Depuis quelques nuits, des mendiants dormaient dans des cabanons abandonnés à Vidy.
Hier vers 11 heures, le directeur de la police lausannoise, Marc Vuilleumier, s’est rendu avec quelques policiers et une pelleteuse au lieu dit les Prés-de-Vidy, des jardins familiaux récemment abandonnés, coincés entre l’autoroute et le cimetière du Bois-de-Vaux.
C’est sur ce lieu bucolique que devra s’élever le futur stade prévu à deux pas de la Bourdonnette. La machine de chantier a épargné les cabanons de la partie nord du site qu’occupe le collectif de jeunes cultivateurs alternatifs La Bourdache, avec qui la Municipalité termine des négociations (lire ci-contre) . En revanche, l’engin mécanique a jeté à bas environ huit cabanes qu’une dizaine de mendiants roms occupaient depuis quelques nuits. «La Municipalité n’interdit pas la mendicité, mais a décidé de ne pas laisser des camps de Roms s’installer de manière permanente», explique le municipal popiste.
Certains d’entre eux étaient présents: la police les a fait sortir de leurs abris avant la destruction. Et avec les membres du collectif La Bourdache, ils ont réussi à sauver une partie des meubles. Il n’en reste pas moins qu’au milieu des fleurs et des herbes folles, les bâtiments jetés à terre laissent entrevoir des grossiers matelas éventrés, une paire de chaussures, des sièges de voiture ou des livres religieux.
Marc Vuilleumier ne cache pas un certain désarroi: «La situation ne me laisse pas insensible, mais nous avions décidé de détruire les cabanons, dont certains contiennent de l’amiante, pour laisser les archéologues faire des sondages avant la construction du stade.»
De «bons voisins»
Une attitude qui s’explique peut-être par l’initiative des libéraux-radicaux d’interdire «la mendicité par métier». Mais elle désole le collectif La Bourdache: «Les Roms se sont comportés en bons voisins, ne nous causant pas le moindre souci.» Elle désole encore plus le collectif Opre Rrom qui défend le sort de ces mendiants venus de Roumanie. Véra Tchérémissinoff, coordinatrice du groupe, constate avec amertume: «Si la mendicité est autorisée, il faut bien que les mendiants dorment quelque part. Ils ont essayé dans leur voiture et dans les parcs, la police les a chassés. Les campings les refusent.»
La police lausannoise a été prévenue dimanche 17 juillet par des voisins. Jeudi dernier, la pelleteuse est venue une première fois, mais Opre Rrom a pu arrêter les travaux et a écrit à la Municipalité. Marc Vuilleumier promet d’ouvrir des discussions. La pelleteuse a fourni hier un début de réponse: pas question de campement sauvage.
Justin Favrod dans 24 Heures
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