L'ex-chef de la cellule contre la délinquance itinérante nie sur Rue89 l'existence d'un fichier ethnique et parle d'« amalgames ».
A la gendarmerie, on dément à tous les étages. Après le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, qui a indiqué jeudi ne pas avoir « connaissance d'un tel fichier » ethnique illégal sur les Roms et avoir demandé « de procéder à un contrôle », c'est au tour du général à la retraite Jacques Morel, ancien responsable de l'OCLDI (Office central de lutte contre la délinquance itinérante), de démentir.
Le Monde avait révélé ce même jeudi l'existence d'un fichier baptisé Mens (Minorités ethniques non-sédentarisées), constitué par l'OCLDI, illégal car basé sur l'ethnie et non sur la nationalité. Une révélation appuyée un peu plus tard par des documents internes à la gendarmerie nationale, publiés par par LeMonde.fr et Rue89.
Il ne s'agirait que d'« amalgames », selon Jacques Morel, resté sept années à la tête de la structure, de la création de la Cildi (Cellule interministérielle de lutte contre la délinquance itinérante) sous le gouvernement Juppé en mai 1997 jusqu'à sa transformation en OCLDI sous le gouvernement Raffarin en juin 2004.
Malgré les documents, Jacques Morel continue de défendre cette structure composée de gendarmes et de policiers, placée sous l'égide de la gendarmerie nationale, qui a changé de ministère de tutelle le 1er janvier 2009, passant de la Défense à l'Intérieur. Il reconnaît l'utilisation de l'expression « minorités ethniques non sédentarisées », mais se refuse à admettre toute constitution de fichier ethnique.
Rue89 : Quand, par qui et dans quel but la Cildi a-t-elle été mise en place ?
Jacques Morel : Cette cellule a été créée à la suite d'une décision des ministres de la Justice, de la Défense et de l'Intérieur en mai 1997, Jacques Toubon, Charles Millon et Jean-Louis Debré. La décision de créer cette cellule interministérielle était d'essayer d'apporter une réponse nouvelle à des phénomènes de délinquance itinérante qui n'étaient pas compatibles avec l'organisation et l'articulation des forces de police et de gendarmerie, puisque les délinquants itinérants s'affranchissent des frontières administratives et juridiques.
Il n'y avait pas de centralisation de cette délinquance et, à l'époque, il y avait des phénomènes assez émergents, qui étaient des vols de distributeurs automatiques de billets, des vols de fret, des agressions de personnes âgées, et ça commençait à sensibiliser la population.
C'était au départ une entité modeste ; nous n'étions que quatre. Puis, en 2004, cette cellule interministérielle a été transformée en office central. Aujourd'hui, ils ont toujours à leur tête un colonel, mais sont quarante, dont un commissaire et huit fonctionnaires de police. J'ai quitté cette structure à l'été 2004.
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