samedi 13 août 2011

La réponse tiède de l’ODM aux policiers

Dans sa lettre, le patron de l’Office fédéral des migrations admet des couacs au niveau de l’information. Mais il renvoie surtout la balle aux cantons, en rappelant que l’exécution des renvois est de leur ressort.

Sévèrement critiqué par la Fédération suisse des fonctionnaires de police (FSFP), qui l’accuse de ne pas écouter ses doléances et d’avoir menti à propos du déroulement d’un «vol spécial», l’Office fédéral des migrations (ODM) répond. Dans sa lettre envoyée le 10 août, son patron, Alard du Bois-Reymond, admet à demi-mot des couacs au niveau de l’information. Mais il renvoie surtout la responsabilité aux cantons.

Le 7 juillet, des images de 10vor10 montraient deux policiers frappant des requérants déboutés lors de l’embarquement d’un «vol spécial». Quelques heures plus tôt, l’ODM signalait que le vol à destination du Nigeria s’était déroulé sans incident. Un communiqué resté en travers de la gorge des policiers, qui disent craindre pour leur sécurité. Deux Nigérians n’avaient ce jour-là pas pu être renvoyés parce qu’ils s’étaient rebellés. Dans sa lettre, le patron de l’ODM explique que le vol et la remise des requérants aux autorités nigérianes se sont bien passés et qu’il avait été convenu que la police cantonale zurichoise informe à propos de l’embarquement, en cas de demandes. Mais, «avec le recul, il est clair qu’il aurait été mieux d’évoquer aussi les événements survenus lors de l’embarquement dans le communiqué», finit-il par admettre.

«Scandaleux»

Les policiers mentionnaient aussi un autre vol vers le Nigeria. Celui du 17 novembre 2009, «qui avait abouti à un fiasco sur le plan de l’organisation et de la sécurité». Se sentant menacés, ils revendiquent des «mesures coercitives appropriées à la situation», dont l’usage de menottes métalliques. «Il est scandaleux que certaines personnes se permettent de commettre des destructions dans l’avion et prennent la liberté de cracher au visage des forces de l’ordre, de les insulter et de les agresser physiquement, en vue d’échapper à une expulsion exécutoire vers leur pays d’origine», écrivaient-ils.

A la SonntagsZeitung, l’ODM précisait que les requérants expulsés seraient à nouveau attachés plus fermement. Mais dans sa missive, Alard du Bois-Reymond botte le problème en touche. Il rappelle que l’exécution des renvois incombe aux cantons . Et que c’est donc à eux que les policiers doivent en premier lieu adresser leurs doléances. Voilà qui annonce de nouvelles tensions. Contactée, la FSFP ne souhaite pas réagir. «Nous réglerons cela entre nous», nous répond-on.

Valérie de Graffenried dans le Temps

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