mercredi 16 février 2011

Logés à Vouvry, les requérants d'asile travailleront aux champs

L’unité d’accueil de Collombey devant fermer ses portes, le vaste domaine agricole des Barges hébergera des candidats réfugiés.

requérants vouvry«L’Etat du Valais est propriétaire de ces bâtiments. Nous n’avons donc pas grand-chose à dire. Mais je trouve déplorable la façon de communiquer une telle décision.» Le président de Vouvry, Reynold Rinaldi, évoque avec perplexité la création prochaine d’un centre de formation et d’hébergement pour requérants d’asile dans sa commune. Cette structure sera aménagée au domaine des Barges, rattaché au Service cantonal de l’agriculture. Elle est appelée à combler une lacune dans le Chablais, puisque le foyer d’accueil pour candidats réfugiés de Collombey, en fin de bail, fermera ses portes à la fin mars. A Vouvry, l’ouverture est prévue «dans quelques mois».

Le Conseil d’Etat s’est déterminé à ce sujet mercredi dernier, précise un communiqué diffusé hier. «Le Conseil municipal n’a été informé que lundi soir, regrette Reynold Rinaldi. Nous sommes des gens adultes et responsables. Nous aurions apprécié de pouvoir poser un peu plus tôt les questions qui s’imposent aujourd’hui.» Les enfants des requérants d’asile devront-ils être scolarisés au village? Est-il raisonnable de prévoir de nouveaux logements dans une zone réputée inondable – car toute proche du Rhône? «Et dans la population, des craintes surgissent déjà quant à la sécurité publique», témoigne le président de Vouvry (3600 habitants).

Peinture et horticulture
Simon Darioli, chef du Service valaisan de l’action sociale (SAS), se veut rassurant. Au contraire de celui de Collombey, qui n’accueille que des hommes célibataires, le futur centre, situé à l’écart du village, hébergera aussi des familles. En outre, leur statut sera différent: il s’agira de personnes en cours de procédure d’asile, alors que les hommes qui transitent par le foyer collombeyroud sont pour la plupart des requérants déboutés.

Sans oublier la vocation formatrice de ce nouveau centre: encadrés par du personnel qualifié, les pensionnaires effectueront des travaux de peinture, de maçonnerie et de menuiserie. Premier objectif: aménager rapidement les locaux qui, à terme, pourront accueillir vingt à trente personnes.

Dans un deuxième temps, les requérants d’asile logés à Vouvry découvriront l’agriculture, l’horticulture, l’élevage du petit bétail et la mécanique élémentaire. Le tout dans le même esprit que les programmes d’occupation proposés depuis l’an dernier, avec succès, à Collombey: favoriser l’intégration en Suisse ou préparer le retour au pays. «Il s’agit de donner du sens à la présence de ces gens chez nous», complète Simon Darioli, qui s’appuie sur une expérience similaire réalisée à Vétroz.

Ce projet concerne une surface d’environ 5000 m2 sur les 150 ha qui composent les Barges. L’entreprise agrochimique Syngenta, locataire de 57 ha, continuera à y mener ses essais. «Ce vaste domaine (ndlr: qui accueille notamment des élèves de l’Ecole cantonale d’agriculture) est en pleine réaffectation, relève le chef du SAS. C’est une vraie aubaine pour nous.» Car le Valais doit accueillir, bon an mal an, 3,9% des requérants d’asile qui arrivent en Suisse. Ils étaient 1549, répartis dans tout le canton, au 31 décembre dernier. «Et les perspectives sont à la hausse, compte tenu des événements politiques récents dans le nord de l’Afrique.»

Patrick Monay dans 24 Heures

À Lampedusa, avec les clandestins tunisiens

INTE 201107 - immigration lampedusaDéçus par la «révolution du jasmin», ces jeunes sans travail ont saisi la première occasion de quitter leur pays pour l'Europe.

Le port, le centre d'accueil, l'aéroport. Il n'y a pas plus de trois kilomètres entre les trois lieux où se joue le dernier épisode de la révolution tunisienne, sur la petite île italienne de Lampedusa, à mi-chemin entre la Tunisie et la Sicile.

