mercredi 14 octobre 2009

Les Eglises protestantes complètent leur argumentaire contre l’initiative des minarets

La FEPS complète aujourd’hui par un dépliant son argumentaire contre l’initiative des minarets: un paquet en trois parties à commander gratuitement.

La Fédération des Églises protestantes de Suisse (FEPS) s’engage pour la paix religieuse, et elle publie depuis plus d’un an des arguments décisifs contre l’initiative des minarets. Elle publie aujourd’hui un dépliant qui complète son argumentaire.
«L’interdiction des minarets ne résout aucun problème. Elle en crée de nouveaux.» En six arguments, le dépliant présente les objections principales à l’initiative des minarets. «L’initiative populaire ‹ Contre la construction de minarets› est discriminatoire et elle marginalise. Elle met en danger la cohésion sociale et la cohabitation pacifique des religions dans notre pays» affirme Thomas Wipf, président du Conseil de la FEPS : «c’est pourquoi l’initiative doit être clairement rejetée. C’est ce que nous voulons faire comprendre aux votants.»
Le dépliant complète désormais cet engagement de la FEPS: il y a un an déjà, ont paru l’argumentaire de base « Entre clocher et minaret » et les brèves « 10 questions et réponses » sur l’initiative. Tous ces documents peuvent être commandés dès maintenant gratuitement en un seul paquet ou séparément sur www.feps.ch/shop. Ils sont aussi téléchargeables, avec d’autres textes sur ce thème:

Requérants volontaires pour nettoyer la forêt

Un groupe de demandeurs d’asile débroussaille durant toute la semaine un pâturage au col des Etroits. Une initiative de la Municipalité, et une première pour le foyer EVAM. Un article de 24 Heures.

image Six résidents du foyer EVAM de Satine-Croix effectuent jusqu’à vendredi un travail d’utilité publique dans un pâturage de la commune. Photo OLIVIER ALLENSPACH.

Ils sont six à regrouper et à brûler les branches – restes d’une importante coupe d’arbres – dans un pâturage communal au col des Etroits, sur les hauts de Sainte-Croix. Et à les entendre, ces requérants d’asile âgés de 25 à 35 ans sont ravis de quitter quelques jours leur foyer EVAM afin d’effectuer un travail d’utilité publique.

«Bien sûr qu’on veut travailler! explique un jeune Erythréen. Dans mon pays, j’étais dans l’agriculture, j’aime ça. Et puis, ne faire que dormir et manger toute la journée, ce n’est pas possible.» Un enthousiasme partagé par son compatriote, Goitom: «S’il y avait plus souvent ce genre d'initiative, je participerais. Ça permet de se vider la tête, de ne pas tourner en rond et de ne pas toujours dépendre de l’EVAM.»

«Ballon d’essai»

C’est la Municipalité de Sainte-Croix qui a eu l’idée de proposer pour la première fois un «programme d’activité» aux demandeurs d’asile. «Ça leur permet de participer à un effort pour la collectivité», réagit le responsable accueil et socialisation du foyer EVAM, Pascal Rochat. Les requérants ne se sont pas fait prier, et certains volontaires attendent leur tour pour s’activer en forêt. «C’est du pur altruisme et ça leur permet de se sentir utile pour la communauté. En général, ils ne refusent jamais ce genre de propositions», explique l’intendant de l’EVAM, Christophe Chollet.

Le garde forestier Stéphane Clot se dit d’ores et déjà très satisfait de l’effort fourni par les nouvelles recrues. «Ils travaillent très consciencieusement. Cette semaine, c’est un ballon d’essai, mais on peut très bien envisager de reconduire l’expérience.»

Hier, on interdisait les clochers

Christian van Singer, conseiller national écologiste, est l’invité de la rubrique Opinion de 24 Heures, à propos de l’initiative contre la construction de minarets.

Les initiants qui veulent interdire la construction de minarets en Suisse n’ont rien inventé.

En 1536, les Bernois occupant le canton de Vaud décrétaient l’interdiction complète du culte catholique, sauf dans le district d’Echallens, bailliage commun de Berne et Fribourg.

