lundi 6 juin 2005

Gare aux lendemains de fête

Le Courrier était probablement le seul quotidien romand qui militait pour un rejet "de gauche" des accords de Schengen/Dublin. Son rédacteur en chef persiste et signe un éditorial qui va à contre courant des idées toutes faites:
Lire cet éditorial de Marco Gregori paru lundi

Communiqués des Eglises et de la Coordination Asile de Payerne

Suite à la décision du Conseil d’État vaudois de procéder au renvoi par la force des requérants d’asile déboutés, les Églises catholique et protestante et la coordination asile de Payerne (groupe de soutien aux migrants) tiennent à réaffirmer leur totale solidarité avec les personnes menacées d’expulsion.
Paroisses et coordination sont prêtes à accueillir dans des refuges les requérants qui demanderont protection.
Lire l'intégralité du communiqué

Deux heures pour vivre l’enfer des déportés

Dans le cadre de la journée «La Suisse, terre d’accueil», organisée samedi à Aigle par le Service communautaire de la Planchette, le public pouvait se glisser dans la peau d’un réfugié. De l’attaque de son village à l’internement en camp dans un pays voisin, ils ont découvert un vrai parcours du combattant.
Parmi les moments les plus intenses, le passage à la frontière où il s’agit de lire des papiers dans une langue inconnue.

Article de Nicolas Maury en page 21 de l'édition Chablais de 24heures.

Les refuges pourraient se multiplier

Symbole fort ou pur hasard? L’EERV à la recherche de son identité est venue se «réfugier» dans la même église de Bellevaux qui a vu se créer la première «Maison des migrations». L’occasion pour Patrick Felberbaum de faire le point après l’annonce du durcissement de la politique du Conseil d’Etat à l’égard des 523 requérants déboutés. «Ces 170 personnes menacées de mesures de contrainte pourraient bien se retrouver dans des églises; les refuges pourraient, devraient se multiplier», annonce-t-il. Concrètement, un «nouveau partenariat sera mis en route avec les sections de la Coordination Asile, qui décident qui sera placé dans un refuge et où.» Le projet sera déposé dans la quinzaine. Parallèlement, un concept à long terme est à l’étude pour gérer la recherche et la gestion de ces refuges. Pendant ce temps, l’EERV poursuit sa collaboration avec l’Etat dans le cadre de la charte de parrainage des requérants qui acceptent un retour volontaire. Deux parrains suivront chacun d’eux dans les démarches, dont l’un sera un membre de l’Eglise.

L'impossible situation des Ethiopiens

Dans 24heures, Martine Clerc poursuit sa description de la situation impossible devant laquelle sont placés les 170 requérants Ethipiens déboutés et récemment interdits de travail.

Solidaires, les patrons font de la résistance

Près de 400 requérants déboutés sont obligés de quitter leur emploi avant fin juillet. Aux quatre coins du canton, des employeurs manifestent leur désaccord. Certains refusent de licencier leurs collaborateurs, invoquant des raisons humaines mais aussi économiques.
» L’interdiction de travailler pour les requérants déboutés, prononcée fin avril par les autorités vaudoises, émeut bon nombre d’employeurs. Ils s’exposent à des sanctions.

Lire l'article de Martine Clerc, en tête du cahier cantonal de 24heures
Trois témoignages de ces patrons:

Lire Un EMS se mobilise

Lire "je ne veux pas payer mes factures grâce au social"

Lire Hilcona doit licencier 7 collaborateurs

Quand on..NEM Tome 4

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« Manger,
ce n’est pas le plus important.
C’est la tête qui ne va pas. »

Témoignages autour des personnes
ayant reçu une décision NEM
(Non-Entrée en Matière sur leur demande d’asile),
mises à la rue par les mesures fédérales d’allègement

