lundi 31 juillet 2006

Rauh contre Blocher: un débat qui promet

Rauh contre Blocher: un débat qui promet


La campagne sur la révision de la loi sur l'asile soumise au vote le 24 septembre se met à chauffer au coeur de l'été. Jusqu'ici, le père de cette loi, Christoph Blocher, a fait savoir qu'il refusait tout débat contradictoire pour rester conséquent avec sa ligne qui veut que les conseillers fédéraux doivent se contenter d'informer. Mais la donne est en train de changer, à l'initiative de la section zurichoise de l'UDC, chère à Blocher, et des radicaux.

Blocher doit confirmer sa présence

les deux sections projettent un débat spectaculaire de 24 août prochain dans l'ancienne usine laitière Toni à Zürich. Dans cette salle qui peut accueillir jusqu'à 5000 personnes, Christoph Blocher est invité à venir croiser le fer avec son contradicteur de droite, l'ex-président de Swisscom Markus Rauh. "Jeme réjouis de pouvoir enfin contredire M. Blocher en direct", confirme l'entrepreneur saint-gallois au Matin Dimanche. Il a pris la tête d'un "comité bourgeois" contre la nouvelle loi sur l'asile que préside également le libéral vaudois Claude Ruey. Plus de 160 élus et représentants de l'économie ont déjà rejoint cette fronde de droite.
A Zürich, l'évêque Amédée Grab devrait également être présent. Quant à la présence de Christoph Blocher, elle n'est pas encore confirmée. "Une décision doit être prise dans les jours à venir", fait savoir le service d'information du Département fédéral de justice et police. Le ministre UDC a déjà posé un lapin aux organisateurs d'un débat dans les Grisons qui était aussi prévu le 24 août. Tout était organisé jusqu'au souper, lorsque Blocher s'est désisté pour croiser le fer avec Amédée Grab. Il a également refusé d'affronter Ruth Dreifuss à l'émission de débat Arena de la TV alémanique. "Selon les informations de l'UDC zürichoise, M. Blocher ne va pas se défiler cette fois", insiste Markus Rauh. Ser faire désirer semble convenir à la star UDC du Conseil fédéral.

Article paru dans le Matin Dimanche du 29 juillet sous la plume de Ludovic Rocchi

Une marche pour le respect des Noirs le 1er Août à Lausanne

Lire cet article d'Emmanuel Borloz, dans 24 Heures

Georges Blézon-Dérou à bord du Général­ Guisan,
où il travaille comme serveur:
«Tous les Noirs ne sont pas des dealers! Halte aux amalgames!»

MANIFESTATION
Le 1er Août, les Noirs du canton défileront à Lausanne pour défendre leurs droits et leur dignité. «La Suisse, c’est aussi nous. Nous payons des impôts et comme n’importe quel citoyen, nous participons à l’évolution du canton.» Président du Mouve­ment pour le respect de la di­gnité du Noir, Georges Blézon­ Dérou s’insurge contre les brima­des et autres injustices dont sa communauté est victime. «Halte aux amalgames. Nous ne sommes pas tous des dealers! Certains d’entre nous sont diplômés. On fait des erreurs, mais on tra­vaille », poursuit Georges Blézon­ Dérou, sur le pont du bateau Général Guisan, où il est employé en tant que serveur. Bien que marié à une Suissesse et père d’un enfant né ici, Georges Blé­zon- Dérou ne se sent pas totale­ment intégré.
«Notre population comprend tant de nationalités différentes. Une large partie est protégée, tan­dis qu’une minorité ne cesse d’être rejetée. Des Noirs se font plaquer au sol et déshabiller en pleine rue. N’est-ce pas insultant et humiliant?» C’est pour dénoncer ces injus­tices et ces vexations que le Mou­vement pour le respect de la dignité du Noir organise mardi 1er août, une marche de protes­tation.
Le Mouvement, qui ne compte pour l’heure que six membres, est né il y a près de deux mois, après deux événe­ments où la police s’est montrée, selon Georges Blézon-Dérou, «abusive et exagérément autori­taire ».«Nous invitons tous les Noirs à s’exprimer sur ce qu’ils ressen­tent. Ceux qui ne viennent pas cautionnent les inégalités que nous supportons». Prévue le jour de la fête nationale, la manifesta­tion partira de la place de la Palud à 14 h. Le cortège emprun­tera les rues piétonnes pour s’ar­rêter sur l’esplanade de Mont­benon, où plusieurs discours sont prévus.

