samedi 29 septembre 2012

Le port de la burqa ne sera pas interdit en Suisse

Le Conseil national enterre une proposition du canton d’Argovie. La majorité estime que le port du voile n’est pas un problème.

La burqa ou le niqab ne seront pas interdits en Suisse. Par 93 voix contre 87, le Conseil national a refusé vendredi de donner suite à l’initiative du canton d’Argovie prônant l’interdiction de se couvrir le visage dans les lieux publics. Le Conseil des Etats en avait déjà fait de même en 2011.

Le voile intégral n’étant pratiquement pas porté en Suisse et ne créant pas de problèmes sérieux, une intervention du législateur ne se justifie pas, ont fait valoir les deux rapporteurs de la commission, la socialiste soleuroise Bea Heim et le libéral-radical genevois Hugues Hiltpold.

Interdiction contre-productive

Une interdiction n’aurait de toute façon qu’une efficacité relative, car elle est difficile à faire respecter. Elle risquerait d’être contre-productive en poussant les femmes adeptes du voile ­intégral à rester chez elles, rendant leur intégration encore plus difficile.

Pour la majorité, les dispositions actuellement en vigueur suffisent à régler des situations particulières où le fait de se couvrir le visage peut être problématique, à l’école ou dans les relations avec les autorités. C’est au surplus aux cantons qu’il appartient de trouver des solutions; une réglementation uniforme serait contraire au fédéralisme.

L’UDC pour l’égalité des sexes

Certains cantons prohibent déjà la participation à une manifestation le visage masqué, mais cette réglementation a pour unique objectif le maintien de l’ordre public dans des situations particulières. L’initiative argovienne a pourtant été soutenue par une forte minorité composée des UDC, d’une bonne partie des démocrates-chrétiens et de quelques libéraux-radicaux. Pour eux, la mesure proposée répondait à l’impératif de l’égalité entre les sexes et aurait encouragé l’intégration des femmes musulmanes dans la société suisse.

Interdite en France

L’an dernier, une loi a interdit le port de la burqa en France. Le Conseil constitutionnel a validé la compatibilité de cette interdiction avec les droits fondamentaux.

Au Sénat, l’ancien ministre socialiste de la Justice et ancien ­président du Conseil constitutionnel Robert Badinter avait appuyé avec détermination, au nom de la dignité de la femme, cette loi proposée par un gouvernement de droite.

Denis Masmejan dans le Temps

La burqa ne sera pas interdite en Suisse

Son interdiction a été jugée comme une mesure excessive, qui pourrait en outre, avoir des conséquences négatives sur l'opinion des touristes issus de pays musulmans.

Le port, dans les lieux publics, de vêtements couvrant l'intégralité ou une grande partie du visage ne sera pas interdit. Le Conseil national décidé vendredi, par 93 voix contre 87, de ne pas donner suite à une initiative du canton d'Argovie en ce sens.

Ce texte avait été balayé au Conseil des Etats. La burqa ne pose pas de véritable problème en Suisse, a argumenté Hugues Hiltpold (PLR/GE) au nom de la majorité de la commission. Une interdiction serait une mesure excessive et pourrait en outre avoir des conséquences négatives sur l'opinion des touristes issus de pays musulmans. Pour ce qui des manifestants qui se cachent tout le visage (ou presque), le National préfère s'en remettre aux cantons pour prendre ou non des mesures.

Une bonne partie du plénum a soutenu en vain l'interdiction. En s'attaquant à la burqa, une telle mesure contribuerait à la promotion de l'égalité entre hommes et femmes, a-t-elle estimé. Et en s'en prenant aux manifestants, elle permettrait d'améliorer la sécurité.

ATS, Newsnet et 24 Heures

vendredi 28 septembre 2012

Responsabilités des Etats européens à l'égard des demandeurs d'asile

Un pays de l’UE voyant arriver sur son territoire un demandeur d’asile doit lui garantir les conditions matérielles nécessaires pour bénéficier d'un niveau de vie digne, a tranché jeudi la Cour européenne de justice (CEJ).

Cette obligation s'impose même si cet Etat prévoit de transférer le demandeur vers un autre pays de l’UE, comme le lui permet la législation européenne en matière d'asile, a souligné la Cour. La Cour de Luxembourg devait se prononcer dans une affaire opposant l’Etat français à deux organisations françaises responsables des réfugiés, la Cimade et le Gisti.

La Cimade et le Gisti avaient saisi le Conseil d’Etat français pour obtenir l’annulation d’une circulaire ministérielle du 3 novembre 2009 qui excluait d’une allocation financière les demandeurs d’asile dont la demande avait été déposée en France mais était censée être examinée ailleurs dans l’UE. Le Conseil d'Etat avait porté l'affaire devant la CEJ. Certes, a rappelé la Cour dans son arrêt, la législation européenne sur le droit d'asile (dite Dublin II) stipule qu'un seul pays est responsable de la demande d'asile: le pays d’arrivée du demandeur. Selon les critères de Dublin II, un demandeur qui introduirait une demande dans un autre Etat membre devait donc être transféré vers le pays d’arrivée.
Mais, a souligné la CEJ, le second Etat n'est pas pour autant exempté de ses responsabilités. Il faut donc, souligne l'arrêt rendu jeudi, que les normes minimales pour l’accueil des demandeurs, fixées par une loi européenne de 2003, (soit un logement, de la nourriture, des vêtements, qu’ils soient fournis en nature ou sous forme d’allocation) s’appliquent à tous les demandeurs d’asile, même à ceux dont la demande doit être examinée dans un autre Etat.

Fenêtre sur l'Europe

Vers l'arrêté de la Cour européenne de Justice

Roms à Marseille : les mystères d’une « expulsion »

Que s’est-il passé, jeudi soir vers 19 heures, à Marseille ? Les sites de presse du matin, reprenant tous une brève de La Provence, et une dépêche de l’AFP, font un concours de synonymes.

Une trentaine d’habitants de Marseille ont « expulsé » (Le Parisien) des Roms qui occupaient depuis quelques jours un terrain proche de la cité des Créneaux. Ils les ont « délogés » (Europe 1) ; « chassés » (Le Point) ; « fait fuir » (FranceTV.info). Aucun journaliste n’ayant assisté à la scène, il faudra s’en tenir aux versions des habitants (ou des Roms délogés, mais cela semble plus improbable).

La police avait-elle des consignes ?

Ou encore des policiers. Car la police, selon l’AFP, a assisté à la scène. Sans intervenir, apparemment, puisque « l’expulsion », ou la « chasse », a été menée à son terme. D’où quelques questions du matin : la police avait-elle des consignes ? En a-t-elle demandé à la préfecture pendant que se déroulaient les faits ? Ladite préfecture en a-t-elle à son tour demandé au ministère de l’Intérieur ?

Questions d’autant plus pressantes que les habitants, dans l’après-midi, avaient prévenu la maire socialiste des XVe et XVIe arrondissements de Marseille, Samia Ghali, celle qui avait, voici quelques semaines, demandé au gouvernement l’intervention de l’armée pour régler les problèmes de sécurité, de leur intention de passer à l’action, si les Roms n’étaient pas délogés par la police.

On peut imaginer que l’élue a elle-même averti la préfecture, laquelle a donc disposé de quelques heures pour arrêter sa ligne de conduite. On serait dans un Etat de droit, et plus encore dans un Etat de droit sous un gouvernement de gauche, ces questions seraient posées, et le gouvernement (de gauche) aurait à cœur de ne pas laisser accréditer le soupçon qu’il laisse se constituer des milices spontanées d’évacuation des Roms. Mais patience. Elles le seront peut-être.

Valls aussi peut parfois être laxiste

Dans la foulée, ces habitants ont incendié ce qui restait sur le campement après le départ des Roms, à savoir des vêtements et de l’électroménager. La police, qui n’a verbalisé personne, maintient pourtant qu’aucune infraction n’a été relevée.

Avis aux amateurs : incendier, sous les yeux de la police, le bien d’autrui, ne constitue plus une infraction. Où l’on découvre que Manuel Valls, mais oui, peut aussi parfois être laxiste.

Daniel Schneidermann sur Rue89

Camp rom incendié à Marseille : pourquoi tout le monde s’est emballé

L’expulsion, jeudi soir, d’un camp de Roms par des riverains laisse des questions sans réponses. Surtout, elle ne doit pas être réduite à l’indignation qu’elle suscite.

L’affaire suscite de très vives réactions ce vendredi. A Marseille, un groupe de riverains « excédés » par le camp de Roms installés à proximité de chez eux, auraient « pris les choses en main eux-mêmes » et expulsé manu militari les importuns, avant d’incendier le campement vide sous les yeux impassibles de la police.

Ratonnade, pogrom, milice... Les qualificatifs sont caractéristiques d’un emballement médiatique exemplaire, réduisant tout ce qu’il touche à la répétition d’atrocités passées, face à laquelle seule l’indignation est légitime. Pourtant, comme tout autre événement, cette histoire mérite d’être examinée pour ce qu’elle est, un ensemble complexe de faits. Certains ont été déformés et amplifiés.

Tout part d’une brève de La Provence, qui donne le ton. Elle est publiée jeudi soir à 21h54 :

« Inquiétant signe des temps. Ce soir, vers 19h30, une cinquantaine d’habitants à proximité de la cité des Créneaux ; dans les quartiers Nord de Marseille, se sont rassemblés pour procéder eux-mêmes à l’évacuation d’un camp de Roms qui s’étaient installés sur un terrain vague quatre jours plus tôt.

Après le départ de la quarantaine de personnes, les riverains ont aussi incendié tout ce qui restait du campement illicite. La police n’a pu que constater les faits, sans relever d’infraction. Ceux qui ont organisé cette expulsion reprochaient aux Roms plusieurs cambriolages qui s’étaient produits à proximité immédiate du campement. »

Appel à l’imaginaire

L’information est rapidement reprise dans une dépêche AFP vendredi matin. Ces faits sont très graves et le contexte les dramatise un peu plus :

  • Ils entrent en résonance avec les affrontements violents qui ont eu lieu entre Roms et nationaux ailleurs en Europe. Chacun a en tête des images d’affrontements en Italie, en Grèce ou en Hongrie ces dernières années.
  • Plusieurs tentatives d’incendies de camps de Roms, souvent nocturnes, sont à déplorer en France ces dernières années. Comme à Vaulx-en-Velin en mars.
  • L’incendie qui a suivi l’intimidation des Roms renforce le sentiment d’une expédition punitive. L’épisode convoque l’imaginaire des milices.
  • La police semble avoir assisté à toute la scène sans rien faire et sans interpeller les auteurs de l’incendie.

