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mardi 21 août 2012

Benjamin Marx, le bon berger des Roms berlinois

En un an, il a entièrement retapé un immeuble pour y donner un refuge décent à des centaines de Roms.

benjamin marx berlin roms

En un peu plus d’un an, Benjamin Marx a entièrement rénové un immeuble berlinois abandonné et squatté pour en faire un exemple d’intégration des Roms. Cet employé d’une organisation caritative a en effet été profondément choqué lorsqu’il a découvert, au printemps 2011, la réalité d’un édifice laissé à l’abandon dans un quartier défavorisé de la capitale allemande. Plusieurs centaines de Roms avaient trouvé refuge dans la bâtisse de 7500 m2, mais y vivaient dans des conditions très précaires.

«Les enfants jouaient dans la cour au milieu de montagnes de déchets où les rats grouillaient. Toutes les portes étaient ouvertes, les fenêtres cassées et remplacées par des cartons. Dans les escaliers: des câbles électriques non isolés à portée de main. Dans la cour: 150 m3 de déchets, en partie déversés par les habitants des immeubles voisins», raconte celui qui est devenu manager de l’immeuble après que son organisation l’a racheté en août 2011. Et aujourd’hui, la réalité est tout autre. Une inauguration officielle aura d’ailleurs lieu le 14 septembre prochain, avec une messe de l’évêque de Berlin et en présence du maire de la capitale allemande.

Une fois le contrat de rachat signé, l’été dernier, tout va en effet très vite. Les fenêtres sont remplacées, l’électricité refaite, les façades rénovées, les espaces intérieurs recouverts de gravier, bientôt fleuris, les poubelles placées dans un espace fermé à clé. Sur le plan financier, Marx garde les pieds sur terre: le prix de la maison était très bas, elle rapporte un bénéfice de 4%.

Si les choses ont si bien tourné, et cela en un temps record, c’est également parce que Marx a trié le bon grain de l’ivraie, coûte que coûte. Dans la paroisse pentecôtiste où se rendent de nombreux locataires, il assiste à leur messe et gagne leur confiance. Ainsi, il est au courant des problèmes. Il résilie alors les contrats de ceux qui entassent et exploitent des sous-locataires. Ses méthodes ne luivalent pas que des amis, il reçoit des menaces de mort et doit se placer sous la protection de la police.

«Tout le monde me demande pourquoi je fais cela», raconte Benjamin Marx, un peu agacé. «En réalité, ils se demandent pourquoi je fais cela pour des Zigeuner (ndlr : en Allemagne, ce terme porte la trace indélébile de l’anti-tsiganisme du IIIe Reich) . Et pourquoi pas? N’est-il pas normal de réagir face à la misère?» La maison sera appelée Haus Arnold Fortuin, à la mémoire de ce prêtre catholique qui, en 1939, a permis à plusieurs familles de Roms de fuir vers la France et d’échapper aux chambres à gaz, alors que l’on estime que 500 000 Roms ont été assassinés par les nazis.

Eviter un ghetto

Aujourd’hui, la maison berlinoise est un centre culturel en pleine effervescence. Les garages, rénovés, sont occupés par un artiste, Gerhard Bär. Il veut apprendre aux enfants à créer des œuvres d’art à base de déchets. Tous les jeudis, dans un bureau au premier étage, cinq employés répondent aux questions des 800 habitants, les aident à remplir leurs formulaires, à traduire ou à lire leur courrier. Des cours d’allemand y ont lieu deux fois par semaine. Dans les caves rénovées, les femmes cousent des patchworks, les hommes jouent de la musique, les enfants font leurs devoirs. Le but de Marx: louer la moitié des 137 appartements à des non-Gitans afin d’éviter un ghetto.

Marx répète sans relâche qu’au moins 80% de ses locataires travaillent, en tant qu’éboueurs, jardiniers, gardiens, dans le nettoyage, la restauration. Que les pentecôtistes sont très pieux, qu’ils ne boivent pas, ne volent pas, ne mendient pas. En moyenne, ils sont moins nombreux à toucher les allocations sociales que les Allemands, alors qu’ils y ont droit, en tant que membres de l’Union européenne. Le grand pari du bon berger de Neukölln, c’est de démonter les clichés qui nuisent à ses protégés: «Bien sûr, ce ne sont pas tous des anges, mais il y a du bien et du mal partout!»

Geneviève Hesse, Berlin, dans 24 Heures

lundi 31 octobre 2011

Les Turcs en Allemagne, 50 ans de «mariage blanc»

allemagne communauté turque Angela Merkel célèbre mercredi un demi-siècle d’immigration. Mais l’intégration est en panne.

Petit, le crâne dégarni, l’œil malicieux, Ahmet Bayram, 66 ans, est arrivé en 1971 à Berlin avec un contrat de travail dans une grosse entreprise de machines-outils. Quarante ans après, «je suis pratiquement devenu un Berlinois», sourit-il. Il passe toujours ses vacances «au pays» mais sa vie est ici, au nord du Danube. «Mes trois enfants et mes petits enfants vivent à Berlin», explique-t-il devant les rayons de la librairie turque Kitapçi, tenue par son fils.

«Il y a quarante ans, tout le monde avait du travail. Avec la crise, regrette-t-il, les Allemands ont commencé à nous dire qu’on leur piquait leur boulot et nous ont reproché de rouler en grosse Mercedes, en profitant de leur sécurité sociale.» Ahmet a le passeport allemand mais a conservé sa nationalité turque.

«Cinquante ans de mariage blanc!» La banderole barre l’immeuble à l’entrée de Berlin-Kreuzberg, le «petit Istanbul». C’est le titre d’une pièce de théâtre montée pour le 50e anniversaire des accords du 30 octobre 1961, organisant l’afflux des travailleurs turcs dont l’industrie avait cruellement besoin.

«Nous sommes tolérés»

«Nous restons des gens tolérés», résume Bekir Yilmaz, dans les bureaux voisins de la communauté turque. Il nous montre une lettre anonyme arrivée le matin. «Pourquoi votre association proteste-t-elle contre l’interdiction des grillades dans le Tiergarten (ndlr: le parc central de Berlin, à deux pas de la résidence du président de la République) ? Vos compatriotes sont incapables de se tenir correctement et proprement. Allez à Ankara ou à Istanbul faire vos barbecues! Ici vous êtes seulement des invités tolérés.» L’été, les grillades au Tiergarten étaient une vieille tradition pour les familles de la communauté turque berlinoise.

Bekir Yilmaz a rejoint son père à Berlin en 1977, il était alors âgé de 8 ans. Aujourd’hui père de quatre enfants nés en Allemagne, il se sent citoyen allemand. «Mais je ne suis quand même pas un Allemand. Je ne peux pas renier mon origine, précise-t-il. J’ai eu la chance d’acquérir la nationalité allemande avant 2000.» Depuis, la loi exige le renoncement préalable à la nationalité turque. Faute de l’avoir respectée, 55 000 personnes se sont vu retirer leur «nouveau» passeport de la République fédérale.

Dominant Berlin-Neuköln, la mosquée du cimetière turc dresse ses minarets le long de l’ancien aéroport de Tempelhof. «Nous n’avons aucune difficulté à pratiquer notre religion», souligne Ender Çetin, qui siège à la présidence de la mosquée. Né à Berlin en 1977, il se sent Berlinois à 100%, mais n’a jamais demandé la nationalité allemande. Il lui faudrait pour cela renoncer à sa nationalité turque. Or, rien ne dit qu’il n’ira pas vivre un jour dans le pays de ses parents. «Le racisme, la haine de l’Islam se sont renforcés ces dernières années.»