EMMANUEL BORLOZ

Elle veut l'épouser, il est contraint de s'envoler

Lire le commentaire de Didier Estoppey paru le samedi 29 Juillet 2006 dans Le Courrier

.
GenèveL'UDC l'a répété jeudi en lançant sa campagne pour les nouvelles lois sur l'asile et les étrangers, soumises à votation le 24 septembre: il est temps de lutter contre «l'industrie des mariages de complaisance» entre Suisses et étrangers. La législation actuelle, pourtant, est déjà loin de faciliter les amours intercommunautaires, comme en témoigne l'amère expérience de la Genevoise Mireille Wittwer. Celui qu'elle espérait épouser vient en effet de s'envoler sans avoir choisi de monter dans l'avion. Et vers un pays, le Mali, où il affirme n'avoir jamais mis les pieds.
Arrivé en Suisse il y a trois ans, le fiancé a toujours affirmé venir de Côte-d'Ivoire. Débouté du droit d'asile, il a ensuite été reconnu malien par une délégation venue pour des auditions à Berne. «L'entrevue a duré deux minutes, et il n'a même pas été entendu», proteste son avocat, Michaël Kaeser, selon lequel le dossier de son client recèle de nombreuses contradictions: «Plusieurs expertises linguistiques ont abouti à des conclusions divergentes concernant son pays d'origine». «C'est une de ses fréquentations à la mosquée qui a convaincu les autorités suisses qu'il était malien», ajoute Mireille Wittwer. Porte-parole de l'Office fédéral des migrations, à Berne, Dominique Boillat ne parvient pas à croire à une méprise: «Il est hautement improbable qu'un pays africain délivre un laissez-passer pour quelqu'un qu'il ne reconnaît pas formellement comme l'un de ses ressortissants.»
Au-delà de la destination, c'est le principe même de l'expulsion qui reste en travers de la gorge de Mireille Wittwer. «J'étais sur le point d'entreprendre des démarches en vue du mariage. Nous vivions ensemble depuis un an, il était devenu un second père pour mes enfants. Et j'étais sur le point de lui décrocher un emploi.» Notre interlocutrice dénonce aussi les modalités de son arrestation par la police genevoise, en juin dernier. «On m'a fait croire qu'il avait déjà été expulsé vers le Mali, avant de finir par me laisser le voir. Et pendant ce temps, les policiers le narguaient parce que je ne venais pas le voir...»
Détenu depuis lors à Frambois, le requérant débouté a été expulsé le 25 juillet à bord d'un vol spécial affrété vers Bamako et Conakry, avec sept autres compagnons d'infortune. Le lendemain, une audience devait statuer sur la demande de mise en liberté déposée par son avocat. Une «coïncidence» dont s'indigne Mireille Wittwer dans une lettre adressée au conseiller d'Etat Laurent Moutinot.
Une lettre restée jusqu'ici sans réponse. Mais dans les services concernés à l'Office cantonal de la population, on affirme que de tels vols spéciaux, organisés par la Confédération, demandent une longue planification. Quant à la demande en mariage, la loi prévoit qu'un requérant d'asile mette fin à la procédure par un retour au pays avant d'en entamer une nouvelle qui relève, elle, de la police des étrangers, souligne un fonctionnaire...
Avant de préciser que Genève se montre souple en la matière. «Mais ce Monsieur ne nous a jamais parlé de projet de mariage», souligne pour sa part Bernard Gut, secrétaire général du Département des institutions.
Il ne nous a pas été possible non plus d'interroger l'intéressé sur ses projets. Depuis un premier coup de fil reçu de Bamako, son amie reste sans nouvelles. «Il m'a dit qu'il avait été accueilli dans une famille et voulait gagner la Gambie, excluant tout retour en Côte-d'Ivoire. Mais je suis très inquiète de ne plus avoir aucun signe de vie. Ce n'est pas dans ses habitudes.»