Alors que le monde a les yeux tournés vers New York et l'Assemblée générale des Nations unies, le métro de la ville accueille, depuis le lundi 24 septembre, une campagne publicitaire ainsi libellée : "Dans toute guerre entre le civilisé et le sauvage, soutenez le civilisé. Soutenez Israël, faites échec au djihad." Sa promotrice, Pamela Geller, qui dirige l'Initiative américaine pour la défense de la liberté (AFDI), récuse toute offense raciste. Pour preuve, le "sauvage" n'est pas identifié. Elle-même l'est, cependant. Mme Geller patronne en effet une autre formation à l'intitulé plus explicite : "Halte à l'islamisation de l'Amérique".
Une publicité antimusulmans dans le métro de New York, le 24 septembre 2012. | REUTERS/BRENDAN MCDERMID
L'environnement politique - l'assassinat par des salafistes de l'ambassadeur des Etats-Unis en Libye, les manifestations antiaméricaines dans l'espace musulman contre un film sur Internet dénigrant le prophète Mahomet... - apparaît favorable à sa spécialité : exacerber les passions. Mais sa campagne d'affichage avait été lancée auparavant, sans doute en lien avec l'élection présidentielle.
“De l’islamoréalisme”
Elle a déjà été menée, du 13 août au 4 septembre, à San Francisco (où les autorités locales du transport public ont accueilli des contre-publicités "A bas le racisme" placées à côté des affiches controversées). En revanche, la mairie de Washington a "repoussé" leur diffusion devant le risque de trouble à l'ordre public.
A New York, Mme Geller avait récemment fait placarder sur une ligne de chemin de fer des affiches clamant : "Ce n'est pas de l'islamophobie, c'est de l'islamoréalisme. " Mais l'Autorité métropolitaine du transport public, la MTA, avait refusé de diffuser ses publicités en arguant de leur "langage avilissant". Pam Geller a obtenu gain de cause en justice.
Le juge Paul Engelmayer a estimé que son droit devait bénéficier "du plus haut niveau de protection sous le premier amendement" de la Constitution américaine, qui garantit la liberté d'expression. Ce, a admis le juge, bien que l'on puisse"raisonnablement considérer" que les "sauvages" incriminés sont effectivement les musulmans.
M. Obama “mène le djihad”
Précédemment grande admiratrice du criminel serbe Radovan Karadzic - elle a beaucoup dénoncé le "mythe de Srebrenica" -, fondatrice du mouvement SION (Stop Islamization of Nations),Pam Geller est, avec David Horowitz et Robert Spencer, du site Jihad Watch, une des figures de proue aux Etats-Unis de la mouvance anti-musulmans (et/ou anti-arabes, selon les cas), dont la rhétorique, sous la protection du 1er amendement, dépasse dans l'outrance tout ce qui serait considéré comme "raisonnablement" licite en France.
M. Spencer a d'ailleurs été nommé par Anders Behring Breivik, l'auteur du massacre d'Oslo en juillet 2011, comme une de ses sources d'inspiration. Mme Geller, elle, voit en Barack Obama"Hussein, le mahométan". Un homme qui avance masqué"fera tout pour apaiser ses suzerains islamiques" et, a-t-elle expliqué, qui "mène le djihad".
En 2010, elle fut durant quelques mois régulièrement invitée par la première chaîne nationale américaine, Fox News, pour commenter les sujets ayant trait à l'Islam, aux musulmans ou au conflit israélo-palestinien.
Sylvain Cypel (New York, correspondant) dans le Monde
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