Serdar Taçi ou Mesut Özil, les étoiles turques de l’équipe de foot nationale, n’y changent rien. Diplôme en poche, nombre de jeunes Turcs nés en Allemagne repartent travailler dans le pays de leurs parents. Cinquante ans après, le solde migratoire s’est inversé.

Le défi de Merkel

Aujourd’hui, il reste néanmoins 2,5 millions de Turcs d’origine vivant en Allemagne, dont 1,5 million ont acquis la nationalité allemande. La communauté a ses artistes, ses millionnaires, ses responsables politiques. Mais la définition même de l’intégration reste contestée. Peut-on devenir Allemand et rester Turc? C’est le défi auquel font face le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et la chancelière allemande Angela Merkel, qui célébreront le cinquantenaire mercredi à Berlin .

Michel Verrier, Berlin, pour 24 Heures

mercredi 16 février 2011

Un "nazileaks" en Allemagne

De nouvelles fuites de documents internes touchent cette fois le parti d'extrême-droite allemand, révélant un racisme flagrant, des luttes internes et des transactions financières louches.

Pour la seconde fois depuis 2008, des milliers de mails du parti d'extrême-droite allemand NPD ont fuité, a indiqué lundi 14 février Der Spiegel, qui parle dans ses colonnes de "nazileaks". L'hebdomadaire allemand a en effet eu accès à quelque 60.000 messages d'hommes politique du NPD, sans pouvoir dire si cette fuite est due à un dysfonctionnement du système informatique au siège du parti ou à l'action d'un hacker.

Der Spiegel décrit au travers de ces messages la "vie interne chaotique du parti d'extrême-droite". Ces messages évoquent selon l'hebdomadaire des financements troubles de campagnes électorales, ou des disputes internes tournant à l'insulte et aux mots haineux entre membres du parti.

Racisme flagrant

Surtout, ces mails témoignent d'un racisme flagrant, souligne l'hebdomadaire. Emploi de termes racistes, références au mouvement nazi… On peut ainsi lire dans ces correspondances les propos d'un responsable du NPD de Hambourg se plaindre d'un autre membre du parti qui aurait une "Négresse" parmi ses amis Facebook.

Le porte-parole du NPD Klaus Beier a menacé d'actions en justice après la publication de ces mails, affirmant que ces derniers avaient été "probablement manipulés". Une réaction similaire à celles déjà formulées lors des précédentes fuites en 2008.

Anciens nazis

Le NPD, créé en 1964 par d'anciens nazis et qui comptait entre 6 et 7.000 adhérents en 2009, dispose actuellement de huit sièges au Parlement de Saxe-Anhalt et de six sièges en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, deux Länder de l'ex-Allemagne de l'est. Ces régions déshéritées après la chute du Mur sont un terreau fertile pour les idées d'extrême droite. Il a officialisé sa fusion avec la DVU le 1er janvier dernier. La DVU, créée en 1971 par un millionnaire et antisémite notoire, Gerhard Frey, qui fut son président jusqu'en 2009, a actuellement un siège au parlement régional de Brême. Le parti compte selon ses dires environ 4.000 adhérents.

Nouvel Observateur

mercredi 2 février 2011

Dans le quotidien des demandeurs d'asile

Dans les centres d'accueil européens, les demandeurs d'asile vivent dans la précarité, la promiscuité et l'incertitude du lendemain. Chacun s'organise à sa manière en attendant d'être autorisé à rester ou pas, le plus souvent… Reportage en Allemagne.
Les nuits se suivent et se ressemblent dans les centres pour demandeurs d’asile en Europe. Ici en Allemagne, dans les chambres, les pensionnaires dorment sur des lits en fer à étage. L’administration les rassemble généralement par groupes de six ou huit en fonction de leurs nationalités, couleur de peau, régions d'origine ou religions. Certaines chambres regroupent exclusivement des Gambiens, des Nigérians, des Somaliens, des Afghans, des Irakiens… Elles se transforment dès lors assez souvent en ‘villages’, où presque tous les occupants parlent le même dialecte ou la même langue.

Le partage est ici une règle d’or. Il n'est pas rare que les occupants d’un même couloir se prêtent un accessoire de cuisine. Quant aux mégots de cigarette et aux briquets, ils passent d’une main à l’autre. Mais tout n'est pas gratuit, loin de là… Fauchés, les demandeurs vendent tout ce qu'ils possèdent pour s'acheter des cigarettes ou avoir de quoi cuisiner. Certains vont de chambre en chambre proposer des vêtements à 1 euro, des portables de grandes marques à 20 euros ou des montres à des prix parfois symboliques.

Les candidats à l'asile reçoivent 40 euros par mois de l’administration pour renouveler leurs accessoires de toilette et téléphoner à leurs familles. Ils en font généralement un tout autre usage… Les 72 heures qui suivent les jours de ‘paie’, la bière achetée en ville coule à flot dans les chambres et des bagarres éclatent quelquefois, nécessitant l’intervention de la police. ‘Ici, c'est un No man's land. Chacun pense qu'il peut faire ce qu'il veut !’, estime un Somalien. Un Gambien ajoute : ‘Avant mon départ, on m'avait dit que j'aurais ici une chambre pour moi tout seul et environ 400 euros le mois. J'avais prévu d'envoyer la moitié de cet argent au pays. Mes 40 euros ne me permettent même pas de fumer à volonté…’

La promiscuité est parfois pesante. Les bruits incessants dans les couloirs perturbent le sommeil et la tranquillité. Malgré l'interdiction, des demandeurs y jouent au ballon, font de la musique, dansent et rient jusque tard dans la nuit. ‘C'est notre seul moyen de rester connecté au pays et d'éviter le stress. Que pourrions-nous bien faire d'autre ici en attendant que notre situation soit examinée par les autorités ?’, justifie un jeune Algérien.

En mal de nouvelles du pays, les demandeurs fréquentent régulièrement les cybercafés de la ville. Il n’est pas rare d'entendre certains, qui, seuls dans leurs lits, se lamentent sur la réalité de la vie en Europe. ‘Si j'avais su, je n'aurais jamais quitté mon pays !, crie un Nigérian. J'ai dû emprunter de l'argent pour le voyage, croyant trouver ici du travail à tous les coins de rue. Et me voilà coincé, sans papiers’. Certains demandeurs ont marché dans le désert, traversé la Méditerranée dans des pirogues artisanales et transité par de nombreux pays avant d'entrer en Europe.

Le récit qu'ils doivent faire aux autorités pour justifier leur présence et obtenir le statut de réfugié et un titre de séjour en embarrasse plus d’un. ‘Nous devons, à chaque fois, apporter des preuves et nous n'en avons pas’, s’inquiète un Somalien. Un point sur lequel s’appuient souvent les autorités pour rejeter la plupart des demandes. ‘Des gens arrivent, se présentent comme originaire de tel ou tel pays, mais n'ont aucune pièce pour justifier cette nationalité. Ils vous racontent des histoires abracadabrantes et rocambolesques sur les motifs de leur départ sans être en mesure d'en apporter la moindre preuve’, explique, sous anonymat, un fonctionnaire d'un centre d’accueil allemand pour demandeurs d’asile.

