La Fédération suisse des fonctionnaires de police (FSFP) tire à boulets rouges sur l'Office fédéral des migrations (ODM) suite au renvoi forcé, mouvementé, de requérants vers le Nigéria le 7 juillet. Les policiers s'inquiètent des risques pour leurs agents et fustigent la communication "mensongère" de l'ODM.
Lors de la montée dans l'avion le 7 juillet, un requérant s'était rebellé et les policiers l'avaient maîtrisé par la force. L'Office fédéral des migrations avait fait état "d'un vol sans incident" dans un communiqué de presse. "Cela ne correspond pas à la vérité et vous le savez", accuse la FSFP dans une lettre datée du 22 juillet, que l'ats s'est procurée, et adressée à l'ODM, comme le révèle "Le Temps" vendredi.
"Nous nous demandons qui peut se permettre de tirer un tel bilan et de débiter un tel mensonge aux médias et - en fin de compte - à la population", poursuit la missive. Celle-ci a été envoyée en copie notamment à la ministre de justice et police Simonetta Sommaruga et à sa collègue des affaires étrangères Micheline Calmy-Rey.
Menottes et médicaments
La FSFP s'émeut également des risques pour les policiers confrontés à des requérants récalcitrants. Elle exige un renforcement des moyens de contrainte pour y faire face. S'appuyant sur l'exemple d'autres pays, la FSFP évoque ainsi l'utilisation de médicaments comme une possible solution.
En mars 2010, un jeune Nigérian était décédé lors de son renvoi à Zurich. [Keystone] En outre, "nous souhaiterions la réintroduction des menottes métalliques ainsi que la remise des clés de celles-ci au personnel de police local", demandait déjà la FSFP en janvier 2010. Cette exigence avait été formulée dans un courrier adressé à la Conférence des directeurs cantonaux de justice et police (CCDJP) et envoyé en copie à l'ODM. Toutefois, "aucune attention n'a été accordée à ces propositions", dénoncent les policiers dans leur lettre du 22 juillet dernier.
Un danger "sous-estimé"
Contacté par l'ats, l'ODM indique préparer une réponse écrite à la FSFP, qui sera envoyée ces prochains jours. Le porte-parole Michael Glauser ne souhaite pas faire d'autres commentaires. "Le danger potentiel [...] lors de vols de rapatriement a été manifestement sous-estimé", soulignait la FSFP dans son courrier de janvier 2010 au CCDJP.
La lettre évoquait un autre vol mouvementé de novembre 2009 pour illustrer les risques encourus par les policiers. Certains requérants s'étaient libérés de leurs entraves peu avant l'atterrissage au Nigéria. "La violence avait alors éclaté sous forme d'agressions physiques et verbales, associées à de graves dommages matériels à l'avion utilisé". La FSFP estime que "seul le hasard a voulu que personne ne soit sérieusement blessé".
ATS et TSR
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