lundi 15 octobre 2007

Le populisme fracture le consensus suisse

Des émeutes après des meetings politiques, un ministre qui suscite autant de passions que de haine à chacune de ses apparitions publiques, des reporters du monde entier qui débarquent dans le pays pour couvrir une campagne électorale qui dérape, estomaqués de découvrir qu’on se bagarre dans les rues au pays tranquille des edelweiss et des banques discrètes : jamais la Suisse n’avait connu pareille poussée de fièvre électorale.


http://www.mjsaube.info/blog/images/Signes%20divers/Populism_%20cover.jpg

Lire la suite de cet article de Serge Enderlin pour Libération

Affiche des moutons, la plainte est classée

Lire cette dépêche de l'ATS
Le Ministère public zurichois a classé la plainte contre l'affiche de l'UDC sur laquelle trois moutons blancs expulsent de Suisse un mouton noir. Le plaignant, le Parti du travail (PdT), s'étonne et s'indigne.

Le plus gênant pour le PdT est que le Ministère public ne lui a fourni aucun motif pour le classement de la plainte. Le parti va examiner les voies juridiques possibles, a indiqué un de ses représentants. Le PdT avait porté plainte pour violation de la norme antiraciste.
Lire aussi la version de NouvelObs.com pour une vue de l'étranger sur notre curieuse application des normes anitiracistes

Renvoi des étrangers, l'UDC aurait 170.000 signatures


Lire cette brève du Matin
L'UDC affirme avoir récolté plus de 170'000 signatures en trois mois pour son initiative populaire "pour le renvoi des étrangers criminels". Pour l'heure, seules quelque 90'000 ont été validées, d'après le parti.
Sur le même sujet, le dossier de Swissinfo

Les partis sont tombés dans le panneau de l'UDC

Lire cet article de Denis Masmejean dans Le Temps
Quel bilan tirer de cette campagne? Pour notre dernier entretien croisé avant le scrutin du 21, l'ancienne conseillère d'Etat socialiste fribourgeoise Ruth Lüthi et le conseiller aux Etats démocrate-chrétien valaisan Simon Epiney, dont c'était la dernière législature, livrent leur analyse de cette campagne pas comme les autres. L'entrée en lice de Christoph Blocher et le pseudo-plan secret visant à l'évincer du gouvernement, les répliques cinglantes de Pascal Couchepin, tout concourait à faire de la campagne 2007 quelque chose d'inédit.

Immigration : l'appel d'Amnesty International France à Brice Hortefeux

Lire cette dépêche
Recours aux tests ADN dans le cadre du regroupement familial, accueil des étrangers dans les hébergements d’urgence, délai de recours des réfugiés auprès de l’OFPRA… Le projet de loi sur l’immigration suscite débat et polémique.
Afin de rappeler sers positions, Amnesty International France a adressé le 15 octobre une lettre ouverte au ministre de l’Immigration. L’association appelle Brice Hortefeux à être le ministre du cœur et de l’asile, tel qu’il s’est lui-même décrit lors de la présentation de son projet de loi au Sénat le 2 octobre dernier.

Interview de Doudou Dienne par Darius Rochebin

Regardez l'émission de Pardonnez moi !

La Cité de l’immigration, le musée parisien qui dérange le pouvoir

La Cité nationale de l’histoire de l’immigration ouvre sur fond de polémiques.

La Cité nationale de l’histoire de l’immigration
a ouvert ses portes la semaine passée. Jusqu’ici, le gouvernement
cultive un mutisme gêné à l’égard de l’institution.
Chirac, lui, s’est fait un plaisir de visiter les lieux.


C’est le dernier lieu où l’on s’affi­che. Lieu de rendez-vous de ceux qui n’acceptent pas pour argent comptant la politique d’immigra­tion de Nicolas Sarkozy. Dans la grande salle en équerre de la toute nouvelle Cité nationale de l’histoire de l’immigration, toute la gauche a défilé mercredi. Jeudi a vu se bousculer les chercheurs. Jacques Chirac fera le déplace­ment cette semaine. Et le gouver­nement? Jusque-là le mutisme est assourdissant. Il y aura bien, a assuré son porte-parole, une inauguration officielle. Un jour.
«La France est le seul pays, avec les Etats-Unis, dont l’immi­gration a forgé l’identité natio­nale », affirme l’ancien ministre chiraquien Jacques Toubon, en guidant ses visiteurs à travers l’institution qu’il préside. Le dé­cor est dépaysant. Mélange de hasard et de nécessité, la Cité s’est installée au Palais de la Porte Dorée, l’ancien Musée des Colo­nies!
Il faut donc un peu de jugeote pour faire la part des choses entre présent et passé. D’un côté le contenant: la façade, gigantesque bas-relief de 1930 figurant les richesses que les colonies ramè­nent à la «mère patrie», et le salon où le maréchal Lyautey pilota la fameuse Exposition colo­niale de 1931. De l’autre, la toute fraîche exposition permanente retraçant le parcours des immi­grés, leur installation, leur destin. La richesse de l’apport migra­toire: c’est bien le message de la Cité, qui ne «colle» pas vraiment avec les projets de loi du gouver­nement, visant précisément à ré­duire l’immigration, surtout fa­miliale. Quand, au printemps dernier, Sarkozy prévoit la créa­tion d’un Ministère de «l’immi­gration et de l’identité natio­nale », huit historiens démission­nent du conseil scientifique de la Cité, pour protester contre cette association et son sens sous­jacent: la politique migratoire doit se conduire en fonction d’une supposée «identité» fran­çaise. Comme si celle-ci demeu­rait invariable.
Hier comme aujourd’hui
«Certains cherchent à opposer les immigrations d’hier, préten­dument faciles à intégrer, et celles d’aujourd’hui. En fait, elles ont de nombreux points communs», es­time l’historien Gérard Noiriel. En témoignent certains épisodes présentés par l’exposition. L’ac­cueil des migrants s’est rarement fait sans heurts. En 1893, des travailleurs français attaquent des Italiens à Aigues-Mortes, on comptera des dizaines de morts. Le parcours est déjà jalonné d’obstacles. «Les immigrés ont toujours fait les frais des nou­veautés identitaires, note Gérard Noiriel: hier la carte d’identité, puis les empreintes digitales, aujourd’hui les tests ADN.»

