mardi 28 février 2006

Manifestation pour les sans-papiers

Le Collectif Vaudois de Soutien aux Sans-Papiers organise une manifestation le samedi 11 mars 2006 à 14H00
(http://www.sans-papiers-vd.ch/).

Une famille membre du CVSSP a récemment été convoquée au SPOP où elle a été menacée de mesures de contrainte si elle ne quittait pas le territoire. Cette famille qui est ici depuis 1998 (3 enfants entre 16 et 2 ans) a été présentée par le canton de Vaud dans le cadre de la "circulaire Metzler".

Le Collectif a décidé de réagir rapidement et fortement à cette
tentative de renvoyer des sans-papiers.

lundi 27 février 2006

Page spéciale Erythrée / Ethiopie de stop aux renvois

Lire la page spéciale

Abonnement TL obligatoire: une réaction

La Coordination Asile demande l'annulation de l'accord entre les Transports publics Lausannois (TL) et la FAREAS obligeant les requérant-e-s à acheter un abonnement de bus.
Lire la lettre ouverte

«La Suisse n'est pas toujours bien notée en matière de protection des réfugiés»

Lire l'article de Valérie de Graffenried dans le Temps
Cet interview de Hans Lunshof, chef du Service de liaison pour la Suisse et le Liechtenstein du HCR, précède le second symposium sur l'asile en Suisse qui se tiendra cette semaine.
Le haut-fonctionnaire s'y montre assez critique à l'égard de la politique d'asile menée par l'ODM et Blocher.

Un requérant débouté en Suisse finit dans les geôles birmanes

«Un couloir sans fin, sans la moindre porte de sortie.» C'est la procédure d'asile en Suisse, telle que résumée par la réalisatrice Irene Marty dans son film: Expulsé - l'incroyable histoire de Stanley Van Tha.

Birman, membre d'une minorité chrétienne, Stanley Van Tha arrive en Suisse en 2003 avec des papiers en règle. Son objectif est clair: demander l'asile car son appartenance religieuse et ses activités politiques déplaisent fortement à la junte militaire birmane. Il dit craindre pour sa vie. Les autorités helvétiques ne le croient pas: «Il n'avait pas de motifs politiques pour obtenir le statut de réfugié», insiste Dominique Boillat, le porte-parole de l'Office fédéral des migrations (ODM).

En décembre 2003, son dernier recours est rejeté. L'homme, âgé de 37 ans, doit donc quitter la Suisse. Mais il craint de retourner dans son pays. Il laisse donc courir le délai pour un départ volontaire. En mars, il est arrêté. Deux des collaboratrices du centre où il était hébergé témoignent dans le documentaire: «Quand la police est arrivée, il a dit: je ne prends rien avec moi, sinon tout finira dans les mains des militaires birmans.» Et sa collègue d'ajouter, les larmes aux yeux: «A plusieurs reprises, il a répété: ma vie est finie maintenant.» Il est alors transféré à la prison bernoise de Wintwil. Le jour de l'expulsion arrive, c'est le 14 avril 2004: bâillonné, immobilisé dans une chaise roulante, il est renvoyé à Rangoon encadré par trois policiers bernois. Une fois arrivé sur sol birman, Stanley Van Tha est remis aux autorités militaires. Immédiatement emprisonné, il est condamné fin août à dix-neuf ans de prison. Sa peine se décompose ainsi: sept ans pour activités politiques, sept ans pour avoir demandé l'asile dans un pays étranger et cinq ans pour utilisation d'un «faux passeport».

Cette affaire embarrasse fortement la Suisse. Interpellé, le conseiller fédéral Christoph Blocher a même déclaré en mars 2005 devant le Conseil des Etats: «Il doit avoir été condamné pour vol ou quelque chose du genre.» Le Département fédéral des affaires étrangères est intervenu auprès de la Birmanie, mais sans succès. Rien d'étonnant: selon Amnesty International, 1300 prisonniers politiques étaient détenus fin 2004 en Birmanie.

Malgré ce terrible destin, l'ODM persiste et signe: «En matière d'asile, il n'y a eu aucune décision fausse», insiste Dominique Boillat. «Il y a eu des négligences accumulées, mais pas d'erreur», poursuit-il. Et de lancer un reproche au canton de Berne qui a décidé de le renvoyer sous contrainte. Selon le porte-parole, il aurait fallu l'expulser vers la Thaïlande.

Le cas de Stanley Van Tha est-il unique? «Il n'y a aucun autre cas», assure Dominique Boillat. Une affirmation rejetée par Daniel Bolomey, secrétaire général de la Section suisse d'Amnesty International: «Il y a eu des cas en Syrie et en Libye. Et si la nouvelle loi sur l'asile est acceptée, on va créer des centaines, voire des milliers de Stanley Van Tha car les procédures vont être encore réduites et donc les risques d'erreur encore augmenter.»

L'ODM a finalement décidé de ne plus renvoyer les Birmans. L'an dernier, ils étaient six à demander l'asile en Suisse.

Les gens du voyage refusent d'être des citoyens de seconde zone

Lire l'article dans le courrier
NOMADISME - Les tsiganes à passeport suisse veulent voire leur mode de vie pleinement reconnu. Exemple de Céligny à l'appui, ils dénoncent les bâtons que les autorités leur mettent dans les roues.

dimanche 26 février 2006

Bisbille entre le PDC et les évêques

Lire le dossier de swissinfo
Après la dépénalisation de l'avortement, le partenariat enregistré des personnes de même sexe et l'extension du travail du dimanche, une nouvelle pomme de discorde empoisonne en effet les relations entre le parti et l'Eglise catholique: la révision du droit d'asile et des étrangers.

Le PDC la soutient, alors que la récolte des signatures pour le double référendum bat son plein avec l'aide des milieux catholiques progressistes. Ce militantisme agace la présidente du PDC Doris Leuthard, tandis que la position démocrate-chrétienne intransigeante irrite les évêques.

samedi 25 février 2006

Qui sont ces étrangers qui vivent et travaillent en Pays de Vaud?




Lire l'article de Grégoire Nappey dans 24heures:
Pour la première fois, Vaud dresse un portrait détaillé de sa population étrangère. Le Service cantonal de recherche et d’information statistiques publie ses résultats.



C' est une médaille de bronze. Au palmarès des populations étrangères, Vaud est sur la troisième marche du podium avec 180 200 résidents étrangers en 2004, soit 28% de la population permanente. Seuls Genève (33%) et Bâle-Ville (29%) font mieux. Si l'on ajoute les 50 000 naturalisés, (chiffre en hausse) cela fait 35% d'habitants d'origine étrangère, soit un bon tiers des Vaudois.

Le Service cantonal de recherche et d'information statistiques (SCRIS) publie pour la première fois une radiographie détaillée de cette part importante des habitants du canton.


Il y a trois ans, l'entrée en vigueur de la libre circulation des personnes dans le cadre des accords bilatéraux avec l'Union européenne a été une «étape cruciale dans notre politique migratoire», selon le chef du SCRIS Jean Campiche. Quel bilan en tirer? Entre 2002 et 2004, Vaud a concentré 20% de l'accroissement suisse en étrangers, proportion la plus importante du pays. La libre circulation a favorisé les regroupements familiaux; et multiplié par deux le nombre de courts séjours (5000 en 2004).

La migration reste avant tout une affaire de marché du travail. Ce qui fait du Pays de Vaud une terre cosmopolite, plus riche en étrangers que la moyenne suisse (20%). Et l'intégration? A voir l'ancienneté des intéressés, la proportion de francophones, les mariages mixtes qui deviennent majoritaires et les naturalisations qui explosent, c'est plutôt réussi.


Pour le conseiller d'Etat Pascal Broulis, l'étude constitue «un outil de travail scientifique à utiliser de manière prospective. Elle montre aussi que Vaud est un canton intégrateur. On le voit notamment au travers du nombre des mariages mixtes, et des naturalisations. Autre exemple, de nombreux étrangers vivent chez nous depuis des années. Sur les cinq dernières votations fédérales qui avaient pour enjeu une ouverture sur l'extérieur, Vaud a d'ailleurs toujours été le premier de classe.»

A la question de savoir pourquoi le canton est tellement prisé par les populations étrangères, René Knüsel, professeur à l'Institut des sciences sociales de l'Université de Lausanne, émet diverses hypothèses: «Qui peuvent se cumuler. Il y a d'abord le marché du travail. La langue aussi dont l'importance est réelle pour la communauté africaine notamment. Certains résidents étrangers viennent aussi pour bénéficier d'une certaine tranquillité. Et on n'oubliera pas non plus le potentiel de formation offert par les écoles internationales, l'EPFL et l'UNIL.»
Les nationalités se diversifient

Un vaudois sur trois est d'origine étrangère


Lire l'article de Philippe Miauton dans le Temps
Depuis l’entrée en vigueur des accords bilatéraux, 20% des étrangers s’établissant en Suisse ont choisi Vaud. Ce canton a enregistré la plus forte hausse de population étrangère entre 2002 et 2004, selon une étude publiée hier.
Avec près de 16000 résidents étrangers supplémentaires en trois ans, Vaud comptabilise à lui seul plus d’un cinquième des arrivées en Suisse, note le Service cantonal de recherche et d’information statistiques (SCRIS). Le canton de Zurich, deux fois plus peuplé, le suit avec 12500 personnes. Berne enregistre une augmentation de 3800 personnes. Les auteurs de l’étude expliquent l’attractivité du canton de Vaud par sa situation de canton frontalier et son développement économique. Les résidents étrangers représentent 28% de la population vaudoise, alors que la moyenne suisse est de 20%. Seuls Genève (33%) et Bâle-Ville (29%) ont une proportion
plus grande. Un quart des étrangers arrivent dans le canton de Vaud pour y suivre une formation. A lui seul, Vaud accueille 30% des étrangers entrant en Suisse
pour ce motif. Travailleurs qualifiés En 2004, les étrangers venant
travailler en Suisse provenaient pour les trois quarts des quinze pays de l’Union européenne. Deux nationalités dominent nettement: les Portugais (33%) et les Français
(23%). Les premiers sont employés surtout dans le bâtiment et l’agriculture, les seconds dans la santé et l’hôtellerie-restauration. L’étude présentée hier par
le SCRIS constitue la première synthèse complète sur la population étrangère du canton, de l’après-guerre à la libre circulation actuelle. Il en ressort globalement
que la politique migratoire vaudoise reste axée avant tout sur le marché du travail.
Les étrangers représentent un tiers de la population active vaudoise, contre un quart au niveau suisse. L’immigration récente concerne dans une mesure grandissante les travailleurs très qualifiés. Plus d’un quart des étrangers entre 30 et 49 ans
disposent d’un diplôme de degré tertiaire, contre 18% en 1990. La population étrangère reste toutefois plus touchée par le chômage et la précarité que les Suisses: le taux de «workingpoor» y est par exemple trois fois plus élevé (12% contre
4%). Les naturalisations L’intégration des étrangers se manifeste en particulier par
l’ancienneté des résidents, la pratique accrue de la langue française, l’augmentation des mariages mixtes ainsi que la hausse des naturalisations.
Celles-ci ont doublé en dix ans dans le canton. En 2004, 2994 personnes sont devenues
Suisses, soit 1,7% de la population étrangère.
Sur le même sujet lire aussi l'article du quotidien La Côte

Les requérants déboutés devront mériter l'aide d'urgence

Lire l'article de Valérie de Graffenried dans le Temps

Le Danemark et Jyllands-Posten Arrière-plan d'une provocation


Lire cette analyse du World Socialist Web Site

Qui explique à quel point l'assimilation d'une campagne xénophobe menée par un journal de boulevard de droite à la défense de la démocratie est un leurre...