Après quelques semaines en centre d'accueil, les demandeurs sont généralement affectés dans un camp où ils guettent la décision finale. En attendant le droit de séjourner ou non, certains courent après les Européennes, espérant un hypothétique mariage ou devenir parent d'un enfant, ce qui, croient-ils, leur donnera plus de chances de rester. Une ultime tentative, le plus souvent vaine…

Oumarou Doukali, Syfia, pour WalFadjri

mardi 25 janvier 2011

Günter Wallraff expérimente le racisme au quotidien

Dans Noir sur blanc, le journaliste Günter Wallraff, déguisé en Somalien, éprouve la xénophobie des Allemands. Un documentaire édifiant à découvrir sur Arte.

Le Noir est un individu de race humaine et de taille agréée par les plus hautes autorités sanitaires, auquel le Blanc rechigne à louer une place de camping. Normal : le Noir ne se déplace qu'en tribu avec des sacs bourrés de tam-tam, pour faire des ribouldingues infernales. Et de chèvres vivantes pour ripailler au petit déj'. Que des embarras tout ça. Alors qu'il serait si bien dans une case. En Afrique. 

C'est ce qui ressort de Noir sur blanc, le documentaire choc de Pagonis Pagonakis et Susanne Jäger. Le journaliste blanc Günter Wallraff s'y est grimé en Somalien, peinture noire et perruque crépue, et a écumé l'Allemagne pendant un an. En caméra cachée. Pour dresser un état des lieux du racisme dans son pays. Il est accablant. Effarant. Entre humiliations, insultes et coups. "Dans un train, entouré de 600 fans de foot ivres morts, j'ai cru mourir, se souvient Wallraff. C'est une policière qui m'a sauvé. Mais il n'y a qu'en me déguisant en Noir que je peux comprendre ce qu'il subit. Mon but est de dénoncer une certaine réalité et de faire changer les choses." 

Outre-Rhin, lors de sa sortie en salles, en 2009, Noir sur blanc a fait scandale. Xénophobes, les Allemands ? Allons donc. Et puis tourner ça en douce... "C'est la polémique habituelle, mais, en caméra ouverte, Wallraff n'aurait jamais obtenu ces réactions. Pour ce sujet, sa méthode d'investigation est justifiée", estime le producteur Hervé Chabalier. Qui en connaît un rayon sur la question : il s'est fait allumer comme un réverbère dès la première diffusion des Infiltrés, sur France 2. "L'infiltration est parfois la seule manière de révéler la vérité, poursuit-il. Mais elle ne doit pas devenir systématique et il ne faut pas que le journaliste crée une mise en scène. Son rôle est de chercher des dysfonctionnements, pas de les provoquer." 

Au pire, un psychopathe ; au mieux, un loufiat

En l'occurrence, Wallraff n'a qu'à apparaître pour susciter le rejet. Il s'assied sur un banc près de deux vieux, ils se barrent. Il se pose dans une barque, les passagers lui commandent des bières. Le Noir est, au pire, un psychopathe, au mieux, un loufiat. "Rien ne me surprend : c'est ce que les Noirs vivent chaque jour en France, aujourd'hui, commente Patrick Lozès, président du Conseil représentatif des associations noires (Cran). Le racisme bestial, comme la xénophobie banale." Lozès avoue quand même avoir serré les poings en regardant Noir sur blanc. Il trouve nécessaire de montrer aussi ce racisme "de petite intensité" que nul ne voit à moins d'être "de l'autre côté de la barrière". Il dit que les politiques ne font aucune proposition constructive pour lutter contre la discrimination et que les Français sont "dans le déni". Et de conclure : "Il faut une prise de conscience. Elle passe aussi par ce genre de film". Après le tournage, Wallraff a eu des cauchemars pendant six mois. Pour les Noirs, le cauchemar ne cesse jamais. 

Sandra Benedetti dans l'Express

lundi 17 janvier 2011

Les mensonges islamophobes de Thilo Sarrazin dénoncés

Thilo SarrazinDes universitaires accusent l’ancien dirigeant de la Bundesbank d’avoir manipulé des statistiques.

Thilo Sarrazin est-il un imposteur? L’ex-dirigeant de la Bundesbank assure que l’immigration musulmane est le danger qui mine l’avenir de la République fédérale dans son livre L’Allemagne se liquide elle-même , férocement critiqué depuis cet été. Les statistiques le démontrent, selon lui. Personne d’ailleurs n’ose contester celles qu’il cite dans son ouvrage, affirmait-il encore en décembre dans les colonnes du quotidien Frank-furter Allgemeine Zeitung .

Or, une équipe de chercheurs de l’Université Humboldt de Berlin conduite par le professeur Naika Foroutan, d’origine iranienne, assure au contraire qu’il a tout faux. Leur étude, qui vient de paraître, met les thèses de Sarrazin à l’épreuve et décortique sans pitié son ouvrage, en s’appuyant sur les sources officielles du Ministère de l’intérieur, de l’office des statistiques, ou des services fédéraux de l’immigration.

Sarrazin traite ainsi du handicap culturel «héréditaire» que se transmettraient les immigrés de la première à la troisième génération. Huit pour cent seulement des Turcs vivant en Allemagne auraient atteint le niveau de l’Abitur (la maturité), selon lui, tirant ainsi le niveau général vers le bas.

Or 22,4% des membres de la seconde génération scolarisés en Allemagne ont obtenu ce diplôme au contraire, précisent les statistiques du Ministère de l’intérieur – 28,5% même en ce qui concerne les jeunes d’origine musulmane en général – pour une moyenne en Allemagne de 24,4%. Trois pour cent seulement des immigrés turcs de la première génération détenaient un tel diplôme.

Le supposé «manque d’enthousiasme» des Turcs et des Arabes à apprendre l’allemand est également démenti par l’étude des universitaires: 70% des Turcs parlent très bien (37%) ou bien (33%) l’allemand. Mais Sarrazin assure que les traditions culturelles freinent l’intégration, et écartent les jeunes musulmanes du sport à l’école et de la piscine, tandis que le port du foulard va croissant. Or 90% des jeunes concernés participent au contraire aux activités sportives selon les statistiques officielles. Septante our cent des jeunes filles de plus de 16 ans de la seconde génération n’ont jamais porté le foulard. Dix-sept pour cent environ le portent «toujours», contre 25% dans la première génération.

Les chercheurs de l’Université Humboldt ont vérifié enfin auprès de la police ses affirmations selon lesquelles «20% des délits sont commis par 1000 jeunes Turcs et Arabes à Berlin». Des assertions «que ne sauraient justifier les données de la police criminelle, selon lesquelles 8,7% des délits ont été commis par des personnes de ces origines», leur a répondu le président de la police berlinoise.

Un constat qui démontre l’amateurisme de l’ex-banquier. Même s’il faut manier toutes ces statistiques avec prudence, les universitaires berlinois ont relancé sur de nouveaux rails le débat qui divise l’Allemagne sur son avenir.

Michel Verrier, Berlin, dans 24 Heures

jeudi 4 novembre 2010

Angela Merkel donne un coup de fouet à l'intégration

Après le débat hystérique sur l’immigration et la place de l’islam, le pays veut trouver un peu de sérénité. La chancelière a reçu 120 élus, ministres et représentants de la société civile pour un sommet à Berlin.

