mercredi 29 juin 2011

Uri pose ses conditions à l'ouverture d'un centre d'accueil pour requérants

Le canton d’Uri pose ses conditions pour ouvrir un centre d’accueil de requérants d’asile d’une capacité de 90 places à Wassen. Il estime que les baraquements militaires prévus sur le site de Wattingen posent des problèmes en matière d’alimentation en eau et d’épuration des eaux. C’est la raison pour laquelle il refuse d’entrer en matière aussi longtemps que l’Office fédéral des migrations (ODM) n’aura pas résolu ces questions.

Une rencontre entre les instances concernées a eu lieu lundi à Wassen. Y ont participé des représentants de l’ODM, du propriétaire des lieux Armasuisse, de la commune et du canton d’Uri, a précisé mardi la Direction cantonale de la santé, des affaires sociales et de l’environnement. Or, des questions ne sont toujours pas résolues pour l’hébergement de 90 requérants d’asile sur le site de Wattingen, a-t-elle constaté.

Les problèmes concernent essentiellement l’approvisionnement en eau et l’évacuation des eaux. A l’heure actuelle, la mise à disposition des installations militaires ne peut être assurée que de manière restreinte et en prenant des mesures spéciales car l’alimentation en eau de cette partie du village est déjà à peine suffisante. A cela s’ajoute une capacité limitée d’épuration des eaux en particulier durant la période estivale de haute activité touristique. Il faut donc s’attendre à de sérieux problèmes pour l’hébergement de personnes supplémentaires, soulignent les autorités uranaises.

C’est à l’ODM d’éclaircir les questions encore pendantes. Le canton d’Uri et la commune de Wassen attendent donc de l’office qu’il leur montre avec quelles mesures d’assainissement l’hébergement de requérants d’asile est réalisable. Aucun requérant d’asile ne sera hébergé à Wattingen avant que ces questions ne soient résolues, ont décidé les autorités uranaises.

AP et 24 Heures

mardi 28 juin 2011

Nouvelles de Fahad

Bonjour,

Je ne vous ai pas donné beaucoup de nouvelles de Fahad depuis bien longtemps. À sa demande, ses proches sont volontairement restés discrets sur sa procédure d’asile en Suède. Après l’acharnement des autorités suisses sur son cas, Fahad redoutait que la médiatisation de ses mésaventures ne nuise plus qu’elle ne lui serve. Nous n’avons pas lâché le morceau pour autant!

Comme nous le redoutions depuis son expulsion de Suisse, la Suède n’a pas accordé le statut d’asile, même provisoire, à Fahad. Ni à lui, ni à des milliers d’autres Irakiens menacés. Rappelons que la Suède, estimant que l’Irak est un pays sûr, renvoie à tour de bras ses requérants d’asile Irakiens. Et que la Suisse n’a pas hésité à expulser par la force, en vertu des accords de Dublin, Fahad en Suède, son premier “pays d’accueil” en Europe.

Pourtant sur son site, notre département fédéral des affaires étrangères met en garde toute personne qui souhaite se rendre en Irak: “En dépit du transfert du pouvoir aux autorités irakiennes, le pays manque toujours de structures stables. La situation reste confuse et la sécurité n'est pas assurée. Les risques d'enlèvement et d'attentats terroristes sont élevés.

Suite à la décision négative des autorités suédoises, Fahad a dû réagir très vite. Il risquait du jour au lendemain d’être arrêté, mis de force dans un avion et livré pieds et poings liés aux autorités de Bagdad. Après son incarcération dans les geôles zurichoises qui lui ont laissés de profondes séquelles psychologiques, Fahad redoutait plus que tout d’être à nouveau privé de liberté. Pour sauver sa vie, il a fui la Suède pour rejoindre celle qu’il aimait en Suisse.

La peur au ventre, Fahad a traversé à nouveau l’Europe. Un parcours semé d’embûches parce nos gouvernements n’hésitent plus à mettre en prison comme de vulgaires criminels ceux qui ont fui les persécutions et la guerre. On compte près de 250 centres de rétention sur le territoire de Schengen – dont 28 en Suisse – où croupissent à l’abri des regards plus de 40'000 hommes, femmes et enfants pour la seule raison qu’ils ont demandé l’asile ou qu’ils sont sans papiers.

Fahad a eu de la chance, il est s’en est sorti. C’est un homme intègre. Depuis sa fuite d’Irak en 2007, il ne s’est jamais écarté de la loi lors de sa procédure d’asile. Menacé de mort dans son pays pour avoir travaillé comme traducteur pour les Américains, il voulait qu’on lui reconnaisse le droit d’être protégé le temps que son pays retrouve la paix.

Il y a longtemps que Fahad voulait unir sa vie avec l’élue de son cœur, mais il ne voulait pas que la moindre suspicion de mariage blanc vienne souiller leur amour. Mais le temps pressait car au premier janvier de cette année, une loi allait interdire toute union en Suisse avec un requérant d’asile débouté ou un sans papier. Après 15 mois de procédure kafkaïenne, Fahad s’est marié en décembre dernier à Lausanne avec Marie, sa fiancée suisse et obtenu le droit de mener enfin une vie normale.

Quelle fête ! Une centaine d’amis ont célébré à l’hôtel de ville de Lausanne dans la joie et les larmes de bonheur le commencement d’une nouvelle vie. Les parents de Fahad, restés malgré eux à Bagdad, ont offert la robe de mariée. La belle Marie, rayonnante, semblait sortie d’un conte des Mille et Une Nuits. Le père de la mariée, la gorge nouée, a fait l’éloge de son gendre en le comparant à Sinbad le marin parti comme lui de Bagdad pour chercher sa bien-aimée. Des jeunes mariés ou de ceux qui ont protégé Fahad, impossible de savoir qui étaient les plus heureux.

Fahad a repris ses études d’ingénieur abandonnées quatre ans auparavant. Puisse son histoire donner une lueur d’espoir dans les temps sombres que nous traversons.

Merci à tous ceux qui ont soutenu Fahad.

Bien à vous,

Fernand Melgar

fahad et marie

Héros de la forteresse, Fahad est de retour

 

news fahad

24 Heures

lundi 27 juin 2011

Echec scolaire et immigration : l'Insee répond à Guéant

Fait rarissime, l'Institut national de la statistique a officiellement corrigé lundi, dans un communiqué, les chiffres avancés par le ministre de l'Intérieur selon qui les deux tiers des personnes sortant de l'école sans qualification étaient des enfants d'immigrés.

Rétablir officiellement certaines vérités au sujet de l'échec scolaire et des enfants issus de l'immigration. Dans une communication rare de la part de cet organisme rattaché au ministère de l'Economie, l'Insee a tenu à corriger le tir lundi : "La proportion d'enfants d'immigrés parmi les élèves sortis sans qualification de l'enseignement secondaire peut être estimée à environ 16 % pour les enfants de familles immigrées. Si on y ajoute les enfants de familles 'mixtes', cette proportion passe à environ 22 %", explique l'Institut dans un communiqué.

Une clarification directement adressée au ministre de l'Intérieur. Claude Guéant avait suscité une vive polémique en mai dernier en affirmant que les deux tiers des personnes sortant de l'école sans qualification étaient des enfants d'immigrés. Puis, à l'Assemblée, le 25 mai, il a déclaré : "C'est vrai qu'il y a deux tiers des enfants d'immigrés qui se trouvent sortir de l'appareil scolaire sans diplôme". Depuis, les syndicats avaient sommé la direction de l'Insee de corriger les propos successifs de Claude Guéant.

Controverse sur les chiffres

La direction avait d'abord répondu vendredi qu'elle n'avait pas à répondre à des commentaires politiques et qu'elle devait se limiter à diffuser ses documents. Cédant aux pressions des syndicats, elle a finalement décidé de publier un communiqué ce lundi. Le ministre, accusé par l'opposition de stigmatiser les immigrés pour séduire les électeurs d'extrême droite, avait affirmé s'appuyer sur des études de l'Insee et a envoyé plusieurs droits de réponse à des médias qui écrivaient que ses chiffres étaient faux. 

L'Insee précise dans sa communication de lundi que le dossier s'appuie sur une étude de 2005 intitulée "Les immigrés en France" portant sur la scolarité dans l'enseignement secondaire des élèves entrés en sixième en 1995. Dans cette étude, les proportions d'élèves sortis sans qualification de l'enseignement secondaire sont ainsi de 10,7% parmi les enfants de familles immigrées, 6,6% parmi les enfants de familles "mixtes", 6,1% parmi les enfants de familles non immigrées. A la rentrée 1995, près d'un entrant en sixième sur 10 appartenait à une famille immigrée et 6% des élèves vivaient dans une famille "mixte".

TF1news

samedi 25 juin 2011

Immigration : l’Europe se referme comme une huître

L’Union européenne a décidé ce vendredi soir de renforcer de façon drastique les contrôles de l’immigration à ses frontières, mais de façon temporaire et exceptionnelle.

Face à l’arrivée massive de clandestins venus de Tunisie et de Libye, les Vingt-Sept se sont octroyés la possibilité de rétablir des contrôles à leurs frontières nationales en cas de pression exceptionnelle. Cécilia Malmström, la commissaire européenne en charge de l’Asile et des Migrations, s’est inquiétée des risques de dérive sécuritaire, dictée par les partis d’extrême droite et les mouvements populistes de plus en plus actifs dans l’Union européenne.

C’est le Danemark qui avait lancé le mouvement en menaçant de rétablir unilatéralement ses frontières Mais Copenhague dit n’avoir aucune intention de remettre en cause l’espace Schengen dans son principe de libre circulation des personnes. Lars Løkke Rasmussen, le Premier ministre danois : “si les frontières extérieures sont sous forte pression, nous devons pouvoir profiter d’une exception, de façon aussi à ce que les gens continuent de soutenir cette idée générale de Schengen.”