Les communiqués des associations emploient des mots très forts : « punition collective », « expulsion violente préméditée », « exactions racistes ». Il est encore tôt pour comprendre ce qui s’est passé. Mais la situation semble à la fois plus complexe et plus banale que tout ce qui précède.

Ce qu’on sait

  • Le terrain occupé

Les Roms se sont installés le 23 septembre dans le quartier des Créneaux. Cette cité HLM composée de quatre tours est en cours de démolition : trois sont déjà détruites, une dernière subsiste. Les derniers habitants refusent d’en partir. C’est dans l’espace vide, libéré par la destruction des immeubles, que se sont installés les Roms. A proximité immédiate des derniers habitants de la cité, et non loin des pavillons où ont été relogés les anciens locataires, partis contre leur gré. D’après un journaliste de La Marseillaise sur place, il faut bien garder en tête une situation de « revanche ». « Tous les habitants m’ont dit : nous on nous vire, et les Roms on ne les vire pas. »

  • Les habitants avaient prévenu leur maire

La maire du XVe arrondissement de Marseille, Samia Ghali, a reçu les riverains jeudi matin. Ils avaient demandé son aide pour accélérer l’expulsion du camp. La maire dit avoir prévenu « la police du quartier » et « le bailleur ».

  • La police était sur place

D’après Samia Ghali :

« C’est quand la situation menaçait de dégénérer parce que les riverains voulaient faire partir les Roms que la police est venue, sans doute appelée par les Roms eux-mêmes. C’est la police qui a fait partir les Roms car ils étaient en situation dangereuse. »

Dans un communiqué envoyé ce vendredi à 12h45, la préfecture confirme que la police est arrivée dès le début de l’altercation, appelée « par un riverain et un membre de la communauté rom ». Elle se serait « interposée pour éviter tout incident ». Les policiers ont bien assisté au départ des Roms :

« Les occupants du campement (40 adultes et 15 enfants, 8 caravanes et 13 voitures) ont indiqué spontanément vouloir quitter les lieux, ce qu’ils ont fait sans délai sous la protection policière, abandonnant sur place les logements de fortune, ainsi que leurs détritus et divers meubles et encombrants. »

Ce qu’on ne sait pas

Selon le communiqué de la préfecture, les faits se sont produits en deux temps. D’abord les Roms partent, puis l’incendie se déclenche, plus de deux heures après, c’est-à-dire vers 22 heures. Cela nuance l’image d’une foule en délire déterminée à tout brûler sur son passage. Mais il reste de nombreuses questions. D’abord, les policiers avaient-ils déjà quitté les lieux au moment de l’incendie ? Apparemment oui, puisque la préfecture précise :

« Un équipage dépêché sur place constatait qu’une surface d’environ 5 m² sur l’emprise du campement abandonné présente les traces d’un incendie et comporte une carcasse de réfrigérateur et divers encombrants calcinés. »

Pourquoi restait-il des affaires sur place ? Les Roms n’ont-ils pas eu le temps de les emporter, ou les ont-ils laissées là volontairement ?  Avant de quitter les lieux, les policiers ont-ils demandé aux riverains de rentrer chez eux ? Leur ont-ils conseillé d’adopter une attitude particulière, de laisser les objets où ils étaient, de s’en débarrasser ? L’auteur de l’incendie est-il identifié ?  La préfecture se refusant à des commentaires supplémentaires, ces questions restent pour l’instant en suspens.

Camille Polloni sur Rue89

Soins de santé aux réfugiés : les femmes et les enfants touchés par les compressions

Les femmes enceintes et leurs enfants sont parmi les immigrants frappés par la décision d'Ottawa de réduire le financement des soins de santé offerts aux réfugiés, affirme un groupe de médecins s'opposant aux changements apportés au programme.

Les Médecins canadiens pour les soins aux réfugiés ont indiqué jeudi que trois mois après l'entrée en vigueur des compressions imposées au Programme fédéral de santé intérimaire (PFSI), celui-ci est plongé dans la confusion et les coûts inutiles, en plus de menacer les soins offerts. Le groupe de médecins a documenté des dizaines de cas de patients depuis l'annonce des changements, le 30 juin, y compris celui d'une jeune demandeuse de statut de réfugié, enceinte après avoir été utilisée comme esclave sexuelle. La femme, qui en était à 18 semaines de grossesse, n'a pas de couverture médicale pour les soins obstétriques.

Au dire du Dr Philip Berger, le PFSI est plombé par les problèmes et mal géré. La santé des réfugiés serait également mise à risque. Lors d'une entrevue, le Dr Berger indique que ces problèmes semblent affecter les femmes enceintes et leurs bébés de façon disproportionnée, en raison de la période de temps réduite durant laquelle ils ont besoin de soins. Les demandeurs de statut de réfugié doivent en effet attendre jusqu'à six semaines pour obtenir des soins de santé après avoir déposé leur demande.

Selon le Dr Meb Rashid, directeur médical de la clinique Crossroads au Women's College Hospital de Toronto, le gouvernement explique à certains des membres les plus vulnérables de la société qu'ils ne sont pas admissibles à des soins de santé pouvant leur sauver la vie.

L'attaché de presse du ministre de l'Immigration Jason Kenney, Alexis Pavlish, affirme toutefois que la majorité des cas recensés sont incorrects, et que tous les demandeurs ont le même accès aux soins de santé que les autres Canadiens.

Radio Canada

«Nous avons perdu la maîtrise de la politique migratoire»

Les lois migratoires sont durcies, mais ne sont qu’en partie appliquées, constate Henri Rothen, le chef du Service vaudois de la population, à l’heure de prendre sa retraite. Il s’inquiète pour la crédibilité écornée de l’Etat et les effets pervers de cette situation.

La politique migratoire se décide à Berne, puis les cantons se coltinent l’application des tours de vis aux lois fédérales sur les étrangers et l’asile. Chef du Service vaudois de la population (SPOP), Henri Rothen a vécu 11 ans le quotidien de la migration sous l’angle administratif. Prenant sa retraite à la fin du mois, il tire un bilan qui claque comme un avertissement: «Je n’ai pas d’amertume, mais je m’inquiète de la perte de crédibilité d’un Etat qui décide des politiques sans avoir les moyens de les appliquer.»

Titulaire d’un diplôme d’économiste en entreprise, Henri Rothen identifie un fil rouge à sa carrière: réformer des organisations en quête d’efficacité. Chez Bobst d’abord, pendant 13 ans. Puis il s’engage à l’Etat, qu’il servira pendant 27 ans. Comme secrétaire municipal d’Yverdon (5 ans) et secrétaire de l’Union des communes vaudoises; en qualité de directeur de la Fédération des hôpitaux vaudois (11 ans); enfin au SPOP, où il est recruté pour moderniser un service au lourd passif. Il en deviendra vite le chef respecté, travaillant en bonne entente avec quatre conseillers d’Etat aussi différents que Claude Ruey (libéral), Pierre Chiffelle (socialiste), Jean-Claude Mermoud (UDC) et Philippe Leuba (libéral). Ce n’est pas un mince exploit!

Les slogans et les effets de manche le laissent de marbre. Seuls comptent les faits. Alors que le débat sur l’asile polarise le pays, ce pragmatique aime rappeler que la procédure d’asile ne concerne que 2% des immigrés en Suisse; pour Vaud, 4500 personnes (requérants en procédure, déboutés ou au bénéfice d’une admission provisoire) sur 240 000 immigrés installés en toute légalité. «Ce décalage illustre l’exploitation intensive de la migration à des fins politiques», soutient Henri Rothen. Il renvoie dos à dos la droite nationaliste et la gauche: «Les deux camps font de l’immigration un business idéologique, ce qui ne permet pas de trouver des solutions.»

L’agitation politique sur les questions migratoires va de pair avec une fuite en avant, regrette Henri Rothen: «Des procédures parlementaires accélérées conduisent à multiplier des mesures d’urgence alors qu’il faudrait viser un horizon lointain.» Il salue les orientations «prometteuses» prises par la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga – raccourcir les procédures, «la mère des batailles», et travailler sur l’aide au retour et la signature d’accords de réadmission.

Mais c’est sur le terrain que ça coince. Les décisions de renvois prises par l’Office fédéral des migrations en matière d’asile et par le canton dans le domaine des étrangers «ne sont bien trop souvent pas exécutées», pour toute une série de raisons qui signent «l’impuissance de l’Etat». Henri Rothen donne deux exemples de «l’hypocrisie ambiante»: le travail clandestin reste toléré dans des proportions élevées malgré un arsenal législatif contre le travail au noir qui n’a jamais été aussi développé; les discours musclés sur le renvoi des étrangers criminels jettent un nuage de fumée sur l’échec à renvoyer des milliers d’immigrés sans titre de séjour.

«Je ne suis pas un obsédé des renvois», se défend le Vaudois. C’est son honnêteté qui le pousse à parler: «Quand l’autorité d’exécution des renvois est impuissante à faire respecter les décisions prises au nom du droit, la crédibilité de l’Etat est affaiblie. On sous-estime les effets pervers. L’étape suivante, c’est le règne de l’arbitraire.»

L’impuissance à procéder aux renvois se nourrit d’un manque chronique de moyens policiers et d’une coordination déficiente entre acteurs de l’Etat, analyse Henri Rothen. L’administration, la police et la justice ne se parlent pas assez; chaque service obéit à des priorités propres, lesquelles ne se recoupent pas. «Nous sommes pourtant tous sur le même bateau!»

