Bussigny, Ecublens, Echandens et Conforama unis contre un projet de 120 logements provisoires pour requérants d’asile.
Sale temps pour l’asile dans la région lausannoise. Au Mont-sur-Lausanne, les habitants du quartier de Montjoie ne veulent pas du centre de formation de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM, 24 heures du 26 avril, notamment). A Ecublens, ce sont les entreprises de la zone industrielle du Reculan et les communes avoisinantes qui sont contre la venue de 120 requérants dans un foyer provisoire, projeté par l’EVAM sur un terrain qui appartient à l’Etat de Vaud. A l’issue de l’enquête publique qui présentait le changement d’affectation du sol à cet endroit, neuf oppositions ont été déposées.
Les trois communes d’Ecublens, d’Echandens et de Bussigny font partie des opposants. Elles veulent notamment obtenir de l’Etat et de l’EVAM des garanties que la population hébergée dans ces logements ne sera pas composée de requérants déboutés. Elles veulent aussi s’assurer que le chantier prévu n’empêchera pas la réalisation d’une bretelle d’autoroute toute proche.
Mais les plus fermes dans leur opposition sont les sociétés implantées dans la zone industrielle, dont plusieurs entreprises de transport et le magasin d’ameublement Conforama. «Que ça soit clair, notre opposition n’est pas dirigée contre les requérants d’asile ou contre l’EVAM en tant que telle, précise Alain Spring, directeur Vente et logistique pour la Suisse romande. Ce que nous contestons vivement, c’est l’idée même de placer du logement à cet endroit.»
Il met en avant une circulation dense, avec quelque 20 000 véhicules par jour sur la route qui borde la zone industrielle, et un va-et-vient incessant de camions sur le chemin du Reculan. Or les migrants qui devraient poser leurs valises sur le terrain cantonal sont censés se déplacer à pied ou à vélo, dans la très grande majorité des cas. «Il est parfois difficile de croiser, continue Alain Spring. Il n’y a pas de trottoir ni d’infrastructure adaptée au passage des piétons ou des vélos. Nous ne voulons pas risquer un accident.»
Pour dix ans
Dans la présentation publique faite à Ecublens il y a environ un mois, le conseiller d’Etat Philippe Leuba, en charge de l’asile, et Pierre Imhof, qui dirigeait encore l’EVAM, ont assuré que ce foyer n’accueillerait que des migrants dont la procédure d’asile est encore en cours. «Des gens qui ont beaucoup à gagner à rester discrets», selon les mots mêmes de Pierre Imhof. Surtout, cette construction ne devrait pas durer plus d’une dizaine d’années.
Sur les oppositions, Philippe Leuba ne s’exprime pas pour l’instant. C’est le Département de l’intérieur, dont dépend le Service d’aménagement du territoire, et la conseillère d’Etat Béatrice Métraux, qui en a la charge, qui devront se déterminer.
Une quinzaine de sites
Reste la question de savoir pourquoi le canton et l’EVAM ont choisi un terrain en pleine zone industrielle, peu adaptée à héberger 120 personnes dépourvues de voitures? «Dans la situation tendue que nous vivons, au vu de la pénurie de logements, ce n’est qu’un projet, une des pistes qui pourraient se concrétiser rapidement et qui nous a été présentée par le canton, précise Catherine Martin, responsable de l’hébergement à l’EVAM. Nous avons actuellement une quinzaine de sites potentiellement en mesure d’accueillir de l’hébergement collectif. Nous n’en parlons pas, ou du moins nous ne les médiatisons pas, parce que ce n’est pas du concret pour le moment.»
Catherine Martin reconnaît que «pour projet de logement non dédié aux migrants, on n’aurait sans doute pas choisi un site pareil. Mais à notre avis, il reste parfaitement utilisable, pour un temps limité.»
Jérôme Ducret
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