Aide d'urgence pour les NEM: pas question de laxisme

Lire l'article du Journal du Jura

vendredi 24 février 2006

De retour au pays, les sans-papiers peinent à se réinsérer

Lire l'article de Mario Togni dans le Courrier
Deux étudiants de la Haute école de travail social de Genève signent un mémoire sur la réinsertion des sans-papiers équatoriens ayant quitté la Suisse, de gré ou de force.

Quelle réinsertion pour les sans-papiers de retour au pays? A ce jour, peu de chercheurs se sont intéressés à «l'après expulsion» des clandestins ayant séjourné en Suisse. C'est chose faite avec le mémoire de Mikhael de Souza et Bastien Carillo, étudiants à la Haute école de travail social (HETS) de Genève. Ces deux jeunes chercheurs se sont plus particulièrement penchés sur le cas des ressortissants équatoriens ayant une longue tradition migratoire avec la Suisse.
Grille d'entretien à l'appui, de nombreux témoignages de sans-papiers ou ex-sans-papiers ont été recueillis en Suisse, en bonne partie dans le canton de Vaud, mais aussi en Equateur, grâce au soutien de la Direction du développement et de la coopération (lire ci-dessous) et de la fondation Terre des Hommes. Un matériau complété par la voie de collectifs de défense de sans-papiers, de travailleurs sociaux, de diplomates et même de policiers.


Rupture des liens sociaux

Si une «prudence statistique» s'impose, les conclusions confirment les tendances envisagées: «La majorité des migrants retournés au pays rencontrent de graves problèmes et peinent à se réinsérer.»
En cause notamment: la rupture, plus ou moins durable, des liens familiaux. Certains migrants ressentent un décalage profond de mode de vie avec leurs proches. Sans compter que l'expérience professionnelle acquise en Suisse (travaux ménagers, restauration...) se révèle souvent inadaptée au marché de l'emploi équatorien. «Seule la moitié des gens rencontrés avaient retrouvé du travail», poursuivent les chercheurs.
Une situation qui se traduit parfois par un sentiment de «peur de l'Equateur». Conséquence première de cela: «De nombreux 'retornados' cherchent à revenir en Suisse, malgré la répression et l'illégalité de leur situation.»


Aide au retour alibi?

Ce qui pose naturellement la question de l'efficacité des programmes suisses d'aide au retour. Les autorités tessinoises, qui avaient découvert en 2003 de nombreux sans-papiers équatoriens, tous originaires du même village, ont finalement envisagé un projet de développement dans la région.
Une expérience assez spécifique et très différente du projet de bureau de consultation vaudois, qui propose une aide psychologique, administrative, financière et permet notamment aux enfants de terminer leur année scolaire.
D'emblée, les deux étudiants précisent: «Il ne s'agit pas de trouver des stratagèmes politiquement corrects pour permettre que les personnes partent. Chacun devrait avoir le droit de choisir où il veut vivre. Ce qui inclut aussi le droit de ne pas migrer.»
Mais ils n'en sont pas moins convaincus qu'une aide au retour et à la réinsertion intelligemment menée peut réellement améliorer les conditions de vie dans les pays d'origine, réduire les inégalités et la pression migratoire. En se préoccupant notamment des objectifs initiaux qui ont conduit la plupart des personnes rencontrées à venir en Europe: l'acquisition d'une maison au pays, la mise sur pied d'un petit commerce et la possibilité d'offrir des études de qualité à leurs enfants.

jeudi 23 février 2006

Hausse des demandes d'asile en janvier

Lire la dépêche de l'ATS sur Romandie News

On y apprend qu'à part les pays traditionnels d'asile pour la Suisse (balkans), l'Irak est devenu le mois passé le troisième contingent le plus important (74 demandes).

mercredi 22 février 2006

Liste des premières et premiers signataires

Lire cette liste
Contrairement à ce qu'affirment les états majors des parti opposés aux référendums, de nombreux leaders de pensées de ces courants libéraux ou PDC figurent parmi les premiers signataires des référendums; par exemple Dick Marty (Rad), Rosemarie Zapfl (PDC), Jacques Neyrinck (PDC), François Couchepin (Rad), Pierre Kohler (PDC) ou Claude Ruey (Lib)...

NEM: pourquoi restent-ils, pourquoi partent-ils ?

QUESTION : « Pourquoi les personnes qui ont reçu une décision de Non-Entrée en Matière (NEM) sur leur demande d’asile ne partent-elles pas immédiatement? »
EN LIEN AVEC LA QUESTION : Si ces personnes ne sont plus autorisées à séjourner en Suisse, pourquoi devrait-on leur accorder une aide sociale ou une aide d’urgence, alors qu’elles doivent partir ?


************
RÉPONSES à 4 aspects de la question,
par des personnes et associations sur le terrain, qui ont observé la situation et eu contact avec les personnes concernées, avant et depuis les nouvelles mesures (avril 2004) :

Rappel :
Ces personnes, que la Suisse a exclues de la procédure qu’elles demandaient, sont déclarées en séjour illégal. Elles sont censées quitter le territoire suisse par leurs propres moyens, ou demander l’organisation de leur départ au canton chargé de l’exécution du renvoi ; c’est ce canton qui doit leur accorder l’aide d’urgence entre-temps. La Constitution suisse ne permet pas de laisser des personnes sans aucun moyen de vivre. Les cantons ont défini des aides d’urgence minimales.
Remarque :
Il est inexact de dire que « ces personnes ne partent pas ». Une minorité de personnes part officiellement (renvoi par force ou départ volontaire) ; on parle d’environ 10% de « départs contrôlés ». Pour le reste, environ 90% : certaines (20 à 40% selon les périodes) restent et s’annoncent aux autorités cantonales ; d’autres entrent en clandestinité, pour rester en Suisse, ou partir dans un pays voisin. Certaines personnes s’annoncent, puis disparaissent, puis s’annoncent à nouveau.

Dans les réponses proposées aux quatre questions ci-dessous, nous esquissons quelques explications de cette situation.
Pourquoi dit-on que des renvois sont impossibles à exécuter ?
Pourquoi ces personnes ne partent-elles pas par leurs propres moyens ?
Ne peuvent-elles au moins partir dans un pays voisin ?
Rester : pas pour l’aide d’urgence, mais pour être entendu-e

NEM 4) Rester : pas pour l’aide d’urgence, mais pour être entendu-e…

Parmi les personnes qui restent, ne partent pas, occupent pour de nombreux mois une place dans l’aide d’urgence, il y a en majorité des gens qui contestent le bien-fondé de la « Non-Entrée en Matière » qui les a frappées et qui demandent que leur cas soit VRAIMENT examiné.
Elles s’indignent que la Suisse n’ait pas pris leur demande au sérieux ; elles s’indignent aussi d’être mises en clandestinité alors qu’elles ont « joué le jeu » et qu’elles se sont annoncées.
Ces personnes disent clairement que ce qui les incite à tenter de rester, c’est la volonté d’être entendues. Parfois cette volonté s’épuise, le régime d’aide d’urgence a raison de leur résistance et elles disparaissent dans la clandestinité en Suisse ou dans un pays tiers ; elles réapparaîtront si à son tour la clandestinité a raison de leur résistance… Ainsi certaines personnes sont tantôt en aide d’urgence, tantôt en clandestinité (c’est à nouveau le « cercle infernal »). Mais elles n’ont pas trouvé de solution au problème qui les a fait quitter leur pays et les en tient éloignées.

NEM 3) Ne peuvent-elles au moins partir dans un pays voisin ?

Il arrive que des personnes ayant reçu une décision « NEM » et refusant toute idée de retour au pays d’origine partent clandestinement dans un pays voisin, puis reviennent au bout de quelques mois, n’ayant trouvé aucune solution.
Certaines déposent à nouveau une demande d’asile, n’ayant aucune autre solution pour sortir au moins quelques semaines de la clandestinité. Elles s’exposent bien sûr à une Non-Entrée en Matière très rapide ; il y a ainsi une sorte de « cercle infernal ». On a appris à Bâle p.ex. que des passeurs se proposent pour organiser le voyage dans l’un ou l’autre pays voisin de la Suisse. Mais les accords de réadmission font qu’une demande d’asile dans un pays voisin après une demande d’asile refusée en Suisse n’a aucune chance. Les personnes ne savent plus comment sortir du cercle de la clandestinité. Or en déposant une demande d’asile en premier lieu, elles cherchaient justement à ne pas être clandestines.

NEM 2) Pourquoi ces personnes ne partent-elles pas par leurs propres moyens ?

On en voit la difficulté si la Suisse elle-même, avec les moyens administratifs qui sont les siens, ne peut pas obtenir de laisser-passer ! Comment des personnes sans aucuns moyens (téléphone, adresse, argent pour se déplacer vers tel consulat…) obtiendront-elles ce que les autorités n’obtiennent pas ?
Les mesures fédérales suggèrent pourtant que les personnes « partent par leurs propres moyens ». Cette suggestion est d’autant plus irréaliste que les autorités fédérales savent parfaitement que le voyage aller n’a pas pu s’improviser sans moyens, qu’il ait été longuement préparé ou qu’il ait dû être décidé dans l’urgence. Il est donc fantaisiste de s’imaginer que les personnes « pourront repartir puisqu’elles ont pu venir jusqu’ici ». Pour venir, certaines se sont endettées ; certaines ont eu l’appui d’un proche ; certaines ont gagné au fil du voyage, par des emplois temporaires, de quoi parvenir à destination. Ici, sans parenté, sans amis ayant des moyens, sans autorisation de travail, sans moyens de contracter un emprunt, on voit mal comment elles pourraient « organiser elles-mêmes leur départ » !
Les autorités fédérales étant bien informées sur cet état de fait, on voit mal quel départ spontané elles espèrent, sinon l’entrée en clandestinité, dommageable pour toute la société (dumping salarial, perte de recettes des assurances sociales, insécurité, frais médicaux à charge des pouvoirs publics… Sur ce dernier point, voir : Quand on NEM…Témoignages, tome 4).

NEM 1) Pourquoi dit-on que des renvois sont impossibles à exécuter ?

Pour un certain nombre de personnes, la Suisse n’arrive pas à obtenir de laisser-passer pour organiser leur renvoi. Pourquoi ?
Dans certains cas, parce que le pays d’origine refuse ce genre de demande de toutes façons (par exemple, il n’y a pas d’accord de réadmission). Dans d’autres cas, parce que le pays d’origine ne reconnaît pas cette personne comme ressortissante.


Le problème vient parfois du diagnostic côté suisse !
Beaucoup de décisions de Non-Entrée en Matière sont basées sur un désaccord sur le pays d’origine : le requérant affirme être du pays A, la Suisse affirme qu’il vient du pays B. La Suisse demande au pays B un laisser-passer pour y renvoyer la personne. Le pays B refuse – mais la Suisse ne remet pas en cause son diagnostic. Or cela devrait la conduire à remettre en question sa décision de Non-Entrée en Matière sur la demande de cette personne.
Par exemple : Un requérant d’asile affirmant venir de Sierra Leone et alléguant être en danger dans son pays a reçu une Non-Entrée en Matière : la Suisse affirme qu’il vient du Ghana et en conclut qu’il a menti sur son origine et donc que tout son récit est faux. La Suisse demande au Ghana un laisser-passer pour lui renvoyer son ressortissant. Le Ghana refuse : cette personne n’est pas Ghanéenne. Et la situation est bloquée : la Suisse n’a pas obtenu de laisser-passer pour le renvoi, mais refuse de réexaminer la demande de la personne, qui avait reçu une réponse négative à cause du désaccord sur sa nationalité ! En attendant, cette personne a déjà passé des mois au régime « NEM », ne comprenant pas pourquoi sa demande n’est pas réexaminée.

