samedi 17 juin 2006

Journée des réfugiés: 11'000 manifestants contre les nouvelles lois



Lire la dépêche de l'ATS
Plus de 11'000 personnes ont manifesté à Berne contre la révision des lois sur l'asile et sur les étrangers. Les organisateurs ont choisi la journée des réfugiés pour protester contre le durcissement de la législation suisse.

L’homme, un NEM, était interdit d’entrée sur le territoire lausannois après une condamnation pénale. Il a recouru. Et gagné.

Lire l'article d'Eric Martin dans 24heures
L’homme, un NEM, était interdit d’entrée sur le territoire lausannois après une condamnation pénale. Il a recouru. Et gagné.
«C’est une bonne nouvelle qui, on l’espère, s’appliquera à d’autres cas.» Nanda In­grosso, membre de la Coordi­nation Asile Vaud, ne cache pas sa satisfaction. Le 17 mai dernier, les juges du Tribunal cantonal ont accepté un re­cours déposé par le SAJE (Ser­vice d’aide juridique aux exi­lés). Ce dernier demandait la levée de l’interdiction de pé­nétrer sur le territoire lausan­nois pour un de ses clients, un NEM (demandeur d’asile frappé de non entrée en ma­tière), condamné pénalement. Ces exclusions de territoire, prévues par la loi sur les étrangers, peuvent être pro­noncées à l’encontre des per­sonnes sans autorisation de séjour et «troublant ou mena­çant la sécurité et l’ordre pu­blics ». Il s’agit principalement de lutter contre le trafic de drogue. C’est au juge de paix de prononcer les interdictions demandées par le Service de la population (SPOP), après signalement par la police.
Dans ce cas précis, la logi­que géographique a profité au recourant: celui-ci était exclu du territoire lausannois alors même que l’aide d’urgence à laquelle il a droit est distri­buée… à Lausanne, justement. Dans son arrêt, la Cour retient ainsi que «l’interdiction géné­rale est incompatible avec le fait que la personne doive ré­gulièrement entrer sur le ter­ritoire communal pour béné­ficier de l’aide d’urgence.» Maurice Utz, juriste au SAJE, ajoute. «Il y avait bien des laissez-passer généraux déli­vrés par le SPOP qui permet­taient aux NEM de se rendre à Vennes, où se trouve le centre, ou à la Polyclinique médicale universitaire. Mais le tribunal a jugé que ces autorisations allaient à l’encontre de l’inter­diction, en généralisant un ré­gime d’exception.» Le SAJE estime que cet ar­rêt de principe fera jurispru­dence.

Non du PEV aux lois sur l'asile et les étranfgers

Le Matin - Suisse
Le Parti évangélique (PEV) recommande de dire non aux révisions des lois sur l'asile et sur les étrangers, soumises au vote le 24 septembre. Ses délégués, réunis en assemblée extraordinaire à Aarau, ont jugé ces textes trop restrictifs.

Manifestation contre la révision des lois sur l'asile

Lire le dossier de la RSR

Immigration: l'Europe au secours de l'Espagne

Lire et voir le dossier que la tsr consacre à la situation dans les Iles Canaries

J'étais étranger et vous m'avez accueilli


Lire l'article de Rachad Armanios dans Le Courrier.

Les radicaux genevois rejoignent le front du refus

Lire l'article de Didier Estoppey dans Le Courrier
LOI SUR L'ASILE - Les «castors» rejettent à une très large majorité la Loi sur l'asile, mais acceptent celle sur les étrangers. Leur vote n'en ouvre pas moins une brèche au sein d'un parti suisse jusqu'ici aligné sur l'UDC.

