jeudi 5 novembre 2009

Femmes étrangères battues: leur permis de séjour pas en danger


VIOLENCES | Le canton de Berne veut encourager les femmes étrangères victimes de violence domestique à demander de l'aide.

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ATS | 05.11.2009 | 12:18

Souvent, elles n'osent pas se révolter contre leur sort de crainte de perdre leur permis de séjour.

C'est pour améliorer la situation des étrangères en détresse que le président du gouvernement Hans-Jürg Käser a élaboré une déclaration d'intention. Le document rédigé en collaboration avec le service de lutte contre la violence domestique, le service des migrations et la police encourage les victimes à demander de l'aide.

Les personnes qui subissent cette forme de violence ne doivent pas avoir peur pour leur permis de séjour, explique jeudi le canton de Berne. Les services de migrations prolongeront les autorisations de séjour si la victime fait des efforts pour s'intégrer et devenir indépendante financièrement.

La violence domestique au sein d'un couple de personnes étrangères se traduit par des dépendances, souligne le canton de Berne. Les épouses se voient interdire tout contact en dehors de la famille et se trouvent ainsi isolées. Il leur est également impossible d'exercer une activité lucrative.

Les campements roms détruits par la police et la voirie

GÉRALDINE VIREDAZ

GenèveROMS - Les forces de l'ordre ont «nettoyé» les camps roms de Genève. Pour les reloger, les services sociaux de la Ville prévoient d'anticiper l'ouverture des abris PC.
Mardi, la police et la voirie ont mené une opération choc auprès des campements roms. A la Jonction, à la Servette, dans des parcs et sous les ponts, la municipalité et le canton ont uni leurs forces pour confisquer les affaires des gens du voyage. Matelas, tentes, couvertures et effets personnels ont été saisis par la voirie, tandis que la police a procédé à des contrôles d'identité. Les agents de sécurité municipaux (ASM), du ressort du Département de l'environnement urbain et de la sécurité, ont également participé à l'intervention.
Pour les forces de l'ordre, cette intervention s'inscrit dans une politique de sécurité et de salubrité publique: «Il ne s'agissait pas d'effets personnels mais de détritus», déclare Eric Grandjean, attaché de presse de la police. «Un matelas moisi et maculé de fientes, nous ne considérons pas cela comme la propriété de quelqu'un. Il s'agit de la vingtième opération de ce genre que nous menons cette année, et nous avons déjà ramassé plusieurs tonnes de déchets», précise-t-il.


Sans solution à long terme

Du côté de l'association de soutien aux Roms Mesemrom, la consternation règne: «Les Roms se sont retrouvés sans couverture, sans affaires et sans lieu pour dormir, alors qu'il pleuvait et faisait très froid. Des médicaments ont été saisis, mettant en danger certaines personnes», s'indigne Dina Bazarbachi, présidente de Mesemrom. «Les abris sociaux n'ouvrent que le 16 novembre. Comment vont-ils faire jusque-là?» s'inquiète-t-elle, avant de préciser que parmi les personnes concernées, il y avait des enfants. L'association a pu loger les plus jeunes dans l'urgence, mais une solution à plus long terme se fait encore attendre.
Le relogement des Roms ne fait pas partie de la mission de la police. Eric Grandjean le souligne: «Nous suggérons aux personnes interpellées de se rendre du côté des services sociaux, mais leur relogement n'est pas de notre ressort.»
Du côté de la Ville, le chef du Département de la cohésion sociale, de la jeunesse et des sports, Manuel Tornare, déplore ne pas avoir été mis au courant de l'opération par le Département de l'environnement urbain et de la sécurité: «Habituellement dans ce genre de cas, nous travaillons en commun avec la voirie et les ASM. Cette fois, nous n'avons pas été contactés. Je vais faire ouvrir dans les prochains jours l'abri PC des Vollandes, qui peut accueillir une centaine de personnes.»
Interrogés dans la rue par l'intermédiaire de Mesemrom, deux Roms répondent sur le ton de la fatalité: «Nous avons dormi sur des cartons, et hier nous sommes allés acheter de nouvelles couvertures au marché aux puces.» L'un confie sa peur face à de telles actions, tandis que l'autre, le regard lointain, marmonne des mots d'indifférence. «Nous ne volons pas, nous de dealons pas de drogue: tout ce que nous voulons, c'est qu'on nous laisse en paix», ponctuent-ils.
Selon Mesemrom, les Roms de Genève sont majoritairement originaires de Roumanie et effectuent des séjours alternés entre leur pays et la Suisse. Leur activité principale est la mendicité, mais selon l'association, certains souhaiteraient travailler. «Le marché du travail leur est difficilement accessible, car ils n'ont pas ou peu de formation, sont presque tous analphabètes et non francophones», commente un membre de Mesemrom

Fernand Melgar à l’Odéon

Fahad K. en compagnie de Fernand Melgar (photo Joana Abriel)Le Théâtre de l’Odéon à Villeneuve plonge dans les entrailles du centre de requérants d’asile de Vallorbe, avec la projection du film La Forteresse. Celle-ci à lieu aujourd’hui à 20H. Le réalisateur Fernand Melgar sera présent et répondra aux questions du public.