Le problème vient parfois de ce que la personne redoute tellement un renvoi dans son pays, qu’elle refuse de prendre le risque que la Suisse demande un laisser-passer. Elle ne vient pas aux convocations, elle ne s’annonce même pas pour l’aide d’urgence, préférant essayer de survivre autrement : grâce à l’aide ponctuelle de privés, l’hospitalité d’amis pour quelques jours, ou même parfois par des activités illégales, plus ou moins ponctuelles, mais lui permettant d’avoir un peu d’argent pour vivre, ou pour tenter un départ vers un pays voisin.

Ces centres de rétention qui ressemblent à des prisons


Lire l'article dans Libé

En France également la dérive du droit d'asile amène à des conditions de détentions de plus en plus inhumaines et longues pour des personnes dont le seul tort est de demander l'asile...
Voici l'article de Dominique Simonot parue un jour plus tard sur le même sujet et également dans Libé.

Dans une des cours du palais de justice de Paris, une lourde et antique porte en métal mène aux dépôts. Celui des étrangers et celui des détenus attendant de voir un juge. Deux lieux affreux, dénoncés à maintes reprises : dernièrement par le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe et, avant, par le Comité de prévention de la torture. En 1993 déjà, photos à l'appui, le Syndicat des avocats de France (SAF), le Syndicat de la magistrature (SM) et le Gisti avaient alerté l'opinion.
Promesse. A l'époque, l'état du dépôt des étrangers était tel qu'il avait été fermé pour rénovation. Rouvert, il serait devenu pis encore, au point qu'Alvaro Gil-Roblès, commissaire au Conseil de l'Europe, en a demandé «la fermeture immédiate». Ce sera chose faite... dans six mois, a promis le ministre de l'Intérieur ­ comme pour le centre d'Arenc à Marseille.
Hier, au lendemain de la visite de députés européens (Libération du 21 février), des élus français se sont, eux aussi, rendus dans les dépôts, invités par le SAF et le SM. Comme toujours, ni les magistrats ni les avocats ­ et encore moins les journalistes ­ n'ont eu le droit d'en franchir les portes. Les dépôts sont des lieux gardés secrets. Seuls les parlementaires (1) y ont accès. Ils en sont revenus «écoeurés». Christine Boutin (UMP) en suffoque : «Après ce que je viens de voir, je ressens encore plus fort le décalage entre ce que nous prétendons être ­ le pays des droits de l'homme ­ et ce que nous sommes face aux étrangers retenus ou aux
prisonniers.»
Le dépôt des étrangers, Etienne Pinte (UMP) l'avait déjà visité il y a deux ans et demi : «Le centre pour hommes est dans un état lamentable, injuste, minable, inhumain... Ces hommes et ces femmes qui ne sont pas des prisonniers vivent dans des conditions pires que celles de la prison !» Roger Madec (PS), lui, a été «renvoyé au XVIIIe siècle». Hier, 52 hommes s'entassaient sur deux étages, «à tourner en rond dans ce local insalubre, sale, sordide, sans avoir le droit de rien faire, même pas d'avoir un stylo ou un jeu d'échecs, pour raisons de sécurité», rapporte Martine Billard (Verts). Christophe Caresche (PS) parle d'une «cave, sans lumière du jour,
dont les conditions sont aggravées par l'allongement des délais de rétention». Passés au fil des ans de 7 jours à 10 puis 12 et enfin 32 jours aujourd'hui.
Me Gérard Tcholakian et son confrère Didier Liger se battent depuis si longtemps contre le dépôt des étrangers que leurs aventures pourraient remplir des étagères : «Malgré toutes les recommandations, au cours des quinze dernières années, les différents gouvernements n'ont jamais véritablement réagi. Peut-on sérieusement attendre encore six mois avant la fermeture? accuse Gérard Tcholakian. L'administration doit se donner les moyens de ses prétentions.» Il en appelle aux juges : «Chaque jour, des magistrats ayant connaissance des conditions de vie dans ce centre continuent de prolonger les rétentions.»
«Dégradante». C'est vrai. Lors de ces audiences expéditives, les avocats invoquent l'insalubrité du dépôt, «inhumaine et dégradante», contraire à la Convention européenne des droits de l'homme, pour réclamer une mise en liberté. Souvent en vain.
Une fois le dépôt fermé, la question du traitement des étrangers demeurera entière, comme le dit Christine Boutin : «Je ne veux pas qu'on s'en sorte à bon compte avec la fermeture du dépôt de Paris, c'est tellement facile de se défiler depuis des années devant l'état de nos prisons et de ces centres.

L'ODM dédaigne le symposium du HCR

Lire l'article de Valérie de Graffenried dans le Temps -payant

Résumé:
Il y a deux ans, Blocher avait carrément interdit au personnel de l'ODM d'assister au premier symposium sur le droit d'asile organisé par le HCR en Suisse. Pour la seconde édition, la délégation helvétique est à nouveau très réduite: une demi-douzaine de fonctionnaires tout au plus. La rancune de Blocher à l'égard des critiques que le HCR adresse à la politique d'asile de la Suisse est tenace. Il n'a par exemple pas répondu aux demandes de rencontres formulées par Rudd Lubbers, le présent Haut Commissaire du HCR.

Indispensables étrangers

Lire l'édito de Raymond Gremaud dans le Journal du Jura
Dans notre pays, les étrangers n'ont pas qu'une importance numérique dans le monde du travail. La dernière livraison de l'Office fédéral de la statistique (OFS) rappelle leur remarquable apport qualificatif à la place de travail helvétique. Il est d'autant plus opportun de souligner la richesse de cette contribution que les citoyennes et citoyens auront à vivre prochainement les campagnes concernant les référendums contre la loi sur les étrangers et contre la loi sur l'asile, un terrain propice aux amalgames malencontreux. Sur un total de 3,974 millions d'actifs, le pays occupe 829 000 travailleurs de nationalité étrangère (20,9%). S'y ajoutent 178 000 frontaliers, 56 000 détenteurs d'un permis de courte durée et 10 000 personnes relevant de l'asile. Alors que beaucoup d'Helvètes n'ont guère des étrangers qu'une image de manœuvres occupés dans le secteur secondaire, notamment dans la construction, la part des actifs étrangers dans le secondaire n'atteint que 30,1%. En fait, de plus en plus d'étrangers occupent des emplois hautement qualifiés et ont achevé une haute formation. En témoignent notamment les Allemands. Plus de la moitié (51,7%) des 93 000 ressortissants allemands qui travaillent en Suisse sont en fait des dirigeants d'entreprise, des cadres supérieurs, des scientifiques ou des personnes qui exercent une profession intellectuelle. Cette proportion tombe à 24,7% chez les Suisses. Dans le même ordre d'idée, on peut relever que pas moins de 47,8% des personnes actives étrangères de première génération vivant en Suisse depuis moins de dix ans ont achevé une haute formation. Que serait l'économie suisse sans les étrangers? Aux postes-clés, ils nous aident à rester compétitifs tandis que d'autres acceptent des travaux dédaignés par les Suisses. Parce que l'on recherche les meilleurs pour rester en pointe dans la compétition planétaire, dans nos EPF la majorité du corps professoral est étrangère. Et cela féconde notre économie. On en veut pour preuve que bon an mal an, près de la moitié des «start-up» créées dans notre pays l'ont été par des étrangers préalablement formés en Suisse. À l'heure où beaucoup exploitent le revers de la médaille, voilà une statistique qui encourage à faire perdurer l'heureuse tradition d'ouverture de la Suisse.

mardi 21 février 2006

Les référendums sont un peu à la peine

Lire l'éditorial de Didier Estoppey dans le Courrier
Ce journaliste engagé a une vision bien plus mitigée sur la campagne de récolte que son collègue Antoine Grosjean, lisez plutôt:
Les Suisses voteront-ils en septembre prochain sur les lois sur l'asile et les étrangers soufflées par Christoph Blocher aux Chambres fédérales, qui les ont avalisées en décembre dernier? C'est probable, mais rien n'est encore gagné. A mi-chemin de la campagne référendaire qui doit faire valider, d'ici au 6 avril, 50 000 signatures contre chacune des deux lois, on n'en est en effet qu'à la moitié de la récolte.
Il est difficile d'avoir un décompte précis des paraphes engrangés, différents comités pilotant l'opération au plan suisse. Vendredi dernier, la Coalition pour une Suisse ouverte, qui chapeaute le double référendum, annonçait 23 000 signatures contre la Loi sur l'asile, et 15 000 contre celle sur les étrangers. Hier, l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés, qui emmène la coalition d'ONG combattant la Loi sur l'asile, annonçait quant à elle 30 000 paraphes contre cette dernière. Des chiffres qui, quoi qu'il en soit, devraient inciter les militants battant le pavé à ne pas hiberner...
D'autant que la barrière de rösti semble passer par là. Genève (plus de 6000 signatures), Vaud (près de 4000) et Neuchâtel (environ 3000) représentent à eux seuls environ la moitié des signatures récoltées contre les deux lois. Des chiffres qui pourraient préfigurer des clivages entre Suisse romande et alémanique quand il s'agira de mener campagne sur le fond.
Même à Genève, la récolte se déroule dans un climat parfois émotionnel. Le conseiller municipal Jacques Mino racontait ainsi récemment s'être heurté, en faisant ses moissons au marché de Carouge, à un octogénaire regrettant qu'on n'ait pas en Suisse un nouvel Hitler... Avant de rencontrer un autre octogénaire, franco-suisse, s'emparant vigoureusement du stylo: «Je sais pourquoi je signe. Je suis un rescapé des camps.»
Les deux «lex Blocher» sont-elles le signe d'un retour aux années brunes? Le maire de Genève, le socialiste Manuel Tornare, semble répondre par l'affirmative. «L'esprit pronazi n'est pas mort!» a-t-il lancé mercredi dernier au Conseil municipal, lors d'un débat lui aussi très passionnel. Objet de la discussion: une motion de la gauche et du PDC demandant à la Ville d'étudier diverses mesures en son pouvoir pour venir en aide aux requérants frappés de non-entrée en matière, condamnés à une assistance minimale. Parmi les mesures envisagées: des programmes d'occupation légèrement rémunérés et l'organisation d'assises cantonales sur la question.
Adoptée à une large majorité, la motion n'en a pas moins permis à l'UDC Marc-André Rudaz de fustiger ceux qui traitent son parti de «fasciste» alors que celui-ci ne cherche qu'à opérer un tri entre vrais et faux requérants. Ou aux radicaux et aux libéraux de se distancier de l'UDC tout en déclarant ne pouvoir signer un texte risquant de créer un appel d'air à Genève, la question étant de ressort exclusivement fédéral.
«Genève se doit d'entrer en résistance contre le durcissement en cours, a rétorqué l'écologiste Marguerite Contat Hickel. Il en va de notre honneur.» Restera à en étudier les formes. Interrogé par nos soins, Manuel Tornare nous a assuré vouloir consulter ses services juridiques pour voir jusqu'où pouvait aller le Conseil administratif dans un soutien aux référendums.

