lundi 31 octobre 2011

Demandeurs d'asile, le "cri d'alerte" de la ville d'Angers

Face à l'afflux persistant de migrants, pour beaucoup venus de pays africains en proie à la guerre ou à la famine, la ville d'Angers sature et appelle au secours: les services d'accueil sont débordés, les centres d'hébergement affichent complet, les points de distributions alimentaires refusent du monde, ce qui crée des tensions.

"En aucun cas, il ne s'agit de stigmatiser les demandeurs d'asile. C'est un cri d'alerte auprès de l'Etat et un appel à une plus grande solidarité territoriale. Nous avons tous atteint les limites", raconte Rose-Marie Véron, adjointe en charge de la solidarité au sein de la municipalité socialiste. "Aujourd'hui, le seuil physique de saturation a été atteint", renchérit Christophe Béchu, sénateur UMP et président du conseil général.

Plus de 800 demandeurs d'asile, principalement venus de Somalie, Soudan ou Erythrée, sont arrivés depuis le début de l'année dans cette ville de 155.000 habitants. Ils étaient 940 l'an passé et un peu plus de 900 (enfants non compris) en 2009. Elus et associations avaient déjà tiré la sonnette d'alarme il y a deux ans, rien n'a changé. "C'est surtout très compliqué car beaucoup relèvent de procédures prioritaires et n'ont droit à rien", appuie Jean-François Fribault, le directeur de l'Abri de la Providence, l'association qui anime la plateforme d'accueil unique du Maine-et-Loire.

Sur les 800 primo-arrivants, 180 sont aujourd'hui en attente d'accompagnement administratif car l'association ne peut assurer le suivi de leurs dossiers. Epuisés, les salariés avaient exercé il y a quelques mois leur droit de retrait, relayant sur la place publique la fatigue et l'inquiétude des responsables de l'accueil d'urgence. Au Point accueil santé solidarité (PASS), un local municipal en centre-ville où les sans-domicile fixe trouvent chaque matin collation et soutien psychologique, social ou médical, le malaise est palpable depuis plusieurs semaines.

L'afflux des demandeurs d'asile y entraîne des tensions avec les habitués, routards et SDF, d'autant qu'au delà de 130 personnes, une mesure de fermeture des portes s'applique automatiquement. Plus grave, un deuxième accueil de jour, expérimenté depuis décembre 2010 avec le soutien de l'Etat, a été fermé ce vendredi, faute de crédits suffisants. "C'est démentiel, on arrive en période hivernale et dans une ville comme Angers, on peut se retrouver sans accueil de jour", dit Hubert, 51 ans, un "vieux routard" en provenance de Caen, pour qui "priorité doit être donnée aux plus précaires".

Au Secours Populaire, aux Restaurants du coeur, on partage le même constat: les conditions d'accueil se dégradent sous le poids de la demande. "La fréquentation a progressé de 20% cet été. Sur les 736 familles, 60 à 70% sont des demandeurs d'asile avec lesquels il n'est pas toujours simple communiquer", constate Jean-Pierre Meriel, un responsable des Restos du coeur. Depuis plusieurs jours, plusieurs dizaines de migrants dorment dehors, sous les arcades de la gare. Arrivée en avion à Paris depuis Addis Abeba (Ethiopie), Huda, une étudiante somalienne de 24 ans, affirme avoir "fui les guerres civiles".

Pourquoi Angers? "J'ai appelé une connaissance avec mon portable", répond Huda qui n'en dira pas plus. Le réseau entre compatriotes joue et la ville semble réputée pour la qualité de ses services d'accueil, selon les responsables locaux. "Il existerait même un site internet en Somalie où l'on conseille de venir à Angers. On voit bien qu'on est dans un cercle vicieux. Il faut que l'accueil reste dans des proportions raisonnables", dit Christophe Béchu. A sa demande, élus et parlementaires angevins rencontreront le ministre de l'Intérieur Claude Guéant le 3 novembre, pour tenter de trouver des solutions.

AFP

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