Appartenances Yverdon fête ses 10 ans

L’association, qui offre un soutien psychologique aux migrants, développe depuis trois ans et demi des activités en faveur des femmes et des enfants. 24 Heures.

Les psychologues Assal Momeni (à gauche) et Camille Rigo se partagent la responsabilité de l'antenne yverdonnoise d'Appartenances. Photo Olivier Allenspach.

L’association Appartenances fête aujourd’hui le 10e anniversaire de son antenne yverdonnoise. La structure, composée de huit collaborateurs fixes et de cinq bénévoles, propose une aide psychologique aux migrants enfants, adolescents et adultes sous forme individuelle ou en groupe. «Par migrants, on entend aussi bien des requérants d’asile que des personnes au bénéfice d’un permis B, des couples mixtes et des enfants adoptés», indique Assal Momeni, psychologue et coresponsable de l’antenne yverdonnoise.

L’an passé, les requérants d’asile – majoritairement originaires d’ex-Yougoslavie – ont toutefois été les plus nombreux à recourir à ce service. Les trois-quarts des consultations se sont déroulées en présence d’interprètes formés ou en cours de formation. «Leur travail est une très grande richesse, souligne la responsable. Car ils apportent énormément d’informations culturelles.»

Animations et rencontres

Introduits il y a trois ans et demi, les ateliers en faveur des femmes et des enfants constituent un autre volet important de l’antenne d’Yverdon. Des projets ont pu être réalisés grâce à la subvention communale de 125 000 francs. «Par exemple, on a loué un jardin familial à la demande de participantes, explique la psychologue Camille Rigo. Une partie des légumes cultivés provient de germes d’autres pays. Pour la fête d’aujourd’hui, les femmes prépareront ainsi une soupe à la courge dont la graine vient du Maroc!»

Ce soir dès 17 h, rue du Collège 4 à Yverdon: spectacle et spécialités culinaires du monde.

Les requérants irritent le patron des grottes

Le dérapage verbal du président des Grottes Walter Zehnder, mardi, relance la controverse sur la cohabitation avec les hôtes du Centre d’enregistrement et de procédure. Un article de Pierre Blanchard dans 24 Heures.

Président de la Société des Grottes, Walter Zehnder a surpris par sa réaction véhémente à la médiatisation des travaux d’utilité publique. Il reconnaît avoir proféré des propos «vulgaires» sous l’emprise de la colère. Photo Olivier Allenspach La médiatisation des travaux d’utilité publique effectués par les pensionnaires du Centre d’enregistrement et de procédure (CEP) de Vallorbe a suscité l’ire de Walter Zehnder, président de la Société des Grottes. A tel point qu’il a dérapé verbalement. Concrètement, il a insulté les deux municipaux en charge du dossier asile dans le Journal de Vallorbe et traité de «négros» les requérants dans une interview accordée mardi à 20 minutes. Un dérapage qui a surpris, Walter Zehnder étant une personne respectée à Vallorbe. Directeur retraité de Gondrand SA, il est actif dans les milieux associatifs.

«J’ai agi sous le coup de la colère. Je ne renie pas mes propos. Je reconnais qu’ils sont vulgaires», explique l’intéressé. Ce qui le dérange, c’est la présence de requérants à proximité de lieux touristiques, et tout spécialement du Musée du fer. «Ils découragent les touristes.»

«Même si je ne partage pas ses propos, Walter Zehnder a le courage de ses opinions. Il exprime tout haut ce que d’autres Vallorbiers disent tout bas. Si la forme n’y est pas, les questions qu’il soulève doivent être entendues», commente Yvette Bourgeois, présidente de l’Association auprès des requérants d’asile de Vallorbe œcuménique et humanitaire (ARAVOH).

La cohabitation avec les requérants est parfois difficile, même s'ils participent à des travaux utiles à la population locale. Photo Michel Duperrex

La cohabitation avec les requérants avait suscité un vif débat à Vallorbe, il y a deux ans. L’ancien syndic avait alors obtenu du canton et de la Confédération un meilleur encadrement des requérants. Depuis, la situation s’était apaisée. Le coup de sang de Walter Zehnder remet-il tout en cause?

Nouvelles approches

Pas pour le nouveau syndic, Stéphane Costantini: «Je ne cautionne pas les propos de Walter Zehnder. Mais nous ne minimisons pas les problèmes et cherchons des solutions avec nos partenaires que sont la Confédération, le canton, l’ARAVOH et les CFF.» Une approche confirmée hier par le conseiller d’Etat Philippe Leuba, mais aussi par la venue à Vallorbe, le mois dernier encore, de la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf pour une rencontre avec la Municipalité.

De leur côté, les CFF font un geste en acceptant que l’ARAVOH, qui encadre les requérants à la gare, s’installe à la gare de marchandises. «Avant de prendre notre décision, nous avons fait le tour de l’ensemble des problèmes de sécurité que pose l’installation de locaux mobiles proches des voies», rapporte Frédéric Revaz, porte-parole des CFF. Nous allons communiquer par écrit cette décision ces prochains jours.»

