lundi 9 novembre 2009

Dans la jungle ou dans le zoo...

(fr) Dans la jungle ou dans le zoo...


http://www.ainfos.ca/fr/ainfos08560.html

Date Fri, 6 Nov 2009 10:45:03 +0100



Irfan, migrant d'origine pachtoune, à Calais, râle : « Pourquoi la France, qui ne veut pas nous garder, nous empêche-t-elle aussi de partir ? » (...) « Personne ne veut de nous en Europe. Mais chaque pays qui nous rejette ne veut pas non plus que nous le quittions. Je n'y comprends rien. » Il énumère la Grèce et l'Italie, où, comme ici, il lui était à la fois interdit de rester et de partir. Il finit par lâcher qu'il a «l'impression d'être en cage »1.

De « Jungle » en jungles...

Le ministre de l'immigration et de l'identité nationale, Eric Besson, annonce, le 16 septembre 2009, l'imminence de l'expulsion de la « jungle » de Calais, campement habité essentiellement par des Pachtounes (qui viennent d'Afghanistan). Il précise que « depuis 6 mois, un campement ou un squat est fermé chaque semaine » autour de Calais, tel qu'il l'a demandé au préfet. De nombreuses personnes partent de la « jungle » (où les associatifs comptaient près de 1200 personnes quelques semaines plus tôt), essayant de se disperser de-ci de-là, de fuir en Belgique ou aux Pays-Bas, ou bien de traverser vers l'Angleterre grâce à un gouvernement qui semble avoir « fermé les yeux » sur les passages clandestins de la frontière pour vider la « jungle » avant de la « nettoyer »2.

Le 22 septembre, 500 flics débarquent à 7h30, encerclent les lieux et arrêtent 276 personnes. La plupart étaient rassemblées autour de quelques banderoles exprimant leur envie de rester sur place et ont tenté pendant 25 minutes de résister à l'assaut des keufs avec l'aide de quelques personnes solidaires. La « jungle » est rasée à coups de bulldozers et de tronçonneuses, et deviendra, selon les communiqués ministériels, une zone d'activité économique.

Pour les personnes arrêtées, passage au commissariat. 125 mineurs sont ensuite placés dans des foyers de l'Aide sociale à l'enfance (ASE) à quelques centaines de kilomètres de là ; certains s'en échappent presque aussitôt. Les autres, considérés comme majeurs, sont amenés dans des bus puis éparpillés dans les CRA de Toulouse, Rouen, Nîmes, Marseille, Mesnil-Amelot, Lyon, Metz, Vincennes et Rennes. La plupart sont jugés par des juges des libertés et de la détention (JLD), le 25 septembre. Dans toutes les juridictions, à l'exception de celle de Meaux, le juge ordonne la libération. Le parquet fait systématiquement appel. Toutes les juridictions d'appel ordonnent une nouvelle fois la libération. Mais, dans la plupart des cas, les recours des demandeurs d'asile auprès du tribunal administratif sont rejetés, et leurs arrêtés de reconduite à la frontière ne sont pas annulés.

De Calais à Kaboul, le message du pouvoir

Toutes les destructions des lieux de vie des migrants ne sont pas aussi médiatisées que celle de la « jungle ». La veille, les télés annonçaient l'événement, relayé dès le lendemain dans de nombreuses colonnes de journaux et sur maintes chaînes télévisées et radios partout dans le monde. Pourquoi cet acharnement médiatico-étatique ? Pourquoi ce coup d'éclat répressif alors que la traque aux migrants n'a pas besoin d'actions spectaculaires pour suivre son cours efficace... ?

Si le gouvernement français a sciemment expulsé la « jungle » sous l'oeil des caméras, c'est pour faire passer un message fort, de Londres à Kaboul. Les personnes interpellées étaient des Afghans, pour certains des demandeurs d'asile, pour tous, des personnes fuyant un pays en guerre. S'attaquer aussi franchement aux Afghans de la « jungle », c'est limiter les possibilités de bénéficier du droit d'asile en Europe. Ce n'est pas, excuse mainte fois mise en avant, pour réprimer les filières de passeurs. Mais c'est envoyer un message à la « communauté internationale » pour que tous les prétendants au voyage sachent bien que la France et l'Europe lancent une véritable offensive contre « l'immigration clandestine ». Un message fort pour dire que personne n'aura de traitement de faveur, pas même les Afghans, chez qui l'OTAN continue d'envoyer ses troupes pour contrôler le pays et ses ressources minières.

C'est aussi, pour le ministre, envoyer un message à ses pairs européens, auprès de qui l'Etat français doit faire bonne figure en matière d'application de la politique commune concernant l'immigration, la France ayant été moteur de l'élaboration de cette politique. Il s'agissait de montrer au gouvernement britannique les efforts fournis à la suite de l'accord signé le 6 juillet 2009 entre Eric Besson et son homologue d'Outre-Manche3.