Le manque «dramatique» de places de détention administrative favorise les récalcitrants qui s’accrochent sans risque à une situation précaire; le temps passe et leur renvoi devient toujours plus aléatoire, sans que leur intégration s’améliore. Redoutant «une bombe à retardement», Henri Rothen constate, dépité, que Vaud est le plus mauvais élève pour la statistique cantonale des personnes à l’aide d’urgence (plus de 1000 cas à mi-2012). Un indice alarmant qui réveille le souvenir de la crise des «523»: Vaud avait défié Berne, tardant à renvoyer les réfugiés de la guerre des Balkans.

L’aide d’urgence prévoit un hébergement rudimentaire, en abri collectif, pour dissuader la prolongation du séjour. Mais dans le canton de Vaud, une personne sur deux à l’aide d’urgence obtient, par différentes voies de recours, le droit de rester dans son logement initial, moins spartiate. Le chef du SPOP le déplore et dénonce «une culture du recours qui dépossède l’administration de son pouvoir d’agir.» Il observe que des avocats et des professionnels de l’assistance aux migrants «vivent de ce business»: «Pour eux, chaque renvoi est un renvoi de trop. Mais est-ce responsable de prolonger le séjour de personnes à l’aide d’urgence, sans travail ni perspective d’intégration ?»

Si l’asile occupe trop de place dans le débat public, la migration légale et ses effets économiques, culturels et démographiques sont trop peu valorisés, regrette Henri Rothen. «L’immigration est toujours évoquée comme un problème, alors qu’une Suisse sans migration serait le problème!» Un peu plus de rationalité et de cohérence, un peu moins d’émotions et d’idéologie aideraient celles et ceux qui, chaque jour, doivent appliquer un droit décidé démocratiquement par les Suisses.

François Modoux dans le Temps

Syrie: offensive rebelle "décisive" à Alep, 700.000 réfugiés prévus fin 2012

Les rebelles ont affirmé avoir lancé jeudi une attaque décisive sur Alep, la grande ville du nord de la Syrie, alors que le HCR prévoit que plus de 700.000 Syriens se seront réfugiés dans les pays voisins fin 2012.

Les secrétaires généraux de l'ONU et de la Ligue arabe, Ban Ki-moon et Nabil al-Arabi, et le médiateur international Lakhdar Brahimi ont de leur côté souligné jeudi le risque de voir la Syrie se transformer en "champ de bataille régional". Dans une vidéo mise en ligne sur YouTube au nom de la Brigade al-Tawhid, la plus importante d'Alep, un homme en civil muni d'un talkie-walkie déclare: "Aujourd'hui, l'attaque contre l'armée d'Assad a commencé sur tous les fronts. (...) la bataille d'Alep sera décisive". Depuis une importante percée effectuée fin juillet, peu après le début des combats dans la capitale économique du pays, les rebelles n'ont plus mené d'offensive d'envergure, notamment en raison du manque d'équipement face à la puissance de feu des forces gouvernementales.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a fait état "de violents combats" jeudi soir dans les quartiers d'Izaa, Seif al-Dawla (sud-ouest) et d'autres secteurs, auxquels participent des "centaines de combattants" insurgés. Une journaliste de l'AFP a vu des rebelles se regrouper par dizaines dans des écoles du quartier d'Izaa (nord). Armés de kalachnikovs et de lance-roquettes, des hommes montaient au front coiffés de keffieh de toutes les couleurs, en treillis ou simpement vêtus de t-shirts colorés, selon elle. Pour encourager les troupes, les chefs de différentes unités se montraient rassurants: "Nous avons attaqué l'armée et elle recule", assurent-ils tous dans les talkies-walkies qui leur permettent de rester en contact.

Journée la plus sanglante

Selon l'OSDH, une ONG s'appuyant sur un large réseau de militants, 20 roquettes se sont abattues sur le quartier de Souleimaniyé, dans le centre d'Alep, dont certaines sur la branche de la sécurité politique. Ailleurs dans le pays, l'armée a pilonné plusieurs bastions rebelles dans les provinces de Homs, Hama (centre), Idleb (nord-ouest), Lattaquié (nord-ouest), et Deir Ezzor (est), selon l'OSDH. Dans la principale région pétrolifère de Syrie, à Hassaka (nord-est), des inconnus ont fait exploser un oléoduc et enlevé le directeur de la station de pompage.

La télévision officielle a en outre rapporté que les forces de sécurité avaient attaqué un "groupe terroriste" dans le quartier insurgé de Jobar à Damas, faisant des "morts et des blessés". Au moins 59 personnes --38 civils (dont cinq enfants), 16 soldats et cinq rebelles-- ont péri jeudi dans les violences en Syrie, selon un bilan provisoire de l'OSDH. Mercredi, au moins 305 personnes, dont 199 civils, avaient été tuées, le bilan plus lourd enregistré en une seule journée depuis le début du conflit il y a 18 mois, selon un décompte de l'OSDH. Un double attentat a notamment frappé le siège de l'état-major de l'armée au coeur de Damas, tuant quatre gardes, une attaque revendiquée successivement par deux groupes jihadistes, "Tajamo Ansar al-islam" et le Front al-Nosra.

700.000 réfugiés selon l'ONU

Le conflit a fait au total plus de 30.000 morts, selon l'OSDH, alors qu'environ deux millions de Syriens manquent de produits de première nécessité, une situation de plus en plus inquiétante à l'approche de l'hiver. Autre signe de l'ampleur du désastre humanitaire, l'ONU a estimé à plus de 700.000 le nombre de Syriens réfugiés dans les pays voisins fin 2012, révisant à la hausse ses besoins, à 487,9 millions USD. Selon le Haut commissariat pour les réfugiés (HCR), plus de 500.000 Syriens ont déjà fui leur pays, dont 75% sont des femmes et des enfants.

En marge de l'Assemblée générale de l'ONU, les Etats-Unis ont demandé au Conseil de sécurité de "tenter une nouvelle fois" de trouver un accord pour mettre fin au conflit, et le chef de la Ligue arabe Nabil al-Arabi a déploré les "désaccords" au sein du Conseil entre partisans d'un départ du président Bachar al-Assad et défenseurs de son régime.

MM. Ban Ki-moon, Nabil al-Arabi et Lakhdar Brahimi craignent, si la violence continue, que la Syrie ne devienne un champ de bataille régional (et) la proie d'acteurs dont les objectifs n'ont rien à voir" avec la crise syrienne. Selon un porte-parole de l'ONU, les trois hommes ont déploré aussi "la férocité des violations des droits de l'homme commises par le gouvernement et l'opposition" et ont demandé que les donateurs contribuent davantage aux opérations humanitaires en Syrie et en faveur des réfugiés dans les pays voisins.

Les Occidentaux et de nombreux pays arabes réclament le départ du président Assad qui veut en finir "à tout prix" avec les rebelles assimilés à des "terroristes", alors que Russes et Chinois refusent toute ingérence dans les affaires de leur allié syrien. Le président russe, Vladimir Poutine, a accusé les Occidentaux d'avoir semé le "chaos" notamment en Syrie. Le blocage de la Russie à toute résolution du Conseil de sécurité de l'ONU est "juste une excuse" dont se sert la communauté internationale pour ne pas aider les Syriens à renverser le président Assad, a estimé de son côté le chef des Frères musulmans de Syrie, Mohammad Riad al-Shakfa, dont la formation constitue une influente composante de l'opposition syrienne.

France 24

Manifestation d'extrême droite interdite à Paris

Les «Jeunesses nationalistes» voulaient défiler samedi de République à Châtelet contre le «racisme anti-blanc» et les «zones de non-droit».

Une manifestation d’un mouvement d’extrême droite, «Les Jeunesses Nationalistes», qui souhaitait protester samedi à Paris contre les «zones de non-droit» et le «racisme anti-blanc», a été interdite vendredi par la préfecture de police de Paris (PP). Cette interdiction «a été prise au regard des troubles à l’ordre public» que cette manifestation «n’aurait pas manqué d’engendrer», selon la préfecture de police. Les «Jeunesses Nationalistes», lancé en octobre 2011 par le conseiller régional de Rhône-Alpes Alexandre Gabriac, exclu du FN en avril 2011 après la diffusion d’une photo le montrant en train de faire le salut nazi, souhaitait manifester samedi à 14 heures place de la République, avant de défiler vers Châtelet. «Contre les zones de non-droit et la racisme anti-blanc : Maîtres chez nous !», pouvait-on lire sur l’affiche appelant à la manifestation.

Une manifestation de ce mouvement prévue à Lyon le 23 juin avait également été interdite, mais 200 militants s'étaient rendus sur le lieu de rassemblement et 58 personnes avaient été interpellées, a rappelé la PP. «Il y a également des messages sur internet appelant à la haine autour de cette manifestation. Des contre-manifestants avaient également fait part de leur intention de venir en découdre», a précisé une source policière.

Il s’agit de la huitième manifestation interdite par la préfecture de police de Paris depuis le début de l’année, selon une source proche de la direction de la PP. «De toute manière, on n’a pas beaucoup d’autre alternative que d’entrer dans l’illégalité, puisque rien ne nous a été autorisé. C’est la troisième fois qu’une de nos manifestations est interdite depuis que le gouvernement socialiste est en place», a réagi auprès de l’AFP Alexandre Gabriac. «Quand j’ai vu la préfecture, on m’avait dit qu’il n’y aurait pas de problème», a-t-il expliqué, assurant qu’il avait quelque peu «anticipé» cette décision.

Interrogé sur sa présence à Paris samedi malgré l’arrêté d’interdiction, Gabriac a laissé planer un doute sur ce qu’il allait faire : «Je ne m’interdis pas de faire ce que je crois bon pour mon mouvement et pour ma liberté d’expression», a-t-il répondu. Le mouvement «Jeunesses Nationalistes» souhaite rassembler des militants «déçus» ou «purgés» par le FN, qui ne se reconnaissent plus dans le Front national en raison notamment de la stratégie de «dédiabolisation» de sa présidente Marine Le Pen, avait expliqué Alexandre Gabriac le jour du lancement de ce mouvement.

AFP

Qui est responsable des morts de Pantin ?

Il y a un an six réfugiés tunisiens et égyptiens réfugiés dans un squat insalubre périssaient à Pantin. Le point sur l'enquête.

