Les réfugiés qui atterrissent dans une nouvelle vie apportent avec eux leurs traumatismes, parfois amplifiés par les difficultés d'adaptation. Des problèmes psychologiques complexes, qui nécessitent des traitements sur mesure.
Le Service d'aide psychologique spécialisée aux immigrants et réfugiés (SAPSIR) s'occupe de ces cas. Il s'agit d'un service destiné à ceux qui ont des références culturelles différentes ou qui ont vécu des situations de violence extrême. Pour traiter leurs patients, les psychologues ont recours à l'ethnopsychiatrie. Cette pratique permet de trouver une solution aux problèmes des patients étrangers qui ne répondent pas aux thérapies occidentales. Un groupe de psychologues, de différentes origines, rencontre un patient à la fois. Le but est de le mettre en confort en lui montrant qu'il n'est pas le seul qui vient de l'étranger.
Paola Maria Akl Moanack, psychologue et responsable du SAPSIR, affirme que la plupart de ceux qu'elle rencontre ont de la difficulté à intégrer le marché du travail. Elle remarque que l'emploi est le sujet central des immigrants et particulièrement celui des réfugiés qui consultent. Selon la psychologue, les difficultés de trouver du travail augmentent leurs soucis, déjà nombreux en raison du processus d'installation.
Le syndrome de stress post-traumatique empêche des réfugiés ayant vécu la guerre de conserver un travail. Ironiquement, ce syndrome se déclenche lorsqu'ils acquièrent une certaine stabilité dans leur nouvelle vie. Avant, ils ont tellement d'autres préoccupations qu'ils arrivent à mettre leur passé en veilleuse.
Les réfugiés ayant connu la guerre constituent la majorité de la clientèle. «Ils prennent conscience des séquelles qu'ont laissée la guerre quand ils essaient de travailler et qu'ils en sont incapables», explique Mme Akl Moanack. Ils sont souvent aux prises avec des émotions et des flashs qui refont surface. Cela cause des difficultés de concentration et des pertes de mémoire les empêchant de travailler. «C'est à ce moment qu'ils se rendent compte qu'ils ont besoin d'aide», souligne la responsable du SAPSIR.
Lorsqu'un réfugié se fait dire qu'il doit trouver une autre profession ou refaire des études, cela peut causer un choc. «On dit que vous ne pouvez prétendre à vous identifier à cette profession. C'est violent comme processus», reconnaît Mme Akl Moanack. Certains de ses patients étaient des avocats et des juges qui avaient un certain statut dans leur pays. Ici, ils n'ont plus le respect particulier relié à leur ancienne profession.
Un article paru dans Le Soleil, signé Jean-Manuel Téotonio et relayé par cyberpresse.
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