Il n'en existe que deux en France. L'unité « droit et éthique de la santé » reçoit des réfugiés de tous les pays, victimes de toutes les avanies. Née d'une longue tradition humaniste. Un article du Progrès.
Médecins et personnels : Daniel Malicier, Joseph Biot, Edmond Wolf, Gérald Maujeau, Jeanine Tournier, Blaise de Pury, Thierry Martigny, Gérard Bendrihem / Photo Jean-Marc Collignon
Tout un symbole. Dans le pavillon K de l'hôpital Édouard-Herriot, qui fut longtemps la grande maternité de Lyon, une unité médicale, baptisée « droit et éthique de la santé », vient de trouver refuge, comme une renaissance. Cette unité a pour principale vocation l'accueil des réfugiés, en particulier des demandeurs d'asile dont le premier dossier a été rejeté.
En poussant une petite porte latérale du pavillon K, ces apatrides vont bénéficier d'une longue consultation, d'une heure à une heure et demi en moyenne, avec à la clé un certificat médical qui relate complètement leur souffrance, leurs blessures, des traumatismes qu'ils soient physiques ou psychologiques, comme autant de stigmates des avanies planétaires. Un document d'importance pour plaider à nouveau leur cause.
Il n'existe que deux unités de ce type en France, à Paris et Lyon. En 2008, l'unité lyonnaise a reçu 649 réfugiés, originaires de 43 pays différents. Les plus nombreux venaient du Congo, du Kosovo, mais aussi d'Arménie. Cette unité des hospices civils de Lyon (HCL) dépend du département de médecine légale. Elle est animée par une équipe de médecins à la retraite qui s'inscrivent dans un souffle humaniste de la médecine lyonnaise.
À l'origine, l'unité d'éthique réceptionnait des récriminations, des plaintes de patients, de personnels, souvent liées à une conception distante de la médecine. « Le dialogue constitue un acte essentiel de l'acte médical » rappelle le docteur Joseph Biot, qui dirige aujourd'hui l'unité.
Écouter, répondre, expliquer, dire la vérité, accompagner le malade, cette ouverture humaniste a contribué à élargir la transparence des grands débats d'éthique, « dans un mouvement précurseur » rappelle le professeur Jean-Louis Touraine. Progressivement, l'unité d'éthique a trouvé une place dans le système hospitalier, au sein de la médecine légale. « La médecine légale est un trait d'union entre la médecine et la loi, naturellement elle est portée dans la défense des droits de l'Homme » constate le professeur Daniel Malicier, directeur de l'institut médico-légal. Aujourd'hui, cette longue tradition se consacre aux réfugiés.
En passant la porte, ils verront la petite plaque qui commémore les fondateurs, Nicole et Louis Lery, celle qui salue la mémoire d'un maître de la maternité, le professeur Daniel Dargent.
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