C'était il y a un an. Dans la nuit du 27 au 28 septembre, un incendie déclenché par une bougie mal éteinte tuait six réfugiés des Printemps arabes, des Tunisiens et des Égyptiens qui avaient pour seule possibilité de logement un squat insalubre situé dans un passage du centre de Pantin (Seine-Saint-Denis). Les Tunisiens fraîchement débarqués de Lampedusa bénéficiaient pourtant d'un sauf-conduit italien valable dans tout l'espace Schengen. Il leur permettait de circuler librement sans avoir à craindre l'arrestation et l'expulsion à tout moment.

"Les réfugiés tunisiens ne sont pas arrivés en France par des filières clandestines, insiste Me Samia Maktouf, l'avocate des familles des victimes. La Tunisie a ouvert ses bras à près de 200 000 réfugiés libyens, quand à peine 20 000 Tunisiens sont arrivés en France. Ils ont été traités sans ménagement, chassés et dispersés par la volonté du ministère de l'Intérieur alors dirigé par Claude Guéant afin que personne ne leur vienne en aide. Dormir dans des squats insalubres restait alors leur seule solution."

Responsabilité

L'enquête instruite par la juge Claire Thépaut du TGI de Bobigny arrive à son terme et n'a pas permis de mettre en cause la municipalité ni l'État. "Pénalement, la mairie n'est pas responsable. Il n'y a pas eu d'intention criminelle de sa part", indique une source judiciaire. En revanche, l'enquête administrative retient la responsabilité de la société de gestion de l'immeuble qui a laissé accessible cet endroit "insalubre et dangereux" alors qu'elle était informée de la présence régulière de personnes qui vivaient dans des conditions déplorables.

Les familles ont chargé leur avocate de demander une indemnisation à la municipalité sous peine de poursuites devant le tribunal administratif. Dans l'entourage du maire socialiste Bertrand Kern, on indique que Pantin préfère défendre ses intérêts devant la justice. Ce vendredi matin, les familles des victimes et les rescapés se réunissent sur les lieux du drame.

Aziz Zemouri dans le Point

jeudi 27 septembre 2012

Le rude sort des réfugiés maliens dans les camps mauritaniens

Des milliers de civils se sont enfuis en Mauritanie, en Algérie et dans d'autres pays voisins pour échapper à la domination du nord du Mali par les islamistes.

Alors que les Etats d'Afrique de l'Ouest se préparent à une intervention armée dans le nord du Mali, les réfugiés de la région sont confrontés à la détérioration des conditions de vie dans les camps de Mauritanie. Les Maliens déplacés dans le camp de M'berra le long de la frontière craignent qu'un nouveau conflit n'éclate, selon Mohamed Ould al-Salek, employé d'une organisation locale qui travaille dans ces camps. "Les gens ne veulent pas voir une nouvelle guerre éclater dans les provinces du nord du Mali dont ils sont originaires, parce que cela compliquerait encore et aggraverait leur situation", a-t-il ajouté. "Ils espèrent que la paix sera rétablie et que les choses se calmeront. Mais dans le même temps, ils ne voient pas quelle pourrait être la manière idéale de résoudre le problème dans le nord."

Les habitants du nord du Mali ont commencé à fuir la région après la rébellion touareg en janvier dernier. La situation s'est ensuite dégradée après le coup d'Etat du mois de mars à Bamako et le retrait de l'armée malienne. Les islamistes radicaux ayant des liens avec al-Qaida au Maghreb islamique ont rapidement mis les rebelles touaregs laïcs à l'écart, et contrôlent désormais la très vaste région de l'Azaouad. Par suite de cette situation, les conditions de vie des personnes qui se sont enfuies se sont aggravées, en dépit des efforts des autorités mauritaniennes, des organisations internationales d'aide humanitaire et des organisations de la société civile mauritanienne de fournir de la nourriture et de l'eau. Certaines familles maliennes sont parties pour Bassiknou, une ville très pauvre située à une quinzaine de kilomètres de ce camp de réfugiés.

Le quotidien mauritanien El Hourriya a indiqué que la soif avait fait son apparition dans ces camps au cours des dernières semaines, après la panne du seul puits artésien fournissant de l'eau potable aux réfugiés, une situation qui menace désormais plus de cent mille réfugiés azaouadis. "Nous avons effectivement connu un problème d'approvisionnement en eau et d'autres problèmes ces dernières semaines dans le camp de M'berra, ce qui constitue une difficulté pour la majorité des nombreux réfugiés qui ne disposent que de maigres ressources financières", a expliqué Ibrahim Ag, employé à l'Association mauritanienne de lutte contre la pauvreté et pour le développement (ALPD), à Magharebia par téléphone.

"Les familles qui en ont les moyens achètent leur eau dans la ville proche de Bassiknou et la font transporter vers les camps par camion", a-t-il expliqué, ajoutant que "le plus gros problème que connaissent certains d'entre eux est le manque de tentes et d'abris, ce qui les expose à la chaleur, au soleil et à la pluie." "Un autre problème est la hausse quotidienne du nombre de réfugiés en provenance du Mali et de Mauritanie", a-t-il conclu. "Il est de ce fait impossible de fournir de quelconques statistiques, ce qui est un problème pour les organisations humanitaires qui ne peuvent fournir un abri et de la nourriture à tous les nouveaux arrivants." Pour sa part, Abdallah Ibrahim, un réfugié de l'Azaouad, explique que la situation devient "de plus en plus difficile au fur et à mesure que le temps passe, et que toutes les portes de l'espoir se referment".

"Nous sommes désormais confrontés à une crise de la soif, et le prix d'un baril d'eau est aujourd'hui de 1 400 à 1 600 ouguiyas pour ceux qui peuvent se permettre d'acheter de l'eau", a-t-il ajouté, soulignant que la majorité des personnes présentes dans ce camp dépendent de l'eau fournie par les agences humanitaires. "Mais nous ne pourrons continuer comme cela pendant longtemps."

Il a expliqué que certaines familles tentent de partir pour Bassiknou, mais en sont empêchées par les gendarmes mauritaniens, parce que cela "ouvrirait la porte au départ de nombreux réfugiés". "Nous espérons que la communauté internationale trouvera rapidement une solution à nos problèmes", a-t-il conclu. "Nous apprécions les efforts consentis par l'Etat mauritanien et les organisations humanitaires qui sont ici avec nous, mais cette crise est plus forte que tout."

Jemal Oumar pour Magharebia à Nouakchott

La loi sur l’asile subit un tour de vis dans l’urgence

Centres spéciaux pour requérants récalcitrants, restrictions au regroupement familial, limitation de l’octroi du statut de réfugié: les parlementaires ont procédé à un nouveau durcissement de la Loi sur l’asile. Ces mesures seront appliquées dès le mois d’octobre.

«Quoi que nous fassions, la Suisse restera une destination attrayante pour les requérants d’asile. La plupart d’entre eux n’ont pas de travail, de possibilité de formation ni de perspectives dans leur pays. Si je vivais dans ces pays, je tenterais aussi probablement ma chance en Suisse», a reconnu Urs Schwaller, sénateur démocrate-chrétien (PDC / centre-droit) lors du débat sur l’asile qui s’est tenu cette semaine à la Chambre des cantons.
Malgré une longue série de durcissements opérés ces vingt dernières années, la Suisse figure aujourd’hui encore  – aux côtés de la Suède, de la Norvège, de l’Autriche et du Luxembourg – parmi les pays européens confrontés au plus grand nombre de demandes d’asile, proportionnellement à leur population. Et la tendance est à nouveau à la hausse: le nombre de requêtes déposées est passé de 10'844 en 2007 à 22'551 en 2011. La barre des 30'000 demandes devrait être atteinte cette année.
La Confédération et les cantons se trouvent depuis des années à court de personnel et de moyens pour faire face à cet afflux. Les affaires récurrentes de criminalité et de violence impliquant des requérants d’asile ont provoqué peur et mécontentement au sein de la population, qui s’est opposée dans plusieurs communes à l’ouverture de nouveaux centres d’accueil. Sur le plan politique, la droite conservatrice est repartie au combat, exigeant l’adoption de mesures drastiques, dont la mise en place de camps d’internement.

Accélérer la procédure

Toutes ces raisons ont poussé le gouvernement à présenter un nouveau projet de révision de la Loi sur l’asile en 2010, soit deux ans à peine après l’entrée en vigueur de la précédente révision. Le principal objectif du gouvernement est d’accélérer la procédure d’examen des demandes d’asile, considérée comme trop lente par toutes les parties. Du dépôt de la demande à la décision d’asile, la procédure dure actuellement en moyenne 1400 jours.
«Le pouvoir d’attraction d’un pays riche, avec son système social et de santé développé, va perdurer. Mais la Suisse sera un peu moins attrayante si les demandeurs d’asile savent que leur demande sera examinée rapidement et qu’ils ne pourront pas rester trois ou quatre ans, exercer un travail et envoyer de l’argent à la maison», a expliqué Urs Schwaller.
Pour la majorité des députés de droite et du centre, les propositions du gouvernement ne vont cependant pas assez loin. Plusieurs représentants de l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice) ont dressé un sombre tableau de la situation, notamment sur le front de la criminalité.

Centres spéciaux

«Les cambriolages de véhicules et les vols de bicyclettes font désormais partie des délits les plus banals. Il s’agit bien plus souvent de trafic de drogue, de bagarres, de cambriolages, d’attaques à l’arme blanche et de violences sexuelles», a affirmé This Jenny, sénateur de l’UDC. Malgré l’opposition partielle de la gauche, le Parlement a approuvé une série de mesures urgentes visant à durcir la Loi sur l’asile et à rassurer la population.
Parmi celles-ci, la création de centres spéciaux pour héberger les requérants d’asile qui menacent l’ordre publique, que ce soit par des comportements violents ou du harcèlement sexuel. Une situation qui concerne une minorité de personnes, selon les dires de la ministre de Justice et Police Simonetta Sommaruga, mais qui créent de graves problèmes et qui mettent en danger la sécurité des autres hôtes et du personnel.
Pour faire face à l’afflux de réfugiés, la Confédération pourra ouvrir de nouveaux centres d’accueil sans avoir à demander l’autorisation aux cantons et aux communes concernées. «Les centres existants sont pleins et de nombreux requérants sont logés dans les corridors. Cette situation alimente l’agressivité  et crée des difficultés», a souligné Simonetta Sommaruga.