La chancelière Angela Merkel a reçu mercredi 120 élus et représentants de la société civile pour élaborer un «plan d’action» en faveur des 15,6 millions d’étrangers vivant en Allemagne. «Nous devons rattraper ce que nous n’avons pas fait au cours des trente dernières années», a déclaré la chancelière à l’issue de ce «sommet de l’intégration».

Après le débat hystérique de ces dernières semaines sur l’immigration et la place de l’islam, l’Allemagne a retrouvé sa sérénité. Les thèses racistes de Thilo Sarrazin, dont le livre s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires, et la campagne antimusulmane de Horst Seehofer, président de la CSU (branche bavaroise de la CDU), ont laissé la place à un débat plus constructif sur les moyens d’une intégration réussie des étrangers.

Les arguments la droite ultraconservatrice dénonçant une immigration envahissante et leur manque de volonté à s’intégrer ont été démentis par les faits. Les étrangers sont désormais plus nombreux à quitter l’Allemagne qu’à y entrer: le solde migratoire est négatif depuis 2008. Par ailleurs, leur assiduité aux cours d’intégration financés par l’Etat (cinq cents heures de cours d’allemand, d’histoire et d’éducation civique) est irréprochable. Le ministre de l’Intérieur, Thomas de Maizière (CDU), avait avancé en septembre un nombre de «réfractaires à l’intégration» entre 10 et 15%. Un chiffre qui n’a jamais été vérifié. En Saxe, par exemple, on a démontré en 2009 un réfractaire sur 3200 diplômés.

Au contraire, la polémique a fait prendre conscience à l’Allemagne qu’elle avait besoin de l’immigration pour son avenir. Les entreprises font face à un manque cruel de main-d’œuvre qualifiée depuis plusieurs années. «Nous avons besoin de 400 000 ingénieurs supplémentaires. L’Allemagne renonce actuellement à une création de richesse de l’ordre de 25 milliards d’euros, soit 1% de croissance», estime Hans Heinrich Driftmann, président de la chambre de commerce et d’industrie allemande (DIHK).

Dans les soins hospitaliers et les aides à domicile, la pénurie de main-d’œuvre est déjà criante et elle devrait s’accentuer dans les prochaines années. «On ne pourra pas résoudre le problème en recrutant sur le marché du travail allemand», insiste Thomas Greiner, président de la Fédération des aides-soignants. Et de souligner l’urgence du problème en raison du vieillissement de la population: «Nous ne sommes pas les seuls à être confrontés à cette situation en Europe. Il faudra sans aucun doute recruter en Asie», dit-il. Selon lui, l’Allemagne aura besoin de 300 000 aides-soignants dans les prochaines années, dont 77 000 personnels qualifiés.

Les ministres du gouvernement Merkel réclament maintenant un assouplissement du droit des étrangers. Ursula von der Leyen, la ministre du Travail (CDU), veut une loi pour faciliter leur entrée sur le territoire, «quelle que soit leur culture d’origine». La ministre libérale de la Justice, Sabine Leutheusser-Schnarrenberger (FDP), réclame une réforme pour éviter les expulsions d’enfants et d’adolescents bien intégrés. «Nous ne pouvons pas discuter d’une immigration contrôlée tout en expulsant ceux qui remplissent les conditions d’une intégration réussie», déplore-t-elle.

Quant à Maria Böhmer, la ministre d’Etat chargée de l’intégration, elle refuse les nouvelles sanctions contre les «réfractaires» réclamées par la droite réactionnaire. Elle veut un accès plus facile des Allemands d’origine étrangère dans les services publics, notamment dans la police et l’enseignement. Enfin, la ministre de la Famille, Kristina Schröder, a débloqué 400 millions d’euros pour les crèches afin d’aider les enfants d’origine étrangère à maîtriser la langue de Goethe avant leur scolarisation.

Pour la ministre de l’Education Annette Schavan (CDU), l’Allemagne doit absolument devenir «plus attractive» pour «attirer les talents du monde entier». Elle prépare un projet de loi permettant une plus large reconnaissance des diplômes étrangers. Plus de 300 000 étrangers pourraient en profiter, notamment dans le domaine de la santé et de l’éducation.

Christophe Bourdoiseau dans le Temps

lundi 25 octobre 2010

Les pionnières de l'intégration

Alors que le débat sur l’immigration enflamme l’Allemagne, le projet des «mères de quartier» est une réussite depuis sa création en 2004. Reportage dans un quartier de Berlin où elles facilitent l’intégration par l’apprentissage de la langue et l’éducation.

Yasmin et Perwin sont venues poser devant la lourde silhouette prussienne de la mairie de l’arrondissement berlinois de Neukölln. Une revue féminine s’intéresse à ces nouvelles héroïnes «allemandes» de l’intégration et au projet pour lequel elles travaillent: l’association des «mères de quartier» de Neukölln, un quartier où la moitié des 300 000 habitants est d’origine étrangère et un quart vit de l’aide sociale. Né en 2004, ce réseau forme et emploie des femmes issues de l’immigration. Trente heures par semaine, celles-ci vont aider d’autres femmes migrantes à faire face à leurs problèmes quotidiens.

Difficultés avec la langue
L’impulsion qui a donné naissance aux «Stadtteilmutter » est venue d’une conférence sur les difficultés de l’enfance à Neukölln, organisée en 2000. Bilan: une connaissance insuffisante de l’allemand (un enfant sur six à Berlin et presque 50% des enfants issus de l’immigration turque et arabe) avec les conséquences qu’on imagine sur leur développement psychomoteur et leurs chances de réussite scolaire. Le projet des mères de quartier, qui a déjà permis de former et salarier 180 femmes, a donc été conçu pour améliorer le niveau des connaissances linguistiques et éducatives des familles migrantes «socialement éloignées». Pour accélérer le processus de «désenclavement social», les initiateurs ont misé sur le contact privilégié entre femmes de même langue et de même culture et sur le rôle prescripteur des femmes dans l’espace familial. La zone d’intervention de Yasmin est la «Gropius Stadt», un coin socialement chaud: «Les familles que j’aide ont effectivement des difficultés avec la langue, l’administration et ont du mal à s’orienter dans cette société qui n’est pas la leur. Mais leurs problèmes sont banalement quotidiens: comment améliorer mon allemand, quelle maternelle vais-je choisir pour mes enfants, comment réagir face à l’utilisation de l’Internet, comment dois-je formuler ma lettre à l’Agence pour l’emploi? Rarement, il est question de voile ou de religion», assure la jeune femme, estimant qu’il est urgent que les Allemands et étrangers apprennent enfin à se connaître et à vivre ensemble.

Metropolis Award en 2008
En six ans, les mères de quartier de Neukölln ont pu atteindre près de 3000 familles. Le projet marche tellement bien qu’il a été repris dans d’autres villes d’Allemagne et a reçu le «Metropolis Award 2008», attribué par l’association des grandes métropoles mondiales: «Le maire social-démocrate de Neukölln a été propulsé héros de l’intégration par son parti depuis que le débat fait rage», explique Jean- Philippe Laville, français installé dans le quartier depuis 35 ans et vice-président de la Fondation des citoyens de Neukölln qui finance de petits projets sociaux et artistiques: «En fait, c’est un homme typique de ce quartier ouvrier, qui ne s’est jamais occupé des débats sur la culture dominante ou le multiculturalisme mais qui a su reconnaître les problèmes de son quartier et faire confiance aux initiatives locales.» Jusqu’à la fin des années 1980, l’Allemagne n’a jamais ressenti le besoin de développer une culture de l’intégration. Le premier gouvernement d’Helmut Kohl avait même commencé à offrir, sans grand succès, des primes de retour aux travailleurs venus à la fin des années 1950.

