dimanche 30 avril 2006

Wochen Zeitung: Markus Rauh veut créer un comité bourgeois de soutien aux référendums

Lire l'article en allemand de la WOZ

Résumé: le président du conseil d'administration de Swisscom a l'intention de créer un comité bourgeois pour contrer les lois Blocher. Il recherche du soutien, le trouvera-t-il ?

samedi 29 avril 2006

Vivre dans la peur en Suisse aujourd'hui,

Un témoignage de Laurent Zumstein, pasteur de l'EERV

Juste envie de partager avec vous ma matinée avec les R... (une famille de requérant dont le père vient d'être arrêté pour expulsion)

Il avait été convenu avec le fils aîné que je passerai le prendre avec sa mère pour aller au SPOP, histoire qu'ils aient à nouveau une attestation et puissent recevoir de quoi vivre. J'arrive à 8h30 mais le grand n'est pas là et je trouve une maman terrorisée: elle ne veut pas qu'on l'arrête comme son mari. Le fils cadet (15 ans) est là et, comme il parle un peu l'allemand, il nous aide à communiquer. Mais je n'arrive à la convaincre. On va chercher les K.. pour aider à la traduction qui y vont, eux aussi, de leur couplet pour l'encourager, qu'elle n'a pas à se méfier, que je serais de toute façon avec elle, etc... Elle finit par dire oui et les enfants décident de venir (la fille est mal mais ne veut pas quitter sa mère!). On passe par le Point d'Appui où JPierre essaie d'atteindre un des responsables du SPOP pour être sûr qu'il n'y a pas de danger. Personne ne répond. Alors on va... mais j'ai la peur au ventre: et si ils arrêtaient la mère?! Les enfants restent dans ma voiture et, courageusement, on entre. On entre et on explique. On explique plusieurs fois parce que le SPOP ne comprend pas pourquoi ils n'ont plus d'attestation jusqu'à ce qu'ils réalisent ce qui s'est passé avec le père. On attend alors et un des fonctionnaires finit par arriver. Il parle l'albanais et explique qu'on va leur refaire une attestation mais que ça ne change rien au fait que le SPOP continue à préparer leur retour. La dame encaisse et moi je demande qu'on me traduise. Le bonhomme me regarde (je le connais; ce n'est pas la première fois que je le vois) et me demande qui je suis. Je dis que je suis pasteur et que j'accompagne cette famille. Il hésite mais m'explique... En fait, rien de surprenant dans son discours: il ne peut pas dire autre chose tant que Berne n'a rien dit. On retourne s'asseoir et après 30 minutes, on nous apporte les attestations... Madame remarque la date de délai (8 mai), elle commence à se détendre. OUF! on ressort et va vers la voiture où la jeune fille nous accueille, soulagée visiblement (1heure d'attente donc... qu'a-t-elle imaginé durant tout ce temps?) On rentre à Moudon et pendant le voyage j'essaie d'expliquer que ce 8 mai est une bonne chose mais que, si Berne répond avant, tout peut être remis en cause. Mais dans la voiture souffle un air de détente. La campagne est superbe! A Moudon, Armand, l'AS de la FAREAS (un gars bien!), prend tout de suite les choses en main et leur fait péparer un chèque à retirer cet après-midi. Et JPierre devrait les prendre avec lui à Frambois pour une visite au Papa, mercredi...

Ils me remercient beaucoup et moi, dans ma voiture, sur la route vers Lausanne, je respire un bon coup même si je sais que c'est sans doute partie remise.

Mais qu'ils sont beaux, ces gens... cette mère qui protège ses enfants, ce fils de 15 ans qui utilise ses bribes d'allemand pour faire les liens et convaincre sa maman, cette jeune fille très mal mais qui accueille sa mère avec un immense sourire... Beaux, oui vraiment!

Voilà!

Ils ne rentrent pas au Monténégro

Lu dans 24heures
Après avoir obtenu les regrets d’Henri Rothen, Abid et Anel Mekic ne quittent pas la Suisse.

Mercredi au Tribunal de police de Lausanne, Anel Mekic, 23 ans, retirait sa plainte pé­nale pour calomnie. Le chef du Service cantonal de la popula­tion (SPOP) Henri Rothen ve­nait de reconnaître que le re­quérant débouté n’avait aucun antécédent pénal tout en re­grettant les propos qu’il avait tenus à ce sujet. Le Monténé­grin doit en principe repartir lundi, son visa arrivant à échéance, alors que le départ de son frère Abid, 26 ans, venu en témoin, était prévu hier.
Mais ils vont rester en atten­dant que le SPOP statue sur leur demande de réintégration dans le groupe des 224 (an­ciennement 523) requérants d’asile déboutés dont la régula­risation fait l’objet d’âpres né­gociations entre le canton de Vaud et les services de Chris­toph Blocher. Le 12 avril 2005, les deux jeunes hommes avaient été renvoyés de force au Monténégro, laissant leur famille à Vevey. «Toutes les démarches seront menées pour qu’ils puissent rester», déclare leur «marraine», la conseillère nationale écologiste Anne-Ca­therine Menétrey.
Si une proposition de conci­liation d’Henri Rothen s’était heurtée à un refus des deux frères alors qu’ils étaient en­core au Monténégro, l’audience pour laquelle ils sont revenus a abouti à un accord, auquel le plaignant était cette fois favorable. Cette issue judiciaire positive a ouvert la voie à leur demande de régularisation.
Le chef du SPOP annonce de son côté qu’il ne s’occupera personnellement pas du dos­sier des frères Mekic sur lequel il a décidé de se récuser.

Neuchâtel roule ressort ses vélos

Lire la dépêche de RTN

Assemblée du PDC: pour un durcissement des lois sur l'asile

Lire la dépêche de swissinfo
Les romands ont été battus !

Extraits:
...Les représentants de l'aile gauche du parti et les PDC romands ont lutté en vain contre les deux lois. Une représentante du Parti chrétien-social (PCS) a indiqué que les mesures de luttes contre les abus inscrites dans la loi actuelle sont suffisantes: "Preuve en est le recul des demandes d'asile durant les dernières années", selon elle.

Les représentants genevois et vaudois ont rappelé que leurs sections s'opposent aux deux lois. Evoquant l'engagement des Eglises contre ces lois, il ont appelé le PDC suisse à se souvenir de ses valeurs chrétiennes et de la longue tradition humanitaire du pays, qui sera remise en question si elles sont acceptées.

La nouvelle loin permettra notamment de punir, jusqu'à cinq ans de prison, les prêtres qui hébergeraient des requérants devant être expulsés, a noté l'ex-conseiller national Jacques Neyrinck. Et le professeur vaudois d'ajouter que ces lois s'opposent aux principes du PDC, notamment en matière de regroupement familial.

La loi sur l'asile prévoit notamment de supprimer l'aide sociale pour les requérants qui n'ont pas obtenu le statut de réfugiés. La Suisse refusera en principe d'entrer en matière sur les demandes d'asile déposées par des personnes ne disposant pas de pièces d'identité.

Requérants d'asile; Bien des Vaudois en descendent

A 91 ans, j’ai connu ou vu à l’oeuvre de nombreux conseillers fédéraux.
Aujourd’hui je déplore de voir au gouvernement de mon pays un homme, Christophe Blocher, qui sème la zizanie et bafoue les valeurs traditionnelles de mon pays, terre d’asile.
Les Dubochet qui sont de la région de Montreux (des textes l’attestent dès le XIIIe siècle) se sont alliés à des Français qui ont trouvé asile en Suisse à la Révocation de l’Edit de Nantes. Nombreuses sont les familles vaudoises dans ce cas.

Liliane Dubochet, Lausanne

vendredi 28 avril 2006

Des requérants nettoieront les bus des TL


Neuf demandeurs d’asile «assignés» au canton de Vaud monteront dans les trolleybus et autobus lausannois pour en «poutzer» l’intérieur.
Voici l'article de Jérôme Ducret dans 24heures
Sur leur veste, on pourra lire «bus: net». Leur mis­sion consistera à éliminer tous les déchets divers qui jon­chent les bus: journaux gratuits ou payants, mégots, papiers, em­ballages… dès mardi, à l’arrêt TL côté nord de Saint-François, une dizaine de requérants d’asile en­treront par équipes de deux dans les bus, pour les nettoyer.
Cette nouveauté découle d’un accord entre la Fareas, l’orga­nisme chargé de suivre les re­quérants dans le canton de Vaud, et les Transports publics de la région lausannoise (TL). Elle s’inspire d’expériences ju­gées positives dans les trans­ports publics bernois, notam­ment, et se situe dans le droit fil des programmes d’occupation existants de la Fareas (lire ci-des­sous).
Les nettoyeurs reçoivent un modeste pécule de 300 francs par mois pour leur boulot (20 heures par semaine). Cette in­demnité leur est versée par la Fareas.

Tous volontaires
«Ils seront neuf en tout, expli­que Emmanuelle Marendaz Colle, chargée de communica­tion de la Fareas. L’un d’entre eux aura pour mission d’enca­drer les autres. Et ils sont tous volontaires. Nous avions d’ailleurs quatre candidats sup­plémentaires, qui restent en ré­serve. » Pour elle, ce genre de pro­gramme est utile pour l’intégra­tion sociale des demandeurs d’asile. Cela représente aussi un intérêt économique pour ceux et celles qui n’arrivent pas à trou­ver une activité rémunérée mal­gré leur bonne volonté, ou qui n’ont plus le droit d’avoir un travail - dans le cas par exemple où leur demande a été refusée et leur expulsion du territoire suisse n’a pas encore été exécu­tée. «C’est aussi une manière peut-être de leur rendre une di­gnité, de leur permettre de se sentir utiles», complète Emma­nuelle Marendaz Colle.
«Ils seront présents durant la journée, explique Klaus Schae­fer, porte-parole des TL. Les bus sont déjà nettoyés régulière­ment, il s’agit d’un petit plus offert aux clients. Il n’y a aucun rapport avec le fait que les requé­rants d’asile doivent tous acheter un abonnement Mobilis. Ce sont deux dossiers indépendants. Et ce n’est pas non plus pour enle­ver les journaux gratuits, ce qui ne représente d’ailleurs pas pour nous un volume de travail insur­montable, pour l’instant.» Les détritus ramassés seront tous triés et, si possible, recyclés.
Ce programme doit durer huit semaines, au bout desquelles il sera évalué et, peut-être, recon­duit.
Ils entretiennent les espaces publics à Bex, et ils réparent les dégâts naturels aux Diablerets
Ramasser des déchets dans les bus? une première vaudoise pour les demandeurs d’asile.
Mais la Fareas a mis sur pied d’autres programmes d’occupation, rémunérés de la même manière, et qui visent tous des tâches que l’on peut considérer d’utilité publique.
«Nous faisons attention à ne pas concurrencer des entreprises», note Emmanuelle Marendaz Colle, chargée de communication.
Les plus visibles sont pour l’instant les requérants qui gèrent les vélos de l’association Lausanne Roule, disponibles gratuitement à Lausanne (au Flon), et à la gare de Renens.
Une expérience a aussi été menée l’an dernier avec la commune de Bex. Les «pensionnaires» du centre Fareas de cette ville ont passé du temps à entretenir différents espaces publics.
Selon Emmanuelle Marendaz Colle, le résultat est globalement positif. Ce genre de collaboration doit d’ailleurs se répéter cet été.
Un autre programme, plus court celui-là, a eu pour cadre les dégâts causés l’automne dernier par les inondations aux Diablerets. Une dizaine de requérants basés à Leysin avaient participé aux déblaiements qui avaient été organisés.
Enfin la Fareas propose aussi à ceux et celles qui espèrent devenir réfugiés des travaux à l’interne: traduction ou entretien de ses bâtiments, par exemple.