Le président français Nicolas Sarkozy a été le fer de lance de ce repli européen, proposant que les pays d’Afrique du Nord s’engagent à reprendre les migrants partis illégalement de leur territoire.

euronews

Plusieurs centaines de Syriens se réfugient au Liban

Plusieurs centaines de Syriens, pour certains blessés par balles, se sont réfugiés dans la nuit de vendredi à samedi au Liban, selon un responsable des services de sécurité locaux. Cet afflux de réfugiés intervient au lendemain d'une nouvelle journée sanglante en Syrie, où les forces de sécurité ont tiré sur des manifestants, faisant 20 morts d'après des militants des droits de l'homme.

Les réfugiés syriens ont franchi dans la nuit le poste frontière d'Al-Sousaïr dans la région d'Akkar près de Wadi Khaled (nord du Liban), a expliqué un responsables des services de sécurité libanais qui a requis l'anonymat. Six personnes blessées par balles se trouvaient parmi les arrivants et ont été hospitalisées à Akkar, a-t-il ajouté.

Plusieurs milliers de Syriens se sont déjà réfugiés au cours des dernières semaines dans les pays frontaliers, Turquie et Liban. La ville syrienne de Talkalakh, où l'armée est intervenue début juin juin, ne se trouve qu'à quelques minutes de marche de Wadi Khaled.

Les forces syriennes ont ouvert le feu sur des manifestants défilant dans les rues de nombreuses villes du pays contre le régime du président Bachar el-Assad, comme chaque semaine après les prières du vendredi. Selon des militants des droits de l'homme, au moins 20 personnes, dont deux enfants de 12 et 13 ans, ont été tués.

D'après les Comités de coordination locaux qui participent à l'organisation des manifestations, la plupart des victimes ont été recensées dans le quartier de Barzeh à Damas et à Al-Kaswa, un faubourg de la capitale syrienne. Il y a eu également plusieurs morts à Homs, dans le centre de la Syrie.

Des images vidéos des funérailles de trois personnes tuées à Al-Kaswa, mises en ligne samedi par des militants syriens, montraient des dizaines de personnes dans le cortège funèbre, scandant "Dieu est grand" et "Bachar, dégage!".

L'armée a envoyé samedi des renforts à Barzeh, où ils ont installé des barrages routiers et arrêté environ 150 personnes, ainsi que dans les faubourgs d'Al-Kaswa, Zabadani et Bloudan, selon Rami Abdul-Rahman, de l'Observatoire syrien pour les droits de l'Homme, basé à Londres.

Malgré la répression de l'armée, les manifestations pro-démocratie se poursuivent depuis plus de 100 jours en Syrie. Selon l'opposition syrienne, 1.400 personnes ont été tuées depuis le début de l'insurrection à la mi-mars.

Dans le nord de la Syrie, au moins 15.000 personnes ont manifesté sur une autoroute reliant les deux principales villes du pays, Damas et Alep. Plusieurs milliers de personnes ont aussi défilé dans le nord-est du pays, à Amouda et Qamishli, et dans d'autres provinces, selon Mustafa Osso, un militant des droits de l'homme basé en Syrie.

Selon une importante figure de l'opposition syrienne, le dissident Louay Hussein, quelque 200 intellectuels et critiques du régime doivent se réunir lundi à Damas pour discuter des stratégies permettant une transition pacifique vers la démocratie. Ce rassemblement d'une journée sera le premier des opposants au régime basés à Damas, dont bon nombre sont persécutés depuis longtemps par le gouvernement du président Bachar el-Assad.

D'après Louay Hussein, les autorités syriennes n'ont pas soulevé d'objection à cette réunion, qui interviendra une semaine après le discours de Bachar el-Assad dans lequel il avait évoqué le lancement d'un dialogue national sur les réformes politiques.

AP et Nouvel Observateur

La Turquie ouvre un nouveau camp pour les réfugiés syriens

En Syrie, de nouvelles manifestations ont été durement réprimées ce vendredi 24 juin 2011, et les forces de l'ordre ont ouvert le feu. Un bilan fait état d'une quinzaine de morts et de plusieurs dizaines de blessés. Ces violences et la répression qualifiée de «révoltante» par l'Union européenne ce vendredi, entraînent l'exil de milliers de Syriens vers la frontière avec la Turquie. Et le flux ne risque pas de tarir.

A ce rythme, le cinquième camp de réfugiés du Croissant rouge turc sera à son tour vite saturé ; depuis l’irruption des forces syriennes dans le village de Kharbet al Joz, à quelques centaines de mètres du camp de déplacés qui n’attendaient que leur arrivée pour franchir la frontière turque, ce sont 1 578 nouveaux réfugiés qu’il a fallu accueillir.

Alors, comme rien n’annonce la fin des violences en Syrie ni le ralentissement de l’exode, la Turquie poursuit l’installation d’un sixième village de tentes, le plus grand jusqu’à présent, qui pourra recevoir pas moins de 15.000 personnes, à l’est de la ville d’Antakya. En fait, les autorités turques se préparent au pire et prévoient de pouvoir accueillir jusqu’à 250.000 réfugiés, envisageant de nouveaux points de passages plus à l’est, dans les régions kurdes où ont eu lieu des manifestations ce vendredi 24 juin.

La Turquie, qui avait un temps envisagé d’instaurer une zone tampon avec camp d’accueil du côté syrien de la frontière, si le nombre des réfugiés dépassait les 10.000, est maintenant, après l’avancée de l’armée syrienne, bien obligée d’y renoncer, même si elle héberge quelque 12000 Syriens. Ce qui ne va pas apaiser les relations de plus en plus tendues entre Ankara et Damas.

Jérôme Bastion, correspondant de RFI à Istanbul

vendredi 24 juin 2011

38'000 personnes dans le processus d'asile

Trente-huit mille personnes sont en ce moment dans le processus de demande d'asile. Les uns parlent d'afflux, les autres jugent le terme exagéré par rapport à l'époque des guerres de l'ex-Yougoslavie.

TSR

Asile: les cantons mécontents

txt asile cantons mécontents

teletext

Asile: hausse de 36 % des demandes en une année

txt hausse demandes asile

teletext

Asile: les cantons mécontents du travail du Conseil fédéral

La situation se durcit sur la question de l'asile entre la Confédération et les cantons. Alors que le printemps arabe n'a pas donné lieu à la hausse redoutée des réfugiés, les cantons reprochent à Berne de ne pas remplir son rôle et de se décharger sur eux.

Les représentants de la Conférence ont rencontré en début d'après-midi la conseillère fédérale en charge de l'asile, Simonetta Sommaruga. Les deux parties se sont montrées satisfaites du dialogue et se sont mises d'accord sur le fait que le problème devait être empoigné conjointement.

Les critiques des cantons visent d'abord les centres d'enregistrement et de procédures, dépendant de l'Etat. Ceux-ci devraient traiter en priorité les cas Dublin, représentant 55% des demandes d'asile, afin de les renvoyer dans le pays où ils ont effectué leur première demande.

Procédures trop lentes

Au lieu de cela, les demandeurs d'asile sont envoyés aux cantons en moyenne 18 jours après leur arrivée en Suisse. Les demandes ne sont transmises aux Etats concernés que deux mois plus tard, et la personne n'est expulsée que plusieurs mois après, entraînant une charge supplémentaire pour les cantons.

Les taux d'occupation des structures d'accueil dépassent les 100% dans plusieurs cantons. Le problème ne vient pas du manque de lits, "mais du fait que les procédures durent beaucoup trop longtemps", a souligné la présidente de la Conférence Karin Keller-Sutter. Pourtant, avec 38'000 demandes, le nombre de requérants en 2011 reste très inférieur à celui de 1999, qui en comptait plus de 104'000.

Renvois impossibles

Une deuxième critique va à l'Office fédéral des migrations, qui ne joue pas son rôle dans l'organisation des vols spéciaux dans les cas de renvois forcés. Actuellement, plus de 5500 personnes doivent être expulsées, mais 68% d'entre elles proviennent de pays avec qui la Suisse ne dispose pas d'accord de réadmission.

Selon le conseiller d'Etat vaudois Philippe Leuba (PLR), de tels accords relèvent aussi de la responsabilité du Département fédéral des affaires étrangères et de celui de l'économie.

ATS

Kantone planen den Aufstand im Asylwesen

Der Vorwurf ist happig: Die kantonalen Polizeidirektoren werfen dem Bund vor, er verschleppe die Verfahren zur Rückschaffung von Asylbewerbern, die aus sicheren Drittstaaten kommen.

asylbewerber

Aus Sicht der Kantone hat der Bund im Asylwesen seine Aufgabe nicht erfüllt. Asylbewerber, die nach dem Dublin-Abkommen ausgeschafft werden können, bleiben heute 18 Tage in der Betreuung des Bundes, bevor dieser sie den Kantonen zuteilt. Den Kantonen geht das zu rasch, wie Karin Keller-Sutter, Präsidentin der Konferenz der kantonalen Justiz- und Polizeidirektoren (KKJPD), am Montag in Bern festhielt.

Für die Kantone ist zudem unerklärlich, warum der Bund in solchen Fällen erst nach zwei Monaten ein Verfahren um eine Rückführung in den Drittstaat einleitet. Bis ein Asylbewerber in den Drittstaat überführt wird, dauert es danach nochmals mehrere Monate, da die Drittstaaten, vor allem Italien, die Verfahrensfristen ausnützen.

In dieser Zeit müssten die Kantone sich um die Menschen kümmern, was Kosten verursache und bei problematischem Verhalten auch zu Sicherheitsproblemen führe, sagte die St. Galler FDP-Regierungsrätin Keller-Sutter. Die verfügbaren Kapazitäten seien in vielen Kantonen aufgebraucht. Die Probleme seien auch nicht nur auf die Gesuche aus Nordafrika zurückzuführen.

Taten statt Worte

Der Bund gebe zwar an, dass er die Dublin-Fälle beschleunigt behandle; davon spürten die Kantone aber wenig, sagte der Berner Polizeidirektor und KKJPD-Vizepräsident Hans-Jörg Käser (FDP). «Wenn das Dublin-Abkommen buchstabengemäss angewendet würde, wäre die Lage heute deutlich besser.»

