dimanche 3 septembre 2006

Loi sur l'asile: peu efficace et démesurée, selon Urs Hadorn ( ancien vice directeur de l'ODM)

Urs Hadorn a été vice-directeur de l'Office des Réfugiés pendant 30 ans !
Les migrations doivent être encadrées, a-t-il expliqué dans un entretien à la "SonntagsZeitung". Et le seul moyen d'être réellement efficace est de renforcer la coopération avec les pays de l'Union européenne, les pays de transit et les pays d'origine.

Qu'il soit possible de distinguer plus rapidement un vrai d'un faux réfugié en réclamant un passeport ne convainc pas M. Hadorn. Les papiers d'identité sont souvent d'une qualité douteuse. La marge d'appréciation pour définir les raisons justifiant leur absence est très grande, relève-t-il encore.

Le nombre de décisions de renvoi pour des raisons erronées risque ainsi d'augmenter, selon lui. Et il n'y aura pas plus de requérants d'asile disposant de passeports, estime-t-il. C'est souvent contre la volonté des réfugiés que les passeurs s'emparent des documents.

La nouvelle loi ne garantit en outre pas d'accélérer la procédure, juge l'ex-vice-directeur aujourd'hui à la retraite. Les délais pour les renvois ne sont pas plus courts, et c'est là que réside aujourd'hui le vrai problème, a-t-il expliqué.

La prolongation de la détention ne résoud par ailleurs pas le problème. Celui qui risque sa vie en fuyant accepte de voir s'ajouter douze mois aux douze mois initiaux de détention. D'autant qu'il faut comparer cette peine à la peine de mort que risquent les requérants en cas de renvoi.

La suppression de l'aide d'urgence pour les requérants déboutés aura enfin pour conséquence d'inciter un plus grand nombre d'entre eux à plonger dans l'illégalité, regrette M. Hadorn.

Lire aussi le dossier de la RSR

Blochertour: l'agence spécialisée dans les billets aller-simple


Pour faire partager leur point de vue sur une loi qu'elles jugent inhumaine, Anne-Romaine Favre (Médecins du Monde) et Jeanne Gerster (Terre des Hommes) ont choisi le détournement de pub pour faire passer leur message.



Deux adresses pour voir et diffuser ces photos

Comment j'ai trouvé refuge en Suisse

Le magazine Fémina propose en page 34 le témoignage de Milihate, Kosovare, qui a dû patienter 7 ans avant de décrocher le sésame l'autorisant à rester en Suisse. Itinéraire d'une trentenaire qui a vécu dans la crainte d'être expulsée. Extrait.

(...) La guerre, c'était d'abord ailleurs, plus loin. Puis de plus en plus proche. Un jour, une jeune voisine de 16 ans a été tuée sur le pas de la porte de sa maison. Fusillée à bout portant. Ses agresseurs l'ont ensuite coupée en morceaux... C'est peu après ces premiers raids que nous nous sommes réfugiés à la montagne. Tout le village a fui, chacun emmenant avec soi les quelques biens qu'il pouvait porter.
Nous nous sommes cachés plusieurs jours. L'armée serbe a lancé des attaqes dans la région. Les bruits de tirs résonnaient et nous vivions dans la terreur de voir les soldats découvrir notre refuge. Aujourd'hui encore, j'entends parfois dans mes oreilles le vacarme des explosions. Lors d'une trêve, nous sommes retournés au village. Trois maison avaient été brûlées. Le peu de mobilier qui restait avait été saccagé. Aprés quelques semaines d'accalmie, je suis partie chez mon oncle, à Ferizaj, pour l'aider à s'occuper de ma tante qui était malade.
Peu à peu, là aussi, les ocnditions de vie sont devenues intenables Les attaques, la terreur... Je n'aime pas repenser à ces mois-là. Cétait la guerre, vous savez... Nous vivions dans une tension permanente. De jour, de nuit. Je n'avais aucune nouvelle de mes parents, je ne savais pas s'ils étaient morts ou vivants. (...)

La suite de ce témoignage, recueilli par Marylou Rey, dans le dernier numéro de