Même, comme l'a fait le ministre, quand il se justifie en assimilant le migrant à un délinquant manquant d'hygiène qui empêche la population calaisienne de dormir sur ses deux oreilles, ce n'est qu'accessoirement pour grapiller quelques bulletins auprès des sympathisants de l'extrême-droite. Cela sert avant tout à développer le sentiment xénophobe dans l'ensemble de la classe des dépossédés, à accentuer les replis communautaires et identitaires pour nous faire oublier qui sont nos vrais ennemis, en agitant le spectre de l'immigré qui vient « nous » voler « notre » travail en cette période de crise. Diviser pour mieux régner. Le pouvoir envoie enfin un message fort à tous ceux qui s'organisent en France pour résister à la machine à expulser, à tous les sans papiers et les personnes qui luttent à leurs côtés, tous ceux qui sautent de joie quand le centre de rétention de Vincennes brûle ou qu'un charter est annulé ; un message fort pour que tout le monde sache bien que l'Etat n'entend reculer devant rien en matière de répression des migrants, et ce, quel que soit le tollé que ça puisse provoquer. Expulser la « jungle », s'acharner ensuite en continuant de détruire d'autres abris de migrants, renvoyer par charter les réfugiés afghans directement à Kaboul, c'est affirmer une position de force sur le terrain de la guerre sociale : intimider pour mieux régner !

D'un point de vue plus pragmatique, la dispersion des personnes interpellées à Calais un peu partout en France, et la traque aux migrants qui continue à Calais sont autant de moyens pour le pouvoir de tenter de saper toute tentative de lutte collective et empêcher les migrants de s'organiser.

L'expulsion ou l'asile...

Eric Besson a annoncé que des retours forcés vers l'Afghanistan pourraient être organisés conjointement par la France et la Grande-Bretagne, que rien ne l'en empêchait, qu'il s'assurait juste que les conditions (lesquelles ?) seraient bien réunies à l'arrivée, à Kaboul. Les expulsions d'Afghans viennent alors s'ajouter au nombre des personnes expulsées du territoire (17350 expulsions entre le 1er janvier et le 31 juillet 2009, le quota : 28000 !). La question du charter vers un pays en guerre n'est cependant pas si simple. Les humanistes de tous bords, associatifs ou parlementaires, garants de cette France « pays des droits de l'homme » montent au créneau, multipliant rassemblements, pétitions et déclarations. Le 6 octobre 2009, à l'aéroport de Lille-Lesquin, un charter annoncé a finalement été annulé, pendant que 300 personnes se réunissaient à l'aéroport. Mi-octobre, pour la première fois depuis 2003, le gouvernement britannique a affrété un charter pour Bagdad avec 44 migrants d'origine irakienne. A son arrivée, seules 10 personnes ont accepté de descendre, les autres ont été ramenées à Londres4. Mercredi 21 octobre, un charter mixte affrété par la France et la Grande-Bretagne a quitté Roissy, direction Kaboul. Quatre des Afghans prévus dans le charter avaient été interpellés sur le territoire français. L'un d'entre eux a refusé d'embarquer : c'est le seul à ne pas avoir été expulsé...5 S'il y a encore un certain nombre d'Afghans dans les centres de rétention susceptibles d'être expulsés, sur les centaines de personnes arrêtées dans la « jungle », la plupart ont été relâchées. Certains, déboutés de leurs nombreux recours auprès des administrations, et déçus de l'accueil pourtant labellisé « France, terre d'asile », sont retournés sur le littoral de la Manche pour tenter de traverser la frontière franco-britannique, et subissent à nouveau l'acharnement policier. D'autres, comme à Marseille ou à Nîmes, continuent de se battre contre l'administration pour tenter d'obtenir l'asile en France, malgré le rejet de recours successifs, avec, pour entrave principale, les fameux accords Dublin II.

Politique européenne de l'asile

Opérationnel depuis le 15 janvier 2003, le règlement Dublin II met en place la politique commune de l'Union européenne en matière de droit d'asile. Il permet de déterminer quel Etat membre est responsable de l'examen d'une demande d'asile, sachant que désormais la demande d'asile ne peut être faite qu'une seule fois sur le territoire européen. Depuis la mise en place de Dublin II, l'Etat qui, le premier, a identifié un migrant, est celui qui est tenu d'examiner sa demande d'asile. Chaque Etat qui contrôle un migrant doit enregistrer ses empreintes digitales dans la base de données Eurodac. Ces empreintes sont envoyées sous format numérique vers l'unité centrale de la Commission européenne (au Luxembourg), où elles sont comparées automatiquement aux autres empreintes déjà enregistrées dans la base de données. Pendant 18 mois, elles ont une valeur juridique et peuvent être des pièces à charge contre les migrants. Au bout des 18 mois, le migrant peut de nouveau entamer des démarches de demande de droit d'asile, quel que soit le pays dans lequel il se trouve. Concrètement, cela signifie que la France, par exemple, peut très bien décider de renvoyer un migrant vers la Grèce, l'Italie, Malte ou Chypre, si celui-ci a déjà été contrôlé là-bas. Il est aussi fréquent que l'Etat grec, par exemple, s'il réussit à prouver que les migrants ont transité par le sol turc, les y renvoie, la Turquie elle-même ne s'empêchant pas de les expulser ensuite vers l'Irak, l'Iran ou l'Afghanistan. La Norvège, l'Islande et tous les Etats membres de l'UE, à l'exception du Danemark, participent au dispositif Eurodac. Par ailleurs, les politiques en cours évoluent vers une externalisation de l'asile. Les demandes sont désormais traitées au maximum depuis l'extérieur de l'Europe (au Maghreb par exemple) où les migrants se retrouvent enfermés.

