jeudi 31 août 2006

L'Hebdo

L'Hebdo: "L'Hebdo N� 33
Négation du droit d'asile
En marge d'une interview de Ruth Dreifuss, publiée le 17 août 2006, vous écrivez sous le titre "ce qui changerait en cas de oui le 24 septembre" que la non entrée en matière serait durcie si le requérant d'asile ne présente pas de papiers d'identité, SAUF indices sérieux de persécutions. C'est une grave erreur. A l'avenir, on pourra refuser d'entrer en matière MEME s'il y a des indices sérieux de persécutions. C'est en effet dans la loi actuelle que figure ce garde-fou essentiel. Son objectif est clair: on ne peut se permettre de ne pas examiner de façon approfondie des indices qui donnent à penser que la personne est peut-être réellement en danger. Malheureusement la révision de la loi a délibérément supprimé cette clause de sauvegarde en biffant la phrase: "cette disposition n'est pas applicable... s'il existe des indices de persécution". Cela revient à dire que les partisants de la révision souhaitent appliquer la non entrée en matière même en présence d'indice de persécution. C'est la négation du droit d'asile.

Ce changement est évidemment fondamental. La portée de ce garde-fou basé sur la notion d'"indices de persécution" est sans doute le point qui a été le plus discuté dans la jurisprudence toutes ces dernières années, et la commission de recours en matière d'asile a rendu sur ce point de très nombreux arrêts cassant des décisions de l'office fédéral. C'est pour ne plus être entravés dans leur volonté de multiplier les décisions de non entrée en matière que Christoph Blocher et ses services ont fait supprimer la restriction qui les dérange, pour la remplacer par des clauses d'exception autrement plus limitées. Il est dommage que votre présentation n'ait pas mis clairement en évidence ce changement. Un des plus graves de la révision, car il revient à mettre en danger les personnes menacées de persécutions qui ne parviendront pas à démontrer clairement leur cas dès le début de la procédure.

Yves Brutsch, Centre social protestant de Genève



Lois sur l'asile/les �érangers: Terre des hommes et l'ODM s'affrontent

Romandie News : Lois sur l'asile/les étrangers: Terre des hommes et l'ODM opposé�s: "Terre des hommes persiste et signe: la r�vision de la loi sur l'asile et la nouvelle loi sur les étrangers ne sont pas conformes à la Convention des droits de l'enfant. Cette opinion est contestée par l'Office fédéral des migrations (ODM)."

Pour Christoph Blocher, l'Etat de Neuchâtel n'a qu'à se taire


Lire l'article de PE Buss dans le Temps
Christoph Blocher dénonce la "propagande" du Conseil d'Etat neuchâtelois qui a envoyé ses recommandations de vote avec le "matériel de vote" distribué à la population. Ces recommandations proposent un trois fois x NON, contre les lois sur l'asile et les étrangers et l'initiative COSA. La stratégie du gouvernement neuchâtelois n'est pas du goût du ministre de justice et police.
Ecoutez le débat dans Forum sur la Première
Cette séquence se poursuit par la dénonciation publique de la nationalité des deux garçons violeurs de Rhäzuns par le ministre de la justice...

1945-2006: comment endiguer le flot?

Lire l'excellent historique de la politique de migration en Suisse établi par Sylvie Arsever dans le Temps - Eclairages

La Suisse et ses étrangers

Lire l'article de François Modoux dans le Temps

Les étrangers ne sont pas tous bienvenus en Suisse. C'est le message des lois révisées sur les étrangers et l'asile. Leur adoption par le peuple doit rendre notre pays moins attractif.

Extrait:
...La Suisse participe à la sous-enchère pour rendre son territoire moins attractif. La double révision des lois sur l'asile et sur les étrangers, soumise au vote le 24 septembre, obéit à cet objectif de concurrence dissuasive. Les étrangers ne sont pas tous bienvenus en Suisse, proclament ces textes...

...Ce manichéisme - les vrais versus les faux réfugiés - ne résiste d'ailleurs pas à une analyse historique. En accueillant à bras ouverts les Hongrois et les Tchécoslovaques, respectivement en 1956 et en 1968, la Suisse leur avait reconnu un besoin de protection quand bien même la plupart d'entre eux n'étaient pas persécutés à titre personnel. Au fil des années, la définition du réfugié n'a pas varié, mais son interprétation et la procédure d'asile, si...

L'illusion de l'action

Lire l'éditorial de Marco Gregori dans le Courrier
Christoph Blocher dévoile une fibre écologiste qu'on ne lui connaissait pas: celle du recyclage. Hier, il a coup sur coup sorti de son chapeau un rapport sur l'intégration des étrangers publié au mois de mai et des mesures favorisant ladite intégration déjà annoncées le 5 septembre 2005, et théoriquement en vigueur depuis le 1er février dernier. A un peu plus de trois semaines d'une votation qui risque de placer la politique migratoire helvétique proche du néant humanitaire, cela ne tient évidemment pas du hasard.
Elu fin 2003 au Conseil fédéral, Christoph Blocher va bientôt achever sa troisième année au Département de justice et police. Or le voici qui semble découvrir avec une colère certaine que l'intégration des étrangers présente des lacunes «considérables». Un qualificatif extrême que même l'Office fédéral des migrations (ODM), pourtant remanié selon le bon plaisir du chef, ne partage guère. Dans son rapport rendu public le 2 mai, l'ODM relevait des lacunes dans la politique menée, mais estimait le bilan globalement positif, compte tenu du budget limité – 14 millions de francs par année – dont il dispose.
Mais, avec son art consommé de présenter des vessies pour des lanternes, le conseiller fédéral juge, quatre mois plus tard, qu'il faut sérieusement secouer le cocotier. Pour faire quoi au juste? Eh bien, pas grand-chose de neuf. Le ministre de la Justice s'est contenté, entre deux éructations de mécontentement, de plaider pour des cours de langue aux migrants et une meilleure coordination des actions menées entre la Confédération, les cantons et les communes. Une révolution de pacotille déjà adoptée par le Conseil fédéral il y a une année. Un communiqué du 5 septembre dernier, intitulé «Améliorer l'intégration des étrangers», annonçait noir sur blanc la modification de l'ordonnance sur l'intégration. Objectif? Conditionner l'octroi d'une autorisation de séjour à «l'obligation de fréquenter un cours de langue et d'intégration». En outre, l'ODM était appelé à assumer «une fonction coordinatrice en matière d'intégration».
Ce trou de mémoire n'a pourtant pas empêché le conseiller fédéral Blocher de dire et redire à quel point un refus populaire de la loi sur les étrangers et de la révision de celle sur l'asile rendrait ces mesures difficiles à appliquer. Pour un peu, on l'imaginerait en train de s'apitoyer sur le sort des migrants si d'aventure les Suisses leur refusaient ce sursaut de générosité. Pourquoi dès lors traiter de romantiques toutes celles et tous ceux qui mènent campagne contre ces deux lois?
Cessons de plaisanter. Si Christoph Blocher souhaitait réellement améliorer l'intégration des migrants, il l'aurait déjà fait. Lui qui utilise le thème de la politique migratoire depuis plus d'une décennie aurait dû, vu sa prétendue connaissance du sujet, agir à la seconde où il est devenu conseiller fédéral. Lui qui se définit en homme d'action aurait eu tout loisir de demander des fonds supplémentaires au parlement, plutôt que de réduire les effectifs de ses services. Au lieu de cela, il n'a cessé de montrer depuis trois ans que l'étranger ne lui sert que de fonds de commerce électoral, afin d'attiser les peurs des citoyens. Et leur faire croire que, en favorisant la précarité et en fermant davantage les frontières, l'harmonie régnera. Dans la plus grande des solitudes.

mercredi 30 août 2006

La gauche face à l'asile: «Il y a encore du travail»

Lire l'interview de Thomas Christen par Valérie de Graffenried dans le Temps - Suisse

Questions à Thomas Christen, secrétaire général du PS sur les votations asile/étrangers du 24 septembre.

Extrait:
Le sondage GfS publié vendredi démontre que les lois sur l'asile et sur les étrangers seraient aujourd'hui acceptées par respectivement 54% et 59% des votants. Mais surtout, il souligne que seuls 51% de vos sympathisants sont prêts à vous suivre pour les combattre. De quoi vous inquiéter, non?

Thomas Christen: Je ne nie pas qu'il y a encore du travail. Que 30% de nos sympathisants s'apprêtent à adopter ces lois, comme le laisse entendre le sondage, est un chiffre beaucoup trop haut. Mais relativisons les choses: il s'agit du premier sondage depuis la rentrée politique et la campagne est encore à ses débuts. Il reste encore quatre semaines: tout peut donc changer. Nous sommes confiants: une large majorité de notre électorat nous suivra le 24 septembre.

- Mais en 1999 déjà, lors de la votation sur l'actuelle loi sur l'asile, 46% de vos sympathisants l'avaient soutenue contre la recommandation de votre parti. N'êtes-vous pas parvenus à tirer des leçons de ce problème de mobilisation?

- Ce n'est pas comparable. Les lois sur lesquelles nous allons voter dépassent vraiment les bornes. Mais nous sommes conscients qu'il y a encore beaucoup d'efforts à fournir pour démontrer pourquoi ces lois sont inutiles, inhumaines et coûteuses. Nous estimons surtout qu'avec ces lois, on risque de renvoyer des personnes persécutées dans leur pays, sans pour autant mieux lutter contre les abus.

A l'écoute des clandestins avec Ruth Dreifuss

Lire l'article de Sylvie Arsever dans le Temps - Eclairages

Ils paient des impôts, l'AVS. Mais n'ont pas de papiers. On parle peu d'eux avant une votation qui pourtant les concerne aussi. Reportage avec l'ex-conseillère fédérale.

