lundi 6 juin 2011

L'Italie accuse la Libye d'utiliser les réfugiés comme "instrument de représailles"

Le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a accusé lundi le régime de Tripoli d'utiliser la carte des réfugiés comme "instrument de représailles" contre son pays.

Dans un entretien au quotidien "Corriere della Sera", Frattini a fait état de "preuves" attestant que le régime libyen "fait embarquer des réfugiés sur les bateaux contre leur gré".  "Beaucoup de ceux qui sont arrivés à Lampedusa disent qu'ils ont été forcés de quitter la Libye sans rien payer", a souligné le ministre italien en appelant à "l'intervention du procureur général du tribunal pénal international car nous sommes devant un crime contre l'humanité".

Le chef de la diplomatie italienne a affirmé, à ce propos, partager la position exprimée par le Président Giorgio Napolitano qui a insisté sur le fait que "la communauté internationale et notamment l'Union européenne ne devaient pas rester indifférentes, face aux crimes qui se répétaient quotidiennement, à travers l'organisation de traversées de nombreuses personnes désespérées depuis les côtes libyennes sur de vieux bateaux, mettant leur vie en danger".

Frattini a, par ailleurs, réaffirmé la détermination de son pays à secourir les migrants en difficulté en mer même s'ils se trouvaient en dehors des eaux territoriales italiennes, en allusion à l'attitude de La Valette concernant le sauvetage des migrants en danger dans les eaux territoriales maltaises.  Fin mai, Rome avait dénoncé l'inaction de Malte à propos d'un bateau à la dérive en provenance de Libye qui se trouvait dans ses eaux avec 210 réfugiés à bord.  Le ministre italien de l'intérieur, Roberto Maroni, avait saisi alors la commissaire européenne à l'immigration, Cecilia Malmstrom, pour demander que "soient respectés les compétences et le devoir d'intervention de tous les Etats membres dans leur zone d'assistance" maritime.

Au beau fixe avant les événements qui secouent la Libye, les relations entre Rome et Tripoli se sont dégradées après la décision de l'Italie de se joindre à la coalition alliée et de reconnaitre le Conseil national de transition (CNT) libyen comme "interlocuteur légitime". Rome est désormais en première ligne des pays qui réclament le départ du Colonel Kadhafi.  Après des vagues successives d'arrivées de migrants en provenance de la Tunisie, les débarquements enregistrés depuis quelques semaines sur les côtes sud de l'Italie concernent principalement des réfugiés originaires d'Afrique sub-saharienne, ayant pris le départ des côtes libyennes.  Selon la protection civile italienne, quelque 39.000 migrants dont environ 20.000 migrants tunisiens sont arrivés depuis le début de l'année sur les côtes italiennes.

Trouvé sur Atlasinfo

Le régime libyen soupçonné de favoriser l'émigration vers l'Europe

Le régime libyen est-il à l'origine d'une nouvelle filière d'immigration ? Selon plusieurs témoignages, les pro-Kadhafi organisent des départs à prix réduit en bateau depuis Tripoli ou Zouara, à l'ouest, pour des réfugiés, direction l'Europe. Avec un objectif politique : inonder les côtes européennes d'immigrés.

La filière recruterait maintenant directement au camp de Choucha, à la frontière tunisienne, un camp ouvert il y a trois mois et dans lequel les conditions de vie se dégradent. Le Haut commissariat aux réfugiés reste prudent sur la question, mais dit enquêter sur les rumeurs. Dossier de la rédaction avec notre envoyé spécial.

A Tripoli, les officiels du régime ne s'en cachent pas : la menace du colonel Kadhafi de ne plus contrôler les flux migratoires sur ses côtes a été mise à exécution. Certains avouent même que des membres de leur propre famille envoient des bateaux de pêche chargés de clandestins africains sur les côtes italiennes de l'île de Lampedusa.

Le but, selon eux, est de créer un problème supplémentaire aux puissances de la coalition qui bombardent leur pays depuis le 19 mars dernier. Ces bateaux, qui ne transportent presque jamais de Libyens, partent le plus souvent du port de Tripoli mais aussi de Zouara, près de la frontière tunisienne.

Du côté tunisien, officiellement, on assure que la Libye a bien autre chose à faire que d'organiser des départs de clandestins vers l'Europe sur des bateaux hors d'âge qui finissent parfois sur ses côtes. Mais hors micro, les autorités tunisiennes le confessent plus volontiers : impossible, selon elles, que ces départs se fassent au minimum sans l'accord de Tripoli.

Comment imaginer, expliquait un officier de la marine tunisienne, qu'un chalutier chargé d'au moins 700 clandestins comme celui venu s'échouer la semaine dernière au large de Sfax, ait pu partir cinq jours plus tôt de Tripoli sans que personne ne s'en rende compte...

Le camp de Choucha, point de départ pour l’Europe via la Libye

Les humanitaires du camp de Choucha savent que de nombreux réfugiés finissent par retourner en Libye d'où chaque semaine des bateaux de clandestins mettent le cap sur Malte ou Lampedusa. Le Haut commissariat aux réfugiés, de son côté, a été alerté mais ne peut rien confirmer pour l'instant.

