mercredi 19 août 2009

Mirta Palma: demande de permis humanitaire

La sans-papiers fauchée sur le trottoir de Bel-Air en juin dernier doit toujours quitter la Suisse le 15 septembre.

Mirta Palma a été contrôlée par la police après avoir été gravement fauchée sur un trottoir. Sans papiers, elle doit bientôt quitter le pays. Photo Chris Blaser Près de deux mois après l’accident qui lui a fracassé la cheville sur un trottoir de Bel-Air, Mirta Palma a toujours de la peine à se mouvoir. Et son avenir en Suisse n’est de loin pas assuré, puisqu’elle est censée quitter le pays le 15 septembre prochain. Mais la mobilisation s’organise. «Nous allons déposer une demande de permis humanitaire», confie Jean-Michel Dolivo, membre du Collectif vaudois de soutien aux sans-papiers.

La demande sera déposée le 31 août auprès du canton, qui préavisera positivement ou négativement avant de transmettre le dossier à l’Office des migrations. Jean-Michel Dolivo ne cache pas que les chances d’aboutir sont incertaines, en raison du fait que la famille de Mirta vit toujours en Equateur. «Cette demande est légitimée par la situation d’extrême détresse de ma cliente», estime Jean-Michel Dolivo.

L. A. dans 24 Heures

Solidarité avec Mirta Palma

«Nous sommes avec elle»

«En général, nous restons très tranquilles et discrets», explique un ami équatorien, membre du Collectif vaudois de sans-papiers. «Mais, là, nous allons nous battre pour que Mirta puisse rester en Suisse. Nous sommes tous avec elle. » Une communauté effectivement discrète. Ils seraient plus de 6000 sans-papiers équatoriens dans le canton. Et solidaires. «On se connaît tous, on s’aide en cas de coup dur», ajoute-t-il. Alors de savoir que Mirta Palma – la blessée de Bel-Air (VD) – qui s’est toujours énormément engagée dans l’association des Equatoriens de Lausanne, est sommée de quitter le pays d’ici au 15 septembre, cela suscite un grand mouvement de sympathie.

Pas d’assurance perte de gain

Son avocat, Jean-Michel Dolivo, explique qu’une plaine pénale vient d’être déposée, afin que sa cliente puisse prétendre à des dédommagements pour les torts qu’elle a subis dans l’accident de Bel-Air, où elle a eu la jambe broyée sous une voiture. Des torts tant physiques que psychiques. Sans parler du manque à gagner. «Car, évidemment, elle n’a pas d’assurance perte de gain!» ironise son avocat, qui rappelle que cela fait sept ans que cette femme de 53 ans fait des ménages chez des particuliers. Des dédommagements qui devraient être pris en compte soit par la RC de la conductrice de la voiture remorquée, soit par celle du dépanneur, selon l’issue de l’enquête.

Dossier délicat

«Nous allons aussi déposer une demande de permis humanitaire courant août», précise Jean-Michel Dolivo. D’ici là, il s’agit de réunir les documents nécessaires. Un dossier d’autant plus difficile à préparer au vu de la situation illégale de Mirta. «On va essayer de prouver ses revenus. Mais, vous imaginez bien, c’est délicat de demander cela à ses employeurs!» Son avocat compte aussi sur les attestations médicales qui décriraient les séquelles physiques potentielles, rendant un retour au pays d’autant plus compromis.

Jean-Michel Dolivo ne le cache pas, le fait que les filles de Mirta Palma sont restées au pays constitue un point négatif pour le dossier. Une crainte confirmée par le chef du Service de la population du canton de Vaud, Henri Rothen. Or, si retourner en Equateur permettrait à cette mère de retrouver ses filles après sept ans de séparation, cela signifierait surtout une situation économique très précaire pour la famille. Depuis ici, Mirta Palma peut envoyer 500 francs par mois pour soutenir ses filles.

Craintes de l’avocat

L’avocat, célèbre défenseur des sans-papiers, semble déterminé à tout entreprendre pour sauver sa cliente. «Je pense qu’on va lancer une pétition. Et on envisage une manifestation de soutien», précise-t-il.

Reste qu’il est conscient du parcours difficile qui les attend, lui et sa cliente: tout d’abord parce que les conditions de l’administration vaudoise sont très sévères, ensuite parce que Berne applique désormais une politique très restrictive.

Des jumelles de 16 ans peuvent rester en Suisse

Zurich samedi18 juillet 2009

Des jumelles de 16 ans peuvent rester en Suisse

Par Catherine Cossy

L’élan de solidarité a atteint son pic en mars dernier. Presque tous les maîtres et les élèves de l’école Lavater, à Zurich, sont présents dans la salle de gym. Ils ont organisé une conférence de presse pour expliquer pourquoi les jumelles Aleksandra et Tijana Comagic, 16 ans, ne doivent pas être expulsées vers la Serbie. La future maire socialiste Corine Mauch et le municipal des Ecoles, le PDC Gerold Lauber, ont envoyé un message de soutien.

Cette mobilisation a porté ses fruits. Jeudi, le Tribunal administratif de Zurich a annoncé qu’il cassait une décision du Conseil d’Etat et autorisait les deux jeunes filles et leur mère à rester en Suisse. Une surprise, après deux ans de procédures balisées de décisions négatives. Car le canton de Zurich est parmi les plus restrictifs en matière de cas de rigueur. Il n’a transmis en quelques années qu’une poignée de demandes à l’Office fédéral des migrations.

Une décision étonnante

La décision du Tribunal administratif est d’autant plus étonnante vu le parcours de la famille Comagic. Les parents arrivent en 1995 de l’ex-Yougoslavie en guerre avec leurs jumelles d’une année et demie. Ils déposent une demande d’asile, qui est rejetée en 2000. Ils rentrent au pays, divorcent, et reviennent en Suisse après avoir épousé chacun un partenaire au passeport helvétique. Les parents continuent toutefois à habiter ensemble. Le père est expulsé en 2004 suite à divers délits.

Bonnes élèves, les jumelles Aleksandra et Tijana, qui ont les deux une place d’apprentissage en vue, ont emporté la partie. Le Tribunal administratif a estimé qu’à 16 ans, elles devaient être considérées comme indépendantes et n’avaient pas à payer pour les erreurs de leurs parents.