Lire le commentaire de l'OSAR sur les statistiques de l'asile
D’après les statistiques en matière d’asile publiées aujourd’hui, une décision sur deux prononcée par l’Office fédéral des migrations (ODM) au cours de l’année 2005 a conduit à l’octroi de la protection de la Suisse (asile ou admission provisoire). Quant à l’effectif des personnes relevant du domaine de l’asile, il est aux deux tiers composé de personnes bénéficiant d’une protection.
Avec environ 10'000 demandes d’asile, le nombre des requêtes présentées en Suisse a connu une nouvelle baisse en 2005. Jamais notre pays n’avait enregistré un chiffre aussi bas au cours des vingt dernières années. C’est là un recul qui correspond aux tendances enregistrées au niveau international, en particulier en Europe, où le nombre des demandes d’asile diminue depuis trois ans. Dans ce contexte, on assiste sans cesse à des mouvements de balancier. Ainsi par exemple, les demandes d’asile ont augmenté de 38,7% aux Pays-Bas après que des durcissements massifs de la loi sur l’asile de ce pays aient dans un premier temps engendré une diminution du nombre des requêtes.
samedi 21 janvier 2006
Large coalition pour refuser des lois «honteuses»
Jean-Michel Jacot-Descombes dans 24heures nous donne des nouvelles de la campagne vaudoise contre les lois Blocher.
Diverses personnalités et associations se sont réunies en un comité vaudois pour lancer les référendums contre les lois fédérales sur l’asile et sur les étrangers.
La mobilisation est d’envergure: pas moins de 35 associations, partis politiques, syndicats, Eglises et autres organisations réunis en un comité vaudois. L’objectif? Réunir un maximum de signatures dans le cadre des référendums lancés contre la loi fédérale sur les étrangers (LEtr) et la révision de celle sur l’asile (LAsi). Formellement, 50 000 paraphes doivent être réunis d’ici au 6 avril au niveau national.
Sur le plan vaudois, on a donc décidé de contribuer à la campagne. Outre les organisations, diverses personnalités ont décidé elles aussi d’apporter leur soutien. Avec un message identique: les deux lois bafouent les droits humains. Parmi ces figures vaudoises, on trouve notamment le chansonnier Jacky Lagger, l’humoriste Lova Golovtchiner, le politicien Jacques Neirynck ou encore le photographe Luc Chessex.
Autre personnalité, l’ancien chancelier de la Confédération François Couchepin. En septembre dernier, il avait déjà manifesté publiquement son opposition aux deux lois. Les référendums ayant été lancés, il a donc choisi de continuer à exprimer son opposition. En ne mâchant pas ses mots: «Une loi qui prévoit de laisser des gens mourir de faim est une loi scélérate. Elle est aussi honteuse en permettant d’emprisonner des gens qui n’ont commis aucun délit ou crime mais qui simplement ne coopèrent pas à leur expulsion. Cette loi est enfin félonne par la brièveté des voies de recours qu’elle propose.»
Le site stopexclusion.ch centralise les informations sur cette campagne
Diverses personnalités et associations se sont réunies en un comité vaudois pour lancer les référendums contre les lois fédérales sur l’asile et sur les étrangers.
La mobilisation est d’envergure: pas moins de 35 associations, partis politiques, syndicats, Eglises et autres organisations réunis en un comité vaudois. L’objectif? Réunir un maximum de signatures dans le cadre des référendums lancés contre la loi fédérale sur les étrangers (LEtr) et la révision de celle sur l’asile (LAsi). Formellement, 50 000 paraphes doivent être réunis d’ici au 6 avril au niveau national.
Sur le plan vaudois, on a donc décidé de contribuer à la campagne. Outre les organisations, diverses personnalités ont décidé elles aussi d’apporter leur soutien. Avec un message identique: les deux lois bafouent les droits humains. Parmi ces figures vaudoises, on trouve notamment le chansonnier Jacky Lagger, l’humoriste Lova Golovtchiner, le politicien Jacques Neirynck ou encore le photographe Luc Chessex.