jeudi 27 avril 2006

L'interview de Claude Ruey dans l'Illustré

Texte: Marie-Christine Pasche Photos: Julie de Tribolet
Le libéral vaudois Claude Ruey est un des rares parlementaires de droite à s'engager contre le durcissement des lois sur l'asile et sur les étrangers, soumises au vote populaire le 24 septembre prochain. Au nom de ses convictions humanistes et chrétiennes.
Au nom de quelles valeurs personnelles luttez-vous contre le durcissement des lois sur l'asile et sur les étrangers?
Je fais de la politique, car je crois à des valeurs, la liberté, la responsabilité, le respect des personnes; des valeurs libérales, fondées sur les origines chrétiennes de ce pays, et cet attachement joue un rôle décisif dans mon engagement sur ce dossier. On a tellement calomnié, diffamé que, dans l'esprit des gens, requérant d'asile signifie abuseur. Or on trouve des criminels dans toutes les couches de la société, donc aussi parmi eux. Les requérants d'asile rien sont pas pour autant tous des criminels par définition.
Pour vous, c'est un ancien combat, puisque vous étiez conseiller d'Etat lorsque ('«exception vaudoise» a été créée?
Je me suis toujours battu pour rendre justice. Ce qui, pour moi, signifie accueillir les persécutés, tenir compte des valeurs humanitaires. Corollairement, il faut exer-
cer la justice, soit sévir, comme avec n'importe qui, si quelqu'un abuse de notre souveraineté ou viole le droit. Tout délinquant doit être puni, sans distinction. Je crois à l'autorité, ni autoritarisme qui écrase ni laxisme qui est indifférence. On doit savoir dire non sans écraser, et bien sûr savoir dire oui.
Comment expliquer que l'équation étranger = délinquant ait ainsi progressé dans les esprits?
Depuis vingt ans, un parti politique bâtit son marketing sur la crainte, assez humaine, de l'autre, il en use et en abuse. A force, on a fini par anesthésier tout le monde. Au Parlement fédéral, un certain nombre de collègues se sont laissés peu à peu aller à ce langage et à cette facilité.
Par souci de ne plus perdre de terrain électoral face à l'UDC?
Absolument, ce qui est à mon sens une grave erreur! Singer l'UDC n'est pas une bonne tactique: à la copie, on préférera toujours l'original. Je ne peux pas comprendre qu'on perde son âme en bafouant les fondements de l'Etat de droit pour jouer au Canada Dry de l'UDC!
Est-ce un devoir de résistance?
Oui, qui exige une sacrée force de conviction. Résister à une ambiance, une vague dominante dans la population est difficile. J'ai subi d'ailleurs des pressions terribles, au nom de la cohésion de la droite.
Comment expliquer cette «ambiance»?
Une partie du monde politique a eu tendance à alimenter les fantasmes d'insécurité de la population pour s'assurer des succès élec-toraux. Certains me disent que les gens en ont marre. Mais marre de quoi? De ce qu'on leur dit qui existe! Bien sûr le monde a changé, la gare de Cornavin n'est plus comme il y a vingt ans mais, que je sache, on ne s'y promène pas non plus en gilet pare-balles avec des gardes du corps!
Qu'est-ce qui vous choque le plus dans les changements de lois proposés?
En premier lieu, les mensonges sur l'asile. Les requérants seraient tous des réfugiés économiques. C'est faux. Le plus grand pourcentage vient de pays en guerre, classique ou civile. A ne pas confondre avec les sans-papiers. Or l'amalgame est fait, d'ailleurs exprès. On nous dit aussi qu'il est vain de fournir tous ces efforts pour 5% de gens reconnus en fin de procédure comme requérants d'asile. Or, en 2005, 53,9% des demandeurs ont été soit reconnus comme réfugiés, soit admis provisoirement.
Que pensez-vous de la disposition consistant à refouler les personnes qui ne présentent pas de documents de voyage?
Elle découle du principe que tous ceux qui se présentent à la frontière sans papiers seraient des tricheurs. Dans le passé, les mêmes autorités fédérales rejetaient certaines demandes, car justement la personne avait des papiers, ce qui «prouvait qu'elle n'était pas persécutée». Tout cela relève de la parfaite hypocrisie. Punissons ceux qui cachent ou jettent leurs passeports, mais ne mettons pas tout le monde en prison sous prétexte qu'il existe des voleurs dans la société.
Et celle qui consiste à supprimer l'aide sociale aux requérants déboutés?
On le voit sur le terrain avec les NEM (non-entrée en matière) vivant déjà sous ce régime. Ce sont des bénévoles, issus de milieux associatifs ou d'Eglise qui les aident à survivre. Comment feront-ils pour continuer lorsqu'on renverra à l'aide d'urgence des gens qui actuellement travaillent, vont à l'école, vivent dans un 1ogement décent? Car décréter un retour ne suffit pas à son exécution dans les jours qui suivent! Une bonne partie d'entre eux restera puisque leur pays ne les accepte pas. Dans ce cas, la Suisse les garde. Ils seront à la rue, créant une situation délicate pour la sécurité.
Comment avez-vous réagi lorsque Christoph Blocher s'est t permis de juger de décision du Tribunal fédéral?
Un ministre de la Justice qui abreuve la cour suprême de commentaires acerbes, c'est scandaleux! Le même ministre se permet d'ailleurs de mentir devant le Parlement concernant des étrangers... C'est malheureusement toujours le même procesus utilisé régulièrement par l'UDC alémanique.
C'est-à-dire?
Recourir au mensonge, à la calomnnie, à la diffamation pour alimenter les fantasmes. Une fois que c'est dit, et même si on rrectifie, il en reste toujours quelque chose.
Et la loi sur les étrangers?
Comment accepter un texte qui interdit le regroupement familial après l'âge de 12 ans! L'obtention d'un permis C sera plus difficile. Jusqu'ici, on y avait droit, sauf si on démontrait que la personne avait commis des infractions. Désormais, seul celui qui peut prouver en être digne y aura accès. Ces dispositions vont à l'encontre des intérêts delà Suisse. Si les citoyens ne veulent pas travailler jusqu'à 70 ans, ils doivent accepter qu'il y ait des jeunes et des étrangers qui vont contribuer à payer notre AVS.
N'est-il pas nécessaire de modifier la loi?
On est d'accord, notre législation est à la fois paranoïaque et schizophrène. Paranoïaque, car elle est imprégnée de la peur de l'étranger. Et schizophrène, car on accepte les emplois au noir, dans ragriculture, l'hôtellerie, la restauration ou les ménages. Ces travailleurs paient l'AVS, des impôts: ceux qu'on interdit sont en fait quand même admis. Franchement pas très sain! Cela signifie probablement que les besoins du pays en personnel sont réels dans ces branches et qu'on se bouche les yeux en refusant de trouver des solutions. Une nouvelle loi devrait en proposer! Et éviter aussi les situations de dumping salarial.
A mon avis, la réglementation devrait simplement prévoir que ceux qui ont un travail stable et convenablement rémunéré soient autorisés à séjourner s'ils riont pas de problèmes avec la loi.
Que pensez-vous de Christoph Blocher au Conseil fédéral?
J'ai voté pour lui, car nous ne pouvions pas ignorer les suffrages populaires pour l'UDC. Avec l'idée qu'il nous montre ce qu'il savait faire. Aujourd'hui je suis déçu, pas tellement par sa gestion, mais parce que le ministre ne respecte pas les institutions, contrairement à ce que le candidat avait promis devant le groupe parlementaire. Je pensais que c'était un patriote qui respectait nos institutions et le sens de ces dernières. En réalité, je crois que seul le pouvoir le guide. Je me sens floué.
Ruth Dreifuss se lance dans cette campagne en évoquant un «combat des consciences». Cette définition vous convient-elle?
Tout à fait. Si je n'étais pas réélu pour avoir adopté ces positions-là, j'en serais même assez fier. Il s'agit vraiment de conscience, de l'honneur de ce pays et des valeurs chrétiennes sursir lesquelles il est fondé. Cela
dépasse tous les aléas de la politique.

Le chef de service du SPOP exprime ses regrets


Lire l'article de Philippe Maspoli (photo de Philippe Maeder)
Henri Rothen reconnaît l’inexistence d’«antécédents pénaux».
Un requérant débouté et renvoyé de force retire sa plainte pour calomnie.
La voie est ouverte pour une nouvelle tentative de régularisation.


Le 12 avril 2005, Anel Me­kic, 23 ans aujourd’hui, et son frère Abid, 25 ans, deux Monténégrins arrivés en Suisse en 1999, étaient renvoyés de force. Ils étaient les premiers à subir cette mesure parmi les fameux 523 que Berne refusait de régulariser à l’encontre de la volonté du canton de Vaud. Hier, ils se trouvaient au Tribunal de police de Lausanne, Anel comme plaignant, Abid comme témoin. Et pour quelques jours, ils ont pu retrouver leur famille restée à Vevey.
L’accusé, c’est Henri Rothen, le chef du Service cantonal de la population (SPOP). En mars 2005, en pleine «crise des 523», des députés dénonçaient le haut fonctionnaire. Ils lui repro­chaient d’avoir évoqué les «lourds antécédents judiciaires» des deux frères. Or, Anel a un casier judiciaire vierge, tout au plus a-t-il été interrogé par la police pour une affaire de vol dont il n’était pas responsable. Seul Abid a été condamné pour des infractions à la Loi sur la circulation routière.

«Propos évasifs»
La phrase précise prononcée par Henri Rothen — qui a béné­ficié d’un non-lieu du juge d’ins­truction et a été renvoyé au tri­bunal à la suite d’un recours — figure dans l’acte d’accusation: «Ce ne sont pas de simples in­fractions à la LCR, c’est plus lourd.» «J’ai fait un amalgame entre les deux cas. Je devais par­ler de manière évasive pour ne pas donner trop d’informations. Mais ça reste une négligence», reconnaît-il.
Le président Pierre-Henri Winzap a mis une forte pression dans le but d'amener les prota­gonistes à la conciliation. «Je ne vois pas d’intention de nuire ni de mobile. Mais le 11 février 2005, vous avez envoyé une let­tre affirmant qu’il n’y avait pas d’antécédents judiciaires. Cela contredit vos propos du 15 mars. Il n’y a peut-être pas de connota­tion pénale, mais vous avez com­mis une erreur. Dans un dossier aussi sensible, un chef de service doit être sûr de ce qu’il dit», lance-t-il au responsable du SPOP.
Il avertit aussi Anel Mekic: «Vous avez tort de penser que c’est par la faute de M. Rothen que vous avez dû quitter la Suisse.» Au moment où le chef du SPOP tenait les propos incri­minés, les deux frères étaient déjà en détention administra­tive. Majeurs et célibataires, ils ne pouvaient bénéficier du répit accordé aux femmes seules et aux familles. Les propos répercu­tés dans les médias ont toutefois amené certains défenseurs des requérants à baisser les bras.
Le président voulait une conci­liation et il l’a obtenue. Henri Rothen présente ses regrets, re­connaît qu’Anel n’a pas d’antécé­dents pénaux et verse 400 francs à Terre des Hommes. Il devra s’acquitter d’une partie des frais de justice, en payant 760 francs. En échange, Anel retire sa plainte pénale.
A la sortie de l’audience, Henri Rothen saluait la solution trou­vée: «Cette affaire a pris une tournure disproportionnée». Quant à Anel Mekic, il se déclare «content que son innocence soit reconnue».

Interview de Anel Mekic
Au Monténégro, il n’y a pas de travail

»La jeune Anita Mekic, 15 ans, n’arrête pas de sourire. Ses grands frères sont revenus. Et pour rien au monde, elle n’aurait manqué le procès. «A l’école, on me demandait si c’était vrai qu’ils étaient délinquants. Je ne répondais pas. Mais maintenant, les gens sauront qu’ils sont innocents.» Mardi soir à Vevey, toute la famille était là pour accueillir les leurs. Au sortir de l’audience, Anel Mekic respire.
Mais l’inquiétude demeure. Les visas des deux frères leur autorisent quelques jours en Suisse avant le vol de retour.
Leur vie au Monténégro?
«Difficile. On vit chez un ami, à une centaine de kilomètres de Podgorica, explique le cadet. Il n’y a pas d’usine, pas de garage, rien qui pourrait nous donner du travail. Et les allocations chômage, ça n’existe pas!» La famille restée en Suisse leur envoie de l’argent. Paradoxe: lorsqu’ils étaient à Vevey, c’est leurs salaires qui permettaient de faire bouillir la marmite familiale. «Là-bas, c’est triste. Les jeunes quittent les villages pour aller travailler en Europe.» L’espoir demeure pour les deux requérants. La Coordination Asile, appuyée par la gauche, va demander leur réintégration dans le groupe des «523», assortie d’une nouvelle demande de permis et d’un effet suspensif sur leur renvoi. Sur les 523 déboutés, 224 sont à ce jour en attente d’une régularisation.
Quarante-huit personnes ont quitté la Suisse, dont 4 sous mesures de contrainte.

