lundi 17 mars 2008

S’engager ici, maintenant, à long terme

«Lausanne compte près de 50'000 étrangers. Promouvoir l’intégration et veiller à éliminer les discriminations n’est pas faire preuve de bons sentiments»

Gabriella Amarelle, déléguée à l'intégration
de la ville de Lausanne, est l'invitée de la
rubrique "Réflexions" du 24 Heures.

«Lausanne, les autres & moi», un titre à la Woody Allen pour la Semaine d’actions contre le racisme qui commence aujourd’hui. Car les questions liées à l’identité sont au cœur de la problématique du racisme. À l’instar des Lego de notre enfance, notre identité multiple se construit en fonction des relations qui se tissent entre majorités et minorités au sein de la société.

Dessins de Anne Wilsdorf

Le fil conducteur de cette semaine est l’espace public. En tant que forum du débat démocratique, l’espace public est aussi la scène de confrontations potentielles. Sur notre lieu de travail, dans les transports publics, dans la rue, l’espace public est le théâtre où se jouent tous les jours des scènes qui ont pour thème le racisme et la discrimination. Que l’on soit auteur, victime ou témoin d’actes racistes – et ces rôles ne sont évidemment pas figés! — nous sommes toutes et tous concernés. Le programme de la semaine axé sur la sensibilisation, la prévention et la formation est le résultat d’une démarche collective entre les associations actives sur le terrain et le Bureau lausannois pour l’intégration des immigrés.

Au-delà de cette action ponctuelle en lien avec la Journée internationale contre le racisme du 21 mars, Lausanne compte bien s’engager à long terme dans la prévention du racisme et de la discrimination. Dans cette perspective, Lausanne signait en 2005 la déclaration d’intention d’adhérer à la Coalition européenne des villes contre le racisme mise sur pied par l’Unesco. Aujourd’hui, elle entend concrétiser cet engagement en élaborant un programme d’action qui sera présenté en cours de législature.

Les travaux de cet engagement à long terme commencent également en ce 17 mars. Le rapporteur spécial de l’ONU sur le racisme, Doudou Diène, sera de passage à Lausanne pour rencontrer les associations partenaires de la Semaine d’actions contre le racisme et les responsables communaux chargés de ce dossier. Cette rencontre constitue une première étape préparatoire et donnera lieu à un échange sur des thématiques telles que la promotion de la diversité culturelle, la prévention du racisme et de la discrimination par le biais de l’éducation, la mise sur pied d’un programme d’équité en matière d’emploi et d’accès aux prestations.

En ce premier trimestre 2008, Lausanne compte près de 50'000 étrangers. Promouvoir l’intégration et veiller à éliminer toute forme de discrimination n’est pas faire preuve de bons sentiments. C’est dans l’intérêt de tous d’œuvrer en vue d’une société plus juste. Il en va de notre qualité de vie. Comme le rappelle la Constitution fédérale, un État démocratique se mesure justement à l’aune de la place qu’il réserve «au plus faible de ses membres». Les villes, en lien direct avec les citoyens, sont au premier plan pour traduire dans les faits cet engagement. Le partenariat entre associations et acteurs étatiques est aussi un signal fort pour que, dans le domaine de la prévention du racisme et de la discrimination, nous ayons toutes et tous notre rôle à jouer. Sans stigmatisation, sans donner des leçons.

http://www.lausanne.ch/Tools/GetImage.asp?id=108519&RetDesc=N&Type=DocObj

Programme de la semaine (pdf)

La face cachée des centres pour immigrants clandestins européens

Les détenus de ces centres n’ont commis aucun délit et leur détention est le fruit d’une décision administrative et non pas judiciaire.

http://www.rtbf.be/stellent/groups/jsp/documents/imagephototheque/076765.jpg
Centre pour "illégaux" de Vottem, Belgique

Aujourd’hui fermé, le centre pour « illégaux » de Vottem près de la ville de Liège, est a priori un centre comme un autre : avec une double rangée de grillage, des caméras de surveillance, des gardiens et un règlement qui prévoit des sanctions comme la privation de visite, les menottes aux mains, la camisole de force et l’enfermement dans des cellules d’isolement. Il y a 6 centres pour « illégaux » en Belgique, 5 sont en région flamande et 1, en l’occurrence Vottem, est en Wallonie. Ces centres hébergent des sans-papiers en attente de leur éloignement du territoire belge, ils sont gérés par l’Office des étrangers. Chaque structure remplit une mission bien déterminée : transferts, interception des clandestins, identification des détenus…

Lire la suite de ce reportage publié par El Watan