lundi 25 juillet 2011

Fiers d’être musulmans pour réconcilier les peuples

A Caux, de jeunes musulmans européens prennent confiance en leur identité pour ensuite promouvoir la paix.

jeunes musulmans caux

«Pourquoi les musulmans prient-ils cinq fois par jour? Dieu avait demandé à Mohammed d’en faire cinquante. Trop, au goût du peuple d’Israël. Moïse a donc enjoint Mohammed de négocier avec Dieu. Après avoir fait baisser deux fois ce chiffre, Mohammed n’a pas osé retourner vers Dieu une troisième fois. Vous voyez, à cette époque, les juifs et les musulmans vivaient en paix. Ce conflit n’a rien à voir avec le Coran: il est récent, à cause de la situation entre la Palestine et Israël.» Vendredi dernier, l’imam Ajmal Masroor a profité du jour de prière des musulmans pour délivrer son message, empreint de paix entre les peuples. Plus inhabituel: il ne prêchait pas dans une mosquée londonienne, mais dans la grande salle des Fêtes du Palace de Caux. En effet, l’édifice et la fondation qui en est propriétaire – Caux, Initiatives et changement – accueillent depuis mercredi dernier et jusqu’à dimanche 45 jeunes musulmans issus de 9 pays pour participer au programme «Devenir un artisan de paix». Dans la mosquée improvisée, des jeunes femmes non voilées ont rapidement enfilé de quoi couvrir leurs cheveux et leurs jeans.

Un média aussi important que la BBC a fait le déplacement sur les hauteurs de Montreux. C’est qu’Ajmal Masroor est connu en Angleterre: actif politiquement, il intervient également comme animateur dans plusieurs émissions de TV. «Et en mars, nous avons présenté ce programme devant six députés du parlement britannique et deux membres de la Chambre des lords. L’accueil a été enthousiaste», précise l’Anglais Peter Riddell, coorganisateur de l’événement.

En quoi consiste donc ce programme? Deux heures de formation le matin et des heures de discussion par groupes l’après-midi. Assez pour transformer ces jeunes, âgés de 16 à 30 ans, en «artisans de paix»? «Avant toute chose, il faut leur donner confiance en ce qu’ils sont, en leur héritage et leur identité à la fois musulmane et européenne, détaille Ajmal Masroor. Plutôt que de se sentir humiliés et de se taire, en repartant, ils sont plus désireux de s’engager dans différentes sortes d’activités pour créer une nouvelle société dans le respect des cultures de chacun. D’autre part, il est également très important de leur transmettre des connaissances historiques ainsi que le message de paix contenu dans le Coran.»

Cinq doigts différents mais une seule main

Toutes deux de formation universitaire, Sabina, 28 ans, de Londres, et Asma Soltani, Franco-Tunisienne de 24 ans habitant la banlieue parisienne, ont déjà participé aux cours à Caux en 2009. Cette année, elles interviennent comme médiatrices au sein des groupes de discussion. «Nous avons beaucoup appris ici, ne serait-ce que par l’échange d’expériences», explique Sabina. Les deux jeunes femmes ne se sentent absolument pas représentées par les musulmans «aux voix fortes et aux discours durs montrés dans les médias». Mais savoir qui l’on est, est-ce suffisant pour changer le monde? «C’est un outil, le premier pas. Nos cinq doigts sont différents, mais ils ont chacun leur utilité et forment une seule main! La notion de paix existe dans l’islam comme dans chaque religion. Nous devons nous concentrer sur nos valeurs communes, ainsi les différences seront amoindries.» «Ici, on ne nous donne pas de solutions pratiques, mais l’énergie et la motivation pour attaquer les problèmes, précise Asma. Nous pouvons délivrer un message de paix et informer. Par exemple en rappelant – via les réseaux sociaux notamment – que la France a fait une loi contre la burqa pour 200 personnes sur une population de plus de 62 millions d’habitants. Cela peut peut-être aider les gens à ne pas se sentir envahis.»

Stéphanie Arboit dans 24 Heures

ajmal masroor

L’extrémisme de droite, une menace négligée en Europe ?

Les services de sécurité de Norvège et d’ailleurs ont-ils été trop obnubilés par le terrorisme islamiste? Certains experts dénoncent.

martin killiasQui n’a pas immédiatement songé à la piste islamiste? Dès l’explosion vendredi d’une bombe à Oslo, ravageant les bureaux du premier ministre, les experts cités en direct par les médias scandinaves soupçonnaient un acte de revanche contre la participation des forces norvégiennes en Afghanistan et en Libye. Une théorie reprise partout autour du globe. Notre journal n’a pas fait exception. Quelques heures plus tard, pourtant, c’est la stupéfaction: le principal suspect est «un Norvégien de souche». Et même «un fondamentaliste chrétien» fasciné par les thèses de l’extrême droite.

Comment cet homme inconnu des services de police a-t-il pu fomenter l’attaque la plus meurtrière du continent européen depuis les attentats islamistes de Londres qui ont fait 52 morts en 2005? Pour certains, il est tout simplement un extrémiste sorti des radars des services de sécurité parce qu’ils étaient trop accaparés par la menace islamiste. Dans un rapport publié au début de l’année, le renseignement norvégien assurait que «l’extrême droite, comme l’extrême gauche, ne présente pas de menace sérieuse en 2011» et que c’est «avant tout» l’islamisme radical qui constitue «une menace directe».

Rejet de l’islam

Matthew Goodwin, enseignant à l’Université de Nottingham et expert des groupes d’extrême droite, confirme que la focalisation sur la menace islamiste a détourné l’attention. «Ces dix dernières années, nos services de sécurité se sont surtout portés sur Al-Qaida, laissant un vrai trou dans leur couverture de l’extrême droite.» En 2010, Interpol estimait qu’il n’y avait pas de mouvement terroriste d’extrême droite sur le continent. Tout en relevant la professionnalisation croissante dans la production de propagande antisémite et xénophobe, ainsi que la présence accrue de ces dérives sur les réseaux sociaux. A quoi vient s’ajouter la montée de l’islamophobie et du racisme anti-immigrés. Daniel Poohl, de la fondation suédoise Expo, observatoire de référence sur l’extrême droite en Scandinavie, n’est d’ailleurs pas surpris de voir émerger une nouvelle forme de terrorisme nourrie par un rejet de l’islam.

Cela dit, il faut bien reconnaître que jusqu’à présent la violence d’extrême droite avait rarement dépassé le stade de passages à tabac ou d’attaques à l’arme blanche. Pour le criminologue zurichois Martin Killias, les attaques en Norvège sont à mettre sur le compte d’un acte de folie. Samedi, sur les ondes de la radio alémanique DRS, le professeur de droit pénal a affirmé que l’orientation idéologique, quelle qu’elle soit, ne joue pas un rôle central chez les coupables.

Andrés Allemand avec les agences dans 24 Heures 

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Initiative “contre l’immigration de masse”

L'objectif est de limiter le nombre d'étrangers en Suisse et de retrouver une autonomie dans la gestion de l'immigration.

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