L'affaire Rothen dans le Courrier



Pour lire cet article en plein écran, cliquez dessus. Michael Rodriguez creuse un peu la question et révèle dans cet article que J.C. Mermoud également a menti devant la commission !

Le Matin - �Je regrette...�


Henri Rothen essaie de se cacher derrière un parapluie à son arrivée au tribunal. Photo de V Verissimo
Le Matin - �Je regrette...�
Voici l'article de Yan Pauchard dans le Matin
Personnage central de la crise de l'asile, Henri Rothen, chef du Service de la population, avait laissé entendre qu'un requérant avait des antécédents judiciaires. L'affaire s'est terminée devant la justice par un accord à l'amiable

C'est une victoire symbolique pour les «523» requérants vaudois. Devant le Tribunal de police de Lausanne, Henri Rothen, le chef du Service cantonal de la population (SPOP), a dû reconnaître hier sa négligence et a présenté «ses regrets» à Anel Mekic, un Bosniaque du Monténégro expulsé avec son frère Abid Mekic le 12 avril 2005. En échange, le jeune homme de 23 ans a retiré sa plainte pour calomnie. Le haut fonctionnaire versera également 400 francs à la fondation Terre des Hommes.

Les faits remontent à mars 2005. Au lendemain de la mise en détention des deux frères Mekic en vue de leur expulsion, Henri Rothen aurait déclaré à un groupe de six députés que les deux requérants n'étaient pas de bons cas en raison d'antécédents judiciaires et qu'il ne «s'agissait pas de simples infractions à la Loi sur la circulation routière (LCR), que c'était plus lourd». Mais si Abid Mekic s'était rendu coupable d'infractions à la LCR, Anel Mekic n'avait en revanche aucun antécédent pénal.

Henri Rothen parle d'une «méprise involontaire». Mais dans le contexte ultrasensible de la crise des «523» l'affaire a pris d'énormes proportions. Les frères Mekic étaient les premiers requérants de ce groupe expulsés de force. Leur renvoi avait même déclenché la rupture de collégialité des trois conseillers d'Etat de gauche.

Au final, cet accord à l'amiable convient aux deux parties. «Je suis satisfait», relève Henri Rothen, qui ne souhaite faire aucun autre commentaire, l'affaire ayant «assez duré». De son côté, Anel Mekic, se déclare «content d'avoir été innocenté». Les deux frères, qui ont obtenu un visa de quelques jours pour venir en Suisse au procès, vont demander aujourd'hui au SPOP à réintégrer le groupe des «523» (aujourd'hui 224) dont les dossiers sont actuellement réexaminés à Berne par les services de Christoph Blocher.

Les gens du voyage en Suisse

Lire cette dépêche OFC Les gens du voyage en Suisse

Les tziganes Suisses cherchent leur place

Lire l'article dans - Echo Magazine
Les Tziganes de Suisse sont menacés. Entre chicanes policières et administratives, il leur
est de plus en plus difficile de trouver des lieux de stationnement, d’autant plus que le passage de colonnes étrangères corse le problème. Comment sortir de l’impasse?

Les réfugiés victimes des préjugés et de la peur du terrorisme

Lire cette analyse de l'AFP

Pour ne pas oublier ces enfances bris�es

Lire l'article de swissinfo
La Confédération veut se pencher sur le sort des enfants placés de force dans des institutions ou des familles d'accueil jusque dans les années 1960.

Elle a demandé aux cantons de donner leur aval pour engager une recherche historique nationale.

mercredi 26 avril 2006

Réaction du PSV

Procès Rothen: des regrets et une condamnation révélateurs *

Les partis de gauche prennent acte des regrets de M. Henri Rothen, chef du Service cantonal de la population (SPOP), et de sa condamnation à payer les frais de justice pour les agissements de calomnie pour lesquels il a été accusé par-devant le Tribunal de Police.

Malgré ses déclarations, des mois durant, par lesquelles il niait toute faute, il a bien dû se résoudre à l'évidence. Pour rappel, M. Rothen avait confirmé en mars 2005 à des députés au Grand conseil que deux frères monténégrins appartenant au groupe des "523", expulsés le 12 avril 2005, avaient de lourds antécédents judiciaires. Ces affirmations furent démontées par la suite, le dossier d'une seule de ces deux personnes ne comportant que des infractions à la Loi sur la circulation routière ayant un caractère de peu de gravité. A cette époque, le Conseiller d'Etat M. Jean-Claude Mermoud avait dû le reconnaître. Une telle légèreté teintée de diffamation et de calomnie dans les propos d'un chef de service de l'Etat de Vaud, qui plus est dans un contexte politique sensible, est inacceptable. Cette affaire a été menée avec un manque d'éthique patent et porte atteinte à la crédibilité de l'Etat.

Compte tenu des résultats du procès, les partis de gauche demandent la réintégration des deux requérants déboutés dans le groupe des "523" de sorte qu'une nouvelle demande de permis les concernant soit adressée à Berne par le canton. Ils solliciteront également le chef du DIRE, M. Mermoud, pour lui demander si son chef de service est à même de gérer un dossier aussi délicat que celui de l'asile et comment il peut garantir un meilleur respect des requérants par ce haut fonctionnaire.

Le chef du Spop a dû s'excuser

Le chef du Service cantonal vaudois de la population (SPOP), Henri
Rothen, a présenté ses regrets au requérant d'asile débouté qui a porté plainte contre lui pour calomnie. Le procès a débouché mercredi sur une conciliation. Outre ses excuses, Henri Rothen versera 400 francs à Terre des Hommes. En échange, la plainte a été retirée. En 2005, le chef du SPOP avait déclaré que le plaignant et son frère, qui appartenaient au groupe des 523 requérants renvoyés, avaient des antécédents judiciaires lourds. Il ne s'agissait en fait que d'infractions à la Loi sur la circulation routière.
Rappelons tout de même que dans cette affaire c'est le coupable qui reste à son poste et les personnes calomniées qui ont été expulsées !
Lire les articles de mars 2005 et le communiqué des Jeunesses Socialistes qui demandaient l'expulsion d'Henri Rothen

Voir la séquence du TJ midi

Blocher de plus en plus nerveux

Lire cet article du Blick en allemand

Résumé: L'article 32 de la nouvelle loi sur l'asile qui a été qualifiée par le très respecté juriste bernois Walter Kälin de "Terminus de la tradition humanitaire helvétique" (et de contraire au droit international par diverses ONG) cause des sueurs froides à Blocher. Il a soudainement dû faire appel à un spécialiste allemand du droit civil proche de la retraite pour obtenir un avis positif. Ce professeur Kay Hailbronner avait aussi considéré en 2003 que l'initiative contre l'asile de l'UDC (qui avait été refusée par le peuple) était juridiquement correcte.
Sur le même sujet lire aussi cet article de la NZZ

Manifestation nationale du 17 juin

Fête du 1er mai pour le droit des migrants

Comme avant, la Frat rêve de refaire le monde

En marge de son travail marge social en faveur des migrants, la Fraternité propose, depuis octobre, des événements culturels.
Un restaurant pourrait voir le jour.


Lire l'article d'Aline Andrey dans 24heures

La Frat’ est née dans les années 70, en pleine crise de l’asile suisse, les initiatives xénophobes Schwarzenbach en toile de fond. Plus de 30 ans après, en marge des référendums contre les lois «blochériennes», ce lieu mythi­que renaît peu à peu de ses cen­dres. Et pourrait même abriter, à nouveau, un bistrot et sa terrasse. Reste que les nostalgiques ne re­trouveront pas le charme de la salle élimée d’antan. Celle, qui avait conquis le coeur des mi­grants comme des Lausannois, a été transformée, dès 2003, en même temps que le bâtiment qui la logeait au-dessus de la place Arlaud.
«Beaucoup de gens s’atten­daient à ce qu’on recrée l’an­cienne Frat’. Mais l’environne­ment a changé et les conditions d’ouverture d’un café sont beau­coup plus draconiennes qu’avant. Reste que notre cuisine répond aux normes, donc pourquoi ne pas l’utiliser», relève Gabriel de Montmollin, directeur du Centre social protestant (CSP), dont fait partie la Fraternité.
Si le projet est encore virtuel, les fourneaux servent déjà de ma­nière ponctuelle, au gré des évé­nements. Depuis octobre dernier, concerts, danses, projections et débats permettent aux cultures diverses de s’exprimer. «La fré­quentation est très inégale selon les activités. Du très plein, comme lors de la soirée flamenco, au très vide», mentionne, per­plexe, l’animatrice Dounia Benya­mina. Si la Frat’ culturelle se cher­che encore, les permanences so­ciales et les entretiens individuels de conseil aux migrants restent prioritaires. «Le travail est de plus en plus lourd. Les consulta­tions durent plus longtemps dans un contexte de fermeture et de suspicion généralisée face aux étrangers, explique Gabriel de Montmollin. Dans ce sens, la Frat’ doit favoriser la rencontre pour décrisper les relations entre mi­grants et population locale. Ce que pourrait faciliter l’ouverture d’un bistrot.»

Jusqu’au 6 mai, exposition Al-Andaluz, réalisé par l’Institut du monde arabe à Paris. Du lundi au samedi de 11 h 30 à 17 h 30 (fermé le 1er mai). Samedi 29 avril: dès 11 h, bistrot espagnol; 20 h 30, Voyage à dos d’âne, conte initiatique par Franco Rau (dès 12 ans, entrée 5 francs).

La droite désunie avant les votations du 24 septembre

Christoph Blocher ne pourra pas compter sur un front bourgeois uni pour gagner les votations du 24 septembre sur l'asile et les étrangers. Alors que le bloc de gauche s'organise et compte investir plusieurs centaines de milliers de francs dans la campagne pour un double NON, l'UDC, le PDC et le parti radical feront chacun cavalier seul. Les explications de Nicole Lamon.
Ecoutez la séquence

mardi 25 avril 2006

Je suis avant tout un spécialiste du marathon�

Le Matin - Je suis avant tout un sp�cialiste du marathon�

La veilleuse noire recalée honorée pour son combat


Lire l'article de Caroline Rieder dans 24heures
DISTINCTION Magalie Schaer est une des lauréates du Prix 2006 Femme exilée, femme engagée.

«Je ne m’y attendais pas car, avec ma vic­toire au tribunal, le prix, je l’avais déjà gagné.» La vie de Magalie Schaer bascule en 2004, lorsqu’elle s’entend dire par la directrice d’un EMS de luxe de La Côte qu’elle ne peut être enga­gée, en raison de sa couleur de peau. Elle porte l’affaire en jus­tice, soutenue par ACOR-SOS Ra­cisme. En juin 2005, le Tribunal des Prud’hommes condamne l’EMS. En décembre, l’établisse­ment renonce à recourir.
Depuis, celle qui «ne connais­sait même pas l’adresse de SOS Racisme avant», s’est engagée dans les activités de l’association. Elle participe dans les possibilités de son emploi du temps, entre son travail d’aide-infirmière, ses enfants et son activité de maman de jour. «J’aimerais que ce prix encourage les victimes de discri­mination à se manifester. En Suisse, chaque être humain a des droits.» Même si ça a été dur à vivre, la Lausannoise considère que ce qui lui est arrivé «a valu la peine. Avant, je n’étais pas vrai­ment sensible au problème du racisme, je trouvais toujours des excuses aux comportements dis­criminatoires ». L’important pour cette mère de famille d’origine haïtienne, en Suisse depuis l’âge de 13 ans: «Je ne suis plus une victime. Cette victoire et ce prix me motivent pour le futur.» Magalie Schaer est l’une des huit lauréates romandes du prix 2006 «Femme exilée, femme en­gagée » ( lire ci-dessous). Sa fonda­trice Alba Viotto l’a choisie «parce que peu de personnes osent dénoncer les discrimina­tions dont elles sont victimes. Elle a eu le courage de montrer qu’il est possible de résister.»

Chasse à l'homme en Arizona, avec coyote

Lire ce reportage d'Alain Campiotti dans le Temps - temps fort

Alain Campiotti nous enmmène avec un groupe de chasseurs d'hommes dans leurs pick-ups et autres Hummer, leur proie: les immigrés clandestins qui veulent franchir la frontière et venir travailler aux USA.
Rappellons juste qu'il n'y a que moins de 200 ans que des requérants d'asile économiques fuyant l'Europe ont commencé à massacrer les ancêtres de ces "clandestins" et à imposer ces frontières arbitraires: les temps changent...

lundi 24 avril 2006

Actes antisémites plus nombreux en 2005


Lire le dossier de la Première

Antonio Hodgers témoigne dans MIGROS MAGAZINE

Lire l'article dans MIGROS MAGAZINE le plus grand tirage de la presse Suisse.