Tome 4, 31 mai 2005

Il a habité plusieurs mois dans une localité du canton. Il a été mis à la rue, sommé de quitter son travail et son appartement, quitter ce lieu où il avait des amis, pour rejoindre Lausanne et le dispositif d’aide d’urgence. Peu avant, il avait voyagé sans titre de transport : son abonnement était échu, il aurait dû le renouveler ! Il avait reçu une amende, obtenu de la payer en plusieurs tranches. La première était réglée lorsqu’il a été mis à la rue. Sans moyens, il n’a pas payé la suite. L’amende a été augmentée des frais de rappel. Il est convoqué pour s’expliquer, je l’accompagne à la préfecture de son ancien district de domicile. Il m’en fait les honneurs : « Le responsable de la Gare était sympa, nous discutions souvent… Cette dame, là-bas au guichet, c’était ma voisine… Voici un raccourci pour aller à la préfecture… » . Mais la préfecture n’a pas d’état d’âme pour cet ancien habitant : il n’a plus ni salaire ni assistance, il n’a aucun titre de séjour, mais une amende à payer. Sans oublier les frais de rappel.
*
Plusieurs bénévoles s’inquiètent d’avoir perdu tout contact avec des personnes mises à la rue, qui venaient parfois au lieu d’accueil. Que sont-elles devenues ? Ont-elles trouvé une solution hors de Suisse ? Certaines qui ont tenté leur chance dans des pays voisins sont renvoyées… en Suisse ! Ou alors, ont-elles été arrêtées ? Et si oui : un ami, un bénévole peut-il en être informé, si ces personnes n’ont aucune famille ici ?
*
En accompagnant une personne frappée de « NEM », dans un état très préoccupant, jusque dans un service psychiatrique, ses ami-e-s suisses ont découvert que ce non-statut y est bien connu ! Pour une fois, il n’y a pas besoin d’expliquer au préposé ce qu’est une décision « NEM », ses conséquences concrètes, la mise à la rue… En effet, plusieurs personnes avec décision « NEM » sont hospitalisées dans ce service. Et voilà qu’au détour d’un couloir ou de la cafétéria, l’inespéré se produit : des retrouvailles ! Deux bénévoles rencontrent par hasard une de ces personnes, dont elles n’avaient plus aucune nouvelle depuis des semaines…
*
Ils sont plusieurs à le dire, quand ils essaient de dire ce qu’ils endurent, et qui dure : « Manger, ce n’est pas le plus important. C’est la tête qui ne va pas. »

*
Il y a un jeune homme, pas loin d’ici
dans une chambre d’hôpital ;
sans pays, rejeté par sa patrie d’Asie.
Et la Suisse n’a pas jugé bon
de lui donner l’asile.
Au contraire, c’est une « N.E.M »
qu’il a reçue de notre généreuse Helvétie.
Simple procédure administrative n’est-ce pas !?
Mais ce jeune homme, au bout de 12 mois
passés à errer, espérer,
marcher et attendre un retournement de situation,
cet homme s’est cassé !
D’ombre, il a désiré n’être plus que poussière.
Indésirable partout il a estimé que la mort aurait bien
une place pour lui.

Il ne mange plus, il ne boit plus
depuis plus de dix jours.

Son plan de vol, c’est lui qui l’a rédigé :
ce sera un vol aller simple pour la mort …
où il ne dérangera plus personne
ni Monsieur Blocher, ni Monsieur Mermoud,
ni les ronds de cuir bernois dans leurs bureaux feutrés.
Il y a un jeune homme pas loin d’ici,
dans une chambre d’hôpital ;
sans pays, rejeté par sa patrie d’Asie.
Il meurt à petits feux, victime sacrificielle
d’une loi illégale et inhumaine.

d’après Natasha de Félice
30 avril 2005

*
Deux centres logeant des requérants d’asile ont été fermés. Mesure d’économie : il y a moins de nouveaux requérants… et davantage de personnes mises à la rue ! Les quelques requérants qui y logeaient encore ont été déplacés. Le coup est dur pour leurs camarades mis à la rue depuis plusieurs semaines ou mois. En effet, leur seule chance de passer un moment sous un toit – pas la nuit, vu le travail des veilleurs, mais le jour – c’était d’espérer l’hospitalité des requérants encore « en centre ». Partager un repas chaud, se doucher, dormir quelques heures : un droit ? Non, juste un besoin, mais compris par les compagnons d’exil encore logés…
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Une quinzaine de jeunes gens frappés de « NEM » sont dans une désolation complète, sans perspective, sans lieu… Plusieurs ont une interdiction d’accès à Lausanne. Il suffit semble-t-il d’être contrôlé 4 fois dans un même lieu « suspect », la gare CFF par exemple, même sans infraction, pour recevoir une telle interdiction. Les jeunes gens ne comprennent pas si cette mesure est définitive, ils ne savent pas où se renseigner, ni s’ils ont même le droit de le faire… Interdiction de passer à Lausanne mais obligation de s’y annoncer pour toucher l’aide d’urgence. Sinon, vous êtes passibles de prison. On n’est pas plus clair : Messieurs, soyez nulle part, disparaissez…

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Merci d’avoir lu ces témoignages.
Les tomes 1, « Un seul programme, enlever la couleur » ; 2, « C’est arrivé près de chez vous ! » et 3, « Dans le froid – Hors du temps » sont encore disponibles. Vous désirez les recevoir ? Vous souhaitez être tenu-e au courant de la suite ?
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Editeur responsable :
Carrefour d’Associations NEM
c/o SOS-Asile Vaud
Adresse de contact :
Hélène Küng,
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