Education politique
Après la chute du Mur de Berlin et la guerre en Yougoslavie, l’Allemagne a connu de forts mouvements migratoires. C’est là que le problème de l’intégration a commencé à se poser. Le gouvernement Schröder, avec une nouvelle loi sur l’immigration et la réforme du code de la nationalité (passage partiel du droit du sang au droit du sol en 1999), a posé les jalons d’une politique d’intégration. Mais celle-ci est encore balbutiante. Ce n’est que depuis peu que des projets d’intégration plus solides, comme les mères de quartier, voient le jour. Bien qu’ayant terminé son contrat de trois ans et demi, Perwin, originaire du Kurdistan irakien, continue à s’engager dans le projet sur une base horaire. Elle travaille aussi pour une association qui organise des visites du quartier. «Il est rare que les mères de quartier retournent au foyer. La plupart reprennent des études», précise-t-elle fièrement. Elle se réjouit de participer au prochain module de formation demandé par les Stadtteilmutter elles-mêmes. Au programme: de l’éducation politique! Car ces migrantes ont redécouvert le pouvoir de la parole et ne veulent plus s’en priver. Perwin et Yasmin, toutes deux de nationalité allemande, sourient à l’idée d’entrer peut-être un jour au Conseil municipal de Neukölln.

Un article signé Thomas Schnee, Berlin, pour la Liberté

lundi 18 octobre 2010

Islam dans la société: la droite déchirée

mosquée marburg Alors que la chancelière Angela Merkel déclare que le «multiculti» a échoué, le président se rend ce lundi en Turquie en plein débat sur la place des musulmans en Allemagne.

Tandis que le chef de l’Etat allemand Christian Wulff se rend ce lundi en Turquie, la chancelière Angela Merkel a durci le ton sur l’intégration des étrangers. Lors d’un discours samedi devant les Jeunesses conservatrices (JU), elle a déclaré que le projet de «société multiculturelle» avait définitivement échoué. «Le multiculti est mort!», a-t-elle insisté sous les applaudissements nourris.

Ce constat d’échec du «multiculturalisme» n’est pas nouveau. La gauche et les écologistes, qui avaient prôné les sociétés parallèles vivant dans un respect mutuel, ont fait machine arrière ces dernières années. Mais les déclarations de la chancelière interviennent dans un contexte particulier, à cinq mois d’élections régionales importantes dans le Bade-Wurtemberg et après la parution, début septembre, du brûlot anti-islamique de Thilo Sarrazin.

Le livre de l’ancien membre social-démocrate du directoire de la Bundesbank est un succès de librairie avec déjà plus de 700 000 exemplaires vendus. Depuis, l’Allemagne est plongée dans un débat enflammé sur l’intégration et la place de l’islam dans la société.

Les langues se sont déliées et les conservateurs ont repris à leur compte les positions de Thilo Sarrazin. Horst Seehofer, le patron de la droite bavaroise (CSU), a pris la tête de la fronde en réclamant la semaine dernière un arrêt de l’immigration «turque et arabe». Une vraie provocation au moment même où Angela Merkel recevait le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. «Nous sommes en faveur d’une société avec la culture allemande comme référence identitaire», a-t-il répété samedi. «Nous avons un million d’immigrés qui refusent de s’intégrer […] Il ne doit plus y avoir d’immigration issue de milieux culturels qui rejettent notre culture», a ajouté Alexander Dobrindt, le secrétaire général du parti. Enfin, la jeune ministre CDU de la famille, Kristina Schröder, a réclamé un débat sur le «racisme musulman» contre les Allemands.

La chancelière pense quant à elle que «l’islam fait partie de l’Allemagne», se rangeant derrière les déclarations controversées du chef de l’Etat lors de la cérémonie anniversaire des vingt ans de la réunification. «Plus de 2500 imams officient chaque semaine dans les mosquées. Ignorer la réalité n’est pas une réponse aux problèmes qui nous attendent», a-t-elle déclaré samedi. La chancelière a pris une nouvelle fois en exemple Mesut Özil, le footballeur allemand d’origine turc de l’équipe nationale. «Ce n’est pas le seul exemple d’une intégration réussie», dit-elle.

Sa position divise profondément les conservateurs. «La chancelière désoriente nos adhérents. Avec elle, il ne sera pas possible de gagner des voix», ont critiqué au cours du week-end des responsables des Jeunesses conservatrices.

Par ailleurs, plusieurs sondages inquiétants – mais sans nouveauté – ont attisé la controverse sur la place de l’islam dans la société. La Fondation Friedrich-Ebert, proche du Parti social-démocrate (SPD), a publié une enquête révélant que 37% des Allemands étaient favorables à «une Allemagne sans islam». Environ 13% des Allemands prôneraient même un «Führer» pour diriger le pays. Ils étaient 15,4% il y a quatre ans… On ne constate aucune évolution significative concernant le racisme. «Le niveau de la xénophobie est même moins élevé qu’en 2002 et 2004», constatent les experts.

L’échauffement des esprits inquiète néanmoins les 4 millions de musulmans qui vivent en Allemagne (environ 5% de la population). «Le débat a quelque chose de positif, car nous pouvons enfin nous expliquer», estime l’iman de la mosquée Khadija à Berlin-Pankow, Abdul Basit Tariq. «Mais les campagnes de haine risquent de déclencher des réactions violentes parmi les extrémistes musulmans», craint-il. «Imaginez un attentat en Allemagne ou en Europe. Ce serait une catastrophe pour nous tous», dit-il.

Les organisations de la communauté turque ont demandé des excuses à Horst Seehofer pour ses propos jugés «irresponsables». La communauté juive s’est invitée dans un débat qui, selon elle, se «radicalise». Le secrétaire général du Conseil central des Juifs d’Allemagne y voit un «danger pour la cohésion sociale». Le débat actuel est «sans rapport avec le sujet, hypocrite et hystérique», insiste Stephan Kramer. «Horst Seehofer nous prépare un terrain favorable à l’extrémisme», ajoute le chef du groupe parlementaire écologiste, Jürgen Trittin.

Dans ce contexte, le discours mardi du président de la République fédérale allemande sera très attendu devant le parlement turc.

Christophe Bourdoiseau, Berlin, pour le Temps

L’Allemagne se dépeuple et fait fuir ses musulmans

Paradoxe: le pays se plaint des immigrés au moment où ils se font rares. Et quand l’économie en a le plus besoin.

Pas un jour ne passe sans que les immigrés, l’intégration, l’islam, n’alimentent les polémiques en Allemagne. Ce week-end, la chancelière Angela Merkel a d’ailleurs enterré le modèle multiculturel et posé des conditions aux immigrants (lire ci-contre) . Pour tenter de calmer le jeu. Car le livre choc de Thilo Sarrazin mettant en garde ses concitoyens contre l’invasion musulmane a déjà été vendu à un million d’exemplaires!

