vendredi 30 octobre 2009

L’initiative anti-minarets, anti-droits de l’homme?

L’initiative anti-minarets, anti-droits de l’homme?

ATS

Le comité des droits de l’homme de l’ONU se déclare «préoccupé» par l’initiative genevoise et la campagne qui l’accompagne. Le respect de la liberté de religion est mis en cause, selon lui

Le comité des droits de l’homme de l’ONU s’est déclaré vendredi préoccupé par l’initiative anti-minarets et «la campagne d’affiches discriminatoire» qui l’accompagne la liberté de religion.

Au terme de sa session, le comité des droits de l’homme, chargé de veiller sur le respect par les Etats du Pacte de l’ONU sur les droits civils et politiques, a fait plusieurs recommandations à la Suisse. La Suisse présentait son rapport pour la première fois depuis 2001.

«Le comité est préoccupé par l’initiative visant à interdire la construction de minarets et par la campagne d’affiches discriminatoire qui l’accompagne», affirment les 18 experts de l’ONU dans leurs conclusions.

La Suisse «doit assurer activement le respect de la liberté de la religion et combattre fermement les incitations à la discrimination, à l’hostilité et à la violence», ajoute le comité de l’ONU.

L’UDF combat les minarets la Bible dans la poche

dans 24h

CONVICTIONS | L’Union démocratique fédérale lutte contre l’avortement, la drogue ou les mœurs dissolues. Elle vient d’ajouter les minarets à la liste de ses cibles. Qui sont ces croisés de la foi?

© JEAN-PAUL GUINNARD | «Tous nos combats sont inspirés de la Bible, et nous prions avant chaque réunion», dit le secrétaire romand de l’UDF, Maximilien Bernhard, d’Yverdon-les-Bains.

Patrick Chuard | 29.10.2009 | 00:01

Discrète, la campagne antiminarets de l’UDF, qui a pourtant lancé l’initiative. Les trompettes de Jéricho de ces chrétiens évangéliques restent quasi inaudibles à côté du boucan publicitaire de l’UDC. Normal, puisque la formation chrétienne est confidentielle, avec un unique représentant au parlement fédéral. Et le parti blochérien lui fait de l’ombre.

Ces chrétiens engagés en politique citent volontiers le Christ et l’Evangile. Est-ce bien charitable de stigmatiser la minorité musulmane de Suisse en leur refusant la construction de minarets? «Mais nous défendons la liberté de croyance et de culte, répond Maximilien Bernhard (40 ans), secrétaire romand de l’UDF et député vaudois. Les minarets sont superflus à l’exercice de l’islam, ils ne sont pas cités dans le Coran.»

Pourquoi toutes les Eglises chrétiennes, y compris le réseau évangélique, dont l’UDF est censée être proche, combattent l’initiative? «Le premier sondage avant la votation montre que 42% des membres des Eglises protestantes y sont favorables», commence par rétorquer l’ingénieur d’Yverdon-les-Bains. Avant de reconnaître qu’il n’y a «pas unanimité» sur la question au sein de l’UDF elle-même.

«Symbole de conquête»
Ce que l’UDF prétend combattre, c’est «un symbole de conquête islamique». L’initiative «ne vise pas les musulmans, mais une minorité de prêcheurs intégristes, qui veulent agrandir l’islam, selon Marc Früh, éducateur et député du Jura bernois. Des musulmans modérés nous ont mis en garde contre certains «prêcheurs de haine», qui voudraient imposer la burka et les minarets en Suisse.»

En somme, l’idée consiste à défendre une terre chrétienne contre une supposée invasion. Mais la Suisse n’est-elle pas devenue laïque? «Je ne veux pas que la Suisse redevienne une société plus chrétienne, car le Christ n’impose pas son message, dit Philippe Menoud (39 ans), électronicien et militant UDF dans la Glâne fribourgeoise. Mais si on laisse les minarets s’installer, on laisse faire la domination que l’islam veut imposer aux autres religions.» Cet ancien catholique, qui dit avoir «découvert l’existence de Dieu» à 20 ans, après avoir tâté de l’occultisme, veut s’en tenir «aux valeurs de nos aïeux, qui ont fait leurs preuves pendant des décennies, voire des siècles».

Ardent pourfendeur de l’initiative antiminarets, chrétien affiché lui aussi, Jacques Neirynck (PDC/VD) se désole de ce combat de l’UDF: «Ils instrumentalisent la religion pour recruter des électeurs, ça n’a pas d’autre sens.» Pourtant, Jacques Neirynck a été élu au Conseil national grâce à un apparentement avec l’UDF… «C’est vrai, et nous sommes d’accord sur de nombreux points, comme l'euthanasie», s’empresse-t-il de préciser.

«Une certaine réserve»
L’initiative divise les chrétiens. Maximilien Bernhard le constate. D’autant mieux qu’il a lui-même des doutes: «Je dis: «Oui, mais.» J’assume la décision du parti, et personnellement je m’engage pour cette initiative, tout en ayant une certaine réserve sur le plan philosophique», avoue le secrétaire romand. Une opinion timidement défendue… A l’image des affiches de l’UDF (un minaret derrière une façade de maison allemande), nettement moins provocantes que celles montrant une femme voilée et des minarets sur un drapeau suisse, interdites par certaines villes. «Nous avons voulu faire une affiche moins négative, c’était une demande claire des délégués», signale Maximilien Bernhard. Mais ne risque-t-elle pas de passer inaperçue?

