mercredi 20 juillet 2011

Travail d’utilité publique pour quatre requérants

Quatre requérants d'asile de l'abri de Nyon (VD) ont commencé un travail d'utilité publique.

Les requérants vont débroussailler le pâturage des Fruitières, indiquent mercredi la commune et l'Etablissement vaudois d'accueil des migrants (EVAM). Le travail devrait durer «quelques semaines» et dépendra de la météo. Le programme vise à occuper les résidents de l'abri de protection civile qui compte quelque 80 personnes, à leur donner un sentiment d'utilité et à rendre service à la collectivité, explique le communiqué. L'abri doit fermer fin janvier 2012. Une grosse bagarre avait éclaté entre requérants en janvier dernier.

20 Minutes

Asile: attention aux refoulements vers l’Italie

L’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) dénonce les lacunes du système italien d’accueil des réfugiés et appelle Berne à freiner les renvois. Réponse: Rome respecte ses engagements. Mais le CIR, pendant italien de l’OSAR, demande plus de flexibilité dans l’application des règles de Dublin.

L’Accord de Dublin, auquel la Suisse est également associée, prévoit que, si un requérant l'asile a déjà déposé une demande dans un autre état signataire, il peut y être renvoyé. C’est en effet cet Etat-là qui est responsable du traitement de la demande d'asile et, si celle-ci est rejetée, du rapatriement de son auteur vers son pays d'origine.
C’est ainsi que, durant le premier semestre 2011, la Confédération a renvoyé près de 1600 personnes vers un pays de l’espace Dublin, dont un millier vers l’Italie. «Les personnes qui ont obtenu le statut de réfugié ou un statut de protection en Italie ne devraient plus être renvoyées vers ce pays», affirme pourtant l’OSAR.
Cette prise de position publiée au début de la semaine répond aux carences préoccupantes relevées par ses représentants qui, avec des collègues norvégiens, se sont rendus à Rome, Milan et Turin l’année dernière pour observer les procédures d'asile et les conditions d’accueil.
Suite à cela, l’organisation non gouvernementale appelle aujourd’hui la Confédération à la retenue lorsqu’il s’agit de renvoyer en Italie des «requérants d'asile vulnérables, des familles avec enfants et des femmes seules». Mais l'OSAR ne demande pas un arrêt des renvois, selon Adrian Hauser, son porte-parole. «Il ne s'agit pas d'accueillir des masses de gens en Suisse, mais un nombre limité de personnes présentant un réel besoin», a-t-il précisé à swissinfo.ch.
Dans son communiqué, l’ONG dresse un tableau dramatique de la situation en Italie, où les personnes concernées «vivent dans la rue, même celles extrêmement vulnérables comme des familles avec enfants, des malades psychiques et des personnes traumatisées».
«Il est évident que l’Italie a en ce moment de gros problèmes en raison du nombre élevé de demandeurs d’asile. Mais leurs conditions de vie n’y sont pas telles que nous ne pouvons pas les refouler vers ce pays, répond le chef de l’information de l’Office fédéral des migrations (OFM) Joachim Gross. L’Italie respecte les règles du système européen de l’asile ainsi que les paramètres internationaux.»

Ombres et lumières

De son côté, le directeur du Conseil italien pour les réfugiés (CIR), Christopher Hein, met les points sur les i: «Il est important de faire des distinctions. En Italie, il y a certes de grandes lacunes en raison de l’absence d’un programme national d’aide à l’intégration, mais, contrairement à la Grèce ou à Malte, les droits élémentaires sont respectés.»
Selon M. Hein, la situation de l’asile en Italie est faite d’«ombres et de lumières». Parmi les points négatifs, il cite le fait qu’avant d’obtenir un rendez-vous pour remplir leur demande, les personnes concernées «n’ont accès à aucun type d’aide».
Les plus gros problèmes touchent «surtout les personnes qui ont obtenu une reconnaissance de leur statut de protection internationale. A ce moment, elles n’ont pratiquement plus droit à l’hébergement. Elles reçoivent un permis de séjour qui leur donne aussi le droit de travailler. Mais cela ne signifie pas qu’elles trouvent du travail aussitôt, ni un logement.»
Pour ce qui est des aspects positifs, Christopher Hein avance que «le taux de personnes bénéficiant du statut de protection internationale en Italie parmi les plus élevés d'Europe». En outre, «la procédure d’asile présente des garanties qui n’existent pas partout».

