L’UDC valaisan avait d’abord été interdit de parole à Schaerbeek, un quartier de Bruxelles à forte population musulmane. Après un nouveau refoulement samedi matin d’un hôtel proche de la Commission européenne, il a finalement tenu sa conférence au Parlement flamand, à l’invitation de l’extrême droite locale.
Oskar Freysinger ne pouvait pas rêver mieux pour soigner son image de politicien persécuté, cette fois en Belgique et aux postes des Institutions européennes. Après l’annulation initiale de sa conférence à Schaerbeek, une commune bruxelloise à forte population musulmane (turque et marocaine), l’élu Valaisan de l’UDC a été, samedi matin, refoulé de l’hôtel Crowne Plaza, proche de la Commission Européenne, où l’association belge Euboco (http://www.euboco.eu/) qui l’avait invité avait loué une salle.
Plusieurs voitures de police dépêchées dès le matin étaient sur place, malgré l’absence de toute opposition ou manifestation. Idem pour la télévision et la radio belge. Tandis que la cinquantaine de personnes venues l’écouter patientait en pleine rue. Jusqu’à ce que Filip de Winter, le leader flamand du Vlams Belang, parti séparatiste d’extrême droite, propose d’accueillir le Conseiller National au… Parlement flamand, où l’intéressé a pu finalement s’exprimer pendant plus de deux heures.
«Le modèle européen n’a pas d’avenir»
«Avec des adversaires comme cela, je ne peux pas perdre la guerre. Aucune menace n’a été proférée contre moi par les musulmans. L’autocensure démocratique a fait le reste…», a vertement répliqué Oskar Freysinger, prompt à passer du sujet de sa conférence sur «L’Islam, un danger?» à une dénonciation en règle de l’UE incapable, selon lui, de «défendre devant ses portes la liberté d’expression».
Resté silencieux tout au long de la conférence de l’élu helvétique au Parlement flamand, juste à côté des bureaux du premier ministre belge, le leader du Vlams Belang, Filip de Winter, avait beau jeu d’évoquer son «devoir démocratique». «Je suis très conforté par ce que je viens de vivre, a poursuivi Oskar Freysinger, avant de dénoncer longuement les problèmes récurrents de l’islam et de justifier l’interdiction des minarets en Suisse. Ce qui vient de se passer à Bruxelles, capitale de l’Europe, est extrêmement grave. On se soumet aujourd’hui aux réactions éventuelles des islamistes…»
Sa conférence n’avait pourtant rien d’un événement de grande ampleur. L’association à l’origine de l’invitation, Euboco, engagée dans la défense des «valeurs occidentales», n’est pas un mouvement de masse et la plupart de ses membres présents ce samedi à Bruxelles étaient des retraités certes résolument «de droite», mais sans vociférer ou proférer d’accusations violentes.
Le refus de l’hôtel Crowne Plaza, sur lequel la direction n’a pas donné d’explications convaincantes, est à relier à l’émotion initiale des autorités locales de Schaerbeek. Une opportunité aussitôt saisie par Oskar Freysinger qui, face à la Commission européenne et à deux pas du parlement européen et de la Mission suisse auprès de l’Union, a redit son hostilité à l’UE: «Le modèle européen actuel n’a pas de futur, a-t-il répété dans l’enceinte du parlement flamand. Il faut juste attendre la prochaine crise financière!».
Clichés et attaques démagogiques
La conférence de l’édile valaisan, en tant que telle, a repris point par point son argumentation contre les minarets et contre l’expansionnisme islamiste, mêlant vraies citations, clichés faciles, attaques démagogiques et raccourcis habiles. Rappelant à plusieurs reprises qu’il «n’a pas de fatwa contre lui», Oskar Feysinger s’est dit très inquiet pour la Turquie et le Liban «gagnés par une islamisation féroce». A l’unisson des partis populistes anti-islam qui ont actuellement le vent en poupe dans l’UE, notamment aux Pays-Bas avec le parti de la liberté ouvertement islamophobe de Geert Wilders, le conseiller national UDC a dénoncé sous tous les angles «la tendance de l’islam à contrôler la vie privée et la sphère publique». Le public, acquis à sa cause, a applaudi. L’aventure rocambolesque d’Oskar Freysinger à Bruxelles, s’est, à petite échelle, mais devant les caméras, une fois de plus transformée en (petit) succès politique pour l’intéressé.
Richard Werly dans le Temps
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