Les côtes espagnoles sont régulièrement prises d’assaut par les candidats à l’immigration clandestine en ce mois d’août, où le climat favorable favorise les tentatives à la nage, ou par bateau. La presse espagnole rapporte près de 150 personnes sauvées près des côtes espagnoles depuis dimanche dernier. Parmi eux, des Marocains. Les autres, pour la plupart avaient pris le départ depuis les plages marocaines.
Gil Arias, directeur adjoint de l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures (Frontex), affirmait récemment que 2 600 personnes étaient entrées clandestinement en Espagne depuis le début de l’année. Le détroit de Gibraltar se présente comme la principale voie d’entrée de ces immigrés clandestins, car au début du mois d’août en cours, on ne comptait pas moins de 1400 personnes qui auraient atteint les côtes andalouses en partant d’Afrique du nord, depuis le 1er janvier 2011. Il faut désormais y ajouter les 147 personnes recueillies près des côtes espagnoles depuis le début de la semaine.
La presse espagnole rapporte en effet que les services de la Guardia Civil, du Sauvetage maritime et de la Douane espagnole ont intercepté depuis dimanche dernier, 8 embarcations au large des côtes d’Almeria, Melilla, Murcie, Motril, et Tarifa.
Le Maroc, l'un des principaux pourvoyeurs
Parmi les candidats à l’immigration clandestine interceptés en ce début de semaine, on retrouve une bonne partie originaire du Maghreb, dont des marocains. 3 embarcations transportant 59 Maghrébins ont ainsi été escortées par les autorités espagnoles d’Almeria, tandis que 11 autres réussissaient à regagner la terre ferme, avant d’être repris par les forces de sécurité de la même ville. De même, 14 adultes d’origine maghrébine ont été interceptés à Motril, et 5 Marocains ont été interceptés dans un canoë gonflable au large au Tarifa.
Pour le reste, il s’agissait de Subsahariens, dont un bon nombre est parti des côtes marocaines. On a d’ailleurs recensé, au cours des derniers jours, un nombre important de clandestins qui ont rallié à la nage l’enclave espagnole de Ceuta, frontalière de provinces marocaines.
L’Espagne et le Maroc sous pression
La pression de l’immigration clandestine en Espagne est telle que les capacités d’accueil des centres pour immigrés sont largement dépassés. Dans les présides espagnols de Ceuta et Melilla, ces centres d’accueils abriteraient actuellement 700 pensionnaires chacun, soit 200 de plus que leurs capacités initiales. Le constat est le même pour les centres pour mineurs non accompagnés. A Melilla, le Centre pour mineurs de la Purisima accueille ces derniers temps, entre 130 et 140 pensionnaires, alors qu’il a été conçu pour en supporter 120.
Alors que le voisin ibérique a de plus en plus de mal à faire de la place pour les personnes à l’assaut de son Eldorado, le Maroc a constamment été appelé en renfort au cours des derniers mois. En juillet dernier, des hauts fonctionnaires espagnols avaient effectué des visites à Rabat pour aborder la question du contrôle des frontières entre les deux pays. La pression ne faiblissait pas lors du début du mois d'août avec Miguel Marin, président de l'éxecutif de Melilla ou le député de Ceuta Francisco Marquez de la Rubia. Le Maroc a très vite réagi vu qu’au cours des derniers jours, la marine marocaine à aider à intercepter près de 90 candidats à l’immigration clandestine qui s’apprêtaient à regagner Ceuta. Malgré l'inflation de l'immigration clandestine récemment constatée, les responsables espagnols ont tenu à saluer les efforts du Maroc.
L’autre volet de l’action marocaine est la réadmission des clandestins subsahariens refoulés depuis l’Espagne. Il y a deux ans, le Premier ministre espagnol Zapatero, citait d'ailleurs le royaume en exemple, en plaidant pour un accord sur la réadmission des clandestins refoulés de l’Europe, dans les pays d’origine ou de transit de ces migrants. S'il le Maroc joue bien le rôle de gendarme de l'immigration clandestine espagnole, est-il prêt à jouer aussi bien celui de terre d'accueil pour les refoulés d'Europe. Une chose est sûre en tout cas, la contrepartie espagnole devra être assez convaincante pour que Rabat prenne sur elle.
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