Horst Seehofer, chef de la démocratie chrétienne bavaroise, veut stopper l’immigration arabe et turque. «Les étrangers viennent chez nous pour abuser de l’Etat social», estiment trois Allemands sur dix, selon une récente étude sur «le développement des idées d’extrême droite». Guido Westerwelle, ministre des Affaires étrangères et chef du Parti libéral, estime qu’il faut vérifier la contribution de chaque nouvel immigré à l’Allemagne.

Autant de débats qui semblent dépassés à la lecture des dernières statistiques officielles. Elles révèlent que, en 2008, pour la première fois depuis vingt-quatre ans, le nombre de personnes qui quittent l’Allemagne a dépassé celui des nouveaux arrivants. Une tendance confirmée en 2009 avec 721 000 immigrants, contre 734 000 partants.

Des chiffres inquiétants car les projections démographiques officielles, qui annoncent une réduction spectaculaire de la population active au cours des décennies à venir, partent d’un solde d’immigration positif de 100 000 à 200 000 nouveaux arrivants par année! «Un chiffre qui devrait même s’élever à 500 000 chaque année», estime Klaus Zimmermann, président de l’Institut économique allemand de Berlin (DIW). Si l’Allemagne, en dépit de son maigre taux de natalité, «veut conserver tout son potentiel économique».

Entrepreneurs inquiets

Contrairement aux craintes de Horst Seehofer et de Thilo Sarrazin, les nouveaux arrivants viennent aujourd’hui d’Europe de l’Est, et non de Turquie ou du monde arabe. En 2009, 130 000 d’entre eux venaient de Pologne, 56 000 de Roumanie, 29 000 de Bulgarie. Trente mille seulement venaient de Turquie, autant que des Etats-Unis.

«Le nombre de Turcs qui quittent l’Allemagne aujourd’hui est supérieur d’un tiers à celui de ceux qui y arrivent, souligne Memet Kilic, expert des Verts pour l’immigration. Un nombre croissant de jeunes très qualifiés ne trouvent plus la République fédérale attractive. Ils préfèrent les Etats-Unis, le Canada, ou Istanbul pour les jeunes Turcs. Le sentiment du pays d’accueil à leur égard est aussi déterminant que les lois en vigueur ou le niveau des salaires.»

Or, «les entreprises allemandes manquent déjà de 59 000 à 70 000 ingénieurs et techniciens supérieurs», constate Reiner Klingholz, expert démographe. Et les pays d’Europe de l’Est, qui ont les mêmes problèmes démographiques que l’Allemagne, ne lui serviront pas de réservoir de main-d’œuvre. Nombre de Polonais retournent déjà chez eux, où les conditions de vie et de travail leur sont plus favorables.

L’Allemagne aura donc toujours besoin des immigrés du monde musulman, des Turcs en particulier. Mais les polémiques actuelles n’y préparent guère les Allemands .

Michel Verrier, Berlin, pour 24 Heures

multikulti

mercredi 13 octobre 2010

Les Allemands n’aiment plus leurs Turcs

Une majorité des allemands a un problème avec les musulmans, et souvent plus particulièrement avec les turcs, selon une enquête proche du Parti social-démocrate.

Allemagne Turquie

Plus de la moitié des Allemands (58,4%) estiment qu’il faut considérablement restreindre la pratique de l’islam en Allemagne. Une étude sur le sujet a été publiée mercredi, en plein débat sur l’intégration.

55,4% des personnes interrogées indiquent en outre comprendre que «pour certaines personnes les Arabes soient désagréables», selon cette étude «Crise dans l’Allemagne moyenne» publiée par la Fondation Friedrich-Ebert, proche du Parti social-démocrate (SPD, opposition).

Plus généralement, près de la moitié (47,6%) estiment que les étrangers ne viennent en Allemagne que pour profiter des prestations sociales. «En 2010 on assiste à une augmentation significative des prises de position anti-démocratiques et racistes», a souligné l’un des auteurs de l’étude, Oliver Decker, lors d’une présentation à Berlin.

Têtes de turcs

«On assiste toutefois à un changement», a expliqué un des autres auteurs, Elmar Brähler. «Après le 11 septembre, c’étaient les Arabes qui représentaient un danger et tout à coup aujourd’hui ce sont les Turcs».

Le débat sur l’intégration des quelque 4 millions de musulmans - dont 45% disposent de la nationalité allemande - a pris un tour polémique depuis la publication fin août d’un brûlot anti-islam rédigé par un dirigeant de la banque centrale allemande, qui a depuis démissionné, également responsable du SPD.

Dans ce pamphlet, gros succès de librairie, Thilo Sarrazin dénonce notamment le déclin de l’Allemagne qu’il voit «s’abrutir» sous le poids des immigrés musulmans. Vilipendé par les responsables politiques, Thilo Sarrazin a reçu le soutien d’une majorité d’Allemands.

A l’inverse, le président fédéral Christian Wulff, membre de l’Union démocrate-chrétienne (CDU), a été attaqué par les milieux conservateurs pour avoir récemment affirmé que l’islam faisait désormais aussi partie de l’Allemagne.

ATS/AFP relayées par 24 Heures

Les Allemands rejettent de plus en plus l’Islam

En plein débat enflammé sur l'intégration des étrangers, l'islam paraît de plus en plus rejeté par les Allemands chez qui les idées racistes gagnent du terrain, selon une étude présentée mercredi.

Plus de la moitié des Allemands (58,4%) estiment qu'il faut considérablement restreindre la pratique du culte musulman en Allemagne, d'après cette étude intitulée "Crise dans l'Allemagne moyenne" publiée par la Fondation Friedrich-Ebert, proche du Parti social-démocrate (SPD, opposition).

55,4% des personnes interrogées disent en outre comprendre que, "pour certaines personnes, les Arabes soient désagréables". Plus généralement, 34,3% pensent que les étrangers ne viennent en Allemagne que pour profiter des prestations sociales.

"En 2010, on assiste à une augmentation significative des prises de position antidémocratiques et racistes", a souligné l'un des auteurs de l'étude, Oliver Decker, à l'occasion d'une présentation à Berlin. La raison principale tient dans la crise économique et financière de 2008, assurent les rédacteurs de cette étude réalisée auprès de quelque 2.400 personnes âgées de 14 à 90 ans en avril.

Ils sont d'ailleurs 31,7% à affirmer qu'en cas de situation tendue sur le marché de l'emploi, on devrait renvoyer les étrangers chez eux.

"On assiste toutefois à un changement", a expliqué un des autres auteurs, Elmar Brähler. "Après le 11 septembre, c'étaient les Arabes qui représentaient un danger et tout à coup aujourd'hui ce sont les Turcs" (ils sont 2,5 millions en Allemagne).

L'islamophobie et le racisme sont loin de concerner les extrêmes politiques, a souligné Nora Langenbacher, de la Fondation Friedrich-Ebert. "L'extrémisme de droite n'est pas un phénomène +en marge+ de la société", a-t-elle martelé. "Bien au contraire, il est préoccupant de constater des prises de position d'extrême droite dans les couches médianes de la société : à l'est et à l'ouest, dans toutes les tranches d'âge (...), chez les femmes et les hommes".

Le débat sur l'intégration des quelque quatre millions de musulmans -dont 45% ont la nationalité allemande- a tourné à la polémique depuis la publication fin août d'un brûlot anti-islam rédigé par un dirigeant de la banque centrale allemande, qui a depuis démissionné, également responsable du SPD.