Extrait:
Il est arrivé de Buenos Aires par une nuit froide de novembre 83, à l’âge de 6 ans, une main dans celle de sa maman, l’autre glissée dans celle de sa petite sœur, fuyant la dictature et laissant derrière lui un père emprisonné, torturé, puis porté disparu, voué à ne jamais réapparaître. La source première de son engagement actuel se trouve dans ces souvenirs-là...

samedi 22 avril 2006

Les arguments de l'OSAR



Lire l'argumentaire de Jürg Schertenleib de l'OSAR sur les raisons de s'opposer à la nouvelle loi sur l'asile

Deux lois une même logique

«Bulletin de liaison pour la défense du droit d’asile», comme le proclame sa couverture depuis plus de 20 ans, Vivre Ensemble est bien sûr aux premières lignes dans la campagne contre la révision de la loi sur l’asile (LAsi). Dans notre numéro de février, nous avons cependant inséré une feuille de signatures qui porte également sur la loi sur les étrangers (LEtr), et ce numéro lui est plus spécialement consacré. Sommes-nous en train de renoncer à notre spécificité ?

Sur le terrain, la totalité des comités cantonaux et la plupart des organisations concernées par l’asile ont fait, comme nous, le choix du double référendum. Un choix qui s’est fait sans grands débats, tant il a paru évident.

Discutées parallèlement aux Chambres fédérales, ces deux lois puisent à la même source, et les valeurs fondamentales qu’elles bafouent sont les mêmes, au point qu’elles sont indissociables comme les deux faces d’une même pièce.

* Protester contre des mesures de contraintes excessives, comme l’emprisonnement pour deux ans de personnes qui n’ont commis aucun délit de droit commun, nécessite de dire NON simultanément à la LEtr et à la LAsi, parce que les parlementaires ont décidé d’introduire les mêmes dispositions dans les deux projets de loi.


* Refuser une société qui rejette les déboutés de l’asile dans la marginalité en leur refusant l’aide sociale, c’est bien sûr aussi dire NON à une loi sur les étrangers, qui refuse toute régularisation pour les sans-papiers en les maintenant dans la précarité.


* S’opposer à des pratiques policières incontrôlées qui portent atteinte aux libertés individuelles, c’est refuser le droit de perquisition sans mandat judiciaire qui figure dans la LAsi. Mais c’est aussi, bien évidemment, rejeter les écoutes téléphoniques et les enquêtes par agents infiltrés prévues par le projet LEtr pour des questions de mariage blanc et de séjour clandestin.


* Revendiquer des droits clairs plutôt que des décisions arbitraires, c’est s’opposer à la multiplication des procédures de non-entrée en matière sur les demandes d’asile, mais aussi refuser que l’octroi du permis C ou du regroupement familial soit laissé à la libre appréciation de la police des étrangers.


* Vouloir une Suisse ouverte, qui rejette les logiques racistes et discriminatoires, c’est s’opposer au durcissement continu du droit d’asile face à l’arrivée de réfugiés du tiers monde, aussi bien que refuser une loi sur les étrangers qui pénalise les non-européens en leur fermant les portes de notre pays.


Alors que le double référendum contre la LEtr et la LAsi vient d’aboutir, en dépassant très largement la barre des 50’000 signatures, la campagne de votation qui va s’ouvrir devra intégrer cette logique commune pour favoriser un rassemblement aussi large que possible contre les deux «lex Blocher».

Yves Brutsch

le nombre de réfugiés dans le monde à son plus bas niveau depuis 25 ans

Lire le communiqué de ReliefWeb

Le HCR publie son rapport annuel


Lire le communiqué de TV5
Lire le communiqué d'afrik.com

Traffic d'héroïne démantelé, trois requérants en cause

Lire la dépêche

Exposition de photos NEM à Saint-Imier

Vernissage ce samedi 22 avril à 19 h de l'exposition de photographies de Christophe Pittet, «Instants suspendus». Des images sur la condition des personnes en situation de non-entrée en matière (NEM).
«Durant le premier semestre 2005, j'ai rencontré, à Lausanne, Lidia, Olivier, Cissé, Issa et d'autres personnes ayant reçu une décision de non-entrée en matière d'asile. Le fruit de cette démarche est un travail photographique en noir et blanc qui a pour but d'illustrer, de manière non exhaustive, le quotidien de ces femmes et de ces hommes marqués par le sceau de l'incertitude et de la précarité.
»L'intention est également de documenter cette problématique en vue de laisser une trace dans la mémoire collective. En effet, il s'agit d'éviter que l'oubli nous habite afin de tirer des leçons de cette situation aiguë pour l'avenir. Il en va de la sauvegarde des valeurs sociales et humanitaires qui fondent notre capacité de recevoir celui qui est différent de nous, étranger ou non.» (Christophe Pittet)
Ce travail a pu être réalisé grâce au soutien du Point d'appui, espace multiculturel des Eglises réformée et catholique du canton de Vaud. La plupart des images ont été faites dans ce lieu qui accueille quotidiennement ceux que l'on nomme les NEM. Photographe autodidacte, Christophe Pittet a développé une sensibilité à l'égard des personnes qui se situent aux frontières de la société. La marge l'intéresse dans sa capacité à interroger le centre. Cette dynamique nourrit l'altérité et la reconnaissance des uns et des autres. Il est également travailleur social et formateur d'adultes.

jeudi 20 avril 2006

Les Tapia peuvent rester


L'article de Jean-Paul Guinnard dans 24heures :

Marinela et Juan Carlos Tapia ont un commerce à Payerne.

Après six ans de lutte, la famille chilienne décroche un droit de séjour. Des milliers de gens se sont engagés pour eux.

«Quand on a reçu le téléphone de notre avocat, on a pleuré de joie dans la boutique, devant les gamins et devant les clients.» Juan Carlos Tapia se souviendra de ce coup de fil toute sa vie. Il annonçait que lui, sa femme et ses enfants ont obtenu le permis C qu’ils réclamaient depuis six ans. Les Chiliens de Payerne peuvent enfin rester en Suisse.

Cette réponse positive met un terme à six longues années de démarches juridiques. L’Office fédéral des migrations (ODM) refusait aux Tapia le droit de rester en Suisse. Réfugiés de la dictature sous Pinochet, Juan Carlos et Marinela avaient tenté de refaire leur vie au Chili dans les années 90, une fois la démo­cratie revenue. Un échec. Mais ils avaient, entre-temps, perdu leur droit de séjourner en Suisse. «La région entière s’est enga­gée pour eux», se félicite Jean­ Luc Chaubert, du comité de sou­tien. La commune de Payerne, la Préfecture et même le conseiller d’Etat Jean-Claude Mermoud, l’an dernier, ont plaidé leur cause à Berne. Une première pé­tition avait récolté 1500 signatu­res en 2002. Une seconde a été signée par plus de 4000 person­nes. «On doit tellement à tous ces gens, dit Juan Carlos. Une chose est sûre, les Payernois nous ont montré qu’ils nous aimaient bien».

Le couple va reprendre le com­merce de maroquinerie et de réparation de vêtements des pa­rents de Marinela. Les trois en­fants des Tapia sont eux aussi concernés par cette décision. Leur fille aînée, Jennifer, fré­quente actuellement le gymnase bilingue de Frauenfeld et compte entreprendre des études de droit. Le fils cadet entamera un apprentissage en août. «Le cau­chemar est terminé», dit Juan Carlos en montrant fièrement son permis C. Un happy end qui sèche bien des larmes.

mardi 18 avril 2006

Il faisait payer le prix fort à des requérants d’asile

L'article de Aline Andrey dans 24heures sur une affaire dont le SAJE se serait bien passé :

Un Congolais a été condamné pour usure et tentative d’usure à 5 mois de prison avec sursis.

Le Tribunal d’arrondissement de Lausanne a condamné un Con­golais tenant un bureau d’aide juridique dans la capitale vau­doise, du nom de Planète réfu­giée, à «cinq mois d’emprison­nement avec sursis pendant trois ans pour usure, tentative d’usure et contravention à la loi sur la représentation des par­ties ». C’était le 16 février dernier. L’affaire a été instruite dès 2003.

Le Service d’aide juridique aux éxilé-e-s (SAJE) à Lausanne avait dénoncé son ancien colla­borateur bénévole et l’avait im­médiatement licencié en appre­nant qu’il proposait ses services moyennant des sommes impor­tantes. Les témoins sont, de­puis, rentrés dans leur pays d’origine, pour la plupart au Kosovo. Restent des témoigna­ges écrits: «Il demandait 8000 francs. Il disait que c’était pour obtenir un permis F. Nous sommes tombés d’accord sur la somme de 2000 francs à payer le lendemain, et le reste après.» L’homme, lui-même réfugié statutaire, s’était, en outre, dé­crété avocat lors d’une procé­dure pénale à l’encontre d’un requérant d’asile d’où sa «con­travention à la loi sur la repré­sentation des parties».

Suite au jugement, le con­damné n’a pas fait recours. Aujourd’hui, son office à Lau­sanne est fermé, mais des per­sonnes seraient encore en pro­cédure pour tenter de récupérer leur argent. Il ne serait toute­fois pas le seul à sévir dans ce domaine. Plusieurs individus sont soupçonnés par les milieux de l’asile, à Lausanne et à Val­lorbe, de promettre l’obtention d’un permis contre des coûts de procédure qui se chiffrent en milliers de francs. A titre com­paratif, le SAJE demande entre 80 et 200 francs pour un re­cours.

«Il est arrivé que ces person­nes viennent chercher leurs clients au bas des escaliers du SAJE, explique sa directrice Chantal Varrin. Il est vrai que nous devons être clairs avec les requérants qui viennent nous demander de faire un recours. Nous refusons si nous estimons qu’il est voué à l’échec. Celui qui arrive derrière peut profiter de la faiblesse du requérant. Celui-­ci, fragilisé, risque ainsi d’être victime d’abus. Le recours est, en effet, une procédure admi­nistrative, qui permet à n’im­porte qui d’être mandataire.»

jeudi 13 avril 2006

Pour une véritable loi sur la migration

L'opinion d'Oscar Tosato, conseiller municipal socialiste

Il y a un quart de siècle, le peuple suisse rejetait massivement l’initiative fédérale «Etre solidaires» pour l’abolition du statut de saisonnier. Soutenue par 16,2% des votants, elle réali­sait l’un des plus mauvais résultats qu’une initiative ait atteint tout au long du siècle dernier.

Les conséquences de ce re­fus ont été désastreuses. Elles ont marqué le destin de mil­liers de familles migrantes qui devaient attendre 4 ou 5 ans avant de pouvoir se réu­nir. Une interdiction juridi­que et statutaire que peu de personnes respectaient. Les conjoints travaillaient donc au noir et les enfants res­taient enfermés à la maison. L’hypocrisie s’est ainsi insti­tutionnalisée et notre pays, faute d’une législation qui instaure des droits, a dû se résoudre à inventer des dis­positions réglementaires qui permettent à des mères d’ac­coucher en Suisse, à des en­fants clandestins d’aller à l’école ou d’être au bénéfice d’une assurance-maladie.

Il a fallu attendre les ac­cords bilatéraux pour voir quelle tournure pouvait pren­dre une vraie politique de regroupement familial, qui permette, quelle que soit la durée ou le type d’autorisa­tion de séjour, de faire venir sa famille. Non pas la famille dans sa définition la plus res­trictive, mais celle compre­nant le conjoint et les enfants en dessous de 21 ans ou aux études, ainsi que les parents à charge.
Quel progrès! Ce que les luttes incessantes des défen­seurs des droits humains n’avaient pas réussi à obtenir du gouvernement, les accords bilatéraux l’ont introduit au­delà de ce qu’il était permis de rêver. Je me demande tou­jours pourquoi nous n’avons pas pu franchir ce pas sans pression extérieure et poser nous-même les fondements de nos valeurs en matière de droits humains.

