Lu dans le courrier des lecteurs de 24heures, cette lettre d'Anne-Claude Rossier Ramuz,pasteur Clarens.
A la veille de Noël, des pères de famille, des travailleuses et travailleurs parmi les requérants déboutés du groupe des «523» reçoivent une lettre leur signifiant qu'ils n'auront plus l'autorisation de travailler l'année prochaine. Une mesure inique de plus pour leur faire comprendre qu'il n'y a plus de place ici pour eux.
Trop de chômage, trop de demandes d'aide sociale, trop de restrictions économiques. Non, c'est certain, il n'y a plus de place ici.
Ça me rappelle cette vieille histoire qu'on écoute à Noël, distraitement, entre deux copieux repas en famille, entre trois listes d'achats qui ne peuvent pas attendre, entre quelques B. A. qui soulageront nos consciences pour l'année à venir.
Dans cette vieille histoire, un père de famille exilé voit sa femme accoucher dans une étable parce qu'il n'y avait plus de place ailleurs. La tradition bienveillante a ajouté un âne et un bœuf pour leur apporter un peu de chaleur. Aujourd'hui, dans l'histoire des «523», non seulement il n'y a plus de place pour ces familles et ces travailleurs sans statut, mais on ajoute à leur angoisse quotidienne le vent glacial de mesures iniques et inhumaines.
Cette année, en contemplant la crèche, je penserai à ces voisins venus d'ailleurs et j'aurai vraiment honte.