Depuis juin dernier, les requérants d'asile des Collons prennent part aux activités de la station. De quoi rassurer la population face à l'arrivée de ces émigrés.
Entre deux manoeuvres, Ghulam se présente. Il a 25 ans et est originaire d'Afghanistan. Chassé par la guerre contre les talibans et après dix ans d'exil en Iran, il prend le chemin de la Suisse. Voilà dix jours qu'il est au centre des Collons où, avec dix autres demandeurs d'asile, il travaille pour le spectacle final du Symposium de sculpture. "C'est bien pour nous de travailler, c'est important ça nous occupe. Et je suis fier de ce que je fais", explique-t-il dans un anglais teinté d'Orient. Pourtant Ghulam et ses collègues ont bien failli ne jamais connaître le val d'Hérens.
Collaboration avec l'office du tourisme
Au centre, quarante requérants d'asile logent à la semaine. La plupart sont des familles. Ghulam est un des quatre hommes célibataires de l'établissement. "Le nombre fluctue car ils arrivent des centres de premier accueil de Viège (pour les hommes célibataires) et Saint-Gingolph (pour les familles) et y séjournent le temps qu'un appartement se libère en plaine", précise Pascal Pellaz, responsable du centre. Le but de ce séjour est de conforter l'intégration avec un suivi social et même technique pour assurer leur autonomie au quotidien. "Mais à peine leurs bagages posés, ils demandent à travailler", assure-t-il. "L'image du requérant paresseux qui traîne dans les rues et dort sous un arbre est complètement fausse. Tous ici on fait preuve de beaucoup de volonté de collaboration." C'est ainsi que dès leur arrivée, les émigrés se sont attelés à des travaux utilitaires en collaboration avec la commune de Vex et l'Office du tourisme de Thyon-les-Collons. En plus de leur participation au Symposium de sculpture, les requérants se sont livrés entre autres à la remise en état du court de tennis ou à l'entretien du sentier pédestre didactique. Par ailleurs, des excursions sont également prévues pour les familiariser avec la région. "Au-delà du bénéfice engendré pour les demandeurs d'asile, le programme d'occupation assure la tranquillité du site et la réduction des coûts. Depuis l'instauration de ces activités, les visites médicales sont moins fréquentes, les émigrés étant dans un meilleur état psychique."
Rencontre avec la population
Malgré les appréhensions de remous dans la station, les requérants originaires des Balkans, d'Irak ou d'Afghanistan se font très discrets. "Leur arrivée n'a en rien gêné l'activité touristique, nous les voyons très peu", explique Eric Crettaz, directeur de l'Office de Thyon-les-Collons. Et Danny Defago, président de Vex d'ajouter: "La police intercommunale n'a jamais été sollicitée pour un problème en relation avec les requérants." Quant à la population locale, elle a pu faire leur connaissance lors de la brocante organisée à l'occasion de la fête nationale, le 31 juillet dernier. Les requérants avaient confectionné des spécialités culinaires de leur pays d'origine et les ont proposées aux visiteurs de la manifestation. "Ces gens échappent à des situations graves dans leur pays grâce à notre hospitalité et je m'en réjouis", explique le président de la commune. Cependant, bien que l'engagement et la sympathie de ces émigrés aient apaisé les esprits des villageois, Danny Defago craint pour l'image de la station de Thyon. "Aujourd'hui, je maintiens tout de même ma position initiale. J'affirme qu'une station touristique n'est pas l'endroit adéquat pour l'établissement d'un centre de demandeurs d'asile. La simple présence de ce dernier peut malheureusement engendrer des préjugés chez des touristes qui préféreraient bouder la station", conclut-il.
1 commentaire:
ça me fait plaisir de lire que les requérants logés dans la station des Collons ne posent pas de problème, alors qu'il y a quelques mois, l'UDC se battait pour que ce centre ne soit pas ouvert. Preuve que l'UDC se trompe !
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