samedi 6 août 2011

Fernand Melgar, un «Vol spécial» qui domine la compétition

Le réalisateur vaudois est en compétition officielle au festival de Locarno. Impression à la sortie de la première projection de presse de son nouveau documentaire «Vol spécial».

fernand melgar locarno

Fernand Melgar en terrain connu. Et conquis, a-t-on envie d’ajouter à la sortie de la première projection de presse de son film, «Vol spécial». C’est en 2008 que le cinéaste vaudois avait séduit Locarno avec «La Forteresse», étourdissant documentaire sur l’accueil des requérants d’asile en Suisse. Léopard d’or de la section «Cinéastes du présent». Mérité, indiscutable.

Avec «Vol spécial», il se retrouve cette fois en compétition officielle. Une marche supplémentaire, peut-être. Et, premier constat, l’effet Melgar se répète. Cette fois, c’est à Frambois, centre de détention administrative sis à Vernier, donc Genève, qu’il plante sa caméra. Une caméra qui va vite se faire oublier - et c’est bien le premier miracle d’un documentaire une fois de plus limpide dans sa capacité à capter la vérité des choses.

C’est à Frambois que le sort des requérants d’asile se joue, et que leur destin se noue. Fernand Melgar filme en somme la fin d’un processus qu’il dénonçait dans «La Forteresse». Sauf que dénoncer n’est pas tout à fait le mot, tant cette immersion à hauteur d’hommes privilégie le facteur humain, aussi bien au niveau des demandeurs d’asile qu’à celui des employés du centre, des gardiens. Chaque trajectoire est un drame, une tragédie, qu’il s’agit de raconter, d’établir, en présence d’une équipe technique invisible.

Presque en retrait - Melgar ne juge pas, ne plaque pas de voix off sur ses images -, le cinéaste transforme cette discrétion extrême en un processus d’écriture au sens propre. Si le travail du documentariste fait parfois penser à Depardon, par cette manière de s’implanter dans un monde sans le perturber, il parvient à son but supposé, celui de donner à voir un processus au fond dégueulasse et inhumain au terme duquel certains individus se trouvent broyés ou niés. L’émotion que dégage «Vol spécial» est ainsi palpable, réel. Melgar nous place avec lui à l’intérieur du centre de détention, en empathie avec tous ceux qu’il filme. Unique documentaire de la compétition 2011, il risque bien de se retrouver aussi au palmarès. Et en salles dès le 21 septembre.

Pascal Gavillet dans la Tribune de Genève

1 commentaire:

Sirop a dit…

Je suis plutôt déçue du comportement des requérants dans l'extrait qui figure dans l'article...la compassion envers les animaux non humains n'interdit pas, bien au contraire, la compassion envers les humains! C'est typiquement le genre de choses qui dérangent. De quoi se mêlent-ils? Ils devraient plutôt être contents que l'on se soucie des droits des uns et des autres... rester assis et critiquer le torchon, c'est à la portée de tous, et c'est d'ailleurs ce que je déplore, peu importe la nationalité du principal protagoniste! C'est peu-être même le problème de tou-te-s actuellement, beaucoup de blabla et peu d'action. Bref.