25 ans plus tard, nous nous retrouvons confrontés à une situation identique. A l’envers de tout bon sens, le Parle­ment a durci les possibilités d’obtenir l’asile en Suisse et limité les conditions de mi­gration pour les Non-Euro­péens. Si personne ne con­teste la nécessité d’une régle­mentation, on peut s’étonner qu’elle invente des disposi­tions différentes en matière de regroupement familial en fonction de la nationalité et du statut social et financier des parents. Comment com­prendre aujourd’hui, après avoir vu quelles ont été les conséquences du rejet de l’initiative «Etre solidaires» que le regroupement familial ne soit possible pour certains que jusqu’à 12 ans, pour d’autres jusqu’à 18 ou 21 ans, voire jusqu’à la fin des étu­des? Pourquoi certains doi­vent- ils patienter 12 mois avant de faire la demande? Pourquoi, en cas de dissolu­tion des liens familiaux, l’autorisation de séjour n’est­elle pas maintenue pour tout le monde?

A ce petit jeu des différen­ces, c’est l’organisation de la famille qu’on met en péril. On joue avec les valeurs qui fon­dent notre société, on se mo­que de l’équité et finalement on discrimine.

Certains rétor­queront que les migrants ont le choix d’accepter ou de refuser les conditions posées. Une posi­tion de force sur le marché du travail n’autorise cependant pas à bafouer la dignité des êtres humains, et vivre dans une région en paix n’autorise pas à ériger des forteresses pour repousser les opprimés.
Aujourd’hui ce ne sont pas de nouvelles lois restrictives qu’il nous faut, mais une véri­table loi sur la migration. Une loi pour que toute personne et sa famille, quelle que soit sa nationalité, puisse obtenir une autorisation de séjour si elle est au bénéfice d’un con­trat de travail conforme aux dispositions en vigueur en Suisse.

Des lois adaptées à l’évolution de la société

L'opinion du conseiller national UDC André Bugnon publiée dans 24heures : dans la droite ligne électorale de son parti

Les lois doivent corres­pondre aux attentes de la population et être adaptées en fonction de l’évo­lution de la société. Ainsi en est-il de la loi sur les étrangers et de celle sur l’asile adoptées toutes deux par les chambres fédérales et attaquées mainte­nant par référendum.

Ouverte pendant des décen­nies à une immigration consti­tuée principalement de tra­vailleurs dont elle avait besoin, la Suisse a perdu peu à peu le contrôle de la situation sur la question de l’immigration. Les abus en matière de demande d’asile et l’immigration clan­destine ont non seulement en­gendré des charges supplé­mentaires pour les collectivi­tés publiques, dépassant les deux milliards de francs dans les années de forte de­mande, mais ont contribué à modifier le tissu social de notre société.

Personne ne peut nier que la situation sur le plan de la sécurité et de la criminalité se soit dégradée ces dernières an­nées. Il n’y a qu’à prendre connaissance tous les jours des articles de presses décri­vant les méfaits commis dans une journée dans notre pays. Il y a bien sûr des Suisses de pure souche qui commettent des actes répréhensibles et je me garde bien ici de penser que nous sommes fondamen­talement meilleurs que les autres. Je sais bien aussi que la majorité de la population étrangère dans notre pays est travailleuse et respectueuse de nos droits et qu’elle est bien intégrée. Mais ces constats ne doivent pas contribuer à nous empêcher de voir la réalité des chiffres. Comment ignorer que dans certains établissements pénitenciers la population étrangère qui atteint le 80% des résidents, incarcérée prin­cipalement pour trafic de dro­gue, cambriolage ou vol, est en partie entrée de façon illégale dans notre pays.

C’est pour prendre des me­sures adéquates en matière d’immigration et éviter la ré­pétition des abus constatés ces dernières années sur cette question que la révision des deux lois susmentionnées a été acceptée par les chambres fé­dérales. Pour des questions économiques, notre pays con­naît une réelle pression à l’im­migration. Le niveau de vie élevé et les conditions sociales intéressantes que nous avons mises en place ont pour consé­quence que de plus en plus de personnes habitant dans un pays émergeant rêvent de pou­voir trouver un refuge ici. La législation actuelle n’étant pas assez précise sur de nombreux points ou offrant des condi­tions trop favorables a contri­bué à favoriser cette immigra­tion. Ces dernières années la situation de la plupart des re­quérants ne correspondait pas au droit d’obtenir un refuge car ils n’étaient pas en danger chez eux. Des abus avérés de l’utilisation de notre loi sur l’asile et sur l’immigration ne sont plus à prouver alors que les droits de recours ne font que rallonger le temps de trai­tement des dossiers.

Même si nous pouvons cons­tater une diminution du nom­bre de demandes d’asile, notre pays ne peut accepter, finan­cièrement, juridiquement et émotionnellement, une nou­velle croissance du nombre de cas.

Nous devons faire attention à ce que notre propension à l’humanisme ne nous con­duise pas à penser naïvement que nous pouvons accepter dans notre pays toutes les po­pulations en situation de pau­vreté sur cette planète. La so­lution sur le plan humanitaire consiste à favoriser le plus possible le développement économique dans ces pays de façon à ce que leurs popula­tions trouvent des conditions de vie acceptable, réduisant ainsi en même temps la pres­sion sur les flux migratoires. C’est pourquoi le peuple doit soutenir ces nouvelles lois et les accepter en votation popu­laire.

mercredi 12 avril 2006

Le syndic Eric Voruz poursuit son soutien

La famille Jakupi a franchi une nouvelle étape de l’examen de son dossier au Service de la population.

«J’ai de l’espoir pour le futur de cette famille: l’examen va main­tenant se poursuivre à Berne», a commenté hier le syndic de Morges Eric Voruz, après l’audi­tion de la famille Jakupi au Service de la population à Lau­sanne. La famille kosovare fait partie des fameux 523 requé­rants d’asile déboutés par le Canton de Vaud.

Eric Voruz était entouré de Maître Rossel, conseil de la fa­mille, et de l’employeur de Ba­jram Jakupi pour accompagner la famille lors de cette nouvelle étape dans l’examen de leur dos­sier. Le rapport d’audition a porté sur l’intégration, les con­naissances, l’aspect social, l’inté­gration professionnelle, la santé, et la scolarisation des enfants.

Bajram Jakupi vit depuis 13 ans en Suisse et ses trois en­fants sont nés dans notre pays. Deux vont à l’école, en enfan­tine et en première primaire, alors que les six frères et soeur du père disposent du permis C.

Article de L. D. dans 24heures

Personnel au noir

Une lettre de lecteur dans 24heures :

Hospitalisée? Connais plus...

Il y a peu, nous recevions dans notre service une personne étrangère, qui avait passé les cinq dernières années dans notre pays sans permis de travail et donc employée au noir par une famille pour s’occuper des enfants, du ménage et des repas. Tout cela pour 1000 fr. par mois, logée et nourrie.

Après un problème de santé relativement sérieux, elle s’est retrouvée hospitalisée au CHUV, bien sûr sans assurance maladie. Pendant les cinq semaines qu’a duré son hospitalisation aucun membre de la famille qui l’emploie n’est venu la voir, ni n’a même pris de ses nouvelles par téléphone. Pire, ils ne daignent même pas répondre à nos appels et messages répétés, pourtant indispensables à l’établissement d’un contrat d’assurance maladie.

Et comme si cela ne suffisait pas, nous venons d’apprendre qu’ils ont suggéré à notre patiente de retourner dans son pays, car de toute façon ils ont déjà engagé quelqu'un d’autre pour la remplacer — au noir également je présume.
En 2006, qui plus est en Suisse, l’un des pays les plus riches de la terre, on ne devrait pas jeter les êtres humains quand ils ne servent plus… Ce devrait être un honneur et une joie que de se préoccuper des plus faibles.

Que tout le monde médite cela au moment où, pour le profit d’un nombre ridicule de nantis, on fragilise chaque jour un peu plus les plus vulnérables.

Dr Alexandre Croquelois, La Conversion

Ruth Dreifuss à Mise au point

Lire l'article et visualiser les séquences sur stopexclusion

mardi 11 avril 2006

Le chef du Service de la population renvoyé devant les juges


Henri Rothen, chef du Service cantonal de la population, devra s’expliquer au tribunal.

L'article de Philippe Maspoli dans 24heures :

Deux requérants d’asile expulsés de force reviendront pour témoigner le 26 avril.

Les deux frères, des Monténé­grins expulsés le 12 avril 2005, ont obtenu une autorisation fédérale en vue de l’audience du Tribunal de police de Lausanne le 26 avril. «Il ne leur manque plus que leur visa. Ils arriveront quelques jours avant et ils repartiront quelques jours après», assure leur avocat, Me Eduardo Redondo.

L’accusé de ce procès est Henri Rothen, chef du Service cantonal de la population (SPOP). Il est renvoyé devant les juges pour calomnie et diffamation. Les deux Monténégrins faisaient partie des 523 requérants dé­boutés dont Berne a refusé la régularisation proposée par l’Etat de Vaud. Ils devaient donc être renvoyés de force. En mars 2005, en pleine «crise des 523», le chef du SPOP avait laissé entendre, devant les dé­putés du groupe de contact sur l’asile, que les deux frères avaient de lourds antécédents judiciaires. Finalement, il ne s’agissait que d’infractions à la Loi sur la circulation routière, et seulement pour un des deux requérants.

A la suite d’une plainte pénale, le juge d’instruction cantonal Jacques Antenen avait rendu un non-lieu en juillet 2005: le chef du SPOP avait tenu ces propos de bonne foi, affirmait le magis­trat. Les deux frères ont recouru au Tribunal d’accusation, avec succès. Le principe de la «bonne foi» n’est pas accepté en ce qui concerne le requérant dont le casier est vierge. «Ce dernier viendra au procès comme plai­gnant, l’autre comme témoin», explique Me Eduardo Redondo. Quant à Henri Rothen, «il con­teste avoir tenu des propos que l’on puisse qualifier de diffama­toires ou de calomnieux», dé­clare son avocat, Me Eric Stauffa­cher, à l’ATS.

Des députés avaient par ailleurs exigé une enquête admi­nistrative, sans suite. Et des fonctionnaires, dont Henri Ro­then, avaient porté plainte con­tre la Coordination Asile, qui défend la cause des requérants et avait évoqué les «méthodes fascisantes» du SPOP.

lundi 10 avril 2006

Le Forum des migrants refuse d’être muselé

L'article de Vincent Bourquin dans 24heures

Le ministre de la Justice ordonne à cette organisation, financée en partie par la Confédération, de ne pas participer à la campagne contre les lois sur l’asile et les étrangers.

«Christoph Blocher veut nous inter­dire de parler. C’est insupportable», s’in­surge Antonio Cunha, profes­seur de géographie à l’Uni­versité de Lausanne et prési­dent du Forum pour l’inté­gration des migrantes et des migrants (FIMM). D’où vient cette colère? Le 23 mars, le chef du Département fédéral de justice et police (DFJP) a déclaré qu’une organisation subventionnée par la Confé­dération ne pouvait pas parti­ciper à une campagne de vo­tation.

Subvention coupée ?


Selon le conseiller fédéral, cette question ne touche pas cette seule organisation, mais de nombreuses autres oeuvres d’entraides bénéficiant de la manne fédérale. Ces propos faisaient suite à une interpel­lation du conseiller aux Etats, Maximilian Reimann. L’UDC argovien reprochait à cette ONG de s’être engagée dans la campagne pour les naturalisa­tions facilitées grâce aux sub­ventions fédérales. Et le séna­teur craignait qu’elle fasse de même pour les deux référen­dums contre la révision de la loi sur l’asile (LAsi) et contre la loi sur les étrangers (LEtr). Dans sa réponse, le Conseil fé­déral a d’ailleurs souligné que: «Le FIMM a reçu pour consi­gne de s’abstenir de toute acti­vité de propagande, que ce soit en faveur ou à l’encontre d’un projet de loi.» Une enquête est actuelle­ment en cours pour savoir si le Forum a utilisé des fonds pu­blics à des fins politiques.

La réponse sera connue ces pro­chains jours. Elle est très atten­due car pour l’heure, la subven­tion de Berne pour 2006, soit 300 000 francs, a été bloquée. Porte-parole de l’Office fédéral des migrations (ODM), Domi­nique Boillat insiste: «Les pro­pos de Christoph Blocher n’étaient pas une menace con­tre le Forum, mais simplement un rappel des règles.» Secrétaire générale du FIMM, Claudio Micheloni n’a pas du tout la même perception des propos du conseiller fédé­ral UDC: «C’est une attaque frontale contre nous et contre toutes les autres ONG soute­nues par l’Etat. Je suis scanda­lisé. Nous allons réagir politi­quement.