Damit der Bund seinen Versprechungen nachkommen könne, müsse er rasch mehr Personal in den Empfangszentren für Asylbewerber einstellen, fordern die Polizeidirektoren. Über Asylsuchende aus Dublin-Staaten müsse in einem Schnellverfahren innert weniger Wochen entschieden werden – und sie sollten möglichst nicht auf die Kantone verteilt werden.

Druck aufs Ausland gefordert

Ausserdem müsse der Bund mehr Druck auf die anderen Dublin-Staaten ausüben, damit diese jene Asylbewerber, die bei ihnen ein Verfahren hängig hätten, auch wieder zurücknähmen, sagte der Waadtländer Staatsrat Philippe Leuba (FDP).

Hierfür sei nicht nur das Justizdepartement von Bundesrätin Simonetta Sommaruga (SP) zuständig, sondern der Gesamtbundesrat. Bisher habe die Regierung eine Gesamtstrategie im Asylwesen vermissen lassen. Deshalb stehe die Glaubwürdigkeit des Asylwesens auf dem Spiel.

Berner Zeitung

Des requérants dans les Alpes bernoises

La Confédération pourra placer jusqu’à 230 requérants d’asile ces prochains mois dans des endroits retirés du canton de Berne. Des logements pour militaires sur le col du Jaun et dans la région du col du Brünig seront mis à disposition pour faire face à la pression migratoire en Afrique du Nord.

Le canton de Berne a accepté ces ouvertures à la condition qu’elles se limitent à un maximum de six mois, a déclaré le directeur de la police Hans-Jürg Käser (PLR) dans une interview vendredi à la «Berner Zeitung». Il exige également que d’autres cantons mettent des logements à disposition.

La Confédération n’a reçu jusque là que peu de promesses à ce niveau. D’autres centres devraient bientôt ouvrir dans les cantons d’Uri et des Grisons, a indiqué à l’ats le porte-parole de l’Office fédéral des migrations, Joachim Gross. Les lieux exacts ne sont pas encore connus.

La Conférence des directeurs et directrices des départements cantonaux de justice et police s’est concentrée sur le thème de l’asile depuis le début de la semaine. Certains participants ont fortement critiqué la conseillère fédérale en charge du dossier, Simonetta Sommaruga. Présidente de cette conférence, la saint-galloise Kariin Keller-Sutter donne une conférence de presse cet après-midi.

Brève du Temps

mercredi 22 juin 2011

La société civile apporte son renfort aux requérants d’asile déboutés

Plus de septante personnalités du monde politique, académique, culturel et syndical soutiennent la demande de régularisation collective de 35 requérants.

La Coordination asile migration Vaud (CAMIV) dénonce «l’application restrictive» des possibilités de régularisation par les services du canton, alors qu’une demande de régularisation collective a été transmise hier au chef du Département de l’intérieur, Philippe Leuba.
Elle concerne 35 requérants déboutés et menacés d’expulsion, en faveur desquels la coordination estime que l’article 14 de la loi sur l’asile (qui permet aux cantons de motiver une demande de régularisation auprès de l’Office fédéral des migrations) doit pouvoir s’appliquer. En 2010, une première demande de permis B pour ces «cas de rigueur» avait échoué: un seul dossier avait été admis par le Service cantonal de la population (SPOP).

Prise de conscience
Dans cette nouvelle tentative, les défenseurs des migrants sont désormais moins seuls. Septante-trois personnalités locales appuient en effet leur démarche. Outre une quinzaine d’élus (dont les conseillers nationaux Jacques Neyrinck et Christian Van Singer, la présidente du Parti socialiste vaudois, Cesla Amarelle, et plusieurs députés), on trouve parmi les signataires de l’appel des représentants du monde académique (pas moins de trente professeurs et maîtres d’enseignement de l’Université de Lausanne), de la culture (les chanteurs Michel Bühler, K et Thierry Romanens notamment) et des syndicats.
Pour Graziella de Coulon, de la CAMIV, leur engagement appelle une prise de conscience au sein de la société civile. Cette dernière doit mener une réflexion critique sur la politique d’asile et surtout, proposer des alternatives, à l’heure où un nouveau tour de vis se dessine au niveau fédéral. Des groupes de réflexion se mettent d’ailleurs en place un peu partout en Suisse, observe Graziella de Coulon.

Lecture pointilleuse
Dans sa requête, la coordination conteste l’interprétation actuelle de l’article 14. Alors que la loi lui confère une certaine marge d’appréciation, le SPOP conditionne l’admission des cas de rigueur à une lecture pointilleuse des critères d’entrée en matière. Aux yeux des défenseurs de l’asile, devoir justifier d’un domicile connu durant l’intégralité du séjour dans le canton et démontrer l’intégration sociale de la personne constituent des obstacles souvent insurmontables.

Quinze ans en Suisse
L’installation durable dans le canton constitue en soi un motif valable pour l’octroi d’une autorisation de séjour, estime la CAMIV, alors que l’article 14 prévoit la possibilité d’une régularisation après cinq ans passés en Suisse. En l’occurrence, les 35 personnes figurant sur la liste remise hier ont toutes déposé une demande d’asile depuis plus longtemps.
Parmi elles, Lumturim et Fatmir font figure de vétérans. Originaire du Kosovo, le premier est arrivé en 1995. Employé pendant dix ans par une fromagerie fribourgeoise, il voit sa première demande d’asile refusée en 2006. L’année suivante, il dépose une nouvelle demande, à Vallorbe cette fois. Peu après, installé à Yverdon avec son épouse, il retrouve un emploi de fromager, qu’il devra quitter en 2008 après avoir été définitivement débouté. Ce père de trois enfants, tous nés en Suisse, vit depuis de l’aide
d’urgence.
Venu d’Albanie en 1996, Fatmir est, comme Lumturim, sans-papiers. Débouté en 1998, il n’a depuis lors plus eu l’autorisation de travailler. Sa parfaite maîtrise du français lui a toutefois permis de suivre une formation de traducteur à l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM), pour lequel il officie parfois. Il suit également un programme d’occupation dans la réparation de vélos. Reste qu’après quinze ans en Suisse, et malgré les séquelles d’un accident professionnel, Fatmir aimerait pouvoir trouver un véritable emploi, condition de l’existence normale à laquelle il rêve. «On se sent mieux quand on peut payer soi-même son appartement et ses charges. Au contraire, là, on se sent comme des parasites», lâche-t-il.

Arnaud Crevoisier dans le Courrier

Violences policières à Calais : un rapport et des vidéos

Depuis la fermeture de Sangatte, les militants de No Border, un réseau associatif européen qui lutte pour la liberté de circulation, soutiennent les migrants de Calais : une petite centaine de personnes, venues d'Asie centrale et d'Afrique de l'est, réparties dans différents squats et campements précaires de la ville.

Depuis juin 2009, les No Border ont systématisé le « cop watching », cette pratique qui consiste à surveiller les interventions policières, à les filmer, les consigner, les diffuser.

En avril dernier, Rue89 et Les Inrocks publiaient des vidéos tournées par les No Border. On pouvait voir les policiers, à l'aube, tenter de réveiller les migrants avec de la musique africaine. D'autres images, pas forcément spectaculaires, illustraient le harcèlement quotidien dont peuvent être victimes les migrants : surveillance permanente, utilisation non-justifiée de gaz lacrymogène, etc.

La suite de cet article de Zineb Dryef sur Rue89

mardi 21 juin 2011

Réfugiés, migrants : l'Europe va-t-elle enfin se montrer à la hauteur ?

Pourquoi l'Europe a-t-elle cédé à la peur du migrant en pleine révolution dans le monde arabe ? Le moment est peut-être venu de protéger les réfugiés plutôt que de les repousser.

Il y a quelques semaines à peine, 150 cadavres ont été retrouvés en mer au large des îles Kerkennah (Tunisie). Ces corps étaient ceux de personnes ayant fui le conflit violent en Libye afin de trouver la sécurité en Europe. Leur mort vient alourdir le bilan des réfugiés et des migrants qui ont péri en essayant de rejoindre l’Europe en fuyant l’Afrique du Nord – plus de 1 800 depuis le début de l’année.

L'Europe n'assume pas ses responsabilités

Le problème n’est pas nouveau. Cela fait des années que des réfugiés et des migrants désespérés entreprennent ce même voyage périlleux. Des milliers en sont morts. Mais alors que l’Égypte et la Tunisie, elles-mêmes au cœur de bouleversements politiques, ont tranquillement accueilli des centaines de milliers de réfugiés venus de Libye, les États membres de l’Union européenne (UE) n’ont pris aucune mesure crédible pour tenter d'empêcher que les personnes fuyant ce pays ne périssent en mer.

Évoquant le bilan chaque jour plus lourd des personnes qui périssent en mer, le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Thomas Hammarberg, a déclaré que "l’Europe fait manifestement fausse route lorsqu’elle se préoccupe plus d’empêcher les migrants d’arriver sur ses côtes que de sauver des vies".

Ces États auraient dû renforcer les opérations de surveillance aérienne et de secours en mer afin d’être davantage en mesure d'intervenir pour porter secours aux navires en détresse. Ils disposaient même pour ce faire des moyens de l’OTAN et de Frontex (l’agence de sécurité aux frontières de l’UE). Ils auraient pu également accueillir au titre de la réinstallation des réfugiés vulnérables présents en Tunisie et en Égypte.

Au lieu de quoi, les gouvernements de l’UE se sont polarisés sur les répercussions chez eux et ont déclenché les sirènes d’alarme en voyant arriver en Europe ceux qui avaient survécu à la traversée de la Méditerranée.

Rejeter l'immigration, une attitude devenue monnaie courante

En France, face à nos sollicitations réitérées, le président de la République et le ministre de l’Intérieur restent muets. Les dix dernières années ont vu une érosion progressive de la protection des droits des réfugiés et des migrants en Europe.

