Une étude a analysé les débats sur l'immigration dans six pays d'Europe, dont la Suisse. Celle-ci se distingue par les références régulières à l'origine et la religion des immigrants et paraît divisée par le Röstigraben.
Des chercheurs ont observé que l'immigration représente un faible enjeu en Suisse romande, en Belgique francophone, en Espagne et en Irlande, alors que les prises de position publiques sur ce thème sont très fréquentes en Suisse alémanique, en Autriche, en Flandre et en Grande-Bretagne. Les Pays-Bas alternent des périodes de fort débat avec d'autres plus calmes. Les variations d'un pays à l'autre ne sont étonnamment pas toujours liées à des facteurs objectifs comme l'afflux massif d'immigrants, la récession économique ou l'émergence d'un parti d'extrême droite. Les chercheurs ont en outre remarqué que les mesures adoptées dans ce domaine ne semblent pas toujours avoir les mêmes effets sur les débats, ni sur l'agenda politique des partis. C'est le constat formulé par une équipe de recherche européenne et dirigée par l'Université de Neuchâtel dans une étude présentée jeudi à Bruxelles. Le travail se base sur l'analyse du contenu de journaux dans sept pays européens sur une période allant de 1995 à 2010: Suisse, Autriche, Belgique, Pays-Bas, Espagne, Grande-Bretagne et Irlande.
Démocratie directe en question
L'étude a tenté de comprendre pourquoi l'immigration est devenue dernièrement un sujet politique dans certains pays et, au contraire, pourquoi le thème est resté absent des débats dans d'autres. Des politiques plus fortes sur l'immigration peuvent par exemple dans certains cas calmer le débat et le retirer de l'agenda alors qu'ailleurs, elles peuvent conduire à une intensification des débats publics, souligne l'étude. Cette vaste recherche pose aussi la question de savoir si la législation ou les instruments de la démocratie directe permettent de régler la question de l'immigration ou, au contraire, s'ils servent à polariser les esprits.
S'agissant de la Suisse, l'étude montre ainsi que les référendums ont tendance à polariser les questions sur l'immigration, autrement dit, à en faire un sujet uniquement traité par des partis situés aux extrêmes de l'échiquier politique. Les chercheurs ont également examiné la question de l'immigration musulmane. Ils montrent que les prises de position publiques sur cette immigration spécifique augmentent partout en Europe: de 3% en 1990 à 15% en 2005. L'absence d'acteurs musulmans dans le débat public a en outre aussi été observée. Et contrairement aux six autres pays étudiés, les références à l'origine et à la religion des migrants sont plus fortement marquées dans les discussions publiques en Suisse.
ATS, Newsnet et 24 Heures
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