jeudi 19 novembre 2009

«L’initiative contre les minarets est discriminatoire»


René Pahud de Mortanges: «Ce pays est en bonne position pour intégrer les musulmans.» (Eddy Mottaz)

René Pahud de Mortanges: «Ce pays est en bonne position pour intégrer les musulmans.» (Eddy Mottaz)

Pour le professeur René Pahud de Mortanges, l’histoire a amené la Suisse à développer sa propre tradition dans la définition des rapports entre l’Etat et le religieux. Entretien avant la votation fédérale du 29 novembre 2009

Parce qu’elle traduit le rejet d’une religion particulière au nom des valeurs démocratiques de laïcité et d’égalité, l’initiative contre les minarets évoque une autre époque de l’histoire suisse, celle du Kulturkampf. L’anticléricalisme virulent des radicaux du XIXe siècle, qui culmina dans les années 1870, est à l’origine de l’inscription dans la Constitution de plusieurs dispositions discriminatoires à l’égard des catholiques. Quels parallèles entre ce qui animait alors les démocrates contre l’Eglise catholique en Suisse et la réaction que traduit aujourd’hui l’initiative contre la construction de minarets? Le point de vue de René Pahud de Mortanges, professeur de droit des religions et d’histoire du droit à l’Université de Fribourg.

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Editorial: Minarets: faux débat et vrais problèmes


EDITORIAL | «La construction des minarets est interdite.»


Arthur Grosjean / rédacteur en chef adjoint | 18.11.2009 | 23:59

«La construction des minarets est interdite.» Voilà le texte exact et complet de l’initiative populaire qui sera soumise au vote le 29 novembre prochain. Six mots, pas un de plus. Rarement une initiative fédérale n’aura été aussi claire, concise et, disons-le, stupide.

Cette initiative est d’abord clairement discriminatoire. Elle ne vise que les musulmans et laisse les chrétiens libres de continuer à ériger des clochers.

Cette distorsion est difficilement compréhensible dans un pays où la liberté de culte est garantie. A moins de vouloir revenir au temps des Croisades, où il s’agissait d’imposer à l’autre sa propre foi. On peut s’indigner à juste titre que certains pays arabes persécutent des chrétiens, on ne peut pas en revanche les prendre comme un modèle pour la Suisse.

Les minarets, ces «baïonnettes de l’islam» selon certains, font-ils peser un danger imminent sur notre société? En voit-on pousser dans chaque ville, dans chaque quartier? Pas vraiment. Forte de 400 000 membres en Suisse, la communauté musulmane ne dispose que de… 4 mosquées avec minaret. Alors qu’elle compte plus d’une centaine de lieux de culte. Le minaret, comme n’importe quelle construction, est soumis à autorisation et doit se plier aux normes d’aménagement. On n’est pas près d’en voir un en Vieille-Ville tutoyant la cathédrale Saint-Pierre.

Si le minaret est clairement un faux problème, l’intégration de certains musulmans fait débat et explique les tensions cachées liées à ce vote. Au nom de leur foi, d’une lecture littérale du Coran ou de la tradition, des musulmans revendiquent des dispositions spéciales: le droit de travailler dans la fonction publique en portant le voile, le droit d’avoir un emplacement à part dans un cimetière public, le droit d’organiser de force un mariage arrangé pour leur fille, le droit de porter la burqa, le droit d’interdire toute critique envers Mahomet, etc. Ces exigences, qui ne sont pas de même gravité, heurtent nos valeurs et nos lois. Il n’est pas question de les brader au nom d’un multiculturalisme mal compris. S’il faut rejeter avec force l’initiative sur les minarets, il faut rappeler clairement qu’un non ne saurait servir de tremplin aux fondamentalistes musulmans.

Des femmes dénoncent les arguments "féministes" des anti-minarets


L'argument de la protection des femmes brandi par les partisans de l'initiative contre les minarets n'est qu'"une farce et un leurre", selon les femmes des Verts, du PS, du PLR et du PDC. Pour elles, le texte soumis au peuple le 29 novembre ne va dans le sens ni des droits humains, ni de l'égalité.

"Où sont les initiants quand il s'agit de permettre aux mères de famille de travailler à plus de 50% ou de nommer des femmes à des postes à responsabilité?", s'est interrogée la conseillère d'Etat vaudoise Jacqueline de Quattro. Comme les trois autres intervenantes, la libérale- radicale estime que "la nouvelle frontière de la parité, c'est la difficulté à pouvoir concilier vie familiale et vie professionnelle."

Or l'initiative visant à interdire la construction de minarets ne résout aucun de ces problèmes. Elle n'apporte pas non plus de réponses concrètes à des questions comme le port du voile ou les mariages forcés. Il ne s'agit qu'un "amalgame trompeur" qui exploite la peur de l'extrémisme et du terrorisme, a conclu Mme de Quattro.

La Suisse veut détenir ses clandestins moins longtemps


La Suisse s'apprête à réduire de 24 à 18 mois au plus la durée de la détention en vue du renvoi des requérants d'asile déboutés. Le Conseil fédéral a transmis au Parlement les révisions de loi ad hoc, découlant d'un nouveau développement de l'acquis de Schengen.

La correction des durcissements approuvés en septembre 2006 par le peuple inclue aussi le remplacement de l'expulsion sans décision formelle par une procédure de renvoi formelle. Une adaptation est en outre prévue concernant les mesures d'éloignement.

Ces modifications risquent de faire grincer des dents la majorité bourgeoise aux Chambres. Bien que la marge de manoeuvre soit réduite vu que la Suisse s'est en principe engagée à reprendre tous les développement de l'accord Schengen, le PLR et l'UDC se sont opposés au projet lors de la consultation. Les oeuvres d'entraide et la gauche l'ont en revanche accueilli positivement.