Un article signé Mathieu van Berchem pour 24 Heures

Renvoyer les étrangers criminels est déjà possible

L’Union démocratique du centre présente aujourd’hui l’état d’avancement de son initiative pour l’expulsion des étrangers délinquants. Pourtant, cette mesure est déjà permise. Bilan de la situation.


Renvoyer un étranger sur la base d’un délit?
Aujourd’hui, la loi le permet. L’UDC voudrait rendre
cette mesure obligatoire.
KEYSTONE


A quelques jours du scrutin électo­ral, l’UDC remet la compresse. Aujourd’hui, à Berne, le parti pré­sente le nombre de signatures qu’il a déjà récoltées pour son initiative sur le renvoi des étran­gers criminels. Qu’apporte de plus ce texte, alors que loi actuelle le permet déjà? Etat des lieux en huit points.
LOIS Actuellement, la loi per­met de renvoyer un étranger sur la base d’un délit. La nouvelle loi sur les étrangers (LEtr) qui entre en vigueur au 1er janvier 2008 ne changera rien, sur ce point, à la situation. Un tel renvoi restera donc possible. Possible? «Oui, la loi permet de renvoyer un étranger délinquant, mais n’oblige pas», souligne Jonas Montani, porte-pa­role l’Office fédéral de la migra­tion. Une précision qui prend tout son sens quand on apprend que l’UDC veut obliger les expulsions. Reste que cette contrainte n’est pas clairement explicitée dans son ini­tiative, estiment certains juristes.
QUI EST VISÉ? Tant la loi actuelle que la LEtr s’appliquent à tous les étrangers établis en Suisse. Du requérant d’asile au permis C. L’UDC ne revient pas sur ce point.
MOTIFS D’EXPULSION L’expul­sion d’un étranger est décidée sur la base de la gravité du délit commis. Dans la loi actuelle, comme dans la LEtr, on précise les motifs de renvoi: notamment une atteinte très grave à la sécu­rité et l’ordre public, ainsi que la mise en danger ou la menace pour la sécurité intérieure ou exté­rieure de la Suisse. C’est sur ces motifs que l’UDC veut frapper. Elle en rajoute tout une série et met sur un pied d’égalité les con­damnations pour viol, meurtre, effraction, brigandage et abus des assurances sociales ou de l’aide sociale.
CONSÉQUENCES Pour un re­quérant d’asile, un délit grave pré­cipite la procédure de demande de permis et se solde générale­ment par un refus. Pour les déten­teurs étrangers de permis valable un an, un tel acte peut empêcher le renouvellement annuel. Seuls les possesseurs d’un permis C ont la possibilité de faire recours au Tribunal fédéral. L’UDC ne revient pas sur ce principe dans son texte.
QUI DÉCIDE DU RENVOI? «Ce sont les autorités cantonales qui doivent apprécier la gravité du délit et décider d’un renvoi», ex­plique Jonas Montani. Motus en­core de l’UDC sur ce point.
RENVOIS TOUJOURS POSSI­BLES?
«En principe oui, répond Jonas Montani, mais il y a certai­nes barrières. Par exemple, la Con­vention européenne des droits de l’homme et celle de Genève, qui concerne les réfugiés. De même, si l’étranger risque sa vie dans son pays de provenance ou si ce der­nier refuse de le réadmettre, l’ex­pulsion s’avère compliquée, voire impossible.» Difficile de savoir combien d’étrangers ont effective­ment été renvoyés. Aucune statis­tique précise n’existe. De son côté, l’UDC n’évoque pas, dans son ini­tiative, l’épineux problème de l’ap­plication des renvois.
RETOUR EN SUISSE Revenir est possible sous certains délais qui dépendent de la gravité du délit commis. Dans tous les cas, les étrangers doivent faire une demande aux autorités. Là encore, c’est une question d’appréciation. L’UDC veut fixer ce droit de retour entre cinq et quinze ans. Et, en cas de récidive, une interdiction de rentrer sur le territoire fixée à vingt ans.
DROIT INTERNATIONAL Tant la loi actuelle que la LEtr sont jugées sévères ou du moins res­trictives par la communauté inter­nationale. Le projet de l’UDC ris­que carrément de se trouver en porte-à- faux avec le droit interna­tional, non seulement pour les motifs de renvoi, mais aussi à cause du principe d’obligation d’expulsion. Résultat: le texte ris­que d’être inapplicable.