Reconnaissance restreinte

Le Parlement a également décidé de ne plus prendre en considération les demandes d’asiles déposées dans les ambassades suisses. La Suisse est le seul pays européen qui offre encore cette possibilité. Une mesure absurde, selon la gauche. «Les ambassades sont beaucoup plus proches de la situation réelle des requérants d’asile. Elles sont ainsi plus à même d’évaluer si les demandes sont fondées ou non», a affirmé le sénateur des Verts Luc Recordon.
Les déserteurs et les objecteurs de conscience ne seront plus reconnus automatiquement comme des réfugiés. Cette mesure, qui vise en particulier à limiter la hausse continue des requérants d’asile érythréens, n’aura probablement pas un grand effet: conformément à la Convention sur le statut des réfugiés, la Suisse devra continuer à accepter tous les exilés qui risquent de graves persécutions dans leur pays d’origine pour des raisons politiques ou religieuses.
Ne seront pas non plus reconnus comme réfugiés tous ceux qui fondent leur demande sur des activités politiques entreprises après avoir quitté leur pays. Pour terminer, le droit au rassemblement familial sera limité aux conjoints et aux enfants des réfugiés reconnus. Les Chambres ne sont en revanche pas parvenues à trouver un accord en ce qui concerne la suppression de l’aide sociale pour tous les requérants d’asile, comme le souhaitait le Conseil national (Chambre basse).

Crédibilité en jeu

Les mesures adoptées ces derniers jours entreront en vigueur en octobre déjà, au-travers d’une loi urgente, sans attendre le terme du délai référendaire. Une décision contestée par la gauche, selon laquelle une telle procédure ne devrait être appliquée que lorsque la situation économique ou politique du pays est extrêmement grave.
Aux yeux de la droite, le nouveau durcissement de la Loi sur l’asile doit servir à lancer rapidement un signal fort à la population. Selon Simonetta Sommaruga, il faut cependant éviter de susciter des attentes excessives qui risquent une nouvelle fois d’être déçues.
«Le problème, c’est que lors de révisions précédentes de la loi, on a déjà voulu lancer des signaux à la population, tout en sachant que les décisions n’apporteraient aucun changement, a déclaré la conseillère fédérale. Avec cette manière de procéder, on déçoit à chaque fois la population. Et on sape la crédibilité de la politique d’asile».

Armando Mombelli, swissinfo.ch
(Traduction de l’italien: Samuel Jaberg)

L'immigration serait surtout un enjeu alémanique

Une étude a analysé les débats sur l'immigration dans six pays d'Europe, dont la Suisse. Celle-ci se distingue par les références régulières à l'origine et la religion des immigrants et paraît divisée par le Röstigraben.

Des chercheurs ont observé que l'immigration représente un faible enjeu en Suisse romande, en Belgique francophone, en Espagne et en Irlande, alors que les prises de position publiques sur ce thème sont très fréquentes en Suisse alémanique, en Autriche, en Flandre et en Grande-Bretagne. Les Pays-Bas alternent des périodes de fort débat avec d'autres plus calmes. Les variations d'un pays à l'autre ne sont étonnamment pas toujours liées à des facteurs objectifs comme l'afflux massif d'immigrants, la récession économique ou l'émergence d'un parti d'extrême droite. Les chercheurs ont en outre remarqué que les mesures adoptées dans ce domaine ne semblent pas toujours avoir les mêmes effets sur les débats, ni sur l'agenda politique des partis. C'est le constat formulé par une équipe de recherche européenne et dirigée par l'Université de Neuchâtel dans une étude présentée jeudi à Bruxelles. Le travail se base sur l'analyse du contenu de journaux dans sept pays européens sur une période allant de 1995 à 2010: Suisse, Autriche, Belgique, Pays-Bas, Espagne, Grande-Bretagne et Irlande.

Démocratie directe en question

L'étude a tenté de comprendre pourquoi l'immigration est devenue dernièrement un sujet politique dans certains pays et, au contraire, pourquoi le thème est resté absent des débats dans d'autres. Des politiques plus fortes sur l'immigration peuvent par exemple dans certains cas calmer le débat et le retirer de l'agenda alors qu'ailleurs, elles peuvent conduire à une intensification des débats publics, souligne l'étude. Cette vaste recherche pose aussi la question de savoir si la législation ou les instruments de la démocratie directe permettent de régler la question de l'immigration ou, au contraire, s'ils servent à polariser les esprits.

S'agissant de la Suisse, l'étude montre ainsi que les référendums ont tendance à polariser les questions sur l'immigration, autrement dit, à en faire un sujet uniquement traité par des partis situés aux extrêmes de l'échiquier politique. Les chercheurs ont également examiné la question de l'immigration musulmane. Ils montrent que les prises de position publiques sur cette immigration spécifique augmentent partout en Europe: de 3% en 1990 à 15% en 2005. L'absence d'acteurs musulmans dans le débat public a en outre aussi été observée. Et contrairement aux six autres pays étudiés, les références à l'origine et à la religion des migrants sont plus fortement marquées dans les discussions publiques en Suisse.

ATS, Newsnet et 24 Heures

Asile: mesures urgentes sous toit et en vigueur dès samedi

La Suisse ne reconnaîtra plus la désertion comme motif d'asile et ce, dès samedi. Le gouvernement pourra ainsi tester de nouvelles procédures en matière d'asile même en dehors du cadre légal.

En principe, la Suisse ne reconnaîtra plus la désertion comme motif d'asile dès samedi. Malgré l'opposition du camp rose-vert, les Chambres fédérales ont mis mercredi sous toit le volet urgent de la révision de la loi sur l'asile. La proposition de la conférence de conciliation a été acceptée par 35 voix contre 4 au Conseil des Etats et par 131 voix contre 40 au National. Un refus aurait condamné toutes les mesures urgentes. Le gouvernement sera ainsi autorisé à tester de nouvelles procédures en matière d'asile même en dehors du cadre légal. En guise de compromis, face à l'opposition initiale du National à cette loi des "pleins pouvoirs", la durée des essais sera limitée à deux ans, soit un de moins que ce que préconisait la Chambre des cantons. Lors de phases de test, le Conseil fédéral pourra réduire les délais de recours pour certains groupes de demandeurs d'asile de 30 à 10 jours. Moyennant une ordonnance, il pourra aussi modifier les règles du jeu concernant la procédure d'asile en première instance, le renvoi et les questions financières.

Pas de délai référendaire

A la Chambre du peuple, le camp rose-vert a combattu une nouvelle fois cette disposition expérimentale qui risque d'ouvrir la boîte de Pandore, à ses yeux. Mais son opposition s'étend à tout le paquet urgent, qui ne résoudra pas l'attrait de la Suisse pour les demandeurs d'asile et ni la précarité de leur situation, a dit Cesla Amarelle (PS/VD). Les autres mesures qui entreront en vigueur immédiatement après les votations finales, échappant au délai référendaire, n'étaient plus en discussion. Les Chambres ont restreint la définition du réfugié, supprimant la désertion des motifs pour accorder l'asile. Exit aussi la possibilité de déposer une demande d'asile dans une ambassade.

Hébergement

La loi autorise la Confédération à transformer ses bâtiments, généralement militaires, en centres pour l'hébergement des requérants sans devoir obtenir l'aval des cantons ou des communes. Autre mesure immédiate, la possibilité de créer des centres spécifiques pour les requérants récalcitrants. La Chambre du peuple a profité de l'occasion pour transmettre tacitement une motion de sa commission préparatoire. Le Conseil fédéral est chargé de prévoir une "réserve stratégique" de logements pour les requérants. Le but est de garantir l'hébergement même en cas de forte hausse du nombre de personnes en cherche de refuse en Suisse. Les Chambres fédérales n'ont en revanche pas terminé l'examen de la révision ordinaire de la loi sur l'asile, qui reviendra sur le tapis cet hiver. Elles doivent notamment se mettre d'accord sur l'octroi de l'aide sociale aux requérants. Le National voudrait supprimer ce soutien financier à tous, alors que le Conseil des Etats ne prône cette mesure que pour les demandeurs qui enfreignent les lois ou les procédures.

ARCinfo

Asile: pour tester de nouvelles procédures hors cadre légal

Le Conseil fédéral devrait pouvoir tester de nouvelles procédures en matière d'asile même en dehors du cadre légal. La durée de ces tests ne devrait toutefois pas pouvoir dépasser deux ans. Le Conseil des Etats s'est rallié mercredi à ce compromis. Le National doit encore se prononcer.

La proposition de la conférence de conciliation a été adoptée par 35 voix contre 4 par les sénateurs. La Chambre des cantons a jusqu'ici toujours accepté de donner carte blanche au Conseil fédéral. Elle a désormais accepté de ramener de trois à deux ans la durée maximale des tests.

Ne pas trouver de compromis mettrait en péril tout le volet urgent de la révision de la loi sur l'asile, a rappelé Christine Egerszegi (PLR/AG) au nom de la commission.

Dans le cadre de projets-pilotes, le gouvernement pourrait ainsi réduire les délais de recours pour certains groupes de demandeurs d'asile de 30 à 10 jours. Il pourrait aussi modifier les règles du jeu concernant la procédure d'asile en première instance, le renvoi et les questions financières.

ATS sur romandie.com

Argovie: la protection civile pourra patrouiller dans les quartiers

En Argovie, des membres de la protection civile pourront patrouiller dans les quartiers d'habitations pour améliorer le sentiment de sécurité de la population, a annoncé la Chancellerie d'Etat mercredi soir. Chaque organisme de protection civile devra au préalable obtenir une autorisation du canton.

Les engagements devront se faire en accord avec la police. De plus, les patrouilles ne pourront procéder à des contrôles ou à des interpellations. Elles devraient le cas échéant faire appel à la police, a précisé la Chancellerie d'Etat argovienne suite à un rapport pour les organismes de protection civile.

La décision d'engager de telles patrouilles reviendra aux autorités communales et régionales. Par ailleurs, le canton informera l'Office fédéral de la protection de la population de tout engagement de la protection civile.