Extrait:
...Aider ces illégaux est indissociable, pour Ruth Dreifuss, du combat contre les deux lois sur l'asile et les étrangers. Cette dernière, en excluant les travailleurs non qualifiés d'origine extra-européenne, «fait l'impasse sur les besoins de l'économie» et crée des clandestins. Car les emplois occupés par les clients du SIT répondent à des besoins bien réels. De l'agriculture. Des familles, auprès desquels les clandestines jouent le rôle de nounous, d'aides soignantes et d'accompagnatrices pour les personnes âgées et/ou handicapées.

L'ombre qui entoure cette zone grise fait du tort à tout le monde, analyse l'ancienne conseillère fédérale: à ceux qui y travaillent et aux autorités, qui n'ont pas prise sur la situation. «Quand on légalise, on maîtrise.» Et légaliser est possible, commente Ismaïl Türker: dans l'hôtellerie et la restauration, la proportion de clandestins est tombée à moins de 10%. C'est pourquoi, entre deux débats contradictoires sur l'asile, Ruth Dreifuss continue à venir aux permanences du SIT.

Le PDC Jura dit non !

Lois sur l'asile et les étrangers: le PDC Jura recommande le non

Contrairement au parti national, le PDC Jura recommande de voter non à la révision de la loi sur l'asile et celle des étrangers le 24 septembre prochain. Réunie mardi soir, la présidence du parti cantonal l'a décidé à sa majorité.
"Bien que ne niant pas la nécessité de réformes dans le domaine de l'asile, la présidence a jugé que les mesures proposées ne respectent pas la tradition humanitaire de la Suisse, notre engagement chrétien et le respect des droits humains", écrit le PDC Jura dans un communiqué.

mardi 29 août 2006

Débat sur les nouvelles lois sur l'asile et sur les étrangers sur RTN

Ecoutez le débat sur RTN

RTN a organisé hier soir un débat sur deux des trois objets sur lesquels le peuple suisse devra se prononcer le 24 septembre : les nouvelles lois sur l'asile et sur les étrangers. Ce débat a eu lieu en direct du comptoir du Val-de-Travers, à Fleurier, en présence de quatre invités. De gauche à droite : le député libéral Philippe Gnaegi, le conseiller national UDC Yvan Perrin, la conseillère nationale écologiste Francine John-Calame et le directeur du Centre social protestant, François Dubois, également président de l'Association «Stop au durcissement des lois sur l'asile et sur les étrangers».

Débat sur l'asile à Radio Public

Votations fédérales du 24 septembre: la loi sur l'asile vue par les opposants

Invité: Christian Leyvrat, conseiller national socialiste fribourgeois et ancien juriste au sein de l'Organisation suisse d'Aide aux Réfugiés
Ecoutez le débat entre Christian Leyvrat et les auditeurs

La Suisse aura-t-elle la loi sur l'asile la plus dure du monde ?

La Suisse a-t-elle vraiment la loi la plus dure en Europe en matière d'asile ?

Si les Suisses disent OUI le 24 septembre prochain à la nouvelle loi sur l'asile, ils doteront le pays de l'un des dispositifs les plus restrictifs d'Europe. Cela dit, les comparaisons sont difficiles à faire entre les Etats. Par Nicole Lamon.

Ecoutez l'émission du journal du matin

Vallorbe, porte d'entrée de la Suisse

Qu'ils viennent d'Afrique ou d'ailleurs, ils ont laissé leur pays, parfois leur famille, pour tenter l'aventure en Europe. Pour certains d'entre eux, le chemin passe par Vallorbe, l'une des portes d'entrée en Suisse pour les requérants d'asile.


Ils sont plus d'une centaine à vivre un mois ou deux, au Centre d'enregistrement de cette ville, en attendant que l'administration statue sur leur sort.

Derrière la procédure, il y a aussi, parfois, des drames humains.
Ecoutez l'émission 15 minutes

Le choc pétrolier de 1973 à l'origine de la crise des politiques d'asile et d'immigration

Lire l'opinion de Jean-Pierre Hocké ancien Haut Commisaire du HCR dans le Temps - Eclairages
Depuis trente ans, les gouvernements européens refusent obstinément de modifier des politiques erronées, faisant abstraction aussi bien de l'évolution des besoins en main-d'œuvre de l'économie que de la migration internationale.

Blocher s'explique dans le Temps

Lire l'article de Denis Masmejan et Valérie de Graffenried dans le Temps - Suisse

Christoph Blocher justifie le durcissement de la politique d'immigration. Rencontre avec un homme accusé d'avoir bâti son succès sur le ressentiment envers les étrangers. Il se dit aujourd'hui prêt à accepter plus de «vrais réfugiés» si les abus sont mieux combattus.

Immigration une autre piste

Lire la chronique de Jacques Pilet dans L'Hebdo

Extrait:
Car l’immigration est un phénomène que rien n’arrêtera. Il n’est pas négatif en soi. Ce sont les abus, les dérives de toutes sortes, au départ et à l’arrivée, qui le rendent problématique. Nos sociétés développées ont besoin de sang neuf. Et les pays pauvres profitent des ressources que leur envoient leurs fils exilés. Selon l’ONU, ce flux du Nord au Sud représente aujourd’hui plus de 230 milliards de dollars.

A la lumière de ces réalités, inutile de dire que le projet de loi sur les étrangers soumis à référendum en Suisse est minable: il interdit de fait toute possibilité de travail légal aux non-Européens.

lundi 28 août 2006

300 km à pieds pour dire 'deux fois non'


Bluewin Infos - Votations du 24.09: une marche de 300 km pour dire 'deux fois non'
Sans le travail des migrants, la Suisse ne serait pas ce qu'elle est. Pour le rappeler et dire "non" aux lois sur l'asile et les étrangers, plusieurs associations de communautés étrangères organisent une marche de 300 kilomètres entre St-Gall et Berne.
Plus d'info sur le site
www.2xNein-Marsch.ch

Loi sur l’asile: ce qui va changer

24 Heures consacre aujourd'hui deux pleines pages aux lois sur l'asile et les étrangers, dans deux articles qui décrivent les conséquences qu'aurait un double oui au durcissement de ces lois.

La loi sur l’asile révisée, soumise au peuple le 24 septembre prochain, étend notamment la suppression de l’aide sociale à tous les requérants dont la demande a été rejetée, et tenus de quitter la Suisse (photo Thierry Grobet)

Le peuple se prononce le 24 septembre sur un durcissement de la loi. Tour d’horizon des modifications.

La tradition humanitaire de la Suisse est-elle en danger? C’est ce que pensent les op­posants à la modification de la loi sur l’asile, soumise au peuple le 24 septembre. Les partisans assu­rent le contraire, et soulignent la nécessité de lutter contre les abus. Dans le premier camp, on trouve la gauche, ainsi que des représentants d’oeuvres d’entraide et des Eglises. La droite, elle, part en ordre dispersé. Les radicaux, les démocrates-chrétiens et l’UDC soutiennent la révision, à l’instar du Conseil fédéral. Mais un comité bourgeois, emmené par le con­seiller national Claude Ruey (PLS, VD), s’oppose au durcissement. La bataille est sans merci, jusqu’à l’in­térieur des familles politiques. Fait inédit, l’ancienne conseillère fédé­rale socialiste Ruth Dreifuss est descendue dans l’arène: elle pré­side le comité d’opposants.

Blocher brouille les cartes

C’est Ruth Metzler qui a donné, en 1999, le coup d’envoi de la révi­sion soumise au peuple. Le Conseil national s’est penché sur le texte pour la première fois en mai 2004. A l’époque déjà, les débats avaient été vifs, les durcissements étant jugés excessifs par les uns, insuffi­sants par les autres. Mais ce n’était qu’un début… L’intervention de Christoph Blocher, devenu chef du Département de justice et police, allait encore brouiller les cartes. En été 2004, le conseiller fédéral UDC a en effet proposé d’introduire de nouveaux durcissements dans le projet en cours, comme la suppres­sion de l’aide sociale pour tous les requérants déboutés ou la déten­tion pour insoumission. Les autres Sages l’ont suivi en partie, au terme d’une procédure de consultation accélérée.

Le Conseil des Etats, sensible aux arguments du chef de Justice et police, s’est montré encore plus sévère et, en septembre 2005, le National a accepté de maintenir le cap. L’admission pour raisons hu­manitaires, que le Conseil fédéral voulait notamment octroyer aux personnes fuyant une guerre civile, n’a pas résisté à ce vent répressif. La suite est connue: la gauche a lancé un référendum, et le peuple tranchera le mois prochain.

CAROLINE ZUERCHER


Seconde partie de l'article
Troisième partie de l'article
Quatrième partie de l'article
Cinquième partie de l'article
Sixième et dernière partie de l'article

L'asile en 2005: quelques chiffres


  • DEMANDES 10 061 pesonnes (*) ont demandé l’asile en Suisse en 2005, soit une baisse de 29,4% par rapport à 2004.
  • PAPIERS D’IDENTITÉ 26% des requérants ont présenté un passeport ou une carte d’identité.
  • CAS TRAITÉS 12 695. Une décision de non-entrée en matière a été rendue pour 2530 demandes. L’asile a été octroyé à 1497 reprises alors que 6965 décisions négatives sont tombées. Les admissions provisoires, elles, ont été au nombre de 4436.
  • DÉPARTS Total, avec les sorties des statistiques: 13 879 départs.
  • RECOURS Selon les chiffres de l’ODM, environ la moitié des décisions font l’objet d’un recours et, dans 12,5% des cas, le verdict est modifié. L’OSAR, pour sa part, compte également les recours partiellement acceptés et obtient un chiffre de 27%.