Autre personnalité, l’ancien chancelier de la Confédération François Couchepin. En septembre dernier, il avait déjà manifesté publiquement son opposition aux deux lois. Les référendums ayant été lancés, il a donc choisi de continuer à exprimer son opposition. En ne mâchant pas ses mots: «Une loi qui prévoit de laisser des gens mourir de faim est une loi scélérate. Elle est aussi honteuse en permettant d’emprisonner des gens qui n’ont commis aucun délit ou crime mais qui simplement ne coopèrent pas à leur expulsion. Cette loi est enfin félonne par la brièveté des voies de recours qu’elle propose.»
Le site stopexclusion.ch centralise les informations sur cette campagne
Blocher et ses sbires fanfaronnent...
Lire l'éditorial de Didier Estoppey dans Le Courrier
Christoph Blocher et ses sbires fanfaronnent: les demandes d'asile déposées l'an dernier en Suisse atteignent leur plus pas niveau depuis près de vingt ans (notre édition d'hier). Une baisse que l'Office fédéral des migrations (ODM) attribue aux mesures dissuasives mises en place par le conseiller fédéral.
Il convient d'abord de rendre à une autre candidate à l'asile politique, évincée par le tribun zurichois, ce qui lui revient: c'est la conseillère fédérale démocrate-chrétienne Ruth Metzler qui avait mis en place les mesures privant d'aide sociale les requérants frappés de non entrée en matière (NEM), dont s'enorgueillit désormais son successeur de l'UDC.
Reste la question essentielle: le lien entre ces mesures dissuasives et la baisse des demandes est-il aussi direct que le prétend l'ODM? L'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR) met fortement en doute cette assertion. D'abord parce que cette diminution des requêtes est un phénomène général dans une Europe qui se barricade, même si la baisse (29,4%) est particulièrement marquée en Suisse. La relative stabilisation de la situation politique dans les Balkans et en Turquie, premières régions de provenance de requérants qui ont souvent en Suisse des liens familiaux, peuvent toutefois largement expliquer cette situation.
Mais aussi parce que les migrations ont toujours suivi une dynamique qui leur est propre. L'exemple des Pays-Bas brandi par l'ODM (+38,7% de requêtes en 2005) fait sourire Yann Golay, porte-parole de l'OSAR: «Les Pays-Bas ont précisément servi de modèle à la Suisse pour durcir sa loi. Après une diminution des demandes dans un premier temps, ils font face aujourd'hui à une nouvelle augmentation. La Suisse peut, elle aussi, s'attendre à un retour de balancier...» Et même si les mesures prises par la Confédération ont certainement contribué à la baisse des demandes d'asile, admet Yann Golay, «c'est au prix de telles atteintes aux droits fondamentaux qu'il n'y a pas lieu d'en être fier».
On est d'ailleurs un peu surpris d'apprendre que le but des mesures prises contre les requérants estampillés NEM est de dissuader les candidats à l'asile en Suisse... A l'origine, ce durcissement avait été présenté comme visant à faire déguerpir ceux qui n'ont rien à faire dans nos vertes prairies. Or, là aussi, on baigne dans le flou le plus total, malgré cinq «rapports de monitoring» publiés sur la question par l'ODM. Les chiffres publiés montrent certes une diminution du temps de séjour depuis que l'on a coupé l'aide sociale aux «NEM». Mais les statistiques ne prennent en compte que ceux qui osent encore prétendre à l'aide minimale d'urgence, malgré le harcèlement auquel ils sont soumis dans de nombreux cantons. Jeudi, on apprenait d'ailleurs que, alors que 3000 déboutés de l'asile ont effectivement quitté la Suisse, ont compte aussi plus de 6000 «départs non officiels». Lisez 6000 nouveaux clandestins continuant à chercher survie en Suisse, grâce à cette usine à sans-papiers qu'est devenue notre politique d'asile.
L'ODM ne s'en glorifie pas moins du fait que les «vrais réfugiés» peuvent continuer à venir frapper à nos portes. Entre admissions statutaires et provisoires, plus de 50% des demandes traitées l'an dernier ont été acceptées. La Serbie-Monténégro, la Turquie, la Somalie, l'Irak et la Russie sont, dans l'ordre, les cinq premiers pays de provenance des requérants arrivés en Suisse en 2005. On se demande dès lors pourquoi la nouvelle Loi sur l'asile, en voie d'être attaquée par référendum, a été construite comme si tout requérant était un dealer potentiel, ou en tous les cas un abuseur en puissance, généralement originaire d'Afrique de l'Ouest.