"Crime Stop"

Dans le cadre de l'opération "Crime Stop", le gouvernement avait annoncé en août vouloir envoyer des patrouilles désarmées de protection civile. Il veut ainsi lutter notamment contre la criminalité de requérants d'asile. La présence policière dans les gares et près des centres de requérants avait déjà été renforcée.

Le gouvernement est d'avis que les patrouilles, par leur présence, auront un effet préventif sur les cambriolages perpétrés au crépuscule. La protection civile doit avant tout soutenir et décharger la police. Celle-ci restera responsable du maintien de la sécurité aux abords des centres de requérants d'asile.

Les premières patrouilles de protection civile devraient commencer en décembre, estime le gouvernement. De tels engagements ne sont pas nouveau. Il y a 10 ans, des patrouilles de quartier avaient déjà été mises en place avec succès, ont rappelé les autorités.

ATS sur romandie.com

Copé se défend de reprendre au FN le thème du racisme anti-blanc

Jean-François Copé a affirmé mercredi 26 septembre que "personne n'est propriétaire ni des mots, ni des idées", se défendant de reprendre au FN la dénonciation du racisme anti-blanc, et soulignant qu'il combattait toutes les formes de racisme.

 

AFP

La Jordanie va ouvrir un complexe scolaire pour 4.000 enfants syriens

Les autorités jordaniennes ont annoncé mercredi la construction d'un complexe scolaire pour 4.000 enfants dans l'immense camp de réfugiés syriens de Zaatari (nord), où les cours doivent débuter fin octobre.

"Un complexe scolaire est actuellement en cours de préparation pour l'éducation d'environ 4.000 enfants syriens dans le camp de réfugiés de Zaatari. Le processus éducatif commencera le 20 octobre", a déclaré Mahmoud Omoush, directeur du camp géré par l'ONU, cité par l'agence jordanienne Petra.

Le ministre de l'Education, Abdelkader Bani Rsheid, a ajouté que d'autres écoles seraient construites dans ce camp érigé près de la frontière et qui accueille plus de 30.000 réfugiés ayant fui les violences en Syrie voisine. "Au moins 110 enseignants ont choisi de rejoindre les écoles que nous mettons en place à Zaatari. Ces écoles vont bientôt ouvrir", a déclaré le ministre à l'agence Petra.

Les conditions de vie dans ce grand camp de toile où les réfugiés vivent sous des tentes, dans la poussière et la chaleur, ont provoqué des tensions qui ont dégénéré à plusieurs reprises ces dernières semaines, obligeant la police anti-émeute à intervenir. Au total, près de 8.000 enfants syriens sont déjà inscrits dans les écoles publiques du royaume, selon les autorités.

La Jordanie affirme avoir accueilli plus de 200.000 réfugiés syriens et a demandé à la communauté internationale une aide de 700 millions de dollars pour faire face à cet afflux.

Nouvel Observateur

« Sombras », un grand cri de dignité

Ce remarquable documentaire, d’une très belle intégrité, donne la parole aux clandestins venus d’Afrique en Europe au risque de leur vie.

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L’errance tragique des clandestins, partis d’Afrique à la poursuite du « rêve occidental », donne lieu, depuis quelques années, à un nombre croissant d’œuvres cinématographiques. 

Des documentaires ou des fictions, réalisés d’un côté ou de l’autre de la Méditerranée, à l’exemple de La Pirogue , de Moussa Touré, présenté au Festival de Cannes en sélection « Un certain regard » et attendu dans les salles le 17 octobre prochain. Aucune d’elles, pourtant, n’avait recueilli avec autant d’intensité, de dignité, la parole de ceux qui, s’ils ne meurent pas assoiffés, affamés ou noyés, n’ont, pour toute victoire, que le droit de glisser comme des ombres aux marges de nos sociétés.

Écartant d’un même mouvement la posture militante ou l’apitoiement facile, Oriol Canals, au cours d’un travail de sept années, est allé droit à ce qui manquait : les mots de ces hommes errant de villes en villages, longeant sous l’implacable soleil d’interminables rubans d’asphalte, trouvant refuge sur des terrains vagues ou dans des bâtiments abandonnés. 

Autour d’eux, le manège des voitures et des camions pressés, symbole de ce monde opulent et affairé, tourne sans voir, sans s’arrêter. Entre une petite caméra et un drap blanc agrafé au mur, ils sont là qui témoignent, en mots simples et pudiques, confrontés à leur capacité à dire – ou pas. 

Dire la réalité de ce “rêve occidental”

Ils racontent la succession des enfers : le désert à pied, la mer en pirogue, la chaleur et le froid, la faim et la soif, l’affaiblissement, la mort de ceux qui les entourent et la certitude de leur fin prochaine. Puis l’extrême indigence qui attend les survivants, l’absence de papiers, la peur et la faim, encore et toujours. La honte de cet « échec », qu’ils acceptent pourtant de confier. 

Pour chacun d’eux, Oriol Canals a réalisé une cassette vidéo envoyée chez eux, en Afrique, à leurs pères et sœurs sans nouvelles. Terrassés par la dureté de leur sort, ils veulent dire la réalité de ce « rêve occidental » qui les a perdus. Certains ont des mots d’une profondeur inouïe, qui donne à saisir celle de leur souffrance. Il faut les entendre.

Arnaud Schwartz dans la Croix

     

Manuel Valls réforme la rétention des clandestins

Pour contourner l'interdiction de placer en garde à vue les étrangers au seul motif de leur situation irrégulière, le ministre de l'Intérieur déposera vendredi un projet de loi permettant de les retenir jusqu'à 16 heures.

Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, veut donner du corps à sa politique de fermeté face à l'immigration irrégulière. Dès vendredi, le gouvernement doit déposer en Conseil des ministres un projet de loi autorisant une rétention de moyenne durée pour les étrangers arrêtés en situation irrégulière sur le territoire. Celle-ci pourrait atteindre jusqu'à 16 heures, pour permettre aux forces de l'ordre de vérifier la situation réelle des personnes interpellées et engager une éventuelle procédure d'expulsion. Au lieu des quatre heures actuellement autorisées. C'est, en tout cas, ce qu'a affirmé au Figaro le cabinet du ministre, à Beauvau.

Jurisprudence européenne

Ce dispositif essentiel à l'efficacité de la politique d'éloignement des clandestins, est très attendu par les policiers et les gendarmes, qui s'estiment juridiquement désarmés dans ce domaine depuis un arrêt de la Cour de cassation rendu le 5 juillet dernier. Pour se conformer à la jurisprudence européenne, la haute juridiction avait en effet déclaré illégale la garde à vue des étrangers (vingt-quatre heures renouvelables une fois) au seul motif qu'ils étaient en situation irrégulière.

Contrôle de légalité

Pas moins de 60.000 personnes seraient concernées chaque année par une telle mesure. Sous le précédent gouvernement, Claude Guéant avait laissé dans ses cartons un projet de rétention allongée. Manuel Valls le met en forme et ajuste le tir. «La question qui se pose est de savoir si cette mesure passera le filtre du contrôle de légalité», estime un juriste à Beauvau. Car la haute magistrature est sourcilleuse lorsqu'il s'agit de faire respecter l'équilibre entre les besoins légitimes de sécurité et le respect dû aux libertés fondamentales.

Jean-Marc Leclerc dans le Figaro

mercredi 26 septembre 2012

Non aux prison de la honte - Stop à la détention administrative


Fermez Frambois! 


  1. Parce que des hommes, des femmes et même des enfants peuvent, aujourd'hui en Suisse, être jetés en prison sans être coupables ni suspects d'un quelconque délit 

  2. Parce que cet état de fait atteste que les autorités suisses violent massivement les droits fondamentaux d'une partie de ses habitants en les privant de liberté sans procès équitable 

  3. Parce que, dans sa force aveugle, la violence d'Etat disloque des familles

  4. Parce qu'un tel régime de détention exerce une torture psychologique sur chaque détenu en le privant de toute perspective d'avenir, et ainsi d'espoir 

  5. Parce qu'à rebours de ses prétentions humanitaires, la Suisse, par la fabrication et l'expulsion massive de sans-papiers, les jette dans des situations de graves dangers

  6. Parce que de surcroit, cette politique des renvois a déjà fait des morts 

  7. Parce que la détention administrative préfigure la création d'une catégorie d'individus conditionnels, à l'essai, à points, susceptibles d'être à tout moment privés de leurs droits 

  8. Parce qu'à l'inverse, des femmes et des hommes, des associations, des communautés religieuses se mobilisent pour leurs collègues, leurs voisins, leurs semblables


Nous appelons... 


  1. Les autorités vaudoises, genevoises et neuchâteloises à cesser immédiatement de recourir à la détention administrative et à fermer la prison de Frambois. 

  2. Les autorités fédérales à mettre fin dans les plus brefs délais aux violations des droits humains dans les prisons administratives. 

  3. La conseillère fédérale Sommaruga à s'expliquer sur la torture subie par un Camerounais, à lui accorder l'asile et à suspendre les renvois vers les pays où les droits humains sont violés.

  4. Le Parlement à réviser la loi sur les étrangers pour supprimer la détention administrative et à renoncer à un énième durcissement de la loi sur l'asile 

  5. Les personnes qui côtoient les détenus administratifs à témoigner des conditions de détention et d'expulsion ainsi que des risques encourus par les migrants en cas de renvoi

  6. Les communautés religieuses à prendre position fermement contre la détention administrative et à accueillir des étrangers menacés de mesure de contrainte. 


Pour soutenir la publication du manifeste: Comité unitaire, Genève, CCP 12-33153-3 Mention : manifeste








Ils en remettent une couche !

Courrier de lecteur paru dans 24 Heures

Non content d’avoir gagné la votation populaire concernant l’initiative sur le renvoi des criminels étrangers, le parti nationaliste de notre pays en remet une couche. Pour lui, l’étranger est la cause de tous les maux dont souffre notre pays. Mais on oublie que les étrangers vivant ici rendent de nombreux services en occupant des postes de travail peu ou mal rémunérés et, en plus, peu valorisants.