Faire du migrant un travailleur

Au-delà des moments médiatiques forts où la répression exemplaire appuie le durcissement de la politique européenne en matière d'immigration, au-delà de la politique du chiffre de la police française qui a conduit à une inévitable augmentation des rafles, des arrestations de sans papiers, et des reconduites à la frontière, en Angleterre comme en France, le patronat a besoin d'une main-d'oeuvre immigrée, qu'elle soit embauchée légalement ou non. Des secteurs entiers (agriculture, sylviculture, BTP, restauration...) ne peuvent se passer de ces ouvriers précaires. Le travail clandestin, peu coûteux, permet de maintenir une pression sur l'ensemble des salaires. Quoi qu'il en soit, les logiques de production capitalistes nécessitent l'embauche d'immigrés, qu'ils soient « clandestins » ou « choisis »6. A l'heure où ces lignes sont écrites, plus de 4000 salariés sans-papiers d'Ile-de-France, pour la plupart intérimaires, sont en grève depuis plusieurs semaines et occupent différents sites où ils sont embauchés afin de dénoncer leurs conditions de travail et d'obtenir leur régularisation. Au CRA de Lyon Saint-Exupéry, 68 migrants ont entamé le 15 octobre une grève de la faim et exigent leur libération « ici, maintenant, tout de suite !»7...

Pour une solidarité active et vers des perspectives de luttes

N'oublions pas qu'une fois les caméras parties, les migrants continuent de se faire traquer, expulser, enfermer, que les charters vers Kaboul et ailleurs continuent de partir, que les centres de rétention continuent de tourner, et que pour les Afghans qui sont restés après la « jungle » pour faire leur demande d'asile en France, la galère ne fait que commencer... Expulsé, embauché illégalement ou accepté légalement sur le territoire pour un temps donné, le migrant reste de toute façon à la merci des autorités et des employeurs qui décident de son sort. Fuyant la répression, l'exploitation ou des conditions de misère, les migrants les retrouvent ici comme là-bas. Si la situation européenne n'a évidemment rien à voir avec la situation afghane, il n'en reste pas moins que la condition de quelqu'un qui ne possède que sa force de travail y est sensiblement la même, sous le joug de nos bourreaux, qu'ils soient militaires, policiers, ministres, passeurs, chefs religieux, juges, sociaux-flics, patrons et vautours de la misère en tout genre... Revenir sur la médiatique expulsion de la « jungle » et les arrestations des Pachtouns, essayer de comprendre dans quel contexte les faits se déroulent, permet de dépasser les réflexes de charité et de compassion. Chercher à se solidariser avec des personnes qui luttent en ce moment même contre l'offensive de l'Etat n'est pas se substituer à eux, et n'est pas se contenter d'apporter un soutien individuel à des « réfugiés » dans une logique citoyenne et humanitaire. Tenter d'analyser les positions avancées par le pouvoir, de décrypter les politiques migratoires, de comprendre la situation des migrants, n'est pas crier au fascisme ou au retour de Vichy. Le fichage, les expulsions et destructions de logement, les contrôles policiers, les tribunaux, l'enfermement, l'esclavage salarial... nous sont imposés par ce système de domination et d'exploitation - que l'on soit migrant ou non - lorsque l'on est pauvre et que l'on tente de se débattre aujourd'hui dans une démocratie européenne. Si nous avons peut-être déjà les moyens de survivre, nous n'avons pas plus que les sans papiers les moyens de notre autonomie, ceux de sortir de l'exploitation. Nous ne les aurons pas d'avantage avec des réflexes qui nous ramènent à l'isolement de notre condition de citoyen, travailleur, consommateur atomisé ou au repli identitaire, corporatiste ou communautaire (en dissociant, par exemple, la question des afghans demandeurs d'asile issus d'un pays en guerre, de celle de tous les autres sans papiers). Pour détruire les frontières, commençons par s'attaquer à celles qui existent entre les exploités. Plutôt que de crier au loup ou de s'apitoyer sur notre sort ou sur celui de plus miséreux que nous, créons des solidarités concrètes, créons des liens entre les luttes et intensifions-les ! Et si obtenir quelques moyens de survie ou quelques droits supplémentaires n'est certes pas inutile, ce qui nous anime est la perspective d'un monde débarrassé des frontières et de l'exploitation, et du Droit qui les défend.


Notes
1 - In Les frontières assassines de l'Europe, chapitre « Calais et le nord de la France : zone d'errance, porte de l'Angleterre », par le réseau associatif Migreurop.
2 - Cf. communiqué de l'association Salam, du 19 septembre.
3 - La déclaration adoptée lors du sommet exprime l'engagement des deux gouvernements, sur le plan national, à accroître la lutte contre l'immigration irrégulière en augmentant les retours forcés et, sur le plan bilatéral, à coopérer pour faciliter les reconduites, à oeuvrer pour le renforcement de la frontière (avec utilisation des nouvelles technologies) et à créer un « centre conjoint de renseignement ». Le ministre a, en outre, fait des déclarations demandant un renforcement de Frontex, l'agence européenne chargée de la coordination du contrôle des frontières extérieures de l'Union européenne, prémisse de la police européenne des frontières.
4 - Le Times, 17 octobre 2009.
5 - A l'issue de son sommet des 29 et 30 octobre 2009 à Bruxelles, le Conseil Européen a annoncé l'organisation de charters européens pour expulser les migrants « en situation irrégulière ». Ces « vols groupés » seront pris en charge par l'agence Frontex.
6 - La régularisation au cas par cas de certains migrants arrivés clandestinement étant une sorte de tri au même titre que celui effectué directement depuis le pays des « candidats qui en font la demande » au titre de « l'immigration choisie ».
7 - Plus d'infos : http://rebellyon.info.