Christoph Blocher et ses sbires fanfaronnent: les demandes d'asile déposées l'an dernier en Suisse atteignent leur plus pas niveau depuis près de vingt ans (notre édition d'hier). Une baisse que l'Office fédéral des migrations (ODM) attribue aux mesures dissuasives mises en place par le conseiller fédéral.
Il convient d'abord de rendre à une autre candidate à l'asile politique, évincée par le tribun zurichois, ce qui lui revient: c'est la conseillère fédérale démocrate-chrétienne Ruth Metzler qui avait mis en place les mesures privant d'aide sociale les requérants frappés de non entrée en matière (NEM), dont s'enorgueillit désormais son successeur de l'UDC.
Reste la question essentielle: le lien entre ces mesures dissuasives et la baisse des demandes est-il aussi direct que le prétend l'ODM? L'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR) met fortement en doute cette assertion. D'abord parce que cette diminution des requêtes est un phénomène général dans une Europe qui se barricade, même si la baisse (29,4%) est particulièrement marquée en Suisse. La relative stabilisation de la situation politique dans les Balkans et en Turquie, premières régions de provenance de requérants qui ont souvent en Suisse des liens familiaux, peuvent toutefois largement expliquer cette situation.
Mais aussi parce que les migrations ont toujours suivi une dynamique qui leur est propre. L'exemple des Pays-Bas brandi par l'ODM (+38,7% de requêtes en 2005) fait sourire Yann Golay, porte-parole de l'OSAR: «Les Pays-Bas ont précisément servi de modèle à la Suisse pour durcir sa loi. Après une diminution des demandes dans un premier temps, ils font face aujourd'hui à une nouvelle augmentation. La Suisse peut, elle aussi, s'attendre à un retour de balancier...» Et même si les mesures prises par la Confédération ont certainement contribué à la baisse des demandes d'asile, admet Yann Golay, «c'est au prix de telles atteintes aux droits fondamentaux qu'il n'y a pas lieu d'en être fier».
On est d'ailleurs un peu surpris d'apprendre que le but des mesures prises contre les requérants estampillés NEM est de dissuader les candidats à l'asile en Suisse... A l'origine, ce durcissement avait été présenté comme visant à faire déguerpir ceux qui n'ont rien à faire dans nos vertes prairies. Or, là aussi, on baigne dans le flou le plus total, malgré cinq «rapports de monitoring» publiés sur la question par l'ODM. Les chiffres publiés montrent certes une diminution du temps de séjour depuis que l'on a coupé l'aide sociale aux «NEM». Mais les statistiques ne prennent en compte que ceux qui osent encore prétendre à l'aide minimale d'urgence, malgré le harcèlement auquel ils sont soumis dans de nombreux cantons. Jeudi, on apprenait d'ailleurs que, alors que 3000 déboutés de l'asile ont effectivement quitté la Suisse, ont compte aussi plus de 6000 «départs non officiels». Lisez 6000 nouveaux clandestins continuant à chercher survie en Suisse, grâce à cette usine à sans-papiers qu'est devenue notre politique d'asile.
L'ODM ne s'en glorifie pas moins du fait que les «vrais réfugiés» peuvent continuer à venir frapper à nos portes. Entre admissions statutaires et provisoires, plus de 50% des demandes traitées l'an dernier ont été acceptées. La Serbie-Monténégro, la Turquie, la Somalie, l'Irak et la Russie sont, dans l'ordre, les cinq premiers pays de provenance des requérants arrivés en Suisse en 2005. On se demande dès lors pourquoi la nouvelle Loi sur l'asile, en voie d'être attaquée par référendum, a été construite comme si tout requérant était un dealer potentiel, ou en tous les cas un abuseur en puissance, généralement originaire d'Afrique de l'Ouest.
Pourquoi Verts et socialistes ne mènent pas la même campagne sur l'asile et les étrangers
Lire l'article de Valérie de Graffenried dans le Temps
Extrait:
PS et Verts n'adoptent pas la même stratégie de campagne. Le PS préfère mettre toute son énergie sur le dossier «asile», alors que les Verts jugent plus adéquat de combattre les deux «lex Blocher» ensemble.