Propos confirmés par le syndic Stéphane Costantini, qui a déjà reçu l’information par téléphone hier après-midi. Sur le terrain, les travaux d’utilité publique se sont multipliés et vont se poursuivre. La Société des Grottes, que préside Walter Zehnder, va même en profiter!

Fernand Melgar, réalisateur de La forteresse – film tourné au CEP de Vallorbe – est attristé par l’image négative que ce dérapage de Walter Zehnder donne une nouvelle fois de Vallorbe: «Des propos similaires auraient pu être rapportés dans d’autres villages qui n’assument pas la présence d’un CEP sur leur territoire.»

Roms virés de leurs camps

Une vaste opération de débarras des campements sauvages des mendiants à Genève provoque l'indignation de l'association Mesemrom. La police dit ne faire qu'appliquer la loi. Un article signé Mathieu Cupelin dans le Matin.

Une demi-douzaine de campements sauvages ont été débarrassés mardi par la police et la voirie genevoises, au grand dam des défenseurs des Roms. Image © Christian Bonzon «Mardi, des policiers accompagnés de la voirie ont sillonné la ville et se sont livrés à une véritable chasse aux campements de fortune des Roms, embarquant toutes leurs affaires», s'indigne Dina Bazarbachi, présidente de l'association de défense des Roms Mesemrom. «Alors que les abris sociaux n'ouvriront que le 16 novembre, ces personnes se retrouvent totalement démunies par ce froid. Une telle opération met en danger la vie de ces gens, notamment celle des enfants.»

Les Roms concernés, estimés à une quarantaine par Mme Bazarbachi, se sont donc retrouvés privés des matelas, des couvertures et des vêtements de récupération qu'ils avaient amassés sous des ponts ou dans des parcs. «Des médicaments ont aussi été emportés.» Une solution d'urgence a été trouvée pour trois bébés et deux mamans, qui ont pu être hébergés dans une chambre à l'Armée du Salut. Et des membres de Mesemrom ont recueilli six enfants chez eux.

Mais, pour les nuits à venir, la présidente de l'association ne voit pas de solution, à moins que la Ville de Genève accepte d'ouvrir l'abri des Vollandes, destiné aux personnes sans domicile fixe, plus tôt que prévu.

20 tonnes de déchets
L'opération, qui visait apparemment tous les campements disséminés sur le territoire de la Ville de Genève, tombe moins de deux semaines avant l'élection du Conseil d'Etat. Une manière pour le Département de la police, dirigé par le socialiste Laurent Moutinot, de montrer les dents et de couper l'herbe sous les pieds du Mouvement citoyens genevois, qui promet de faire disparaître les mendiants des rues en quarante-cinq jours? La question irrite Eric Grandjean, porte-parole de la police genevoise. «C'est la vingtième fois que nous débarrassons des campements roms cette année. Il ne s'agissait pas d'une opération commando, mais d'une mission de routine faisant partie du mandat de base de la police. L'ordre ne vient pas du magistrat, mais d'un officier de gendarmerie.»

Pour les autorités, les effets entreposés dans les campements roms sont des détritus. «Nous intervenons chaque fois que nous constatons une accumulation de déchets gênante, dans le cadre du règlement sur la propreté, la salubrité et la sécurité publiques.» Depuis le début de l'année, environ 20 tonnes d'affaires diverses, dont beaucoup de vieux matelas, ont été enlevées par la voirie.

L'opération qui s'est déroulée mardi a visé une demi-douzaine d'emplacements, selon M. Grandjean. N'aurait-il pas été possible de la repousser un peu en attendant l'ouverture de l'abri d'hiver? «Ce n'est pas le problème de la police de savoir si les abris sont ouverts ou pas encore.»

Quota de roms dans l'abri
Comme l'hiver dernier, les Roms ne trouveront de toute manière pas tous une place dans l'abri des Vollandes, d'une capacité de 80 à 100 places. Ils ont été informés hier par les Services sociaux que vingt-cinq d'entre eux au maximum y seraient accueillis chaque nuit. Ce quota existait déjà l'an dernier, où il était fixé à trente. «Pour que chacun puisse se sentir à son aise, nous devons trouver un équilibre entre les différents types d'utilisateurs, explique Philippe Bossy, responsable du secteur exclusion à la Ville de Genève. Un groupe trop important aurait un effet excluant.» L'hiver dernier, 820 personnes au total ont fréquenté l'abri, dont environ 300 Roms, pour un total de 13'000 nuitées.

Cette année va se poser un problème épineux: une dizaine d'enfants roms de moins de 12 ans se trouvent à Genève actuellement. Or les mineurs ne sont pas admis dans l'abri des Vollandes et l'Armée du Salut n'a pas assez de place pour les accueillir. Avec leurs familles, ils devront donc se débrouil-ler pour se préserver du grand froid pendant la nuit.