Passage en justice à Nîmes et Marseille

Le lundi 28 septembre, sur les 40 arrivés à Nîmes, 27 prisonniers sont transférés au dépôt du tribunal pour être présentés devant la cour d'appel. Tous les personnages de la farce sont réunis ; les acteurs du spectacle de la justice au grand complet : un avocat général fleurant la niaiserie procédurière ; un juge dont la bêtise exemplaire n'avait d'égale que son cynisme ; un faux interprète qui ne parle pas le pachto, mais s'est déjà fait embaucher par l'administration judiciaire lors du passage des Pachtounes devant la JLD... Fort heureusement, l'imposteur, vite démasqué, sera remplacé par une autre interprète pachtoune (vraie, celle-ci), qui prendra à plusieurs reprises le parti des inculpés, tout en essayant de traduire leur incompréhension face au mépris affiché par la cour à l'égard de leurs situations et de celle du pays d'où ils viennent. Pour anecdote : le juge qui traque les accusés parce qu'ils n'arrivent pas à lui décliner leurs états civils exacts ; l'interprète de tacler le juge en lui expliquant que l'Afghanistan est un pays en guerre depuis 30 ans, et que, comme dans tout pays en guerre, le registre des états civils a du mal à être tenu ; et le juge de répondre au public : « C'est merveilleux, en somme, dans un pays en guerre, on a toujours 20 ans ! ». Pour le reste, des avocats de la défense qui se relayent à la barre, faisant valoir leurs arguments concernant les nombreux vices de forme : longueur et conditions du trajet (19 heures) ; absence d'interprètes ; rapidité et nombreuses irrégularités de la procédure ; éloignement des détenus jusque dans le sud de la France alors que les CRA de Lille et de Coquelle étaient presque vides ; traitement « collectif » d'une procédure de reconduite à la frontière alors que la loi précise que les mesures d'éloignement doivent être conduites par des procédures individuelles... Le juge fait à peine semblant de s'intéresser aux arguments de la défense et prête davantage d'attention au représentant de la préfecture qui les réfute froidement. Néanmoins, la cour d'appel de Nîmes rendra le lendemain une décision identique à la plupart des juridictions, à savoir la libération des Afghans pour cause de vices de procédure. 19 sont aujourd'hui encore à Nîmes, hébergés à « la Fraternité » par la paroisse protestante, sous l'oeil « bienveillant » de la Cimade... Sur les 8 Afghans de la « jungle » jugés à Marseille, 6 sont restés pour tenter d'obtenir l'asile en France. Le groupe a rejoint la chaleureuse communauté des « clandos » afghans de Marseille. Les démarches entamées seront longues, et il n'est pas certain que toutes aboutissent. En attendant, il faut bouffer, s'habiller, se loger, et éviter de se faire interpeller dans la rue, ce qui n'est pas toujours facile, et encore moins évident quand on est isolé. La solidarité avec ces personnes peut s'exprimer de maintes façons.


La traque aux migrants dans le Calaisis continue...

A Calais (comme ailleurs), la traque aux migrants ne date pas d'hier* et ne s'est pas arrêtée le 22 septembre... Les autorités déclarent 18922 interpellations de migrants au cours du premier semestre 2009. Liste (non exhaustive) de ce qui s'est passé à Calais depuis l'expulsion de la « jungle » des Pachtounes :

23 septembre : expulsion d'un squat d'Erythréens.
24 septembre : expulsions de plusieurs squats de la région.
25 septembre : expulsion d'Iraniens dans le port, et évacuation de la « petite jungle » près de l'autoroute.
29 septembre : expulsion de la « jungle des Hazaras ».
1er octobre : expulsion d'un squat d'Erythréens. Début d'une grève de la faim au parc St-Pierre pour demander l'asile et pour qu'aucun migrant ne soit expulsé vers la Grèce. La police évacue le parc et arrête une partie des grévistes.
2 octobre : démantèlement d'un campement sur les quais et expulsion d'un squat, auxquels assistent Eric Besson.
7 octobre : 50 CRS vident plusieurs squats sur les quais et arrêtent plus d'une trentaine de personnes.
9 octobre : d'autres arrestations au port.
15 octobre : intervention des CRS au port pour déloger les migrants qui y campent ou dorment sous les ponts.

Pour se tenir au courant des exactions de l'Etat dans le Calaisis et des tentatives de résistance sur place, visitez http://calaismigrantsolidarity.wordpress.com et http://lille.indymedia.org.

* Lire De Sangatte à Coquelles, situations et interventions (1999 - 2004), La Mouette enragée, sur infokiosques.net. Le collectif La Mouette enragée aborde la situation des migrants dans le Calaisis, « indicateur de la situation faite aujourd'hui au prolétariat », et décrypte les politiques qui y sont menées, non sans évoquer les différentes réactions et luttes qu'elles ont suscitées.