Pour le PS, lancer le référendum contre la loi sur l'asile s'imposait: ... Le PS parle de droits fondamentaux bafoués, déplore particulièrement la suppression de l'aide sociale à tous les requérants déboutés. En ce qui concerne la LEtr, le PS est plus hésitant. Il y a une année encore, la majorité des socialistes alémaniques du parlement la jugeaient d'ailleurs acceptable...
Les Verts balaient cet argument. «On ne peut pas combattre la LAsi au nom des droits de l'homme sans s'attaquer en même temps à la LEtr! Les deux textes relèvent de la même logique xénophobe et d'exclusion: la LEtr n'hésite pas à traiter les 700000 migrants qui ne proviennent pas de l'UE comme des êtres de seconde classe.
Extrait:
PS et Verts n'adoptent pas la même stratégie de campagne. Le PS préfère mettre toute son énergie sur le dossier «asile», alors que les Verts jugent plus adéquat de combattre les deux «lex Blocher» ensemble.
Pour le PS, lancer le référendum contre la loi sur l'asile s'imposait: ... Le PS parle de droits fondamentaux bafoués, déplore particulièrement la suppression de l'aide sociale à tous les requérants déboutés. En ce qui concerne la LEtr, le PS est plus hésitant. Il y a une année encore, la majorité des socialistes alémaniques du parlement la jugeaient d'ailleurs acceptable...
Les Verts balaient cet argument. «On ne peut pas combattre la LAsi au nom des droits de l'homme sans s'attaquer en même temps à la LEtr! Les deux textes relèvent de la même logique xénophobe et d'exclusion: la LEtr n'hésite pas à traiter les 700000 migrants qui ne proviennent pas de l'UE comme des êtres de seconde classe.
Blocher ranime ses troupes
Lire l'article de Anne Fournier dans Le Temps
Extrait:
...Requérants raillés
L'Albisgüetli a donc retrouvé l'orateur qui y a fourbi ses armes politiques. En 2005, Christoph Blocher était resté à l'arrière-plan. Cette année, il a fallu remplir les trous, le président de la Confédération Moritz Leuenberger ayant décliné l'invitation et l'UDC zurichoise étant à la recherche d'un chef. Et l'on sait que Christoph Blocher aime parler, surtout devant un public conquis. Le conseiller fédéral est ainsi revenu sur une visite surprise qu'il a faite au centre d'accueil de requérants d'asile de l'aéroport de Zurich. Là où d'habitude aucun ministre de la Justice ne se rend, a-t-il soutenu. Or, Ruth Metzler avait déjà effectué pareille visite.
Devant quelque 1500 auditeurs, le Zurichois a tourné en ridicule – avec un «tsunami, tsunami, tsunami» méprisant – trois Tamouls rencontrés au centre d'accueil, en provenance de Colombo et déposant une demande d'asile suite à la catastrophe. «Le tsunami a dévasté la côte opposée à Colombo. Demander l'asile pour cette raison est aussi absurde que si des personnes habitant l'Oberland zurichois déclaraient un sinistre à leur assurance suite à une inondation au Tessin...
Lire aussi la dépêche de l'ATS
Ecoutez la séquence de Forum sur La Première
La politique européenne d'asile - un long chemin vers nulle part
Lire l'article de l'excellente revue Newropeans
Extrait du point de vue de Harald Greib
...Mais quelle est la réalité de la politique d'asile en Europe aujourd'hui (après 13 ans de tractations au plus haut niveau)?
Le sort d'un demandeur d'asile est décidé par une sorte de loterie - dans un Etat membre, la même personne aurait une forte chance d'être acceptée en tant que réfugié selon la Convention de Genève, dans un autre, cette chance serait égale à nulle. Si on accepte le principe que la Convention de Genève n'accorde pas au demandeur d'asile le droit de choisir son pays d'accueil, les états signataires de cette Convention devraient être sous l'obligation d'appliquer la même interprétation du terme de "réfugié". Mais bien évidemment, les Nations Unies et son institution compétente, le Haut Commissaire pour les réfugiés sont politiquement trop faibles pour imposer une définition identique dans tous les états...
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