mercredi 9 septembre 2009

17.350 étrangers expulsés depuis janvier

LIBERATION.FR - Société 03/09/2009 à 15h41

Le ministre de l'Immigration et de l'Intégration, qui dressait ce jeudi le bilan de ses huit mois à ce poste, a annoncé des chiffres «conformes aux objectifs» tout en insistant sur l'asile et l'intégration.

C.B

«Ce ministère est d'abord celui de l'asile», «la politique d'intégration sera ma priorité pour les quatre prochains mois», «intégration et maîtrise des flux migratoires sont les deux faces d'une même médaille»... Lors de sa conférence de presse de rentrée ce jeudi, Eric Besson, ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire, s'est employé à arrondir les angles, mettant davantage l'accent sur la «tradition d'accueil de la France» que sur le nombre de reconduites à la frontière opérée depuis janvier 2009.

Huit mois durant lesquels l'ex-socialiste, nommé le 15 janvier, a eu son lot de chausse-trappes et sujets explosifs: quotas, «délit de solidarité», immigration choisie, tests ADN, Calais, statistiques ethniques, bras de fer avec la Cimade sur l'accompagnement en centre de rétention...

104.827 titres de long séjour (plus de trois mois) ont été délivrés entre le 1er janvier et le 31 juillet 2009, a annoncé le ministre, soit «une progression de 0,7%, par rapport à la même période de 2008» et qui s'explique notamment selon lui par la nette progression des autorisations de séjour délivrées aux demandeurs d'asile (7049 depuis janvier, soit +22%): «La France reste le premier pays européen pour le taux d'acceptation des demandes d'asile, actuellement un demandeur sur trois obtient le statut», a ainsi souligné Besson.

Les «trafiquants des migrants» dans le collimateur

Les naturalisations (64.744) ont également augmenté de 12,6%, toujours sur la même période, plaçant aussi la France en tête des pays européens pour l'acquisition de la nationalité.

Le tour de vis se confirme en revanche sur le regroupement familial, avec 7,6% de titres de séjour délivrés en moins en 2009 par rapport à la même période en 2008. Le nombre de titres de séjour délivrés à titre professionnel baisse également de 1,8% (de 18.249 à 17.927), inflexion que le ministre attribue à la «dégradation du marché de l'emploi».

S'agissant de l'autre volet, celui des reconduites à la frontière, Besson a donné le chiffre de 17.350, dont 12.526 retours forcés et 4.824 retours volontaires. Commentaire du ministre: «C'est 10% de moins que sur la même période en 2008 mais conforme à l'objectif [de 27.000] fixé pour l'ensemble de 2009.». La pression est maintenue sur la lutte contre les filières d'immigration illégales. 3043 «trafiquants de migrants» ont été interpellés depuis janvier sur la période (+12,7%) avec un objectif total de 5000 pour l'ensemble de 2009.

Mineurs isolés

Interrogé sur la présence de mineurs en centre de rétention, sujet particulièrement sensible cet été, le ministre a répondu qu'«aucun mineur isolé n'a jamais été placé en rétention» mais que «lorsqu'il s'agit d'une famille, les parents qui font un passage en centre de rétention peuvent choisir de garder leurs enfants auprès d'eux». Quinze mineurs ont été dans ce cas depuis le 15 août, précise-t-il.

Enfin, le ministre s'est refusé à tout commentaire autre que «j'ai demandé un réexamen du dossier» sur la situation, médiatisée ces jours-ci, de ce petit garçon de 5 ans et demi qui devait rentrer jeudi en maternelle à l'école Jean Vilar de Saint-Denis et dont le père, sans-papier angolais, est menacé d'expulsion.

Marquage des roms sans-papiers

LIBERATION.FR - Société 08/09/2009 à 18h14

Besson dénonce les coups de tampon sur les Roms

Polémique après la méthode utilisée par une unité de gendarmerie dans l'Essonne, le 28 août dernier, pour contrôler des Roms en situation irrégulière.

FLORENT PECCHIO

Voilà des coups de tampon qui font couler beaucoup d'encre. La faute à un contrôle d'identité, effectué par une unité de gendarmerie, en Essonne, le 28 août dernier. Afin de faciliter le contrôle de la centaine de Roms présents ce jour-là dans un campement de fortune, sur les communes d'Ormoy et de Villabé, les gendarmes décident d'utiliser une méthode surprenante. A savoir, le marquage des personnes contrôlées à coups de tampons, pour être sûr de ne pas procéder deux fois au même contrôle. Si la méthode tient du bons sens pour la gendarmerie, il n'a pas été de même pour la communauté Rom, ni pour les associations proches des sans-papiers. Ni même pour Eric Besson, ministre de l'Immigration, qui a jugé ce mardi ce mode opératoire «particulièrement inopportun».

«Nous ne sommes pas du bétail»

Ce 28 août, apprenant la nouvelle, l'association «Solidarité avec les familles roumaines» n'en revient pas. «Immédiatement, le procédé nous a rappelé ceux de la dernière guerre», raconte Yves Bouyer, militant. Il soupire: «Ce n'est pas une façon de traiter des êtres humains». «Nous ne sommes pas du bétail», avait protesté un homme, contrôlé. L'opération consistait à porter à la connaissance du groupe de Bulgares et de Roumains, un arrêté préfectoral les obligeant à quitter le territoire dans le mois.

«Je n'ai jamais assité à des pratiques de ce genre», s'étonne, consterné, Yannick Danio, délégué national de l'union des syndicats de la police Unité-SGP FO. Pour lui, l'initiative du coup de tampon vient de l'interprétation à l'échelle locale d'une directive nationale. Et, en aucun cas, d'une méthode généralisée.

«Comme en boîte de nuit»

Du côté de la gendarmerie, la mesure ne choque pas outre mesure. «C'est comme en boîte de nuit», se défend un contact au sein de l'institution. «C'est une bonne façon de travailler, la méthode la plus simple et la plus rapide». Certainement pas «comparable» avec les numéros attribués aux juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale. Effectivement, il ne s'agit pas pas d'un marquage à vie, mais d'un tampon humide, lavable à l'eau.

Dans un contexte d'expulsions de sans-papiers, à travers lesquelles les associations qui les défendent comparent volontiers les arrestations à des «traques», Eric Besson a préféré s'offusquer, en publiant un communiqué, lundi. «Tout en approuvant l'objectif de l'opération, Eric Besson juge le procédé du tampon humide particulièrement inopportun concernant les opérations de contrôle visant des étrangers en situation irrégulière. Il s'est assuré auprès du Directeur général de la gendarmerie nationale que les consignes adéquates avaient été passées afin qu'il n'en soit plus fait usage dans ce cas». Dont acte. La capitaine Poupot, chargée de la communication à la gendarmerie nationale, assure que celle-ci va «s'exécuter», conformément aux voeux du ministre. Le tampon restera l'apanage des boîtes de nuit.