Dans ce pamphlet, gros succès de librairie, Thilo Sarrazin dénonce notamment le déclin de l'Allemagne qu'il voit "s'abêtir" sous le poids des immigrés musulmans. Il avait déjà auparavant montré du doigt les musulmans vivant à Berlin qui selon lui ne sont que des "vendeurs de fruits et légumes" et "produisant des petites filles portant le voile".

Vilipendé par les responsables politiques, à commencer par la chancelière Angela Merkel, Thilo Sarrazin a reçu le soutien d'une majorité d'Allemands. Sur une population totale de 82 millions d'habitants, environ 16 millions sont des immigrés ou d'origine étrangère.

A l'inverse, le président fédéral Christian Wulff, membre de l'Union démocrate-chrétienne (CDU), a été attaqué par les milieux conservateurs pour avoir affirmé au début du mois que l'islam faisait désormais aussi partie de l'Allemagne.

Depuis la guerre, l'extrême droite est marginalisée en Allemagne. Le parti néo-nazi NPD n'a jamais réussi à envoyer de députés au Bundestag bien qu'il soit parvenu, ces dernières années, à s'ancrer dans le paysage politique de certaines régions d'ex-RDA frappées par le chômage.

Selon cette même étude, 23,6% des personnes interrogées jugent que "l'Allemagne a besoin d'un parti fort". Et 13,2% des Allemands assurent qu'il lui faudrait "un Führer" pour la diriger.

Yannick Pasquet, AFP

mardi 5 octobre 2010

Les Roms kosovars s’adressent en nombre à la Belgique, à la Suède et à l’Allemagne

Le nombre des demandes d'asile en Belgique, en Allemagne et en Suède, déposées par des Roms du Kosovo, a connu un bond au mois de septembre, ont annoncé mardi les médias belges.

roms kosovars asile


Les services de l'immigration belges ont enregistré en septembre 196 demandes de statut de réfugié adressées par les ressortissants du Kosovo. La plupart de ces requêtes émanent de Roms.
Le lien entre l'afflux des réfugiés et l'expulsion des Roms de France n'est pas encore avéré, selon les médias.
A la fin du mois de juillet dernier, à la suite de troubles organisés en France par des Roms, le président Sarkozy a déclaré la fermeture de plus de 200 camps de Roms et l'expulsion de leurs occupants vers leurs pays d'origine - la Roumanie et la Bulgarie.

RiaNovosti

samedi 11 septembre 2010

Sarrazin quitte la Bundesbank, mais ses propos racistes font un tabac

Sarrazin Le départ de la Banque centrale de cet économiste accusé de racisme ne clôt pas le débat sur l’intégration. Bien au contraire.

La pression était devenue trop forte. Moins d’un mois après la sortie de son pamphlet Deutschland schafft sich ab (L’Allemagne court à sa perte) , dans lequel il dénonce «l’islamisation rampante de son pays», l’économiste Thilo Sarrazin a annoncé, jeudi soir à Potsdam lors d’une lecture publique, qu’il renonçait à son poste au directoire de la Bundesbank (Buba).

Presque simultanément, la Buba diffusait un communiqué affirmant que les parties étaient parvenues «d’un commun accord» à ce que l’économiste démissionne fin septembre.

Ce départ à l’amiable de Thilo Sarrazin de la Buba, un peu plus d’un an après son arrivée, arrange bien la classe politique. En effet, la banque avait saisi le président de la République Christian Wulff – seul habilité à le faire – afin qu’il démette Sarrazin. Mais le président avait renvoyé la balle au gouvernement d’Angela Merkel pour qu’il donne son avis.

Ses idées font mouche

Sarrazin éloigné de la Bundesbank, l’affaire est loin d’être terminée, tant les idées défendues par ce descendant de huguenots ont fait mouche, 50% des Allemands affirmant les partager, selon les sondages.

Dans son livre paru fin août, et qui est déjà un best-seller, Sarrazin affirme notamment que le pays «s’abrutit» en raison d’immigrés musulmans mal intégrés et peu éduqués. Il a également évoqué l’existence d’un «gène juif» dans une interview. Une provocation de trop dans un pays traumatisé par le nazisme.

Aussi politiquement incorrecte soit-elle, sa thèse – selon laquelle l’échec de l’intégration des étrangers n’est pas dû à «l’origine ethnique» mais «à la culture islamique» – trouve un grand écho dans un pays où vivent quelque 4 millions de musulmans, essentiellement d’origine turque. «Si j’ai envie d’entendre l’appel à la prière du muezzin, je vais en Orient», écrit ce provocateur-né, en disant craindre que ses petits-enfants ne vivent un jour dans un pays à majorité musulmane.

Où s’arrêtera l’effet Sarrazin? La question passionne l’Allemagne, et certains politologues n’excluent pas que, reprenant les thèses de cet ancien ministre des Finances social-démocrate de la ville de Berlin, un nouveau parti voie le jour. A droite de la CDU d’Angela Merkel, il recueillerait 18 à 20% des voix.

Bernard Bridel dans 24 Heures

jeudi 9 septembre 2010

L’Allemagne aura besoin de 500’000 immigrés par an dès 2015

A cause du vieillissement de sa population, la République fédérale devra ouvrir massivement ses frontières, assure un prestigieux institut.

Si elle veut maintenir sa puissance économique dans la décennie à venir, l’Allemagne devra ouvrir ses portes à 500 000 nouveaux immigrés chaque année. Telle est la thèse choc présentée hier par Klaus Zimmermann, président de l’Institut de recherches économiques allemand (DIW), au quotidien Hamburger Abendblatt . Le chiffre a fait l’effet d’une bombe, au milieu de la tempête médiatique soulevée par le livre de Thilo Sarrazin L’Allemagne se supprime elle-même . Ce membre du directoire de la Bundesbank y met en garde ses compatriotes contre l’islamisation de leur pays, conséquence de l’intégration manquée des immigrés musulmans, turcs et arabes, et de la chute de la natalité enregistrée depuis les années 1970.

Déclin du bien-être

A partir de 2015, signale Zimmermann, l’économie perdra 250 000 travailleurs par an. Ils ne seront pas remplacés. La relève des générations n’est plus assurée. Trois millions de travailleurs feraient déjà défaut, les emplois très qualifiés sont particulièrement touchés. «Le PIB va donc décroître et le bien-être avec, les systèmes sociaux et la retraite vont entraîner d’immenses problèmes financiers. Il faudra travailler jusqu’à 70 ans et cela ne suffira même pas.»

Cela fait des lustres que les spécialistes dressent ce sombre tableau, sans rencontrer grand écho jusqu’ici. Mais plus le tournant démographique approche et plus le réveil sera dur. D’autant que l’Allemagne est aussi en panne d’étudiants, souligne une étude de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) parue mardi. Elle se classe même aujourd’hui derrière la Turquie, la Belgique ou le Mexique. Seuls 24% des jeunes issus des tranches d’âge de 25 à 34 ans ont suivi des études supérieures, pas plus qu’il y a trente ans chez les 55-64 ans.

Le besoin de nouvelles forces vives est donc général. De l’atelier au bureau d’étude. L’immigration turque des années 1950-1960 avait été «invitée» pour lancer la machine économique. Une nouvelle vague serait indispensable aujourd’hui pour assurer sa continuité. Mais, pour l’instant, l’effet Sarrazin risque au contraire de décourager les vocations d’immigrés.