L'asile en France

En France, quelqu'un dont la demande d'asile est examinée (ce qui n'est pas automatique), reçoit une autorisation provisoire de séjour de trois mois. Il lui est interdit de travailler légalement. Il peut toucher la maigre allocation temporaire d'attente auprès d'un pôle emploi que s'il est hébergé dans un centre d'accueil des demandeurs d'asile (CADA). Les gestionnaires des CADA sont les entreprises AFTAM et Adoma1 et les associations « professionnalisées » France Terre d'Asile et Forum Réfugiés2. Ces gestionnaires de la misère, entre autres collaborations avec l'Etat, renseignent une base de données qui fiche les demandeurs d'asile, les localise et enregistre leurs entrées et sorties des CADA. Les préfectures, ayant accès au système informatique, peuvent ensuite l'utiliser pour localiser les personnes ayant épuisé leurs recours juridiques, et dès lors les expulser aisément. La demande d'asile est toujours examinée individuellement et non selon la situation globale d'un pays. Au contraire, les personnes venant de certains pays ne peuvent pas obtenir l'asile, notamment si celui-ci est considéré comme une démocratie ou bien comme un pays dont la situation de conflit s'est stabilisée3. De nombreuses dispositions permettent ainsi de refuser les demandes d'asile (selon le rapport d'activité de l'OFPRA, en 2008, sur près de 43000 demandes, 5 143 accordées).

1 - ex-Sonacotra, célébrée par une très importante grève des loyers de 1975 à 1980, l'un des mouvements emblématiques des luttes de sans papiers.
2 - Associations qui viennent de remporter chacune une part de marché du conseil juridique dans les CRA aux côtés de la Cimade.
3 - clause 1 c5 de la convention de Genève.


Pour en savoir plus sur les politiques migratoires :
¤ Politiques migratoires, grandes et petites manoeuvres, édition carobella ex-natura.
¤ Le site Internet et les nombreux documents publiés par le réseau associatif Migreurop : www.migreurop.org.
¤ Le site de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII, ex-ANAEM), institution chargée de « l'immigration choisie » (ou travail légal des immigrés), de leur retour au pays et de la lutte contre le travail illégal des immigrés : www.ofii.fr.


Extrait du Bulletin de contre-info en Cévennes n°9, consultable sur
http://contreinfo7.internetdown.org

Sondage sur les sentiments de la population à propos des étrangers

Publié par 24 heures (http://www.24heures.ch)

MIGRATIONS | Un sondage commandé par l'association "Ecologie et Population" décrit les sentiments de la population à propos des étrangers en Suisse. La méfiance diminue: plus de la moitié de la population (53,7%) estime que la proportion de 22% d'étrangers n'est «pas trop élevée».

ATS | 07.11.2009 | 15:12

En 1998, 52,3% de la population considérait la proportion d'étrangers - qui était alors de 19% - comme trop élevée, alors que 44,1% estimaient qu'elle n'était pas trop importante. C'est ce qui ressort d'un sondage identique effectué en 1998 et cette année par l'institut Isopublic.

Les résultats ont été publiés samedi par le Tages-Anzeiger et le Bund. Le sondage a été réalisé par téléphone entre le 21 octobre et le 3 novembre auprès de 1103 personnes de toute la Suisse. La marge d'erreur est de +/-3,1%.

Il a été commandé par l'association «Ecologie et Population» (Ecopop). Cette organisation estime que les conditions et la qualité de vie ne peuvent être maintenues que si la population mondiale se stabilise.

Les Alémaniques plus méfiants

Les résultats montrent que les Alémaniques sont les plus méfiants envers les étrangers. Ils sont 51% à trouver que leur proportion est trop importante. Cet avis n'est partagé que par 39% des sondés en Suisse italienne et 31% en Suisse romande.

Les Alémaniques sont aussi les Confédérés qui sont les plus nombreux (49%) à considérer la politique d'asile comme trop souple. Pour 42% d'entre eux, elle est tout à fait appropriée, et pour 8% elle est trop dure. En Suisse romande, 35% des sondés la trouvent trop souple, alors qu'ils sont 42% à partager cet avis en Suisse italienne.

En moyenne suisse, 45% de la population trouve la politique d'asile trop souple. Mais la comparaison avec le sondage de 1998 montre que les Suisses sont manifestement plus satisfaits aujourd'hui de la politique d'asile. Alors que seuls 29% des sondés la trouvaient appropriée il y a 11 ans, ils sont maintenant 42% à le penser. Trafic et mitage oppressants

Le sondage révèle en outre que les Suisses se sentent davantage dérangés par le trafic et la construction que par une densité trop forte de population.

Sept sondés sur dix ont dit se sentir oppressés par «trop de trafic». Presque autant de personnes interrogées souffrent d'un «trop important bétonnage et mitage de l'environnement». Sur ces deux points, le pourcentage de Romands à partager cet avis se situe au-dessus de la moyenne (75%, respectivement 72%).

Les Romands sont aussi ceux qui se sentent le plus fortement gênés par la densité de population. Avec un pourcentage de 47% qui sont de cet avis, ils se situent 6% au-dessus de la moyenne nationale. Ils dépassent de 8% les Alémaniques et de 17% les Tessinois.