* à noter: un homme, sa femme et leurs trois enfants = 5 demandes d'asiles ( + 1 nouvelle demande pour chaque nouveau-né)

Nouveaux exclus de l’aide sociale

Les requérants frappés d’une décision de non-entrée en matière (NEM) reçoivent déjà actuellement, au lieu de l’aide sociale habituelle, un soutien d’urgence fourni essentiellement en nature (des repas, un lit…). Comme le précise le professeur Giorgio Malinverni, cette règle se base sur l’article 12 de la Constitution qui assure à toute personne un minimum vital. La nouveauté: cette suppression sera étendue à tous les requérants dont la demande a été rejetée et tenus de quitter la Suisse. Actuellement, ils représentent une population d’environ 10 000 personnes.
Cette exclusion se fera toutefois par étapes, négociées entre les cantons et la Confédération, précise l’ODM.
Les cantons étant responsables de gérer ce système d’urgence, le traitement réservé aux NEM n’est pas le même partout en Suisse. Les sommes données par la Confédération aux cantons font actuellement l’objet de discussions. Mais on peut tout de même résumer les choses ainsi: l’aide sociale est déjà une prestation basse. Celle d’urgence permet seulement d’assurer la survie et n’est pas faite pour durer.
Selon l’UDC, ces restrictions sont logiques, car elles touchent des personnes qui commettent des abus. Mais ses opposants estiment que la Suisse risque de violer la Convention européenne des droits de l’homme et celle sur les droits de l’enfant. Si la loi est adoptée, ils déposeront certainement un recours contre des décisions concrètes en arguant qu’elles sont contraires au droit international. Giorgio Malinverni le confirme: on peut s’attendre à ce qu’une instance internationale doive se prononcer sur certains points controversés. Et au final, les décisions des juges pourraient encore modifier la pratique helvétique.


C. Z. pour 24 Heures

Jusqu’à deux ans en détention

Les mesures de contrainte, qui peuvent être utilisées contre ceux qui refusent de quitter la Suisse, sont renforcées dans la nouvelle loi sur les étrangers. Lorsqu’un renvoi a été décidé, une détention en vue du refoulement pourra être ordonnée, avec l’accord de l’autorité judiciaire cantonale, jusqu’à 18 mois au plus (contre neuf actuellement). Si le requérant débouté ne collabore pas et rend du même coup son renvoi impossible (par exemple parce qu’il ne révèle pas son pays d’origine), il pourra être détenu, sous réserve de l’accord de l’autorité judiciaire, jusqu’à 18 mois: c’est une nouvelle possibilité, appelée détention pour insoumission. Au total, la durée passée derrière les verrous ne pourra pas excéder deux ans. Les mineurs de 15 à 18 ans pourront aussi subir ce traitement, avec un maximum d’une année. Si la personne détenue accepte de quitter la Suisse, elle pourra être libérée immédiatement.
Dix-huit mois: à titre de comparaison, une toxicomane récidiviste avait écopé, en juillet 2003, d’une telle peine de prison ferme pour avoir commis plusieurs dizaines de cambriolages à Genève (pour un butin d’environ 13 000 francs).
Les opposants à la réforme s’interrogent sur la conformité de ces mesures aux conventions internationales. Et selon Terre des Hommes, ce point est l’un de ceux qui n’est pas compatible avec la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant. Autre argument, celui du prix de telles détentions. La Confédération souligne pour sa part que les moyens dont les autorités disposent actuellement sont insuffisants pour amener les requérants déboutés à quitter le pays.

C.
Z.

Un passeport ou rien!

La révision exige la présentation dans les 48 heures de «documents de voyage ou de pièces d’identité», soit un passeport ou une carte d’identité. Actuellement, ce délai existe déjà, mais les autorités se montrent plus souples sur les pièces acceptées et un permis de conduire, par exemple, peut être admis.
Autre durcissement: aujourd’hui, des indices de persécution permettent d’échapper à cette exigence.
Dans le futur, la qualité de réfugié devra être établie.
Explication du professeur de droit constitutionnel Giorgio Malinverni: une présomption ne suffira plus. Les autorités devront avoir la conviction, dès la première audition au centre d’enregistrement, qu’une personne est persécutée dans son pays.
Ces changements inquiètent l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés, qui souligne que les personnes persécutées sont précisément souvent dépourvues de papiers. Les défenseurs de la nouvelle loi rétorquent qu’un grand nombre de requérants ne présentent pas de pièce de légitimation officielle ou font de fausses déclarations dans le but de retarder leur renvoi si leur demande est rejetée.
La compatibilité de ces nouvelles règles avec la Convention de Genève sur le statut des réfugiés fait l’objet d’un débat, deux éminents professeurs ayant émis des avis opposés.
C.
Z.

Mieux intégrer les personnes admises provisoirement

ADMISSION PROVISOIRE
Ce statut, qui existe déjà aujourd’hui, prévoit qu’un renvoi ne peut être exigé s’il met une personne en danger, par exemple en cas de guerre dans son pays, de violence généralisée ou de nécessité médicale. En fait, même s’il touche les demandeurs d’asile, ce point est réglé en partie dans la loi sur les étrangers.
Malgré le terme «provisoire», environ 90% des personnes concernées restent finalement en Suisse. Du coup, la Confédération veut favoriser leur intégration: si l’étranger ne
dépend pas de l’aide sociale et dispose d’un logement suffisamment grand, le regroupement familial sera possible trois ans après le prononcé de l’admission provisoire. Et après cinq ans, les cantons devront examiner la possibilité d’octroyer une autorisation de séjour annuelle.
Autre élément, la Confédération ne garantira pas l’aide sociale à ces personnes plus de sept ans.
Aux cantons, ensuite, de prendre le relais!
Ces changements sont présentés comme des progrès par l’administration fédérale, mais les
défenseurs des réfugiés critiquent notamment le fait que le regroupement familial ne peut pas être effectué plus tôt, pour permettre à ces étrangers de sauver leurs proches, restés par exemple dans des zones en conflit.
CAS DE RIGUEUR Derrière ce terme, se cachent les autorisations de séjour données à des personnes vivant dans notre pays depuis un certain nombre d’années et particulièrement bien intégrées, indépendamment de la procédure d’asile. Entre 2002 et 2004 en Suisse, les cantons avec l’approbation de la Confédération ont donné quelque 2000 permis de ce type.
Actuellement, Berne vérifie les procédures d’asile pendantes depuis quatre ans pour déterminer s’il faut envisager une telle admission. Désormais, seuls les cantons pourront demander cette reconnaissance, et après cinq ans. Si l’UDC estime que ces derniers sont les mieux placés pour juger de situations individuelles, l’OSAR redoute des inégalités de traitement. Par exemple, le canton de Vaud a demandé des autorisations dans 1784 cas, contre une seule pour Zurich.
C. Z.

Immigration sélective

Loi sur les étrangers: une immigration sélective au bénéfice des Européens

La nouvelle législation divise les étrangers en deux groupes: les Européens et les autres (Keystone)

DEUX CERCLES La nouvelle loi sur les étrangers fait moins débat que celle sur l’asile. Elle amène toutefois des changements de taille. L’essentiel en bref.

La législation suisse sur les étrangers avait bien besoin d’être dépoussié­rée. Sur ce point au moins, tout le monde est d’accord. L’ac­tuelle Loi sur le séjour et l’éta­blissement des étrangers (LSEE) date en effet de 1931. Une première révision totale avait été rejetée de justesse par le peuple en 1982.
Certes, cette loi-cadre a été régulièrement actualisée et pré­cisée à coups d’ordonnances. Mais cela pose un problème de légitimité, puisque le Conseil fédéral édicte ces dernières sans avoir besoin de l’aval du Parlement. C’est pourquoi, alors que la loi sur l’asile (LAsi, lire ci-contre) ne subit qu’une révision partielle, la LSEE est totalement révisée. Par la même occasion, elle change de nom, pour s’appeler plus sim­plement Loi sur les étrangers (Letr).
Et les sans-papiers?

Cette nouvelle législation di­vise les étrangers en deux grou­pes: les Européens et les autres. La politique des deux cercles est ainsi ancrée dans la loi. C’est ce point qui est au coeur du débat. Alors que l’actuelle LSEE concerne tous les non­ Suisses, la Letr ne s’applique qu’aux ressortissants de pays extra-européens. Quant aux membres de l’Union Euro­péenne (UE) et de l’AELE, leur sort est réglé par l’accord sur la libre circulation des personnes. Autre reproche fait au projet: il ne règle pas le problème des sans-papiers et de la main­d’oeuvre
peu qualifiée issue de pays hors UE/AELE déjà pré­sente en Suisse.
Sept ans de travaux

La LEtr, mise en chantier en 1998, a été adoptée par le Parle­ment en décembre 2005. Plus de 200 amendements ont été apportés par le Conseil natio­nal. Les fronts sont en gros les mêmes que pour la LAsi. La droite est cependant moins di­visée sur la LEtr. Ainsi, les radi­caux genevois y sont favora­bles, alors qu’ils s’opposent à la LAsi. Dans le camp opposé, la décision des socialistes de ne pas lancer de référendum con­tre la LEtr en a surpris plus d’un.