Le conseil de l'Europe condamne le profilage ethnique de la police espagnole

Lire la dépêche de swissinfo

UN actif sur cinq est un étranger

Lire la dépêche de l'ATS

Lire le communiqué officiel de l'OFS

lundi 20 février 2006

Référendums en bonne voie

Lire l'article d'Antoine Grosjean dans la Tribune de Genève
La récolte de signatures avance bien, mais la partie n'est pas encore gagnée. Le comité référendaire contre la révision de la Loi sur l'asile - emmené par l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR) - a déjà réussi à réunir près de 30 000 parafes en un peu plus d'un mois. Il reste jusqu'au 6 avril pour atteindre les 50 000 signatures. «C'est bien, mais l'effort doit demeurer soutenu», affirme Ursula Dubois, de l'OSAR. Le référendum passe par des canaux inédits. Des paroisses entières se lancent dans la récolte de signatures, de même que des ONG comme Terre des Hommes, qui se tenaient jusque-là à l'écart de ce genre d'action politique. Hormis les élus de gauche et quelques-uns de droite - dont le conseiller aux Etats tessinois Dick Marty (R) et l'ancien chancelier de la Confédération François Couchepin (R) - des personnalités des milieux culturel, intellectuel et des médias ont apposé leur nom sur la liste. Le référendum semble donc en bonne voie d'aboutissement.

Quant à celui contre la Loi sur les étrangers, qui a fait couler moins d'encre, il est un peu en retard, avec environ 25 000 signatures.

Les lex Blocher divisent à droite

Lire l'article d'Antoine Grosjean disponible sur 24heures en ligne
Le centre droite est bien embarrassé... Mais il ne faut pas le dire trop fort. Les groupes radical-libéral et démocrate-chrétien ont de la peine à donner des mots d'ordre clairs concernant les référendums contre les lois sur l'asile et sur les étrangers. Malgré l'unité de façade, ces textes, marqués du sceau de Blocher, sont cause de divisions internes. Les voix discordantes - certes rares et essentiellement romandes - brouillent le message. Un peu gênant, alors que les référendums ont de plus en plus de chances de passer par les urnes, sans doute déjà en septembre prochain.

PDC: sécession lémanique

La présidente du Parti démocrate-chrétien suisse (PDC), Doris Leuthard, a décidément du mal à resserrer les rangs. Le thème de l'immigration est déjà cause de désaccord avec les Eglises, qui font campagne pour les référendums. Désormais, la fronde vient aussi de l'intérieur. Il est vrai que les dissidents sont très «minorisés». Lors des votes au Parlement, seuls deux députés démocrates-chrétiens se sont opposés aux projets de lois: le Genevois Luc Barthassat et le Jurassien Pierre Kohler. Mais la section genevoise du PDC a fait sécession. S'insurgeant contre le vote du groupe aux Chambres, elle s'engage même dans la campagne pour les référendums. Et la section vaudoise lui a emboîté le pas.

«Moutons noirs» radicaux

Toujours au sein du PDC, la conseillère nationale zurichoise Rosemarie Zapfl - qui s'était abstenue lors des votes au Parlement - vient d'entrer dans le comité référendaire sur l'asile. Agacée, Doris Leuthard refuse d'y voir le signe d'une désunion. «On ne peut pas dire que le PDC est divisé, alors que seules deux sections cantonales s'opposent aux lois, estime l'Argovienne. Je ne doute pas qu'à notre assemblée des délégués, le 29 avril, la grande majorité va les soutenir.»

Dans le groupe radical-libéral, la cohésion se fissure aussi. Quatre conseillers nationaux - dont deux anciens conseillers d'Etat - nagent totalement à contre-courant. Très minoritaires, ces «moutons noirs» ont des convictions non moins inflexibles. Et puis, les Genevois Martine Brunschwig Graf (lib.) et John Dupraz (rad.), ainsi que les Vaudois Claude Ruey (lib.) et Yves Guisan (rad.), ne sont pas n'importe qui. Par ailleurs, l'attitude d'Yves Christen les laisse perplexes. Le radical, pourtant ardent défenseur des «523» en terre vaudoise, a finalement pris parti pour la loi sur l'asile.

Aurait-il cédé aux pressions visant à ramener les brebis égarées dans le droit chemin? «Lors des discussions et des votes, le chef du groupe parlementaire a sans arrêt insisté sur le fait qu'on devait rester unis», confie Yves Guisan. Afin de couper court à toute polémique interne qui viendrait s'immiscer dans la campagne, l'assemblée des délégués du Parti radical suisse a en outre rapidement pris position pour les deux lois, et cela à une très large majorité.

Malgré ces efforts, militants et électeurs hésitent. Vraiment? Selon John Dupraz, ces divisions sortent de l'imagination des médias. «Dans une équipe de foot, il arrive qu'il y ait des divergences de tactique. Cela n'empêche pas de jouer ensemble.»

samedi 18 février 2006

Ruey contre Mermoud


Lire l'article de Grégoire Nappey dans 24heures.
L’ancien conseiller d’Etat à qui l’on reproche souvent d’être à l’origine de la crise des «523» affrontait jeudi, pour la première fois en public, l’actuel titulaire du dossier.
Morceaux choisis.


«Je suis le magistrat vaudois qui a, vivant, renvoyé le plus de requérants d’asile dé­boutés. » Voilà qui est un com­ble. Traité de laxiste, accusé d’avoir laissé pourrir une si­tuation lorsqu’il était aux af­faires, l’ex-conseiller d’Etat Claude Ruey se voit obligé de revendiquer sa sévérité à l’époque, lui qui préfère habi­tuellement se profiler en hu­maniste.
Au moment de tenir ces pro­pos jeudi soir à Lausanne, le conseiller national libéral avait face à lui le ministre chargé aujourd’hui de l’asile: l’UDC Jean-Claude Mermoud. Les deux hommes partici­paient à un débat organisé par la Société pédagogique vau­doise sur le thème «Eglises et réfugiés».

«On ne pouvait plus continuer ainsi»
C’était la première fois que Claude Ruey affrontait publi­quement son successeur. Ce dernier n’a cessé de dire, en près de deux ans de crise des «523», qu’il n’a fait qu’hériter d’un dossier mal géré jusque­là. «La Confédération décide et les cantons exécutent, es­time l’ex-ministre. Le devoir du magistrat est d’obtenir des marges de manoeuvre de Berne pour les cas humanitai­res. Mais cette marge n’a cessé de se réduire sous la pression de l’UDC blochérienne.» Ré­plique de Jean-Claude Mer­moud: «C’est du passé. Je ne fais de procès à personne. Une certaine politique appliquée auparavant a conduit à cette situation. On ne pouvait plus continuer ainsi!»
L’ex-magistrat attaque
Ceux qui attendaient un af­frontement Ruey-Mermoud ont été à demi servis. C’est surtout le premier qui a mené l’attaque contre le second: «En 2001, les cantons ro­mands ont obtenu de Ruth Metzler la possibilité de régler certains dossiers. Mais pour­quoi a-t-on attendu 2004 pour aller négocier à Berne?» Les deux hommes étaient entourés d’autres acteurs poli­tiques, ainsi que de responsa­bles religieux. L’idée de la ren­contre était d’exposer le lien entre engagement chrétien, respect des lois et dimension humanitaire. Finalement, c’est surtout une grande synthèse de vingt mois de crise qui a été exposée, où la politique n’a cessé de voler la vedette à la religion. L’ambiance aurait d’ailleurs pu être bien pu hou­leuse si chacun n’avait pas été dans l’attente de la tentative de renégociation des dossiers à Berne

vendredi 17 février 2006

L'écologiste qui signe les renvois forcés des requérants

Erich Dürst, chef de la Division asile cantonale, se présente au Législatif d’Epalinges sous la bannière d’un parti qui défend bec et
ongles les requérants déboutés. Le haut fonctionnaire estime qu’il n’y a pas d’incompatibilité, mais les Verts sont embarrassés.

Lire l'article de MICHAËL RODRIGUEZ dans le Courrier
C’est la première fois que les verts présentent une liste pour les élections communales à Epalinges. Une initiative que le parti écologiste doit à un certain Erich Dürst, candidat au législatif de cette commune des hauts de Lausanne... et acteur clé du dossier de l’asile au sein de l’administration cantonale. En tant que responsable de la Division asile, Erich Dürst est en effet le bras droit du chef du Service de la population (SPOP), Henri Rothen. Il est l’homme qui réquisitionne la police pour exécuter les mesures de contrainte à l’encontre des requérants déboutés. Erich Dürst n’en a pas moins choisi un parti qui, sur le dossier des «523», a dénoncé le recours à la force plus vigoureusement encore que les socialistes. Au mois de janvier 2005, les verts avaient même claqué la porte du «groupe d’analyse» sur l’asile. La démarche initiée par le Conseil d’Etat visait à dénicher, au sein des églises, des partis et des organisations non gouvernementales, des parrains susceptibles d’accompagner les requérants déboutés sur la voie du retour volontaire. Les travaux du groupe d’analyse étaient guidés par deux hauts fonctionnaires: Stève Maucci, adjoint juridique au secrétariat général du département de Jean-Claude
Mermoud et membre du Parti socialiste, et Erich Dürst. Les roses étaient restés jusqu’au bout à la table des discussions. Le haut fonctionnaire, dont l’affiliation
au parti écologiste est récente, ne voit pas d’incompatibilité entre ses deux casquettes. «Beaucoup de verts désapprouvent certains aspects de la politique cantonale, admet-il. Mais ce n’est pas un fait qui me trouble dans l’exercice de mes fonctions ». Pour Erich Dürst, son engagement politique a, d’entente avec les
verts, été clairement distingué de sa fonction à l’Etat. Sa sensibilité politique n’aurait-elle donc pas d’effet sur son activité au SPOP? «En tant que cadre de l’Etat, je ne suis pas politicien, répond Erich Dürst. Je suis tenu d’une part par la
loyauté vis-à-vis de mon employeur, et d’autre part par ma conscience professionnelle dans le cadre légal existant». Son parti défend bec et ongles des requérants contre lesquels Erich Dürst requiert des mesures de contrainte, mais cela ne constitue pas
pour lui un cas de conscience. «Je me suis engagé chez les verts parce que, globalement, c’est le parti qui représente le mieux mes convictions, argumente-
t-il. Mais cela ne veut pas dire que je sois d’accord avec eux sur chaque question». Sur l’asile, par exemple? «Je ne peux pas m’exprimer publiquement là-dessus», rétorque Erich Dürst. L’asile fait pourtant partie des domaines abordés par Erich Dürst dans le cadre de ses activités politiques. L’homme s’est en effet joint récemment au groupe de réflexion des verts sur la migration. La conseillère nationale
Anne-Catherine Ménétrey révèle qu’Erich Dürst travaille à un projet d’initiative populaire pour une politique migratoire plus ouverte. Chez les verts, la candidature d’Erich Dürst provoque pourtant un certain embarras. Députée au Grand
Conseil, Anne Weill-Lévy tombe des nues. «Je suis juste interloquée», lâche-t-elle, refusant d’en dire plus en l’absence d’éléments précis sur l’attitude d’Erich Dürst au SPOP. Son collègue Yves Ferrari, qui était au parfum depuis longtemps, se veut diplomate: «Si sa sensibilité verte lui permet d’avoir, au niveau professionnel,
une approche de plus en plus humaine, c’est tant mieux», avance-t-il. Yves Ferrari estime que «c’est au candidat de se demander s’il est apte à défendre les valeurs des verts», et non au parti de lui imposer une ligne.
Quel est, plus précisément, le rôle joué par Erich Dürst au SPOP? Pour certains, il serait un défenseur opiniâtre du droit d’asile, alors que d’autres le considèrent à l’inverse comme un acteur du durcissement. «Erich Dürst, c’est l’idéologue du
SPOP, affirme Bruno Clément, de la Coordination asile. C’est lui qui, avec Roger Piccand (chef du Service de l’emploi, ndlr), est à l’origine des interdictions de travail pour les requérants déboutés». Parmi ceux qui ont eu l’occasion de le
côtoyer, un profil dominant se dégage toutefois, qui renvoie à la «loyauté» invoquée
par l’intéressé lui-même. Erich Dürst apparaît comme un exécutant, aussi peu enclin à durcir les positions qu’à résister aux élans d’Henri Rothen et de Jean-Claude
Mermoud. Serviteur zélé de lois qu’il connaît sur le bout des doigts, il se serait
fait, dans le cadre du groupe d’analyse, le porte-voix du credo cher au ministre UDC, selon lequel le canton n’a aucune marge de manoeuvre en matière d’asile.

