mercredi 6 octobre 2010

L’Europe et la Libye partenaires contre l’immigration clandestine

La Commission présente aux ministres de l’immigration de l’Union un « accord de coopération » avec la Libye visant à bloquer l’arrivée de migrants en Europe.

D’infréquentable autrefois, la Libye est devenue un partenaire incontournable pour les Européens qui tentent de s’organiser contre l’arrivée de clandestins s’échouant sur les côtes méditerranéennes, notamment à Malte et en Italie. Pendant des années, la Libye a servi de transit à de nombreux migrants d’Afrique subsaharienne.
Après de vaines tentatives dans le passé, la commissaire européenne à la sécurité, Cecilia Malmström, et son collègue chargé du voisinage européen, Stefan Füle, ne reviennent pas les mains vides du pays du colonel Kadhafi. Ils rapportent un « agenda de coopération » couvrant « les racines de l’immigration, la surveillance des frontières et le combat contre le trafic d’êtres humains », a annoncé la commissaire suédoise.

« Un système de surveillance des frontières »

Ce partenariat comprend notamment « des mesures concrètes pour un système de surveillance des frontières » et un « dialogue sur les réfugiés ».
Dans cet accord, la Commission européenne n’insiste pas sur l’adoption par Tripoli de la Convention de Genève de 1951 des Nations unies sur le statut des réfugiés, référence pourtant internationale en matière de droit d’asile et de protection des droits de réfugiés.
À défaut, la Commission se satisferait d’une convention régionale, celle de l’Organisation de l’Union africaine (OUA) de 1969 encadrant les réfugiés en Afrique. La Libye a signé ce texte mais ne l’applique pas. La Commission promet d’inciter Tripoli à le faire.
Les défenseurs des droits des réfugiés restent profondément sceptiques. D’autant plus qu’en juin le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a reçu l’ordre de fermer son bureau en Libye.

L’accord reste encore flou sur le plan financier

« À ce jour, les autorités libyennes ont démontré peu de volonté politique d’établir un solide système des droits humains », estime Martin Watson de la Fédération européenne des associations de défense des réfugiés (Ecre). Pour lui, les programmes de formation de l’UE, le financement et l’assistance technique ne changeront pas cette réalité politique.
L’accord reste encore flou aussi sur le plan financier. D’un côté, la Commission annonce 50 millions d’euros sur deux ans (2011-2013), qu’elle dépensera elle-même, pour financer des projets de surveillance des frontières libyennes et de protection des droits des réfugiés.
Mais Tripoli a réitéré sa demande, qui avait fait sensation fin août, d’une somme de 5 milliards d’euros par an pour « stopper définitivement » l’immigration illégale.

Nathalie VANDYSTADT, à Bruxelles, dans La Croix

Vivre Ensemble, 25 ans de résistance

Il y a 25 ans sortait le premier numéro de la revue Vivre Ensemble. Il y a 25 ans tombaient aussi les premières décisions d'expulsion de Suisse de demandeurs d'asile, résultat de la première révision de la loi sur l'asile.


Vivre Ensemble
a été créée pour mener une bataille de l'information. Bataille contre la démagogie de certains courants, prompts à la stigmatisation des réfugié-e-s et à la simplification des enjeux qui les concernent.
Pour célébrer notre quart de siècle, nous offrons au fil de cette année des éditions spéciales, enrichies de contributions portant un regard rétrospectif et critique sur l’évolution de la politique d’accueil helvétique. Ce premier numéro anniversaire est consacré au processus de démantèlement des droits sociaux des demandeurs d’asile.
Textes à l’appui, l'auteure, Françoise Kopf, met en lumière la stratégie de longue haleine qui a conduit à l’introduction en 2004 de l’aide d’urgence, les effets du déclassement social auquel les requérants d'asile sont soumis, et principalement leur «disparition» sciemment orchestrée.
Bien connue de nos lecteurs, l’auteure, Françoise Kopf, coordinatrice de l'association SOS Racisme à Soleure, l'est aussi des autorités soleuroises et de l’Office fédéral des migrations pour sa ténacité à faire valoir certains droits fondamentaux allègrement violés par les autorités, notamment dans le domaine de l’assurance-maladie.
Vous pouvez télécharger notre édition en cliquant sur http://www.asile.ch/vivre-ensemble/pdf/VE129web.pdf, ou nous demander un exemplaire papier par retour de ce courriel, en spécifiant vos noms et coordonnées postales (gratuit).  
En espérant que ce numéro vous intéressera suffisamment pour en faire profiter vos lectrices/lecteurs, auditrices/auditeurs ou téléspectatrices/téléspectateurs, nous vous adressons nos meilleures salutations.

Communiqué de Sophie Malka,  coordinatrice

vivre ensemble


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Les députés punissent les “mariages gris”

Après la reprise, mardi, de l'examen du projet de loi sur l'immigration, l’Assemblée nationale a voté dans la soirée une mesure qui prévoit de punir les «mariages gris» de sept ans de prison et de 30.000 euros d’amende. Sont visées ces unions où l'un des deux conjoints aurait trompé l'autre sur ses sentiments dans l'objectif d'obtenir un titre de séjour.

Les députés de gauche, comme les députés UMP Etienne Pinte et Françoise Hostalier, ont demandé, en vain, la suppression de cette disposition. «Comment décidera-t-on qu’un étranger a volontairement trompé son conjoint sur ses sentiments?» a demandé le député UMP Etienne Pinte, opposé à la mesure, qui a souligné que «certains couples mixtes sont déjà confrontés à un véritable parcours du combattant».