Dans un climat d'alarmisme populiste, on a mis en place après le 11 septembre 2001 des politiques sécuritaires au nom desquelles on a bafoué sans vergogne les principes en matière de droits humains et les politiques d’immigration bien pensées.

Le rejet des réfugiés et des migrants est devenu une arme courante dans la bouche de certains responsables politiques et médias, prompts à rendre ces populations responsables de l’augmentation de la criminalité, des risques sanitaires et des problèmes économiques.

Cette Europe qui dans l’histoire a joué un rôle primordial dans la protection des réfugiés, ce continent où la crise provoquée par la Seconde Guerre mondiale a donné naissance au système international de protection des réfugiés, ce continent porte aujourd’hui des coups de boutoir à la protection des réfugiés.

Lampedusa

On n'émigre pas par confort

Les réfugiés sont contraints de quitter leur foyer pour échapper à la persécution et au conflit ; ils risquent leur vie pour trouver la liberté et la sécurité. Ce n’est pas l’appât du gain qui pousse les migrants vers l’Europe. Ces hommes et ces femmes fuient la pauvreté et la misère économique et sont simplement en quête d’une vie meilleure pour eux et pour leur famille.

Ceux qui décrivent les réfugiés et les migrants comme des miséreux cupides, voire criminels, non seulement disent des mensonges, mais de surcroît attisent la haine et la violence. Il n’y a pas lieu de diaboliser la quête de liberté, de sécurité et d’un avenir meilleur de ces hommes et ces femmes, une quête qui trouve forcément un écho en chacun de nous.

Obéissant avant tout à des intérêts politiques et économiques, l’UE n’a fait au fil de ces années que proclamer un attachement de pure forme aux droits fondamentaux des réfugiés et des migrants. Elle a dans le même temps soutenu et financé des politiques abusives de contrôle de l’immigration dans des États comme la Libye, où des réfugiés et des migrants ont été détenus pendant des années dans des conditions inhumaines (et soumis à la torture pour beaucoup d’entre eux), des États qui ont renvoyé des réfugiés dans leur pays d’origine, les exposant ainsi à un risque bien réel de persécution.

Révolutions arabes : l'occasion pour l'Europe de retrouver sa dignité ?

Tout récemment encore – c’était en octobre 2010 –, la Commission européenne signait avec la Libye un "programme de coopération" sur la "gestion des flux migratoires" et le "contrôle aux frontières". Un service payé 50 millions d'euros, jusqu’en 2013. À peine quelques mois plus tard, les gouvernements européens se déclaraient indignés par les violations massives des droits humains et les attaques contre les civils perpétrées par le régime libyen dans le cadre du conflit actuel.

Certes, leur dénonciation est la bienvenue, mais cette attitude met en lumière l’hypocrisie qui sous-tend les politiques de l’UE en matière d’asile et de migration : tout en se posant en défenseure des droits des réfugiés et des migrants, l’UE ferme les yeux sur des pratiques abusives dans le but d’empêcher ces personnes de se rendre en Europe. L’UE, la France et les autres États-membres ont le devoir de protéger les droits des réfugiés et des migrants et de venir à leur secours lorsque leur vie est en danger.

Partout en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, des hommes et des femmes ont eu le courage, souvent en s’exposant à de graves dangers, d’entamer le combat pour le respect de leurs droits. Le temps n’est-il pas venu pour la France et l’Europe de faire honneur à leur courage, simplement en se montrant digne de l’idéal de protection des droits fondamentaux de tous les êtres humains ?

Geneviève Garrigos, Amnesty International, dans le Nouvel Observateur

lundi 20 juin 2011

Racisme: le nombre de cas dénoncés a augmenté en 2010

Les actes racistes dénoncés auprès du Réseau de consultations pour les victimes ont augmenté en 2010, mais plus légèrement que les années précédentes. Une hausse est manifeste notamment pour les personnes de couleur ou pour les cas relevant de l'abus de pouvoir.

Durant l'ensemble de l'année, les sept centres de consultation qui participent au rapport, le troisième du genre, ont répertorié 178 cas relevant effectivement d'un contexte de discrimination raciale, contre 162 en 2009, indique le rapport publié lundi par la Commission fédérale contre le racisme (CFR) et l'association humanrights.ch.

Les incidents rapportés vont du "racisme subtil ordinaire aux blessures corporelles". On constate en outre qu'une part considérable des incidents traités sont associés à une forme latente et vague de xénophobie ou d'intolérance, à la couleur de la peau ou à l'islamisme, soit à des sujets qui ont défrayé la chronique en Suisse l'an dernier.

En 2010, les actes racistes dus à la xénophobie ont été très fréquents, tant de l'avis des victimes (81 fois) que de celui des conseillers du réseau de consultation (72 fois). L'islamophobie a également été signalée à de nombreuses reprises (23 fois).

Les personnes le plus fréquemment victimes de discrimination raciale proviennent d'Afrique subsaharienne (42), d'Europe centrale (26) et d'Afrique du Nord (23).

ATS

Les pays en développement portent le poids des réfugiés

Environ 80 % des réfugiés vivent dans des pays en développement, selon le rapport annuel du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR).

C’est un rapport qui va relancer la polémique, à l’heure où l’Europe ferme ses frontières aux populations en détresse. D’après l’analyse annuelle du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), les pays en développement ont accueilli les quatre cinquièmes des réfugiés dans le monde en 2010. 

Le Pakistan, l’Iran et la Syrie comptent le plus de personnes qui ont fui la guerre ou des persécutions, avec respectivement 1,9 million, 1,07 million et 1,05 million de réfugiés. La plupart s’entassent dans de vastes camps aux frontières de leur pays d’origine, vivant de l’aide des Nations unies.

L’Allemagne, foyer des réfugiés

Parmi les nations industrialisées, l’Allemagne est celle qui dénombre le plus de réfugiés : 572 000. Ils étaient 250 000 à vivre sur le sol français l’an dernier. « Les craintes d’afflux supposés de réfugiés dans les pays riches sont très exagérées ou associées à tort à des problèmes relatifs à la migration, a fait remarquer Antonio Guterres, haut-commissaire aux réfugiés. En attendant, ce sont les pays les plus pauvres qui doivent supporter le plus lourd fardeau. Le monde industrialisé doit corriger ce déséquilibre. Il faut accroître les quotas de places de réinstallation. »

1/3 des « déracinés » viennent d’Afghanistan

Au total, 43,7 millions de personnes sont déracinées à travers le monde, à la suite d’un conflit ou en raison d’un contexte politique. Ce nombre est le plus élevé depuis quinze ans.

Il comprend 15,6 millions de réfugiés proprement dits, 27,5 millions de déplacés à l’intérieur de leur propre pays et près de 850 000 demandeurs d’asile. Certains parmi eux vivent en exil depuis plus de trente ans. « Seulement 197 600 exilés ont pu rentrer chez eux, note le HCR. C’est le nombre le plus faible depuis 1990. »

Les Afghans représentent un tiers de ces déracinés dans le monde (3 millions), suivis par les Irakiens (1,6 million), les Somaliens (770 000), les ressortissants de la République démocratique du Congo (476 000) et de Birmanie (415 700).

Olivier Tallès dans La Croix

Près de 44 M de réfugiés en 2010 (HCR)

Le nombre de réfugiés, demandeurs d'asile et déplacés ne cesse de progresser dans le monde pour atteindre près de 44 millions de personnes en 2010 dont 80% se trouvent, contrairement aux idées reçues, dans des pays en développement, indique aujourd'hui le HCR dans un rapport.

Le document statistique sur les tendances mondiales 2010 du Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés montre ainsi que "43,7 millions de personnes sont déracinées à travers le monde, soit à peu près l'ensemble de la Colombie ou de la République de Corée". Ce chiffre, en progression par rapport à 2009 (43,3 millions), est le plus élevé depuis 15 ans, relève le HCR à l'occasion de la journée mondiale du réfugié. Il comprend 15,6 millions de réfugiés, 27,5 millions de personnes déplacées dans leur propre pays - un record depuis dix ans - et près de 850.000 demandeurs d'asile.

Les Afghans continuent de représenter la majeure partie des réfugiés dans le monde (3 millions), suivis par les Irakiens (1,6 million), les Somaliens (770.200) ainsi que les ressortissants de République démocratique du Congo (476.700) et de Birmanie (415.700). Selon l'organisation basée à Genève, les pays en développement représentent leur première destination, ces derniers accueillant "les quatre cinquième" des réfugiés "à une période où l'hostilité à (leur) égard s'accroît dans de nombreux pays industrialisés". Le Pakistan, l'Iran et la Syrie comptent ainsi "les plus fortes populations réfugiés avec respectivement 1,9 million, 1,07 million et 1,005 million" et en portent le plus lourd poids économique. Comparativement, l'Allemagne, le pays industrialisé qui accueille la plus importante population réfugiée, se situe loin derrière avec 594.000 personnes.

Quant aux requérants d'asile, l'Afrique du sud demeure leur premier choix avec 180.600 demandes enregistrées en 2010, soit un cinquième des demandes mondiales et trois fois plus que celles déposées aux Etats-Unis (54.300) ou en France (48.100). Le Haut commissaire aux réfugiés, Antonio Guterres a ainsi déploré nombre "d'idées fausses sur les mouvements de réfugiés". "Les craintes d'afflux supposé de réfugiés dans les pays industrialisés sont très exagérées ou associées à tort avec des problèmes relatifs à la migration", a-t-il regretté.

AFP et le Figaro

dimanche 19 juin 2011

Incidents antisémites: augmentation des cas au Tessin en 2010

tag antisémiteTrente-quatre actes antisémites ont été recensés en 2010 en Suisse alémanique et au Tessin, indique un rapport. Il s'agit d'une hausse de 25% en comparaison des deux années précédentes. Cette augmentation pourrait toutefois s'expliquer par la notoriété accrue du service d'enregistrement de ce type d'incidents.