ANTOINE GROSJEAN
pour 24 Heures


Précarisation accrue

La précarisation accrue de la population extra-européenne inquiète les opposants

PERMIS DE TRAVAIL LIMITÉ
Le principal changement réside dans l’octroi des permis de travail. De nouvelles restrictions sont introduites pour les ressortissants de pays extra-européens, soit plus de 40% des migrants vivant aujourd’hui en Suisse. Ainsi, seuls les cadres, les spécialistes, les chefs d’entreprise, les personnalités scientifiques, culturelles ou sportives, ou encore les cadres transférés au sein de multinationales, pourront obtenir une autorisation. Ce point est l’un des plus controversés du projet.
Les opposants à la LEtr affirment que ce dont la Suisse a le plus besoin, c’est justement de main-d’oeuvre étrangère peu qualifiée, notamment dans les secteurs de l’hôtellerie, de l’économie domestique et de la construction, qui seront dès lors obligés de faire appel aux sans-papiers. D’où la crainte d’une précarisation accrue de la population étrangère non européenne, qui pousserait des dizaines de milliers de personnes dans la clandestinité.
PAS DE RÉGULARISATION
C’est d’ailleurs un des autres reproches faits au projet de loi: rien n’est prévu pour régler le cas des sans-papiers déjà présents, et qu’un rapport de l’Office fédéral des migrations paru en 2005 estime à près de 100 000. Idem pour les 5600 employés de maison dont Genève avait en vain demandé la régularisation.
Mais même les personnes hautement qualifiées devront franchir plusieurs obstacles avant de pouvoir venir travailler en Suisse. Comme l’actuelle LSEE, la LEtr précise que leur admission doit servir les intérêts économiques du pays. Ceux-ci sont déterminés par le Conseil fédéral, qui, comme il le fait déjà, fixe des contingents en fonction de la situation sur le marché du travail. Aujourd’hui, pour les non-Européens, le nombre de permis de courte durée limités à une année (permis L) est limité à 5000 par année, et à 4000 pour les permis de longue durée renouvelable chaque année (permis B).
La priorité, qui jusque-là est donnée aux Suisses, est élargie aux membres de l’UE.
L’employeur qui souhaite embaucher un étranger provenant d’un pays non-membre de l’UE devra prouver qu’aucun travailleur correspondant au profil requis n’a pu être trouvé en Suisse ou au sein de l’UE/AELE.
ENTRÉE EN SUISSE RESTREINTE
L’étranger entré légalement en Suisse pour un séjour temporaire qui dépose ultérieurement une demande d’autorisation de séjour durable devra attendre la décision à l’étranger.
Actuellement, il peut attendre en Suisse la fin de la procédure. En revanche, la présentation d’un extrait de casier judiciaire n’est plus systématiquement exigée.
PLUS DE PERMIS C AUTOMATIQUE
Pour l’instant, le permis d’établissement (permis C), dans la quasi-totalité des cas, est octroyé automatiquement après dix ans passés en Suisse. Avec la LEtr, il sera remis après seulement cinq ans, comme c’est déjà le cas pour les Européens.
Mais à l’avenir, le candidat devra prouver qu’il a fait l’effort de s’intégrer dans son nouveau pays. Dans ce but, on pourra exiger de lui qu’il suive des cours dans l’une des langues nationales ou des cours d’intégration. Ce seront dorénavant les cantons qui seront chargés de pratiquer un examen approfondi afin d’évaluer si cette intégration est réussie. Ce qui fait redouter aux adversaires de la LEtr des décisions arbitraires et de fortes disparités d’un canton à l’autre.
En outre, le permis C ne sera octroyé — dans le cadre du regroupement familial — qu’aux enfants de moins de 12 ans, au lieu de 14. Même si un des conjoints est Suisse.
A. G.

L’intégration est obligatoire

Pour la première fois, les principes d’intégration sont fixés dans une loi. L’octroi d’une autorisation de séjour pourra désormais être lié à l’obligation de suivre des cours de langue et des cours d’intégration. Cela s’applique aussi dans le cadre du regroupement familial.
L’obligation de participer à un cours peut être fixée dans une convention d’intégration. Mais dans le camp référendaire, on dénonce là encore le flou de cette notion, laissant libre cours à l’arbitraire des décisions émanant des fonctionnaires. On estime en outre que les mesures proposées par l’Etat sont insuffisantes, notamment en ce qui concerne l’offre de cours.
La LEtr n’apporterait aucune amélioration de ce point de vue. D’ailleurs, ses opposants se demandent pourquoi il est plus important de favoriser l’intégration des non-Européens que celle des Européens désirant s’installer en Suisse. Cette idée d’exiger des preuves d’intégration est très en vogue en Europe. La France, entre autres, prévoit aussi d’inclure de telles conditions à l’admission des étrangers.
Le seul point qui fasse l’objet d’améliorations sans contrepartie, est celui de la mobilité professionnelle et géographique à l’intérieur de la Suisse. Les détenteurs d’un permis de longue durée (permis B) pourront à l’avenir changer d’emploi ou de canton de domicile sans demander d’autorisation.

A.
G.

Importantes restrictions au regroupement familial

LA FAMILLE SUR LA SELLETTE
Alors qu’actuellement, les enfants jusqu’à 18 ans peuvent sans autre rejoindre leurs parents installés en Suisse, à l’avenir cela devra se faire dans les cinq ans suivant l’arrivée des parents. Ce délai sera même raccourci à une année si l’enfant a plus de 12 ans. Les partisans de la révision estiment qu’à partir de cet âge, l’apprentissage du français ou de l’allemand devient difficile.
Dans la première mouture de la loi, ces restrictions valaient aussi pour les Suisses ayant une famille étrangère. Qui étaient donc moins bien lotis que les ressortissants de pays de l’UE/AELE, puisque ceux-ci peuvent faire venir leurs enfants de moins de 21 ans sans délai. Mais suite aux
récriminations de la société civile, le Parlement et le Conseil fédéral ont décidé d’appliquer aux membres étrangers (hors UE/AELE) de la famille d’un Suisse les mêmes règles que celles prévues dans l’accord sur la libre circulation des personnes.
En outre, pour avoir droit au regroupement familial, un couple devra vivre sous le même toit, même si l’un des deux conjoints est Suisse.
Jusqu’à présent, la seule preuve juridique du mariage suffisait. Pour les opposants à la loi, cette mesure représente une ingérence dans la sphère privée. Si le couple se sépare avant trois ans, le conjoint et les enfants étrangers n’auront plus droit à la prolongation de leur permis de séjour et devront quitter la Suisse. Une
exception peut être admise, notamment pour les victimes de violence conjugale.
En revanche, ilyaunléger mieux pour les titulaires d’une autorisation de courte durée (permis L) et les étudiants, qui auront désormais le droit de faire venir leur famille.

MARIAGES SUSPECTÉS
Les mariages blancs sont dans le collimateur de la LEtr. Avec la nouvelle loi, les officiers de l’Etat civil seront autorisés à refuser de célébrer une union entre une personne de nationalité suisse et un étranger, s’ils soupçonnent qu’il s’agit d’un mariage de complaisance. La gauche et les détracteurs du projet considèrent cela comme une grave atteinte aux libertés individuelles, laissant la porte ouverte à l’arbitraire.
A. G.

Vos réactions

La campagne suscite de nombreuses réactions. Le courrier des lecteurs du 24 Heures en proposent plusieurs aujourd'hui. Sélection.
  • Voici celle de Monique et Michel Krayenbuhl de Lausanne:
"Une précarité accrue"
A propos de l’article intitulé «Dans l’impasse, les NEM végètent dans les couloirs du centre de Vennes» ( 24 heures du 11 août 2006):
On ne peut qu’être surpris par la dureté de la situation des personnes frappées d’une non-entrée en matière, dans l’oisiveté et proches de la misère. La seule préoccupation de l’autorité est celle de la sécurité.
Si la nouvelle loi sur l’asile est acceptée, un accueil semblable est prévu pour des personnes séjournant légalement en Suisse.Pratiquement sans argent, sans le droit de travailler, ni d’acquérir une formation, ni même de suivre des cours de français. Vie en hébergement collectif, ce qui signifie que, chaque soir, il peut y avoir d’autres personnes dans la chambre, parfois des enfants, souvent des pleurs et beaucoup d’angoisse partagée.Les conditions d’entrée en procédure deviendront tellement drastiques que beaucoup de cas seront écartés rapidement. Si, après quelques semaines, les requérants réussissent à réunir des éléments importants et déposent une demande de réexamen, il s’agira d’une procédure extraordinaire. Ils seront certes autorisés à rester en Suisse mais ne bénéficieront que de l’aide minimum dite d’urgence.
De tels recours extraordinaires sont souvent examinés très lentement et peuvent rester en attente durant des années. Les partisans de la nouvelle loi tentent de faire croire que l’aide d’urgence est réservée aux personnes qui refusent de partir et n’est donc accordée que sur de brèves durées. Mais ce n’est pas ce que dit la loi.
  • Et celle de Jaqueline De Luca, présidente d’un conseil de paroisse, Lausanne:
"La solidarité pénalisée"
Les lois sur les étrangers et sur l’asile, au sujet desquelles nous voterons le 24 septembre, m’inquiètent. Je pense en particulier aux nouvelles sanctions pénales. Qu’on ait voulu renforcer la lutte contre les emplois au noir ou les maffias qui exploitent la misère de ceux qui fuient, j’y souscris pleinement.Mais je connais de nombreuses personnes qui agissent dans la tradition humanitaire suisse, souvent en raison de leur foi. Elles offrent des repas ou des habits, des cours élémentaires de français, des consultations, des démarches juridiques ou des soins médicaux. Elles offrent écoute et chaleur humaine.Des membres de ma paroisse ont oeuvré pour l’accueil de personnes qui cherchaient un refuge provisoire. Tous agissent non par bravade à l’encontre des autorités, mais par humanité, conscients que la dureté de certaines décisions ne résout rien et crée des situations dramatiques.Si les lois sont acceptées, chacun de ces amis pourra faire l’objet de poursuites pénales. Il ne pourra plus invoquer ses mobiles honorables qui actuellement le protègent de toute sanction.Tout au plus son cas sera-t-il considéré «de peu de gravité» s’il s’engage à ne plus recommencer. Les sanctions sont extrêmement sévères: un an de prison ou 20 000 francs d’amende pour celui qui agit seul; cinq ans et 500 000 fr.d’amende pour ceux qui agissent en groupe.Qu’est-ce qui me garantit que les dispositions visant les maffias ne seront pas appliquées à mes amis, qui agissent eux aussi en groupe, notamment dans le cadre des Eglises?

Interview de Blocher dans Migros Magazine

MIGROS MAGAZINE

MIGROS MAGAZINE donne la parole à Blocher

Lire cet éditorial de Joël Guiller

Dans le genre position courageuse, le "rédacteur en chef" du prospectus de la Migros fait très fort...Ou alors il cherche un poste de chargé de la communication à l'UDC.

