La ministre de Justice et police, sous le feu des critiques pour sa gestion de l’asile, assure ne pas vouloir se passer de l’avis des partis politiques.
Les conseillers fédéraux, lorsqu’ils ont un message à faire passer, choisissent parfois de rencontrer les journalistes à l’occasion de rendez-vous informels. Ainsi de l’ex-ministre libéral-radical Pascal Couchepin, qui organisait des discussions privées à la Maison de Watteville. A l’inverse, Micheline Calmy-Rey rencontre périodiquement les médias dans un cadre formel, à l’occasion de ses fameux clubs diplomatiques.
Simonetta Sommaruga, elle, a choisi une forme un peu hybride, vendredi, pour s’adresser à la presse. La conseillère fédérale socialiste, sous le feu des critiques pour sa gestion de l’asile, a invité les journalistes à une discussion informelle, mais dont les éléments peuvent être divulgués. Que retenir de cette offensive? Que la Bernoise a, semble-t-il, l’impression que sa politique est incomprise.
Les partis politiques, furieux, reprochent à Simonetta Sommaruga d’agir sans les consulter. Cette dernière envisage, rappelons-le, de renforcer la surveillance des données circulant sur Internet par voie d’ordonnance. Autrement dit, sans que le parlement ait son mot à dire. Elle a aussi lancé une «procédure d’audition» à propos de sa volonté d’accélérer les procédures d’asile de 1400 à 120 jours, sans juger utile d’entendre les partis. Loin d’elle, a assuré Simonetta Sommaruga, l’idée de vouloir se passer de l’avis des partis avant d’agir. Ces derniers étaient tous représentés, selon elle, lors des discussions sur ces objets en commission parlementaire. Et la proposition de raccourcir les procédures d’asile, s’est justifiée la ministre, est le fruit d’un rapport précisément réclamé par les élus.
L’exemple hollandais
En matière d’asile, Simonetta Sommaruga a rappelé que la Hollande, qui expédie rapidement les procédures, retient l’attention de la Suisse. La conseillère fédérale a fait part de son intention de s’y rendre. Surtout, Simonetta Sommaruga tenait visiblement à préciser que les procédures accélérées sont, à ses yeux, compatibles avec la protection juridique.
De même, a souligné la conseillère fédérale, appliquer une politique d’asile crédible implique parfois d’agir contre la volonté des personnes concernées. Au sujet des mesures de contraintes et des vols spéciaux, la ministre a relevé les deux philosophies qui s’opposent. Ainsi, le fait d’entraver la liberté de mouvement des personnes que l’on renvoie permet d’alléger le dispositif policier. A l’inverse, entraver le moins possible implique un renforcement du nombre de policiers. Les décisions de renvoi, a reconnu la socialiste, sont très dures à vivre pour les requérants concernés. La police, a-t-elle ajouté, effectue quant à elle un travail éprouvant. Simonetta Sommaruga, qui n’a pas vu le film Vol spécial de Fernand Melgar, a l’intention de rencontrer prochainement le réalisateur.
Enfin, la cheffe de Justice et police a évoqué les renvois dans le cadre de la Convention de Dublin. L’Italie, vers laquelle 1015 renvois ont été effectués depuis le début de l’année, est plus conciliante avec la Suisse, a-t-elle dit, qu’elle ne l’est avec d’autres Etats.
Valentine Zubler dans le Temps
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