lundi 15 février 2010

L'encadrement des requérants d'asile à Vallorbe est une affaire privée

Au centre d'enregistrement de Vallorbe, il n'y a ni personnel médical ni assistants sociaux. Des agents privés y font tout, des nettoyages aux cours de langue. Un article signé Laurence Bron dans le Courrier.

Au centre d'enregistrement et de procédure de Vallorbe, l'encadrement des requérants d'asile est entièrement aux mains de sociétés privées. Pour s'occuper des 100 à 300 personnes qui y sont hébergées dans l'attente de leur attribution à un canton, il n'y a ni personnel médical ni assistants sociaux. Tous les jours de 6h30 à 22h, sept employés de l'entreprise ORS effectuent les tâches les plus diverses: conduire les requérants à leur audition, faire les nettoyages et la vaisselle, distribuer les repas, ou encore donner des leçons de français. Enquête.

Pas le temps d'écouter

«Nous n'avons pas le temps de jouer le rôle d'assistants sociaux, à savoir écouter les problèmes des requérants et répondre à leurs questions», témoigne Illan Acher, qui a été stagiaire bénévole au centre en 2009. «C'est dur psychologiquement pour eux car ils ne savent pas à qui s'adresser.» La firme ORS Services, établie à Zurich, gère les cinq centres d'enregistrement du pays.
Le maintien de l'ordre dans le centre est assuré par des agents de Securitas, qui reçoivent une formation spécifique avant d'arriver à Vallorbe. «Malgré les différences ethniques, il y a peu de problèmes entre les requérants d'asile, estime Illan Acher. C'est surtout la présence des Securitas qui est pénible. La communication est rendue difficile par le fait que beaucoup d'entre eux, comme certains assistants d'ORS, connaissent mal l'anglais. Et souvent, les agents de sécurité profitent de leur pouvoir par des provocations verbales, surtout au moment des repas où ils humilient les requérants en leur disant de manger plus vite ou par des réflexions désagréables, du racisme sous-jacent».
D'octobre à décembre 2009, plus de 300 requérants d'asile étaient entassés dans un centre qui compte 276 lits. «Aucune mesure supplémentaire n'a été prise pour accueillir ces personnes, relate un intervenant sous couvert de l'anonymat. La philosophie d'ORS vise le rendement, en employant du personnel peu qualifié et en lui offrant de bas salaires».


Infirmières superflues?

Auparavant, le centre était doté d'une «responsable médicale» qui avait une formation de factrice. Mais depuis décembre 2006, l'Office fédéral des migrations (ODM) a décrété pouvoir se passer de personnel médical. Les infirmières sont appelées seulement pour les contrôles sanitaires. La visite médicale est obligatoire dans les cinq jours après l'arrivée des requérants. Ces derniers doivent remplir un questionnaire pour dépister les cas de tuberculose. Aucune prise de sang n'est faite. En guise de prévention du sida, une vidéo est montrée aux requérants.
En cas d'urgence, les employés d'ORS appellent le médecin de garde de Vallorbe. Mais la notion d'urgence est sujette à interprétations. Kebele* était arrivé au centre avec sa femme enceinte de quatre mois. On lui a dit d'attendre le septième mois avant de consulter un médecin. Vu la situation, le couple aurait dû pouvoir quitter le centre rapidement. Or, il y est resté au-delà de la durée légale de soixante jours.


«J'aimais y travailler!»

Cécile Danthe, ancienne infirmière du centre, regrette la décision de l'ODM. «J'aimais énormément travailler là-bas même si c'était très éprouvant émotionnellement de découvrir les traces de balles dans le corps, des viols subis par les femmes et les enfants. C'est plus de 3500 consultations que nous effectuions chaque année au CEP de Vallorbe mais pour Berne, n'importe qui peut remplacer une infirmière! A l'époque, on radiographiait chaque requérant pour détecter les cas de tuberculose mais aujourd'hui on leur donne un questionnaire à remplir, dont les questions sont incompréhensibles même pour un Suisse.»
En dehors des agents privés, les seuls interlocuteurs des requérants d'asile sont les quatre aumôniers du centre, deux protestants et deux catholiques, qui se partagent les visites quatre jours par semaine. «Il y a souvent des rencontres avec tous les aumôniers des CEP de Suisse mais également entre les équipes d'ORS, de Securitas et de l'ODM à Vallorbe, relate l'abbé Richard Arnold. Si les conditions de travail sont difficiles, ce n'est pas à cause d'ORS mais à cause de la politique d'asile et de ses incidences administratives. Nous sommes tous conditionnés par les règles politiques. En revanche, il n'y a pas de problèmes entre les intervenants du centre.» I
Note : *Prénom d'emprunt.

