Geert Wilders tient toujours les Pays-Bas en alerte, avec un film contre le Coran annoncé depuis fin novembre. Les pressions s’accumulent pour que le chef de la droite populiste, 9 députés au parlement, renonce à diffuser son brûlot. Le gouvernement craint des protestations comparables, dans le monde musulman, à celles qu’avaient suscitées les caricatures danoises du prophète Mahomet.
Aucune chaîne de télévision n’a voulu prendre le risque de montrer le film. Geert Wilders, qui pourrait le mettre en ligne sur internet, a déjà obtenu ce qu’il recherchait: une promotion intense et des effets dévastateurs sur la vie politique de son pays.
Le gouvernement de centregauche, en effet, est au plus bas dans les sondages. Déjà en berne, la cote de popularité de Jan Peter Balkenende, le premier ministre, a sombré depuis qu’il s’oppose à la diffusion du film. Une majorité de Néerlandais lui reprochent de ne pas défendre la liberté d’expression. Geert Wilders, lui, est d’autant plus à l’aise pour dénoncer une «capitulation » devant l’islam que la gauche s’empêtre elle aussi dans le débat.
Voilà plus d’un mois que les travaillistes discutent de la possibilité pour des fonctionnaires musulmans de refuser de serrer la main des femmes. Job Cohen, le maire d’Amsterdam, a d’abord estimé que ce n’était «pas indispensable » de serrer toutes les mains. Il a été rappelé à l’ordre par Wouter Bos, le chef du Parti travailliste et vice-premier ministre, qui a insisté sur le respect de la «norme du pays d’accueil». Une semaine plus tard, Wouter Bos, qui cultive le vote turc et marocain, a fait un revirement. «Il peut y avoir des exceptions à la norme, a-t-il déclaré, si d’autres intérêts pèsent plus lourd.» Ce sont précisément ces «autres intérêts» qui exaspèrent les Néerlandais. Les exemples se multiplient, de responsables prêts à plier devant les exigences d’un islam de plus en plus orthodoxe. Le burqini, nouveau maillot de bain islamique qui recouvre tout le corps des femmes, est accepté dans la plupart des piscines du pays. Un tribunal de Maastricht a condamné le 5 mars une Néerlandaise à 350 euros d’amende pour avoir traité son voisin d’«Oussama». Cette allusion à Ben Laden relève de la «diffamation», a estimé le juge, dans le «contexte néerlandais».
Incidents montés en épingle
Ce «contexte» suppose une société pacifique et harmonieuse qui semble bel et bien relever du passé. Les exemples d’intégration réussis ne font guère parler d’eux, tandis que chaque nouvel incident est monté en épingle. Trois élus municipaux travaillistes ont ainsi fait scandale, fin 2007, pour avoir signé une pétition intégriste. Seule l’une d’entre eux, Ismaila Bouchri, a été exclue du parti, parce qu’elle avait copieusement insulté un citoyen, l’invitant à «se convertir à l’islam ou bien la fermer».
Aujourd’hui, plus grand monde n’est prêt à défendre la société multiculturelle, en panne de modèle de rechange. Holland Loves Muslims, un site internet lancé début février pour contrer l’islamophobie de Geert Wilders, espérait rassembler 50 000 signatures en dix jours. Il n’en a récolté que 2000, et un nombre équivalent de messages de haine.
Selon un sondage commandé à la mi-février par l’émission de débats télévisés EenVandaag, les Néerlandais sont prêts à accepter n’importe quel type de premier ministre: femme, célibataire, athée, homosexuel ou juif, mais pas de musulman.
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