La comparaison avec les résultats de 1998 révèle que la position des Suisses par rapport au trafic, au mitage du territoire et à la densité de population n'a guère changé.

Deux homosexuels sans papiers menacés d'expulsion


NOUVELOBS.COM | 05.11.2009 | 15:51

Plusieurs associations de lutte contre l'homophobie demandent leur régularisation. Le premier, Camerounais, a fui les persécutions dont il était victime dans son pays. Le second, Chinois, vient en France depuis 10 ans et est en couple depuis 8 ans.


Deux homosexuels, l'un Camerounais, l'autre Chinois, sont actuellement placés au centre de rétention administrative d'Hendaye (Pyrénées-Atlantiques) dans l'attente de leur expulsion, ont annoncé jeudi 5 novembre des associations de lutte contre l'homophobie, qui demandent leur régularisation.

"La France doit leur assurer protection"

"La France doit leur assurer protection et leur permettre de faire valoir leur droits à l'asile ou au séjour", affirment dans un communiqué commun SOS Homophobie, l'Interassociative lesbienne, gay, bi et trans (Inter LGBT), Act Up Paris et l'Association de reconnaissance des droits des personnes homosexuelles et transsexuelles à l'immigration et au séjour (Ardhis).

Selon les associations, le Camerounais de 30 ans fuyait les persécutions dans son pays, où l'homosexualité est punissable d'amendes et d'un emprisonnement de 1 à 5 ans, et venait d'atteindre la France après un périple de plusieurs mois en Afrique.

10 ans de résidence sur le territoire

Dans le même CRA se trouve aussi un Chinois de 37 ans, diplômé de lettres françaises et de gestion des entreprises à l'université de Nantes. Professeur de chinois, il vit en couple avec un Français depuis huit ans en banlieue parisienne.

Après un séjour en situation régulière comme étudiant, il n'a pas eu de titre de séjour "salarié" malgré un emploi en CDI et le soutien de son employeur. Il a dû basculer dans la clandestinité pour rester en France, expliquent les associations.

Les associations demandent la libération des deux hommes afin que la demande d'asile déposée par le premier puisse être instruite d'urgence et que le second puisse demander sa régularisation en tant que conjoint d'un Français et avec la preuve de plus de 10 ans de résidence sur le territoire.

(Nouvelobs.com)

De la mosquée à l’église, ils ont bravé l’inconnu

MOUDON | Les lieux de culte ont révélé leurs secrets, hier, à l’occasion de la Semaine des religions. Musulmans, protestants ou catholiques ont pu prendre le thé chez les uns et les autres. Un article de Sarah Bourquenoud dans 24 Heures.

© MICHEL DUPERREX | ​D’origines très diverses, une cinquantaine de participants ont profité de la Semaine des religions pour se glisser «chez les autres»: dans le lieu de prière musulman, ou à la paroisse catholique, notamment.

La mosquée de Moudon est discrète. Tellement discrète, d’ailleurs, que ce n’est pas vraiment une mosquée. «Le terme est un peu audacieux, vu le bâtiment! C’est plutôt un lieu de prière», indique David Gun. Membre du groupe Suisse-étrangers de Moudon, il a conduit dimanche matin une cinquantaine de personnes à la découverte des lieux de prière de la ville. Les participants sont d’origines diverses: Albanais, Turcs, Portugais, Somaliens, et bon nombre de Suisses. L’occasion pour beaucoup de se glisser «chez les autres» pour la première fois.

«Quand on connaît
mieux les gens,
il y a des a priori
qui tombent»
MAGADIS RICHARDET,
MUNICIPALE UDC

Première halte, donc, la mosquée. A deux pas de la gare, dans un bâtiment anonyme, il suffit d’enlever ses souliers et de franchir le seuil pour un dépaysement total. Ou presque: pas besoin de maîtriser la langue du Coran pour fréquenter les lieux. «Je ne parle pas l’arabe, je récite les prières un peu comme des poèmes. C’est la même chose que le latin pour les catholiques!» explique Bisim Imeri, président de la communauté albanaise de Moudon.

Pas de prière pour le groupe ce matin-là, elle a déjà eu lieu avant le lever du jour. «La salle est surtout pleine le vendredi, où une cinquantaine de personnes viennent de loin pour prier», indique l’imam des lieux, Haci Kacin. Après la visite, le groupe est invité à partager le café. «J’étais curieuse de venir voir la mosquée», souffle Clémence, 10 ans, attablée avec son papa.

La suite du voyage se fera à deux pas de là, à l’église évangélique. Chant, batterie et guitare: non, ce n’est pas un concert de rock qui accueille les curieux, mais la louange du jour. Quelques cafés plus tard, changement de décor pour l’église allemande. «Est-ce que Dieu est plus important que Jésus dans votre religion?» demande une participante musulmane. Discussion un brin confuse sur la trinité. On évoque Saint-Gall, dont l’église accueille des prières chrétiennes et musulmanes communes. Un projet envisageable à Moudon? Moues dubitatives… «Inch’allah, comme on dit», lance David Gun.