Un acte de solidarité

Bien qu’atténuant nettement la sévérité des évaluations de l'OSAR sur la situation, le directeur du CIR s’associe à l’appel à freiner les renvois vers l’Italie. Appel adressé par l’OSAR à la Confédération, en invoquant la «solidarité et l’engagement à partager la charge avec les Etats membres de l’Accord de Dublin».
Christopher Hein rappelle que ce dernier comporte ce qu’on appelle la «clause humanitaire»: «Xhaque Etat peut, sans modifier aucune loi, l’appliquer avec plus d’élasticité et de flexibilité». «Etre plus flexible, cela signifie faire un geste de solidarité intercommunautaire, mais encore plus face au processus révolutionnaire en Tunisie et en Egypte, et envers les réfugiés subsahariens en Libye».
Adrian Hauser souligne lui aussi que «la grosse vague de requérants d’asile que l’on avait craint en Suisse à la suite des révoltes dans les pays d’Afrique du Nord n'est pas arrivée. Mais certains utilisent cette menace dans un but politique». Pour le porte-parole de l'OSAR, «il serait temps, par contre, que la Suisse se rappelle de sa tradition humanitaire».
Entre-temps, le porte-parole de l’ODM assure que Berne est en train de «dialoguer avec Rome pour trouver ensemble des solutions au problème des refoulements vers l’Italie, sur la base de l’Accord de Dublin». Joachim Gross ajoute qu'il est aussi question «des possibilités de soutenir l'Italie, compte tenu de l’énorme afflux auquel elle doit faire face». Mais on n’en saura pas plus. Le porte-parole se borne à dire qu’il n’y a pas de décisions concrètes pour l’instant, tout en reconnaissant que «le système de Dublin ne fonctionne pas bien».

Sonia Fenazzi, swissinfo.ch

Les Libyens secourus, au jour le jour, par leurs voisins tunisiens

À Tataouine, près de la frontière entre les deux pays, un élan de générosité a permis l'accueil de plusieurs milliers de réfugiés libyens, malgré l'absence de tout soutien de l'État ou de la communauté internationale.

Mohammed Boukhechem, le Tunisien, commence à se dire qu'il passera août et le ramadan avec Salah Zaïd, le Libyen. Depuis un mois et demi, Mohammed, qui a vécu et travaillé en France avant de s'en retourner à la retraite à Tataouine, la grande ville du Sud-Est tunisien, accueille chez lui Salah, l'épouse de celui-ci, leurs six filles et quatre garçons. Cette famille libyenne, comme des milliers d'autres, a fui les combats entre rebelles et forces pro-Kadhafi dans le djebel Nefoussa, ce massif montagneux de l'autre côté de la frontière. Seulement 170 km séparent Nalut, le village haut perché des Zaïd, de Tataouine, la ville écrasée par un soleil de plomb dans la plate immensité désertique.

L'air désolé, Mohammed ponctue ses phrases de «on ne peut pas les laisser comme ça», «ce sont nos frères», «c'est notre devoir». À l'écouter, on mesure l'ampleur de l'élan de générosité des Tunisiens envers les Libyens. La communauté internationale a tardé avant d'apporter de l'aide aux victimes des atrocités de Mouammar Kadhafi, qui ont surtout compté sur la solidarité de leurs voisins tunisiens. Le 15 avril, à 7 heures du soir, raconte Mohammed, un semi-remorque s'est engouffré dans les ruelles de Rogba, son quartier, à la périphérie de Tataouine. «Il y avait trente-deux personnes, des hommes, des femmes, des enfants… J'ai apporté une échelle pour qu'ils puissent descendre… Ils cherchaient une maison… Il y avait un bébé de 3 mois, des vieux qui ont pleuré devant moi… Ils venaient de Zenten (plus loin dans le djebel Nefoussa, NDLR), ils avaient roulé toute la journée, en plein soleil, dans un camion fermé… Je ne pouvais pas les laisser comme ça…»

Mohammed ouvre son café, ses trois garages attenants, sa maison juste derrière. En respect des codes islamiques, femmes et enfants sont logés dans le café. Les hommes dans les garages. Huit autres hommes dans le sous-sol de sa maison, où Mohammed narre aujourd'hui son aventure. Les matelas sont toujours là, à côté de la télévision et d'un ventilateur. Au premier étage était hébergée une famille au complet. «Ce que j'avais à manger, je donnais tout… Les femmes faisaient le couscous et les macaronis… J'avais un peu d'argent en banque, je donnais tout… Personne n'est venu m'aider… mais c'est notre devoir…»

Problèmes de santé publique

Zenten libérée par les rebelles, les hôtes de Mohammed sont rentrés chez eux. Mais d'autres Libyens sont arrivés, cette fois de Nalut, un village encore régulièrement atteint par les roquettes Grad que tirent les forces de Kadhafi stationnées en contrebas. Et c'est ainsi que Mohammed a fait la connaissance de Salah et de sa famille. Les deux hommes se retrouvent chaque soir pour deviser. Le temps passe. Le ramadan arrive, et la question commence à être évoquée : comment trouver en quantité viande, lait, sucre, et toutes les victuailles qu'il convient de partager le soir venu, à la rupture du jeûne ?