jeudi 16 février 2006

Débat public animé par « 24 heures »

Pour mieux discerner les enjeux sociaux et éthiques que posent les réfugiés à notre société, un débat-public aura lieu ce jeudi 16 février à 19 heures au Centre pluriculturel d’Ouchy (CPO), chemin de Beau-Rivage 2. Ce débat public animé par Vincent Bourquin, journaliste de « 24 Heures », verra notamment la participation du conseiller d’Etat Jean-Claude Mermoud, du conseiller national Claude Ruey, de responsables politiques et de députés, de Patrick Felberbaum, conseiller synodal de l’EERV et de Mgr Rémy Berchier.

Lire aussi le communiqué des églises qui annonce le déménagement de la maison des migrations.

Newsletter des comités référendaires

mercredi 15 février 2006

Après vingt-huit ans en Suisse, il risque l’expulsion


Lire l'article de Martine Clerc (photo de Janine Jousson) dans 24 heures.
Shukrije Buja se bat pour garder son mari, arrivé en Suisse à la fin des années 1970. Incar­céré, le père de famille est menacé de renvoi.

«On est en train de casser une famille. Notre fils ne com­prend pas pourquoi son papa est en prison.» Les traits tirés, le coeur au bord des lèvres, Shukrije Buja ne désespère pas de faire libérer son mari du centre de détention de Fram­bois. Voilà presqu’un mois qu’Avdush Buja, père d’un en­fant de 5 ans, y a été emmené en vue de son expulsion vers son pays natal, le Kosovo. Sa faute: être sans-papiers et sous le coup d’une interdiction d’entrée en Suisse ainsi que d’une décision de renvoi.
La situation d’Avdush Buja n’est pas unique. Mais la durée de son séjour en Suisse rend son sort encore plus dramati­que, aux yeux de ses défen­seurs. Arrivé comme saison­nier à la fin des années 1970, le Kosovar a, par la suite, bravé plusieurs interdictions d’en­trée sur sol helvétique. Malgré le soutien des autorités vau­doises qui demandaient un permis B à son intention, Berne ne l’a pas entendu de cette oreille. «M. Buja aurait dû partir il y a vingt-cinq ans, mais il est resté pour subvenir aux besoins de sa famille au Kosovo, explique son avocate Monique Gisel. Maintenant, on veut l’arracher à son jeune fils. C’est humainement boule­versant, mais, juridiquement, il n’y a plus grand-chose à faire.» Avdush Buja vit depuis dix-sept ans avec Shukrije, une compatriote, aujourd’hui titulaire d’un permis B et em­ployée dans un tea-room lau­sannois.

Une double peine?

Une légère condamnation pé­nale pour complicité d’escro­querie (prison préventive), en 1998, pèse également sur les épaules du sans-papiers, selon le groupe Non aux expulsions, qui soutient la famille. «Lors du jugement, le tribunal a ajouté le renvoi à la peine ordinaire infli­gée pour un délit. Avdush est victime d’une double peine, dé­nonce Frédéric Masson, mem­bre actif de l’association. Et l’ex­pulsion administrative dont il est victime aujourd’hui découle de ses problèmes pénaux.» L’obtention d’un permis C par Shukrije Buja, qui permet­trait alors le dépôt d’une de­mande de regroupement fami­lial, serait la seule solution pour éviter le renvoi de son mari. Ce permis vient pourtant de lui être refusé, car la mère de famille avait dû recourir provisoirement à l’aide sociale. Un recours a été déposé.

La nouvelle FAREAS sur la première

Après des débats qui ont été les plus longs de ces dernières années, le Grand Conseil vaudois a mis un point final tout à l'heure à son examen de la nouvelle loi vaudoise sur "l'aide aux requérants d'asile et à certaines catégories d'étrangers". Ce n'est qu'une première lecture, mais sur les dispositions les plus controversées, les majorités ont été assez nettes pour qu'on y voie plus clair. Et par exemple, sur l'établissement de droit public qui va remplacer la fameuse Fareas, la Fondation pour l'aide aux requérants d'asile.
Ecoutez l'interview de Pierre Imhof, directeur de la Fareas.

Avec l’aide d’urgence en matière d’asile, le canton de Vaud se montre précurseur


Voici l'article de Jean-Michel Jacot-Descombes dans 24heures:
Le Grand Conseil a achevé hier la première — intense — lecture de la loi sur l’aide aux requérants d’asile et à certaines catégories d’étrangers. Le deuxième examen s’annonce tout aussi chaud.

La semaine dernière, les dé­putés en avaient admis le principe. Hier, ils sont en­trés dans les détails pour déter­miner exactement ce que l’on entend par aide d’urgence. La discussion a été d’autant plus intense que Vaud est le premier canton à légiférer dans le do­maine. «Un rôle de précurseur», ainsi que l’a souligné sur les ondes de la RSR Pierre Imhof, directeur de la Fondation vau­doise pour l’accueil des requé­rants d’asile (FAREAS).
Dans les grandes lignes, l’aide d’urgence s’adresse aux requé­rants déboutés, aux étrangers frappés d’une décision de non­entrée en matière (NEM) et aux sans-papiers. Elle constitue en fait le troisième niveau de l’aide sociale. Le plus bas surtout: 240 francs par mois, selon la commission de minorité du Grand Conseil. Un montant tou­tefois théorique vu que l’aide d’urgence «est dans la mesure du possible allouée sous forme de prestation en nature».
Parmi ces prestations, on trouve le logement — collectif sauf exception —, les repas et les soins médicaux d’urgence. Hier, les députés ont longuement dis­cuté de la possibilité d’inclure l’octroi d’une aide financière. A droite, on a alors rappelé que l’aide d’urgence, via ses presta­tions limitées, avait pour but de dissuader les gens de rester. «Leur donner de l’argent irait contre cet objectif», ont noté plusieurs députés. Au vote, cette aide a finalement été refusée.
C’est la FAREAS qui sera dé­sormais chargée d’octroyer l’aide d’urgence. Une fondation dont l’assainissement financier a par ailleurs été accepté hier par les députés. Pour Pierre Imhof, le paquet législatif adopté hier va plutôt dans le bon sens: «Nos missions sont désormais claire­ment établies. Ceux qui les com­mandent sont ceux qui les finan­cent. Et grâce à ce nouveau cadre légal, les relations sont aussi plus claires entre la FAREAS et les requérants d’asile.

La mue de la Fareas acceptée en premier débat



Lire l'article du Courrier basé sur une dépêche de l'ATS
Les députés vaudois ont achevé hier la première lecture du paquet législatif sur l’aide aux demandeurs d’asile et aux autres étrangers. Ces dispositions transforment la FAREAS en établissement de droit public et instituent l’aide d’urgence.
Les débats se sont notamment focalisés sur la forme que doit prendre l’aide d’urgence. Les députés ont longuement discuté pour savoir s’il fallait préciser dans la loi que le logement offert dans ce cadre était collectif. Il existe en effet des
exceptions, en particulier pour les familles. Les élus sont finalement tombés d’accord pour dire que le logement était en «règle générale» collectif. De même, la
gauche souhaitait préciser que l’aide d’urgence «pouvait inclure l’octroi d’une aide financière ». Cette mesure devait s’appliquer aux personnes qui restent longtemps dépendantes de l’aide d’urgence. Le conseiller d’Etat Jean-Claude Mermoud a appelé le plénum à ne pas créer une «spécificité vaudoise» qui aurait de plus une grande portée symbolique. L’aide d’urgence doit être dispensée «dans la mesure du possible en nature», selon la loi. Cela laisse une marge suffisante pour les exceptions, a-t-il estimé. Il a été suivi par une courte majorité de 78 voix contre 74 et une abstention.Le Grand Conseil a également adopté un décret sur l’assainissement financier de la Fondation pour l’accueil des requérants d’asile (FAREAS). Le Conseil d’Etat proposait d’éponger en grande partie la dette de la fondation à l’égard du canton, qui s’élève à un peu moins de 23,2 millions de francs. Seule une ardoise de 6,8 millions subsistera, que la fondation remboursera par la vente d’actifs devenus inutiles. La valeur vénale du parc immobilier de la FAREAS est estimé à 37,5 millions. Le libéral Nicolas Daïna proposait, plutôt que de passer l’éponge, de faire rembourser la fondation sur 50 ans à coup de 360 000 francs par an par exemple.
Cette solution a été écartée à une très nette majorité. «L’Etat ne pourra que financer luimême ce remboursement», a argumenté le radical Gérard Bühlmann. En outre, le canton a aussi sa part de responsabilités dans les dysfonctionnements qui ont conduit à creuser l’endettement de la FAREAS, a souligné le socialiste Michel Cornut.
L’adoption de cet ensemble législatif ouvre la voie à la transformation de la
FAREAS en un établissement de droit public. Le contrôle de sa gestion et de ses activités sera nettement renforcé

mardi 14 février 2006

La Maison des migrations rejoint les locaux de la communauté israélite.

Voici une brève parue dans 24heures:
Une première. La Communauté israélite de Lausanne et du can­ton de Vaud (CILV) accueille, dans ses locaux de l’avenue Geor­gette, la Maison des migrations, véritable quartier général de la Coordination Asile. Associée aux Eglises catholique et réformée, la CILV se réjouit de la solidarité qui se manifeste autour des re­quérants déboutés. En cas de risque de mesures de contrainte, les personnes menacées seraient hébergées à la paroisse catholi­que de Grandson, les locaux de la CILV n’étant pas équipés pour abriter un refuge.

Le séjour des requérants vaudois commencera par 6 mois de socialisation obligatoire

Lire l'article de Carole Pantet dans 24heures

Dès le mois d’avril, l’accueil des requérants d’asile dans le canton sera profondément réformé. Les centres de Sainte-Croix et Crissier deviendront deux étapes obligatoires.