Article signé Nadine Haltiner dans 24 Heures

Balkaniques, africaines, les nuits de Renens la jouent ethnique

Composé de plus de 50% d'étrangers, Renens connaît un véritable boum des soirées organisées pour les communautés qui la composent. Pour preuve: la fréquentation de la grande salle de la ville, régulièrement prise d'assaut. Enquête de Mehdi Atmani pour 24 Heures.


Samedi soir, la communauté balkanique
de Renens faisait la fête dans la grande salle,
qui accueille deux soirées ethniques par mois.
RENENS, LE 13 OCTOBRE 2007


La communauté balkanique de Renens était ravie. Samedi, la grande salle de la ville a reçu deux personnalités de la chanson bosniaque: Enes Begovic et Seki Bihorac. Vedettes aux multiples albums, les chanteurs sont régulièrement diffusés dans les radios et discothèques de l'ex-Yougoslavie. Mais sont totalement inconnus chez nous. A l'image de Faruk Spahic, organisateur de cette soirée balkanique, beaucoup des cent vingt communautés étrangères profitent des événements culturels pour produire leurs stars nationales sur sol helvétique.

Depuis qu'il s'est lancé dans l'événementiel, fin 2006, le Macédonien d'origine fait salle comble. Un succès dont il n'est pas le seul à bénéficier. En effet, on ne compte plus les concerts de musique portugaise, espagnole, kurde ou brésilienne. Sans parler des diverses rencontres culturelles. Depuis janvier 2006, ce ne sont pas moins de deux week-ends par mois qui sont dédiés aux soirées ethniques, dans la grande salle de Renens.

La Municipalité encourage

Du côté de la Municipalité, on encourage l'investissement de la population étrangère dans ce type d'événements, qui renforcent les liens sociaux. Bon nombre d'associations sont ainsi membres du Forum des associations de Renens (FAR), ce qui leur permet de louer la salle gratuitement, une fois par an. Même si la ville facilite la location de locaux, il n'est pas toujours aisé de produire une star nationale: «Pour chaque concert, je contacte personnellement les artistes en ex-Yougoslavie, explique Faruk Spahic. Si nécessaire, je dois ensuite faire une demande de visas auprès du consulat.» Un passage obligé, qui empêche, selon lui, la venue de certains chanteurs, notamment d'origine africaine.

Alors que le Service de la culture, de la jeunesse et du sport relève la bonne santé des associations étrangères et le mélange de diverses communautés, il souligne que la grande majorité des soirées sont le fait de sociétés locales et plus rarement de particuliers. Une tendance qui évolue puisque des établissements privés s'y mettent.

Patron du Maxi Kebab, Yilmaz Duran a ouvert, fin 2006, le Zig-Zag Café. Depuis huit mois, le jeune patron de 28 ans invite des DJ et des danseurs pour animer des soirées sud-américaines, kurdes, orientales ou hip-hop: «Les clients se retrouvent dans notre programmation, qui est différente de l'offre proposée en ville.»

Quant au Café-Restaurant Le Griot, à l'entrée de Renens, il est l'un des seuls établissements privés à agender de la musique live. Pas moins d'une dizaine de groupes africains, de jazz ou de soul, s'y succèdent chaque mois.

Le concept plaît. Sans doute aussi parce qu'il reste l'un des seuls intérêts nocturnes de Renens. Le Zig-Zag Café attire les jeunes, mais il peine à les garder après le dernier bus pour Lausanne: «Les clients consomment un ou deux verres, puis s'en vont en groupe à Lausanne», regrette Yilmaz Duran. Renens souffre-t-il de sa grande voisine? «Une discothèque en ville ferait du bien à tout le monde» et permettrait de freiner l'exode des jeunes. Une chose est sûre, la demande est là.

Adolf Ogi inquiet

Dans le Matin, Adolf Ogi s'inquiète pour l'image de la Suisse à l'étranger.



Les comptes rendus négatifs comme ceux du New York Times ne doivent pas être sous-estimés, avertit l'ancien conseiller fédéral dans une interview parue hier dans l'hebdomadaire Sonntag. Ils sont lus dans les organisations internationales et dans les étages dirigeants des grandes entreprises. Et les leaders d'opinion de penser: «La Suisse était pourtant un pays où l'ordre régnait.»
Lire l'article dans le Matin