Ce pasteur d’une petite congrégation fondamentaliste de Floride assure qu’il brûlera des exemplaires du Coran samedi, date anniversaire des attentats du 11 septembre 2001. Sa démarche provoque le silence embarrassé des républicains.
Terry Jones, pasteur d’une obscure Eglise chrétienne fondamentaliste, n’avait probablement pas prévu que son projet de brûler le Coran samedi pourrait aider l’ennemi juré de l’ultradroite américaine: Barack Obama.
Son initiative, baptisée «Journée internationale du brûlage de Coran» et agendée le jour du neuvième anniversaire des attentats du 11 septembre, est pourtant en train de créer une «union sacrée» derrière la Maison-Blanche qui condamne la démarche. Parallèlement, Terry Jones provoque le silence embarrassé de l’opposition républicaine à Barack Obama.
Hillary Clinton, secrétaire d’Etat, mène l’offensive contre l’autodafé du livre saint musulman. La cheffe de la diplomatie a qualifié hier de «honteux» le projet du pasteur Jones, un ancien gérant d’hôtel qui porte un pistolet à la ceinture et dit avoir reçu plus d’une centaine de menaces de mort. David Petraeus, chef des troupes américaines en Afghanistan, a aussi prévenu que l’autodafé du Coran mettrait en danger la vie des GI stationnés à l’étranger.
Prêt à donner sa vie
Cette mise en garde d’un militaire respecté aux Etats-Unis isole encore plus Terry Jones. Des leaders religieux se sont réunis en urgence mardi à Washington pour dénoncer le projet de la Dove World Church, une petite congrégation qui compte à peine une cinquantaine de membres à Gainesville, en Floride. Malgré la pluie de critiques, Jones, un habitué de la provocation, a répété hier qu’il brûlerait les Corans. «Nous sommes prêts à donner notre vie pour cela», a-t-il martelé.
Les gesticulations hypermédiatisées du révérend Jones ont déjà eu un impact important pour Barack Obama. Le pasteur fait de l’ombre au débat sur le projet de mosquée à deux pas de Ground Zero que les républicains comptaient utiliser pour critiquer le président. Mardi, Feisal Abdul Rauf, l’imam à l’origine du plan de centre islamique proche du lieu des attentats du 11 septembre, a confirmé dans un éditorial au New York Times que la mosquée verrait le jour. Mais Terry Jones a monopolisé l’attention des médias.
Anti-islamisme latent
En soutenant prudemment le projet de mosquée, Obama s’était exposé aux attaques d’un parti républicain qui tente de récupérer l’anti-islamisme latent d’une certaine frange de la population. Jones a compliqué cette stratégie de l’opposition conservatrice en radicalisant la contestation contre les musulmans. Plusieurs églises de Gainesville préparent une contre-manifestation pour samedi. Et une église du Tennessee, en plein cœur de l’Amérique évangélique, commence à faire parler d’elle avec une initiative radicalement différente de celle de Terry Jones: elle a dressé un panneau souhaitant la bienvenue à la mosquée qui va s’ouvrir à côté de chez elle.
Jean-Cosme Delaloye dans 24 Heures
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