Claude Greff (UMP), à l’initiative de cette mesure «en faveur des victimes d’escroquerie sentimentale», a mis en garde contre l’existence de réseaux, notamment sur internet, qui organisent ces mariages gris.

«Vous voulez mettre en place une police des sentiments», lui a rétorqué Noël Mamère (Verts).

«Je refuse de soupçonner le seul conjoint étranger quand souvent les motivations du conjoint français ne sont guère avouables», a dit pour sa part Pascale Crozon (PS).

«Vous déresponsabilisez les individus!» a lancé Patrick Braouezec (GDR) qui a remarqué qu’à partir du moment «où il y aura séparation, il y aura suspicion».

«Vous allez créer des situations inextricables», a renchéri Christophe Caresche (PS) qui a fait remarquer qu’il serait «difficile, pour un juge, de prouver que la volonté matrimoniale d’un des conjoints était absente».

Eric Besson a estimé normal que la pénalisation des mariages «gris», définis comme «fondés sur une tromperie volontaire», soit plus sévère que celle des mariages «blancs» où la fraude concerne les deux parties.

Autres cibles : ces étrangers qui «coûtent cher»

L’Assemblée a aussi adopté une proposition du gouvernement qui permettra que soient reconduites dans leurs pays d’origine, les personnes, autorisées à un séjour de moins de trois mois, qui «représentent une charge déraisonnable pour notre système d’assistance sociale».

Le ministre de l’Immigration Eric Besson a fait valoir que sa proposition n’était que la transposition, en droit français, d’une disposition communautaire.

Etienne Pinte a fait remarquer que la directive communautaire prévoyait l’obligation, pour l’Etat, de prouver cette «charge déraisonnable» pour les séjours compris entre trois mois et cinq ans. «Le faire sur une période de trois mois serait contraire au droit communautaire», a-t-il dit. «Vous allez au-delà de la directive européenne», a renchéri Patrick Braouezec (GDR).

Noël Mamère (Verts), comme Christophe Caresche (PS), a souligné que cette disposition visait à «remettre en cause le principe de liberté de circulation des ressortissants européens». «En faisant une nouvelle catégorie de boucs émissaires, vous avez ouvert la boîte de Pandore!», a lancé Mamère en direction d’Eric Besson évoquant des profanations récentes dans des cimetières juif et musulman en Alsace. «Vous êtes dangereux, vous jouez avec le feu!», a ajouté l’élu écologiste de Gironde, accusant le gouvernement d’organiser «des rafles».

Le ministre de l’Immigration a dénoncé «les outrances et mélanges des mots de Noël Mamère». Tiquant sur le mot «rafles», il a souligné que «les personnes reconduites l’ont été sur des vols commerciaux, avec un pécule», alors que les «rafles auxquelles il est fait allusion étaient conduites vers des camps d’extermination!».

Un amendement défendu par Eric Diard (UMP) et voté par l’Assemblée a exclu l’hébergement d’urgence de la charge déraisonnable pour le système d’assurance sociale.

AFP relayé par Libération

Oskar Freysinger indésirable en Belgique

freysinger indésirable Oskar Freysinger provoque des remous en Belgique. En acceptant de participer ce samedi à une conférence sur les minarets organisée par des catholiques radicaux, l'UDC valaisan s'est mis à dos les autorités de Schaerbeek. La conférence a été annulée, mais le conseiller national fera le voyage "au nom de la liberté d'expression".

Les autorités de Schaerbeek, commune voisine de Bruxelles, voient dans la venue d'Oskar Freysinger une provocation à l'encontre des citoyens musulmans qui représentent la moitié de la population de leur ville. La conférence est désormais annulée, mais le Valaisan ira tout de même dans la commune belge défendre la liberté d’expression.

L’organisateur de la conférence "L’Islam: une menace?" a choisi l’UDC valaisan comme orateur, car il est "l'homme qui a stoppé la construction des minarets en Suisse". C’est du moins ainsi qu’Oskar Freysinger était présenté sur l'invitation par Euboco, une petite association se réclamant de valeurs traditionnelles chrétiennes et qui a déjà fait parler d'elle en lançant, en janvier 2005, une pétition qui stigmatisait notamment les musulmans.

La prudence des autorités

Les autorités publiques de Schaerbeek ont rapidement réagi, afin d’empêcher que la conférence ait lieu dans cette configuration-là, car il s'agissait, selon elles, d'une véritable provocation dans une commune qui possède trois minarets et dont la moitié des habitants sont musulmans. Il n'était toutefois pas question d'interdire pour autant cet exposé, au nom du respect de la liberté d'expression.

Annulation pour motif sécuritaire

La conférence a tout de même été annulée, car, toujours selon les autorités, le responsable de la salle, où elle devait se dérouler samedi prochain, a préféré rompre son contrat avec l'association Euboco. Cette dernière craignait en effet de devoir assumer les éventuels dégâts causés par de potentielles manifestations anti-racistes. L'organisateur cherche dès lors une nouvelle salle pour accueillir Oskar Freysinger.

L’UDC valaisan se rendra malgré tout à Schaerbeek samedi. A défaut de s’exprimer sur les minarets, il tiendra une conférence de presse pour dénoncer ce qu'il appelle " une violation de sa liberté d'expression ".

Magali Philip/fv sur le site de la RSR