«Matinée enrichissante»
Vitraux et pierres majestueuses, c’est l’église Saint-Etienne qui incarne ensuite la paroisse réformée. Puis le groupe se rend à l’ancienne caserne, dans laquelle la paroisse catholique tient son repas de soutien. Au fil de la matinée, les participants ont rapidement fraternisé, et l’ambiance est bon enfant. «Quand on connaît les gens, il y a des a priori qui tombent», constate la municipale Magadis Richardet. Etonnant, la présence de l’élue UDC dans la mosquée de Moudon? «Pas du tout, pourquoi ça? Etre UDC ne veut pas dire qu’on est fermés! Cette matinée était très enrichissante», sourit-elle.

Le préfet de la Gruyère en visite à la mosquée de Bulle

A la veille des portes ouvertes des mosquées qui ont eu lieu samedi, «La Liberté» a invité de le préfet de la Gruyère Maurice Ropraz à visiter le Centre culturel islamique albanais lors de la prière du vendredi soir. Dans son entretien avec l'imam des lieux, Ramadan Shabani, M. Ropraz a parlé liberté de culte mais aussi respect de la Constitution. Texte et photo de Sid Ahmed Hammouche dans la Liberté.

Maurice Ropraz, préfet de la Gruyère, et l'imam Ramadan Shabani
Maurice Ropraz s'accroupit devant la petite porte du Centre culturel islamique albanais de la Gruyère. Il se déchausse sous le regard surpris et interrogateur d'une dizaine d'hommes qui viennent de terminer la prière du vendredi dans le petit local. Ils sortent de la seule mosquée gruérienne, située à la sortie de Bulle direction Vevey, dans un grand bâtiment industriel et commercial.«Que fait le préfet ici?», chuchote un jeune homme à son voisin. Ce dernier hausse les épaules alors que des salamalecs commencent à fuser et que Maurice Ropraz, décontracté, dépose ses souliers noirs bien cirés sur les étagères en bois, en face d'un petit lavabo où les fidèles avaient fait leurs ablutions. «C'est une visite surprise», déclare le préfet, tout sourire. La première depuis l'ouverture du centre en 2005.

Une agréable surprise

«Mais c'est une agréable surprise», lui rétorque Sulejman Sulejmani, 39 ans, trésorier du Centre culturel islamique albanais de la Gruyère. «Vous êtes le bienvenu, monsieur le préfet», ajoute ce Bullois d'origine kosovare qui emmène le visiteur surprise vers la salle de prière. Une demi-douzaine de personnes discutent avec l'imam tandis que deux hommes prient, à deux pas, en ce jour de Djamouaa.Quant à Maurice Ropraz qui a répondu favorablement à l'invitation de «La Liberté» d'aller à la rencontre des musulmans de la Gruyère, il découvre les lieux. Il observe le minbar en bois, cette sorte d'escabeau, escaladé une fois par semaine par l'imam pour donner la Khoutba, le sermon du vendredi. Maurice Ropraz pose devant le mihrab, un sanctuaire décoré avec une arcature qui indique la qibla, vers laquelle se prosternent les fidèles pendant la prière, cinq fois par jour. Le mihrab est peint en vert. «Aux couleurs de l'UDC, quoi», ironise un croyant en quittant les lieux.Maurice Ropraz sourit. Gêné? Non! Le préfet sait très bien que le vote sur les minarets est sensible. Mais il redoute que la campagne électorale de l'UDC sur la votation pour l'interdiction des minarets, qui sera soumise au peuple le 29 novembre, ne laisse des traces, des fractures dans une communauté musulmane bien intégrée en Gruyère. «On crée des amalgames entre islamistes intégristes et islam», déclare cet avocat de formation à Sulejman Sulejmani.C'est alors que l'imam, drapé dans un manteau noir, approche Maurice Ropraz. Rapides salutations pour une première rencontre avant que les deux hommes, accompagnés par cinq Albanais, ne s'assoient à une table à l'entrée de la salle de prière. Débute alors un dialogue entre le représentant de l'Etat de Fribourg en Gruyère et Ramadan Shabani, 32 ans, Kosovar installé en suisse depuis 7 ans, employé chez Cremo et imam bénévole.