RFI

À Calais, moins de migrants, même détresse

« Votre ministre de l'Immigration vient à Calais lundi, c'est pour nous aider ? », nous interpelle samedi Abou, jeune Érythréen. Président de l'association l'Auberge des migrants, Christian Salomé se tourne vers nous : « Vous voyez, c'est beau, certains ont encore des illusions. » Il faut dire qu'Abou, comme une quarantaine d'autres, à Calais, espère légitimement que l'État lui propose un hébergement ...

Il n'est pas en situation illégale ni ne veut aller en Angleterre. Il a fait une demande d'asile qui lui donne droit à un logement en centre d'accueil de demandeurs d'asile (CADA). « Mais on m'a dit qu'il n'y avait plus de place. » Alors en attendant une réponse - et il risque d'attendre longtemps, M. Salomé racontant l'histoire d'un Afghan qui vient d'obtenir le statut de réfugié alors qu'il a fait sa demande en septembre 2009, lors de l'évacuation de la « jungle » -, il vivote dans un squat. « L'African House », comme ils l'appellent. Une ancienne usine où désormais la plupart des 200 à 250 migrants à Calais (chiffre des associations) survivent. Il n'y a pas d'eau, pas de toilettes. Abou nous montre ce qui lui sert de lit : une paillasse récupérée, sale, à même le béton. Il tend un carnet dans lequel il a noté des traductions pour apprendre le français. « Vous direz à votre ministre que je veux m'intégrer. » Étant donné la situation en Libye, les migrants seraient plus nombreux depuis quelques semaines. Pas tant des Libyens. Mais plutôt des Éthiopiens ou des Soudanais qui ont été libérés des prisons de Khadafi où ils avaient été enfermés parce qu'ils tentaient de traverser le pays direction l'Europe. Ou, comme Oman, un Darfouri, parce qu'ils y travaillaient depuis quelques années et fuient désormais la guerre.

Franchir le tunnel

En revanche, comparé à l'époque de la « jungle », il n'y a à Calais quasiment plus d'Irakiens, « mais davantage d'Iraniens », selon M. Salomé. Et beaucoup moins d'Afghans, eux qui étaient la majorité des migrants. Mohammad Ziy, l'un d'eux, explique : « Moi je vais tenter d'aller en Angleterre, mais les autres Afghans préfèrent rester en Allemagne, aller en Belgique, en Suède ou en Norvège. Car c'est trop dur de passer le tunnel. » Le 18 mai, à Grande-Synthe, un Iranien a trouvé la mort en tentant d'embarquer dans un camion. M. Salomé : « Je l'avais croisé peu avant, il avait deux enfants... Tant que dans des pays, la vie sera insoutenable, il y aura des migrants. Alors certes, ils sont moins à Calais, mais par exemple plus à Paris... » Mais c'est du bilan calaisien que Claude Guéant se félicitera.

Laurent Decotte dans la Voix du Nord

Violence domestique: migrantes prises au piège par la loi suisse

"Les dispositions actuelles du droit des étrangers ont souvent pour effet de pousser les victimes de violence domestique à retourner chez leur mari violent", écrit l'Observatoire suisse du droit d'asile et des étrangers, auteur du rapport "Violence domestique et femmes migrantes" présenté lundi aux médias à Berne.

"Les dispositions actuelles du droit des étrangers ont souvent pour effet de pousser les victimes de violence domestique à retourner chez leur mari violent", écrit l'Observatoire suisse du droit d'asile et des étrangers, auteur du rapport "Violence domestique et femmes migrantes" présenté lundi aux médias à Berne.

L'autorisation de séjour des migrantes venues en Suisse par regroupement familial est liée pendant les trois premières années à l'existence du mariage. Si une femme se sépare de son époux avant ce délai, elle devra quitter le pays à moins de pouvoir prouver la violence domestique.

Cette "exigence de la preuve constitue un obstacle très souvent insurmontable", déplore l'Observatoire dans un communiqué. Tout le poids de la démarche repose sur les épaules des migrantes car "les attestations d'une maison d'accueil pour femmes ou le témoignage de voisins ne sont guère pris en considération par les autorités".

Ces femmes doivent donc faire constater la violence subie par la police ou un médecin, mais se trouvent rarement dans de bonnes dispositions pour ces démarches. Certaines ne connaissent pas leurs droits et peinent à obtenir de l'aide car elles sont isolées par la langue, tandis que d'autres ont perdu confiance dans la police suite à de mauvaises expériences dans leur pays, souligne Claudia Haser de la Fédération solidarité femmes de Suisse et du Liechtenstein, selon la version écrite de son discours.

De plus, les migrantes doivent prouver qu'elles ont subi une violence "suffisamment intense" pour espérer un prolongement de leur autorisation de séjour, dénonce l'Observatoire. Mais où se situe la limite, s'interroge sa secrétaire centrale Claudia Dubacher.

ATS et 24 Heures