» Quant à Antonio Cunha, il affirme que son organisation n’obéira pas à Christoph Blo­cher et sera présente dans le débat public concernant les deux lois: «Nous sommes di­rectement concernés.» Et d’ajouter aussitôt: «Mais nous le ferons avec nos propres de­niers. » Claudio Micheloni ajoute encore que la subven­tion fédérale équivaut à 40% de leur budget et qu’elle n’a jamais été utilisée pour des campa­gnes politiques.
L’histoire du Forum des mi­grants et des migrantes est mouvementée. Il avait en effet été créé en 2000, suite à un conflit avec la conseillère fédé­rale Ruth Metzler. Alors cheffe du DFJP, elle voulait intégrer le secrétariat de la Commission fédérale des étrangers (CFE) à l’actuel ODM. Les représen­tants des communautés étran­gères avaient alors claqué la porte de cette instance pour créer le FIMM. Organisation faîtière des associations de mi­grants en Suisse, elle compte plus de 300 délégués représen­tant 50 nationalités.

dimanche 9 avril 2006

Elan de soutien pour une jeune femme marocaine

Lire l'article d'Estelle Bressoud dans 24 heures
Séparée de son mari alcoolique, Layla Ait Si Ahmad a perdu le droit de séjourner en Suisse. Une pétition s’oppose à son renvoi.

Deux jours après le lan­cement d’une pétition en sa faveur par le Ser­vice communautaire de la Plan­chette, Layla Ait Si Ahmad éva­lue à 200 le nombre de signatu­res: «C’est bon pour le moral», sourit cette Marocaine de 30 ans. Et de relater, volubile et énergique, les raisons de son appel au secours, qu’elle espère faire retentir auprès du parle­ment vaudois, dans les semai­nes qui suivent.
C’est par l’entremise de son époux, un compatriote au béné­fice d’un permis d’établisse­ment C, qu’elle quitte son pays pour la Suisse. Passés les fastes d’un mariage à la marocaine, Layla découvre un homme al­coolique, dépressif et violent. Un certificat médical révèle même d’«importants troubles psychiatriques». Elle tentera de sauver leur union.

L’ombre de la belle-famille
Hors du domicile conjugal, Layla fait preuve d’une réelle volonté à s’intégrer. Son emploi de vendeuse lui permet d’ac­quérir très vite une autonomie financière et de subvenir aux besoins de son conjoint, au bé­néfice de l’aide sociale. Mais voilà, celui-ci quitte le foyer en 2003. Ce qui invalide son auto­risation de séjour, la loi n’oc­troyant un permis d’établisse­ment qu’après cinq ans de vie commune. Elle fait recours, sans succès. Sauf décision con­traire du Tribunal fédéral, Layla est tenue de faire ses valises le 30 avril prochain.
Ce qui l’angoisse profondé­ment. «Me réintégrer au Maroc n’est pas possible. J’appartiens à mon mari. Il peut m’embêter là-bas. Ma belle-famille me fait peur.» A ses côtés, Marianne, une amie aiglonne, renchérit: «C’est la mort civile assurée.» Car Layla se sent très bien ac­cueillie dans la région. «Les gens qui me connaissent n’arri­vent pas à le croire. Ils pensent que je suis née ici!» Cheffe du rayon des fruits et légumes du magasin Coop d’Aigle, elle sou­pire à l’idée de devoir renoncer à ses examens de fin apprentis­sage, prévus en mai.
Hormis son entourage, elle peut compter sur le soutien des autorités communales et de son patron Raymond Léchaire, qui est intervenu auprès de l’Etat en sa faveur. Regrettant que la loi protège parfois les requé­rants d’asile délinquants, le di­recteur de Coop Suisse ro­mande, considère, à titre per­sonnel, que ce renvoi est in­compréhensible «d’un point de vue humain».

Pour signer la pétition (pdf).

L'UDC derrière Blocher


Lire le dossier de Swissinfo

Avec des liens vers diverses séquences audio et vidéo

le PCS soutient le référendum

Bluewin Infos Lire cette dépêche

samedi 8 avril 2006

L'affaire des sans-papiers interdits de mariage...

Lire l'article de Michael Rodriguez (cliquer sur l'image pour l'agrandir) dans le Courrier. On y apprend que le SPOP et le DIRE se rejettent la responsabilité de ce scandaleux harcèlement administratif.

J'interviendrai jusque chez Blocher�

Le Matin -
Le maire et conseiller national chaux-de-fonnier Didier Berberat veut défendre l'auteur du livre «Génocidé»: «Si quelqu'un mérite une admission définitive, c'est bien lui!»

Lire le témoignage de révérien Rurangwa

Assemblée des délégués de l'UDC: asile et étrangers au programme


Lire la dépêche de l'ats sur Edicom
Lire le dossier de Swissinfo

vendredi 7 avril 2006

Micheline Calmy-Rey critique les deux lois

Lire la dépêche de l'ATS sur Bluewin Infos

Gare à l'effet boomerang

Lire l'édito de Raymond Gremaud dans le Journal du Jura

Réconfortant! Les référendums contre les lois sur l'asile et les étrangers a recueilli respectivement plus de 90 000 et 74 000 signatures. Au total pas moins de 182 organisations ont œuvré dans les divers comités cantonaux pour aboutir à ce succès. Cela témoigne d'une sensibilité digne de la tradition humanitaire de la Suisse. Vrai, le durcissement de ces lois s'inscrit dans un terrible mouvement européen de tours de vis. Jouant la dissuasion, chaque pays tente de dévier le mouvement migratoire vers le voisin. Vrai aussi, les mesures avalisées par le Parlement frisent la ligne rouge. On ne saurait marcher longtemps encore dans ce chemin épineux sans rompre avec le simple respect des droits de l'homme. Il n'en demeure pas moins que les deux lois contestées par ces référendums, aussi sévères soient-elles, n'entachent ni la dignité de la Suisse, ni sa vocation humanitaire. Elles promettent par contre une meilleure maîtrise de l'immigration. Le fait que le Parti démocrate chrétien, proche de la sourcilleuse Eglise catholique, n'ait pas hésité à les voter, rassure d'ailleurs tous ceux qui se gardent du pas de trop. Au demeurant, on se demande si la «coalition humanitaire» qui veut abattre ces lois ne joue pas la politique du pire. Ces lois répondent aux préoccupations de ceux qui tiennent à un respect du droit et des règles de cohabitation, toutes choses qui s'érodent dans notre pays, notamment sous la poussée d'immigrants peu enclins à s'astreindre à notre régime légal. Or, des immigrants, les référendaires ne voient que la face dorée, leur précieux apport social et économique. Loin de comprendre le Parlement, ils appellent à une ouverture de la Suisse aux travailleurs non qualifiés de la planète entière. Le Forum pour l'intégration se déclare ainsi «convaincu de la nécessité de rassembler les populations d'origines diverses pour favoriser l'intercompréhension et l'intégration sous l'angle économique, social, culturel, civique et politique». Louable intention! Sauf qu'il lui échappe qu'en la matière aussi, c'est la dose qui fait le poison. A l'époque, François Mitterrand lui-même s'est interrogé sur «le seuil de tolérance». Préoccupant! L'angélisme des référendaires risque d'accroître le soutien aux lois sur l'asile et sur les étrangers. Il en découlerait une augmentation de la crédibilité de l'UDC, et une véritable invite à poursuivre jusqu'au pas de trop.

Les gens de droite doivent se réveiller

Lire l'article de Vincent Bourquin dans 24heures
Les référendums contre la révision de la loi sur l’asile et contre la loi sur les étrangers ont été déposés hier à la Chancellerie fédérale.

«Les gens de droite doivent se réveiller.» Cette petite phrase entendue hier lors de la remise des deux référendums n’a pas été prononcée par un gauchiste. Mais par l’ancien chancelier de la Con­fédération, François Couchepin. Lui-même radical. Il insiste: «Il ne s’agit pas d’un problème de gau­che ou de droite. Tout simple­ment, ces deux lois violent les principes généraux du droit et la Constitution fédérale.» Et selon lui, la LAsi (loi sur l’asile) et la LEtr (loi sur les étrangers) ne résolvent en rien les problèmes de migra­tion. Pourtant la grande majorité des radicaux et des PDC ont sou­tenu ces révisions? «Ils ont été anesthésiés et ne se sont même pas occupés du fond. On leur a fait croire que c’était un débat gauche droite.» Mais François Couchepin ne veut pas se décourager. Il jette un regard autour de lui: «Ce ne sont pas tous des gens de gauche qui sont là. Il y aussi des représen­tants des Eglises ou d’organisa­tions caritatives.»
Création d’un comité «bourgeois»
L’ancien chancelier ne se décou­rage pas. Avec Claude Ruey, ils ont décidé de créer un comité «bour­geois » contre la loi sur l’asile. «C’est l’opposition de la droite hu­maniste, gardienne des traditions de ce pays», déclare le conseiller national libéral. L’objectif est aussi de lutter contre une certaine dé­sinformation menée par l’UDC: «Elle a tellement calomnié que désormais beaucoup de gens font le lien entre requérant et abus», déplore l’ancien conseiller d’Etat vaudois.
Plusieurs personnalités ont déjà répondu à l’appel: le conseiller aux Etats radical Dick Marty, les con­seillers nationaux PDC Rose-Ma­rie Zapfl et Luc Barthassat, ainsi que l’ancien président du CICR et membre du Parti radical Cornelio Sommaruga. Jacques Neirynck sera également de la partie. Fière­ment, l’ancien conseiller national rappelle que les sections genevoi­ses et vaudoises du PDC ont d’ores et déjà dit non à la LAsi et à la LEtr. Et lui aussi est très sévère avec ses anciens collègues parle­mentaires: «Ils n’ont pas bien compris le contenu de la loi.» Contacté, Pierre Kohler hésite. Le démocrate-chrétien jurassien ne cache pas que la direction du parti lui a demandé de ne pas s’engager publiquement sur cette question. De fortes pressions ont également été exercées chez les radicaux. Mais Yves Guisan n’en a cure: «La majorité des parlemen­taires radicaux se sont laissés em­barquer par les néo-UDC», re­grette le Vaudois. Le conseiller national de Château-d’OEx ne s’op­pose pas à tous les articles. D’ailleurs, contrairement aux réfé­rendaires, il juge que la procédure, même si la révision passe, reste trop longue. Mais ce qui le fâche, c’est avant tout «un état d’esprit mesquin et xénophobe» qui, selon lui, parcourt les deux lois. Par ailleurs, il espère convaincre le Parti radical vaudois de s’opposer à ces deux textes. Lui aussi rejoin­dra le groupe fondé par François Couchepin et Claude Ruey, mais il souhaite aussi s’engager plus lar­gement dans le comité 2xNON, présidé par l’ancienne conseillère fédérale Ruth Dreifuss.
Le Conseil fédéral devra décider ces prochains jours de la date de la votation, ce sera très vraisembla­blement le 24 septembre. De nom­breux observateurs annoncent déjà une large acceptation des deux lois. Mais Claude Ruey se veut optimiste: «Je ne m’attendais pas à la récolte de plus de 120 000 signatures sur l’asile, c’est peut­être le signe d’un sursaut.»

Blocher serre la vis envers les étudiants chinois


24heures en ligne -
Sur le même sujet la séquence du TJ midi
Lire l'article de Pascale Zimmermann et Thierry Meyer
Le visa d'étudiant en Suisse comme porte d'entrée au travail clandestin dans l'Union européenne: voilà le stratagème qu'utiliseraient de nombreux jeunes Chinois, issus de provinces pauvres et dirigés par les mafias de leur pays, pour pénétrer à travers les mailles du filet européen. Répondant aux alertes de la France et de l'Italie, l'Office fédéral des migrations (ODM), qui dépend de Christoph Blocher, a édicté en décembre dernier une directive privant les cantons du pouvoir d'autoriser les visas d'étudiants aux candidatures provenant de Chine. Toute velléité d'acceptation pour un visa dépassant trois mois doit désormais passer par Berne, et l'ODM est seul habilité à délivrer le sésame estudiantin.