Lausanne hausse le ton face aux mendiants

Le municipal Marc Vuilleumier a commandé un rapport afin de savoir d’où viennent les mendiants et s’ils sont exploités. Alors qu’un cap vient d’être franchi: des enfants tendent la main. Un article de Laurent Antonoff dans 24 Heures.

lausanne mendiants rom© PATRICK MARTIN | La mendicité n’est pas interdite dans la capitale. Elle pourrait l’être à l’avenir en fonction des conclusions du rapport que vient de commander Marc Vuilleumier. Une demande qui intervient alors que des mendiants roms placent désormais leurs enfants sur le trottoir pour faire la manche.

La scène se déroule au centre-ville de Lausanne, mercredi, sur le coup de midi. Une fillette, queue-de-cheval et baskets rouges, tend un gobelet en plastique en direction des passants. Non loin de là, un adulte veille, mais visiblement pas assez: deux policiers en patrouille interpellent le duo. Il s’avère que la fillette n’a que 9 ans, et que l’homme qui la contraint à mendier sur le trottoir n’est autre que son propre père, d’origine roumaine.

Dénoncé, il risque une peine de 90 jours-amendes au maximum. C’est le juge qui en décidera. Mais, après les mères qui font la manche avec un enfant en bas âge dans les bras, un nouveau cap semble avoir été franchi. Marc Vuilleumier, municipal de la Police, vient d’ailleurs de demander un rapport à ses troupes. Il pourrait déboucher sur l’interdiction de la mendicité dans la capitale vaudoise.

Une démarche pour contrer le MCG?
«Il ne s’agit pas d’un tour de vis contre les mendiants, mais je veux qu’on m’informe», explique Marc Vuilleumier. Quels renseignements recherche-t-il exactement? «Je veux savoir où dorment ces gens, si c’est à La Marmotte, par exemple. Je veux savoir s’ils sont poussés à mendier à cause de leur situation précaire et miséreuse ou s’ils sont posés aux coins des rues par un réseau qui les exploite. Il en va aussi de la protection de la jeunesse.»

Une démarche similaire avait déjà été lancée il y a deux ans à Lausanne. Il en était ressorti que les mendiants n’étaient pas exploités. Et si c’était le cas aujourd’hui? «Je ne peux présager de rien sans avoir pris connaissance des résultats du rapport que je viens de demander.»

Cette demande, Marc Vuilleumier la justifie par le nombre toujours croissant de mendiants observés dans les rues de Lausanne. Rien à voir avec les velléités vaudoises du Mouvement Citoyens Genevois (MCG), dont le président et candidat au Conseil d’Etat, Eric Stauffer, vient de promettre de «purger» la Cité de Calvin de ses mendiants en quarante-cinq jours? «C’est une coïncidence. Je ne calque jamais mes positions sur celles du MCG. Ce serait d’ailleurs plutôt le contraire.»

La marge de manœuvre des policiers est faible
Rappelons que la mendicité n’est pas interdite à Lausanne et que, par conséquent, les policiers sont peu outillés pour informer leur directeur. «Quand nous contrôlons des mendiants, ce n’est pas parce qu’ils font la manche. C’est leur situation en Suisse qui nous intéresse», explique Anne Plessz, porte-parole de la police.

Il s’agit notamment de vérifier si les Roumains, qui peuvent séjourner trois mois dans le pays, respectent ce délai. «Mais on ne sait pas toujours depuis quand ils sont là. C’est difficile», admet la porte-parole.


Un sujet qui fait débat dans le canton

CE QUE DIT LA LOI CANTONALE
Jusqu’en décembre 2006, la mendicité était proscrite sur tout le territoire vaudois. Lors de l’adaptation des lois cantonales au nouveau Code pénal suisse, cette interdiction a été abandonnée, sa réinstauration devenant de compétence communale, à travers le Règlement général de police. En octobre 2008, le Grand Conseil a refusé de sanctionner à nouveau la mendicité. Aujourd’hui, seul l’article 23 de la loi pénale vaudoise spécifie que «celui qui envoie mendier des personnes de moins de 18 ans est puni au maximum de 90 jours-amendes». La loi fédérale punit quant à elle l’exploitation de mendiants adultes. La loi fédérale sur les étrangers stipule, pour sa part, qu’un touriste de passage a l’obligation d’avoir les moyens de séjourner, sous peine de renvoi.

LA RIVIERA PRÊTE À INTERDIRE
Sur la Riviera, le phénomène de la mendicité ne touche que Vevey et, dans une moindre mesure, Montreux. Le Conseil intercommunal de l’association Sécurité Riviera devra, toutefois, se prononcer début 2010 sur un projet de nouveau règlement général de police, qui entend rendre punissable le fait de quémander sur la voie publique.