Deux mois d’apprentis­sage intensif du français à Sainte-Croix, suivis de quatre mois de socialisation à Crissier. Les requérants assignés au canton de Vaud devront sui­vre dès avril des modules de formation obligatoires.
«Le but est de leur offrir un maximum de compréhension de leur environnement pour qu’ils soient plus autonomes», souli­gne Pierre Imhof, directeur de la Fondation pour l’aide aux requé­rants d’asile (Fareas). C’est suite à des problèmes récurrents d’in­civilité, d’agressivité et d’incom­préhension de certains requé­rants face aux prestations four­nies que la Fareas a décidé de revoir en profondeur sa façon d’accueillir et de socialiser les requérants assignés au canton.
«La prise en charge sera basée sur la réciprocité. Les requé­rants auront des droits mais aussi des devoirs: comme la par­ticipation aux nettoyages et aux différents cours. Une bonne col­laboration se verra gratifiée
VC2 d’une prestation financière com­plémentaire », souligne Pascal Rochat, responsable des phases d’accueil et de socialisation à la Fareas.
Alors que, jusqu’à présent, les requérants étaient dispersés dans le canton à leur arrivée, ils seront dorénavant tous regrou­pés à Sainte-Croix qui deviendra «centre d’accueil». Pendant deux mois, ils y suivront de façon intensive des cours de français, une sensibilisation mé­dicale, mais aussi sociale et une information sur le système et la procédure d’asile en Suisse. «L’encadrement social y sera fortement renforcé», explique le directeur de la Fareas.
En effet, jusqu’à présent, les requérants n’avaient durant leurs six premiers mois de sé­jour en centre que des contacts ponctuels avec une assistante sociale et uniquement s’ils le souhaitaient.

Préparation à la vie scolaire
Les enfants des requérants n’intégreront plus le système scolaire classique pendant ces six premiers mois. Des profes­seurs de l’école publique vien­dront au centre leur donner des cours de français et une prépa­ration à la vie scolaire.
Deuxième étape de ce «jeu de l’oie des requérants vaudois»: Crissier, où sera effectuée la «so­cialisation ». «Les cours y seront centrés sur la prise d’autonomie. La question d’un éventuel em­ploi ou d’un programme d’occu­pation sera alors étudiée avec le requérant, ainsi qu’un projet de vie en général», détaille Pascal Rochat. A la fin de ces six mois, le requérant devra être auto­nome socialement. Il pourra alors passer en phase de séjour en appartement ou en centre selon qu’il est admis provisoire­ment ou débouté. Cette réorganisation de la Fondation se fait parallèlement à celle, plus structurelle, qui sera dictée par la nouvelle loi sur l’aide aux requérants d’asile et à certaines catégories d’étran­gers (lire 24 heures du 8 février) actuellement débattue au Grand Conseil.

lundi 13 février 2006

Désintégration du système danois


Sur le même sujet, un article dans Libé

Voici un article du Manifesto traduit en français et publié dans le Courrier: Au Danemark, le gouvernement n’a pas clairement pris ses distances vis-à-vis des campagnes antimusulmans.Il prend au contraire des mesures discriminantes à l’égard des immigrés. Une politique en place bien avant «l’affaire» des caricatures de Mahomet.
Les événements liés aux caricatures du prophète Mahomet, qui se sont répandues dans le monde entier depuis le Danemark, cristallisent le dénouement d’une situation de souffrances et de révoltes latentes qui durent depuis plus de dix ans. Depuis le virage sécuritaire de l’après-11 septembre et l’arrogance des politiques néolibérales, l’explosion actuelle est destinée à orienter de manière radicalement différente les nouveaux conflits et les politiques à venir. La limite intolérable atteinte par les dérives nationalistes occidentales contre les autres cultures
ont récemment provoqué la réaction d’un regroupement d’artistes et d’intellectuels danois. Ce mouvement de protestation dénonce le danger croissant de la campagne xénophobe menée contre les immigrés, musulmans en particulier, systématiquement soutenue par la majorité de la presse et par les partis gouvernementaux. Les grands partis d’opposition du pays n’ont guère réagi, se contentant de murmurer des protestations à l’égard de cette xénophobie ambiante. Au mouvement de protestation des artistes danois, le gouvernement a répondu avec une série d’initiatives pour valoriser la «culture» et les «valeurs» chrétiennes et occidentales du Danemark
qu’il faudrait introduire dans le cursus scolaire. A cela s’ajoute l’intention des autorités danoises d’imposer de nouveaux critères d’admission à la nationalité danoise. Outre la connaissance de la langue et de l’histoire, les immigrés en phase de naturalisation devraient adhérer aux valeurs «démocratiques» et «chrétiennes
» du Danemark. Selon Lars Bonnevie, qui s’est exprimé dans l’hebdomadaire eekendavisen, «les 800 000 analphabètes danois auraient du mal à passer ces examens d’admission que l’on demande aux immigrés. Le risque est donc de marginaliser encore davantage les groupes sociaux déjà en marge du système social et politique.»
Le réalisateur danois Lars von Trier, dans ce climat de provocation, a également proposé sa réponse. Il s’agit d’un petit film où on le voit découper au ciseau la croix blanche du drapeau danois, symbole de chrétienté. Ensuite, le drapeau, à présent entièrement rouge, est hissé au son de l’Internationale socialiste. La position du Danemark semble paradoxale. Alors qu’il se réclame de principes libéraux et laïcs lorsqu’il critique et raille d’autres pays et d’autres religions, il n’en reste pas moins un Etat confessionnel avec à sa tête la monarchie la plus ancienne d’Europe. Il existe d’ailleurs un Ministère de l’Eglise avec des pasteurs fonctionnaires et diplômés dans les universités publiques du royaume.
Lars Bonnevie, toujours dans l’hebdomadaire Weekendavisen, déclarait: «La Constitution danoise est souvent représentative d’une communauté ethnique pré-moderne,avec la religion luthérienne comme base idéologique. Comment un immigré, musulman ou non, peut-il se reconnaître dans un texte qui marginalise son identité culturelle et religieuse, surtout lorsqu’une grande partie des citoyens euxmêmes
refusent ce texte?» En fait, le Danemark applique un système très éloigné du modèle laïc «à la française». Ce n’est pas un hasard si au Danemark il existe d’un côté la «liberté de la presse», dont tout le monde parle, et de l’autre une loi qui interdit le blasphème contre les autres cultures et croyances religieuses. On parle beaucoup
de la première depuis quelques jours, alors que le gouvernement s’est rappelé de la seconde en voyant les répercussions de l’affaire sur l’économie du pays.
Que s’est-il passé en amont de l’affaire des caricatures du prophète Mahomet? L’échec
d’une politique d’asile et d’accueil des immigrés discrètement modifiée et aujourd’hui franchement imposée par le gouvernement par la méthode de l’assimilation à la culture locale. Au Danemark, l’immigration a toujours été maîtrisée et l’effort d’intégration a toujours été fondamental pour les institutions du pays, tout en respectant la culture de l’autre. Ce n’est que bien plus tard que la politique en matière d’intégration des immigrés a changé. Pourquoi? Le processus d’intégration, soutenu financièrement, a permis la socialisation des jeunes immigrés scolarisés.
Pour la plupart originaires de cultures à fort lien familial, ils ont été poussés à en sortir pour se rapprocher du modèle danois, voué à plus d’autonomie et d’indépendance financière. Ce phénomène a souvent produit de douloureuses ruptures entre les enfants et les parents d’immigrés. Cela était le prix à payer pour s’intégrer et «ressembler» aux jeunes Danois. En grandissant, ces jeunes immigrés ont achevé leurs études ou leur formation professionnelle. Alors que les jeunes Danois trouvaient peu à peu un poste de travail, ces jeunes issus de l’immigration, avec leurs noms à consonances peu scandinaves, avaient beaucoup plus de peine à intégrer le monde du travail et la société en général. Et cette situation n’a cessé de
prendre de l’ampleur depuis plusieurs années. Peu à peu, ces jeunes exclus ont fini par renouer avec les traditions familiales et culturelles qu’ils avaient laissé de côté pour cause d’intégration. Les protestations n’ont pas tardé à se manifester, accentuées par le refus de constructions de mosquées ou de cimetières musulmans. Certains jeunes étaient donc contraints de ramener les corps de leur parents
défunts dans le pays d’origine. Au vu des tensions croissantes, le Gouvernement danois a décidé de réagir. Il a imposé l’interdiction aux familles musulmanes d’envoyer leurs propres enfants dans les écoles coraniques du pays d’origine pendant les vacances scolaires, sous peine d’expulsion de toute la famille du territoire danois. C’est surtout après le 11-septembre que la pression s’est accrue sur les musulmans danois. L’hebdomadaire Jyllands-Posten (qui a publié en septembre dernier
les caricatures de Mahomet) s’est fait le relais de cette islamophobie ambiante. Ce journal est un peu le porte-parole d’une culture chrétienne conservatrice et sectaire. Ironie du sort, en avril 2003, les responsables du journal ont refusé de publier des caricatures du Christ (jugées offensantes) du dessinateur de presse
Chritoffer Zieler. Information donnée par le dessinateur luimême au journal norvégien
Dagbladet lundi dernier. La référence politique du Jyllands-Posten est le parti gouvernemental de droite qui soutient l’expulsion des immigrés et se réclame des
racines «chrétiennes» de la démocratie danoise. Il faut également rappeler
que le Gouvernement danois a suivi les Etats-Unis dans leur guerre contre l’Afghanistan et l’Irak en y envoyant ses troupes. Mais ce rejet des «autres»
cultures concerne aussi la politique interne. Toute la tradition de pensée critique et alternative de l’après-guerre est sur le point d’être démolie. La république
de Cristiania, symbole de l’utopie de la jeunesse de 1968, qui survit en plein coeur de Copenhague, est désormais criminalisée et militairement occupée.
Les expérimentations de l’Université de Roskilde, à l’avantgarde européenne en matière d’interdisciplinarité et de «groupes d’études», est en voie de liquidation.
Le plus triste, dans cette affaire, c’est qu’il y a une totale confusion dans tous les domaines. Face à cette affaire qui secoue le pays, droite et gauche s’unissent, au lieu de débattre de façon contradictoire, au nom du principe qui veut que les «valeurs qu’il faut défendre» se doivent d’être communes. Un peu comme si l’Occident
n’avait pas encore compris qu’il ne dicte désormais plus sa loi au monde et qu’il ne fixe plus l’agenda des débats. Et ceci dans l’hypocrisie la plus totale. La liberté d’expression est ce qu’elle est, au Danemark comme ailleurs. Il suffit de penser à
la façon dont on a manipulé les faits les plus importants depuis des siècles. Plus récemment, ces formes d’expression de liberté de la presse ont en réalité été des opérations pilotées en vue de provoquer des remous politiques et sûrement pas par
simple esprit de liberté.

Y-a-t-il quelque chose de pourri au Royaume de Danemark

Lire le dossier du Temps - sur les politiques d'immigration an Danemark et chez nos voisins
Une autre référence intéressante pour les férus d'histoire de l'art, l'iconoclasme, ce mouvement qui fondait dans la bible son acharnement contre la représentation du divin et qui a détruit des milliers d'icônes et persécutés leurs auteurs...

Immigration, apprendre du contexte danois caricatural

Lire l'article de François Modoux dans Le Temps

Si ce blog ne s'est pas rué sur les premières vagues d'excitation médiatique à propos des caricatures de Mahomet, c'est en bonne partie parcequ'il attendait qu'un journaliste se penche enfin sur le contexte politique très particulier dans lequel se meut le Jylland Posten. C'est maintenanr le cas grâce à François Modoux qui nous présente sans détour le vrai visage d'un pays qui a quelques années d'avance sur la Suisse en terme de "Blochérisation" de la société...est-ce bien cela que nous voulons ?

samedi 11 février 2006

Rettet die Rechte!:

¨Lire l'argumentaire en allemand de Susan Boos dans la WOZ

L'invasion par les migrants africains est un mythe�

Lire l'article de Benito Perez dans le Courrier

Cet interview du professeur Lahlou (professeur d'économie à Rabat) relativise l'ampleur de la "vague migratoire" à travers le Magreb. Le professeur y voit avant tout une manipulation politique et médiatique.