Craintes des cantons romands

Une situation qui inquiète dans les cantons romands, où les universités et les nombreuses écoles privées craignent de subir le contrecoup de cette mesure. A Genève, l'Université s'est insurgée, et l'Office cantonal de la population, qui avait la haute main sur les demandes d'admission des étudiants, a alerté le Conseil d'Etat. Celui-ci a écrit à Christoph Blocher. «Le Conseil d'Etat genevois s'oppose à cette directive stigmatisant les étudiants chinois, résume Bernard Gut, secrétaire général du Département des institutions. Une telle mesure discriminatoire nuit à l'image de la Suisse. Il est très délicat, voire périlleux diplomatiquement de prendre de telles sanctions dans le cadre de relations bilatérales.» Selon le porte-parole de l'Université de Genève, Pascal Garcin, «tous les recteurs de Suisse ont décidé de protester», même si le nombre d'étudiants actuellement en jeu reste limité.

Porte-parole de l'ODM, Dominique Boillat relativise la portée de la mesure: «Nous appliquons un principe de prudence. Nous vérifions de façon plus aiguë les dossiers qui nous parviennent, mais nous avons tout de même accepté quelque 160 candidats depuis janvier. Ce qui nous a mis la puce à l'oreille, ce sont des dossiers standardisés qui indiquent une tentative pilotée par une organisation criminelle de faire entrer des clandestins. Des soi-disant étudiants chinois ont disparu, partis pour travailler illégalement en Europe. Le problème s'est surtout posé en Valais, principalement avec les écoles privées.» La mesure, qui frappe aussi huit autres pays (Algérie, Burundi, Congo, Haïti, Libye, Myanmar, Rwanda et Soudan), pourrait être transitoire. A la fin du mois, Christoph Blocher se rend en Chine: nul doute qu'il évoquera le sujet. Certains craignent des mesures de rétorsion de Pékin.

Le Matin - En guerre contre Blocher

Lire l'article d'Anne Dousse dans le Matin

Mariages mixtes, Vauf fait du zèle



Lire l'article de Pierre Kolb dans le Courrier

Il arrive que des clandestins veuillent se marier. Soit entre eux, soit avec un ou une ressortissant(e) suisse. On sait qu’il y a parfois aussi, dans le deuxième cas, des mariages de complaisance. Dans le but de lutter contre ces derniers, le SPOP (Service de la population) a émis des prescriptions qui équivalent, de l’avis des praticiens, à empêcher tout mariage de clandestins. Bien que les intentions de l’administration aient déjà été mises en pratique, on nage dans le flou juridique.
Une directive est en préparation. N’oublions pas que les pratiques en vigueur jusqu’ici sont fondées sur l’article 12 de la Convention des droits de l’homme, qui garantit le droit au mariage à toute personne nubile. Où qu’ils soient, les officiers d’état civil n’ont pas à se préoccuper du statut légal des futurs conjoints. Dans le canton de Vaud, les mariages avec des clandestins étaient possibles dans la
mesure où les documents nécessaires (et authentiques) étaient fournis: un passeport, un certificat de naissance, un certificat de célibat (ou de divorce), une attestation de domicile (en Suisse ou à l’étranger). L’authentification des pièces pouvait être coûteuse, mais les clandestins avaient la possibilité de produire une attestation de leur domicile dans leur pays d’origine.
Modeste amende
Lorsqu’après le mariage, le clandestin entendait régulariser sa situation, il encourait une amende de la préfecture pour l’irrégularité antérieure,mais relativement modeste parce que proportionnelle à ses moyens. Les choses devraient changer avec la nouvelle loi sur les étrangers, mais elle n’est pas encore en vigueur puisqu’un référendum vient d’être déposé.Et pourtant, les choses ont déjà changé dans le canton de Vaud, et ce depuis décembre de l’année dernière. Les officiers d’état civil, qui dépendent du SPOP, ont été invités par ce dernier à serrer la vis. Gérald Derivaz, directeur de l’état civil, le reconnaît volontiers dans le cadre d’une lutte
contre les mariages de complaisance. «Nous faisons maintenant preuve de fermeté».
Une fermeté qui va très loin. Elle enjoint les officiers d’état civil à refuser le mariage «en cas de présomption de séjour irrégulier». Tout tourne autour de l’attestation de domicile. S’il s’avère au cours d’un entretien (mais il est déjà arrivé que le refus survienne sans entretien) que tel candidat séjourne depuis plus de six mois en Suisse, son domicile à l’étranger ne sera plus reconnu comme «actuel» et de ce fait pas valide.
Le clandestin est cousu
Que peut faire alors le candidat ainsi débouté? «Déposer une demande en vue de mariage à la représentation suisse de son domicile à l’étranger. » Il est très probable que le clandestin ne puisse pas retourner dans son pays. Et si c’est le cas, une difficulté nouvelle se posera au stade d’une demande de visa, ce qui induira
pour les futurs conjoints une séparation de nombreux mois, ou même définitive, le visa risquant d’être refusé. Autant dire que le clandestin est cousu. «Il peut aussi demander ici un titre de séjour en vue de mariage», nuance-t-on à la direction de l’état civil. Voilà qui fait sursauter les juristes praticiens du domaine, qui n’ont pas connaissance de cette particularité. Sauf dans des cas très spécifiques où
une autorisation est délivrée dans l’attente de la fin d’une procédure de divorce.
En tous les cas, le clandestin se pointerait au SPOP pour déposer une telle demande? «C’est se jeter dans la gueule du loup», s’exclament les défenseurs des clandestins:

C'est le peuple qui aura le dernier mot

Lire l'article dans la Libert�

Asile, étrangers: le peuple aura le dernier mot

Lire l'article de Valérie de Graffenried dans le Temps

Editorial de Marco Gregori du Courrier

La digue contre la blocherisation

Marco Gregori est le premier éditorialiste à publier son texte à minuit juste, le voici tout chaud:

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SuisseLe 16 décembre 2005, la Confédération aurait-elle touché le fond? Un abîme dont on ne peut que remonter? Le dépôt hier des deux référendums contre la loi sur les étrangers (LEtr) et celle sur l'asile (LAsi), précisément votées par les Chambres fédérales en fin d'année dernière, ouvre un espoir dans ce sens. 164000signatures contre les deux textes législatifs, soit 90000 contre la LAsi et 74000 contre la LEtr. Comme abondance de bien ne nuit pas dans ce cas, la nouvelle est excellente.
Elle l'est d'une part parce que la récolte des signatures s'annonçait ardue. D'autre part, ce bon résultat marque peut-être un sursaut, voire –pourquoi pas?– un retournement de l'opinion publique. Alors qu'au départ, beaucoup voyaient ces référendums comme un acte de résistance mais n'osaient imaginer une victoire en votation populaire, on est désormais en droit de se dire que la «blocherisation» des esprits peut être stoppée.
Certes, la plus grande vigilance s'impose. D'autant que l'UDC ne lésinera pas sur les moyens pour exploiter son fonds de commerce favori: la peur de l'autre. Le communiqué de presse que le parti populiste a publié sitôt les référendums déposés est d'ailleurs éclairant par ses mensonges. On y parle «d'amélioration» par les Chambres des lois sur l'asile et sur les étrangers. On y prétend que la première «répond toujours au principe selon lequel une personne trouve accueil et protection en Suisse si elle est menacée». Et on y vante «un instrument utile contre les abus croissants dans le droit d'asile et contre les injustices qui en résultent à l'égard des vrais réfugiés».
Faut-il donc encore rappeler les atteintes à la dignité humaine que représentent ces deux textes? En vrac: emprisonnement jusqu'à deux ans d'un étranger qui refuse de collaborer à son expulsion, suppression de l'aide sociale pour les requérants déboutés, refus d'entrer en matière face à un demandeur d'asile dépourvu de papiers d'identité, et la liste n'est guère exhaustive. Surtout, les arguties de l'UDC sur les vrais et faux réfugiés ne constituent qu'un paravent qui ne devrait plus tromper personne. En témoignent les propos du conseiller fédéral Blocher à l'égard de deux Albanais qu'il a traités de criminels au motif qu'ils sont recherchés dans leur pays d'origine. Quand bien même ces deux personnes ont pu démontrer aux autorités responsables de l'octroi de l'asile qu'elles y avaient parfaitement droit.
Fort à propos, la présidente du PDC suisse Doris Leuthard expliquait hier à nos collègues de L'Illustré que M.Blocher «ne démontre pas la rigueur nécessaire» dans un domaine aussi sensible que l'asile. Alors pourquoi diable le PDC, au même titre que le Parti radical, a-t-il voté les deux lois inspirées par le conseiller fédéral UDC?
Dans ces deux partis, pourtant, des voix dissonantes commencent à se faire entendre. Peu probable qu'elles parviennent à modifier les prises de position de leurs directions. Mais elles permettront de rééquilibrer un tant soit peu le rapport de force et inciteront peut-être certains à sortir de leur réserve. Comme la conseillère fédérale socialiste Micheline Calmy-Rey, qui ne manque pas une occasion de rappeler à l'étranger la vocation humanitaire de la Confédération, et dont on dit qu'elle jouit, en Suisse, d'une grosse cote de popularité.

Amnesty International se réjouit de l’aboutissement des deux référendums

Lire le communiqué d'Amnesty

la Suisse, c'est nous - Appel


la Suisse, c'est nous - Appel

la prochaine grande manifestation nationale aura lieu à Berne à l'occasion de la journée des réfugiés

jeudi 6 avril 2006

OSAR-suggestions concernant la loi sur l’usage de la contrainte

OSAR-suggestions concernant la loi sur l’usage de la contrainte

Das Volk hat das letzte Wort

Das Volk hat das letzte Wort�(Schweiz, NZZ Online)

La NZZ est le premier journal papier du pays a annoncer le dépôt des référendums

Débat sur Forums: référendum contre la loi sur l'asile et les étrangers


Les référendums contre les nouvelles lois sur l'asile et sur les étrangers ont récolté 164'000 signatures et ont été déposés à Berne. Les deux modifications de loi sont principalement combattues par la gauche, mais certains membres des partis bourgeois s'affichent ouvertement contre les durcissements introduits dans les deux textes.
Débat entre Yvan Perrin, conseiller national UDC neuchâtelois, et Claude Ruey, conseiller national vaudois et président du Parti libéral suisse.
Claude Ruey y relève tous les mensonges et les amalgames de l'UDC.

Ecoutez ce débat sur la Première

Regardez la séquence du TJ soir

Regardez l'entretion accordé à Darius Rochebin par Ruth Dreifuss lors du journal télévisé Darius Rochebin y démontre un art consommé pour reprendre les pires préjugés xénophobes agités par l'UDC

Bâle, soutien à la famille Martinez



La famille Martinez est originaire de l'Ecuateur et vit avec ses 4 filles entre 7 et 15 ans dans le canton de Bâle-Ville sans statut légal. Les parents ont grandi dans la misère des quartiers les plus pauvres de Quito. Quand la dernière fille est née, il ne restait plus d'autre solution que l'émigration. La famille s'est trouvée dans une situation d'urgence réelle. Les parents ont trouvé du travail à Bâle et un peu de stabilité. Trois ans plus tard, ils ont fait venir leurs filles. Pour elles, la situation était devenue impossible en Ecuateur en raison de la séparation et du père biologique des deux filles aînées qui les menacait de plus en plus. Elles vivaient avec une angoisse permanente et grandissante.