C'est un score sans appel: par 73 «non» contre 11 «oui» et 10 abstentions, les délégués réunis jeudi soir en assemblée par le Parti radical genevois ont décidé de rejeter la Loi sur l'asile (LASi) qui sera soumise au verdict populaire le 24 septembre. Nettement plus partagés à l'égard de la Loi sur les étrangers (LETr), attaquée elle aussi par référendum, les radicaux du bout du lac ont en revanche décidé de la soutenir par 43 voix contre 33 oppositions et 10 abstentions.
Les radicaux genevois sont les premiers à faire dissidence au sein du parti suisse. Réunis en assemblée en janvier dernier, ses délégués avaient apporté un soutien presque soviétique à la LASi, soutenue par 187 voix contre 6 refus et 15 abstentions. Les délégués genevois s'étaient abstenus. On était alors à un mois du vote final aux Chambres, et le double référendum venait d'être lancé. «Le parti suisse est allé vite en besogne, sans prendre le temps d'écouter sa base», analyse Pierre Maudet, président des radicaux genevois. Qui n'exclut pas de voir sa section rejointe par l'une ou l'autre de ses homologues romandes.
Message lourd à porter
Et même si au sein de la direction suisse, à Berne, on ne voit «pas de problème» dans le vote genevois, le parti semble prendre conscience de ses divisions internes sur la question. Les divers conseillers nationaux radicaux contactés pour venir convaincre la base genevoise d'accepter la LASi ont décliné l'offre, souligne Pierre Maudet. Qui a finalement dû recourir aux services de deux conseillers nationaux UDC, le Genevois André Reymond et le Vaudois André Bugnon, pour défendre ce durcissement.
Face à eux, le conseiller national radical genevois John Dupraz et son ex-collègue libéral Charles Poncet sont venus combattre une loi qu'ils estiment inutile. «Pour renvoyer les gens, il faut négocier des accords de réadmission, a rappelé John Dupraz. Et là, Christoph Blocher est plutôt passif, préférant bâtir une société de la peur.» «Avec cette nouvelle loi qui exige des papiers pour obtenir l'asile, les réfugiés chiliens ou argentins qui font la fierté de notre pays n'auraient jamais obtenu l'asile, a enchaîné Charles Poncet. Imaginerait-t-on un Tibétain venir frapper à nos portes avec un passeport chinois?»
Des questions auxquelles les deux élus de l'UDC restaient souvent sans réponse précise. «On pose la question de l'Argentine. Permettez-moi d'en sortir pour retourner en Afrique», a ainsi lâché André Reymond, sans parvenir à convaincre grand monde. Il s'est même trouvé dans la salle un commissaire de police pour dénoncer des durcissements qui fabriquent des délinquants.
Concernant la LETr, qu'il avait décidé de soutenir contrairement à la LASi, le comité directeur du parti a préféré faire l'économie d'un débat contradictoire, se bornant à une brève information. Plusieurs ténors du parti, à l'image de John Dupraz ou de Gilles Petitpierre, n'en ont pas moins pris position contre la loi. L'ancien conseiller aux Etats a ainsi publiquement regretté son vote de 1994, par lequel il avait soutenu la Loi sur les mesures de contrainte: «On n'a tiré aucun avantage de ce durcissement.»
Etrange dialectique
Des mesures de contrainte que la LETr permettra de porter jusqu'à deux ans de détention. Mais, pour Pierre Maudet, il n'y a pas d'incohérence à refuser le durcissement de la Loi sur l'asile tout en acceptant ceux qui sont inscrits dans la LETr. «La Loi sur l'asile, c'est un énième durcissement qui se révélera totalement inutile et inapplicable. La LETr, elle, a le mérite de venir remplacer un texte totalement obsolète, datant de 1931, et de fixer un cadre légal à l'intégration. Et nous aurons tout loisir de modifier ses dispositions les plus litigieuses.»
Curieusement, les libéraux vaudois, qui ont également débattu de la question jeudi soir, font une analyse inverse de la situation, puisqu'ils ont décidé quant à eux de soutenir la Loi sur l'asile, mais de rejeter celle sur les étrangers (lire en p 5). On savait déjà Vaudois et Genevois peu enclins à la fusion. Mais le rapprochement entre radicaux et libéraux paraît tout aussi difficile... I

Le coeur comme la raison

Lire l'éditorial de Didier Estoppey dans Le Courrier
«Nous sommes la Suisse!» C'est sous cette bannière que seront réunis, ce samedi à Berne, toutes celles et ceux qui iront clamer dans les rues leur refus des politiques de peur et d'exclusion dans lesquelles la majorité politique de ce pays prétend nous enfermer. On souhaite festive cette manifestation, qui marque le lancement de la campagne du double «non» aux lois sur l'asile et les étrangers, soumises à votation le 24 septembre.
Une campagne qui démarre sous les meilleurs auspices. Les six mois qui se sont écoulés depuis le vote infâme des Chambres fédérales, le 16 décembre dernier, ont en effet déjà permis de constater que la société helvétique n'est pas aussi sourde et aveugle que ses dirigeants. Et que, même s'il serait bien imprudent de préjuger du résultat final, elle n'est pas forcément prête à se boucher le nez pour se coucher aux ordres de Christoph Blocher et de ses valets.
Après les sections genevoise et vaudoise du Parti démocrate-chrétien, ce sont ainsi les radicaux genevois et les libéraux vaudois qui viennent de rompre avec le camp bourgeois en adoptant des consignes négatives pour le 24 septembre. Avec des nuances: les radicaux genevois rejettent la loi sur l'asile mais soutiennent la loi sur les étrangers, alors que leurs «cousins» vaudois ont pris l'option exactement inverse...
Une incohérence qui a le mérite de montrer, s'il en était encore besoin, à quel point ces deux lois sont unies dans le rejet de l'autre et dans la négation des droits humains les plus élémentaires. Mais l'étrange exercice de casuistique auquel se sont livrés ces deux partis a le mérite d'ouvrir un champ nouveau dans la campagne: celui de la réflexion et de la rationalité.
Si nous nous opposons à la loi sur l'asile, c'est qu'elle est inutile et inapplicable, ont estimé en substance les radicaux genevois. En poussant encore un peu la réflexion, ils constateront que celle sur les étrangers, qui condamne à la clandestinité tout immigrant extra-européen ou consacre la présence des officiers d'état civil dans les chambres à coucher des couples mixtes, l'est tout autant...
Il ne saurait évidemment être question de relativiser les valeurs éthiques qui nécessitent à elles seules le rejet de ces deux lois. Mais les référendaires doivent veiller à ne pas se laisser enfermer dans le camp de l'humanisme, de «l'angélisme». Comme cherche à le faire Christoph Blocher, en déniant aux Eglises le droit de se mêler de politique (lire notre édition du 14 juin). Et en prétendant incarner à lui seul le champ de la rationalité. Sans réussir pour autant à masquer son vrai visage: le racisme du «bon missionnaire» blanc, dont le retrait se serait avéré fatal à une Afrique incapable de se prendre en mains...
Face à une telle abjection au sommet, il est temps de serrer les rangs. Il reste trois mois pour convaincre la population. Avec le coeur, mais aussi la raison. Ce n'est qu'en marchant sur deux pieds que ce pays pourra faire façon du cancer fascisant qui le ronge.

Journée nationale du réfugié sous le signe de la loi sur l'asile

Lire la dépêche de l'ATS sur Bluewin Infos
Le combat contre le durcissement de la loi sur l'asile est au coeur de la Journée nationale du réfugié. La manifestation qui coïncide avec les 70 ans de l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR) s'est ouverte à Berne.