Plus le mensonge sur le nombre d'abus est gros, plus il passe


L'étrange campagne de Christoph Blocher

Voir la séquence de l'émission Mise au Point.
Christoph Blocher harangue la foule et aligne les arguments mensongers (par exemple en disant que 83% des demandes d'asile sont abusives) mais refuse le débat contradictoire.

Que deviendraient asile et solidarité en cas de oui ?

Lire dans le Journal du Jura en ligne
Mobilisées à l'approche de la votation populaire sur les lois sur l'asile et les étrangers, les associations biennoises d'aide et d'accueil se sont réunies hier pour des Salons de la migration.
Céline Latscha
Bienne, dernier week-end du mois d'août: au programme, kermesse de la vieille ville et pluie battante pour certains, interrogations et débats sur l'intégration pour les autres. Les autres, ceux qui ne sont pas «forcément d'ici», et qui tremblent déjà à l'idée de voir le peuple accepter les nouvelles lois sur l'asile et les étrangers le 24 septembre prochain.
Car si abus il y a et si abus est un mot à la mode, la cinquantaine de personnes qui s'étaient réunies dimanche sur le coup des 13 h 30 à la salle Farel démontrait à quel point les interrogations que soulève une telle votation sont plus complexes et plus douloureuses qu'il n'y paraît au premier abord.
Chaperonnées par le Comité 2x NON aux lois contre l'asile et les étranger-e-s Bienne et région, les différentes associations telles que Multimondo et Effe, pour ne citer qu'elles, se sont retrouvées à la Salle Farel hier en début d'après-midi. Des «salons» de discussion, chacun abordant un thème différent, ont ensuite été organisés dans leurs locaux respectifs.

S'asseoir et en parler
Ces «salons où l'on causait» ont été des endroits de partage où chacun a osé, nationalités et sexes confondus, témoigner de son parcours de migrant. Encadrés par les modérateurs, modératrices et invités, les participants ont évoqué leur expérience, que ce soit en abordant le thème du mariage et de la famille, celui des trajectoires de vie et d'intégration, la difficile problématique des sans-papiers, l'incontournable question du travail ici en Suisse ou encore l'épineux sujet qu'est l'éventuel retour au pays, après avoir connu l'exil. Un retour volontaire ou forcé, que chacun vit et interprète différemment.
S'embarquer pour débarquer... où?
En effet, certains ont pu, ou plus certainement dû, quitter leur terre et leurs pairs sans oser se retourner. Pour aborder ces départs déchirants, les migrants ont ensuite eu l'occasion de rejoindre le bateau «boat people», qui sillonne les étendues d'eau helvétiques en réunissant à son bord une quarantaine de personnes, des étrangers, des requérants d'asile marqués du sceau de non-entrée en matière, mais également des militants, et une jolie brochette d'artistes togolais, musiciens pour la plupart, qui donne à la manifestation un caractère ludique, même si le sujet est plus que douloureux.
Les quelque cinquante personnes qui ont participé aux salons de la migration ont pu rejoindre en bus le port de petite batellerie de Nidau, où avait accosté dès le milieu de l'après-midi le fameux «boat people». Chaque prise de parole de personnalités fortement impliquées dans la lutte contre le racisme, tels que Daniel Bolomey, d'Amnesty Suisse, Boël Sambuc, de la Commission contre le racisme, Jacques Neyrinck, politicien et professeur à l'EPFL ou encore l'écrivain Peter Bichsel. Tous, à leur manière, ont témoigné de leur refus d'une loi qui ne peut correspondre à la définition même de la Suisse, qui s'est, en tout temps, voulue terre d'accueil et d'asile.

dimanche 27 août 2006

Asile: la brochure du gouvernement est mensongère

Ecoutez l'interview de Claude Ruey qui est indigné par les omissions et approximations de la brochure du gouvernement
Le comité bourgeois, opposé au durcissement de la loi sur l'asile, critique vivement la brochure d'explication du Conseil fédéral. Plusieurs points centraux présentés sont faux, estiment-ils dans une lettre ouverte. Interview de Claude Ruey, libéral vaudois et responsable romand du comité bourgeois opposé aux lois sur l'asile et les étrangers.

Loi sur l'asile: bourgeois critiques sur la brochure de votation

Bluewin Infos - Loi sur l'asile: bourgeois critiques sur la brochure de votation
Le comité bourgeois opposé au durcissement de la loi sur l'asile a émis de fortes critiques sur la brochure d'explication du Conseil fédéral. Plusieurs points centraux présentés sont faux, estiment les signataires dans une lettre ouverte

Voici le texte intégral de cette dépêche:
Les citoyens sont en droit d'obtenir sur le vote une information appropriée de la part du Conseil fédéral, écrivent le conseiller aux Etats Dick Marty (PRD/TI) et ses homologues du Conseil national Chiara Simoneschi (PDC/TI), Rosmarie Zapfl (PDC/ZH) et Claude Ruey (PLS/VD).

Les parlementaires reprochent à l'exécutif d'"embellir" les conditions d'entrée en Suisse. La brochure explique ainsi que la non-entrée en matière pour les personnes n'ayant pas de papiers d'identité ne vaut pas dans les cas où il existe des "indices de persécutions".

Cela n'est pas vrai, estime le comité: le parlement a effacé cette formulation de la loi. Elle prévoit maintenant que le fonctionnaire réalise un "effort de clarification supplémentaire" pour entrer en matière, ce qui complique la situation pour le réfugié. Une expertise a montré que cette formulation est en contradiction avec la Constitution et la Convention sur les réfugiés.

Un autre point controversé porte sur l'exclusion de l'aide sociale: il sera tenu compte de la situation des personnes les plus vulnérables, explique le Conseil fédéral. Selon les signataires, cette exception n'est pas inscrite dans la nouvelle loi.

Le Conseil fédéral minimise en outre la dureté des dispositions actuelles qui régissent la non-entrée en matière pour les réfugiés sans papiers. Selon la brochure, il suffit d'un carnet scolaire pour établir aujourd'hui une identité. En réalité, l'Office fédéral des réfugiés n'entre en principe en matière que sur des documents avec photos.

Même constat pour les dispositions actuelles en matière d'admissions provisoires après une catastrophe naturelle, qui seraient mieux réglées par la nouvelle loi. Or personne n'a encore été admis provisoirement en raison d'un cataclysme dans son pays.

La brochure évoque la détention préventive en vue de l'expulsion des mineurs de plus de 15 ans. Il ne mentionne pas les poursuites contre les mineurs de moins de 15 ans, qui sont pourtant explicites dans la loi. Le Conseil fédéral omet enfin de mentionner dans le livret les doutes quand à la conformité de la nouvelle loi aux droits de l'homme et à la Constitution.

10 francs par jour, le salaire de l'absurdité

Lire cet article de Ludovic Rocchi dans le Matin - 10 francs par jour, le salaire de l'absurdité
Le régime draconien imposé aux requérants que la Suisse veut voir déguerpir est appelé à se généraliser. Au Foyer de la Poya, Boubacar, Justin et les autres s'incrustent dans le désespoir

samedi 26 août 2006

"Mon ami étranger" douze paroles de Fribourgeois

Lire dans le Temps la présentation d'un livre de témoignages sur les relations entre Fribourgeois et migrants
Ce livre met en scène des personnalités fribourgeoises qui témoignent de leur expérience au quotidien avec des migrants. Objectif: montrer que la coexistence est possible.

Sondage SSR

Selon les résultats de l'enquête commandée à l'institut gfs.bern et publiée par la SSR, si la votation avait lieu aujourd'hui, les Suisses accepteraient la révision de la loi sur l'asile par 54%. Parmi les personnes interrogées, 27% se sont prononcées contre et 19% étaient encore indécises.

Lire tous l'article sur le site Bluewininfo

La part des indécis reste assez élevée, avec respectivement 19% pour l'asile et 18% pour les étrangers. Les Romands se démarquent en étant seulement 45% à soutenir la loi, contre 62 % pour les Suisses Italiens et 57 % pour les Alémaniques.
La révision de la loi est moins soutenue en Suisse romande


















Selon les résultats de l’enquête commandée à l’institut gfs.bern et publiée par la SSR hier, si la votation avait lieu aujourd’hui, les Suisses accepteraient la révision de la loi sur l’asile par 54%. Parmi les personnes interrogées, 27% se sont prononcées contre et 19% étaient encore indécises.Les résultats sont encore plus clairs concernant la nouvelle loi sur les étrangers: 59% de «oui», 23% de «non» et 18% d’indécis. La participation ne dépasserait pas les 36%, ce que gfs explique par le fait que le public ne s’est pas encore fait une opinion définitive. La Suisse romande est la seule région où le durcissement de la législation sur l’asile ne disposerait pas d’un soutien dépassant la majorité absolue: la révision ne l’emporterait que par 45% contre 29% d’avis contraire. La Suisse italienne - 62% de «oui» et 25% de «non» - et la Suisse alémanique - 57% de «oui» et 27% de «non» - se rangeraient davantage derrière le projet. (ATS)

Abus en matière ... de slogan



Dans la rubrique "Réflexions" du 24 Heures, la parole est donnée à M. Philippe Baud, qui analyse un slogan souvent entendu au cours de cette campagne et qui "l'agace tout particulièrement, tant il est perfide": Aider les vrais réfugiés!