Les 34 cas se répartissent en 16 actes "sérieux" et 18 actes "préoccupants et indicateurs", précise le rapport conjoint présenté dimanche par la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) et la Fondation contre le racisme et l'antisémitisme (GRA). Il s'agit la plupart du temps de déclarations écrites (lettres, articles, graffitis et contributions dans des médias électroniques).

Au niveau mondial et en Suisse romande, ces chiffres ont diminué en 2010. Dans les cantons romands, la récolte des données incombe à la Coordination intercommunautaire contre l'antisémitisme et la diffamation (CICAD). Celle-ci avait recensé 104 incidents de nature antisémite en 2010, en grande partie sur Internet, soit 50 de moins qu'un an auparavant.

Le nombre de cas sur Internet est plus réduit en Suisse alémanique et au Tessin par rapport à la Suisse romande. Ceci s'explique néanmoins par le fait que la FSCI et le GRA "n'ont jamais procédé à des recherches actives sur Internet" et se sont contentées "de prendre note des cas qui leur ont été annoncés", souligne le rapport. Sur les 34 incidents enregistrés, seuls cinq l'ont été sur la toile.

Lien avec les évènements au Proche-Orient

Le rapport constate que les incidents à caractère antisémite coïncident souvent avec des regains de tension au Proche-Orient. Douze incidents ont ainsi été relevés en lien avec l'intervention de l'armée israélienne contre la "flottille de Gaza" en mai 2010.

La critique envers Israël n'entre cependant pas en considération dans le rapport, précisent ses auteurs. Les déclarations de nature antisémite faites dans le cadre du conflit proche-oriental y a par contre été consignées.

"L'antisémitisme d'extrême-droite (...) reste toujours largement répandu, de la même manière que les allusions se référant à la Shoah", concluent la FSCI et le GRA. Ils estiment que ces comportements se rajoutent au "climat de polarisation politique croissante de partis et de citoyens", dont certains "n'hésitent plus à prôner une discrimination de minorités".

jeudi 16 juin 2011

Lampedusa, ses plages et ses boat-people

Mêlant voyage en famille et reportage, une famille brestoise a assisté à l'arrivée de réfugiés de Libye. Là où les Africains frappent à la porte de l'Europe. 

lampedusa arrivée réfugiés

« En famille, nous avons décidé d'un printemps italien. Deux mois et demi dans la « botte », au départ de Brest, avec nos trois loupiots de 5, 8 et 10 ans. L'occasion aussi de réaliser un reportage à Lampedusa. Cette île tout au sud de l'Europe est depuis toujours une porte d'entrée pour les réfugiés du continent africain. Conséquence du soulèvement tunisien, elle voyait déferler des milliers de fuyards profitant de l'absence de contrôle en mer côté tunisien.

L'Italie, l'Europe, étaient déboussolés. Lampedusa a accueilli jusqu'à 7 000 Tunisiens simultanément. À notre arrivée, ils n'étaient plus là. Les 5 000 habitants étaient encore sous le choc. Les TV du monde entier avaient débarqué. Berlusconi aussi, achetant une maison au passage !

Lézardé, le mur virtuel de l'Europe n'a pas tardé à se reconstruire. Des accords ont été passés avec le gouvernement provisoire tunisien pour l'aider à contrôler ses frontières. Les rares personnes qui fuient sont renvoyées par avion. Trente Tunisiens encadrés par soixante policiers. En avril, il y avait deux à trois rotations par jour vers Tunis.

Ils avaient réussi !

Puis sont venus les Lybiens. Ou plutôt les travailleurs immigrés de Libye : Nigérians, Ivoiriens, Somaliens, Ghanéens... Un petit chalutier de 20 mètres a pointé son étrave. À l'intérieur, 760 réfugiés ! C'était à peine croyable. Le moindre mouvement risquait de faire chavirer le bateau. Ils étaient partis trois jours plus tôt de Misrata. S'étaient perdus en mer. Les garde-côtes n'avaient trouvé personne à la barre. Juste une corde pour conserver un cap approximatif.

Sale impression que de voir 760 noirs tassés assis à bord, dociles, silencieux, accueillis par une rangée de carabinieri impeccables, armés jusqu'aux dents. Et au milieu des rescapés, une poignée de sauveteurs blancs, en combinaison blanche, gants blancs, masque blanc sur la bouche. Heureusement, les masques, les gants sont tombés. Les sourires se sont dessinés. Des très jeunes couples se tenaient la main. Ils avaient réussi ! Le cordon sécuritaire n'a pas résisté. C'était bon de partager ces instants, de parler avec les uns et les autres, pleins d'espoir de trouver du travail, en sécurité.

Les enfants étaient de l'autre côté du port, sur la plage la plus méridionale d'Europe, où des ados jouaient au beach-volley. On voit mieux l'insupportable décalage Nord-Sud depuis ces rares points de jonction. L'Afrique n'est qu'à 180 km de Lampedusa. Brest-Lamballe...

Des insulaires solidaires

Le tourisme, principale ressource de l'île, s'est effondré. Le camping est vide. Il n'y a que des policiers et des journalistes dans les hôtels. Le gouvernement a promis 200 € à ceux qui y prendraient leurs vacances. Et pourtant, c'est la solidarité, l'empathie, qui caractérisent les Lampedusiens. Pendant des semaines, ils ont collecté des vêtements, de la nourriture, hébergé des rescapés... Il y a beaucoup d'inquiétude. Mais pas de haine, pas de racisme simpliste.

Aujourd'hui, le système est rôdé pour « protéger » l'île. Un ferry réexpédie les réfugiés vers l'Italie par paquets de mille. Chaque ville prend son quota. Les premiers secours sont amicaux. Les centres de rétention je ne sais pas. L'Italie s'organise, un peu seule. L'Europe finance. 40 000 migrants sont arrivés à Lampedusa depuis février. Selon l'Onu, au moins 1 200 autres auraient péri en mer. A une autre époque où la Marine nationale croisait au large du Cambodge pour secourir les boat-people.

Personne ne voit d'issue tant qu'il y aura la guerre. Et encore, il était sûrement plus facile de conclure des accords peu avouables empêchant l'immigration avec des dictatures, qu'avec une éventuelle future démocratie.

Pendant quelque temps, nos enfants ont joué aux « clandestins » et dessiné des bateaux surchargés. Ils étaient aux premières loges. Comme tous les Européens. »

Sébastien Panou dans Ouest-France

mercredi 15 juin 2011

La Fédération des Églises protestantes de Suisse chargée du contrôle des renvois prévu dans la législation sur les étrangers

L’Office fédéral des migrations (ODM) charge la Fédération des Églises protestantes de Suisse (FEPS) d’assurer le contrôle de l’exécution des renvois en vertu de la législation sur les étrangers. Cette mission consiste à veiller au respect des droits fondamentaux, plus précisément à ce que les opérations menées par l’Etat soient légales et appropriées. Il s’agit d’un projet-pilote d’une durée limitée à six mois.

La FEPS représente les intérêts des Eglises protestantes suisses à l’échelle tant nationale qu’internationale. La migration étant, depuis des années, un sujet qui lui tient à cœur, elle s’investit dans différents domaines liés au respect des droits de l’homme et de la dignité humaine. Cet engagement est essentiel pour accomplir une mission aussi sensible que le contrôle de l’exécution des renvois. La FEPS est secondée par l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés pour réaliser ce projet-pilote.

La phase-pilote de six mois doit permettre d’examiner et de définir les modalités pratiques de ce contrôle. Des personnalités, telles que par exemple d’anciens chefs de départements cantonaux de justice et police ou des professeurs de droit, sont appelées à jouer, durant cette période d’essai, le rôle d’observateurs dans le cadre des vols spéciaux. A la fin de ce projet-pilote, une évaluation permettra de déterminer les adaptations qui s’imposent avant d’introduire définitivement le contrôle de l’exécution des renvois.

La Directive 2008/115/CE du Parlement européen et du Conseil du 16 décembre 2008 relative aux normes et procédures communes applicables dans les Etats membres au retour des ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier constitue un développement de l’acquis de Schengen et contraint, dans son art. 8, al. 6, les Etats Schengen à mettre sur pied un système efficace pour contrôler les renvois. Elle a été transposée dans le droit national le 1er janvier 2011. Le contrôle des renvois effectués par voie aérienne est ainsi réglementé à l’art. 15f-i de l’ordonnance sur l’exécution du renvoi et de l’expulsion d’étrangers.

Communiqué de la FEPS

«L’Etat contribue à la désintégration de requérants d’asile»

michel raclozA l’approche du Dimanche des réfugiés, un responsable de l’Eglise catholique dit son désarroi face au traitement de certaines catégories de migrants en situation précaire dans le canton.

Michel Racloz a une vocation: venir en aide aux exclus de la société. Il est responsable du département Solidarités de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud. De son père missionnaire et animateur en développement rural en Afrique, il a hérité d’une empathie particulière pour ceux qui viennent de loin. Or, le 19 juin, la Suisse célèbre le Dimanche des réfugiés. Michel Racloz désapprouve le traitement de certaines catégories de migrants en situation précaire.

Qu’est-ce que le Dimanche des réfugiés?

C’est une journée nationale qui a lieu le troisième dimanche de juin. Elle sert à exprimer notre solidarité à l’égard des réfugiés

Et faisons-nous preuve de solidarité avec eux?

L’Etat et la société civile favorisent l’intégration des migrants en général. Ceux-ci sont une richesse pour nous par leur apport économique, aux assurances sociales, au sport ou à la recherche. En revanche, l’Etat contribue à la désintégration sociale des requérants d’asile déboutés à l’aide d’urgence et des cas du système «Dublin».

En quoi l’Etat désintègre-t-il ces catégories de requérants?