Des Maliens racontent l'enfer de leur périple vers l'Europe


Lire l'article de Christophe Koessler dans le Courrier

Cet article témoigne de la situation des centaines de Maliens qui ont été expulsés par le Maroc après leur tentatives désespérées de franchir la frontière Espagnole autour des enclaves de Melilla et de Ceuta.

vendredi 10 février 2006

Lettre de Maria Roth-Bernasconi dans Le Courrier

Selon Maria Roth-Bernasconi, il est crucial de considérer la problématique de la migration dans sa complexité plutôt que d’y apporter des réponses simplistes, discriminantes et xénophobes. Le 16 décembre 2005, le Parlement suisse a décidé en votation finale d’accepter les nouvelles lois sur l’asile et sur les étrangers. Le 16 janvier 2006, un colloque sur la migration, la mondialisation et les droits de l’homme, leurs enjeux et conséquences a eu lieu à Genève. Ces deux événements partent
d’un constat presque similaire: à l’heure de la mondialisation et des changements dans les phénomènes migratoires qu’elle a engendrés, il est crucial de repenser les politiques d’accueil des migrant-es. La similitude des deux dates s’arrête ici. Le Parlement suisse a, en effet, décidé de ne pas inclure dans sa réflexion la dimension
des droits humains. En effet, plusieurs dispositions de la loi sur l’asile bafouent à
mon avis ces droits fondamentaux comme par exemple: le refus d’entrée en matière pour
défaut de papier d’identité, l’extension de la suppression de l’aide sociale à tous les déboutés et les raccourcissements des délais de recours. La dureté des mesures a été critiquée par le HCR et par tous les milieux de l’asile, actifs sur le terrain. Ces mesures concourent évidemment aux vrais buts de la politique voulue à Berne,
à savoir saper le système des droits humains et servir sans doute de test, annonciateur d’attaques en règle dans d’autres domaines (assurancechômage, AI, AVS, assurancemaladie). En cédant aux sirènes de l’extrême droite par peur, notamment
de la sanction électorale, la droite dite modérée a préféré écarter les principes qui
fondent un Etat de droit pour suivre une démagogie à court terme. Il est évidemment plus simple de décomplexifier les problèmes de la mondialisation, des migrations et des droits de l’homme en y apportant une réponse simpliste qui a l’avantage de plaire: fermons les frontières! Personnellement, je ne peux suivre un tel raisonnementnon seulement pour des raisons humanitaires, mais également pour des raisons économiques et démographiques. En effet, l’économie d’aujourd’hui est globale et ne respecte plus aucune frontière. Le capitalisme mondialisé fait primer à tous les niveaux les critères de rentabilité financière et les mécanismes de marché purs et durs. Cette économie s’est départie des êtres humains puisque l’unique but est
d’accumuler du capital financier. Or, nous, les socialistes, demandons que la mondialisation soit réglementée dans tous les domaines. Il faut donner
plus de poids aux politiques face au pouvoir économique lui permettant de réglementer
l’économie en introduisant des normes sociales et écologiques au niveau mondial. En effet, une plus juste répartition des richesses entre le Nord et le Sud
est également un moyen d’influencer les politiques migratoires. De même, les flux des migrations doivent être coordonnés, au niveau international, puisqu’ils ont lieu avec ou sans lois nationales strictes, en libérant des moyens importants pour des mesures d’intégration dans les pays d’accueil. Une réelle politique sociale
permettra également aux laissés-pour-compte indigènes de comprendre que ce ne sont
pas les migrant-e-s qui posent problème mais bien plus la politique néolibérale menée actuellement par les pouvoirs en place. En dernier lieu, n’oublions pas que l’immigration dans notre pays peut constituer une réponse au problème du vieillissement de nos sociétés. En effet, le taux de natalité est en train de mener les pays européens vers l’extinction de leur population indigène puisque les femmes ne font plus assez d’enfants pour renouveler la population. La migration ainsi que la
mise sur pied d’une réelle politique familiale et la promotion de l’égalité entre femmes et hommes pourrait donc constituer une ébauche de solution. La conciliation de thèmes comme la migration, la mondialisation et les droits humains est un des enjeux majeurs des politiques à venir. Il est crucial de considérer cette problématique dans sa complexité plutôt que d’y apporter des réponses simplistes, discriminantes et xénophobes.

L'immigration ne menace pas l'emploi

Lire l'article de Pierre Veya dans le Temps
C'est pas tout les jours qu'on peut lire des choses intéressantes en ce qui concerne nos sujets d'intérêt dans les pages économiques du Temps, lisez donc cet article qui démontre que les fantasmes xénophobes du "plombier polonais" ne reposent sur aucune réalité.

Pourquoi Yves Christen a-t-il tourné sa veste ?



Michael Rodriguez dans Le Courrier La Liberté et La Côte s'interroge sur les raisons pour lesquelles Yves Christen s'est transformé en soutien de la loi sur l'asile, il semble qu'il n'a pas résisté aux pressions du grand vieux parti...


L’engagement du conseiller national vaudois Yves Christen en faveur de la Loi sur l’asile fait perdre son latin à plus d’un au sein de la droite humaniste. Le radical, connu pour ses prises de position souvent en porte-à-faux avec la direction de son parti, n’en a pas moins voté en décembre dernier la kyrielle de durcissements apportés au droit d’asile.
Le 27 février prochain, Yves Christen fera même le voyage de Genève pour appeler la section cantonale du parti à voter «oui» à un texte dont l’ancêtre n’est autre que l’initiative de l’UDC Contre les abus dans le droit d’asile, rejetée de justesse par le peuple en 2002.
La soudaine «conversion» d’Yves Christen aux vues de la droite dure sur l’asile étonne d’autant plus que l’homme avait, il y a un an, multiplié les interventions publiques en faveur des requérants d’asile déboutés du canton de Vaud. Yves Christen avait notamment décidé de parrainer la Maison des migrations de la Riviera, accueillant des requérants menacés de renvoi. A cette occasion, il fustigeait, le 2 décembre 2004 dans nos colonnes, la stigmatisation des requérants d’asile et la frilosité des élus bourgeois aux Chambres: plus personne ne défend les requérants, parce qu’on a changé de chef de département, déplorait-il.
Le premier étonné par la position d’Yves Christen, c’est son collègue Yves Guisan. Radical vaudois lui aussi, précédé de la même réputation de franc-tireur au Conseil national, l’homme a quant à lui refusé une loi qu’il juge inhumaine et inefficace. Il sera même parmi les contradicteurs d’Yves Christen lors du débat du 27 février à Genève. Au début des débats sur cette loi, nous étions tout à fait d’accord, s’étonne Yves Guisan. Il a changé d’avis en cours de route et je ne me l’explique pas. Le médecin vaudois hasarde toutefois une piste d’explication: Yves Christen serait plus politique, plus en relation avec la direction du parti.
Une direction qui, à en croire Yves Guisan, a exercé des pressions absolument considérables pour que ses troupes suivent le mot d’ordre du parti, ou tout du moins s’abstiennent. Le radical ne se souvient que d’un épisode similaire: le lavage de cerveau auquel avait procédé la direction du parti en faveur de l’élection de Christoph Blocher au Conseil fédéral.
Chez les libéraux, qui forment un groupe commun avec les radicaux aux Chambres fédérales, la position d’Yves Christen n’est pas passée inaperçue. Le Vaudois Claude Ruey se dit choqué et qualifie son revirement de catastrophe.
De par sa position de leader des radicaux au sein de la commission des institutions politiques, Yves Christen avait un rôle clé à jouer. Il aurait dû être de ceux qui feraient basculer le centre-droite, qui ouvriraient une brèche, tempête Claude Ruey.
Pour l’élu libéral, il faut peut-être voir dans ce revirement le fait d’un parti qui a l’habitude de la majorité et non de la minorité. Il observe aussi qu’Yves Christen avait perdu de son ascendant au sein de la Commission des institutions politiques, au profit du radical argovien Philippe Müller.
Qu’en dit le principal intéressé? Yves Christen admet qu’il a dû mettre de l’eau dans son vin. Je me suis effacé derrière la position majoritaire du groupe, reconnaît-il. Une obéissance au mot d’ordre qu’il justifie par la conclusion d’un «deal» entre radicaux et démocrates-chrétiens. Le centre-droite s’était en effet entendu sur les quelques assouplissements à apporter au texte. Même si l’une des clauses issues de la négociation – la suppression de la détention pour insoumission – n’a finalement pas été respectée, Yves Christen estime qu’il devait loyauté à cet accord.
Mais le conseiller national avance aussi des arguments de stratégie politique. Bien sûr que les requérants d’asile sont des boucs émissaires qui permettent à l’UDC de capitaliser des voix. Mais tant que l’on n’aura pas réussi à prouver à la population qu’il n’y a pas de laxisme en matière d’asile, l’UDC continuera à capitaliser des voix.

Le mariage est annulé une heure avant la cérémonie

Lire l'article de Carole Pantet dans 24heures

Voici une petite tranche de vie au goût amer pour un couple de requérants d'asile:
C'est l'histoire d'un amour fort qui naît, bien loin de Vérone, dans le cadre austère du centre de requérants d'asile de Sainte-Croix. Milanka Djordjevic est Serbe. Elle s'exile en Suisse après la mort de son mari, dirigeant d'une société d'import-export de pétrole aux prises avec le gouvernement Milosevic. Mise sous pression, elle quitte son pays emmenant dans sa fuite sa fille de 4 ans. «Là-bas, j'avais une belle villa, mais j'étais en permanence sur mes gardes. Ici, je n'avais plus qu'un matelas, mais au moins je dormais bien.»

Affectée au centre de Sainte-Croix, elle croise le regard de Radouane Saiah. L'Algérien a servi son pays pendant dix ans dans les forces spéciales antiterroristes, confronté quotidiennement aux «massacres abominables perpétrés dans les campagnes». Un jour, il dit stop. Déserteur, il est contraint de quitter son pays.

Un nouveau départ

En Suisse, les deux cabossés de la vie trouveront le réconfort dans les bras l'un de l'autre. De cet amour improbable entre un Algérien musulman et une Serbe orthodoxe naît, il y a sept mois, Abdel Malek. Pour cet enfant, le couple décide d'officialiser sa relation devant les autorités suisses. Un changement de statut qu'ils espèrent favorable à leur dossier d'asile. Le 16 janvier, après plusieurs péripéties administratives, une convocation leur confirme que tout est en ordre et que le mariage se déroulera le 1er février, à 14 h 30, à Yverdon.

Jour J. Milanka passe trois heures chez le coiffeur, déboursant une somme coquette en regard du modeste budget familial. Pendant qu'elle s'attelle à la préparation du gâteau, son futur époux part préparer la salle pour le thé.

13 h 30. Le téléphone sonne. «On me dit que le mariage ne pourrait avoir lieu parce que notre dossier n'était pas encore vérifié. C'était impossible, tout le monde allait arriver, la salle était prête», raconte le fiancé. Grosse désillusion pour les futurs époux. «Jusqu'à ce mercredi, je pensais vraiment que tout en Suisse était parfait… même les poubelles», soupire Milanka.

