Près d'un Canadien sur deux estime que l'immigration est néfaste pour le pays, et plus d'un sur trois souhaite que le nombre de nouveaux arrivants accueillis par Ottawa soit revu à la baisse, révèle un nouveau sondage. Mais l'idée que se font parfois les autres Canadiens d'un Québec sectaire ne semble qu'un mythe, alors que c'est là que l'immigration est perçue le moins négativement.
Le dernier coup de sonde effectué en ligne par la firme Angus Reid auprès de 1007 personnes ébranle l'idée que les Canadiens se font d'eux-mêmes. Une société accueillante, le Canada? Peut-être, mais de plus en plus malgré elle, semble-t-il. Ainsi, 46 % des répondants estiment que l'immigration a un effet négatif sur le pays. Il s'agit d'une hausse de cinq points par rapport à pareille date l'an dernier. Ce sont les Albertains (56 %) et les Ontariens (55 %) qui sont les plus négatifs, alors que le Québec et la Colombie-Britannique (35 %) se retrouvent à l'autre extrémité du spectre. En moyenne, seulement 34 % des Canadiens (et 42 % des Québécois) voient l'immigration comme positive. Il s'agit d'une baisse de trois points par rapport à août 2009.
Les Canadiens sont toutefois plus ambivalents quant au niveau d'immigration acceptable: 38 % croient qu'on devrait accueillir moins d'immigrants chaque année, mais ils sont autant (39 %) à croire que les niveaux devraient rester les mêmes. Encore là, il y a une légère détérioration des perceptions par rapport à l'an dernier. Ce sont les Ontariens (42 %) et... les Québécois (40 %) qui sont les plus susceptibles de réclamer une réduction du nombre annuel d'immigrants. Depuis 10 ans, le Canada accueille annuellement environ 250 000 nouvelles personnes.
Le ministre fédéral de la Citoyenneté et de l'Immigration, Jason Kenney, attribue cette détérioration des perceptions à l'arrivée d'un bateau clandestin rempli de réfugiés tamouls cet été, sur la côte ouest.
«Je soupçonne que les résultats ont été affectés par les récents incidents de trafic», a déclaré M. Kenney au cours d'une conférence téléphonique alors qu'il se trouvait à New Delhi, en Inde. «Les Canadiens appuient un système d'immigration fort, généreux et légal. Ils appuient la relocalisation de véritables réfugiés, mais quand des gens arrivent par des moyens en dehors du processus normal et légal, ça heurte leur sens de l'équité. Je soupçonne que les événements sur la côte ouest a peut-être ébranlé leur appui.»
Cet été, un bateau rempli de 490 Tamouls réclamant le statut de réfugiés a touché les côtes de la Colombie-Britannique. Depuis, le gouvernement conservateur les désigne comme des «migrants illégaux» ayant tenté de contourner le système d'immigration canadien. Ces gens font plutôt l'objet, individuellement, d'un processus normal de détermination du statut de réfugié. Fait intéressant, si 50 % des répondants au sondage ont dit que ces gens devraient être renvoyés dans leur pays même s'ils sont reconnus réfugiés légitimes, seulement 39 % des gens de Colombie-Britannique pensent de même, soit le plus faible pourcentage au pays.
Le ministre Jason Kenney estime en outre que l'absence d'un parti politique au Canada s'opposant ouvertement à l'immigration, comme cela se voit «dans la plupart des pays européens», prouve cette ouverture canadienne. Le ministre s'est vanté que le Canada accueillait chaque année l'équivalent de 0,8 % de sa population. «Aucun autre pays dans le monde développé ne fait cela.» Selon le ministre, il suffirait d'améliorer les perspectives économiques des immigrants pour augmenter encore leur acceptation sociale.
Notons enfin que la maison de sondage a interrogé les répondants sur le sort que le Canada devrait réserver aux immigrants illégaux travaillant sur son territoire; 47 % des répondants pensent qu'ils devraient perdre leur emploi et être expulsés, alors que 23 % pensent qu'ils devraient obtenir leur citoyenneté. Le sondage a une marge d'erreur de 3,1 %, 19 fois sur 20.
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