Les «nouvelles routes» de tous les trafics

Les routes de l'immigration. Infographie RFI


Les ministres de l’Intérieur des pays d’Afrique occidentale se réunissent aujourd’hui à Dakar avec leurs homologues de France et d’Espagne pour examiner la délicate question de l’ouverture, dans cette région située dans le prolongement direct du Sahel, d’une «nouvelle route» spécialisée dans le narcotrafic.

Cette région était jusque-là considérée, exclusivement, comme la «route» de l’immigration clandestine vers l’Europe. L’ouverture de cette troisième route, spécialisée cette fois dans le trafic d’armes, n’est pas exclue. Cette route qui existe déjà dans le Sahel est même considérée comme probable par les experts qui considèrent que le terrorisme, l’immigration clandestine et le trafic de drogue sont des phénomènes qui font bon ménage.

La route de l’immigration
La côte ouest-africaine, située dans le prolongement direct du Sahel, est considérée aussi par endroits comme au Sahel, la «terre de personne où les Etats sont absents. Elle a d’abord été investie, au début de la seconde moitié de la décennie en cours par les maffias de l’immigration vers les Canaries.

Près de 40 000 Subsahariens ont pu atteindre les côtes espagnoles. Mais le dispositif mis en place par l’Espagne dès 2007, avec le concours les unités du Frontex (Agence européenne de contrôle des frontières) a sensiblement découragé ce phénomène. Cette «route» a progressivement cessé d’être rentable pour ces maffias de l’immigration clandestine en Afrique de l’Ouest.

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L'Europe de l'Est peine à intégrer les Roms

Depuis l'adhésion, en 2007, de la Roumanie et de la Bulgarie, l'Union européenne compte quelque dix millions de citoyens roms. Partout indésirables, partout ostracisés, ils sont devenus, à leur insu, comme l'a reconnu la Commission européenne, «une menace pour la cohésion sociale en Europe».

La minorité rom de Roumanie, estimée à environ deux millions d'âmes, est la plus importante d'Europe. La plus misérable aussi. La mendicité organisée, la prostitution et divers trafics (vols à la tire ou de cartes bancaires) ont permis aux réseaux criminels qui l'exploitent de prospérer. Bien qu'identifiés et localisés, ces réseaux, le plus souvent claniques, jouissent jusqu'ici d'une impunité quasi totale.

Plus ou moins assimilés sous le communisme, les Roms d'Europe de l'Est ont subi de plein fouet le coût social de la transition économique dans les années 1990. L'élargissement de l'Union européenne a entraîné une prise de conscience institutionnelle sur leur condition. L'UE, la Banque mondiale, des ONG telles que la Fondation Soros ont débloqué des fonds et mené des campagnes d'information.

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Après le séisme, le calvaire juridique d'un immigré haïtien

Raguel Ranfort, 35 ans, a fui les menaces de mort d'un gang et Port-au-Prince dévasté par le séisme. Depuis le 10 février, il est retenu en zone d'attente de l'aéroport de Roissy et risque l'expulsion.
L’histoire de Raguel est liée au séisme qui a ravagé son pays le 12 janvier. Le tremblement de terre a fait resurgir son passé. En 2002, alors qu’Aristide est au pouvoir, l’un de ses neveux est kidnappé par des malfaiteurs. Le jeune homme, qui militait dans un parti politique étudiant, n’a jamais été retrouvé. Raguel prend l’affaire à bras le corps et porte plainte. Au bout de plusieurs mois, et de maintes péripéties, il réussit à faire inculper cinq personnes, dont un membre de la police et un juge. Le juge est relaxé, les quatre autres sont condamnés à de lourdes peines de prison.

Lire la suite de cet article de Gaëlle Le Roux sur France 24.