Ceux qui relèvent de l’aide d’urgence ne reçoivent que des biens de première nécessité, ils n’ont pas d’intimité puisqu’ils passent leurs nuits dans des dortoirs, se trouvent exclus du fait qu’ils n’ont pas les moyens financiers de se déplacer. L’aide d’urgence in- troduite en 2004 pour les NEM (les non-entrées en matière), puis en 2008 pour les requérants déboutés devait durer quelques jours jusqu’à leur départ rapide. Pour beaucoup, cette situation précaire dure depuis des années. Ce système a complètement négligé la complexité humaine des cas particuliers. Ces personnes ne peuvent pas rentrer pour toutes sortes de raisons: la peur de représailles, l’honneur, le fait que leur village se soit cotisé pour payer le voyage… Et de plus en plus de personnes à l’aide d’urgence tombent malades psychiquement.

Et pourquoi dénoncez-vous aussi le système «Dublin»?

L’accord de Dublin permet depuis 2008 de renvoyer des requérants dans le pays d’Europe où ils ont été enregistrés comme requérants d’asile. Cela implique des cas humains très difficiles, comme ces femmes violées en Italie ou dans un pays de l’Est et que l’Etat renvoie, alors qu’il pourrait examiner ces situations tragiques.

24 Heures

L'UDC ne veut pas de réfugiés aux Collons

Mercredi soir, l'UDC Hérens a annoncé le lancement d'une pétition contre l'accueil aux Collons d’une cinquantaine de requérants d'asile dans un hôtel de la station.

udc réfugiés collons

Les autorités cantonales valaisannes ont indiqué la semaine dernière que des requérants d'asile allaient être «provisoirement logés» à l'Hôtel de l'Ours, dans la station des Collons, au-dessus de Sion. Cette mesure doit répondre à une situation d'urgence, les capacités d'hébergement du canton étant saturées.

La structure d'accueil aux Collons doit accueillir du 15 juin au 30 novembre 2011 une cinquantaine de personnes au maximum. Cette annonce a fait bondir la section locale de l'UDC. Elle a indiqué, mercredi soir lors d'une conférence de presse, s'opposer avec «force et vigueur» à «l'implantation» d'un centre pour demandeurs d’asile aux Collons.

«Un foyer d'insécurité»

«Alors que la population de la vallée doit déjà faire face à une vague de vols commis par de faux sourds-muets venus de Roumanie, l'UDC Hérens est très inquiète de la création d'un tel foyer d'insécurité et de trafics en tout genre (drogue, etc.) dans la région», a expliqué Grégory Logean, président de l'UDC Hérens et Conseiller municipal à Hérémence.

Le jeune élu UDC, candidat au Conseil national, dénonce une «politique du fait accompli» des autorités cantonales. «La montagne et notre vallée en particulier ne doit pas faire les frais de la politique laxiste de la Confédération en matière d'asile. Cette situation démontre, une fois de plus, l’échec total de l'accord de Schengen/Dublin. C'est aussi un coup dur pour l'image de marque de la station touristique des Collons ainsi que pour la sécurité des chalets et appartements avoisinants», affirme-t-il.

Dans une «action citoyenne», l'UDC Hérens a décidé de lancer une pétition qui demande au Conseil d'Etat de renoncer à implanter un nouveau centre pour demandeurs d'asile aux Collons et dans le district d’Hérens.

L'UDC divisée?

Dans ce dossier, les sections locales de l'UDC du Valais romand semblent se renvoyer la «patate chaude». Au mois de mai, Patrick Arlettaz, le président de la section Haut-Lac, proposait précisément que les requérants soient hébergés dans les «lits froids» de stations de ski.

«Le Chablais accueille proportionnellement davantage de requérants que les autres régions du canton, affirme-t-il. Les autorités n'ont qu’à trouver de la place ailleurs! Elles pourraient héberger les demandeurs d'asile dans des stations de ski comme Verbier ou Crans-Montana. Elles ont assez de lits froids à disposition!», déclarait-il.

Au secrétariat cantonal du parti, on affirme qu'il n'y a aucun schisme entre les sections. «On peut bien envisager d'héberger ces demandeurs d'asile à la montagne. Encore faut-il toutefois éviter, pour cela, des zones par trop touristiques», précise-t-on.

Grégoire Corthay dans 20 Minutes

vendredi 10 juin 2011

Flot de réfugiés syriens à la frontière turque

Le président du CICR Jakob Kellenberger demande un accès immédiat aux zones les plus touchées tandis que les réfugiés de plus en plus nombreux passent la frontière turque.

TSR

jeudi 9 juin 2011

Libre circulation: Berne verrouille sa position

Alors que le président du Parlement européen est en visite en Suisse, la question de la libre circulation pèse sur les relations bilatérales.

Même si la Suisse n’a aucune intention de remettre les gardes-frontière aux postes de douane et d’en revenir aux contrôles systématiques exigés par l’UDC, elle ne va pas non plus céder aux demandes de l’UE pour élargir les droits et le statut des ressortissants européens établis en Suisse. Ce n’est vraiment pas le moment, alors que les effets négatifs de la libre circulation sont âprement débattus à la veille des élections ­fédérales.

C’est dans ce contexte que, la semaine prochaine, un comité mixte Suisse-UE doit examiner l’application de l’accord de libre circulation.

Si l’adaptation des annexes de l’accord à l’évolution de l’UE en matière de reconnaissance des diplômes ou d’assurances sociales ne pose guère de problème, il en ira autrement pour la demande régulière de l’UE de reprendre la directive européenne sur la citoyenneté. Celle-ci améliore le droit des citoyens de l’UE dans l’espace des 27 en simplifiant les conditions et formalités pour s’installer, avec un droit de séjour permanent, même sans permis de travail, le droit au regroupement familial, voire le droit de vote local, etc.

On peut prévoir que la réponse du Conseil fédéral sera un refus très diplomatique d’entrée en matière. «Il n’existe aucune obligation de reprise de cette directive», a martelé plusieurs fois déjà le gouvernement.

Coïncidence, le président du Parlement européen, Jerzy Buzek, sera en visite ce jeudi après-midi à Berne, alors que le matin même le Conseil national aura tenu une session spéciale sur la politique européenne réclamée par l’UDC (lire ci-dessous). Avec, au cœur du débat, une motion exigeant le retour du contrôle systématique aux frontières.

A l’origine, l’UDC voulait profiter de l’occasion pour accuser le Conseil fédéral d’être prêt à abandonner la souveraineté suisse avec l’ouverture d’un nouveau cycle de négociations bilatérales, touchant notamment à la reprise du droit européen par la Suisse. Mais la session arrive un peu tard. La question a perdu de son actualité.

Par contre, Jerzy Buzek aura l’occasion de constater à quel point, ces derniers mois, l’atmosphère s’est refroidie. On peut le mesurer facilement à l’évolution des thèmes de la cinquantaine d’interventions traitées ce jeudi. Celles qui datent de 2009 parlent encore de participation de la Suisse aux programmes européens de santé ou de la culture, de l’accès aux marchés financiers. Mais en 2011, les députés s’inquiètent du libre-échange agricole, des effets négatifs pour les consommateurs du principe du Cassis de Dijon, de l’effondrement de l’euro, de la perte de maîtrise de la politique des visas.

L’UDC exige de son côté de renégocier les accords d’association à Schengen et de réinstaurer un contrôle systématique aux frontières. Elle justifie sa motion par les entrées illégales et l’augmentation de la criminalité dans les régions frontalières. Et surtout, selon elle, «les flux de requérants d’asile nord-africains qui s’annoncent constituent une menace de l’ordre public et de la sécurité intérieure propre à justifier» l’application de mesures d’exception. Même si les craintes ne sont toujours pas réalisées.

Ce sont d’abord les conséquences, réelles ou supposées, de la libre circulation des personnes sur les marchés du logement et du travail, le dumping salarial, qui motivent les interventions parlementaires, notamment à gauche. L’UDC, de son côté, a annoncé le lancement d’une initiative pour freiner l’immigration, avec pour conséquence une dénonciation de l’accord sur la libre ­circulation.

Ce climat réfrigéré n’a pourtant pas affecté les relations au niveau des experts et des diplomates entre Berne et Bruxelles. Ces critiques ne devraient pas peser sur le prochain comité mixte, composé de hauts fonctionnaires, qui se réunira mardi pour un échange de vues sur l’application de l’accord de libre circulation entre Suisse et UE. «Les Européens avec lesquels nous discutons nous connaissent bien. Ils savent que nous sommes en année électorale; ils connaissent nos agendas, y compris le temps nécessaire entre le lancement d’une initiative et la votation populaire», veulent rassurer les experts suisses.

D’ailleurs, confirme-t-on à Bruxelles, la critique n’est pas qu’helvétique. Le climat en Europe, en Finlande, aux Pays-Bas, en Hongrie, au Danemark, est aussi au repli et à la remise en cause de Schengen et de la libre circulation.

Yves Petignat dans le Temps

Afflux de réfugiés syriens en Turquie

réfugiés syriens turquieLa crise syrienne, qui jusqu'à présent n'avait de répercussions que sur le plan intérieur, tend ainsi à s'internationaliser, d'autant plus que des réfugiés syriens affluent dans le sud-est de la Turquie. Un groupe de cent soixante ressortissants syriens, dont des femmes et des enfants, a trouvé refuge en Turquie dans la nuit de mardi à mercredi, fuyant les violences qui se déroulent dans le nord-ouest de la Syrie, rapporte l'agence de presse Anatolie.

Les réfugiés ont été installés dans des tentes du Croissant-Rouge, dans la province frontalière d'Hatay, en Turquie. Selon Ankara, cinq cent cinquante personnes ont franchi la frontière depuis le début des troubles, il y a près de trois mois. Dans le nord du Liban, 5 000 réfugiés syriens au moins ont été dénombrés depuis avril.

"Énorme inquiétude" pour l'ONU

Le Haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés, Antonio Guterres, évoque "une énorme inquiétude". "Il est important de noter que les Syriens ont été très généreux en accueillant des réfugiés d'Irak, des Palestiniens et que nous avons aussi de très importantes opérations d'aide aux réfugiés en Syrie", a noté M. Guterres.
Depuis le début de la semaine, les autorités syriennes ont décidé d'envoyer l'armée à Jisr Al-Choughour, une ville du Nord-Ouest où, selon la télévision d'Etat, cent vingt membres des forces de sécurité ont été tués. C'est la première fois que les autorités font état d'une confrontation d'une telle ampleur en onze semaines de contestation. Mais la version des autorités est contestée par des organisations de défense des droits de l'homme.