Pas de consigne de vote

«Est-ce que le minaret est important pour la pratique des musulmans?», interroge Maurice Ropraz après lui avoir expliqué qu'il est un catholique pratiquant. «Non», lui répond l'imam. «C'est un symbole pour indiquer un lieu de prière. Avec ou sans, nous pouvons pratiquer notre religion. Mais ne comptez pas sur moi pour donner des consignes de vote durant mes prêches. Ici, c'est une mosquée, on parle de dieu, pas de politique. Que la Suisse accepte ou refuse les minarets, nous nous continuerons de faire la prière sans problème.» «Et qu'avez-vous évoqué aujourd'hui lors du prêche?», relance Maurice Ropraz. «J'ai parlé du pèlerinage à la Mecque, qui commencera bientôt», dit le jeune Albanais qui a étudié la théologie musulmane au Kosovo et qui parle un arabe châtié. «Mon rôle est d'enseigner les bases de l'islam. Je mène la prière du vendredi et je donne des cours d'éducation religieuse aux enfants le dimanche. Et j'enseigne les préceptes de l'islam tout en insistant pour que les musulmans d'ici pratiquent leur foi et appliquent la loi suisse.»Ces mots rassurent le préfet qui insiste sur la liberté du culte, mais sur le devoir civique de chaque habitant de ce pays de respecter la constitution et la laïcité. «Nous sommes des Suisses comme les autres» rétorque Ramadan Surduli, menuisier, la cinquantaine et qui travaille depuis plus 30 ans dans la région. De son côté, Gashi Hisen, 65 ans, abonde: «Je suis arrivé du Kosovo il y a 25 ans. Et à chaque prière du vendredi, je loue la Suisse qui m'a rendu ma dignité. N'oubliez pas non plus que la majo-rité des musulmans d'ici vient d'Europe, des Balkans principalement ou de la Turquie. Nous sommes issus d'un Islam européen. Nous c'est Allah, vous c'est Dieu. Finalement, on adore le même créateur du monde.»Pour le préfet, tout ce débat sur les minarets n'a pas de sens. «En réalité, les partisans de l'initiative ont ouvert un faux débat. Les musulmans vivent bien en Suisse. C'est une richesse pour nous. Il y a quatre minarets et je ne m'attends pas à les voir se multiplier. Les musulmans comprennent aussi que ce n'est pas dans leur intérêt de construire à chaque coin de rue un minaret dans le pays. Je serais très triste si la Suisse était le premier pays à inscrire l'interdiction des minarets dans la constitution. C'est vraiment l'introduction des lois d'exception et ça serait grave.»Autour de la table, les hommes opinent du chef et précisent que l'Association albanaise de la Gruyère n'a pas de projet de construction de minaret. Comme pris au piège d'un débat qui les dépasse. Après deux heures de discussion, Maurice Ropraz, rassuré, prend congé tout en promettant de revenir les voir un de ces jours. «Les portes sont ouvertes à tout le monde», lui lance Sulejman Sulejmani, aux anges, ému par la visite du préfet. Un vendredi. Jour de prière. En Gruyère comme ailleurs dans le monde.

Les mosquées de Suisse ont attiré les foules

A trois semaines de la votation sur l'interdiction des minarets, la population a profité samedi de la journée portes ouvertes des mosquées en Suisse pour s'informer sur l'islam. Plusieurs centaines de visiteurs ont été dénombrés dans les plus de 100 lieux de prière qui les accueillaient.

La mosquée de Genève a accueilli environ 500 curieux dans ses locaux. Photo Keystone

La journée portes ouvertes avait lieu dans douze cantons, dont Genève, Vaud et Fribourg. Dans ce dernier, cinq lieux ont été ouverts au public: trois à Fribourg, un à Morat et un à Bulle. Quelque 160 personnes les ont visités, soit près du double de l'an dernier, a indiqué à l'ATS Mohammed Ali Batbout, représentant des associations musulmanes.
La perspective de la votation du 29 novembre a évidemment joué un rôle dans le succès de la manifestation, selon Ali Batbout. Les organisateurs avaient d'ailleurs préparé des images d'églises et de clochers dans les pays musulmans pour montrer que l'ouverture existe aussi dans ces Etats.

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Le président des grottes de Vallorbe regrette ses paroles

Le Forum des étrangers de Lausanne a réagi aux propos de Walter Zehnder à l’égard des requérants d’asile, rapportés par le journal 20 minutes. L’intéressé s’est excusé vendredi par écrit. Un article de Pierre Blanchard dans 24 Heures.

Les propos désobligeants à l’égard des demandeurs d’asile tenus par le président des Grottes de Vallorbe, et rapportés par le journal 20 minutes (24 heures du 5 novembre), ne sont pas restés sans effet. Le Forum des étrangères et étrangers de Lausanne (Feel) a en effet tenu à rappeler à Walter Zehnder et aux médias «que la publication de propos racistes est punissable par l’article 261 bis du Code pénal». L’alinéa 4 de cet article précise qu’il est interdit de discriminer, de quelque manière que ce soit, un individu ou une communauté en raison de sa race, de sa religion ou de son appartenance ethnique. Le Feel a exigé des excuses et s’est réservé «le droit de déposer une plainte contre Walter Zehnder pour apologie du racisme».

Le président de Grottes de Vallorbe s’est excusé vendredi, par écrit: «Je regrette sincèrement que les propos diffusés par la presse aient provoqué une telle réaction. Le problème, ce ne sont pas les Noirs, ni les Blancs, ni les Jaunes, mais bien la quantité de demandeurs d’asile, bien trop importante par rapport au nombre d’habitants à Vallorbe. Mon but était uniquement de presser les autorités pour que des solutions soient trouvées très rapidement. Qu’on mette en place des lieux adéquats pour que les réfugiés disposent d’endroits où ils sont à l’aise et où ils ne dérangent personne. Si des mots durs sont tombés dans mes explications, je le regrette sincèrement, et je vous prie de bien vouloir m’en excuser.»

«Deuxième chance»

«Nous sommes satisfaits que M. Zehnder ait présenté ses excuses. Nous en resterons là. Car nous pensons que cette personne a droit à une deuxième chance», commente Tidiane Diouwara, président du Feel. Le Forum des étrangers de Lausanne a pour objectif de favoriser l’intégration des étrangers, dans la capitale vaudoise et dans le canton. Il regroupe 50 associations, en provenance des cinq continents, dont il est le porte-parole auprès des autorités.