L’INVITÉ
Philippe Baud, prêtre

Analyses tendancieu­ses, statistiques biai­sées, phrases perver­ses ne manquent pas dans un débat aussi tendu que celui qui concerne les lois sur l’asile et les étrangers. Parmi les slo­gans racoleurs, il en est un, trempé de bonne conscience, qui m’agace tout particulière­ment, tant il est perfide: Aider les vrais réfugiés! S’ilyena de vrais, c’est donc qu’il y en a de faux, et à moi qui ne suis pas du nombre – et n’en serai jamais – revient le droit d’en juger. Le tournant est pris en douceur, mais la vitesse une fois acquise, on peut se de­mander ce qu’il adviendrait d’un Etat où l’on s’entraîne­rait à distinguer les vrais ci­toyens des faux, les vrais Vau­dois des autres, les vrais chré­tiens, les vrais journalistes, les vrais travailleurs, les vrais ar­tistes, les vrais mâles, bref, les vrais tout-ce-que-vous-vou­drez, puisque vous vous tenez en dehors – cela va de soi – pour en décider. Tous les murs de séparation ne sont pas de béton, les plus décidés étant ceux de l’esprit. Confir­mation nous en est donnée par ces belles âmes emportées d’indignation victorienne « contre ceux qui abusent de notre tradition humanitaire ». Parlons-en!
Les religions ne sont donc pas seules à connaître des dérives apocalyptiques et sec­taires. Ceux qui pensent avoir de bonnes solutions pour le «développement durable» de l’humanitaire y succombent aussi bien, quand ils se lais­sent entraîner à définir un axe – du bien et du mal, fatale­ment – permettant de séparer l’humanité en deux groupes distincts: d’un côté les vrais, les purs, incarnant l’homme de demain, de l’autre les mas­ses corrompues et mensongè­res du vieil Adam.
Or la tradition chrétienne (puisque c’est elle, par la bande des sentiments et sans la nommer, que l’on convoque au débat) s’est toujours refu­sée à ce distinguo rédhibi­toire. Les paraboles du royaume de Dieu enseignent clairement que la séparation des brebis et des boucs ne saurait être prononcée tant que l’histoire déroule son cours, renvoyant donc chacun à rechercher en soi-même la part du vrai et du faux, du bon et du mauvais. Et comme il s’avère fort difficile de faire le tri en son propre jardin plus que dans le pré du voisin, avertissement est donné que l’on pourrait arracher le bon grain en prétendant ôter l’ivraie. Dans la Bible, le dis­cernement est considéré comme un don du Saint-Es­prit!
On admet, dans une dyna­mique du provisoire, que les meilleures volontés politiques ne peuvent avancer qu’au pas de choix toujours discutables et par conséquent discutés. Toute règle, même la plus gé­néreuse, connaît ses trans­gressions. Les gens de pouvoir sont exposés les premiers aux tentations: manipulation, corruption, dé­lits d’initiés. D’où l’honnê­teté et la rigu­eur requises. Reste que la tradition chré­tienne ne peut faire sienne une vision manichéenne de l’histoire, où la problémati­que se résumerait dans un conflit entre les forces du bien et du mal, dont elle serait mandatée à définir les frontiè­res. Il semble admis par tous que les Croisades n’aient pas été l’expression la plus trans­parente du message chrétien. Celui-ci souligne, au con­traire, que nous sommes les descendants d’«un araméen errant», tous «étrangers et voyageurs sur la terre». Dans la foulée, oserais-je dis­tinguer les vrais préjugés des faux?

vendredi 25 août 2006

Loi sur l'asile, une campagne personnelle

Lire dans le Temps l'article de Sylvie Arsever - Suisse
De retour du Kosovo, deux jeunes femmes utilisent Internet pour faire entendre leur voix en vue du 24 septembre.

Débat entre Rolph Bloch et Jürg Scherrer

Lire le compte rendu dans le Journal du Jura
Mercredi soir au CIP tramelot, Rolf Bloch, bien connu pour son rôle de médiation dans l'affaire des fonds juifs et le dossier Swissmetal, était verbalement opposé à Jürg Scherrer, député et conseiller municipal biennois. Répondant aux questions de Béat Grossenbacher, rédacteur en chef du Journal du Jura et Pierre-André Chapatte, rédacteur en chef du Quotidien Jurassien, le premier nommé a défendu une position humaniste et en accord avec l'esprit des traités internationaux, tandis que le second défendait les textes adoptés par les Chambres fédérales en vue d'un net durcissement de la loi sur l'asile. Animateur de la soirée, Yves Leuzinger, député des Verts au Grand Conseil du canton de Berne, a bien insisté sur ce point: lui et les 30 personnes présentes dans la salle - toutes acquises à la cause des Verts - auront fort à faire si elles veulent contrecarrer la volonté de durcissement exprimée par nos représentants dans la Berne fédérale...

Tous les étrangers ne sont pas les bienvenus

Le Journal du Jura publie une présentation détaillées des enjeux du scrutin du 24 septembre sous la plume de Christiane Imsand:
Les révisions de la loi sur l'asile et de la loi sur les étrangers soumises au peuple le 24 septembre relèvent du même esprit: freiner l'immigration extra-européenne. Etat des lieux.

La votation du 24 septembre est un test pour Christoph Blocher. La révision de la loi sur l'asile porte indubitablement sa marque alors même que le chef du Département fédéral de justice et police a hérité de Ruth Metzler un projet qui était déjà en phase parlementaire lors de son entrée en fonctions. Le conseiller fédéral UDC a réussi à en durcir le texte avant son passage devant la seconde Chambre. Une procédure inédite que le gouvernement a avalisée sans coup férir, tout comme le Parlement qui a accepté la majeure partie des innovations présentées par Christoph Blocher. Au final, la révision a peu de choses à envier à l'initiative de l'UDC «contre les abus dans le droit d'asile», rejetée par le peuple le 24 novembre 2002.

A l'époque, la droite centriste et la gauche avaient fait bloc contre ce projet. Mais les temps ont changé. Aujourd'hui, l'UDC n'est plus isolée dans le camp bourgeois et personne ne parie sur les chances de succès du référendum lancé par la gauche rose-verte avec le soutien des Eglises et des œuvres d'entraide. Or, la rigueur de la réforme dans les domaines de la procédure d'asile et de l'aide sociale est encore accentuée par la révision totale de la loi sur les étrangers dont certaines dispositions s'appliquent aussi aux requérants déboutés. C'est le cas des mesures de contrainte qui permettent d'emprisonner jusqu'à deux ans les étrangers qui refusent de collaborer à leur expulsion. Cette imbrication des deux lois a justifié le lancement d'un double référendum. La procédure est d'autant plus logique que les deux réformes sont marquées par la même volonté de freiner l'immigration extra-européenne.

La campagne a démarré sur la base d'un traditionnel affrontement gauche-droite qui a donné l'occasion à l'ancienne conseillère fédérale Ruth Dreifuss de se muer en conscience morale de la nation. Cette approche manichéenne est cependant devenue obsolète depuis l'engagement d'un comité bourgeois contre la double révision. Y figurent des personnalités comme l'ancien conseiller d'Etat vaudois Claude Ruey, l'ancien président de Swisscom Markus Rauh ou encore l'ancien chancelier de la Confédération François Couchepin. Pour eux, ces deux lois sont inadmissibles sur le plan éthique et elles ne résoudront pas le problème des migrations. «Elles ne feront qu'accroître le nombre des sans-papiers», affirme François Couchepin.

L'entrée en campagne de ces personnalités a mis le PDC sur la sellette, d'autant plus que les Eglises catholique et réformée sont elles aussi du côté des référendaires. Le PDC affirme avoir procédé à une pesée des intérêts qui lui permet de défendre le projet mais il n'y met pas un enthousiasme débordant.

Les autres partis bourgeois sont moins empruntés. Les radicaux considèrent les deux révisions comme l'un des piliers de la politique migratoire poursuivie par le parti. Reste l'UDC pour qui cette votation n'est qu'une étape. Le parti travaille déjà sur de nouvelles propositions restrictives dans le domaine des naturalisations.

Ch. I.



Au final, la révision a peu de choses à envier à l'initiative de l'UDC «contre les abus dans le droit d'asile», rejetée par le peuple.

Les sept points qui divisent les politiques

Pas de papiers, pas d'asile

Si un requérant d'asile se présente sans documents de voyage, ni pièce d'identité dans un délai de 48 heures, les autorités n'entreront pas en matière sur sa demande d'asile. Cette disposition existe déjà dans le droit actuel, mais les conditions sont encore plus strictes avec la nouvelle loi. Ainsi, le permis de conduire et l'acte de naissance ne seront plus jugés comme des documents suffisants car ils peuvent trop facilement être falsifiés. Le comité référendaire souligne qu'une personne persécutée par l'Etat ne peut pas lui demander un document officiel. La droite rétorque que la loi prévoit des exceptions pour les requérants qui rendent vraisemblable l'absence de papiers.
Aide sociale laminée

Actuellement, seuls les requérants frappés d'une décision de non-entrée en matière sont exclus de l'aide sociale. A l'avenir, cette mesure touchera également les personnes dont la demande d'asile a été repoussée. Elles pourront tout au plus demander une aide d'urgence aux cantons. La nouvelle loi ne prévoit pas d'exception pour les malades et les enfants. La suppression de l'aide sociale a pour but d'accélérer l'exécution des renvois. Le comité référendaire affirme qu'elle risque de pousser dans l'illégalité les personnes dont le renvoi est inexécutable, faute de papiers.
Détention pour insoumission

Les requérants déboutés qui refuseront de quitter la Suisse volontairement pourront être mis en détention pour une durée allant jusqu'à deux ans, contre neuf mois actuellement. «C'est complètement disproportionné s'agissant de personnes qui n'ont pas commis d'infraction», affirme le comité référendaire qui note que même des mineurs (entre 15 et 18 ans) pourront être enfermés pendant une année.
Regroupement familial compromis

Pour les ressortissants étrangers non membres de l'Union européenne, le regroupement familial devra intervenir durant les cinq premières années de séjour. Et l'âge limite sera abaissé de 18 à 12 ans. Les enfants de plus de 12 ans devront rejoindre leur famille dans un délai de 12 mois et ils n'auront droit qu'à une autorisation de séjour limitée. Justification de ces mesures: plus le regroupement familial a lieu tôt, plus les chances d'intégration sont bonnes. La gauche rétorque que ce sont souvent les contraintes administratives et matérielles qui empêchent un regroupement familial rapide (exigence d'un revenu et d'un logement adéquat).
Mariages blancs

Les officiers d'état civil seront autorisés à refuser un mariage en cas de soupçon de mariage blanc. «C'est la porte ouverte à l'arbitraire», affirme la gauche. «Cela permettra d'éviter que l'on se marie pour contourner la loi», répond la droite.
Deux cercles

La nouvelle loi sur les étrangers officialise le système des deux cercles puisqu'elle ne s'applique qu'aux ressortissants extra-européens. Ceux-ci ne passeront la porte de la Suisse que s'ils sont hautement qualifiés. Il n'y aura plus de droit automatique à un permis C après dix ans de séjour en Suisse.
Les bonnes âmes pénalisées

Les personnes bien intentionnées qui aident un étranger en situation irrégulière risquent une amende pouvant aller jusqu'à 20 000 francs, voire un an de prison. C'est le double des peines actuelles. Les défenseurs de la loi font valoir que le but de ce durcissement est de dissuader les organisations de passeurs. Les personnes agissant dans un but lucratif risquent en effet une amende de 500 000 francs (100 000 francs aujourd'hui) et 5 ans de prison (au lieu de 3). L'amende peut aussi aller jusqu'à 500 000 francs (5000 francs aujourd'hui) pour l'emploi d'étrangers sans autorisation.