Goût amer

14 h 30. Abasourdis, les fiancés se rendent à l'Hôtel de Ville avec leurs invités pour tenter le tout pour le tout. «Nous sommes restés devant la salle de mariage en attendant la réponse définitive de l'état civil cantonal. Pendant ce temps, un couple s'est marié sous nos yeux», lâche tristement Milanka. Le couperet tombe. Le certificat de célibat de Radouane manque, le mariage ne pourra être prononcé ce jour-là.

Le thé de mariage a quand même eu lieu cet après-midi-là, mais le cœur n'y était pas. «Ils nous fixeront une nouvelle date dès que nous aurons le papier en question. Mais je n'ai plus confiance. Je n'y croirai qu'après avoir signé», insiste la fiancée. La cérémonie officielle, ils la vivront en habits de ville. Et finances obligent, ils se passeront cette fois des services du coiffeur et du thé. Pour les amants, c'est sûr, leur mariage s'est déroulé le 1er févier, malgré son goût amer.

L'USAM se positionne contre les référendums

Lire l'article de Raymond Gremaud dans le Journal du Jura en ligne

mercredi 8 février 2006

Dépasser la honte


Voici l'éditorial de Jean-Yves Gentil dans la revue du PS Suisse, socialiste.ch

C’est un copain réfugié avec qui j’ai du plaisir à deviser. Voilà quelques années que je l’ai rencontrélorsqu’il était en pleine procédure après avoir déposé sa demande d’asile et connaissait quelques difficultés à se frayer un chemin dans la jungle administrative qui, à l’époque déjà, n’avait rien du gazon anglais. Des raisons qui l’ont poussé à quitter son pays pour rejoindre le notre, il m’a raconté assez pour que je me rende compte qu’il en avait sérieusement bavé. Du jour au lendemain, il a claqué sa porte et toutes ses économies, quittant sa famille et craignant pour sa vie. Aujourd’hui, il est installé et intégré, son patron compte sur lui et il s’est marié. Nos discussions, si elles portent toujours parfois sur la situation de son lieu d’origine où rien ne s’est vraiment arrangé, sont souvent consacrées à l’actualité suisse: du dernier match de la « Nati » à notre bordereau d’impôt, du 0,5 pour mille au parcage en ville. Nous parlons aussi politique et si nous ne sommes pas d’accord sur tout, du moins confrontons-nous nos avis. C’est dans le cadre de ces conversations que nous avons évoqué dernièrement le durcissement des lois sur l’asile et sur les étrangers. « Tu vois », me disait-il, « je suis un homme comblé. Ici, j’ai refait ma vie et je suis sûr que là-bas ils ont dû m’oublier. Pourtant, depuis l’année dernière et les votations finales des Chambres fédérales, j’ai l’impression que tout a recommencé. Ca me réveille la nuit, totalement paniqué. Je ne sais plus comment faire, je suis totalement perturbé ». C’est quand il s’est mis à pleurer que mon malaise, jusque-là diffus, s’est transformé en une honte carabinée. J’ai balbutié quelques paroles de réconfort et lui ai assuré que les jeux n’étaient pas faits, qu’il se trouvait encore, dans ce pays, des gens pour qui la tradition humanitaire et l’accueil des personnes en danger n’étaient pas de vains mots. Je ne suis pas sûr de l’avoir persuadé. Dans cette édition de socialistes.ch, vous trouverez – en annexe – une carte postale du PS consacrée au référendum contre la loi sur l’asile de même qu’en page 10, un formulaire de récolte de signatures pour le référendum contre la loi sur les étrangers. Ne les signez pas pour mon copain, mais pour les dizaines de milliers de personnes qui – comme lui voici quelques années – caressent aujourd’hui l’espoir d’être sauvées, qui ont – encore – de la Suisse une certaine idée. Plus que jamais, il nous faut dépasser la honte et nous mobiliser.

Halte à l'angélisme



Le numéro de février de Vivre Ensemble (pour s'abonner) est paru:
En voici l'éditorial écrit par Yves Brutsch
Le référendum est lancé et les débats vont s’intensifier. Beaucoup de commentaires opposent le réalisme du durcissement face aux abus à l’angélisme des défenseurs des réfugiés. Réalisme ? Angélisme ? Si les mots ont encore un sens, c’est bien le manque de réalisme des partisans de la révision qui doit être dénoncé.

Est-ce réaliste de penser que la Suisse respecte la Convention de Genève lorsqu’elle prévoit de refuser l’entrée en matière aux personnes qui demandent l’asile sans déposer de papiers d’identité ? Toute l’histoire montre que les réfugiés qui fuient des persécutions ne disposent souvent pas de tels documents.

Est-ce de l’angélisme de dire que seul un examen effectif des motifs d’asile permet de savoir si un requérant doit être protégé ?

Est-ce réaliste de croire qu’il suffit de couper les vivres à tous les déboutés pour faire partir des demandeurs d’asile qui ont quitté une situation sans issue et qui ont bravé mille dangers pour arriver en Suisse ?

Est-ce de l’angélisme de dire que cette suppression de l’aide sociale qui va viser des milliers de personnes par an, ne va pas engendrer une dégradation majeure de notre vie sociale, accroître la petite délinquance, les problèmes de santé publique, la mendicité, le travail au noir ?

Est-ce réaliste de multiplier les possibilités de détention administrative, jusqu’à deux ans de prison, comme si cela apportait une réponse aux difficultés d’exécution des renvois, alors qu’une étude fédérale toute récente montre que le taux de renvoi effectif est le même à Zurich qu’à Genève, où la détention est utilisée cent fois moins fréquemment ?

On pourrait multiplier les exemples. En fait, depuis l’origine, la politique officielle a rarement reposé sur une analyse sereine de la problématique. Les idées toutes faites, les a priori et les calculs politiques (il est plus simple de dénigrer les requérants que d’apporter des solutions à des problèmes complexes) n’ont cessé d’empêcher un débat objectif.

La réalité, la vraie, celle qui pousse des hommes, des femmes et des enfants à nous demander asile, intéresse au fond très peu les décideurs. Il est plus simple de déclarer arbitrairement qu’un pays est «sûr» et de refuser d’entrer en matière.

Battre en brèche l’angélisme avec laquelle une très large part de l’opinion publique continue de croire que notre politique d’asile, malgré tous les durcissements, reste guidée par le souci d’accueillir les «vrais réfugiés» représente bien le plus grand défi de la campagne référendaire.

Abonnements aux transports publics obligatoires pour tous les requérants



Lire l'article de Alain Walther dans 24heures en ligne
Dès le 1er avril, les membres des familles des requérants d’asile du grand Lausanne seront «automatiquement» au bénéfice d’un abonnement Mobilis. Les TL encaisseront ainsi 1 million de francs. Pour sa part, la Fareas affirme simplifier ses comptes. Et les principaux concernés, les requérants, qu’en pensent-ils?

Quelque trois mille requérants d'asile du grand Lausanne ne pourront plus prendre le bus sans abonnement. En effet, la Fareas (Fondation vaudoise pour l'accueil des requérants d'asile) et Mobilis (communauté tarifaire comprenant les TL) ont signé un accord qui va changer la vie des requérants.

Dès le 1er avril, la Fareas abonnera automatiquement les requérants assistés. Avantage pour la fondation: elle ne payera plus en espèces (1 fr. 30 par jour et par personne) mais en nature. Avantage pour Mobilis: en échange d'un «bon rabais» d'entreprise, la communauté tarifaire empochera, selon nos estimations, 1 million de francs supplémentaires.

Resquilleurs de tous les pays

De part et d'autre, les signataires du contrat se gardent de voir dans cet accord une éventuelle mesure de lutte contre la resquille. «Nous avons des resquilleurs de tous les pays et d'ailleurs tous les resquilleurs ne sont pas tous des requérants et tous les requérants ne sont pas des resquilleurs, souligne Roger Perrin, directeur du marketing des TL et actuel responsable de Mobilis.

Un travailleur social qui doit garder l'anonymat nuance: «Avec ce qu'ils touchent par mois pour eux et leur famille sans avoir le droit de travailler, on peut comprendre que les requérants économisent sur leur budget transport en ne payant pas dans le bus.»

A la Fareas, on a envoyé une lettre à toutes les personnes concernées et les séances photos ont déjà commencé pour lancer la campagne d'abonnement automatique, donc obligatoire.

Première tentative

Cet accord n'est pas le premier que tentent la Fareas et les TL. Il y a une dizaine d'années, une première tentative avait échoué. A l'époque, les TL - qui aujourd'hui démentent cette version - auraient trouvé indélicat de faire bénéficier les requérants d'asile d'abonnements meilleur marché que ceux proposés aux Lausannois lambda.

«Nous ne voulons choquer aucune mentalité, explique Roger Perrin. Comme n'importe quelle entreprise, la Fareas nous a fait une proposition. Comme elle fait le travail elle-même (préparation des abonnements), elle a eu droit à un rabais supplémentaire.» Et voilà pourquoi, au 1er avril, un requérant avec un abonnement de deux zones payera 45 francs au lieu de 58 francs par mois.

Conséquences financières très lourdes pour les familles de requérants

La directive de la Fareas mettra à mal les budgets de nombreuses familles de requérants. A titre d’exemple, une famille (deux adultes, trois enfants dont deux de plus de 6 ans) reçoit de la fondation une assistance de 1400 francs par mois. Dès le 1er avril, la famille va recevoir 2 abonnements «adulte» à 45 francs et 2 abonnements «enfant» de plus de 6 ans à 33 francs. Total: 156 francs de moins chaque mois, sur les 1400 francs alloués.
Là où le bât blesse, c’est que les enfants ont une carte famille délivrée par les CFF et qui leur permet de voyager avec leurs parents sur toutes les lignes de transport pour la modique somme de 20 francs par an.
Autrement plus avantageux que les 393 francs annuels facturés par Mobilis: «Je vais payer vingt fois plus cher pour mon fils.» Chacun de son côté, la Fareas et les TL se sont engagés à trouver la meilleure solution possible à ce problème

Les requérants Ethiopiens Fribourgeois demandent à être régularisés

Lire l'article de la Liberté

L'aide au retour laisse sceptique les africains

Lire cet article de Huguette Nganga paru la semaine dernière dans la Liberté

L'aide sociale de 3e classe attend au contour les migrants indésirables

Lire l'article de Michael Rodriguez dans le Courrier sur la réorganisation de l'asile dans le canton de Vaud

Extraits:
Selon leur sensibilité politique, les députés vaudois se font une idée très variable de l'aide à apporter aux requérants d'asile et aux sans-papiers qui se trouvent dans le besoin. Pour la droite, il s'agit avant tout d'aider... à partir les requérants déboutés ou frappés de non-entrée en matière, ainsi que les sans-papiers. C'est en effet au nom d'une politique «dissuasive et cohérente» que le député radical Gérard Bühlmann a plaidé hier pour que l'aide d'urgence concédée à ces migrants jugés indésirables reste au niveau minimal que le Conseil d'Etat lui a fixé dans son projet...
La nouvelle loi entérine en effet le principe d'une aide sociale de troisième classe, introduit par le législateur fédéral. Selon ce principe, les requérants d'asile déboutés ou frappés de non-entrée en matière ainsi que les sans-papiers, n'auront droit qu'à une aide minimale, octroyée autant que possible en nature. Dans le canton de Vaud, celle-ci correspondrait grosso modo à 240 francs par mois et par personne, soit deux fois moins que l'assistance perçue par les réfugiés reconnus comme tels. Rappelons que ces derniers touchent déjà un montant inférieur de moitié à l'aide sociale vaudoise...