Depuis trois ans, les filles fréquentent l'école publique à Bâle. Madame Martinez était contrôlée en décembre 2005 par la police lorsqu'elle rentrait du travail comme femme de ménage. Une demande de permis humanitaire était déposée. Une fois de plus, la police des étrangers de Bâle-Ville prend une décision négative et la famille aurait du se présenter aujourd'hui au contrôle des habitants pour discuter la date de sortie du pays.
La famille a décidé de sortir de l'ombre et de lutter pour un statut légal en Suisse lui permettant de vivre normal. La famille n'a plus rien à perdre. Un "Komitee Pro Familie Martinez" a été créé et l'église catolique de Bâle offre à la famille un refuge. Aujourd'hui, lors d'une conférence de presse, le grand public a été informé.
La protéction de la famille passe (à part la protection symbolique de l'église) par une mobilisation maximal de la société civil. Nous avons donc besoin du soutien d'un nombre maximal d'individus, mais également la prise de position d'organisation en faveur de la famille. Merci de faire circuler cet e-mail! En même temps nous vous informons que demain, une réunion ouverte à toutes personnes interessées aura lieu:

Assemblée: Vendredi, 7.4.06, 17:30h, Kirchgemeinde St.Anton, Sigristensaal,Kannenfeldstrasse 35 (cour interieure), Bâle


Vous pouvez envoyez des message de soutien à martinezbleiben@gmx.ch ou bien
par courrier: Familie Martinez, c/o Jan Bernadic, Kannenfeldstrasse 35,
Postfach 138, 4012 Basel

Pierre-Alain Niklaus
www.sans-papiers-basel.ch

Pour le droit des étrangers et des réfugiés


Lire cet éclairage de swissinfo

Les référendums sont déposés


Lire la dépêche de l'agence AP

Lire le dossier de la Première

Lire la dépêche de l'ATS sur le site de la TSR

Ecoutez la séquence radio diffusée sur la Première avec Ruth Dreifuss

Voir la séquence du Journal de midi avec l'interview de Ruth Dreifuss

L'appel aux urnes

Lire l'article de Valérie de Graffenried dans le Temps

François Couchepin dans le Temps "Il faut lutter contre l'anesthésie des consciences"

Lire l'article de Sylvie Arsever dans le Temps

Communiqué de presse du Carrefour NEM et de la Plate-Forme Asile Migration,

mercredi 5 avril 2006

Ruth Dreifuss: "Défendre les droits humains, c'est défendre les intérêts de la Suisse!"


Lire cet article d'InfoSud

C'est trop simple de parler de Lex Blocher�


Lire l'article du Temps "la deuxième vie politique de Ruth"
Regardez la remarquable émission Mise au point du 10 mars 2006
Ecoutez l'interview sur la Première
Lire cet interview de Ruth Dreifuss dans le Courrier
Lire aussi Itw accordée à Infosud
Itw du 3 avril dans le Courrier
Dossier de Swissinfo
Itw dans Le Temps du 1er avril avec Valérie de Graffenried
Article d'Antoine Grosjean dans 24heures
Carte blanche à Ruth Dreifuss dans Terre Nouvelle de mai-juin 2006
Interview de Ruth Dreifuss dans 24heures et la TdG le 1er Juillet
Ruth Dreifuss à la soupe est pleine sur La Première

L'ex conseillère fédérale préside le comité chapeautant le double référendum qui vient d'aboutir contre les Lois sur l'asile et les étrangers. Et considère que la responsabilité collective de celle et ceux qui lui ont succédé au gouvernement est engagée dans la blochérisation des esprits.

Sans toujours rencontrer le succès souhaité, Ruth Dreifuss s'est battue pour faciliter l'accès de toutes et tous à la retraite. Mais à 66 ans, elle ne semble pas pressée de jouir de la sienne. A entendre le nombre de coups de téléphone qui viennent interrompre la conversation dans son appartement des Pâquis, on se croirait toujours au Palais fédéral.
Multipliant les mandats et les activités, l'ancienne conseillère fédérale vient d'accepter un nouvel engagement: elle lancera demain, à Berne, la campagne contre les Lois fédérales sur l'asile et les étrangers, à l'occasion du dépôt à la Chancellerie du double référendum. Une campagne dans laquelle elle s'investira jusqu'à la votation du 24 septembre en qualité de présidente du comité national pour le double non. Rencontre d'une militante qui fourbit ses armes.
Comment interprétez-vous le ralliement du centre droite aux thèses de l'UDC en matière de politique migratoire?
– Je l'explique notamment par une profonde méconnaissance des réalités, particulièrement concernant la Loi sur les étrangers. Dire que notre politique migratoire doit être orientée en fonction des besoins de notre économie n'est pas choquant en soi. Mais encore faudrait-il connaître ces besoins. Le nombre de ménages qui sont contraints de recourir à des gardes d'enfants ou des aides à domicile venant d'Amérique latine ou des Philippines ne peut être nié. Leurs besoins font aussi partie de ceux de notre économie. Si Genève s'active à trouver une solution pour ses 5000 travailleurs clandestins actifs dans le secteurs domestique, c'est que ce canton s'est livré à une analyse des besoins réels de son économie. Vouloir faire fi de cette réalité, c'est être bien presbyte.
Une autre chose me heurte dans cette loi: l'idée de n'accepter comme migrants extra-européens que ceux ayant acquis un haut degré de qualification. C'est une forme d'écrémage de l'intelligentsia des pays les moins développés qui est extrêmement choquante. Et totalement contraire à ces discours nous expliquant que pour réduire l'immigration en provenance du Sud, la Suisse doit veiller à ses politiques d'aide au développement...


Au delà des questions économiques, la Loi sur les étrangers vous choque-t-elle aussi sur un plan humain?
– Bien entendu. Il faut rappeler que c'est elle qui fixe le nouveau délai des mesures de contrainte, qui permettra de détenir un étranger jusqu'à deux ans en vue de son expulsion. Des délinquants avérés sont rarement emprisonnés aussi longtemps.»
Un autre point doit être rappelé concernant la Loi sur les étrangers: l'article limitant le regroupement familial aux enfants de moins de douze ans. En empêchant ces enfants de rejoindre leur famille, on les prive du droit à l'éducation, on les condamne à l'isolement dans leur pays d'origine. Les partis qui prétendent défendre la famille devraient y réfléchir... Mais si le centre droit s'est massivement rallié à ces deux lois aux Chambres, je reste optimiste quant à la base des partis bourgeois. Je vois avec satisfaction de nombreuses personnalités du centre droite prendre position contre ces deux lois, ou en tout cas contre celle sur l'asile. Beaucoup de gens de bonne volonté soulignent qu'ils auraient honte de leur pays si ces deux lois venaient à passer, et glisseront un ou deux «non» dans l'urne.


Vous croyez donc pouvoir gagner ces deux référendums?
– Evidemment. Il ne faut jamais partir perdant. De toute manière, il y a des combats qu'on ne peut pas ne pas mener. J'ai toujours été de ces luttes, j'en suis toujours et j'en resterai tant que je le pourrai.
Vous présidez un comité référendaire combattant deux lois appuyées par le gouvernement dont vous faisiez partie jusqu'à fin 2002. Un geste plutôt rare émanant d'un ancien membre du Conseil fédéral. Qu'est-ce qui l'a motivé?
Ruth Dreifuss: Il y a différentes façons de faire de la politique. J'ai été citoyenne et magistrate. On peut démissionner de la seconde fonction, mais pas de la première... Je reste donc citoyenne, et continue à m'engager pour une politique suisse et internationale qui corresponde à mes convictions profondes. On touche ici à des questions auxquelles je suis d'autant plus attachée que j'ai assisté à la naissance de notre Loi sur l'asile dans les années 1980, que j'ai milité pour cette loi, contre ses démantèlements. Il est donc cohérent que je mène ce combat jusqu'au bout.


Vous ne vous sentez pas astreinte, comme ancienne conseillère fédérale, à une certaine retenue?

– Non, et ce d'autant moins que j'ai participé très activement au Conseil fédéral aux premiers travaux sur cette révision. Il n'était alors pas du tout question des durcissements introduits par la suite, et qui sont au coeur du référendum.


Ces modifications ont du reste été introduites en cours de travail parlementaire, entre le premier débat au National et celui au Conseil des Etats. Qu'est ce que ça vous inspire?
– J'ai été très choquée de voir Christoph Blocher venir dire au National que ses débats importaient peu, qu'il allait retravailler le projet. Mais j'ai été encore plus attristée de voir le Conseil fédéral reprendre la plupart de ces propositions à son propre compte, puis le Parlement s'y rallier. Il y a là une responsabilité collective très lourde. C'est pour ça que je refuse de parler de «Lex Blocher». C'est toujours trop simple de désigner un seul coupable...


En 2002, le Conseil fédéral, dont vous faisiez encore partie, combattait d'ailleurs une initiative de l'UDC sur l'asile moins dure, sur de nombreux points, que la Loi qu'il soutient aujourd'hui. Que s'est il passé?
– Il est très difficile pour moi de répondre à cette question. J'ai toujours été attachée à la continuité en politique, à la constance sur un certain nombre de valeurs. Là, je dois bien admettre que je ne les distingue plus... Mais au-delà des causes profondes, je crois que le changement de personnes au Conseil fédéral, où trois nouveaux membres sont entrés depuis 2002, explique beaucoup de choses.


Vous seriez-vous vous même engagée publiquement contre ces deux lois si vous étiez toujours au Conseil fédéral?
– Il ne m'appartient pas de faire de la politique fiction...


Vos deux camarades socialistes qui y siègent sont en tous les cas bien silencieux. N'y a-t-il pas un moment à partir duquel un conseiller fédéral doit invoquer sa conscience?
– Je ne veux pas faire des commentaires sur ce point.


Revenons donc au fond du débat. De nombreuses voix estiment que la nouvelle Loi sur l'asile viole les engagements internationaux pris par la Suisse. Vous partagez cette analyse?
– C'est difficile à affirmer sur un plan strictement juridique. Les modifications apportées, notamment celle qui précise qu'une demande d'asile pourra être examinée si le requérant peut invoquer des motifs valables pour lesquels il n'a pas de papiers d'identité, offrent des échappatoires. Mais dans l'esprit, cette loi me paraît clairement violer la convention de 1951 sur les réfugiés. Cette question des papiers d'identité est centrale: j'ai moi-même pu constater que les gens fuyant certains régimes dictatoriaux n'avaient pas les moyens d'obtenir un passeport. La Suisse fait un déni de réalité. On pourrait dire que les requérants ont toujours tort: le Birman expulsé de Suisse en 2004 pour être condamné à 19 ans de prison avait ainsi vu le refus de sa demande d'asile motivé par le fait qu'il n'était pas persécuté, puisqu'il avait pu obtenir un passeport...

Comment interprétez-vous le ralliement du centre droite aux thèses de l'UDC en matière de politique migratoire?

– Je l'explique notamment par une profonde méconnaissance des réalités, particulièrement concernant la Loi sur les étrangers. Dire que notre politique migratoire doit être orientée en fonction des besoins de notre économie n'est pas choquant en soi. Mais encore faudrait-il connaître ces besoins. Le nombre de ménages qui sont contraints de recourir à des gardes d'enfants ou des aides à domicile venant d'Amérique latine ou des Philippines ne peut être nié. Leurs besoins font aussi partie de ceux de notre économie. Si Genève s'active à trouver une solution pour ses 5000 travailleurs clandestins actifs dans le secteurs domestique, c'est que ce canton s'est livré à une analyse des besoins réels de son économie. Vouloir faire fi de cette réalité, c'est être bien presbyte.
Une autre chose me heurte dans cette loi: l'idée de n'accepter comme migrants extra-européens que ceux ayant acquis un haut degré de qualification. C'est une forme d'écrémage de l'intelligentsia des pays les moins développés qui est extrêmement choquante. Et totalement contraire à ces discours nous expliquant que pour réduire l'immigration en provenance du Sud, la Suisse doit veiller à ses politiques d'aide au développement...


Au delà des questions économiques, la Loi sur les étrangers vous choque-t-elle aussi sur un plan humain?
– Bien entendu. Il faut rappeler que c'est elle qui fixe le nouveau délai des mesures de contrainte, qui permettra de détenir un étranger jusqu'à deux ans en vue de son expulsion. Des délinquants avérés sont rarement emprisonnés aussi longtemps.»
Un autre point doit être rappelé concernant la Loi sur les étrangers: l'article limitant le regroupement familial aux enfants de moins de douze ans. En empêchant ces enfants de rejoindre leur famille, on les prive du droit à l'éducation, on les condamne à l'isolement dans leur pays d'origine. Les partis qui prétendent défendre la famille devraient y réfléchir... Mais si le centre droit s'est massivement rallié à ces deux lois aux Chambres, je reste optimiste quant à la base des partis bourgeois. Je vois avec satisfaction de nombreuses personnalités du centre droite prendre position contre ces deux lois, ou en tout cas contre celle sur l'asile. Beaucoup de gens de bonne volonté soulignent qu'ils auraient honte de leur pays si ces deux lois venaient à passer, et glisseront un ou deux «non» dans l'urne.


Vous croyez donc pouvoir gagner ces deux référendums?
– Evidemment. Il ne faut jamais partir perdant. De toute manière, il y a des combats qu'on ne peut pas ne pas mener. J'ai toujours été de ces luttes, j'en suis toujours et j'en resterai tant que je le pourrai. DEy