CONSENSUS

Parmi les points qui rassemblent:

Intégration

L'octroi d'une autorisation de séjour pourra être subordonné à l'obligation de suivre un cours de langue ou un cours d'intégration. En contrepartie, une autorisation d'établissement pourra être accordée au terme de 5 ans de séjour, au lieu de 10 ans, si l'étranger montre qu'il s'est bien intégré en Suisse, en particulier lorsqu'il a de bonnes connaissances d'une langue nationale.

Regroupement familial

Les titulaires d'une autorisation de courte durée et les étudiants pourront faire venir leur famille s'ils disposent de logements et de ressources suffisantes. En cas de dissolution de la famille, ses membres pourront rester en Suisse s'ils y ont séjourné au moins trois ans.

Mobilité

Actuellement, les détenteurs d'un permis B (autorisation de séjour annuelle) ne peuvent changer de travail ou de canton qu'avec l'aval des autorités. Cette contrainte tombe avec la nouvelle loi sur les étrangers.

Admission provisoire

Les personnes admises à titre provisoire accéderont plus facilement au marché du travail, car les cantons pourront les autoriser à exercer une activité lucrative. Les cantons seront habilités à délivrer une autorisation de séjour ordinaire (permis B) aux étrangers admis provisoirement et résidant en Suisse depuis cinq ans.

Réflexion de Mazyar Yosefi dans 24 heures

Dans sa rubrique "Réflexions", 24 Heures nous proposent celles de Mazyar Yosefi, sous le titre: "Pourquoi je participe à la Caravane " 2×NON "

Plus l’échéance des vota­tions sur les lois contre l’asile et les étrangers s’approche, plus le débat prend une tournure émotionnelle. Les réactions suscitées par l’étape à Vallorbe de la Caravane2×Non en témoignent. Ces émotions ne doivent pas obscurcir le débat de fond. Les partisans de ces deux lois nous promettent une Suisse «plus sûre», avec moins de requérants et d’étrangers. Quelles sont les réalités actuel­les, avant même que ces lois soient adoptées ou rejetées?Environ 1,5 million d’étran­gers vivent en Suisse, soit 20% de la population. Fin 2004, sur 1 495 008 étrangers, 57,9% pro­viennent des pays de l’Union européenne et 42,1% des pays du reste du monde. En 2005, on compte en Suisse 23 687 réfu­giés et une baisse de 29,4% du nombre de demandeurs d’asile par rapport à l’année précé­dente.Etant d’origine persane, je suis arrivé en Suisse à 18 ans pour y rejoindre mes parents qui y vivaient depuis plus de trois ans. La nouvelle loi contre les étrangers m’aurait probable­ment été appliquée, si elle avait été déjà en vigueur ilya12ans, dès lors que le regroupement familial n’est en principe plus possible pour les enfants âgés de plus de 12 ans. Les partisans de ces lois prétendent qu’il faut faire venir les enfants jeunes, pour faciliter leur intégration, sinon ils rencontreraient des dif­ficultés plus tard. Je vis ici depuis l’âge de 18 ans et peux parler d’expérience: c’est totalement faux! Les risques en­courus du fait d’arriver en Suisse à 18 ans sont bien moindres que ceux liés à l’absence des parents durant l’adolescence. Les plaies provoquées par la séparation dans une telle période ne se cicatrisent pas facilement et les blessures liées à l’éloignement restent ouvertes des années plus tard, tant pour les enfants que pour les parents. Dans la loi sur l’acquisition de la nationalité suisse, le temps passé en Suisse entre 10 et 20 ans compte dou­ble pour la naturalisation, préci­sément parce que, jusqu’à 20 ans, l’intégration se fait plus facilement à travers la scolarité, la formation, les relations ami­cales et affectives. Rendre im­possible le regroupement fami­lial pour des enfants à partir de 12 ans est en contradiction fla­grante avec ce constat. Un en­fant de 13 ans ne peut pas vivre sans ses parents et être consi­déré comme un adulte!L’exercice du droit de vote et d’éligibilité pour les étrangers sur le plan communal démontre que l’intégration passe par la reconnaissance de l’égalité des droits, contrairement à ces deux lois.La peur de l’étranger est très souvent liée à une méconnais­sance de l’autre. Une fois le pre­mier contact établi, le regard sur l’autre change radicalement: l’étranger devient un ami, un voisin sympathique, un collègue de travail solidaire. A l’inverse, ces deux lois iniques nourrissent fortement les préjugés et renfor­cent les peurs.Un autre aspect de la loi est l’intervention de la police chez les requérants, rendue possible à tout moment sans besoin de mandat du juge; la Suisse, dépositaire des conventions de Genève, des droits de l’Homme peut­elle accepter un tel abus dans ses propres lois?Enfin, ces deux lois contri­buent à fabriquer des sans-pa­piers. Ils sont déjà plus de 100 000 en Suisse. Ils sont ici et travaillent souvent très dur dans des secteurs de services. En ren­dant impossible l’obtention d’une autorisation de séjour pour ces travailleurs sans statut légal, parce que non ressortis­sants d’un pays de l’Union euro­péenne, ces deux lois ne tien­nent absolument pas compte des réalités économiques!Dire 2 × non le 24 septembre, une nécessité pour construire tous, ensemble, une société res­pectueuse des droits de chacun!

jeudi 24 août 2006

La Suisse ne peut pas voler tous mes rêves�

Portrait d'une jeune sans-papiers Salvadorienne à Genève par Rachad Armanios dans le Courrier
Maria, du Salvador, se retrouve sans papiers à Genève où elle voulait étudier l'histoire de l'art. L'administration n'y a pas vu la volonté de réaliser un rêve mais, probablement, un prétexte pour entrer en Suisse.

Ce que la loi sur l’asile risque de changer

Lire la présentation des lois Blocher dans le Quotidien La Còte:

Un article synthétique de Contessa Pinon,

Sans papiers

A ne pas manquer
Regardez en ligne Temps Présent: "SANS PAPIERS
Diffusion: jeudi 24 août 2006, 20:05 sur TSR 1
Vendredi 25 août 2006 à 0h45 sur TSR1
Lundi 28 août 2006 à 10h30 et 15h00 sur TSR2

TP/Sans papiers

TP/Sans papiers [TSR]
D'après les estimations officielles, plus de 100'000 clandestins vivent et travaillent dans l'ombre de la prospérité suisse. Ils lavent notre linge sale et notre vaisselle, préparent nos plats du jour, prennent soin de nos bébés et de nos aînés, mais ils n'existent pas. Le réalisateur Andreas Hoessli en a pourtant rencontré plusieurs qu'il a suivi pendant des mois. Ces "sans papiers" ou plutôt ces "sans permis de travail" racontent à visage découvert leur vie quotidienne. Des témoignages poignants qui, en prévision de la prochaine votation fédérale, relancent le débat sur la régularisation des clandestins.
On les assimile souvent à des criminels, des travailleurs au noir, des demandeurs d'asile ou des dealers. Mais le quotidien des sans-papiers est tout autre. Etablis en Suisse depuis plusieurs années, ils exercent des métiers jugés « peu attractifs » par les helvètes dans les domaines de l'agriculture, de la construction et de l'hôtellerie notamment. La plupart des sans-papiers sont des femmes, dont celles qui cherchent à fuir les traditions de leur pays. Elles ne touchent aucune aide sociale, elles n'ont pas déposé de demande d'asile. Beaucoup d'entre elles paient même des charges sociales et un impôt à la source. Elles proviennent de pays hors de l'Union Européenne : Amérique latine, Philippines, Serbie, Monténégro, Macédoine, etc. Des pays pour lesquels des permis de travail ne sont délivrés qu'aux travailleurs hautement qualifiés.

Après avoir cherché en vain des sans-papiers qui acceptent de témoigner face à la caméra en Suisse alémanique, où le sujet est tabou, Andreas Hoessli s'est tourné vers la Suisse romande, où une certaine « tolérance » prévaut de la part de l'opinion publique et des autorités, à l'image de la demande de régularisation de 5'000 sans-papiers dans le domaine des employés de maison déposée par le canton de Genève. De janvier 2005 à mars 2006, le réalisateur y a rencontré Jakup, Gabriela, Lourdes et Alfonso, Myriam et son fils Jan, Elena et ses deux filles, Dayana, Melissa et Gabriela. Ces personnes sont en Suisse depuis 8, 12 voire 14 ans. Elles ont un travail, un logement et une vraie vie sociale. Elles ne se cachent pas, même si elles vivent souvent dans la peur du renvoi. Jakup, travaille ainsi chez un vigneron à Begnins, Lourdes est femme de ménage et Alfonso photographe à Renens, Myriam est aide-soignante et Elena travaille dans un hôtel, toutes deux à Genève. A 17 ans, Gabriela termine sa scolarité. Comme beaucoup d'enfants de sans-papiers, l'Etat lui garantit sa scolarité obligatoire. Mais elle sait également que son statut ne lui permettra pas de trouver de place d'apprentissage.