La République fédérale devrait à l’inverse sortir de sa réserve, «ouvrir ses frontières à la Turquie, et attirer les jeunes diplômés d’Istanbul par exemple qui s’exilent aux USA plutôt que de venir à Berlin», suggère le président du DIW!

Pas sûr qu’il soit facile de passer de la parole aux actes.

Michel Verrier dans 24 Heures

mardi 31 août 2010

Un pamphlet raciste fait scandale en Allemagne

Dans un livre qui déclenche une polémique d’enfer, Thilo Sarrazin, 65 ans, membre du directoire de la Bundesbank, met en garde ses concitoyens contre la disparition de «la majorité allemande» envahie par l’immigration musulmane. 

Thilo SarrazinMoustache soignée et regard arrogant derrière ses lunettes d’intellectuel, Thilo Sarrazin, 65 ans, membre du directoire de la Bundesbank, était sur tous les écrans hier à Berlin. Il présentait à la presse son livre L’Allemagne se supprime elle-même (Deutschland schafft sich ab) , qui déchaîne déjà depuis deux semaines une polémique d’enfer et dont le quotidien populaire Bild Zeitung , entre autres, a publié les bonnes feuilles.

Sarrazin y met ses concitoyens en garde: «Je ne souhaite pas que le pays de mes petits-enfants et arrière-petits-enfants devienne pour une bonne part musulman, qu’on y parle turc et arabe, que les femmes portent un foulard, que le jour soit rythmé par l’appel du muezzin. Quand je veux vivre dans un tel environnement, je pars en vacances au Moyen-Orient.»

Statistiques

Membre du Parti social-démocrate (SPD) depuis 1975, ancien ministre des Finances du Land de Berlin, Sarrazin a rassemblé dans son ouvrage les statistiques qui illustrent les conséquences de la panne des naissances en Allemagne depuis les années soixante-dix et celles du développement continu de l’immigration.

«Chaque génération nouvelle est réduite d’un tiers par rapport à la précédente. Si cette tendance se poursuit, avec un solde migratoire de 100 000 personnes par an, la majorité allemande va disparaître, prévient-t-il. En 2100, la moitié des habitants tout au plus seront encore les descendants de familles qui vivaient déjà en Allemagne en 1965.» Il n’y aura plus que «25 millions d’Allemands dans un siècle, 8 millions dans 200 ans».

Une mise en garde d’autant plus stérile que l’immigration sera le seul moyen pour l’Allemagne de conjurer son déclin démographique!

Sarrazin affirme s’en tenir aux chiffres pour mener un débat indispensable. Mais il les assaisonne des arguments de l’extrême droite populiste. La bêtise est congénitale, selon lui. «L’intelligence est à 80% question d’héritage», et les familles immigrées qui font le plus d’enfants sont celles qui en lèguent le moins à leurs rejetons. «Les Juifs ont un gène caractéristique», affirmait-il même ce week-end!

Udo Voigt, le chef du parti néonazi, NPD, se frotte les mains: «Voilà un livre qui rend nos idées encore plus présentables.» Le SPD, lui, veut exclure Sarrazin. Angela Merkel juge ses propos «insupportables» et sa présence à la tête de la Bundesbank «dommageable» pour l’Allemagne. La banque s’est distanciée hier de ses «assertions discriminatoires».

Descendant de huguenots

Détail piquant, Thilo Sarrazin descend d’une vieille famille d’immigrés. Des huguenots fuyant les persécutions religieuses et le sud de la France au XVIe siècle pour se réfugier en Allemagne en passant par la Suisse. Son nom désignait à l’époque les populations musulmanes! Le dirigeant de la Bundesbank est un «modèle d’intégration», ironise le quotidien Die Welt !

Michel Verrier dans 24 Heures

lundi 28 juin 2010

Allemagne: des tests QI envisagés pour les immigrants

Des responsables du parti conservateur de la chancelière allemande Angela Merkel ont préconisé des tests de QI pour les immigrants. Ils estiment que le regroupement familial ne doit plus être le seul critère d'immigration.

"Nous devons poser des critères qui servent vraiment à notre Etat. Outre une bonne formation et une qualification professionnelles, l'intelligence doit entrer en considération. Je suis pour des tests d'intelligence", a affirmé dans le quotidien "Bild" Peter Trapp, un membre de la CDU de Mme Merkel.

Un autre responsable conservateur, Markus Ferber, membre de la CSU, aile bavaroise de la CDU, a prôné l'exemple canadien et s'est dit en faveur d'une harmonisation de la politique d'immigration européenne.

"Le Canada est bien plus avancé en la matière et exige des enfants d'immigrés un quotient intellectuel plus élevé que celui des enfants locaux. Les raisons humanitaires comme le regroupement familial ne peuvent être à la longue le seul critère d'immigration", a-t-il fait valoir.

A l'instar d'autres partenaires européens, l'Allemagne impose des tests de langue à ses candidats à la nationalité allemande mais aussi des tests destinés à prouver leurs connaissances de l'ordre social et juridique allemand.

En 2009, 734'000 personnes ont émigré tandis que 721'000 ont immigré dans la première économie européenne, principalement des Polonais et des Roumains.

Au début des années 2000, plus de 800'000 personnes par an immigraient en Allemagne, selon l'office des statistiques allemand.

ATS

jeudi 13 mai 2010

Allemagne: centre de rétention en flammes

Deux Marocains en attente d'être expulsés d'Allemagne ont été grièvement blessés dans l'incendie d'un centre de rétention à la prison de Mannheim, a indiqué la police jeudi. L'incendie s'est déclenché mercredi soir dans un container d'habitation, où étaient hébergés quelque 40 demandeurs d'asile en attente de refoulement, selon un communiqué de la police de l'Etat régional du Bade-Wurtemberg. Avant l'arrivée des secours et de la police, le personnel du centre de rétention avait déjà sorti les deux blessés graves, âgés de 31 et 33 ans, et évacué tous les autres demandeurs d'asile.

Europe 1

lundi 8 mars 2010

Des dissidents iraniens en Allemagne

L'Allemagne va accueillir des dissidents iraniens réfugiés à l'étranger en "signe de solidarité" et pour agir contre le non-respect des droits de l'Homme en Iran, a annoncé aujourd'hui le gouvernement.

"Nous avons décidé d'accueillir en Allemagne des citoyens iraniens se trouvant à l'étranger. Il s'agit d'une série de cas isolés et motivés", a indiqué une porte-parole du ministère lors d'une conférence de presse régulière du gouvernement. Selon un source proche du dossier, il s'agirait pour la plupart de personnes ayant critiqué le régime iranien et qui se sont réfugiées en Turquie.

"Actuellement, une suite favorable est très souvent donnée aux demandes d'asile des personnes de nationalité iranienne qui se trouvent déjà sur le territoire allemand", a souligné la porte-parole du ministère. Les titres de séjour seront attribués dans le cadre d'une coopération "avec le Commissariat aux Réfugiés de l'ONU", a-t-elle ajouté.

Les relations entre Berlin et Téhéran se sont sérieusement rafraîchies depuis le début de l'année. Alors que l'industrie allemande rechignait à quitter l'Iran, en février le numéro un mondial de la réassurance Munich Re et le premier assureur européen, Allianz, ont annoncé une décision en ce sens. Fin janvier, le géant industriel Siemens avait pris une décision similaire.

Berlin participe aux discussions avec l'Iran sur son programme nucléaire controversé dans le cadre du groupe "5+1", l'Allemagne et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies.

AFP