Pour Ali Mourou, qui remplit provisoirement les fonctions de maire de Tataouine, cette question du ramadan et, plus généralement, les problèmes posés par les réfugiés libyens ont pris des proportions pharaoniques. Comme si avec le déclenchement de sa révolution, la Tunisie n'avait déjà pas assez de soucis politiques, économiques et sociaux ! Depuis le 28 mars, explique Ali Mourou, les Libyens n'ont cessé d'arriver à Tataouine et dans son gouvernorat, qui, en Tunisie, a recueilli le plus grand nombre de réfugiés. À la mi-mai, au plus fort de ce mouvement migratoire, ils étaient 54 000 dans le gouvernorat, dont 30 000 à Tataouine, où vivent 75 000 habitants en temps normal. «Vous imaginez les contraintes pour fournir l'électricité et l'eau, soigner les blessés de guerre et puis les réponses à apporter en terme d'hygiène et de santé publique !» L'édile insiste : «Pendant deux mois et demi, nous n'avons reçu aucune aide du gouvernement tunisien et aucune aide internationale. Les réfugiés libyens n'ont été secourus que par les habitants de Tataouine, qui ont ouvert leurs maisons, vidé leurs réfrigérateurs, et par les dons privés venant de toute la Tunisie. Du gouvernement, nous n'avons toujours rien reçu», se lamente Ali Mourou.

Cinq centres de distribution

Mohammed cite en revanche le Qatar, qui gère un camp dans le stade de football, les dons de l'agence onusienne pour les réfugiés, et de celle en charge de l'aide alimentaire. Heureusement, le nombre des Libyens a baissé - ils ne sont plus qu'environ 6 000 à Tataouine et 20 000 sur la région. Les réfugiés demeurés à Tataouine se sont, eux, installés dans l'inconfort. Certains louent des maisons ou contribuent aux dépenses de leurs familles d'accueil tunisiennes. Leur carte bleue de rationnement en mains, ils se rendent une fois par semaine à l'un des cinq centres de distribution d'aide alimentaire tenus par des bénévoles. Certains produits distribués ont été achetés à des entreprises tunisiennes ou au gouvernement tunisien, qui finira bien, d'une manière ou d'une autre, par régler les factures présentées par Tataouine et par toutes les villes d'un pays au chevet de son voisin en guerre depuis cinq mois.

Thierry Portes dans le Figaro

Augmentation des flux migratoires dans la Corne de l'Afrique

La grave sècheresse qui affecte de vastes zones du Kenya, la Somalie, l'Ethiopie et Djibouti a conduit à une augmentation considérable des flux migratoires multidirectionnelle, à la fois au sein et à travers les frontières internationales, ont indiqué mercredi à Nairobi des missions de l'Organisation internationale pour les migration (OIM) dans la région.

"Ces mouvements de la population impliquent non seulement les réfugiés et les demandeurs d'asile, mais un grand nombre de migrants et des éleveurs qui ont peu de choix de se déplacer le long de nombreuses routes migratoires complexes et périlleuses", ont souligné ces missions dans un communiqué parvenu à la MAP. La même source note que bien que l'information sur plusieurs de ces itinéraires soit parcellaire, les mouvements de population ont été observés dans les zones touchées par la sècheresse dans le sud et le centre de la Somalie vers la capitale Mogadiscio, où de fortes pluies ont fait ces derniers jours des ravages parmi les personnes vulnérables déplacées. "La situation dans les régions touchées par la sècheresse en Somalie a conduit à une augmentation importante de personnes cherchant une aide au Kenya et en Ethiopie, avec quelque 50.000 nouveaux arrivants rapportés en juin dernier", fait constater l'OIM qui précise qu'au cours des trois dernières semaines, quelque 8.600 personnes sont arrivées au Kenya et 11.000 en Ethiopie.

En Ethiopie, où la sècheresse affecte directement 4,5 millions de personnes, les communautés pastorales ont particulièrement besoin d'aide, en raison de l'affaiblissement ou la mort de leur bétail, souligne l'organisation onusienne. Et d'ajouter que leurs mouvements transfrontaliers en quête d'eau et de pâturages pour leurs bétails créent un risque élevé de conflit concernant les ressources naturelles, en particulier dans les districts kenyans de Turkana, Wajir et Mandera gravement touchés par la sècheresse..

L'OIM et ses partenaires de l'ONU ont travaillé avec les gouvernements de la Corne de l'Afrique pour faciliter le mouvement des pasteurs dans les régions frontalières, a déclaré le directeur des opérations de l'OIM, Mohammed Abdiker. L'Initiative Sécurité dans la Mobilité (SIM), ajoute-t-il, a appelé les gouvernements de la région à élaborer une politique pour faciliter le déplacement sécuritaire des pasteurs dans leur pays et à travers les frontières, en utilisant une approche de collaboration qui englobe la fourniture de l'assistance humanitaire, les services de base et la sécurité globale.

"De tous les mécanismes d'adaptation aux changements climatiques, la mobilité s'impose comme le plus essentiel pour les éleveurs", a indiqué Mohammed Abdiker, soulignant à ce propos l'urgence d'un effort concerté vu qu'"aucun pays dans la région ne peut seul relever les défis complexes du changement climatique et des migrations". L'OIM relève également que chaque année, des dizaines de milliers de migrants, essentiellement des Somaliens et des demandeurs d'asile, font le voyage dangereux à partir de leur lieu d'origine à travers la Corne de l'Afrique et le golfe d'Aden au Yémen et au-delà. "Ces individus, poussés par l'agitation politique et face à la pauvreté extrême, non seulement courent le danger de la mer, mais aussi des risques physiques de harcèlement et de discrimination durant leur voyage sur la terre", souligne-t-on.

Agence MAP et AuFait Maroc