En une semaine, la minicapitale endormie dans le calme hivernal a vu débarquer plusieurs milliers de réfugiés. La plupart sont arrivés sur la plage, près du port, à bord de bateaux de pêche. Ils ont aussitôt été conduits par la police dans le centre de réfugiés, fermé quand la Tunisie et la Libye ont bloqué les vagues de candidats à l'émigration, et rouvert pour l'occasion. Tous sont en train d'embarquer dans des avions du gouvernement, décollant régulièrement de l'aéroport enclavé au centre-ville.

Cimetière naval

Mardi, les discussions entre l'Italie, l'Europe et le gouvernement tunisien semblaient avoir porté leurs fruits. Depuis lundi, plus aucun bateau en provenance de Tunisie n'était signalé. Peut-être les propriétaires ont-ils eu vent du sort qui les attendait. À quai, trois rafiots à coque bleue de sept ou huit mètres se balancent, le pont jonché de matelas et de couvertures en acrylique. Un écriteau signale «Navire mis sous séquestre». Ils attendent de rejoindre une vingtaine de leurs semblables, jetés à terre les uns sur les autres un peu plus loin, formant un cimetière naval improvisé.

Ali, arrivé dimanche, pense avoir été l'un des derniers à avoir pu tenter le voyage. «Jusque-là, les militaires tunisiens ne nous empêchaient pas de partir, affirme-t-il. Au contraire, des bateaux de notre marine nous accompagnaient. Mais ensuite, ils ont bloqué les départs.»

Pourquoi est-il parti, juste au moment où naissait en Tunisie l'espoir d'une vie meilleure? Parce qu'il le pouvait. Dans le désordre de l'après-Ben Ali, une fenêtre s'est soudain ouverte. Et des milliers d'hommes ont sauté. «On a discuté entre nous. On a regardé la météo à la télévision et on a vu que la mer était calme, dit Oussama, 23 ans, mécanicien de marine. Alors on est allés dans les ports chercher des bateaux.»

Presque tous les hommes interrogés ont le même profil: entre 20 et 30 ans, ils viennent des villes et des campagnes du sud de la Tunisie, proches de la côte, Gabès, Zarzis, l'île de Djerba. Tous se disent titulaires d'un diplôme et vivotaient au gré des emplois précaires, se faisant parfois serveurs le temps d'une saison: Jihad, 22 ans, plombier, Yahya, 30 ans, commercial dans l'électronique, Wahid, 26 ans, conducteur d'engins de chantier, Soufiane, 20 ans, mécanicien auto, Salim, 23 ans, décorateur, Omar, 31 ans, maçon, Messaoud, 25 ans, moniteur d'auto-école, Iskander, 25 ans, peintre en bâtiment, Ali, 25 ans, technicien de l'industrie pétrolière… Leur passage, ils l'ont souvent payé, entre 500 et 1000 euros, empruntés à la famille, pour une traversée de plus de vingt-quatre heures, entassés sur les ponts sans pouvoir bouger. Certains disent avoir voyagé gratuitement. «Les propriétaires des bateaux nous ont pris en pitié.» Il y a même une bande d'adolescents, entre 13 et 17 ans. Eux, ils veulent «savoir lire et écrire en Italie, apprendre de grandes choses». Comme les autres, ils disent que l'insécurité règne, à cause des «trabelsiens». Le nom des Trabelsi, la belle-famille du dictateur, est devenu synonyme de mafia et de milices armées.

La motivation principale semble être d'ordre économique. L'espoir n'est pas suffisant, ils veulent du changement tout de suite. «Ils nous ont fait rêver et maintenant c'est le cauchemar», dit Rami, un grand costaud, ouvrier spécialisé dans le béton. Leur rêve, aujourd'hui, c'est l'Europe. Des rumeurs courent: «L'Allemagne va accepter mille hommes, la France deux mille…» Reda, lui, pense qu'«en France, il y a beaucoup d'argent et de liberté.» Dans leur tête, les réfugiés vivent encore à l'heure de la dictature. S'émerveillent de rencontrer des hommes en uniforme qui ne les agressent pas. «Ici les policiers sont gentils», dit Reda en désignant les carabinieri au look guerrier impeccable, lunettes de soleil design, treillis sombre ajusté et pistolet sanglé à mi-cuisse.