Chacun à sa manière illustre le paradoxe des sans-papiers : des personnes économiquement et socialement intégrées, mais indésirables aux yeux de la loi. Et que la nouvelle loi sur les étrangers soumise à votation le 24 septembre concernera tout particulièrement.

Le débat dans Forums

Lundi soir 21 août, un grand débat en public autour de la loi sur l'asile a eu lieu dans le cadre de l'émission Forums.

Débat sur l'asile en public

Débat sur l'asile en public [© RSR]

Dans le camp du « NON », l'ancienne Conseillère fédérale socialiste Ruth Dreifuss et le Conseiller national libéral vaudois Claude Ruey. Dans le camp du « OUI », le conseiller d'Etat vaudois Jean-Claude Mermoud et Christophe Darbellay, conseiller national démocrate-chrétien valaisan.
Le débat, très animé, a donné lieu à de vives interventions de la part du nombreux public qui remplissait le studio 15 de la RSR.

On est plus chez nous !

Courrier des lecteurs de 24 Heures: en marge du débat sur l'asile, une lettre de M. José Fernando Mendes de Lausanne.

Un seul monde

XÉNOPHOBIE À LA PLAGE
Mauvais exemple pour les enfants
«On n’est plus chez nous».

Aux deux dames installées un dimanche au bord du lac à Saint-Prex, près du port Taillecou, je souhaite exprimer toute ma réprobation.D’origine étrangère, ma famille et moi-même nous sommes installés à quelques pas d’elles afin de passer – tout comme elles d’ailleurs – un dimanche en toute tranquillité.Quelle n’a pas été ma surprise de nous voir repoussés avec ces propos déplorables… «Allez ailleurs», «On n’est plus chez nous!» Juste après leur départ, nous avons eu le plaisir de rencontrer des Suisses qui avaient visiblement une toute autre image de l’humanité… Il s’agissait d’individus sans préjugés, sans peur d’approcher, de discuter et de sourire aux gens. Habitant en Bretagne, ce couple suisse d’un certain âge (mais très jeune d’esprit, contrairement aux dames), était d’une grandeur d’âme que je souhaite à celles-ci d’acquérir au plus vite.Mon fils (né en Suisse) étant trop jeune pour saisir la signification de mots comme «xénophobie», je lui ai expliqué que ces dames «pas gentilles du tout» n’étaient que de pauvres gens. (…) A l’avenir, j’espère qu’elles feront preuve de plus de courtoisie, surtout en présence de jeunes enfants!

Payerne soutient les migrants

A Payerne, le Groupe de soutien aux migrants organise une soirée culturelle sur la place du Tribunal, lundi 4 septembre, en vue des prochaines votations liées à la politique de l’asile. La danseuse Pascale Perakis présentera un spectacle à 19 h, suivi d’une pièce de théâtre: "Aube noire sur la plaine des merles". Les députés socialistes Roxanne Meyer et Pierre-André Gaille s’exprimeront vers 21 h.

mercredi 23 août 2006

La caravane passera par Vallorbe

C'est 24 Heures qui l'annonce: la caravane du comité " 2 x NON " passera bel et bien par Vallorbe le 1er septembre, malgré les réticences de la municipalité, au nom du droit à l'information. Un article de Viviane Menétrey.

Le périple du Comité vaudois «2 x NON aux lois contre l’asile et les étrangers» commence dimanche.
Halte prévue à la Cité du fer, malgré les réticences des autorités. La caravane s’arrêtera bel et bien à Vallorbe le 1er septembre, n’en déplaise à ses autorités. Le Comité vaudois «2 X NON aux lois contre l’asile» n’en démord pas: face aux réticences de la Cité du fer d’ac­cueillir des opposants aux nouvel­les lois sur l’asile et les étrangers – en raison des tensions que leur venue pourrait susciter dans cette commune qui abrite un Centre d’enregistrement de procédure pour requérants d’asile (24 heures du 14 juillet) –, il a bien l’intention d’user du «droit élémentaire d’in­former la population».
Et il possède un argument de taille: le 9 août dernier, le Conseil d’Etat a adressé une lettre à la Municipalité, lui rappelant que «notre système démocratique ga­rantit à chacun les libertés d’opi­nion et d’information». Le gou­vernement précise également que si «le souci de la Municipalité est compréhensible», il appartient à la commune «de prendre les me­sures nécessaires afin d’assurer l’ordre public».
«Il s’agit d’un véritable rappel à l’ordre», se félicite Jean-Michel Dolivo, représentant du comité. L’interprétation diffère quelque peu du côté vallorbier: «Nous avons pris acte de la lettre du Conseil d’Etat. Le gouvernement comprend nos craintes. Il a sim­plement fait son travail», estime le syndic Laurent Francfort.

Spectacles et débats
Mais avant de faire halte à Val­lorbe, la caravane sillonnera le canton direction Renens, Morges ou encore Nyon (seule commune à s’être officiellement positionnée contre les nouvelles lois). Elle poursuivra sa route à Yverdon, Château-d’OEx ou Bex, pour termi­ner son périple, le 10 septembre, à Lausanne. A ses côtés, la Compa­gnie T-âtre jouera Aube noire sur la plaine des merles, l’histoire d’un réfugié politique inspirée de la vie de Seladjin Doli, coauteur de la pièce avec Anne-Lise Thur­ler.

Engagé Lova Golovtchiner sera présent, samedi, au Théâtre de Vidy
en compagnie d’autres artistes et de politiciens pour dire «NON et NON»

Quant au premier coup d’envoi, il sera donné samedi au Théâtre de Vidy, à Lausanne, par Lova Golovtchiner. Au programme: ar­tistes, humoristes et personnalités politiques se succéderont «pour dire NON et NON».

Détail complet des diverses manifestations sur

La soeur de Blocher fait campagne pour le non

Présidente du comité biennois «2xNON», Judith Giovannelli-Blocher critique les révisions préconisées par son frère, Christoph Blocher.

Judith Giovannelli-Blocher estime que la révision des lois sur l’asile et les étrangers
doit exprimer en premier lieu le souci de protection (Keystone/Engeler)



«Comme tra­vailleuse sociale, qui a consacré sa vie aux réfugiés, je ne peux pas me taire: cette loi menace la substance sociale de notre pays», s’exclame Judith Giovan­nelli- Blocher qui préside le co­mité biennois pour le non. Elle s’oppose à son frère en quali­fiant d’exagérés les abus repro­chés aux requérants. Entretien.

«Ces lois mineraient nos droits démocratiques fonda­mentaux! » Ainsi parle la soeur de Christophe Blocher, Judith Giovannelli-Blocher, 74 ans, présidente du comité biennois «2xNON» aux lois sur l’asile et sur les étrangers soumises au vote populaire du 24 septem­bre. Dès vendredi, elle mènera campagne dans la région où elle réside.
Très décidée, la soeur du mi­nistre helvétique de la justice et de la police souhaite rester so­bre et objective à l’égard de Christoph Blocher. «Je me con­centre sur le contenu et je trouve qu’actuellement, la foca­lisation sur sa personne n’est pas utile. Pourtant, c’est assez pesant de représenter l’exact opposé politique de mon frère.» Judith Giovannelli-Blocher critique d’abord la révision de la loi sur l’asile: on n’entrera plus en matière sur les requêtes de personnes n’ayant pas de papiers. «Il y a un énorme dan­ger que des gens réellement persécutés ne puissent pas être reconnus. Souvent, de telles personnes n’ont aucun docu­ment. Et les victimes de tortu­res relatent fréquemment leurs tribulations de manière décou­sue. »

Abus surestimés
Selon elle, une loi sur l’asile doit exprimer en première li­gne le souci de protection – en y incluant la présomption d’in­nocence des immigrants. Or les deux projets sur l’asile et les étrangers sont marqués par la méfiance et la dissuasion.
«Des abus, il y en a bien sûr, mais on les surestime», affirme la travailleuse sociale qui a vu défiler des milliers d’étrangers. Alors que le nombre des requé­rants et des réfugiés admis est en baisse, il n’y a aucune raison, s’insurge-t-elle, d’endurcir les mesures de contraintes et de biffer complètement l’aide so­ciale aux requérants déboutés. «Lorsque des gens sont vulné­rables, ou lorsque les relations familiales ont été brisées, cette aide doit pouvoir être mainte­nue. » Des solutions? La soeur aînée du conseiller fédéral préconise d’un côté davantage de projets cohérents pour aider les requé­rants à retourner vivre chez eux. Et de l’autre une meilleure intégration en Suisse, notam­ment en les autorisant à tra­vailler. «En fin de compte, c’est la pauvreté au Sud qu’il faut combattre», préconise Judith Giovannelli-Blocher.
«La révision de la loi sur l’asile et la nouvelle loi sur les étrangers se heurtent à la subs­tance sociale de notre pays», avertit l’opposante. Ainsi, ceux qui accueillent des requérants déboutés peuvent être punis de leur acte altruiste. «Par exem­ple des pasteurs, des prêtres ou des gens qui s’engagent active­ment dans leur commune pour soutenir des réfugiés.» Elle se réjouit du soutien tou­jours plus large qui se déve­loppe en faveur de la campagne contre les deux projets. «Si ces lois sont refusées, ce sera un signal positif pour d’autres en­jeux sociaux, actuellement me­nacés par des mesures d’écono­mie – comme les soins aux per­sonnes âgées et aux handica­pés. » Auteur de deux livres, Judith Giovannelli-Blocher a dirigé un département à la Haute école pour le travail social de Berne. Sa conclusion se veut optimiste: «La Suisse est malgré tout un pays capable d’intégrer!»

DOMINIQUE SCHÄRER, INFOSUD