Le premier ministre turc a demandé au pouvoir syrien de ne pas recourir à la manière forte face aux manifestants. "La Syrie doit changer d'attitude à l'égard des civils et doit faire preuve d'un plus grand degré de tolérance, le plus vite possible", a dit Recep Tayyip Erdogan, qui, malgré les très bonnes relations qu'il entretient avec le président Bachar Al-Assad, a pris ses distances d'avec le régime de Damas. Les pays de la région, dont Israël et la Turquie, craignent que l'instauration du chaos en Syrie ne déclenche des affrontements intercommunautaires. Le gouvernement turc a promis qu'il ne "fermera pas ses portes" aux réfugiés fuyant les violences.

Un article du Monde

L’Église australienne critique un programme gouvernemental d’échange de réfugiés

Le diocèse de Sydney a alerté l’opinion publique, sur son site, contre une mesure prise par le gouvernement australien qui a décidé d’envoyer en Malaisie 800 réfugiés y compris des enfants demeurés seuls. Cette mesure se situe dans le cadre d’un « échange » de réfugiés.

enfants réfugiés malaisie

« Cette initiative mettrait en danger non seulement la vie des plus jeunes mais constituerait une violation de la Convention des Nations unies sur les Droits de l’enfant, dont l’Australie est signataire » explique ainsi à l’agence Fides le P. Jim Carty, coordinateur des Marist Asylum Seekers and Refugee Services.

Des enfants renvoyés sans garantie aucune

Pour le prêtre, « envoyer des enfants seuls immigrés arrivés par voie de mer en Australie à la recherche d’un asile dans un pays où les droits de l’homme sont très précaires et leur sécurité non garantie représente une violation évidente de la Convention des Nations unies que l’Australie avait promis de respecter ». « Personne ne peut garantir la sauvegarde ni protéger les enfants une fois arrivés en Malaisie, a-t-il affirmé. Ils seraient alors soumis à la loi malaisienne qui comprend également la fustigation ».

Risque de mauvais traitements

La proposition consiste à échanger ces 800 réfugiés contre d’autres réfugiés, actuellement détenus en Malaisie. Le coordinateur des Marist Asylum Seekers and Refugee Services souligne que les demandeurs d’asile, en particulier les enfants, en Malaisie, peuvent faire l’objet de mauvais traitements, se voir dans l’impossibilité d’être scolarisés et risquer d’être détenus pendant plus de quatre ou cinq ans. Les représentants de l’Australian Refugee Council, Amnesty International, House of Welcome, Jesuit Refugee Service, la Croix-Rouge et d’autres groupes menant des actions en faveur des réfugiés se sont réunis pour critiquer également cette « solution malaisienne ».

Un article du journal La Croix

mercredi 8 juin 2011

120 réfugiés syriens en Turquie

Quelque 120 réfugiés syriens fuyant la répression, pour la plupart des femmes et des enfants, sont entrés mardi soir en Turquie où ils ont été pris en charge par des gendarmes turcs, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le groupe, composé de 122 personnes pour la plupart originaires de la ville syrienne de Jisr al-Choughour (nord-ouest), a franchi illégalement la frontière et atteint vers 21H00 (18H00 GMT) le village de Karbeyaz Köyü, dans la province turque de Hatay (sud), ont affirmé à l'AFP des sources locales.

Les gendarmes ont établi un périmètre de sécurité autour des réfugiés, installés dans la salle des fêtes du village, et procédé à leur identification avant de les convoyer vers un camp de réfugiés mis en place par le Croissant Rouge turc à Yayladag, à 45 km à l'ouest de Karbeyaz Köyü, a constaté l'AFP. Le groupe ne comprenait pas de blessés.

Selon les villageois, un précédent groupe de Syriens en fuite, fort de 45 personnes, a déjà transité par le village samedi avant d'être acheminé au camp de Yayladag. Le camp a déjà accueilli fin avril un groupe de quelque 250 Syriens, habitants de villages frontaliers.

Quelques dizaines de Syriens blessés ont par ailleurs été admis ces derniers jours dans des hôpitaux d'Antakya (province de Hatay). Des sources diplomatiques ont fait état de 41 réfugiés arrivés durant le week-end, dont une vingtaine de blessés. Un groupe turco-syrien d'entraide aux réfugiés a pour sa part évoqué 88 blessés arrivés en Turquie par vagues successives depuis le 20 mai, dont 45 dimanche et deux lundi.

La Turquie et la Syrie partagent une frontière de plus de 800 km. La Syrie est en proie depuis le 15 mars à un mouvement de contestation contre le régime du président Bachar al-Assad. Selon des organisations de défense des droits de l'Homme, plus de 1.100 civils ont été tués depuis le début du mouvement.

Jisr al-Choughour est le théâtre depuis samedi d'un ratissage de l'armée. Lundi, les autorités syriennes ont affirmé que 120 policiers avaient été tués dans cette ville par des "groupes armés".

AFP relayée par le Figaro

2% des réfugiés libyens en Europe, selon le HCR

Seule une infime partie des quelque 900.000 personnes ayant fui les violences en Libye ont trouvé refuge en Europe, estime le chef du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

"Je pense qu'il est important de dire que sur les personnes qui ont fui la Libye, moins de deux pour cent (...) sont venues en Europe", a déclaré Antonio Guterres lors d'une conférence de presse.

Il a précisé que parmi "les quelque 900.000 personnes qui ont déjà quitté la Libye, la très grande majorité sont des ressortissants de pays tiers qui travaillaient comme immigrés en Libye".

Le chef du HCR a invité à "remettre en perspective les discussions faisant parfois état de mouvements massifs de population"."Ces discussions parfois en Europe ne reposent pas sur des faits mais sur des impressions", a-t-il dit, soulignant qu' "il n'y a pas eu de flux massifs de réfugiés de Libye en Europe".

AFP et le Figaro

Les demandes d'asile ont augmenté en mai

24 Heures

Moi, albanophone et intégré

Environ 250 000 albanophones vivent en Suisse. Une grande majorité sont Kosovars. Si des clichés tenaces sont encore véhiculés, leur intégration est toujours plus évidente. Depuis le 29 mai, ils disposent de leur propre «Assemblée des Albanais de Suisse». Le Temps a choisi de raconter six parcours de vie, des exemples de réussite.

albanophones carte

Ils ont beau être là depuis dix ou vingt ans, ils peinent encore parfois à se débarrasser de clichés, tenaces. Environ 250 000 albanophones vivent en Suisse: 190 000 sont des ­Kosovars, 50 000 des Macédoniens, 10 000 des Albanais de Serbie, 2000 viennent d’Albanie et environ autant du Monténégro. La plupart sont arrivés dans les années 90 pour fuir les événements des Balkans, le pic ayant été atteint en 1998 et 1999, avec l’arrivée de 50 000 réfugiés kosovars. D’autres ont émigré plus tôt, dès les années 60, comme simples saisonniers, puis par le biais du regroupement familial.

Et qu’ils soient naturalisés ou non, installés depuis de longues années dans le même village ou pas, ils se voient encore trop souvent assimilés à des «chauffards», «trafiquants» ou «magouilleurs». Le récent rapport de Dick Marty accusant le premier ministre du Kosovo Hashim Thaçi et d’autres ex-membres de l’UÇK, l’Armée de libération du Kosovo, de trafics d’organes, n’a pas vraiment contribué à redorer l’image des Kosovars. A cela s’ajoutent les préjugés liés à l’islam. Or, les exemples d’intégration rapide et d’ascension sociale réussie ne sont pas difficiles à trouver. Nous avons choisi de raconter six trajectoires originales, du plongeur devenu patron de restaurant à la jeune socialiste élue au parlement lucernois, en passant par une psychiatre devenue cheffe de clinique.

Une étude commandée par l’Office fédéral des migrations sur les Kosovars en Suisse, parue en août 2010, souligne la faible qualification de la majorité d’entre eux. D’où une intégration difficile sur le marché du travail. Les discriminations à l’embauche ne facilitent pas les choses. De même que certaines mesures, comme dans le domaine des assurances auto où les ressortissants des Balkans doivent parfois payer une prime plus élevée, qui ne font que stigmatiser davantage cette population.

Mais l’étude donne aussi l’exemple de simples salariés qui, à force de persévérance et de travail, ont su se hisser à des postes à responsabilités. Et confirme que les entrepreneurs albanophones ne sont plus rares. Après s’être lancés dans le tourisme, puis dans l’édition (publication de journaux kosovars), le bâtiment, l’horticulture et la gastronomie, ils se sont aussi tournés récemment vers les assurances. Malgré certaines difficultés. «Je connais des chefs d’entreprise qui ont bien réussi, mais certains pensent aussi qu’engager des gens au noir leur permettra de faire plus de profit», témoigne l’avocat Asllan Karaj, qui tient un cabinet de conseil à Lausanne. «J’essaie de leur expliquer qu’il y a des démarches et des cotisations à respecter en Suisse.»

L’étude conclut sur une note positive: le processus d’intégration des immigrés kosovars devrait suivre une évolution comparable à celle des migrants italiens et espagnols. Lentement, mais sûrement. «Le processus d’intégration s’est accéléré dès la fin de la guerre, mais s’est encore accentué avec l’indépendance du Kosovo en 2008», commente Naim Malaj, ambassadeur du Kosovo à Berne. «Avant la guerre, les Kosovars étaient physiquement ici mais leur esprit était encore «là-bas». Aujourd’hui, ceux qui décident de rester en Suisse peuvent enfin s’y projeter vraiment: ils investissent dans l’éducation de leurs enfants, commencent à acheter des biens immobiliers et sont toujours plus nombreux à se naturaliser. C’est un signe.» Naim Malaj a lui-même connu une ascension aussi rapide que surprenante dès la proclamation de l’indépendance du Kosovo. Travailleur social à Genève, il a été, presque du jour au lendemain, appelé à exercer la fonction d’ambassadeur à Berne, alors que rien ne l’y prédestinait.

