Dublin est «totalement excessif». «Les autorités n'ont tiré aucun enseignement de ce qui s'est passé dans d'autres pays, s'exclame-t-elle. La Commission européenne elle-même, constatant que la clause humanitaire des accords de Dublin n'est pas appliquée partout de manière uniforme, a proposé de l'améliorer et de la préciser.» Une clause humanitaire qui, justement, prévoit des exceptions à la règle du refoulement. Hormis les «cas Dublin», 98 requérants d'asile ont été expulsés l'an dernier, soit le même nombre qu'en 2008. Philippe Leuba met en avant «un durcissement de la politique vaudoise à l'égard des requérants ayant commis des délits pénaux».

Pas que des délinquants

Mais la centaine de personnes expulsées en 2009 n'étaient pas toutes dans ce cas, loin s'en faut. D'autres avaient simplement reçu une réponse négative à leur demande d'asile, et épuisé toutes les voies de recours. Comme ce Congolais de 29 ans expulsé récemment de Suisse alors que toute sa famille y réside (notre édition du 6 octobre). N'est-il pas possible, dans certaines circonstances, de différer un renvoi dans l'espoir de trouver une autre solution? Philippe Leuba: «Je réponds non.» I

Jumeaux angolais de vingt ans, bientôt expulsés ?

L'HUMANITE Société - Article paru le 5 janvier 2010

http://www.humanite.fr/2010-01-05_Societe_Nelson-et-Adilson-jumeaux-angolais-de-vingt-ans-bientot-expulses

Nelson et Adilson, jumeaux angolais de vingt ans, bientôt expulsés ?

Arrivés en France il y a trois ans, après l’assassinat de leur père, les deux frères ont été placés en rétention, le 23 décembre. Leur mère a pourtant, elle, obtenu un titre de séjour.

Ils auront donc passé Noël et le nouvel an enfermés en centre de rétention. Depuis le 23 décembre, Nelson et Adilson Da Silva, jumeaux angolais de vingt ans, sont retenus au CRA du Mesnil-Amelot, dans l’attente d’une probable expulsion, tous les recours ayant été épuisés. Dernière chance  : que le consulat d’Angola, devant lequel ils seront présentés demain à 11 heures, ne leur délivre pas le laissez-passer indispensable à leur retour forcé. Dans le cas contraire, ils pourraient être expulsés à tout moment.

Il y a trois ans, après l’assassinat de leur père, Nelson et Adilson ont fui l’Angola. « Leur père a été tué lors d’affrontements dans la province de Cabinda, en rébellion contre le régime, explique Sylvain Fauvinet, du Réseau Éducation sans frontières. La police est venue les chercher chez eux, ils se sont échappés par une fenêtre. Ils ont ensuite été cachés pendant plusieurs semaines, puis exfiltrés à l’extérieur du pays. À leur arrivée en France, ils ne savaient pas où ils étaient. » Mineurs, ils sont alors pris en charge par l’aide sociale à l’enfance et placés à Tours. Un an plus tard, leur mère les rejoint avec leur petit frère et leur petite sœur. Emprisonnée en Angola, elle arrive « marquée à vie ». Pourtant aucun membre de cette famille n’obtiendra l’asile. « On leur a répondu qu’ils n’avaient pas fait la preuve que leur vie était en danger », soupire Sylvain Fauvinet. La mère réussit à obtenir une carte de séjour pour raisons familiales, mais les jumeaux, devenus majeurs, ne peuvent bénéficier de cette régularisation.

En mai 2007, Nelson est arrêté une première fois alors qu’il est en plein examen du CAP. La mobilisation de ses camarades de lycée le sort de rétention. Le préfet d’Indre-et-Loire s’engage alors à régulariser sa situation, mais les démarches s’enlisent. Faute d’un titre de séjour pour raisons familiales, le jeune homme devrait au moins bénéficier d’un titre étudiant. La veille de son arrestation, Nelson s’était inscrit en deuxième année de baccalauréat professionnel à Saint-Pierre-des-Corps. Quant à son frère, père d’un enfant né en France qu’il souhaite reconnaître, il a lui aussi tous les arguments pour pouvoir rester dans l’Hexagone.

M.B.

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