La révision des lois sur l'asile et les étrangers se base sur la directive européenne. Son but est une harmonisation minimale des procédures en matière de retour des ressortissants en séjour irrégulier originaires d'Etats non membres de Schengen. Elle contient des dispositions concernant les décisions de renvoi, la détention en vue de garantir l'exécution du renvoi, le renvoi ou l'expulsion ainsi que les interdictions d'entrée.

Quand la Suisse renvoyait les enfants des saisonniers

IMMIGRATION Quand la Suisse renvoyait les enfants des saisonniers

Paru le Jeudi 19 Novembre 2009 - MARIA PINEIRO

«En Suisse, Madame, on travaille ou on repart.» C'est avec ces mots que la police soleuroise réveille un matin Maria di Buchianico, jeune mère italienne, et lui annonce qu'elle doit placer son bébé ou le renvoyer au pays. Son tort, être saisonnière et avoir son enfant avec elle en Suisse.

De 1945 à 2002, la Confédération a délivré six millions de permis «A» pour saisonniers. Une main-d'oeuvre nécessaire à la construction des infrastructures du pays.

Ce soir, l'émission Temps présent consacre un reportage signé Raphaël Engel à la situation particulière des enfants de ces travailleurs dans les années 1960. Des bambins ou des adolescents indésirables en Suisse. En effet, le permis de saisonnier donnait droit au travail, mais pas au regroupement familial. Si une grande partie de ces travailleurs ont laissé leurs enfants grandir au pays, loin d'eux, certains ont bravé la loi.

Ces filles ou fils de saisonniers ont vécu parfois des années cachés et sans scolarité. Ceux qu'on a appelés «enfants du placard» ont attendu le permis «B» de leurs parents, puis le droit au regroupement familial pour sortir au grand jour et aller enfin à l'école. D'autres, comme Francisco de Melo, ont été dénoncés et expulsés «comme des criminels».

Raphaël Engel a retrouvé certains de ces clandestins dont on estime qu'ils ont pu être de dix mille à quinze mille. Aujourd'hui intégrés, ils se souviennent de cette vie dans le placard à regarder, la peur au ventre, les autres enfants s'amuser.

«Il y a là un double langage, on a besoin de travailleurs, mais on leur refuse le droit à vivre une existence humaine», explique le journaliste La situation perdurera jusqu'en 2002, date de l'abolition du permis «A». Mais les mentalités, elles, ont changé avant. Dès les années 1970, des enseignants ouvrent des écoles clandestines pour garantir le droit à l'éducation pour tous. En 1990, Neuchâtel fait sauter un premier verrou en permettant à ces enfants d'accéder à l'école. Les autres cantons suivront, dans l'illégalité face à la législation fédérale, mais en conformité avec leur Constitution, qui exigent une éducation pour tous.

MPO

Expulsion d'un mineur: la mobilisation s'organise

LE COURRIER.CH

Expulsion d'un mineur: la mobilisation s'organise

Paru le Mercredi 18 Novembre 2009 - MICHAËL RODRIGUEZ

L'expulsion d'Abdirashid, un Somalien de 17 ans, suscite l'émoi dans le monde politique vaudois. Dans une interpellation déposée hier, le groupe des Verts fait part de son «écoeurement» et affirme que cette extradition «contrevient clairement» à la Convention internationale pour les droits de l'enfant. L'affaire sera aussi portée sur la scène fédérale: la socialiste vaudoise Josiane Aubert annonce le dépôt d'une interpellation au Conseil national. Jeudi dernier au petit matin, la police vaudoise a embarqué un mineur somalien (notre édition d'hier). Seul et sans famille, il aurait été expulsé vers l'Italie. En vertu des accords de Dublin, les requérants ayant déposé une demande d'asile dans un autre pays signataire peuvent y être renvoyés.

Une personne de contact en Suisse a eu des nouvelles d'Abdirashid, relate le socialiste Roger Saugy. «Le jeune Somalien lui a dit qu'il ne savait pas dans quelle ville il était et qu'il n'avait pas d'endroit où dormir», s'alarme le député. Contrairement au conseiller d'Etat libéral, la gauche estime que le canton a la compétence de déterminer si le renvoi peut être exécuté. «Le Conseil d'Etat aurait pu invoquer la clause humanitaire qui figure dans les accords de Dublin», affirme Jean-Michel Dolivo, avocat et député d'A gauche toute!. En tant que mineur, Abdirashid devait être placé sous la protection de l'Office du tuteur général (OTG). Dans leur interpellation, déposée par Philippe Martinet, les Verts demandent au Conseil d'Etat si l'OTG a été informé de l'ordre d'extradition. Cas échéant, le droit de recours du requérant – de son représentant légal en l'occurrence – aurait été violé. «On peut se demander si l'OTG n'aurait pas dû déposer plainte», conclut Philippe Martinet. I

Initiative pour l'accès à la formation professionnelle des jeunes sans statut légal

Michaël Rodriguez

Les jeunes sans papiers doivent avoir accès à une formation
professionnelle. Les députés Serge Melly (prd) et Jean-Michel Dolivo (A
Gauche toute!) ont déposé hier une initiative parlementaire demandant au
canton de plaider en ce sens auprès des Chambres fédérales. Signé par 69
députés, dont 6 radicaux et plusieurs députés de l'Alliance du centre,
ce texte juge inadmissible que les jeunes sans statut légal soient
condamnés à la précarité et au désoeuvrement. A l'issue de la scolarité
obligatoire, ils ne peuvent en effet pas entamer un apprentissage parce
que les entreprises n'obtiennent pas d'autorisation de travail pour eux. MR