Les catholiques lausannois devront attendre trois siècles pour bâtir, en 1832, leur première église, Notre-Dame du Valentin, et encore, sans pouvoir ériger un clocher!

Une loi de 1810 leur avait enfin accordé la possibilité d’ouvrir une salle de culte, mais à condition que l’édifice n’ait pas l’apparence extérieure d’une église. «Le bâtiment où se célébrera le culte n’aura ni cloche, ni clocher, ni aucun signe extérieur de sa destination.»

Une interdiction semblable était aussi en vigueur dans d’autres cantons à majorité protestante.

Les préjugés à l’encontre des catholiques y étaient vivaces, on leur reprochait, comme aux musulmans aujourd’hui, de dépendre de l’étranger, de ne pas respecter la liberté de conscience et la liberté de la presse, d’avoir trop d’enfants… On critiquait le caractère autoritaire et passéiste d’une religion ne respectant pas la liberté individuelle!

Et certains cantons catholiques appliquaient les mêmes restrictions aux protestants: on tolérait des lieux de culte pour les confessions minoritaires, mais sans clocher.

Ces discriminations ont précédé et favorisé la guerre de religion du Sonderbund, entre les cantons catholiques, conservateurs, et les cantons protestants, plus progressistes.

Même si, la guerre terminée, la Constitution vaudoise de 1861 a assuré la liberté de culte, ce n’est qu’en 1935 que Notre-Dame du Valentin eut son campanile.

J’espère que l’initiative «contre la construction de minarets», lancée pour des motifs politiciens, n’exacerbera pas les tensions interreligieuses, dépassées depuis longtemps en Suisse.

On ne peut nier qu’il y ait des musulmans fanatiques, qui n’apprécient pas nos institutions et n’ont aucune envie de s’intégrer: ils aimeraient importer chez nous burqas et charia… Mais ils sont une petite minorité, et l’interdiction des minarets, loin d’être un signal contre ces extrémistes, risque de contribuer à la marginalisation et à la radicalisation de nombreux jeunes musulmans, qui ne comprendraient pas cette inégalité de traitement. C’est en refoulant les gens dans la marginalité qu’on les pousse au fanatisme.

De nombreux pays à majorité musulmane, tels l’Indonésie, acceptent la construction d’églises avec un clocher. Nous n’allons quand même pas imiter les plus intolérants, qui l’interdisent!

Le ciel suisse est assez vaste pour qu’à côté de milliers de clochers se dressent quelques minarets!

Respectons les principes fondamentaux de notre Constitution. Egalité devant les lois, libertés religieuses: tous les croyants respectueux de nos lois doivent pouvoir pratiquer leur foi.

La paix des religions et une intégration réussie sont dans l’intérêt de tous. Et des facteurs de la paix civile.

Quant aux extrémistes, qu’ils soient religieux ou politiques, ce n’est, hélas, pas l’interdiction des minarets qui les empêchera de sévir. Le non à l’initiative s’impose.

Indigne des valeurs de notre pays

Hani Ramadan, directeur du centre islamique de Genève, livre également son opinion concernant l’initiative anti-minarets, dans les colonnes de 24 Heures.

Puis-je vous parler de la Suisse vraie, de la Suisse authentique et profonde, celle que j’ai appris à connaître depuis que j’y suis né?

J’ai le souvenir d’une brave maîtresse d’école primaire, Mme Dubois, qui, après les cours donnés à l’Ecole Trembley à Genève, nous envoyait quelquefois faire les commissions d’une femme âgée et malvoyante. Cette dame enseignait dans une institution laïque, certes, mais, à travers son instruction, elle avait le mérite d’ouvrir nos petits cœurs à la détresse des plus démunis, au nom de valeurs chrétiennes ou humanistes qui ont nourri nos esprits d’une lumière ineffaçable.