En ce qui concerne la nouvelle initiative sur le renvoi des criminels étrangers, on doit savoir que c’est un doublon de la première pour faire pression sur le Conseil fédéral. Ce dernier est gêné dans l’élaboration de la loi, car elle est excessive au regard du droit international, qui n’est pas quantité négligeable, contrairement à ce que les nationalistes nous disent.

Cette loi sur le renvoi d’étrangers est scélérate parce que arbitraire; un délit mineur peut occasionner un renvoi sans  recherche de la cause du méfait.

De tristes épisodes d’un passé récent nous montrent les dégâts qu’elle occasionne lors d’un renvoi forcé, jusqu’à la mort de celui qui se voit renvoyé dans son pays d’origine. De plus, on n’est pas certain que celui qui est expulsé ne court pas de risque dans son pays d’origine.

Ce n’est pas cette image-là qu’il faut donner de notre pays; il s’agit plutôt de conserver, voire de développer l’image d’une Suisse ouverte et humaniste.

Thierry Cortat, Delémont

Liban : 120 000 réfugiés syriens d’ici la fin de l’année

Alors que les violences s’intensifient en Syrie, les réfugiés sont de plus en plus nombreux à affluer au Liban. Selon le dernier rapport de Caritas Liban, ils seront 120 000 d’ici la fin de l’année 2012.

Depuis plusieurs mois, le Liban fait face à l’afflux de dizaines de milliers de personnes fuyant le conflit en Syrie, toujours en proie à des violences sanglantes : en 18 mois d’une révolte contre le président Bachar al-Assad qui a tourné à la guerre civile, au moins 29.000 personnes ont péri dont près de 21.000 civils, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.

A la différence de la Turquie, de la Jordanie et de l’Irak, les réfugiés syriens sont disséminés parmi les Libanais plutôt que regroupés dans des camps, bien que certains réfugiés commencent à investir des campements en dur, témoigne Alexis Adam, responsable du Moyen-Orient au Secours Catholique.

Jusqu’à présent, le soutien conjugué des communautés d’accueil, du gouvernement et des ONG a évité une crise sanitaire. Mais l’afflux de réfugiés complique la tâche des humanitaires sur place.

Dans la Bekaa, région frontalière avec la Syrie, les membres de Caritas Liban sont bien souvent les premiers contacts des populations tout juste réfugiées. Ils prennent en charge l’ensemble des besoins, de la distribution alimentaire aux premiers soins, le temps que les réfugiés aillent s’enregistrer au HCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés), ce qui peut prendre un à trois mois.

Le Liban lui-même est de plus en plus instable en raison de la crise syrienne, comme en témoignent les dernières tensions violentes à Tripoli, la deuxième ville du pays.

Trouvé sur Secours Catholique

Jordanie: émeute dans un camp de réfugiés

Une émeute s'est déclenchée lundi soir dans un camp de réfugiés syriens du nord de la Jordanie, où plusieurs centaines de personnes ont affronté les forces de sécurité, rapportent des responsables jordaniens et des Nations unies.

Six agents jordaniens ont été blessés par des pierres lancées par les manifestants, qui demandaient de rentrer en Syrie, théâtre depuis 18 mois d'un conflit entre le gouvernement du président Bachar al Assad et les insurgés. Des activistes du camp de Zaatari, qui abrite environ 30.000 Syriens, ont dit que des réfugiés avaient également été blessés.

"Il y a eu une manifestation qui a dégénéré", a expliqué Sybella Wilkes, porte-parole du Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR), ajoutant que le rassemblement, auquel participaient environ 300 personnes, avait eu lieu à la suite de la réticence des autorités jordaniennes à l'idée de conduire à la frontière les personnes qui le demandent. L'un des réfugiés a dit que les violences avaient éclaté après l'arrestation de quatre personnes par les forces de l'ordre. Un porte-parole des forces jordaniennes a précisé que sept activistes avaient été arrêtés pour incitation à la violence.

AFP via le Figaro

mardi 25 septembre 2012

Comment des pubs racistes ont pu tapisser le métro de New York

Alors que le monde a les yeux tournés vers New York et l'Assemblée générale des Nations unies, le métro de la ville accueille, depuis le lundi 24 septembre, une campagne publicitaire ainsi libellée : "Dans toute guerre entre le civilisé et le sauvage, soutenez le civilisé. Soutenez Israël, faites échec au djihad." Sa promotrice, Pamela Geller, qui dirige l'Initiative américaine pour la défense de la liberté (AFDI), récuse toute offense raciste. Pour preuve, le "sauvage" n'est pas identifié. Elle-même l'est, cependant. Mme Geller patronne en effet une autre formation à l'intitulé plus explicite : "Halte à l'islamisation de l'Amérique".

Une publicité antimusulmans dans le métro de New York, le 24 septembre 2012. | REUTERS/BRENDAN MCDERMID

L'environnement politique - l'assassinat par des salafistes de l'ambassadeur des Etats-Unis en Libye, les manifestations antiaméricaines dans l'espace musulman contre un film sur Internet dénigrant le prophète Mahomet... - apparaît favorable à sa spécialité : exacerber les passions. Mais sa campagne d'affichage avait été lancée auparavant, sans doute en lien avec l'élection présidentielle.

“De l’islamoréalisme”

Elle a déjà été menée, du 13 août au 4 septembre, à San Francisco (où les autorités locales du transport public ont accueilli des contre-publicités "A bas le racisme" placées à côté des affiches controversées). En revanche, la mairie de Washington a "repoussé" leur diffusion devant le risque de trouble à l'ordre public.

A New York, Mme Geller avait récemment fait placarder sur une ligne de chemin de fer des affiches clamant : "Ce n'est pas de l'islamophobie, c'est de l'islamoréalisme. " Mais l'Autorité métropolitaine du transport public, la MTA, avait refusé de diffuser ses publicités en arguant de leur "langage avilissant". Pam Geller a obtenu gain de cause en justice.

Le juge Paul Engelmayer a estimé que son droit devait bénéficier "du plus haut niveau de protection sous le premier amendement" de la Constitution américaine, qui garantit la liberté d'expression. Ce, a admis le juge, bien que l'on puisse"raisonnablement considérer" que les "sauvages" incriminés sont effectivement les musulmans.

M. Obama “mène le djihad”

Précédemment grande admiratrice du criminel serbe Radovan Karadzic - elle a beaucoup dénoncé le "mythe de Srebrenica" -, fondatrice du mouvement SION (Stop Islamization of Nations),Pam Geller est, avec David Horowitz et Robert Spencer, du site Jihad Watch, une des figures de proue aux Etats-Unis de la mouvance anti-musulmans (et/ou anti-arabes, selon les cas), dont la rhétorique, sous la protection du 1er amendement, dépasse dans l'outrance tout ce qui serait considéré comme "raisonnablement" licite en France.

M. Spencer a d'ailleurs été nommé par Anders Behring Breivik, l'auteur du massacre d'Oslo en juillet 2011, comme une de ses sources d'inspiration. Mme Geller, elle, voit en Barack Obama"Hussein, le mahométan". Un homme qui avance masqué"fera tout pour apaiser ses suzerains islamiques" et, a-t-elle expliqué, qui "mène le djihad".

En 2010, elle fut durant quelques mois régulièrement invitée par la première chaîne nationale américaine, Fox News, pour commenter les sujets ayant trait à l'Islam, aux musulmans ou au conflit israélo-palestinien.

Sylvain Cypel (New York, correspondant) dans le Monde

Les habitants du Val-de-Ruz ouverts à l'accueil de nouveaux requérants

L'ouverture d'un centre fédéral pour requérants d'asile aux Pradières, au Val-de-Ruz, ne semble pas inquiéter la population. La séance d'informations organisée par l'Office fédéral des migrations, le Canton et les communes concernées mardi soir à Malvilliers s'est déroulée de façon constructive. Une quarantaine de personnes ont participé à la discussion à La Croisée.

val de ruz requérants

Certains habitants de la région se sont demandés comment allait être assuré l'accès au cantonnement militaire des Pradières durant l'hiver, d'autres souhaitaient s'assurer que les requérants n'allaient pas causer de troubles dans les habitations des environs. Plusieurs personnes ont même proposé des activités pour les requérants d'asile, afin qu'ils ne soient pas livrés à eux-mêmes.

L'Office fédéral des migrations a rappelé que l'accueil des requérants est prévu dès la mi-novembre pour une durée de six mois, et que le centre hébergera au maximum 110 personnes. Il a annoncé la création d'un groupe d'accompagnement composé de représentants de la Confédération, du Canton, des communes et de la population.

RTN

lundi 24 septembre 2012

Une émeute éclate dans un camps de réfugiés syriens en Jordanie

La police est intervenue, alors que quelque 1 000 réfugiés protestaient contre leurs conditions de vie dans le camp.

La police anti-émeutes jordanienne a fait usage lundi de gaz lacrymogènes pour disperser une manifestation de réfugiés syriens, qui ont mis le feu à une tente et détruit des biens, pour dénoncer leurs conditions de vie dans un camp du nord du pays, selon une association. «Quelque 1 000 réfugiés ont manifesté pour protester contre leurs conditions de vie dans le camp de réfugiés de Zaatari», a déclaré Zayed Hammad, président de l’association caritative islamique Kitab wal Sunna, qui fournit de l’aide à des dizaines de milliers de réfugiés. «Ils ont dit qu’ils voulaient rentrer dans leur pays. Ils ont détruit des bureaux de la société caritative jordanienne, mis le feu à une tente et attaqué un hôpital de campagne marocain», a-t-il précisé à l’AFP.

Selon lui, la police anti-émeutes «a tiré des gaz lacrymogènes pour mettre fin à la manifestation» dans le camp, qui héberge 30 000 réfugiés. «Il y a eu quelques blessés» emmenés par ambulance à l’hôpital, a ajouté Zayed Hammad. La police n'était pas disponible dans l’immédiat pour commenter cette information. Le 28 août, plus de 20 membres de forces de sécurité jordaniennes avaient été blessés dans des heurts survenus dans le camp, où les réfugiés protestaient déjà contre leurs conditions de vie.

