Nathalie Vandystadt, à Bruxelles pour Le Figaro
Un immigrant est secouru par les autorités maltaises pendant une patrouille en mer Méditerranée. Crédits photo : AFP
Bruxelles va demander aux Vingt-Sept de se montrer solidaires, à l'image de la France, en accueillant sur leur sol des demandeurs d'asile échoués sur les côtes maltaises.
Depuis son entrée dans l'UE en 2004, la petite île méditerranéenne de Malte (400 000 habitants) demande à ses partenaires européens une «répartition du fardeau» que représente l'arrivée croissante, sur ses côtes, de migrants venus en majorité de la Corne de l'Afrique via la Libye. La France avait ouvert la marche le 9 juillet, en réinstallant sur son sol 91 Somaliens, Érythréens, Soudanais, Sri-Lankais et Ivoiriens à qui Malte avait accordé une protection juridique en raison des risques encourus dans leur pays. Paris compterait renouveler ce geste de «solidarité» en 2010 tandis que la Commission va tenter de l'étendre à toute l'Union. Pour mieux atteindre deux objectifs européens distincts : construire un système d'asile commun et lutter contre l'immigration clandestine.
Plus de 2 800 immigrés sont arrivés sur les côtes maltaises en 2008. La Valette a examiné, cette année-là, 2 685 demandes d'asile et a accordé sa protection à 1 410 demandeurs, selon les chiffres de la Commission. À ceux qui, tel l'Autriche, s'inquiètent d'un encouragement donné à l'immigration, le commissaire européen, Jacques Barrot, en charge du dossier rétorque : «Si nous avons cette procédure harmonisée, cela ne créera pas d'appel d'air et permettra d'accueillir seulement ceux qui ont vraiment besoin d'une protection internationale.»
La Valette espère transférer 2 000 personnes
En dépit de ces réticences, Malte n'en espère pas moins un appel d'air et fixe un objectif de 2 000 réfugiés à réinstaller, même si «quelques centaines, ce serait déjà bien».
La Commission a déjà envisagé trois formules. Soit un groupe de pays présente un projet commun, avec un possible État leader et le soutien éventuel d'une organisation internationale, comme le Haut-Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR). Soit un pays décide d'agir seul, à l'instar de la France, mais «s'il s'agit de réinstaller seulement cinq réfugiés dans un État donné, il n'y aura pas d'intérêt à présenter un projet», prévient la Commission en soulignant qu'un pays isolé ne pourrait ne pas être éligible au Fonds européen pour les réfugiés que Bruxelles veut mobiliser. Soit, enfin, les États, seuls ou en groupe, agissent avec le HCR ou l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui toutes deux ont dit vouloir jouer un rôle actif. La France, précise la Commission, avait eu recours à certains services de l'OIM (santé, orientation culturelle, formation linguistique, transports).
Quoi qu'il en soit, Bruxelles ne veut pas perdre de temps : les 27 pays membres de l'Union devront se prononcer mi-septembre, puis un appel à projets sera lancé avant la fin du mois, permettant d'ouvrir la procédure pour les aides à venir.
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