MARCHE ARRIÈRE À YVERDON
Un avant-projet de nouveau règlement interdisant la mendicité a divisé les élus à Yverdon, en septembre dernier. Préparé par le commandant de la police, il n’aura sans doute pas l’aval de la Municipalité de gauche.

G. CO.


«Marc Vuilleumier s’inquiète et enquête, c’est tout à son honneur»

«Lundi, Marc Vuilleumier a annoncé vouloir engager des policiers pour lutter contre la drogue. Je venais de déposer une motion sur cette question. Maintenant, il demande un rapport sur la mendicité en ville… Si, à chacune de mes interventions, il finit quelque temps plus tard par aller dans mon sens, il faut bien croire que je tape juste.» L’UDC Claude-Alain Voiblet jubile. Surtout qu’il connaît déjà la musique: fin 2007, son interpellation contre la mendicité et le risque d’afflux de Roumains dans le chef-lieu avait enflammé le Conseil communal. A tel point que, dans sa réponse au démocrate du centre, la Municipalité rappelait l’oppression nazie déjà vécue par les Roms. Une fois encore, les esprits devraient bientôt s’échauffer à la Palud: l’UDC vient de réitérer sa demande de règlement interdisant la manche dans les rues. Aujourd’hui, elle espère que le rapport policier commandé par Marc Vuilleumier apportera de l’eau à son moulin. Si la présidente libérale-radicale Marlène Bérard approuve un bannissement de la mendicité – «pour autant qu’on ne focalise pas sur une population en particulier» –, la présidente des socialistes lausannois, Rebecca Ruiz, s’inquiète de la tournure que pourraient prendre les discussions. Et découvre avec précaution la démarche lancée par le directeur de la Sécurité: «La mendicité n’est pas illégale et tout cela m’inspire de la méfiance, réagit-elle. Le sentiment d’insécurité a bon dos: après les toxicomanes, puis les dealers, on s’attaque maintenant aux mendiants. Quelle sera la prochaine étape? J’ose espérer que le municipal de la Police ne va pas partir à la chasse aux Roms, ni anticiper toutes les demandes de l’UDC. Il est normal de traquer les dealers, mais pas la pauvreté.» Dans le camp averti du municipal popiste, les avis sont partagés: «Après la charge policière lancée contre les manifestants du 1er Mai, SolidaritéS a dit qu’elle ne considérait plus être représentée par le municipal
d’A Gauche toute!, rappelle le conseiller communal et député Jean-Michel Dolivo. En le voyant prendre le problème de la mendicité à revers du bon sens, cela conforte notre opinion. La réponse à cette réalité ne peut pas se faire à l’échelle d’une ville. Ce sont des mesures pour réduire la pauvreté que la collectivité publique doit prendre.» «Marc Vuilleumier s’inquiète et enquête, défend le chef de groupe POP, Alain Hubler. C’est tout à son honneur de chercher à savoir s’il y a oui ou non des réseaux organisés. Nous pourrons discuter quand nous connaîtrons les résultats de l’étude.»

GÉRALD CORDONIER

Lausanne hausse le ton face aux mendiants | 24 heures

Kaboul - Paris - Kaboul

Sara Daniel, envoyée spéciale du Nouvel Observateur en Afghanistan, a retrouvé la trace d'un des réfugiés afghans expulsés de France par charter. Elle nous livre le récit de sa rencontre avec Wahid dans un hôtel de la capitale afghane.

Wahid à Kaboul

Wahid à Kaboul (©2009 Corentin FOHLEN pour le Nouvel Observateur Fedephoto)

Vers le blog de Sara Daniel

«Ils sont traités comme des clandestins, pas comme des enfants»

«Perdus en zone d'attente». Dans un rapport publié ce jeudi (télécharger en pdf ici), l'ONG Human Rights Watch (HRW) alerte sur la situation des mineurs étrangers qui débarquent seuls à l'aéroport de Roissy à Paris et qui se voient refuser l'entrée en France.

Ils se retrouvent alors dans ce qu'on appelle la zone d'attente, enfermés au milieu d'adultes, sans protection particulière. «Ils sont traités comme n'importe quel immigré clandestin, et non comme des enfants. Ils peuvent être renvoyés dans leur pays d'origine ou dans un pays de transit n'importe quand», explique Simone Troller, auteure de cette étude.

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La Cimade dénonce «l'industrialisation» des centres de rétention

L'association s'alarme du «mépris des droits» des étrangers en attente d'expulsion et appelle à la mobilisation contre l'ouverture d'un nouveau centre «ultra-sécuritaire» en Seine-et-Marne. 

Des centres de rétention de plus en plus carcéraux et déshumanisants, où les situations individuelles passent à l'arrière plan: c'est le tableau que dresse la Cimade, seule association présente à ce jour dans les lieux de rétention, où transitent les sans-papiers. L'association présentait ce matin son rapport annuel, véritable radiographie de chacun des 23 centres et 12 locaux de rétention administrative en France.
En 2008, 32.284 personnes de 163 nationalités ont été enfermées de 24 heures à 32 jours dans des centres de rétention en métropole, a décompté l'association. Dont 118 familles avec 222 enfants.

Lire la suite de cet article de Libération