Bashkim Iseni, qui dirige le site internet Albinfo, tient un discours similaire. Les Kosovars se sont bien libérés d’un poids depuis la fin de la guerre, dit-il, mais beaucoup, après s’être investis pour soutenir la cause nationale, sont écoeurés par la corruption qui sévit dans leur pays et déçus par une classe dirigeante qui ne parvient pas à redresser le pays économiquement. Voilà qui renforce encore leur volonté de construire leur avenir en Suisse. «Je connais beaucoup de gens qui, partis de rien, ont gravi les échelons à force de persévérance. Il y aurait par ailleurs aujourd’hui plus de 1000 étudiants albanophones dans les universités suisses alors que, dans les années 90, j’étais un des seuls. Tout cela est très encourageant!» commente-t-il.

L’intégration grandissante des Albanophones se révèle aussi à travers une organisation plus visible, mieux structurée de la diaspora. Les associations culturelles sont nombreuses et le rôle de l’Université populaire albanaise ou de la «Albanian International Scholarship Foundation», basées à Genève, connu. Mais depuis le 29 mai, ils disposent de leur propre «Assemblée des Albanais de Suisse», sorte d’organisation faîtière dont la constitution a été encouragée par les autorités fédérales. Elle est présidée par Orhan Spahiu, un étudiant de 28 ans. Le site Albinfo, lui, a été créé en octobre. Cette plateforme d’informations sur l’actualité suisse et des Balkans est disponible en albanais, français et allemand. Réalisée en partenariat avec Edipresse, elle est soutenue par la Direction du développement et de la coopération et la Commission fédérale pour les questions de migration.

Autre fait marquant: l’implication grandissante d’Albanophones dans la vie politique suisse. Dans le canton de Lucerne, 180 Kosovars viennent de créer l’Association des Kosovars démocrates-chrétiens, intégrée à la section cantonale du PDC.

Valérie de Graffenried dans le Temps

Vers le dossier proposé par le Temps et les différents témoignages

mardi 7 juin 2011

Kaddafi et l'arme de l'immigration clandestine vers l'Europe

Face à la coalition internationale qui durcit chaque jour ses frappes, le régime Kaddafi n'hésite pas à ouvrir les vannes de l'immigration clandestine vers l'Europe. D'où une recrudescence des naufrages et des disparitions en mer.

Mi-mars, alors que la coalition internationale décidait à l’ONU de la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne en Libye, avec autorisation de bombarder les forces de Mouammar Kaddafi s'attaquant à des civils, le « Guide » menaçait ouvertement l’Europe d’un flot ininterrompu de migrants sur ses côtes. « Vous aurez l’immigration, des milliers de gens qui iront envahir l’Europe depuis la Libye. Et il n’y aura plus personne pour les arrêter », avait-il déclaré.

Depuis plusieurs mois, l’Europe connaît un afflux massif d'Africains sur l’île italienne de Lampedusa, notamment. Plusieurs milliers de migrants y sont arrivés depuis la révolution tunisienne et le début de la crise libyenne en février dernier. Et récemment, de nombreux témoignages ont accusé les autorités libyennes d'organiser elles-mêmes le départ des candidats à l'exil depuis ses côtes. L'objectif de Tripoli serait de faire pression sur la coalition internationale, toujours très sensible aux questions d’immigration pour des raisons évidentes de politique intérieure des États qui la composent.

"Le réfugié n’est pas en sécurité ici"

Selon RFI, des bateaux avec à leur bord plusieurs centaines de personnes partiraient régulièrement « du port de Tripoli mais aussi de Zouara, près de la frontière tunisienne ».  Les migrants viendraient pour la plupart des camps de réfugiés installés en Tunisie. Les humanitaires travaillant au camp de Choucha, à la frontière avec la Libye, « savent que de nombreux réfugiés finissent par retourner en Libye d'où chaque semaine des bateaux de clandestins mettent le cap sur Malte ou Lampedusa ».

« Il y a eu des retours, des gens qui ont quitté le camp vers la Libye. C’est quelque chose qui s’est passé plusieurs fois », raconte sur la radio internationale Hovig Etyemezian, chargé de terrain du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) à Choucha. Pourquoi ces départs ? « Le réfugié… Il en a marre… Il a peur pour sa vie, il n’y a pas de sécurité ici, il essaie de tenter sa chance », assure un Africain installé depuis plusieurs mois dans ce camp qui avait été touché par de violents troubles en mai dernier.

"C’est légal. On ne se cache plus"

repère clandestinsEn Libye, les autorités seraient complices des opérations d'immigration clandestine. À mi-mots, un officier de la marine tunisienne accuse : « Comment imaginer qu'un chalutier chargé d'au moins 700 clandestins comme celui venu s'échouer la semaine dernière au large de Sfax, ait pu partir cinq jours plus tôt de Tripoli sans que personne ne s'en rende compte... »

Interrogés par RFI, des responsables du régime libyen avouent même que « des membres de leur propre famille envoient des bateaux de pêche chargés de clandestins africains sur les côtes italiennes de Lampedusa ». C'est un commerce si lucratif...

Au sein du camp tunisien de Choucha, les réfugiés ne disent pas autre chose. L'un d'entre eux raconte : « Au début, les Libyens restaient à la frontière, et ils avaient des correspondants ici. Souvent, ils étaient somaliens, et ils cherchaient des clients de toute nationalité pour les envoyer hors de la frontière. Maintenant, les Libyens viennent jusqu’ici avec leur voiture, ils embarquent des gens du camp, et ils s’en vont. » « C’est légal. On ne se cache plus. Tout cela est tellement structuré [par les Libyens] que les [réfugiés] n’ont pas peur de quitter le camp », conclut-il.

Facteur incitatif pour les candidats au départ : « le trafic [serait conclu] pour des sommes défiant toute concurrence : entre 50 à 500 euros, soit deux à vingt fois moins chers que les prix habituellement pratiqués pour ces traversées clandestines dont beaucoup ne reviennent jamais », témoignent des réfugiés, pour la plupart ivoiriens ou somaliens venus travailler en Libye avant que le pays ne soit touché par la révolte.

"Complot en sous-main"

Le 13 mai dernier, des soupçons sur la complicité des autorités libyennes avaient déjà été formulés par le Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion libyenne. « Le régime de Kaddafi force les réfugiés [d’Afrique sub-saharienne, NDLR] à monter sur des bateaux pour l'Europe dans l'espoir de créer une vague d'immigration qui va déborder les pays européens », avait alors dénoncé le CNT dans un communiqué. Pour Abdel Hafiz Ghoga, vice-président du CNT, « il ne s'agit que d'un complot en sous-main du régime de Kaddafi pour essayer de faire pression sur la communauté internationale et de l'effrayer ».

Afin de faire la lumière sur ce phénomène, le HCR a récemment lancé une enquête dans le camp de Choucha. Mais, comme le note RFI, l’organisme « ne peut rien faire pour le moment », à part distribuer des « papiers » dissuadant de retourner en Libye…

Pauline Tissot dans JeuneAfrique

Les mendiants sont interdits

mendiants ouest lausanne

24 Heures

Trop de femmes se laissent frapper par peur du renvoi

violence femme asile

24 Heures

Expulsé il y a un an, Ardi Vrenezi en «situation critique»

ardi expulséL'état de santé de l'adolescent kosovar, polyhandicapé, inquiète les associations qui réclament son retour en France.

A la veille de la journée nationale du handicap, mercredi 8 juin, Réseau éducation sans frontières et l'association des paralysés de France sont revenus sur le cas de Ardi Vrenezi, un jeune kosovar polyhandicapé de 15 ans, expulsé du territoire français le 4 mai 2010.

«Je suis allée au Kosovo pour voir Ardi en décembre dernier, (sept mois après son expulsion), a témoigné Isabelle Kiffer, la médecin pédiatre ayant pris en charge l'adolescent lors de sa venue en France. Sa situation est critique. Il est très affaibli, n'arrive plus à manger dix cuillères à soupe sans tousser, est couché sur le sol sans assistance – sauf celle de sa mère – et convulse trois à quatre fois par jour, ce qui ne lui arrivait plus lorsqu'il était soigné en France.»

Décision politique

La France l'a expulsé avec ses parents, son frère et sa sœur trois ans après son arrivée clandestine sur le territoire. Il était alors pris en charge par l’institut d’éducation motrice (IEM) de Freyming-Merlebach (Moselle) à cause d’une leuco-encéphalite – complication de la rougeole. Une maladie qui provoque une détérioration neurologique aiguë engendrant des troubles épileptiques et une déficience motrice.

Le 3 mai 2010, une brigade de la gendarmerie est venue le prendre dans son lit pour l'emmener. Le lendemain, il était dans l'avion direction la capitale kosovare, Pristina. Sa place à l'IEM lui est toujours réservée jusqu'en août 2012.

 






«Une fois la mesure d'expulsion exécutée, il n'y a plus de raison fondée du côté français pour justifier son retour», explique Christophe Pouly, avocat spécialiste du droit des étrangers. Un retour que RESF et l'APF appellent de leurs vœux et dont ils ont fait un combat rejoint par des personnalités telles que Martine Aubry, Eva Joly ou Stéphane Hessel. «Ce n'est plus le produit d'une décision juridique mais politique», a lancé Richard Moyon, porte-parole de RESF.

Il attend aujourd'hui que la France prenne la mesure d'un geste qu'il qualifie d'«inhumain». Un geste qui montre à quel point les «responsables politiques ont occulté un principe fondamental hérité de la fin de la Seconde Guerre mondiale: le respect de la dignité humaine», se désole Me Pouly.

Les associations attendent toujours une réponse à leurs multiples sollicitations.

Mathias Destal dans Libération