Un numéro dans la poche

Les réfugiés ont aussi tenu à remercier la population. Grazie Lampedusa ( «Merci Lampedusa»), proclame une banderole tenue par un petit groupe. Les Tunisiens font marcher le commerce. Déambulant en ville dans la journée, ils achètent du fromage ou du pain, s'attablent à la terrasse des cafés. «Ce sont des gens tranquilles», dit le patron d'un café-pâtisserie. Les débits de boisson ont reçu l'ordre de ne pas servir d'alcool aux réfugiés, et semblent s'y tenir. Les jeunes Tunisiens paraissent avides d'intégration, multipliant les «Buongiorno» dès qu'ils croisent un autochtone. Mais pour eux, Lampedusa n'est qu'une étape. Chacun a en poche un morceau de papier marqué d'un chiffre. Mardi matin, les hommes à gilet bleu du Haut-commissariat aux réfugiés de l'ONU appellent les numéros de 100 à 200. Aussitôt, encadrés par un service d'ordre improvisé par les réfugiés eux-mêmes, des hommes s'alignent pour monter dans le bus qui les emmène à l'aéroport, où ils embarquent immédiatement dans un Boeing 737 jaune et blanc de l'aéropostale Italienne. Ils ne savent pas exactement où ils vont. «On nous a dit qu'on partait en Sicile, peut-être à Catane», affirme un des voyageurs. Ils devraient être installés dans un autre camp. Là, dit-il, «on nous donnera des papiers.»

Pierre Prier, envoyé spécial à Lampedusa pour le Figaro

Un "nazileaks" en Allemagne

De nouvelles fuites de documents internes touchent cette fois le parti d'extrême-droite allemand, révélant un racisme flagrant, des luttes internes et des transactions financières louches.

Pour la seconde fois depuis 2008, des milliers de mails du parti d'extrême-droite allemand NPD ont fuité, a indiqué lundi 14 février Der Spiegel, qui parle dans ses colonnes de "nazileaks". L'hebdomadaire allemand a en effet eu accès à quelque 60.000 messages d'hommes politique du NPD, sans pouvoir dire si cette fuite est due à un dysfonctionnement du système informatique au siège du parti ou à l'action d'un hacker.

Der Spiegel décrit au travers de ces messages la "vie interne chaotique du parti d'extrême-droite". Ces messages évoquent selon l'hebdomadaire des financements troubles de campagnes électorales, ou des disputes internes tournant à l'insulte et aux mots haineux entre membres du parti.

Racisme flagrant

Surtout, ces mails témoignent d'un racisme flagrant, souligne l'hebdomadaire. Emploi de termes racistes, références au mouvement nazi… On peut ainsi lire dans ces correspondances les propos d'un responsable du NPD de Hambourg se plaindre d'un autre membre du parti qui aurait une "Négresse" parmi ses amis Facebook.

Le porte-parole du NPD Klaus Beier a menacé d'actions en justice après la publication de ces mails, affirmant que ces derniers avaient été "probablement manipulés". Une réaction similaire à celles déjà formulées lors des précédentes fuites en 2008.

Anciens nazis

Le NPD, créé en 1964 par d'anciens nazis et qui comptait entre 6 et 7.000 adhérents en 2009, dispose actuellement de huit sièges au Parlement de Saxe-Anhalt et de six sièges en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, deux Länder de l'ex-Allemagne de l'est. Ces régions déshéritées après la chute du Mur sont un terreau fertile pour les idées d'extrême droite. Il a officialisé sa fusion avec la DVU le 1er janvier dernier. La DVU, créée en 1971 par un millionnaire et antisémite notoire, Gerhard Frey, qui fut son président jusqu'en 2009, a actuellement un siège au parlement régional de Brême. Le parti compte selon ses dires environ 4.000 adhérents.

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