Après les heurts, le Premier ministre Fayez Tarawneh avait indiqué que la Jordanie renverrait chez eux les réfugiés qui avaient attaqué les policiers. Selon le chef de la diplomatie jordanienne, Nasser Jawdeh, la Jordanie accueille actuellement quelque 200 000 réfugiés syriens, dont plus de 85 000 se sont manifestés auprès du Haut commissariat pour les réfugiés de l’ONU.

AFP

Le Conseil des Etats insiste pour autoriser des tests illégaux

Le Conseil fédéral doit pouvoir tester de nouvelles procédures en matière d'asile même en dehors du cadre légal. Par 23 voix contre 16, le Conseil des Etats a insisté lundi pour inscrire cette possibilité dans le volet urgent de la révision de la loi sur l'asile.

La semaine dernière, le National avait refusé de donner ce blanc-seing au gouvernement, craignant de lui accorder les pleins pouvoirs. A la Chambre des cantons aussi, une minorité a tenté de temporiser en invoquant le projet de loi censé accélérer de manière générale les procédures. Le Conseil des Etats veut par exemple accorder la compétence au gouvernement de réduire les délais de recours pour certains groupes de demandeurs d'asile de 30 à 10 jours dans le cadre de projets pilote. Moyennant une ordonnance, l'exécutif pourrait aussi modifier les règles du jeu concernant la procédure d'asile en première instance, le renvoi et les questions financières. La ministre de la justice Simonetta Sommaruga a promis que la protection juridique des intéressés serait garantie en tous temps.

Trois ans

La durée des tests ne pourra pas dépasser trois ans. Une proposition de compromis, visant à limiter la validité à deux ans a échoué, par 21 voix contre 20. Le Conseil national se prononce à nouveau mardi. Le volet urgent, qui pourrait entrer en vigueur dès samedi sans être soumis au délai référendaire, comprend aussi une restriction de la définition du réfugié, impliquant la suppression de la désertion des motifs pour accorder l'asile. Il supprime la possibilité de déposer une demande d'asile dans une ambassade et prévoit la création de centres spécifiques pour les requérants récalcitrants.

Admission provisoire

Dans la foulée, la Chambre des cantons a terminé aussi l'examen des divergences dans la révision ordinaire de l'asile, laissé en plan il y a deux semaines. Elle s'y est montrée un peu moins stricte que le National. Par 30 voix contre 8, le Conseil des Etats a ainsi refusé de porter à sept ans, au lieu de cinq, le délai minimal imposé aux personnes admises provisoirement pour demander un permis de séjour. Pas question non plus de supprimer le droit de rester en Suisse à une personne admise provisoirement qui séjourne plus de deux mois à l'étranger, ni de prolonger de trois à cinq ans la période pour demander le regroupement familial.

Il y a deux semaines, la Chambre des cantons a refusé de couper l'aide sociale aux demandeurs qui se comportent bien. Le National a créé des remous cet été en décidant de n'attribuer à l'avenir que l'aide d'urgence - soit quelque 8 francs par jour - à tous les requérants.

Motions

Enfin, le Conseil des Etats a balayé deux motions du National. Le Conseil fédéral ne devra donc pas conclure un accord avec Rome pour transférer dans les dix jours les cas Dublin (soit les personnes qui ont déposé une demande d'asile dans un autre pays avant la Suisse). Un texte visant à octroyer un forfait de sécurité aux communes abritant un centre d'accueil a également été enterré. Le dédommagement des cantons est déjà réglé dans le volet urgent de la loi.

ATS et Le Matin

Politicien tessinois soupçonné de racisme

Le conseiller national Lorenzo Quadri (Lega/TI) est dans le collimateur du mouvement antiraciste «Belticino» pour un photomontage anti-islamiste posté sur sa page Facebook. Le mouvement va adresser une pétition au Parlement.

«Le comportement de Lorenzo Quadri n'est pas digne d'un conseiller national et nous l'avons déjà signalé au président du Conseil national Hansjörg Walter», indique lundi Giancarlo Nava, un des promoteurs du mouvement tessinois «Belticino». L'association est née pour protester contre les bordées injurieuses et racistes de la Lega des Tessinois. Le cas soulevé par «Belticino» remonte à juin dernier, lorsqu'un photomontage de l'hebdomadaire catholique italien «Famiglia cristiana» - rebaptisé en l'occurrence «Famiglia musulmana» - est apparu sur la page Facebook de Lorenzo Quadri, 38 ans, journaliste luganais et conseiller national de la Lega.

Un message discriminatoire

Sur la couverture de la revue retouchée figurait un père et son enfant sous le titre: «Que faire si ton fils ne veut pas être kamikaze.» Suivait un sommaire révélateur: «Une burka pour l'été», «Construire une autobombe», ou encore «Conseils du mollah Omar aux familles.» Estimant que le message transmis par le conseiller national tessinois laisse entendre que «tous les musulmans sont des terroristes», «Belticino» a adressé en août dernier une lettre de protestation à la présidence du Conseil national. Signée par plusieurs personnalités tessinoises comme l'ex-procureur général Paolo Bernasconi, l'ex-sénateur et magistrat Dick Marty ou l'ex-président de la Croix-Rouge internationale Cornelio Sommaruga, la lettre n'a pas eu l'effet escompté.

Pétition

«Le président du Conseil national a répondu qu'il n'était pas compétent en ce qui concerne le comportement privé des parlementaires», explique Gianfranco Nava. «Belticino» a donc décidé d'adresser une pétition au Conseil national et de soulever le cas lors de la session du Grand Conseil tessinois. De son côté, Lorenzo Quadri a expliqué que cette photo a été postée sur sa page par un collaborateur qui gère son site. Il l'a retirée aussitôt après l'avoir découverte, a affirmé le conseiller national.

ATS et 20Minutes

Une cellule anti-harragas pour dissuader les candidats à l’émigration clandestine

C’est l’ampleur prise ces derniers mois par ce phénomène qui a poussé les responsables à mettre en place cette structure.

Le phénomène de l’émigration clandestine s’est amplifié ces derniers mois, et ce, depuis le début de la saison estivale, au niveau de la côte de l’extrême-ouest du pays, en particulier les zones de Honaine, Ghazaouet et Marsat Ben M’hidi, ainsi que les wilayas de Tlemcen et Aïn Témouchent avec Béni-Saf et Bouzedjar, qui ont enregistré un nombre important de candidats à la harga. À cet effet, et pour y faire face, une cellule de sécurité et de crise, composée des représentants de la Sûreté nationale, de la Gendarmerie nationale et des gardes-côtes, vient d’être mise sur pied tout récemment afin d’assurer un travail de coordination. Il s’agit, dans un premier temps, de parvenir à dissuader les jeunes Algériens de recourir à cette aventure à haut risque qu’est la tentative d’émigration clandestine.
Par ailleurs, nous apprenons que cette cellule aura pour mission principale le suivi des mouvements et des différents passages des harragas, qui devront en même temps être soumis à des enquêtes approfondies quant à leurs origines, mais également les motifs qui les ont amenés à faire ce choix extrême aux conséquences parfois dramatiques.

L’importance de rassembler toutes les informations nécessaires sur ce phénomène qui prend de l’ampleur dans la région ouest du littoral est aussi l’un des objectifs de cette cellule, et ce, pour permettre aux différents responsables concernés de prendre les mesures s’imposant en pareille circonstance. La coordination de tous les efforts entre les différents services chargés de la lutte contre ce fléau touchant de plus en plus de jeunes est encore mise en avant dans ce cadre. Cette cellule se veut, donc, un apport considérable pour ceux qui ont le pouvoir de décision afin de prendre en charge d’une façon sérieuse les doléances de cette catégorie juvénile de la population, qui est souvent animée par un pessimisme criant quant à leur devenir, et cela avant de passer aux mesures répressives. Pour rappel, et conformément à l’article 175 de la loi 66-156 du code pénal, sont punies d’une amende allant de 2 à 6 mois d’emprisonnement et d’une amende de 20 000 à 60 000 DA les personnes qui tentent de quitter de manière illégale le territoire national.

La sonnette d’alarme

Il faut dire que la sonnette d’alarme a été tirée après le refoulement de pas moins de 300 émigrés clandestins de nationalité algérienne qui ont été reçus par les autorités concernées ainsi que l’arrestation de 84 candidats à l’émigration clandestine. Ces derniers, qui avaient tenté d’émigrer clandestinement à partir des côtes des wilayas d’Oran, d’Aïn Témouchent et de Tlemcen, ont été interceptés par les éléments relevant des postes avancés de la Marine nationale ainsi que par les gardes-côtes de Ghazaouet au large des eaux territoriales depuis le mois de juin dernier. Dans le même sillage, notre source fait état de la présentation à la fin de la semaine écoulée de 43 harragas, parmi eux des femmes, devant le procureur de la République près le tribunal de Ghazaouet qui les a placés en détention provisoire pour émigration clandestine. Il est utile de préciser que sur les 43 harragas, 21 personnes avaient embarqué à partir du littoral d’Aïn El-Turck et ont été interceptées en pleine mer.
L’exploitation du renseignement

La semaine écoulée, ce sont 33 candidats à l’émigration clandestine qui ont été interceptés au large du littoral de Mostaganem, lorsque leur embarcation s’est renversée, provoquant la mort de l’un d’entre eux. Ainsi, le travail de la cellule de sécurité pour le suivi des mouvements des harragas se basera sur l’exploitation du renseignement, de l’investigation et de la coordination, comme cela a été le cas la semaine écoulée, lorsque l’organisateur des traversées illégales à partir de la plage de Honaine (Tlemcen) vers l’Espagne avait été arrêté. Ce passeur sera certainement poursuivi pour trafic illicite des migrants. Il est utile aussi de rappeler que 5 harragas âgés entre 29 et 31 ans, originaires d’Oran et d’Aïn Témouchent, ont vu leur tentative échouer grâce à la vigilance des gardes-côtes de Bouzedjar qui les ont interceptés, jeudi dernier, vers 14 heures, alors qu’ils étaient à bord d’un pneumatique équipé d’un moteur d’une puissance de 40 chevaux. L’organisateur de la traversée, un certain Saïd Boulahya, aurait pris la fuite avec l’argent versé pour le passage.

La Liberté, quotidien algérien