Gamin, je rendais visite le samedi à mon ami Pascal, dont je devais apprendre bien plus tard qu’il était le petit-fils d’un journaliste suisse célèbre, René Leyvraz, père de Jean-Paul, qui fut également mon professeur de philosophie à l’Université de Genève. Sa grand-mère, Hélène Leyvraz, nous recevait et nous offrait un goûter fait de pain et de chocolat.

Un jour que du haut de mes 12 ans je m’abstenais de manger, elle m’en demanda la raison: «Je suis musulman et je jeûne.» Alors, elle me regarda droit dans les yeux et me dit: «C’est très bien d’avoir une religion qui impose ainsi des restrictions.» Son expression était volontairement admirative. L’expression qu’un adulte prend pour encourager un enfant.

Plus tard, je fis mon école de recrues. Ne pouvant pas consommer une viande illicite pour le musulman, j’emportai en fin de week-end quelques conserves pour la semaine. Je fus convoqué bientôt par un responsable gradé. Celui-ci me reçut avec le plus grand respect. Il me signifia que, puisque je ne pouvais consommer la viande proposée, il me restituerait la somme affectée quotidiennement à la nourriture de chaque recrue (5 ou 10 francs).

Je lui ai fait savoir que ce n’était pas nécessaire, mais j’ai été impressionné par les scrupules de cette administration, qui traite chaque individu selon ce qui lui est dû.

J’ai enfin un quatrième souvenir, beaucoup plus récent: un message relatif à l’initiative populaire «contre la construction de minarets» du 27 août 2008, signé par le président de la Confédération, Pascal Couchepin, et par la chancelière Corina Casanova. Le Conseil fédéral remarquait entre autres que dans les Etats voisins il n’existe aucune discrimination religieuse au niveau des mosquées.

«L’exposé de la situation juridique en Allemagne, en France, en Italie et en Autriche montre qu’aucun de ces pays n’applique de règles particulières à la construction de mosquées ou de minarets. L’érection et l’utilisation de ces édifices sont soumises aux dispositions générales en matière de construction et aux règles en matière d’aménagement du territoire, de protection des monuments, d’urbanisme et de nuisances sonores. Dans nul de ces Etats, la construction de minarets n’est interdite ni restreinte par rapport à celle d’autres édifices religieux.»

Aussi loin que l’on regarde, au niveau du peuple comme au niveau de ses responsables et de ses dirigeants, la Suisse rejette toutes les formes de discrimination. Il serait absurde aujourd’hui d’en faire, au sein de l’Europe, une exception se distinguant par des relents de xénophobie.

N’en trahissons donc pas les principes au nom de la peur et des préjugés.

Asile: juges surpris en flagrant délit de contradiction

Autorité de recours en matière d'asile, le Tribunal administratif fédéral (TAF) a été pris en flagrant délit de contradiction. Appelé à statuer à deux reprises sur la même question, il a rendu des jugements inverses.

Les deux cas concernent deux cousins de nationalité iranienne, tous deux opposants au régime de Téhéran. Déboutés par l'Office fédéral des migrations (ODM), qui n'était pas entré en matière sur leur deuxième requête d'asile en 2007, ils avaient recouru au TAF, où leurs dossiers ont atterri devant deux Cours différentes.

Si l'une avait accepté le recours de l'un des cousins et avait considéré que son cas devait retourner à l'ODM afin que le requérant iranien puisse être auditionné, l'autre avait sèchement rejeté le recours.

Face à deux jugements contradictoires, qui concernent deux Iraniens susceptibles de devoir affronter les mêmes risques de persécution en cas de renvoi dans leur pays, leur avocat avait adressé une plainte au Tribunal fédéral (TF) pour dénoncer une inégalité de traitement.

Autorité de surveillance, le TF a indiqué dans un arrêt que son intervention n'est plus opportune. Conscient d'avoir quelques problèmes de communication interne à résoudre, le TAF a empoigné le problème.

En juin dernier, les Cours concernées ont adopté de nouvelles mesures pour éviter de se contredire à nouveau et l'ont fait savoir au TF. Satisfait de ces explications, Mon Repos conclut que la plainte est sans objet.

ats